Compulsion d'achat : comment en guérir ?

[Fleur_des-îles]

Bonjour à tous,

Je souffre de compulsion d'achat depuis plusieurs années. Ça a commencé quand j'étais étudiante, ou plus précisément à la fin de mes études, quand ça commençait à devenir long et difficile et qu'acheter des vêtements à la fois agissait sur moi comme un stimulant et apaisait mon stress. Je précise qu'à cette époque, je gagnais déjà ma vie et ne dépendais pas matériellement de mes parents. Néanmoins, ma mère surveillait mes comptes et s'est plusieurs fois inquiétée de mes dépenses. Jamais je n'ai fait de dettes ni n'ai eu d'impayés, mais ma mère estimait qu'il ne fallait pas prendre un mauvais pli, d'autant que pendant longtemps elle avait eu à lutter contre la tendance de mon père à beaucoup dépenser et à dissimuler ses dépenses. Pour m'aider, ma mère m'a alors imposé de lui confier mes moyens de paiement et de me remettre une somme en espèces chaque semaine. Je ne m'y suis pas opposée, mais j'ai continué mes dépenses en utilisant l'argent qu'elle me remettait.
Ensuite, j'ai obtenu un super job, très bien payé. Mes dépenses ont continué, mais modérément. Rien de vraiment alarmant. Jusqu'au jour où j'ai été la cible de harcèlement de la part de deux collègues. Ça a été très pénible. Pour compenser le stress et la perte de confiance en moi qu'entraînait ce harcèlement, je me suis mise à acheter des vêtements de plus en plus chers et luxueux, et de plus en plus souvent. Le cercle vicieux s'est ainsi mis en place : stress - achats - sentiment de culpabilité - stress - achats, etc. Plusieurs fois, ma mère a eu des doutes en voyant mes vêtements et mes sacs très chers. Je me suis alors mise à lui mentir. Comme elle a une procuration sur mes comptes, un jour elle est allée les consulter et a découvert qu'une grande partie de mes économies avaient fondu.
Ma mère et moi avons eu une longue discussion, et elle m'a proposé de m'aider à redresser mes comptes. Dans un premier temps, il m'a fallu reprendre de bonnes habitudes d'achat. Jusqu'alors, je ne voyais même plus l'argent filer. Ensuite, ça a été la phase de démystification des marques de luxe. Il m'a fallu admettre qu'il y a beaucoup de guignoleries dans les vêtements de luxe et que je pouvais être élégante sans me ruiner. Ce travail a porté ses fruits, car mes finances se sont rapidement redressées. J'ai perdu l'habitude de faire des achats de façon systématique, et j'ai retrouvé le sens de la valeur des choses.
Mais voilà qu'qu' bout de 10 mois de bonne conduite, le harcèlement recommence dans mon travail. Je prends un congé maladie au cours duquel je fais une rencontre sentimentale désastreuse. J'étais en état de faiblesse, et j'ai alors totalement manqué de clairvoyance. Des conflits ont alors éclaté avec ma mère qui m'a tiré des griffes de cet homme sans moralité, mais qui en même temps m'en a beaucoup voulu et m'en veut encore, bien que j'aie mis un terme à cette relation. À cette période, j'ai rechuté dans les dépenses, recommencé à mentir, et en trois mois ai fait de gros trous sur l'un de mes comptes. À nouveau, ma mère m'aide à reprendre la situation en main. Je lui communique les identifiants de mes comptes bancaires pour qu'elle puisse les consulter sur Internet. Ma mère établit un pacte : je dois lui demander une autorisation pour toute dépense supérieure à 10 €.
À nouveau, tout va bien pendant plusieurs mois. Mon épargne augmente à vue d'oeil. Je ne tiens pas facilement le pacte, et de temps en temps, je m'autorise quelques dépenses très raisonnables, mais sans en parler à ma mère, ce qui la met dans de véritables états de colère. Elle ne supporte pas le mensonge.
J'ai mis une année à me remettre de ma relation calamiteuse. Au moment où je retrouve mon énergie et ma confiance en moi, des soucis relationnels apparaissent et me mettent dans un grand état de stress. Je prends sur moi, mais au bout d'un mois, je craque et recommence à faire des dépenses dans le dos de ma mère. J'achète notamment un manteau aux États-Unis qui me coûte 100 € de frais de douane. J'ai bien conscience de la débilité de la chose, mais dans ces moments-là, on perd tout sens rationnel. Ma mère constate mes dépenses et entre dans une terrible colère. Elle se sent trahie et me reproche de ne pas l'avoir consultée avant de passer à l'acte. Depuis, ça ne passe pas. Elle m'en veut terriblement de lui avoir menti une fois de plus. L'autre jour, dans un moment de dispute, elle m'a traitée de tous noms et a déversé sur moi un flot d'injures en rappelant mon mauvais choix sentimental de l'année dernière. Elle m'a ainsi qualifiée de perverse, de garce, de pétasse, de conne, m'a dit que je suis atteinte de vice, que je suis un parasite et une bonne à rien, que si j'ai réussi dans les études c'est grâce à elle, que je lui pourris la vie depuis des années, qu'aucun homme ne pourrait me supporter, que si mes collègues m'ont harcelée j'y suis pour quelque chose, qu'elle ne peut plus me piquer et qu'elle veut couper les ponts avec moi.
Je comprends sa colère et sa déception, mais toutes ces insultes, je n'admets pas. Je lui ai dit que j'allais prendre rendez-vous avec un médecin dans une unité spécialisée dans les addictions comportementales. Elle a alors levé les yeux au ciel et m'a répondu que si j'étais intelligente, hé n'aurais pas ce problème et qu'un médecin ne peut rien contre ma connerie et ma méchanceté.

Je m'en veux beaucoup de mentir ainsi à ma mère. Je ne sais pas pourquoi je lui mens.
Je me demande si ces achats ne révèlent pas un problème beaucoup plus profond que j'ai avec elle. Elle est d'une générosité et d'un dévouement immenses,mais elle peut être aussi très dure et très violente. C'est une femme très sûre d'elle, plutôt dominatrice. Notre relation est très fusionnelle et, pour tout dire, je n'ai jamais réussi à couper le cordon. Quand je lui dis qu'il faut que je prenne des distances, elle me répond qu'elle a tout fait pour que je sois indépendante matériellement (ce qui est vrai), et cela suffit à ses yeux à se considérer comme irréprochable et à ne rien remettre en question dans nos relations. Si je fais des erreurs, je suis la seule et unique responsable. Son éducation a été parfaite. Dans un sens, c'est moi qui ne suis pas à la hauteur de son dévouement et de l'excellente éducation qu'elle m'a donnée.

Voilà. Si quelqu'un a déjà vécu une situation de ce genre, ça me ferait du bien de pouvoir avoir un point de vue.