Je suis un monstre

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Absente
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Je suis un monstre

Message par Absente »

Je suis un monstre. Sujet à traiter en long en large et en travers.
Je suis une fille. J’ai 21 ans. J’ai une vie familiale compliquée. Je suis vierge. Je suis embrouillée.
Pourquoi, qu’est ce que je fais ?

a)L’enfance :
J’ai grandi dans une famille aimante. Des parents qui se disputaient très fort, tout le temps, une petite sœur dont je craignais la menace, je ne supportais pas qu’elle aime les mêmes choses que moi. Mais je l’adorais, et c’est la personne sur terre que j’aime le plus.
J’étais une enfant perturbée. J’avais des phobies, immenses, des insomnies tout le temps parce que je craignais la mort ; la mouche tsé tsé, les bombes anti personnelles, tout… J’avais un monde imaginaire avec une amie.
Mais à 8 ans on a déménagé. Et j’ai failli mourir, j’ai arrêté de manger, pas par anorexie, mais parce que si on mange on peut s’étouffer avec la nourriture. Au même moment mon père fait une dépression. Et puis on se remet. Une psy me sauve la vie.
J’avais toujours « adoré » des profs, comme ça, de cette espèce de vénération absurde et qui cherchait une protection, maternelle.

b)Le lycée : 3 ans
Mme C. Ma prof de Lettres. Comme ma mère. Elle me fascinait. J’avais besoin de la voir. Je connaissais son emploi du temps par cœur. J’essayais de lui parlais. Chacun de ses mots voulait dire tout pour moi. Ca décidait de ma vie. Je voulais être ce qu’elle était. M’habiller comme elle, me coiffer comme elle. J’ai fait des efforts pour rester en contact. Lui parler après les cours. Lui demander des conseils. Et j’ai fait la même chose qu’elle après le lycée, parce que ça donnait un sens, ça me donnait… une forme, comme si c’était la solution, la preuve que l’on pouvait exister, avoir une identité solide, que le monde n’était pas définitivement cassé. Je découvre que je préfère sûrement les filles. Même si ce n’est pas clair, parce que ça se mêle à l’image maternelle. Je ne vous raconte pas le problème d’Œdipe méchamment tourné.
Au même moment : mon père est parti à l’autre bout de la France, il ne rentre qu’une fois tous les 3 mois. Et ma mère, on ne sait pas trop, avec ma sœur, on est souvent toutes seules, le soir, des nuits entières, on ne sait pas quand elle va rentrer, elle voit des gens, elle a une vie à côté. En première, on avait beaucoup d’indices. Et on finit par le deviner. Elle nous le dit, avec E. une femme, elle refait sa vie. Ma sœur la déteste de détruire ainsi la famille. Et moi, l’ainée, je dois être sage. Ce serait méchant d’en vouloir à ma mère qui veut être heureuse. Mais toute l’harmonie est brisée, si la famille est cassée, si l’amour est brisé, alors il n’y a pas de sens, il n’y a plus rien.
Je suis toujours suivie par ma psy, que je respecte infiniment, mais dont je finis par me méfier, parce qu'elle me fait culpabiliser, me sentir tordue, à corriger, à rectifier.
Je commence à me couper les poignets. Et je cache tout à tout le monde, je dois tout cacher, et avoir peur que les gens découvrent que je suis un monstre, parce que je suis une « stalkeuse », parce que je me coupe , parce que ma famille est cassée et que mes parents disent qu’il ne faut rien dire, à personne, sinon ils ne nous aimeront plus, ils diront qu’on est fous, mauvais.

c)La prépa : 3 ans
Je suis embrouillée. J’étais amoureuse de Camille. C’était une amie. Mais elle était tout ce que je détestais. Ou dont j’avais peur. Est-ce que c’était l’attrait de la mort, comme le dit Rougemont. Est-ce que c’était pour me détruire ? Ou par goût du sacrifice ? Mais on passait de bons moments, elle me faisait boire, elle me disait qu’elle était trop forte. Je l’écoutais, je l’encourageais, je cessais d’exister pour qu’elle existe davantage, je l’aime, et on est super proches, on se dit tout, on passe notre temps ensemble ... en tant qu’amie, elle me laisse tomber une fois, deux fois, parce que je ne suis pas assez cool, et puis on se rabiboche. Et puis elle fait comme si je n’existais pas. Et là, c’est la fin du monde. Ma vie n’a plus de légitimité puisqu’il y a une personne à qui elle n’apporte rien.
Je décide que je ne suis pas assez forte pour réussir le concours, que je ne le veux pas, que je ne suis pas parmi les doués.

d)L’université : présent
Enfin, je me débarrasse de Camille. Et je ne sais toujours pas quoi faire de ma vie. Et puis il y a la prof de littérature, qu’on appellera E. E a 40 ans. Des enfants. Et elle me fascine. A la fois en matière de séduction. Et j’adorerais la connaître. Et je voudrais qu’elle me protège. Je me remets à me couper les bras (j’avais arrêté depuis un an), pour qu’elle le voit et aie envie de me protéger. Et paf, tabou de l’inceste. Si c’est pas un monstre cette bête. Et j’apprends par cœur ses emplois du temps. Et je cherche à l’espionner. Et je voudrais devenir elle. Et je la trouve glamour.
Et mon père est dépressif, bizarre, je ne communique que peu avec lui, même si je l'aime, juste... on n'a rien à se dire, et il est dépressif, donc pas très positif.


J’ai tout pour être heureuse, mais je ne lui suis pas. Est-ce que je suis tordue, bancale ? Est-ce que je suis à réparer, parce que tout ce que je pense est mauvais, que je distords tout ?


Est-ce que je suis tordue de préférer les filles ? Est-ce que c’est juste moi qui l’imagine pour me sentir tordue, parce que je ne sais pas vivre sans problème ? Est-ce que je suis lâche ?
Et puis au fait, je me déteste, horreur, moche nulle. En vrai, je suis une bonne, voire excellente élève. Je suis sage, parce que ça me donne une légitimité pour exister, si je n’ai pas ça, je ne suis pas digne d’exister. Je dis ça comme ça, je sais que ce n’est pas vrai de toute éternité mais c’est mon sentiment.
Absente
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Re: Je suis un monstre

Message par Absente »

Oh, et j'ai une question bonus ! A votre avis, voir un psy à l'étranger (du genre... en Angleterre), c'est possible ?

a) est-ce qu'un psy m'aiderait ?
b) est-ce qu'un psy en anglais servirait à quelque chose ou problème de langue trop important (je lis couramment l'anglais, par contre je ne suis pas franchement bilingue et mon élocution reste hésitante)
c) et comment pourrais-je dégotter un psy français en Angleterre sinon, (et me traiterait-il, sachant que je suis pas un cas "grave", après tout je ne vais pas me tuer demain... ? il y a sans doute plus urgent) ?
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Jeannette
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Re: Je suis un monstre

Message par Jeannette »

Est-ce qu'un(e) psy pourrait t'aider ?
oui, certainement. A comprendre que tu n'es pas un monstre, que tu n'es pas folle, que tu as juste besoin d'accepter ce que tu es. Une humaine.

Quant à l'anglais... Es-tu à l'étranger pour l'instant, ou est-ce que tu ne fais que l'envisager ?

Est-ce qu'une psychothérapie est possible dans une langue qui n'est pas la notre ?
Je ne sais pas. Les mots de la langue maternelle ont un pouvoir, une importance, un sens, que n'ont pas les mots d'une langue étrangère, même quand on la parle couramment.
D'un autre côté, devoir "traduire" oblige à "réfléchir" les mots, et cela peut aussi déclencher une compréhension différente. C'est génial pour obliger à solutionner "calmement" des disputes entre conjoints par exemple. Je ne suis pas sûre que cela donne la même "force" à une psychothérapie.

J.
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Re: Je suis un monstre

Message par Absente »

Je suis à l'étranger pour mes études, pour au moins un an, et je ne peux pas vraiment envisager de revenir en France à intervalle régulier pour voir un psy, mon porte monnaie m'en voudrait trop...

Et puis, je me dis que la langue étrangère, tout en me faisant perdre de la précision, peut être un moyen d'expression, mais c'est peut-être "de la triche", parce que elle crée une distance entre nous et ce que l'on dit, et que du coup parler devient plus facile.

Et cela dit, il faudrait quand même faire quelque chose, parce que j'ai l'impression que rien n'a de sens, que j'ai tout perdu, que la vie n'a pas de sens, que l'on continue par habitude, pour ne pas blesser, par devoir, et je cherche la solution, la preuve que l'on peut exister, que l'existence est possible et n'est pas ce désert déformé. brefffff... je pense qu'on doit pouvoir faire mieux.
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Jeannette
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Re: Je suis un monstre

Message par Jeannette »

Alors essaie. Vois un psy là où tu es. Tu "n'avanceras" peut être pas autant qu'avec un psy français (encore que je n'en sais rien...) mais cela ne te fera pas reculer, et un petit progrès est toujours mieux que l'immobilisme.

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nicole dubreuil
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Re: Je suis un monstre

Message par nicole dubreuil »

Et accepter son homosexualité aussi.
Absente
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Re: Je suis un monstre

Message par Absente »

(quelqu'un a le moindre indice sur le système des psys en Angleterre .... ? sinon je me lance au pif, mais bon, je crains un peu le résultat, et aussi de me décourager)

Et l'homosexualité : pas de souci, mais le lien avec ma mère, horreur, malheur, qu'est ce que c'est que ce truc barbare ! Pourquoi ma mère ne pouvait pas ne pas vivre avec une femme. Et pourquoi je ne peux pas préférer des filles qui ne se trouveraient pas en bonus avoir des points communs avec l'image maternelle. C'est peut-être un hasard (moult prières). Mais si ça ne l'est pas ?
(et si je suis en vrai un monstre ? je fais quoi ? je me donne des coups de battes de baseball pour punir le monstre ? ... qui a dit que j'étais vaguement auto-destructive ... )

Et merci pour vos réponses, d"ailleurs !
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Jeannette
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Re: Je suis un monstre

Message par Jeannette »

Pour les systèmes médicaux en Angleterre, tu dois pouvoir te renseigner auprès de services sociaux de ton Université.
Je ne connais pas leur nom en Angleterre, mais je sais qu'ils existent, comme en France si ce n'est en mieux.

Pour le reste, c'est justement un psy qui t'aidera à démêler tout cela, à remonter le fil.

Ceci étant, j'aime bien l'humour que je devine derrière tes propos, et tu tiens là une vraie force. A toi de savoir l'utiliser !

J.
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