Secret de famille

[Marina1234]

Aujourd'hui j'ai appris par mon père que ma mère s'était régulièrement faite violée par son frère (mon oncle) lorsqu'elle était enfant.

Apparemment la famille de ma mère était au courant. Mon père n'a rien fait car ma mère l'a supplié de rien dire. J'ai 33 ans et je viens de l'apprendre je suis complètement bouleversée. Ma mère et moi sommes très proche.

Mon père m'a demandé de ne rien dire, je ne peux rien dire car ma mère s'entend bien avec mon oncle (vacances, repas etc) j'ai l'impression que tout ça à été enfoui très profond.

Cependant pour moi ma mère est une victime et j'ai envie de lui dire que je la soutien même si elle a préfèré enfouir tout ça. Je suis retournée et je ne sais pas quoi faire, j'ai une boule dans le ventre car surtout pas envie de raviver les souvenirs de ma mère. Je suis coincée entre me murer dans le silence ou enfin rompre ce secret.

Il est tard je ne savais pas quoi faire voilà pourquoi je me retrouve sur ce forum j'imagine ne pas trouver de grandes réponses mais j'ai besoin de mettre des mots là dessus vu que je ne vois pas à qui me confier.

Merci

[Dubreuil]

Aujourd'hui j'ai appris par mon père que ma mère s'était régulièrement faite violée par son frère (mon oncle) lorsqu'elle était enfant.
J'ai 33 ans et je viens de l'apprendre je suis complètement bouleversée. Ma mère et moi sommes très proche.
Cependant pour moi ma mère est une victime et j'ai envie de lui dire que je la soutien même si elle a préfèré enfouir tout ça.
j'ai une boule dans le ventre car surtout pas envie de raviver les souvenirs de ma mère.
Je suis coincée entre me murer dans le silence ou enfin rompre ce secret.

*** Secret par rapport entre vous et votre mère ?

Sinon, il se peut aussi que ce soit un déni familial, ou que cela se sache déjà depuis longtemps. Et il y a prescription, la personne est adulte, et que ferez-vous ensuite ? Vous mettrez sans doute un grand trouble dans la famille, elle ne pourra plus être "la même", il me semble que c'est trop tard pour un coup d'éclat. Votre mère risquera de ne pas s'en remettre.

En tout premier lieu, seule votre mère peut en parler. Concernant votre père, ce qui se dit peut ne pas être exactement la réalité.

Concernant votre oncle, il faudrait savoir si cela s'est passé alors qu'ils étaient tous les deux mineurs, ou si l'un des deux était majeur.
Savoir si cela a eu lieu avec plus ou moins l'accord des deux (curiosité commune enfantine)

Et pour vous, il y a trois choses à bien distinguer...
D'une part ce qui appartient à votre mère et malgré votre amour pour elle ce qui ne vous appartient pas.
Idem pour votre oncle.
Et aussi ce qui appartient à ceux qui n'ont rien dit, rien fait en l'apprenant.

Mais pour ces trois choses vous pouvez ABSOLUMENT réagir selon votre douleur et votre coeur.

Que ressentez-vous pour votre maman ?
Il serait bien que vous puissiez lui faire comprendre que vous savez. Elle n'a pas voulu que cela se sache et c'est aussi ce qui a permis la cohésion de votre famille. C'est extrêmement beau et courageux. Elle avait honte sans doute et "sidérée" par ce traumatisme. Dites-lui que vous la comprenez, avec vos mots et votre tendresse.

Que ressentez-vous pour votre oncle ?
Prenez votre temps, mais écrivez-lui une lettre où vous lui direz (si c'est vari) toute l'affection que vous lui portiez sans savoir.
Ecrivez aussi ce que vous ressentez maintenant pour ses actes et sa lâcheté
MAIS
Ne portez pas de jugement, de menaces, exprimez simplement et uniquement vos ressentis. Laissez-le avec sa mémoire et sa conscience.

Ne vous mettez pas vous même en difficulté face aux membre des votre famille.
Qu'en pensez-vous ?

[Dubreuil]

Apparemment la famille de ma mère était au courant.
*** Tout dépend de vos relation avec cette famille.
Rien ne vous empêche de faire un courrier.
Qu'ils sachent que vous savez, que vous êtes révoltée qu'ils n'aient pas réagi, (l'ont-ils fait face à votre oncle, vous l'ignorez) et le mal qu'ils vous on fait en apprenant la vérité.

[Marina1234]

Tout d'abord je tiens à vous remercier pour votre réponse.

Je ne connais effectivement rien de cette histoire, mon père m'a dit ça car nous parlions brièvement de mon oncle pour tout autre chose et je crois qu'il avait besoin de le dire. D'après lui, ma mère lui aurait dit après qu'il ait insisté pour savoir ce qui n'allait (des problèmes entre eux, je ne connais pas les détails).

Ma mère ne serait pas rentrée dans les détails seulement que c'était après l'école et qu'ils étaient seuls les deux mineurs et que cela avait été récurrent je ne sais évidement pas à quel point. À l'époque élevé dans la religion stricte il ne fallait donc rien dire à personne ce qui me révolte d'autant plus j'ai horreur de ces histoires sous prêtexte de religion. (Heureusement chez nous pas de religion.)

Mon père me dit lui-même ne pas savoir si c'est la vérité. Pour moi il me paraît inconcevable que ma mère ait pu mentir sur un pareil sujet.

Clairement ce n'est pas à moi de faire un coup d'éclat et comme vous dite que faire ensuite..

Pour ma maman je ressens énormément de peine, pour moi c'est un véritable pillier dans ma vie elle a toujours été là pour moi et nous nous entendons à merveille, nous aimons passer du temps ensemble. Ma mère nous a élevé mon frère et moi dans esprit de "quoi qu'il arrive on se relève et on avance" je comprends peut être qqch là.

Lui faire comprendre reviendrai à "balancer" mon père (ils sont divorcés mais s'entendent très bien) et peut être cassé qqch de notre relation, en pensant devoir se justifier auprès de moi. C'est en cela que je me sens coincée, j'aimerais pouvoir lui dire sans jugements ni question à quel point je suis là et à quel point c'est une femme forte. Sans lancer de bombe.

Mes deux grands parents sont décédés donc je ne peux pas questionner de ce côté là.

Mon oncle est qqun que j'apprécie sans plus ni moins. C'est qqun que j'ai toujours trouvé assez spécial il est très colérique et boit beaucoup, il ne se sent détendu "qu'avec un verre". À côté de cela il n'a pas l'air bien méchant. Sa femme (ma tante) est d'une douceur incroyable et d'une grande gentillesse. Actuellement j'éprouve beaucoup de colère vis à vis de lui, je ne tiens pas à le revoir je vais surement l'éviter pour commencer.. lui écrire une lettre me fait peur j'aurais trop peur des conséquences.

Après les premières émotions je me suis questionnée sur le fait que j'aille été autant dormir chez eux (chez ma cousine) étant petite, je me suis demandée aussi par rapport à ses enfants. C'est une réaction terrible me direz vous, je suis d'accord.

Je me pose beaucoup de questions car ma mère et son conjoint passent beaucoup de temps avec eux et partent occasionnellement en vacances ensemble. Cela me semble vraiment vraiment bizarre et c'est une grande interrogation.

Comme vous dites et là où je vous rejoins totalement c'est que cette histoire ne m'appartient pas, il y a deux jours je me portais très bien et c'est le récit de l'histoire qui m'a mise sur toit. Si ma maman ne m'en a pas parlé c'est qu'il y a une raison mais j'ai cette petite voix dans ma tête qui me fait penser à toutes ces victimes qui auraient rêvé après des années murées dans le silence de pouvoir se confier à qqun qui lui tend la main. Je pense également que c'est un souvenir enterré et parfaitement occulté des deux côtés.

Mais si un jour ma mère (même si cela me semble impensable) venait à se confier, et je lui répond "je savais" ne se dirait -elle pas que je ne l'ai pas soutenue?

J'ai à mon tour juré (j'aimerais tant avoir le courage de dire stop à tous ces "jure moi que...") De ne rien dire à personne. Personne ? C'est dur quand même, comment faire pour gérer un truc pareil seule ? Je suis de nature plutôt loqace surtout les sujets qui me touchent, en tant normal j'en aurai parlé à ma mère..
Merci à vous de me lire.

[Dubreuil]

Mais si un jour ma mère (même si cela me semble impensable) venait à se confier, et je lui répond "je savais" ne se dirait -elle pas que je ne l'ai pas soutenue?
*** Mais vous ne savez rien.
Juste ce que votre père vous a dit tout en étant lui même confus sur le sujet.
Au pire, vous pourrez lui répondre : - Papa l'a évoqué un jour, mais il ne savait pas trop, alors j'attendais que ce soit toi qui m'en parle si tu le voulais un jour.
Mais vous n'êtes pas forcée de le dire !

De ne rien dire à personne. Personne ?
*** Vous avez commencé à le dire ici. Vous n'êtes plus toute seule.
Je pense pourtant que ce serait important que vous alliez vous écouter le dire à haute voix chez un psy, avec une formation analytique.
C'est possible avec un psychanalyste si vous lui demandez des entretiens
S'entendre parler, et savoir que l'on nous écoute vraiment, sans pensées, sans jugements, sans forcément attendre de réponses, c'est quelque chose de très libérateur.
Se questionner aussi sur ce que l'on ressent, et pourquoi.
Quand vous vous sentirez plus forte, essayez...
Et c'est pour éviter que vous rentriez maintenant dans l'inquiétude ou l'angoisse, que je vous proposais de parler à votre maman, et d'écrire à votre oncle.

Mais avant toute chose, je vous conseille vivement de lire : "AÎE MES AÎEUX" de Anne Ancelin Schutzenberger.

Il se peut que vous n'alliez pas bien, parce que maintenant que vous savez vous avez l'impression de cautionner ce qui s'est passé. C'est pour cela qu'il faut en parler. Vous êtes impactée à votre tour.
Et de cela, pour votre propre équilibre psychologique, il ne faut pas à votre tour en faire un secret de famille.

[Marina1234]

Tout à fait d'accord avec votre dernier paragraphe et je vais suivre vos conseils pour le reste en commençant par la lecture. Effectivement je me sens moins seule ça à déjà fait un petit tri dans mes idées pour la suite, merci à vous.