enfant maltraité, parent maltraitant?
Publié : 17 avr. 2014, 03:29
Bonjour à tous,
je n'ai pas de "question" précise à poser. J'aimerai simplement avoir des avis quand à ma situation qui s'avère un tantinet compliquée. Je m'excuse du pavé
Dès nos adolescences respectives, ma soeur et moi avons été en conflit avec notre mère (nous avons 6 ans d'écart et je suis la puinée) . Notre père travaillait beaucoup et nous ne le voyions pas énormément, il est très effacé de toutes façons, c'était notre mère qui dirigeait la maison. Nous avons deux frères, mais ils n'étaient pas concernés par les problèmes que je vais vous décrire.
J'ai assisté pendant quelques années à l'acharnement psychologique de notre mère sur ma soeur. Elle était extrêmement exigeante envers elle : elle estimait qu'elle devait être la première dans toutes les matières à l'école, avec des mots très rudes quand elle n'était "que" parmi les 5 premiers, du type "tu ne feras jamais rien de ta vie ma fille, sauf p*** au bois de Boulogne". Elle ne la laissait pas sortir, pas même pour trainer 10 minutes à la sortie du collège, refusait qu'elle voie ses amis (et lui interdisant même de les fréquenter dans le milieu scolaire). Il n'y a jamais eu de coup physique, mais les agressions verbales et la pression psychologique étaient constantes. Elle avait des colères brusques et inexpliquées, voulait souvent punir injustement et se murait régulièrement dans un long silence total pour marquer son mécontentement.
Évidemment, j'ai grandi, et mon tour est arrivé.
Ma mère est très fine et n'a pas de formes féminines, à l'inverse de ma soeur et moi. J'ai longtemps pensé que son brusque changement de comportement à notre égard était dû à une forme de jalousie, puisque cela coïncidait avec notre entrée dans l'adolescence. Je trouvais cela bas et stupide.
Ma soeur était douce, surement un peu bête et naïve, elle voulait "bien faire" et s'est pliée aux volontés parentales jusqu'à ce qu'elle craque : tentative de suicide vers 20 ans, fuite à l'autre bout du monde.
Bien plus solide qu'elle, je n'ai pas un caractère facile et j'ai longtemps traité ma mère par le mépris. Non pas que j'aie été dure dans mes paroles ou mes actes envers elle, mais j'affichais un souverain menfoutisme face à ses remarques acides et ses longs silences boudeurs. Elle finissait par dire de moi "je ne veux pas lui parler, sinon ça va mal se passer". Ce qui ne l'empêchait pas de me blesser jour après jour évidemment. Je ne veux pas lister toutes les horreurs qu'elle a pu me dire, ça serait bien long et bien triste, mais malgré mon indifférence apparente ses mots étaient un poison qu'elle m'inoculait jour après jour.
Mon collège a été long et pénible, autant du côté familial que du côté scolaire. Je m'emmurais dans un silence tout aussi lourd que celui de ma mère.
Une ou deux fois, elle m'a laissé un message sur mon lit pour me souhaiter bonne nuit, signé "maman". Voir écrit ce mot de sa main avec une petite étoile ou un petit coeur me répugnait. Notre relation n'était plus que colère, rancune, méchanceté, tensions, la niaiserie et la douceur n'existaient pas. J'avais l'impression qu'elle niait mes sentiments, ou pire, qu'elle s'en riait, je le vivais comme une ultime provocation.
Au lycée, les choses se sont arrangées : j'ai été dans un établissement expérimental qui m'a fait beaucoup de bien. J'ai repris confiance envers les adultes. Le fossé entre ma mère et moi ne se comblait pas. C'est à cette période que ma soeur s'est "enfuie".
Ma mère fréquentait des gens "chics" et essayait de se rendre intéressante, elle "m'exhibait" en clamant fièrement que sa fille était sans une structure expérimentale. Dans ces instants, elle essayait de se rapprocher de moi physiquement, avec un bras autour des épaules ou des hanches. J'avais cela en horreur, nous n'avions plus aucun contact physique depuis des années! Je me crispais immédiatement et me tortillais un peu pour lui échapper, sans la repousser franchement. Elle me lâchait alors avec un air furieux, puis me le reprochait par la suite en privé.
Le temps a passé. J'ai été à la fac, mes parents ont refusé de me payer une école puisque "quand on voit tes ainés qui sont tellement plus intelligents que toi et ils ont du mal, on ne veut certainement pas essayer avec toi". J'ai parfaitement réussi jusqu'au Master l'année dernière. Ma mère m'a avoué une fois regretter un peu cette décision. Ça m'a fait une belle jambe.
Bref, j'ai grandi, j'ai pris mes distances...
Depuis peu, j'apprends au compte-goutte des nouvelles qui remettent complètement en cause tout ce que ma mère m'a fait subir.
Sans rentrer dans les détails, la vie de ma mère a été un enfer, avec des abandons, de la violence et de possibles histoires de pédophilie (mais ça reste à vérifier).
J'ai parfois du mal à dormir.
Je repense à des choses qu'elle a dit, des phrases que je trouvais odieuses ou bizarres et qui maintenant me font tilter.
Je comprends que nombre de ses petits gestes qu'elle faisait vers moi et qui m'horripilaient n'étaient que sa façon à elle, très maladroite de tenter de créer un lien.
Je ne sais plus comment me positionner par rapport à mes grands parents, responsables de ses malheurs. Je suis obligée de rester mine de rien, mais j'observe la façon dont a mère se comporte, ce besoin constant qu'elle a de leur plaire, la façon dont ils la traitent en retour, et ma compréhension de leur relation prend un tout nouveau jour.
Je m'en veux de ne pas avoir compris tout cela plus tôt : comme souvent dans ces cas j'imagine, on a plein de pièces sous les yeux, mais on ne reconstitue pas le puzzle. Je me sens profondément triste pour ma mère. Elle voulait fonder vite une famille et avoir plein d'enfants, sans doute pour fuir ses parents. Résultat, tous ses enfants veulent la fuir.
A-t-elle jamais été heureuse?
Ma mère ne sait pas (encore?) que ses filles sont au courant de son passé. Notre relation reste distante, inchangée, souvent houleuse dès qu'on aborde un sujet plus intime que la météo. Je n'ose pas lui en parler, je crains de lui faire plus de bien que de mal.
Il y a quelques années, ma soeur et moi avons eu un très gros différent (elle côtoyait un homme violent qui me menaçait et ne comprenait pas que je ne goûte pas à son "humour"). Elle m'a violemment rejetée, m'a insultée même, et s'est murée dans le silence... J'ai cru faire face à ma mère à nouveau. Nous étions très proches, mais depuis notre relation est complètement faussée. Je ne fais l'effort de la voir que pour ma nièce : ma soeur est devenue une mère célibataire peu après. Ce que je vais dire me semble égoïste, mais ça a été très dur au début d'avoir pour nièce la fille de cet homme. J'ai mis du temps à l'accepter.
Ma mère était maltraitée. Elle a reproduit le schéma sur ma soeur et moi pendant des années. Et ma soeur, qui en a tant souffert, a agi de même envers moi.
J'ai peur.
Est-ce inexorable? Un cercle vicieux impossible à briser?
Est-ce que moi aussi je serai comme ça un jour, avec mes enfants, mes amis, ma propre famille?
Je ne veux pas vivre avec ce secret en travers de la gorge jusqu'à ce que ma mère décède et que je regrette de m'être tue. Mais inutile de songer à une psychanalyse, ma mère n'a jamais voulu en entendre parler.
Notre relation reste très, très tendue. Malgré cela je m'en veux de ne pas être capable de faire un pas vers elle.
Je me sens très mal et perdue. j'ai souvent envie de pleurer en pensant à tout ça.
Un avis? Un conseil?
Que pourrais-je faire d'après vous?
Merci de m'avoir lue jusqu'au bout ...
je n'ai pas de "question" précise à poser. J'aimerai simplement avoir des avis quand à ma situation qui s'avère un tantinet compliquée. Je m'excuse du pavé
Dès nos adolescences respectives, ma soeur et moi avons été en conflit avec notre mère (nous avons 6 ans d'écart et je suis la puinée) . Notre père travaillait beaucoup et nous ne le voyions pas énormément, il est très effacé de toutes façons, c'était notre mère qui dirigeait la maison. Nous avons deux frères, mais ils n'étaient pas concernés par les problèmes que je vais vous décrire.
J'ai assisté pendant quelques années à l'acharnement psychologique de notre mère sur ma soeur. Elle était extrêmement exigeante envers elle : elle estimait qu'elle devait être la première dans toutes les matières à l'école, avec des mots très rudes quand elle n'était "que" parmi les 5 premiers, du type "tu ne feras jamais rien de ta vie ma fille, sauf p*** au bois de Boulogne". Elle ne la laissait pas sortir, pas même pour trainer 10 minutes à la sortie du collège, refusait qu'elle voie ses amis (et lui interdisant même de les fréquenter dans le milieu scolaire). Il n'y a jamais eu de coup physique, mais les agressions verbales et la pression psychologique étaient constantes. Elle avait des colères brusques et inexpliquées, voulait souvent punir injustement et se murait régulièrement dans un long silence total pour marquer son mécontentement.
Évidemment, j'ai grandi, et mon tour est arrivé.
Ma mère est très fine et n'a pas de formes féminines, à l'inverse de ma soeur et moi. J'ai longtemps pensé que son brusque changement de comportement à notre égard était dû à une forme de jalousie, puisque cela coïncidait avec notre entrée dans l'adolescence. Je trouvais cela bas et stupide.
Ma soeur était douce, surement un peu bête et naïve, elle voulait "bien faire" et s'est pliée aux volontés parentales jusqu'à ce qu'elle craque : tentative de suicide vers 20 ans, fuite à l'autre bout du monde.
Bien plus solide qu'elle, je n'ai pas un caractère facile et j'ai longtemps traité ma mère par le mépris. Non pas que j'aie été dure dans mes paroles ou mes actes envers elle, mais j'affichais un souverain menfoutisme face à ses remarques acides et ses longs silences boudeurs. Elle finissait par dire de moi "je ne veux pas lui parler, sinon ça va mal se passer". Ce qui ne l'empêchait pas de me blesser jour après jour évidemment. Je ne veux pas lister toutes les horreurs qu'elle a pu me dire, ça serait bien long et bien triste, mais malgré mon indifférence apparente ses mots étaient un poison qu'elle m'inoculait jour après jour.
Mon collège a été long et pénible, autant du côté familial que du côté scolaire. Je m'emmurais dans un silence tout aussi lourd que celui de ma mère.
Une ou deux fois, elle m'a laissé un message sur mon lit pour me souhaiter bonne nuit, signé "maman". Voir écrit ce mot de sa main avec une petite étoile ou un petit coeur me répugnait. Notre relation n'était plus que colère, rancune, méchanceté, tensions, la niaiserie et la douceur n'existaient pas. J'avais l'impression qu'elle niait mes sentiments, ou pire, qu'elle s'en riait, je le vivais comme une ultime provocation.
Au lycée, les choses se sont arrangées : j'ai été dans un établissement expérimental qui m'a fait beaucoup de bien. J'ai repris confiance envers les adultes. Le fossé entre ma mère et moi ne se comblait pas. C'est à cette période que ma soeur s'est "enfuie".
Ma mère fréquentait des gens "chics" et essayait de se rendre intéressante, elle "m'exhibait" en clamant fièrement que sa fille était sans une structure expérimentale. Dans ces instants, elle essayait de se rapprocher de moi physiquement, avec un bras autour des épaules ou des hanches. J'avais cela en horreur, nous n'avions plus aucun contact physique depuis des années! Je me crispais immédiatement et me tortillais un peu pour lui échapper, sans la repousser franchement. Elle me lâchait alors avec un air furieux, puis me le reprochait par la suite en privé.
Le temps a passé. J'ai été à la fac, mes parents ont refusé de me payer une école puisque "quand on voit tes ainés qui sont tellement plus intelligents que toi et ils ont du mal, on ne veut certainement pas essayer avec toi". J'ai parfaitement réussi jusqu'au Master l'année dernière. Ma mère m'a avoué une fois regretter un peu cette décision. Ça m'a fait une belle jambe.
Bref, j'ai grandi, j'ai pris mes distances...
Depuis peu, j'apprends au compte-goutte des nouvelles qui remettent complètement en cause tout ce que ma mère m'a fait subir.
Sans rentrer dans les détails, la vie de ma mère a été un enfer, avec des abandons, de la violence et de possibles histoires de pédophilie (mais ça reste à vérifier).
J'ai parfois du mal à dormir.
Je repense à des choses qu'elle a dit, des phrases que je trouvais odieuses ou bizarres et qui maintenant me font tilter.
Je comprends que nombre de ses petits gestes qu'elle faisait vers moi et qui m'horripilaient n'étaient que sa façon à elle, très maladroite de tenter de créer un lien.
Je ne sais plus comment me positionner par rapport à mes grands parents, responsables de ses malheurs. Je suis obligée de rester mine de rien, mais j'observe la façon dont a mère se comporte, ce besoin constant qu'elle a de leur plaire, la façon dont ils la traitent en retour, et ma compréhension de leur relation prend un tout nouveau jour.
Je m'en veux de ne pas avoir compris tout cela plus tôt : comme souvent dans ces cas j'imagine, on a plein de pièces sous les yeux, mais on ne reconstitue pas le puzzle. Je me sens profondément triste pour ma mère. Elle voulait fonder vite une famille et avoir plein d'enfants, sans doute pour fuir ses parents. Résultat, tous ses enfants veulent la fuir.
A-t-elle jamais été heureuse?
Ma mère ne sait pas (encore?) que ses filles sont au courant de son passé. Notre relation reste distante, inchangée, souvent houleuse dès qu'on aborde un sujet plus intime que la météo. Je n'ose pas lui en parler, je crains de lui faire plus de bien que de mal.
Il y a quelques années, ma soeur et moi avons eu un très gros différent (elle côtoyait un homme violent qui me menaçait et ne comprenait pas que je ne goûte pas à son "humour"). Elle m'a violemment rejetée, m'a insultée même, et s'est murée dans le silence... J'ai cru faire face à ma mère à nouveau. Nous étions très proches, mais depuis notre relation est complètement faussée. Je ne fais l'effort de la voir que pour ma nièce : ma soeur est devenue une mère célibataire peu après. Ce que je vais dire me semble égoïste, mais ça a été très dur au début d'avoir pour nièce la fille de cet homme. J'ai mis du temps à l'accepter.
Ma mère était maltraitée. Elle a reproduit le schéma sur ma soeur et moi pendant des années. Et ma soeur, qui en a tant souffert, a agi de même envers moi.
J'ai peur.
Est-ce inexorable? Un cercle vicieux impossible à briser?
Est-ce que moi aussi je serai comme ça un jour, avec mes enfants, mes amis, ma propre famille?
Je ne veux pas vivre avec ce secret en travers de la gorge jusqu'à ce que ma mère décède et que je regrette de m'être tue. Mais inutile de songer à une psychanalyse, ma mère n'a jamais voulu en entendre parler.
Notre relation reste très, très tendue. Malgré cela je m'en veux de ne pas être capable de faire un pas vers elle.
Je me sens très mal et perdue. j'ai souvent envie de pleurer en pensant à tout ça.
Un avis? Un conseil?
Que pourrais-je faire d'après vous?
Merci de m'avoir lue jusqu'au bout ...