Deuil et souvenir

[Lucette1]

Je reviens des funérailles de l'un des frères de mon père.
le seul, je crois, qui "sait" ce que moi, je ne sais plus...
je n'ai aucun souvenir ou presque entre mes 5 et 15 ou 16 ans... (j'en ai 45)

j'ai l'impression d'avoir perdu la dernière chance de savoir un jour... savoir ce que mon père n'a jamais voulu dire... quelle est cette famille (la sienne) dont je descends...
pourquoi personne n'en parle jamais.
pourquoi je n'ai jamais connu son père (qui est mort il y a deux ans sans que je l'ai jamais rencontré)
pourquoi par bribes, j'apprends des choses dont j'ignorais tout... l'existence d'un cinquième frère (mon père, les trois frères que je connais, et un autre... dont je n'avais jamais entendu parler avant il y a 2 ans tout à fait par hasard.)

j'ai rencontré les deux autres frères de mon père... il ne les a pas reconnus...
Moi, je ne les avais pas vus depuis mes 14 ans... et je ne m'en souviens plus. Des inconnus, mais...

et j'ai retrouvé les enfants de mon oncle, mes cousins/cousines... comme une sorte d'incursions vers ces années perdues...

nostalgie... mais nostalgie de quoi...
c'est sans retour

[Dubreuil]

Ce n'est pas sans retour, c'est au contraire un voyage que vous pouvez entreprendre, la possibilité et le droit légitime de savoir enfin, de comprendre où sont vos racines..
Vous pouvez commencer avec la psychogénéalogie.
Courage. Vous êtes sous le coup d'une grande émotion. Et vous avez peut-être l'impression d'être humiliée, d'avoir été " trahie ".
Les " secrets de famille " ont un impact traumatique qu'il ne faut pas négliger.

[Jeannette]

Ce n'est pas sans retour...
Peut être sans intérêt. Mais on ne le réalise qu'ensuite. Une fois le voile soulevé...

[Lucette1]

Merci pour vos réponses.

c'est sur que c'est une émotion plus grande que je ne m'y attendais... j'aimais beaucoup mon oncle.

et je ne m'attendais pas à ce que me retrouver "en famille" me fasse un tel effet.

Trahie... j'ai vraiment pensé l'être lorsque j'ai appris que mon père avait une autre fille... qui a 6 mois de moins que moi.
"tout le monde" était au courant, ma mère, mes grands parents, oncles etc... sauf moi. ça a été vraiment dur...
et en meme temps, j'ai compris tellement de choses...
y compris que ça n'était sans doute pas le seul secret... qu'il y en a des biens plus anciens.

psychogénéalogie... j'ai tellement de "trous"...
j'y ai pensé à un moment...
et puis comme j'étais en thérapie, je n'ai jamais donné suite.
ainsi que l'ignorance de tant de choses... entre ce qui est tu dans la famille, et ce que j'ai moi-même oublié...

mais peut-être est-ce le moment...
sans intérêt... je croyais vraiment que cela ne m'intéressait pas... que j'avais accepté les silences, l'absence de connaissance...
que je ne souffrais plus de ne pas savoir...

[Lucette1]

"tout le monde" était au courant, ma mère, mes grands parents, oncles etc... sauf moi. ça a été vraiment dur...

en fait, ça n'a pas été de l'apprendre, bien sur, qui a été dur.
ça a été que personne ne me l'ai dit.

je le "savais", ça ne m'a pas étonnée, ça a au contraire permis de comprendre plein de choses.

mais personne ne l'avait dit...

et le reste ?

[Dubreuil]

Le reste vous le " connaîtrait " au fur et à mesure de vos recherches..

[Lucette1]

alors je prends des bottes pour patauger, une pioche pour creuser, et...

je reconnaitrai ce qui viendra au jour.

[Dubreuil]

C'est exactement cela. Vous " reconnaitrez " ce que votre inconscient connait déjà.
Lisez ( si ce n'est déjà fait ) " Aïe mes aïeux ", de Anne Ancelin Schutzenberger.

[Lucette1]

merci

j'ai lu... mais une piqure de rappel ne fera sans doute pas de mal.

[Lucette1]

au fil des lectures...

j'ai bien aimé l'idée d'insu...
ce qui passe à l'insu de... et qui reste à l'insu de... aussi, d'ailleurs

je savais que je n'avais pas le droit de savoir. je crois que je commence à comprendre comment ça a fonctionné.

j'ai compris de quoi est morte la mère de mon père.
un très ancien cauchemar dont je me souviens (comme quoi j'avais pas "tout" oublié") me l'avait déjà dit lorsque j'avais 7 ou 8 ans.

alcoolisme. mais ça ne se dit pas. il est même interdit de le penser.

je n'ai pas de preuve.
mais je le sais... ça explique "tout"... en particulier le silence d'ailleurs...

bon, je remets mes bottes....