Je poste ce message parce que je commence à être ennuyé par une phobie naissante, et qui est celle d'être agressé.
Quand j'étais adolescent, je n'avais pas cette peur là. J'habitais dans une petite bourgade plutôt tranquille. Malgré quelques altercations nocturnes avec des roms qui m'ont implicitement obligé à me soulager de quelques pièces, je n'ai jamais eu de problèmes d'agression. Les seuls problèmes que j'ai eu furent au collège, comme beaucoup. Là-bas j'étais tout seul, et c'était agressions quotidiennes, souvent beaucoup d'agresseurs à la fois. C'était une période très difficile. En sortant du collège j'allais d'ailleurs très mal, j'ai vu plein de psys et au fil du temps le traumatisme s'est guéri.
Les années lycéennes furent les plus belles, j'avais plein d'amis et était très rassuré.
Cependant, il y a quelque années j'ai pris mon indépendance. Je suis devenu étudiant, j'ai quitté le foyer familial. Je suis allé étudier dans une grande ville.
Pendant ces années j'étais souvent seul car je m'entendais mal avec mes camarades étudiants. Toutes les sortie que je faisais (centre commercial, cinéma, etc.) étaient en solo. Ca ne m'empechait pas d'en etre heureux, je sais apprécier la solitude.
Dans mon chemin solitaire, j'ai cependant eu des mésaventures. J'ai été une fois frappé par un rom qui voulait de l'argent. J'ai refusé, et ai continué ma route.
Une autre fois, à l'arrêt du tram, je me suis fait agressé par un groupe de roms. Ils m'ont demandé de l'argent, j'ai refusé. Le plus grand m'a menacé directement, a fait comme s'il allait me cogner. A ce moment j'ai préféré coopérer, et ils m'ont soulagé de 15 euros.
Au fur et à mesure une peur de l'agression est née en moi. Les mendiants, que je prenais jadis en sympathie, étaient devenus de véritables menaces à mes yeux et je cherchais à les éviter par tous les moyens. Je m'amusais beaucoup des sympathiques junkies inconnus qui m'interpellaient dans le tram la nuit... mais avec le temps, j'ai fini par les fuir !
Plus tard, on a essayé de me voler dans un TER. J'avais repéré un groupe de jeunes qui faisaient des allées venues devant mon siège. Puis j'ai surpris une main tenter d'attraper mon sac ; je me suis aussitôt retourné et le voleur est vite parti. Cependant, un peu plus tard je l'ai revu passer devant moi, me lancer un regard moqueur en faisant "Salut !". Souhaitant le pardonner, j'ai ironisé et ai dit "C'était bien essayé...", plein d'audace. Puis il a commencé à s'approcher de moi en me provoquant, en disant "Ben je vais le prendre maintenant alors..." ça devenait très sérieux, il était parti pour prendre mon portable. Sur le moment j'ai eu une telle montée de stress ! J'ai perdu ma face. "Non non non non !", ai-je fait, complètement tétanisé ! Il est parti.
Le problème c'est qu'au plus ça va, au plus je perds mes moyens. Maintenant je ne sors plus dehors sans avoir peur de me faire agresser. Je suis extrêmement méfiant quand je marche dans la rue. Je n'ai plus aucune tranquillité, je vais jusqu'à rester cloîtré chez moi pour éviter d'être confronté à ces potentielles menaces. Je me méfie de tous les inconnus. Avant, j'adorais marcher seul la nuit... maintenant c'est hors de question, ce serait beaucoup trop de pression. Les transports en commun m'inspiraient... maintenant ils ne m'évoquent que des mauvais souvenirs et des dangers !
J'ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi est-ce que je réagis de manière aussi extrême. Il a suffi de quelques mauvaises rencontres, et en quelques mois je me suis mis à développer cette angoisse générale.
Pourtant, je ne suis pas d'une nature soumise. Sur le moment de l'agression, je suis toujours très tétanisé et je perds mes moyens. Je suis complètement soumis. Mais une fois mon agresseur parti, il y a une telle rage qui se réveille en moi ! J'ai des envies de vengeance énormes, j'éprouve une haine très aigüe, et je ferais vraiment n'importe quoi pour faire payer mon agresseur. La haine m'habite pendant plusieurs jours, parfois plusieurs semaines. Même pour des petits trucs. J'ai le sentiment qu'il y a une colère étouffée qui devient de moins en moins soutenable ! À chaque fois que quelqu'un me met sous les yeux cette impuissance à me défendre, à me faire respecter, je n'arrive plus à vivre avec moi-même pendant un certain temps. Je m'en veux terriblement !
J'avais également ce comportement au collège. Pendant l'agression, soumission totale... mais le reste du temps, une telle rage ! Je me revois en classe, en train de lorgner ceux qui m'avaient humilier, me sentant comme à deux doigts d'attraper mon équerre pour aller les éventrer. Mais une fois qu'il se retournaient vers moi, je devenais tout gentil ! Cette violence intérieure/muette est survenue très tôt, quand j'avais 12 ans. Après les agressions j'ai toujours ressenti une rage, une souffrance extrême, que seul des fantasmes rancuniers-violents réussissaient à altérer un peu. Dans ces moments, je ne peux compter que sur le temps pour me calmer. Mais il suffit qu'une nouvelle agression survienne, même des mois après, pour que tout remonte !
Pourtant, toute la haine accumulée ne m'a jamais permis de faire face aux attaques, bien au contraire.
En cherchant un peu je me rends compte qu'à l'école primaire j'étais pas très respecté non plus. Une fois j'ai eu le rare courage de me défendre face à un élève qui m'agressait gratuitement ; je lui ai planté mes ongles dans la main et il a saigné (bien fait !!!). Mais ma chère maîtresse obèse m'a gratifié d'une centaine de lignes à recopier. C'était la première et seule punition que j'aie eu à l'école ; moi qui étais un excellent élève, j'ai vécu ça comme une humiliation et ça m'a rendu très malheureux.
Il est certain que tout cela est en lien avec ma problématique personnelle. En ce moment je vois un psy, mais les séances sont plus psychanalytiques qu'autre chose ; je suis surtout amené à parler de mon enfance, et évoque rarement ces difficultés actuelles qui me font honte.
Pendant l'agression, j'aimerais pouvoir faire profil bas parce que c'est garant de sécurité, de tranquillité, on ne perd pas son temps... Puis étant Rousseauiste, je pense que ce sont ces agresseurs sont les plus à plaindre, et qu'on ne tire pas sur une ambulance.
Mais je sais que si je ne me force pas à tenir tête, à être fort, je serais très mal dans ma peau longtemps après. Je suis dans un dilemme, toutes les options me semblent mauvaises !
Je vais pas tarder à aménager avec ma copine, je n'ose penser à ce qu'il se passerait si elle se faisait agresser et que je n'arrivais pas à la défendre ! Ou pire, si je me faisais agresser devant elle sans me défendre. Ça devient une phobie existentielle.
J'ai très honte de cette faiblesse qui m'est propre dans ce genre d'altercation, j'évite au maximum d'en parler car j'ai le sentiment que ça détruit mon égo déjà fragile.
Je ne sais plus comment faire. Je ne sais plus quelle philosophie adopter. Je suis ici pour trouver de l'aide, des conseils, des gens qui seraient passés par les mêmes difficultés et qui les auraient surmonté.
J'ai besoin d'aide car je n'arrive plus à vivre avec ça, tout devient difficile. Tout-à-l'heure j'ai appris que je devrais prendre le train demain pour aller voir de bonnes connaissances, et PAF grosses angoisses ! Il y a quelques années j'étais tellement enthousiasmé à l'idée de prendre le train, pourtant.
Ne trouvant pas de solution valable et souhaitant me guérir, me raisonner de tous ces maux, je m'adresse à vous : avez vous des conseils, des recommandations quelconques ? Peut-être des idées philosophiques intelligibles ? Si j'ai bien compris, il y a sur ce forum des psys bénévoles : peut-être pourriez vous me faire part de vos regards éclairés sur ces angoisses ?
Merci par avance pour toute aide !
Bien cordialement
Sébastien