Issu d'un viol

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Suro
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Issu d'un viol

Message par Suro »

Bonjour,

J'ai récemment appris que j'étais un enfant issu d'un viol.
Je ne connais pas ma mère, étant un enfant adopté à l'étranger.
Mes parents savant cela, ils n'ont jamais évoqué l'existence d'un père biologique. Ils m'ont toujours dit que ma mère n'avait peut-être pas eu le choix, chose compréhensible dans ce genre de pays sous-développé. Ma mère biologique m'a laissé le jour suivant ma naissance, j'ai vécu plusieurs mois chez une assistante maternelle à ce qui paraît aimante.

Des tas de questionnements dès lors s'agitent.

Je voulais savoir quelles conséquences cela avait-il pu avoir sur moi, bébé, enfant et adolescent adopté.
Il y a quelques semaines encore, je baignais dans le vide. Apprendre les raisons de ma naissance a me semble-t-il déclenché un truc en moi, bien que depuis des années et des années, j'affirme haut et fort ne pas être troublé par mon adoption le moins du monde.
Je me demande si cette agression sur a pu avoir un effet sur ma sexualité (honte de devenir un homme, d'avoir des désirs sexuels, et même homosexualité)
Et également si ça a pu avoir un impact sur ma psyché (tendance vers le mal, vers l'auto-destruction, complaisance dans la souffrance, émotions fortes, grande vide affectif - lequel est particulièrement ressenti avec les garçons)
Certaines choses me paraissent excessives mais logiques, seulement je ne dispose effectivement d'aucune réelle compétence pour m'auto-analyser.

Pour ce qui est de mon homosexualité, j'ai toujours expliqué cela par ma relation à ma mère (adoptive), mais je pense avoir toujours eu la sensation que cela n'expliquer pas tout entièrement, comme s'il me restait quelque chose à découvrir.
Il se dit parfois que la manière dont une mère vie sa grossesse influe sur le développement du fœtus. Se peut-il que ce soit vrai ?

Enfin, mais là, peut-être me faudrait-il plutôt poser la question à un spécialiste,
L'agresseur de ma mère biologique n'étant rien d'autre qu'un violeur, et ne s'étant visiblement protégé lors de cet acte.. Se peut-il que l'on m'ait transmis des maladies ?

Je me demande ce que je suis censé me dire, après avoir appris être le fruit d'une telle agression. Je crois que je ne ressens rien.

Merci beaucoup pour le temps investi dans la lecture de mon sujet,
Suro
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Issu d'un viol

Message par Dubreuil »

Il y a quelques semaines encore, je baignais dans le vide.
*** C'est à dire ? Quel vide ?

Je me demande si cette agression sur a pu avoir un effet sur ma sexualité (honte de devenir un homme, d'avoir des désirs sexuels, et même homosexualité)
*** Non
Mais une fois que vous l'avez su, peut-être !

Et également si ça a pu avoir un impact sur ma psyché (tendance vers le mal, vers l'auto-destruction, complaisance dans la souffrance, émotions fortes, grande vide affectif - lequel est particulièrement ressenti avec les garçons)
*** Quand on se sait adopté, il y a nécessairement ce questionnement souvent douloureux.

Pour ce qui est de mon homosexualité, j'ai toujours expliqué cela par ma relation à ma mère (adoptive),
*** C'est à dire ?

Il se dit parfois que la manière dont une mère vie sa grossesse influe sur le développement du fœtus. Se peut-il que ce soit vrai ?
*** Oui, une maman anxieuse rend son bébé nerveux par ex.

Enfin, mais là, peut-être me faudrait-il plutôt poser la question à un spécialiste,
L'agresseur de ma mère biologique n'étant rien d'autre qu'un violeur, et ne s'étant visiblement protégé lors de cet acte.. Se peut-il que l'on m'ait transmis des maladies ?
*** Exactement comme la génétique de tout enfant qui vient au monde.

Je me demande ce que je suis censé me dire, après avoir appris être le fruit d'une telle agression. Je crois que je ne ressens rien.
*** Je vous réponds plus longuement, dans " je n'ai pas demandé de venir au monde"..
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Issu d'un viol

Message par Dubreuil »

JE N'AI PAS CHOISI DE VENIR AU MONDE

On ne choisit pas ses parents. On ne choisit pas ses enfants. Et nul enfant n’est obligé d’aimer ses parents, et nul parent n’est obligé d’aimer son enfant. Seul le respect de part et d'autre s'impose.
Il y a une marge immense entre le désir d'enfant et l'enfant que l'on met au monde.
Nul n'est préparé à partager. Nul n'est prêt devant " la différence ". Nul ne peut savoir " avant " ce qu'il adviendra " après " de son désir, de ses fantasmes, de ses émotions qu'elles soient positives ou de rejet.
" Faire un enfant ", c'est FAIRE. Et c'est tout.
Faire un enfant pour certaines femmes, c'est ne plus jamais s'en remettre, parce qu'il vivait dans le désir et le fantasme, mais n'était pas " à faire " dans le conscient. Il faut être prêt(e) pour avoir un enfant.
Difficile d'avoir ce recul terrible de se dire que nous n'avons pas demandé à venir au monde de tel ou tel individu. Que l'on a été " tiré " du ?.. on ne sait pas d'où l'on vient. Mais on sait que l'on est porteur de caractéristiques génétiques qui ont racine bien au delà du père et de la mère. Nous sommes issus de la mémoire du monde, des mondes, de l'univers. Nous avons toutes les peines et les joies de l'humanité en nous. Nous sommes infini et universel, chacun (e ).
Nous sommes le lien entre le passé et le devenir.
Bien autre chose que fils ou fille de. Voulu ou renié.
Bien autre chose qu'enfant désiré ou banni.
Nous sommes cela, certes , mais nous sommes tellement plus attendus et complets ailleurs.
Qu'est-ce qu'un désir d'enfant ? Certainement pas une pensée " altruiste " ( on ne met pas un enfant au monde pour qu'il souffre et meurt ) mais un " élan " sexuel. La réponse à l'espèce.
Et viennent s'y greffer " le leurre " du futur parent qui " rêve " son enfant futur. Réel, symbolique, imaginaire.
Dans certains pays on met un enfant au monde et il appartient à la communauté.
On n'appartient qu'à soi.
On ne peut qu'être SEUL en soi, même accompagné, même aimé. Cela semble en effet bien plus confortable d'avoir une maman attentive et présente. Mais si le fait d'en avoir une change la destinée de certains, ce n'est pas toujours dans leur " bon sens ", et d'autres vivent sans et leur vie n'en est pas moins belle, bonne et " réussie ".
Même foetus, nous sommes déjà " indépendants. Et pourtant tributaires " des émotions et sentiments de notre génitrice.
Et cela pourrait être jugé comme injuste et affolant.
Que dire quand on vient au monde, petite fille " inconnue " pour la mère, et face à une autre inconnue. L'une est toute puissante, l'autre est totalement dépendante.
L'amour inné pour l'enfant est une fadaise. Et si l'enfant pouvait tout petit fuir à toutes jambes des bras de certains parents il le ferait sans état d'ême.
L'enfant est un faire-valoir, un objet de jouissance, un objet de troc, un chantage, une victime désignée pour se venger.. etc.. En chacun de nous il y a le pire et le meilleur. A échelle réduite, les parents peuvent passer par toutes ces étapes.. l'enfant est un formidable moyen exutoire.
Parler de l'amour inné de la mère est bon moyen de rassurer tout le monde. Le meilleur argument des diffamations contre les pères ( par ex. ) Et de perversion des liens par les services sociaux, magistrats, etc.. en culpabilisant à vie, à la fois parents et enfants.
Et c'est du lien qui va se tisser entre ces deux êtres que va " se mettre au monde " le bébé qui va grandir, évoluer, penser.
La maman met " physiquement " au monde son enfant. Il est considéré comme " son bien ", " sa chose ". Le bébé vit en symbiose ( par la force de la vie et des choses ) avec elle. Et il n'a aucune chance de s'en sortir, de s'éveiller " au monde " c'est à dire à un autre monde que celui où le maintient cette femme.
Pourtant on dit ; mettre AU monde, pas mettre A SOI.
Et puis, enfin, il va enfin et " POUR DE VRAI " venir AU monde pour la seconde fois, quand le père ou une tierce personne viendra faire " coupure " dans ce lien mortifère. L'enfant va grandir, acquérir la parole et dire Non. Et ce non, parallélement à la venue d'un tiers le libère du joug maternel. Il est enfin au monde.
Nous n'avons pas tous la même vie, nous n'avons pas tous la même chance, nous n'avons pas tous les mêmes envies, besoins, désir. Nous sommes fortement conditionnés par notre langue, notre pays, nos lois, nos croyances, etc..
Tout à revoir, refaire, repenser, redire.. parce que nous sommes libres en nous-mêmes, seuls, et uniques. Il n'y pas LA VERITE, mais notre vérité, acquise au fur et à mesure de nos expériences, et il y a également " notre vérité " dans nos croyances à la mère. Au père.
Cependant, nous sommes séparé d'eux. Ensemble parfois, mais séparés. Donc vivant.
Toute la question est là.
Et tout le travail de l'enfant qui grandit est de " tuer symboliquement " père et mère pour s'assumer et être indépendant.
S'il n'a pas assez " reçu " dans l'enfance, c'est une chose. Mais s'il en a fait son combat, sa colère, ses revendications, sa violence ou ses rancoeurs, c'est autre choses.
On ne peut pas revenir en arrière. Ni pour nous, ni pour l'autre.
On ne peut qu'essayer d'avancer avec ce que l'on a reçu. En prenant le temps de le " reconnaitre, de l'accepter ", c'est ce que l'on fait en thérapie.
Et ce bagage qui nous a été donné s'ajoute à ce que nous " en sommes " devenu. Pour en tirer le meilleur parti et laisser derrière nous ce qui ne nous appartient pas. A savoir les erreurs, les manques, les tortures mentales et/ou physiques, imposés par nos géniteurs. On garde le meilleur. On sait que l'on est " ailleurs ".
On sait que ce qui nous a manqué ne nous sera jamais rendu. Mais que ce que l'on se donne à soi-même de réflexion, de respect, de tolérance, d'attention, d'amour, nous est pour toujours acquis.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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