oedipe

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Jeannette
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Re: oedipe

Message par Jeannette »

oui et non... C'est juste "en sens inverse".

Le garçon se sait possesseur d’un pénis, investi d’une part en tant qu’instrument de satisfaction sexuelle et d’autre part symbole de la valorisation narcissique de soi. Pour le petit garçon, la mère est objet de désir, le père objet d’amour à « imiter » pour obtenir l’amour de la mère, rival à évincer et objet de haine car interposé entre lui et sa mère, mais aussi objet de désir (et d’identification) en tant que porteur d’un pénis et du phallus... L’enfant fait tout pour s’assurer la possession de la mère et rencontre dans le père un rival dont il jalouse la réelle supériorité et qu’il surestime en raison de sa signification symbolique. Le garçon cherche à séduire sa mère et peut s'interposer entre ses parents en entrant ouvertement en conflit avec son père, ce qu'il réalise par exemple en exhibant son pénis. Le père, qui sanctionne ce comportement, énonce l’interdit de l’inceste, et se présente alors comme une figure de l'autorité liée à la peur de la castration. Pour le petit garçon, s'il veut échapper à cette situation, il est conduit à réaliser un choix entre renoncer à la satisfaction sexuelle avec l'un ou l'autre de ses parents, ou perdre son pénis comme il a précédemment « perdu » le sein maternel ou les fèces, chacune des possibilités ainsi évoquées étant soumise à une menace imaginaire, une angoisse, de castration. Il est conduit à renoncer aussi bien à la possession sexuelle de sa mère (risque de castration par le père) qu'à la séduction de son père (castration par identification à la mère castrée). Par conséquent on peut dire que le garçon sort du complexe d'OEdipe du fait de la menace de castration. La castration prend ainsi place dans la théorie générale du complexe, comme peur infantile de se voir déposséder de la puissance sexuelle par la figure paternelle.

Le cas de la petite fille est évidemment différent à ce stade : constatant la différence des sexes et n’étant pas en possession d’un pénis, elle interprète la castration comme un préjudice subi ayant eu lieu, une frustration, et se doit donc de « réparer ». Ce moment, l’envie du pénis, marque alors l’entrée dans l’OEdipe à rebours du cas masculin. Tout en continuant à la désirer en tant que « nourricière », la petite fille va rejeter sa mère, castrée comme elle mais également considérée comme « responsable » de ce préjudice car ne lui ayant pas donné ce pénis tant convoité. Elle va alors se tourner vers son père, en rivalité avec sa mère, dans une attirance destinée à lui « soutirer » un pénis pour se procurer celui qui lui manque. La petite veut plaire à son père et prendre auprès de lui, la place de sa mère. Comme le petit garçon, elle supporte mal les sentiments qui unissent ses parents. Le processus est alors le suivant : rejet de la mère, désir d'avoir un pénis comme le père, équivalent enfant-pénis, déplacement de la zone érogène du clitoris vers le vagin, désir d'avoir un pénis/enfant du père. Cette position qui investit le père comme objet d'amour situe alors la mère comme rivale et objet d'identification. Elle cherche à capter l'admiration du père et à le séduire afin de rendre sa mère jalouse. Et puisque cette dernière est préférée par le père, il faut lui ressembler pour réussir. La fille entre donc dans l’OEdipe par constatation de la castration quand il y a attachement au père et en sort lors de l’identification à la mère. Le complexe de castration, chez la fille, n’est pas une angoisse. Il ne la met pas en danger mais lui permet de devenir femme car ce complexe inhibe et limite la masculinité en encourageant la féminité. L’envie de pénis fait place au désir d’avoir un enfant avec le père. Ainsi, la zone génitale est investie et s’accompagne de fantasmes oedipiens. Le renoncement de la fillette au père et au désir d’avoir un enfant du père, résulte de la peur de perdre l’amour maternel et, comme pour le garçon, à l’énoncé de la loi d’interdit de l’inceste par le père. Mais le phénomène est moins brutal que pour le garçon, plus progressif, et Freud disait que, chez la fille, le complexe d'OEdipe ne disparaît jamais tout à fait.

Avec la résolution du complexe d’OEdipe, les choix objectaux (posséder sexuellement un individu) sont remplacés par des identifications, en particulier au parent de même sexe, qui marquent donc cette fin du complexe d’OEdipe. Elle passe par l’acceptation de l’interdit de l’inceste, le renoncement à la mère et le refoulement des tendances sexuelles du complexe. Par suite, elle marque le début de la formation du Surmoi et de la période de latence.
Cette intériorisation de l'interdit paternel du parricide et de l'inceste par l'introjection de l'image (symbolique) du père donne naissance au Surmoi qui forme la base de la conscience morale en lui permettant d’assimiler les autres interdits. En intériorisant ainsi l'autorité de ce parent, l'enfant le tue symboliquement en s'emparant de sa sphère d'influence et en rendant en quelque sorte ce parent superflu. L'intégration des interdits et recommandations des parents permet à l'enfant de mieux gérer ses futurs rapports avec le monde qui l'entoure. Ces valeurs qui se présentent sous la forme du Surmoi permettent à l’enfant de se récompenser ou de se punir et, par conséquent, de contrôler sa propre conduite en l’absence de figure autoritaire extérieure.
L’enfant rejette les sentiments sexuels éprouvés pour l’objet tabou, le parent de sexe opposé, et s’identifie au parent du même sexe. Cela lui permet d’apaiser ses sentiments de peur, de vengeance, et de s’approprier les traits du parent du même sexe qui l’ont rendu victorieux dans la lutte pour l’amour de l’autre. Désormais, la fillette tend à devenir une femme afin de plaire aux hommes en général, et non plus uniquement à son père. Quant au petit garçon, il s’intéressera désormais aux femmes en général, et non plus à la figure maternelle. Le garçon se détournera de sa mère pour d’autres femmes mais la fille va elle s’orienter vers un objet d’amour hétérosexuel (le père duquel elle devra aussi se détourner pour d’autres hommes).
Le dépassement de l’angoisse de castration, c’est intégrer le fait qu’à ne pas avoir, ni être le phallus, on n’en est pas rien pour autant. La question de l’OEdipe c’est l’exclusion liée à la différence, à la question du couple, celle qui résulte de ne pas être « au centre ». L'enfant prend conscience qu'il n'a pas tous les droits, qu'il n'est pas tout, que certains droits sont réservés à l'adulte. Il va vivre cette exclusion comme une blessure. La crise oedipienne, c'est une manière, quelle qu'elle soit, de reconnaître et de traiter la différence des générations et la différence des sexes. C'est accepter de ne plus être « au centre ».

L'enfant constitue donc sa personnalité de façon composite en empruntant les éléments constitutifs de sa personnalité aussi bien à la mère qu'au père. Il accède au rang sociétal et entre dans le monde dont les relations sont structurées en même temps qu’il s’insère dans la structure familiale. Par la fonction paternelle, l’enfant devient libre, avec des droits et des limites à ces droits. Il pourra disposer de lui-même et pourra construire son individualisation, en s’engageant dans la recherche d’objets affectifs de plus en plus éloignés de l’objet initial.
Par ailleurs, l'interdit n'est pas seulement quelque chose qui barre, mais c'est aussi quelque chose qui ouvre. Empêcher de prendre un chemin est une proposition à en prendre un autre. L’abandon du complexe d’OEdipe s’accompagne d’une libération énergétique qui sera investie dans l’acquisition d’un outillage intellectuel et restera prête pour investir de nouveaux objets durant la phase de latence qui s’étale ensuite de 6 ans à la préadolescence, et correspond au déclin du complexe d’OEdipe par le refoulement des pulsions sexuelles dont l’énergie est mise au service de la connaissance par le processus de sublimation.
Si quelque chose s’oppose à toi et te déchire, laisse croître, c’est que tu prends racine et que tu mues. A. de St Exupery - Citadelle
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enora

Re: oedipe

Message par enora »

Il faudra traduire pour une âme simple ;)
Missfull66
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Re: oedipe

Message par Missfull66 »

Enora, il y a des dessins dans le second lien que j'ai mis... Facile, c'est des dessins !!! ;)
Les esprits créatifs survivent toujours aux mauvais traitements- Anna Freud.
Je ne suis pas psy.
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Jeannette
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Re: oedipe

Message par Jeannette »

enora a écrit :Il faudra traduire pour une âme simple ;)
désolée, j'ai juste recopié une partie de ce que j'avais écrit pour un "contrôle". C'est si "obscure" que cela ?
Si quelque chose s’oppose à toi et te déchire, laisse croître, c’est que tu prends racine et que tu mues. A. de St Exupery - Citadelle
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miranda
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Re: oedipe

Message par miranda »

Ok pour le principe, mais ca se soigne?
je peux comprendre qu il y ait eu des lacunes, quelque bug. J ai moi même eut une relation avec un homme plus vieux. Mais de la a avoir tu desir pour sa mere ou son père. ...
la je bloque...
enora

Re: oedipe

Message par enora »

Surtout je ne vois pas concrètement le lien avec ma réalité.
miranda
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Re: oedipe

Message par miranda »

Oui difficile d appréhender?
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