Je ne peux plus vivre avec mon 'père'.

[Cocovintage]

Je ne peux plus vivre avec mon 'père'. J'ai quatorze ans et demie et depuis mon plus jeune âge, je n'aime pas mon père.
Je ne le montre pas mais je l'évite au maximum. Au début, ça allait, je l'aimais pas et c'est tout. Mais maintenant, quand il est dans la même pièce que moi, qu'il me parle, je m’énerve à l'intérieur de moi comme jamais. Je m'énerve rarement et ce sentiment me choque. J'ai envie de le frapper, j'ai envie de le voir disparaître de ma vie.
J'ai des raisons, évidemment. Mon père est tout ce que je n'aime pas : raciste, xénophobe, homophobe, chiant, méchant, alcoolique et j'en passe.
Depuis toute petite, je le vois boire. Il rentrait toujours tard de son travail complètement saoule. Mes parents se disputaient toujours à cause de ça. En 2008, il n'est pas rentré la nuit. Ma mère avait téléphoné à son travail mais personne ne savait où il était. C'est après qu'elle a eu un coup de fil du commissariat qui lui a dit que mon père s'était fait arrêté parce qu'il conduisait en état d'ivresse. Je me suis dit que c'était bien fait pour lui. Il conduisait tout le temps en état d'ivresse et ne s'était jamais fait arrêter. Ma mère le menaça de divorcer s'il retouchait à l'alcool. Du coup, pendant 6 mois, mon père ne toucha pas à l'alcool. Malheureusement, il reprit, ils se sont disputés mais ils n'ont pas divorcés. Depuis, mon père ne rentre pas saoule, peut-être deux fois cette année mais il n'avait pas prit la voiture. Ce qui m’énerve, c'est que c'est un alcoolique. Il veut toujours inviter quelqu'un pour avoir un prétexte pour boire. C'est toujours lui qui ouvre la deuxième bouteille de vin à la table. En décembre 2009, donc l'année dernière, après une fête, il s'est disputé avec ma mère, ils étaient complètement saoules et se sont tapés sous nos yeux, à ma soeur et moi. J'avais treize ans et ma soeur dix. C'était vraiment horrible. Je n'arrivais pas à les séparer, je tremblais et pleurais. Mon père poussait ma mère, l'étranglait sous nos yeux. J'ai beaucoup souffert.
Je voulais appeler de l'aide, des voisins ou encore la police mais j'étais trop traumatisée pour le faire. C'est après ça que j'ai encore plus détester mon père. C'était de sa faute. Ce qui m'énerve aussi, c'est que ma mère soit naïf à ce point. Il y a cinq mois environs, mes parents étaient saoules un dimanche soir et mon père me criait dessus parce qu'apparemment, c'était de ma faute s'il pouvait pas brancher le micro de l'ordinateur. Ce qui était complètement faux. Je déteste quand il me crie dessus, selon moi, il n'a pas le droit. C'est interdit, je n'ai pas à l'écouter. J'ai dis à ma mère que je détestais mon père en criant. Quelques minutes plus tard après lui avoir crié dessus, elle me dit "Mais tu sais, ton père n'est pas comme ça, il est adorable". Je me suis énervée. Je déteste qu'elle dise ça. C'est complètement faux, elle est aveugle. Complètement aveugle. J'aimerais qu'ils divorcent ou que mon père meurt. Je suis cruelle mais je n'en peux plus. Autre chose, je suis très attachée à mon chien, que j'ai depuis deux ans. Quand mon père le tape (pardon, comme dit-il "donne une petite tape"), je commence à pleurer, à m'énerver et à hurler. Je ne supporte pas le fait qu'il puisse le toucher, le taper ou autres. J'ai l'impression que c'est moi qu'il frappe. Hier, nous avions des invités à l'occasion de l'anniversaire de ma mère. Ils ont beaucoup bu, beaucoup. Celui qui servait, c'était mon père. Ils lui disaient d'arrêter mais il n'écoutait pas. Ils ont bu une dizaine de bouteilles de vins, deux bouteilles de champagne, de la vodka et je ne sais quoi. Ma soeur était énervée, elle les déteste autant que moi. Je ne sais pas pourquoi, à cause des moments comme ça, je me comporte comme une mère pour ma soeur et ça m'énerve parce que c'est pas mon rôle. Du coup, je ne sais pas quoi faire. Je le déteste vraiment. Je ne veux pas partir en internat parce que c'est pendant la semaine que je le vois le moins. Le week-end me pose un gros soucis. Je ne veux plus le voir.

[Jeannette]

Ton père n'a pas à être violent. Tu ne devrais pas avoir à ressentir le besoin de protéger ta soeur.

Si tu es en France, sais-tu que tu peux appeler le 119 ?
Ils répondent 24/24. Si tu as envie de parler à un moment où cela ne va pas. Ou si il y a une urgence. Ils te diront quoi faire.

Et je suis sure que, ici, tu vas déjà trouver un soutien. Cela t'aidera à y voir plus clair.

J.

[Cocovintage]

Ton père n'a pas à être violent. Tu ne devrais pas avoir à ressentir le besoin de protéger ta soeur.

Si tu es en France, sais-tu que tu peux appeler le 119 ?
Ils répondent 24/24. Si tu as envie de parler à un moment où cela ne va pas. Ou si il y a une urgence. Ils te diront quoi faire.

Et je suis sure que, ici, tu vas déjà trouver un soutien. Cela t'aidera à y voir plus clair.

J.

Le problème c'est que nous vivons dans un appartement assez petit, je ne peux pas m'enfermer dans une pièce et parler, parce qu'ils vont le voir et vont entendre.
Je manque de liberté chez moi et c'est un gros problème. On risque de déménager dans 2 ans maximum. Mon adolescence est complètement bâclée.

En tout cas, merci.

[Jeannette]

En cas d'urgence, tu peux aussi aller téléphoner de chez un voisin. Ou foncer à une cabine.
Ou leur "chiper" un portable le temps d'aller téléphoner dans la rue.
Tu peux parler/écrire ici. Ou téléphoner de chez une copine.

Tu as l'air de quelqu'un de solide, intelligente. Ne baisse pas les bras. Des solutions existent.
On va t'aider à les trouver.

J.

[Cocovintage]

Merci Jeannette.

Est-ce que c'est normal de trouver qu'on est plus matures que ses propres parents?

Ils sont saoules et se disputent. Je fais de mon mieux pour ne pas y prêter attention mais c'est difficile sachant qu'ils crient comme des débiles.

[Jeannette]

> Est-ce que c'est normal de trouver qu'on est plus matures que ses propres parents?

C'est malheureux pour eux, heureux pour toi si tu trouves la force de l'accepter et de le "gérer", mais ce n'est pas "anormal"...

Cela prouve simplement que tes parents se sont enfermés dans un mode de relation et des fonctionnements qui ne leur conviennent pas. Qu'ils n'ont pas le courage d'avouer, ou même de voir, leurs vrais sentiments. Tu connais surement le proverbe : la meilleure défense, c'est l'attaque. C'est ce qu'ils font.

En réalité ils sont malheureux, ils ont peur. Parce qu'ils espéraient quelque chose de la vie, parce qu'ils espéraient que "l'autre" leur apporte quelque chose. Et qu'ils ne l'ont pas eu. Et ils se défendent comme ils peuvent. Parce qu'ils ne comprennent pas.

Mais changer de façon de faire, ce n'est pas facile.

C'est comme quelqu'un qui se penche en avant jusqu'à être à la limite de tomber. Pour ne pas tomber, il avance un pied. Puis l'autre. Et il commence à courir. Et tant qu'il est penché en avant, il faut qu'il court pour ne pas tomber.
Tes parents sont en train de courir.
Pour pouvoir arrêter de courir il faudrait qu'ils se redressent, qu'ils arrêtent de se pencher en avant. Pour un coureur, la solution est de ralentir et de se redresser petit à petit. Et même ainsi, cela demande de sacrés abdo. Il peut aussi accepter de tomber, mais il est rare que l'on tombe sans se faire mal...

Est-ce à toi de leur faire comprendre ? Est-ce à toi de leur apporter ce dont ils ont besoin ?
NON. Et 2 millions de fois NON.

Tu ne peux pas redresser un coureur qui est penché en avant. Lui seul le peut.
Tu peux éventuellement lui dire qu'il est penché en avant, mais tu ne peux ni l'obliger à t'entendre, ni l'obliger à se redresser.

Protège-toi. Reste droite. Ne te mets pas à courir.
C'est la meilleure chose que tu puisses faire. Pour toi, et pour eux.

Plus concrètement... Tu peux aller voir une assistante sociale, ou d'autres personnes, qui, elles, pourront peut être aider tes parents à se redresser.
Je t'avais parlé du 119 en cas d'urgence. Ils peuvent aussi t'aider à savoir quoi faire même si il n'y a pas d'urgence.
Mais reste toi-même, et n'oublie pas de vivre ton adolescence.

J.

[Cocovintage]

Merci pour votre réponse. Je suis consciente que mes parents ont un réel problème mais ils ne sont pas obligés de tout mettre sur moi.

La preuve, ce midi, en discutant avec ma mère au téléphone, je lui ai dis que j'avais du mal à travailler parce que ces trois derniers jours, tout le monde criait dans la maison. J'ai uniquement dis que ce que je pensais et comme d'habitude, je m'en prends plein la gueule. Je reviens à 16 heures 30, elle dort. OK. Elle se réveille dix minutes plus tard et fait comme si je n'étais pas là. Je lui demande si elle est énervée sur moi et elle me répond indifférente "Non pourquoi?". Je lui parle, elle m'ignore et répond par des oui ou non. Plus elle fait ça, plus ça m’énerve. Je comprend pas ce que j'ai fais de mal. Dès que je dis ce que je pense, elle est obligée de le prendre mal.