Bouc emissaire

[June]

J'ai 40 ans. Je suis le bouc émissaire depuis plusieurs années . J'ai échoué professionnellement et reçu aucune reconnaissance ... Je suis souvent partie par la porte d'en arrière , en conflit , avec le blâme . je travaille maintenant seule a mon compte de peur d'aboutir encore dans une situation humiliante . J'ai perdu des amis et je me tiens maintenant loin des nouvelles rencontres parce qu'on m'a blâmée d'être le malaise et le gâchis de la soirée . La famille m'a condamnée et accusée d'être la source de leur malheur et d'être faillée .
Mon estime n'a jamais été très haute depuis mon enfance. Mais j'avais une force de caractère ( ou un caractère de force ?) qui me permettait de prendre une petite place. Mais trop grande selon une partie de mon entourage . Aujourd'hui ça me rend folle : je suis déchirée entre ma détermination de rester droite et fière et la grande tristesse que ces blâmes créent . Profonde . Je ne sais plus quoi penser de moi même . Suis je si disjonctée, comme beaucoup me laisse croire ? Ou simplement que mon caractère est si fort qu'il fait ressortir des ressentiments contre ma personne , qui ne m'appartiennent pas ? Je vacille entre la culpabilité , l'auto critique et la fierté et l'auto estime ! C'est en train de me rendre réellement faillée !

[nanelda]

Bonjour,

Plutôt que de vous victimiser, ce qui ne fera pas beaucoup avancer les choses... Il serait intéressant de vous dire que les choses ne se répètent pas de cette manière pour rien, et que d'une certaine manière vous (votre inconscient) y êtes aussi pour quelque chose.
Quand on a trop d'estime pour soi c'est que cela vient masquer de grosses fragilités narcissiques.
Vous faites le lien avec l'attitude de vos parents envers vous, je crois que vous auriez à travailler là-dessus avec un psychologue de visu. Y avez-vous déjà pensé?

Cordialement.

[June]

Merci pour la réponse. Non jamais pensé à rien . J'ai probablement des plus gros troubles que je ne l'envisageais. Oui je me dis déjà effectivement depuis un temps que les choses se répètent de façon plutôt régulière et qu'effectivement je dois y être pas juste pour quelque chose mais entièrement responsable. Vous me lancez la piste : je me bats contre ma faible estime en me plaquant une image de personne trop sure et qui fonce trop. ça doit être trop "agressif" ! Et ça ne tient plus la route. ça me rend folle d'ailleurs en moment , car mon "assurance" est probablement fausse ?! et les pensées qui me gardent "debout" entrent en conflits avec les pensées qui me dénigrent et m'anéantissent. Malheureusement, je m'attire des situations ou je suis humiliée et rabaissée (bouc émissaire). Ce qui donnent une longueur d'avance dans le combat ou la course à mes pensées autodestructrices. ça me dévalorise encore plus et ma fausse assurance en prend une claque ! Elle s'effrite tranquillement . J'ai bien peur qu'un jour je ne me dirai plus rien de valorisant pour essayer de me lever et me réconforter. ça ne sert à rien dans mon cas. Au contraire la façon dont je le fais me nuit probablement ?
Je regarderai la piste des troubles narcissiques. C'est très plausible. Je pensais que mes blessures étaient en surface, qu'elles guériraient. Mais visiblement elles seraient plus profondes que je le crois. Le combat ne fait que commencer ?

[nanelda]

Bonjour,

Se forger une haute opinion de soi, est une manière de se protéger, notamment contre la dépression.

Il ne s'agit pas de regarder la piste des troubles narcissiques en général, car cela risque de vous enfermer dans cette case diagnostique (que je n'ai par ailleurs pas posé, ce n'est pas mon rôle et je serai bien en peine de le faire avec un unique message de votre part). De plus, il n'y a pas un trouble narcissique mais des troubles narcissiques qui se déclinent différemment selon chaque personne et son histoire. On peut mobiliser des défenses narcissiques sans être structuré sur un pole narcissique...

Ce n'est pas parce que je vous suggère de voir un psychologue que vos troubles sont "graves", je vous l'ai suggéré car vous semblez être en souffrance et vous poser de nombreuses questions qu'un professionnel pourrait vous aider à mieux appréhender. Un psychologue reçoit les personnes que celles-ci présentent une pathologie psychique, ou non. Ce n'est pas parce qu'on va voir un psy que nous sommes pour autant "fous" loin de là.

Quant aux blessures que vous décrivez, elles ne sont jamais superficielles et ne guérissent pas d'elles mêmes. Les blessures psychiques ressemblent quelque peu aux blessures physiques (qu'elles provoquent parfois) : elles nécessitent d'être traitées au risque de s'infecter et de nous causer, entre autres, d'atroces douleurs.

[June]

Merci encore pour la réponse. Ce sont de bonnes nuances quand même qui viennent apaiser mes tourments. Vous avez bien raison, pas parce qu'on a besoin d,aide qu'on est fou. Je vais me consoler et me calmer. Je pense qu'en ce moment j'ai trop accumulé. Ce sont des blessures sur des blessures sur des blessures... qui en engendre encore et encore... Plus je suis blessée plus je me défends, et je me défends mal alors je m'attire encore des blessures.. et je me défends encore plus... un beau cercle vicieux. je suis en pente descendante rapide. On va arrêter la dégringolade. Je me méfie maintenant de tout le monde et de moi-même.
Je crois que le constat le plus difficile est de prendre conscience à quel point je suis seule avec ma souffrance. Rare les personnes qui l'ont "entendu" à travers mes travers... au contraire, la plupart se sont servi de mes faiblesses pour se protéger eux-mêmes. Position de force. Ce que je veux dire c'est que mes souffrances se sont revirées contre moi bien souvent. Soupir. On est ici dans l'anonymat... mon histoire est longue et complexe... j'en aurais long à dire sur les relations humaines... mais je vais me concentrer sur ma personne. Il faut que je guérisse. Merci encore.