suicide/abandon

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poussie
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suicide/abandon

Message par poussie »

Bonjour,

Je suis une fille âgée de 26 ans, et sérieusement perdue dans cette vie. J'ignore quoi écrire exactement, tellement tout est confus et mélangé dans ma tête. Afin que vous puissiez approximativement vous faire une idée de qui je suis, voici un petit résumé : à partir de mon enfance, j'ai vécu 15 ans de maltraitance physiques et morales; beaucoup de symptômes sont venus durant ces années : troubles alimentaires, mutilations, idées suicidaires, mutisme, émétophobie, phobie scolaire... Bref, tout pour se sentir anormale, et tout pour que l'entourage ai raison de dire que je suis folle et que je ne méritais pas de vivre.

Cela fait quatre ans que je suis en psychothérapie, et même si j'ai senti à un moment une petite avancée positive, maintenant je n'y crois plus. Je suis fatiguée de vivre, fatiguée de devoir me battre, d'autant plus, que normalement, on se bat pour soi, pour se sentir mieux, mais quand on s'en fiche de soi, je ne vois pas l'intérêt de se battre.

Ayant été mutique d'une façon assez sévère (au départ, ma psy pensait que j'étais autiste, parce que non seulement je ne parlais pas, mais aussi parce que lorsqu'on me touche ou me frole, soit je n'existe plus et tout mon corps se raidit, soit je deviens violente et repousse la personne et suis capable de me cogner la tête contre les murs pour me rassurer), ma psy m'avait proposé d'écrire, de dessiner, ou de trouver n'importe quel autre moyen pour m'exprimer. J'ai donc écris, mon passé, sous forme d'histoire. Il faut aussi que je précise que je n'arrive pas à parler de mon passé en détail en "je", donc c'était plus facile de mettre des mots en racontant l'histoire d'une fille. J'ai aussi dessiné, de temps à autre, mais uniquement quand les mots ne venaient pas. Et puis petit à petit, j'avais compris qu'avec ma psy, je n'avais pas à avoir peur, que j'avais le droit de parler, qu'il ne m'arriverais rien, et maintenant de temps en temps, je parle un minimum (il faut qu'elle pose des questions, parce que je ne parle pas ouvertement).

Mais dans le fond, je me demande pourquoi j'ai fais tout ces efforts pour exprimer toutes ces choses, parce que malgré le temps qui passe, mon coeur reste blessé. Ma psy m'avait dit qu'une fois que j'aurais exprimer ce qui n'allait pas, je pourrais sentir un soulagement et que je me sentirais mieux dans ma tête... sauf que j'attends toujours ce soulagement.

De plus, j'ai toujours mes idées suicidaires qui sont présentes. Ne vous en faites pas pour autant, ma psy est au courant. Elle essaie de me réconforté comme elle peut, en me disant qu'il ne faut pas que je craque, qu'elle est là avec moi, que le pire est derrière moi, que j'ai une grande force intérieure pour avoir vécu tant de choses, que je ne dois pas laisser les personnes qui m'ont fait autant de mal gagné... mais je n'y crois plus. J'en suis même à en vouloir à ma psy, parce qu'elle me donne toujours un brin d'espoir, pour qu'au final je me recasse la figure encore et encore.

Lors de la dernière séance avec elle la semaine dernière, ma psy voulait que l'on reparle de mon envie de ne plus être là, moi pas tellement, mais comme c'est elle qui pose les questions, c'est aussi à elle de décidé du sujet (je crois qu'elle prend aussi les "devants", parce que lorsqu'elle me demande ce que je souhaite aborder ou de quoi j'aimerais qu'on parle, ma réponse reste la même "Vous pouvez parler de tout ce que vous voulez, sauf de moi").

Elle m'a donc posé des questions au sujet de la mort, du suicide, et à un moment, je ne saurais dire pourquoi, j'ai explosé en lui disant qu'elle a beau dire que ce n'est pas bien de vouloir se suicider, qu'elle m'abandonnera aussi, comme ma mère, alors que je pouvais faire ce que je veux! (c'était la première fois que je parlais de façon spontanné). Sur le coup, elle a eu un mouvement de recul, et j'ai compris par ce geste que je suis allée trop loin. Et doucement, elle m'a répondu que ma mère c'est ma mère, elle c'est elle, et que elle, ne m'abandonnera jamais, contrairement à ce que je pense. Je ne parlais plus, et alors elle a rajouter que si je passais à l'acte, ce serait moi qui l'abandonnerai.

Et depuis, je me pose des questions... Est-ce vrai qu'on abandonne sa psy si on se suicide ? Et pourquoi les gens veulent que l'on reste sur terre, quand on est envahis par la tristesse, le chagrin, la douleur ? N'est-ce pas égoïste de leur part ? Et pourquoi personne ne comprend que je veux juste être en paix et rejoindre le seul être qui ne m'a jamais fait de mal ?

Désolé d'avoir écrit autant, je crois que j'avais un besoin de déverser mes maux quelque part.

Merci de m'avoir lue.
Poussie.
sisth
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Re: suicide/abandon

Message par sisth »

poussie a écrit : Est-ce vrai qu'on abandonne sa psy si on se suicide ? Et pourquoi les gens veulent que l'on reste sur terre, quand on est envahis par la tristesse, le chagrin, la douleur ? N'est-ce pas égoïste de leur part ? Et pourquoi personne ne comprend que je veux juste être en paix et rejoindre le seul être qui ne m'a jamais fait de mal ?
Abandonner ta psy qui est la pour toi pour t' aider mais abandonner surtout les efforts que tu as pu faire peut- être que tu penses aussi que rien pour toi na avancer malgré tout ça d' après ce que tu décris...
Après je ne pense pas que tu ai envie de rester seule c' est surtout ton état si puis-je dire qui te fait réagir ainsi et comme tu le dis toi même " le seul être qui ne ta jamais fait de mal ", disons que avec ce que tu vis ou à vécu, tu t' isoles parce que tu as peur de souffrir, ou que l' on te fasses souffrir de nouveau, je dirai pas que c' est normal mais c' est un moyen pour toi de protéger du reste du monde...
Après je sais pas comment l' expliquer, je dirai pas que les gens veulent que tu restes en vie mais ils disent ça pour toi pour que tu comprennes que malgré toute cette tristesse, ce mal être, il faut se donner les moyens de s' en sortir, la vie n' est pas rose tout le monde, on fait ce qu' on peut, on a des vécus différents certes mais on ne vit qu' une fois et la vie vaut la peine d' être vécu et ce n' est pas de ta faute si tu as subit tout ça...
Et puis bien que tu es eu envie d' en finir, tu es aller voir un psy pour qu' il t' aide, et 15ans de maltraitances c' est encore tout frais je trouve, c' est normal je pense ( après je sais pas vraiment ) de se remettre en question parfois d' avoir envie de se laisser aller parce que l' on se sent comme morte à l' intérieur et de se dire qu' est-ce qu' on fait ici ? qu' en est-il de notre avenir, je ne me vois pas avancer... mais toute ces réponses sont en toi... et c' est vrai que malgré tout ça tu as vraiment besoin de soutient...
poussie
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Re: suicide/abandon

Message par poussie »

Bonsoir Sisth,

Je ne m'attendais pas à avoir une réponse, et encore moins aussi rapidement; je te remercie de m'avoir lu, et répondu.

Grâce à ton explication, je comprends mieux pourquoi ma psy parlait d'abandon; je n'y avais jamais songé de cette façon. C'est sûr que des efforts, j'en ai déjà fais, mais je trouve aussi que ça n'avance en effet pas beaucoup.

Effectivement, j'ai peur des gens, peur que l'on me prenne encore pour un objet, ne serait-ce qu'avec ma psy j'ai encore cette crainte-là parfois, alors que je sais bien au fond de moi que s'il y a quelqu'un qui me considère comme une personne (et normale en plus), c'est elle. Pour me protéger du reste du monde, j'ai une "méthode" assez simple que j'ai apprise très jeune, à savoir aller "dans mon monde à moi" : je ne saurais comment l'expliquer, mais disons que mon corps est là, mais ma tête est en même temps ailleurs.

C'est justement cela que j'ai encore du mal à comprendre, pourquoi la plupart des gens pensent que la vie vaut la peine d'être vécue. C'est quelque chose qui ne s'intègre pas dans ma tête; quand on voit tant de souffrances partout, tant de disputes, de querelles, de non-dits, je me demande bien où est le côté positif de la vie. On m'a également dit que l'on vient sur terre pour une raison, mais quand on ne voit pas pourquoi on est sur terre, difficile d'y croire.

A la base, si je suis allée voir une psy, c'est pour le côté "pratique" si je puis dire; disons que je faisais "bêtises sur bêtises", et que je finissais souvent à l'hôpital, que ce soit pour des malaises à cause de ma malnutition ou à cause de mutilations trop sévères. Alors quand on voit un psychiatre, c'est plus "facile" d'éviter l'internement psychiatrique. Comme j'ai déjà vécu ça et que je ne veux pas le revivre, j'ai voulu assurer mes arrières. Par contre, j'avoue que je suis bien contente d'être tombée sur une psy si compréhensive, gentille, qui m'a apprivoiser (c'est elle qui utilise cette expression) et qui en plus m'a promis de ne jamais m'interner de force.

Peut-être que toutes ces réponses sont en moi, sans doute que tu as fortement raison, mais j'aimerais trouver la clé en moi pour me dénouer, pour m'ouvrir, pour ne plus être anormale... pour être comme les autres en gros...

Encore une fois, merci de ta réponse, ça m'a fait du bien.
Bonne soirée.
eric giacoia
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Inscription : 20 juil. 2013, 01:47

Re: suicide/abandon

Message par eric giacoia »

C' est un message adressé à poussie,

Tu es un être magnifique et précieux par l' authenticité et la vérité de tes pensées et paroles. J'ai été touché jusqu'aux larmes et je reconnais en toi une battante. Tout tes choix dans la vie sont les bons. Ne te soucie pas de la réaction de ta psy ( ils sont formés pour ça ) dis toi qu' un sursaut de colère est un retour à l' envie de vivre et que depuis que nous sommes petits on nous apprend à réprimer nos sentiments, nos envies et même nos pensées ( un sacré terreau pour les névroses et j' en passe ) .Une aide si tu veux la prendre: essaie de sortir du postulat bien/mal et attache toi à tout ce qui te parait beau , note le si il le faut , tu n' as aucune obligation , je pense souvent à en finir aussi car j' ai une maladie invalidante depuis presque 40 ans , un jour je me suis demandé qu' est ce qui se passerai réellement si je me supprimais et là j'ai compris à quel point j' avais aimé les gens et que ma vie était immense et à quel point je l' aimais pour tout, j'ai bien dis TOUT et que j' étais dans un état de gratitude et je voulais dire un milliard de mercis à la création, à dieu... à moi.
Simplement pour toute cette diversité car toi aussi et surtout tu es un CADEAU pour nous tous.n'oublie pas, aucun de tes choix n' est le mauvais, tu es exceptionnelle et ton message le prouve.

Rien n' est perdu.
Paix et amour pour toi poussie,

Avec toute mon affection, éric
Paix et amour pour toi,
Avec toute mon affection
poussie
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Inscription : 19 mai 2013, 23:54

Re: suicide/abandon

Message par poussie »

Bonsoir Eric,

Quel message et réponse émouvante ! Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me répondre, et surtout d'y avoir mit ce genre de contenu; cela fait beaucoup de bien à lire quand on a un cœur blessé.

Tiens, c'est marrant, mais ce matin même, une voisine à moi m'a dit que j'étais une battante, et que j'allais m'en sortir, qu'il fallait juste que je garde espoir. Elle ne connait pourtant pas ma vie, donc ne pourrait guère se prononcer à ce sujet, mais cela m'a aussi fait du bien. J'ai remarqué que souvent, le soutien, le réconfort, se trouve ailleurs que dans son propre entourage.

Tu as dit que tu as une maladie invalidante depuis énormément de temps; est-ce douloureux ? Es-tu suivi ? As-tu besoin/envie d'en parler ? Même si j'ai ce genre d'idée et que je ne suis pas forcément comme les autres, je peux t'écouter, essayer de t'aider, si tu en as besoin/envie.

Merci de ton aide et de ton conseil, c'est très gentil. C'est certain que je devrais sortir du postulat bien/mal, qui n'est qu'une croyance inculquée quand j'étais enfant... et que je continue d'avoir, de façon presque automatique. Je dis presque, dans le sens où quelques fois, je commence à m'en rendre compte, alors j'essaie de changer de façon de pensée, tout en me demandant à quoi bon je me casse la tête pour ça.

Ce qui me paraît beau, c'est simple, c'est la nature et les animaux... eux ne trahissent jamais, ne font pas de mal... et la nature permet de se ressourcer, de se gonfler d'énergie pour affronter les duretés de la vie du quotidien. D'ailleurs, j'étais passionnée de photos, spécialisé dans la faune et la flore; quand je partais me baladé pour prendre des photos, je vivais dans le présent, j'oubliai mes problèmes, mes peurs... je me sentais vibrer de l'intérieur... mais bon, depuis trois semaines, j'ai perdu le déclic photos et n'en fais plus... dommage, ces moments de bien-être me manque.

Bref, j'ai encore beaucoup parler de moi; j'espère que tout se passe bien dans ta vie actuelle Eric; tu es quelqu'un de bien et de profondément humain, chose rare de nos jours.

Merci pour tout,
Poussie.
My_illusion
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Inscription : 24 janv. 2014, 23:44

Re: suicide/abandon

Message par My_illusion »

Bonjour Poussie,

Ça fait quelques temps que tu as écrit. Tu ne liras peut-être pas ce message.

Après ces quelques mois passés, déjà est-ce qu'il y a des avancées?

Si je te lis bien, entre les lignes entre autres, je ressens chez toi un besoin de créer des liens fiables qui ne laissent pas de place à l'éphémère, et encore moins à l'abandon. Et c'est normal, quand les premiers liens que tu as eu ont été bafoués, cela constitue une crainte sans cesse, un château de cartes bancal, il faut avoir la certitude que l'autre ne s'en ira pas, que ce qu'il dit il le pense sincèrement. Seulement cette certitude tu ne l'auras jamais... Tu devras prendre des risques et te dire que si la relation s'achève, au moins elle eu le mérite d'exister.

Ta psy se comporte comme tu attends qu'elle se comporte : elle te donne ce lien que tu demandes : "ne m'abandonnez pas, déconnez pas avec moi, pas vous!". Seulement, elle ne peut l'assurer que dans un suivi de thérapie, et non en dehors. Cela n'enlève rien à la sincérité de ce qu'elle ressent. Elle veut ton bien, elle veut que tu aies confiance en les autres, mais elle ne peut pas assurer un toujours, elle se doit de rester une béquille, un soutien. Ce n'est pas elle qui t'offrira cette sensation sécurisante, elle ne peut que le favoriser, t'aider à la trouver ailleurs.

Je comprends bien ta raideur avec absence d'âme, ou envie irrépressible de fuir lors du contact physique. Tu aimerais pouvoir l'accepter mais quelque chose en toi l'associe à du danger. Les animaux et les enfants là par contre, aucune anxiété. C'est même un honneur de pouvoir les prendre à bras, les câliner. Car aucune fourberie.

En vrai, je ne suis pas convaincue que lâcher son sac de pierres va te soulager... Ce qui va te soulager par contre, c'est de pouvoir créer et rendre durable une relation saine et de confiance où tu pourrais être toi, tout dire sans faire peur à l'autre. Cela dit il te faudra ne pas sombrer non plus dans de la paranoïa car si l'on n'a de cesse de tester le lien, on finit par l’essouffler, et l'on provoque ce que l'on craignait : le recul, la rupture, l'abandon. Ça fait partie du syndrome de l'abandonnique, tu peux te renseigner là dessus :)

Tu te montres indépendante, forte, mais en toi il y a cet être ultra fragile à ne pas laisser entre n'importe quelles mains. Lorsque tu parviendras à rassurer cette partie, tu peux être sûre que la vie va devenir quelque chose qui vaut la peine d'être vécue.

Si l'on pense si souvent au suicide c'est parce que l'idée d'une fin aide à faire bouger les choses en soi... Ce n'est pas mauvais en soi. Les personnes qui se savent condamnées par une maladie développent des capacités extraordinaires à profiter des derniers instants.
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