Seule et sans valeur...

[shooting_star157]

Bonjour,

Je suis venue sur ce forum en espérant pouvoir être guidée et éclairée...car je me sens complètement perdue...
J'ai actuellement 26 ans.
Tous mes diplômes et boulots n'ont rien à voir avec ce que j'aspire à faire (quelque chose de type artistique...).
Ma situation de couple est bancale (je me sens seule, même avec mon copain et ses amis).
Je ne sors quasiment plus pour des sorties entre amis et les repousse systématiquement et ne communique plus ou rarement avec mes amis, ma famille et ma belle-famille (je peux avoir des pics d'énergie postive et parler avec eux dans la joie et la bonne humeur ).
Mes loisirs sont souvent repoussés (j'écris la majeure partie du temps et joue aux jeux vidéos et pense notamment à ouvrir une chaîne Twitch entre autres), mais je suis souvent rattrapée par l'idée que ce que je fais ne mènera à rien, est dénué de cohérence et d'intérêt, que personne n'aimera.
Je me trouve repoussante sur les photos et n'arrive pas à arrêter mes écarts qui en sont sûrement responsables (j'ai arrêté le Cosplay et abandonné mes cours de danse après le premier semestre, principalement à cause de ça).
J'éprouve une envie déraisonnable envers les personnes que j'admire (des youtubeurs, des doubleurs, des artistes indépendants en général, jusqu'au fait d'éprouver de la jalousie envers leur vie de couple, de constater leur épanouissement et leurs goûts communs avec ce sentiment que je fais peut-être fausse route dans ma vie sentimentale) et que je jalouse vraiment (en l'occurrence mes propres soeurs, plus jeunes et qui travaillent dans des domaines qu'elles maîtrisent et aiment ; le fait d'être l'aînée et d'être toujours à la ramasse alors que j'approche de la trentaine me détruit et me rend haineuse, je cache ma vie privée et mes relations à ma cadette, que je jalouse le plus, par honte de moi-même!).
Je pleure souvent sans pouvoir dire quoi que ce soit à mon copain (qui me demande d'arrêter de me plaindre car je suis indécise et ne peut m'en prendre qu'à moi-même) ni à ma famille (que je ne veux pas inquiéter et qui ne me comprend pas trop non plus...) et perd goût à la vie et à ce que j'aime faire.

Aujourd'hui, je sature et ces points me sont insupportables à vivre, j'ignore ce qui m'arrive, si je suis malade (car c'est l'histoire de presque 10 ans empêtrée dans ce mal-être).

Que pensez-vous de tout ça ? Je ne sais plus quoi faire...
Merci d'avance pour votre lecture (en m'excusant de la longueur du message) et de vos impressions !
Que la bienveillance et le bonheur soient avec vous !

[Nomatone]

Il serait utile pour vous de travailler en psychothérapie le poids du regard des autres dans votre vie.

Tout ce que vous mentionnez semble renvoyer à cette problématique du regard. Vous aspirez à un métier artistique mais la crainte de déplaire empiète sur le plaisir que l’activité pourrait vous procurer comme fin en soi. Vous admirez des personnages qui s’offrent au regard public, vous idéalisez leur goût, leur vie sentimentale. Vous souhaitez ouvrir une chaîne Twitch (jouer sous le regard des autres?).
A vous lire, tout le monde trouve sa voie, excelle dans celle-ci et la trouve digne d’être exposée au monde.
Le rapprochement fait avec vos soeurs et votre place dans la fratrie est intéressante. Peut-être l’origine d’une croyance erronée sur votre valeur? Etiez-vous souvent comparées les unes aux autres par vos parents? Suffisamment reconnue? A qui appartient ce regard qui vous juge avec une telle sévérité?

En tout cas, le résultat aujourd’hui est ce ressentiment douloureux qui étouffe votre pulsion de vie.
Imaginez quelle liberté d’être vous pourriez vous offrir en cherchant à vous défaire de ce regard inquisiteur.

[shooting_star157]

Bonsoir,

Je vous remercie beaucoup pour votre réponse rapide !
Le fait de ne pas me montrer, moi et ma façon de m'exprimer artistiquement parlant, est du au fait que je ne me trouve pas intelligente, compétente et cohérente dans ce que je fais...ni même intéressante... Lors des soirées, je me sens rapidement noyée et mise de côté (notamment lorsque j'essaye de parler avec la sensation de ne pas être écoutée, ni même entendue...) Mon copain et certains de ses amis ont d'ailleurs relevé un manque évident de compréhension du second degré, en agissant de manière soit innocente ou offensée (peut-être est-ce du à ça...)

L'intérêt de Twitch serait pour moi construire une petite communauté pour partager avec des personnes aux intérêts communs aux miens (ayant actuellement des amis qui se comptent sur les doigts d'une seule main), mais je sens que mon manque de confiance en moi plus qu'aberrant m'en empêche....

Étant l'aînée, j'étais donc là première source d'angoisse au sein de ma famille quant aux études et à mon avenir, la première à être mise sous pression et menacée d'être expulsée (ce que mes soeurs n'ont jamais connu...) Je me sentais donc déjà mal à ce moment-là jusqu'à ce que ma cadette, plus sociable et extravertie à l'inverse de ce que je suis, fréquente la même école primaire, le même collège et lycée ainsi que mon premier emploi saisonnier. Je me sentais constamment comparée à ma soeur, notamment quand on avait des amis communs que je finissais par quitter en m'isolant, avec la pensée qu'ils s'amusaient davantage en sa compagnie et que je ne valais pas la peine de rester dans leur vie...

[Nomatone]

Nos parents sont nos premières figures tutélaires. Ils sont pourvoyeurs de soins et d’amour. Cet amour, s’il est conditionné dès l’enfance à vos performances, vous emmenez dans votre vie adulte l’idée qu’à moins d’être à la hauteur (mais de qui? de quoi? où est la limite?), vous vivrez le rejet et serez privée d’affection.
Vous nommez clairement la rivalité dans la fratrie, la difficulté d’être l’aînée. Ce n’est pas une place facile. C’est en effet à cette place que les attentes des parents s’expriment le plus vivement. Vous parlez de pression, d’expulsion…
Dans une telle configuration, il n’est pas étonnant que la peur de tenter, et parfois d’échouer (ça arrive) vous paralyse autant. L’échec vous promet des conséquences dramatiques selon votre construction du monde.

Prenez conscience que la rivalité de votre fratrie (toujours en cours dans votre chef), vous l’avez élevée à l’échelle de votre vie et des personnes qui vous entourent, réelles ou virtuelles. Hélas, cette rivalité est de nature à vous paralyser. Vous n’avez pas seulement peur de « faire » et d’échouer, ou de vous tromper (d’où l’indécision), vous avez également peur d’ « être », de prendre votre place dans la vie, d’être parmi les autres. La honte est devenue votre unique boussole.
Il n’est pas aisé de déconstruire l’image du monde que l’on s’est brossée toute une vie. C’est pour cela que je vous parlais d’un travail de psychothérapie. Il vous permettra d’oser exposer votre intimité sous le regard d’un.e autre. Et si la honte apparaît dans ce cadre sécurisé et dénué de jugement, elle sera mise au travail. Peut-être arriverez-vous à la traverser plutôt qu’à vous y engluer. Ce n’est pas rien, la « réparation » de cette blessure pourrait être dans votre vie un sérieux levier de changement.