Petite Mutilation et autres problèmes

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Sesrena
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Petite Mutilation et autres problèmes

Message par Sesrena »

Bonjour, ou bonsoir. Je suis désolée, j'avoue ne pas vraiment savoir ce qui m'a poussé à écrire ceci, ni à m'inscrire ici. Je suppose que ça doit être l'espoir. J'ai déjà consulté quelques psychologue, mais aucun ne m'aide vraiment. Je ne sais pas si c'est de ma faute ou de la leurs. J'ai énormément de mal à m'exprimer dans la vrai vie. J'ai souvent du mal à rester dans la vrai vie d'ailleurs, mais là n'est pas le sujet. Je suis habituée depuis longtemps à un sentiment de vide en moi, mais depuis la rentrée, quelque chose à changé. Je suis en internat toute la semaine et ai d'autre filles avec moi dans la chambre. Sans elles, je n'aurais sans doute jamais remarqué le problème de mutilation. Donc, depuis un certain temps, j'ignore pourquoi ou depuis quand, je me mutile. Je me gratte jusqu'au sang le cou, au point d'avoir sans cesse de nouvelles croûtes et de nouvelles cicatrices. Je me gratte à la nuque, toutes les marques sont cachés par mes cheveux pour l'instant, et c'est un geste assez banal pour que personne ne le remarque quand je le fais en publique. Je ne le remarque même pas quand je me gratte, c'est souvent sans raison et ce sont mes colocataires qui doivent me prendre les mains pour que je puisse vraiment m'arrêter. J'ai également des cicatrices aux côtes, je suppose que je les ai faites au cutter. A vrai dire, je n'ai pas vraiment de souvenir. Je ne me rend compte que bien plus tard que je me suis faite du mal. J'ai peur que ça ne s'aggrave si je ne fais rien. J'ai tenté d'en parler à mes psy, mais rien n'a changé. J'ai souvent l'impression de recevoir des conseils plutôt inutiles, ou alors qu'on me voit comme quelqu'un de fou. Désolée, j'espère que quelqu'un pourra comprendre ce message. Je sais pas si quelqu'un peut m'aider, ou me comprendre. Autrement, je ne fais plus que des terreurs nocturnes, si j'arrive à dormir, et je mange très peu. Encore une fois, je pense que si mes colocataires ne me forçaient pas à manger, j'aurais déjà arrêté. Je ne sais pas si j'ai ma place sur ce forum, ou rien que dans cette vie. Souvent, j'ai l'impression d'être décalée, perdu, comme beaucoup d'autres personnes je suppose. Bien-sûr, je m'attache à ce qu'il me reste, les mots. C'est assez ironique, puisque je suis très maladroite. J'en suis désolée. Ah, oui, j'ai également ce problème, je ne cesse de m'excuser. Je m'excuse vraiment pour rien selon les autres. Je me sens simplement coupable pour beaucoup de choses. Au final, je ne sais pas si je dois vraiment poster ce message, si c'est le bon endroit. Dans tous les cas, merci pour votre temps, et merci pour votre compréhension. Bonne journée et bonne soirée.
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Petite Mutilation et autres problèmes

Message par Dubreuil »

[quote="Sesrena"J'ai déjà consulté quelques psychologue, mais aucun ne m'aide vraiment. Je ne sais pas si c'est de ma faute ou de la leurs.
*** De quelle " faute " parlez-vous ?

J'ai tenté d'en parler à mes psy, mais rien n'a changé. J'ai souvent l'impression de recevoir des conseils plutôt inutiles, ou alors qu'on me voit comme quelqu'un de fou.
*** Les psys ne donnent pas de conseils. De plus ils adorent les " fous " !
Si vous en aviez parlé à un psy clinicien, vous auriez eu certainement des pistes...

Je me sens simplement coupable pour beaucoup de choses.
*** C'est pour cela que vous vous mutilez
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Petite Mutilation et autres problèmes

Message par Dubreuil »

Se mutiler c'est se punir.
Se mutiler c'est se sentir coupable de ne pas être celle ou celui que l'on pense que les autres voudraient que l'on soit.
C'est se dire que l'on déçoit. Que si on est violenté(e), grondé(e), humilié(e) c'est qu'on le mérite et que c'est bien fait pour nous. Et on en rajoute parce que l'on s'en veut de supporter cela et d'être à la fois aussi méprisable.
Se mutiler c'est faire un temps que la douleur physique soit plus forte que la douleur morale.
Se mutiler c'est au moins faire ce que l'on veut sur soi et de soi, " on a pas décidé de notre naissance, on peut au moins décider de notre souffrance."
Se mutiler c'est jouir. D'une certaine façon, se donner du plaisir.
Se mutiler c'est se punir d'avoir l'impression de n'être rien pour l'autre, de ne pas être aimé(e), ni apprécié(e), ni entendu(e).
C'est ne pas trouver les bons mots à dire aux bonnes personnes, et de les faire sortir avec le sang. Comme faire sortir sa colère sans faire de mal à l'autre.
C'est aussi avoir des idées de meurtre, de " mauvaises " pensées sur celui ou celle qui nous empêche de vivre, de parler, d'évoluer, et d'avoir trouvé ce seul moyen pour ne pas aller encore plus mal.
Enfant, adolescent, c'est savoir que nous sommes dépendant de l'adulte, de l'autre, des autres, et qu'il faut ravaler la colère et sa haine, attendre, toujours attendre pour être libre.
C'est avoir envie de secouer l'autre en lui disant tout le mal qu'il nous fait, tout le mépris que l'on a pour lui, et tout l'amour qu'on lui voue.
Chaque fois que vous vous mutilez vous appelez à l'aide. Ce sont des tentatives de suicide pour résoudre à tout jamais ce que l'on ne sait pas exprimer, mais qui, quand on se fait du mal physiquement, cesse un temps de nous faire du mal moralement.
Si on se punit sans savoir pourquoi, c'est que dans son enfance on a cru être méchant et mériter que l'on ne soit pas aimé comme on voulait. Et comme on ne peut pas exprimer sa colère de ne pas être aimé, comme on ne peut pas en vouloir à ses parents ou autre, comme ils sont plus forts que nous, qu'ils sont tout-puissants, et que ce serait encore pire si ils savaient qu'on leur veut du mal parce qu'ils ne nous aiment pas, alors on se fait du mal à soi.
On se punit de ne pas savoir se rendre " aimable ".
Un peu comme si l'on se disait :
- C'est bien fait pour toi si on ne t'aime pas, tu ne mérites pas qu'on t'aime, allez prends ça, et encore ça !
Et bien sûr que ce n'est pas de la faute de l'enfant.
Bien sûr que ce sont les adultes qui sont violents et imposent à l'enfant leur bêtise, leur injustice, des coups ou mauvais traitements psychologiques !
Mais l'enfant croit que c'est normal, que c'est de sa faute, qu'il le mérite.
Alors il se punit d'être puni.
L'automutilation est due à beaucoup d'éléments propres à chaque personne, mais il en ressort toujours qu'elle se pratique sous le coup d'une grande souffrance morale, d'une intense culpabilité ou d'une croyance erronée basée sur des sévices psychiques ou corporels infligés par autrui et qui ont fait croire au sujet qu'il n'était pas digne d'être aimé, parfois même de vivre.
L'automutilation est également associée au masochisme extrême ou la jouissance de se faire mal, pour se punir d'une faute jugée impardonnable, est à un moment donné plus forte que la douleur physique et morale. Le sujet en éprouve alors une paix intérieure de quelque durée, jusqu'à ce qu'il se sente obligé de recommencer.
( Vous pouvez rencontrer ces symptômes psychiatriques, par exemple dans la religion catholique où des " saints " sont décrits comme se flagellant afin de se punir d'avoir eu des gestes ou des pensées impures. )
Le masochisme est très difficile à " guérir ", car il a souvent son écho avec une jouissance sadique provoquée par une autre personne, ou retournée contre le sujet lui-même, par lui-même.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Sesrena
Messages : 2
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Re: Petite Mutilation et autres problèmes

Message par Sesrena »

Merci pour votre réponse, je crois avoir compris là où vous voulez en venir. Je trouve cette histoire de masochisme assez étrange. Je n'ai jamais considéré les maso/sado ainsi. Je ne suis pas sûr que cette mutilation me fasse du bien sur le coup et je ne suis pas sûre d'en vouloir à quelqu'un. Si j'en suis ici aujourd'hui, ce n'est pas de la faute des autres, j'ai bien plus de chance que d'autre, je n'ai même pas de raisons de me plaindre ou d'être ici. J'avoue cependant me haïr, profondément. Enfin, je ne sais pas si je me hais à proprement parler. Je hais cette "autre moi" qui détruit tout ce que j'essaie de faire. C'est comme si une partie de moi m'enfermait totalement. Je sais que je peux réussir ce que je veux, je sais que je peux faire ce que je veux, que j'ai assez de volonté pour atteindre mes objectifs, pourtant, je n'y arrive jamais. Je ne suis pas autonome du tout, beaucoup de mes professeurs, peu importe le domaine me le répètent. Tous disent que je manques de confiance en moi. Je suppose qu'ils ont raison puisque je fais plus de choses pour les autres que pour moi. J'ignore comment décrire tous ça correctement, j'en suis désolée. Concernant les psychologues, je ne sais plus avec quel type j'ai discuté. Je suppose qu'un des plus gros soucis, c'est qu'à force de me mentir et de me dire que tout va bien, je finis par en être persuadée, et je n'ai plus grand chose à raconter aux psy. J'avoue également que les prix des séances m'embêtent, ma famille n'a pas forcément beaucoup d'argent et je n'ai pas envie de le dépenser juste pour des problèmes d'ado qui a juste passée une mauvaise journée. J'ai déjà attirée beaucoup de soucis à ma famille, je ne voudrais pas leurs infliger ça encore en plus. Désolée... et encore une fois, merci pour votre réponse.
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Petite Mutilation et autres problèmes

Message par Dubreuil »

La première chose à faire pour guérir d'un mal-être, c'est d'accepter que l'on va mal.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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