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Forum inceste, forum viol incestueux
Minijeune
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Message par Minijeune »

Je suis un peu confuse par rapport à ma relation avec mon père, depuis quelques années.
Mes doutes me font peur et du coup, je ne sais pas si ça découle d'un fantasme mon problème ou si j'ai le droit de douter... Si c'était possible qu'il se soit produit quelque chose. J'en ai déjà parlé dans d'autres posts... Des souvenirs à connotation sexuelle que j'ai par rapport à mon père, ou le fait que je sais que j'ai été parentifiée... Que j'ai dû prendre soin de ma mère, et que c'était la demande de mon père, qui pouvait même venir me chercher pendant la nuit pour assumer ma mère qui somatisait ou qui faisait des crises... Comme si c'était moi l'adulte. Puis je me demandais jusqu'à quel point est-ce que je ne jouais pas le rôle de conjointe de mon père dans tout ça... J'étais celle à travers qui il vivait, celle qui devait le remplir au niveau narcissique en répondant tout le temps à ses attentes et aux performances. Heureusement, ou malheureusement, j'ai été capable de me développer cognitivement au dépend de ma sphère affective et j'ai pu "survivre à la situation" en donnant toujours... Jamais assez! Il fallait toujours que je sois au devant de leurs besoins.

J'ai su très jeune que mes parents n'avaient pas une sexualité excentrique... Ou du moins, que ma mère n'avait jamais fait de fellation à mon père, et qu'il ne lui avait jamais fait l'amour oral non plus... Qu'ils n'étaient pas forts sur les préliminaires. Je savais quand me parents avaient des relations sexuelles parce qu'on entendait tout le temps la douche après. Ils nous l'avaient dit...

Mais il y a des situations qui me rendent mal à l'aise... Je me suis vue "aguicher" mon père sur vidéo... Une vidéo de moi, j'ai quoi, 7 ans... Puis je mange un popcycle (sucette glacée), et je le rentre tout dans ma bouche, je le suce comme si c'était sexuel... Mes yeux sont charmeurs, étranges... Puis mon père me filme, sans me dire d'arrêter, sans lâcher la caméra, et ce, pendant plusieurs minutes. J'étais en vacances en Floride... On a donc cette vidéo dans nos cassettes souvenir. Quand je l'ai écouté, j'ai vécu un gros malaise. Je me suis sentie dégueulasse, voire coupable de la situation... Je me suis également demandée pourquoi est-ce que mon père restait là, et qu'il ne faisait rien... Et sachant que j'étais une championne pour répondre aux besoins des gens, pour me faire aimer, jusqu'à quel point est-ce que j'aurais pu aller...

Je me souviens aussi que mon père me faisait mettre à genou devant lui et me demandait de sortir la langue pour me mettre du crémage blanc de pâtisserie qui sortait d'un sac, par un petit trou... Quand on faisait des desserts... Souvenir qui n'était pas douloureux du tout, jusqu'à temps que naïvement, je demande à un enfant que je gardais de faire la même chose alors qu'on faisait de la cuisine et que je réalise qu'il y avait un contenu sexuel par rapport à tout ça... Je m'étais sentie tellement mal d'avoir fait mettre à genou l'enfant... Ça m'avait vraiment troublé et pourtant, je ne suis pas un homme... Mais c'est comme si je réalisais le contexte phallique de la situation.

Je me suis rappelée d'un troisième élément dernièrement... Ça m'avait marqué aussi... Mais c'est un souvenir de moi, encore une fois, qui faisait comme un show à mon père... Il venait dans la salle de bain alors que je me lavais les cheveux. J'avais 12 ans à peu près, parce que je me souviens de la paire de lunettes que j'avais sur le nez... Il ouvre le rideau de douche puis il me regarde et rit... Pour "l'encourager" je me mets à me savonner tout le corps avec une éponge, sous son regard... Il rit de plus belle... Je me souviens qu'il y avait de la belle mousse savonneuse sur mon corps... Et il finit par me dire que j'ai mes lunettes, après m'avoir scruté du regard... Je ne sais pas comment je devais me sentir mais j'ai le sentiment que je l'alimentais...

La sphère sexuelle dans ma vie est à prendre avec des pincettes. Tout est très délicat!!
Je n'ai jamais eu de relation sexuelle complète et j'ai 26 ans. À chaque fois que c'est passé proche, c'était toujours la même histoire... Je paniquais, je me ramassais nue dans un coin, complètement apeurée. J'ai vomi une fois... Je finis par prendre mes jambes à mon coups et partir, en me sentant extrêmement coupable. Le pire dans tout ça, c'est les épisodes de dissociation qui surviennent par la suite... Sensation de ne pas me sentir dans mon corps, comme si j'avais perdu mes limites corporelles... Mal dans mes mains... Envie de me lancer partout, envie de me faire mal... Comme si j'avais besoin de sentir que je revenais à moi... Mais ce sont des périodes où je peux me mettre dans une position immobile et j'essaie de bloquer toutes mes pensées, alors je deviens dans un espère d'état végétatif... Mes yeux sont dans un fixe dans le vide... Puis je ne suis pas capable d'établir de contacts visuels avec personne... Sentiment d'étrangeté, de ne plus savoir ce qui en est... Mais je suis capable, à quelque part, de m'auto-commenter et de me faire la narration de comment je suis, comme si c'était quelqu'un d'autre qui décrivait comment je me tenais physiquement, qui me dit que mes yeux sont dans le vide... Et je régresse comme... Je me mets à dire que je ne veux pas être une mauvaise petite fille... !!! À chaque fois, j'ai l'impression que si je me laissais aller, j'exploserais comme une bombe... Je me vois crier, je me vois exploser de rage et de colère et me désorganiser physiquement jusqu'à temps que je n'aille plus d'énergie ou que je finisse en contention... J'ai peur de toutes ces sensations, de toutes les émotions qui jaillissent... Je ne sais vraiment pas parce que je n'ai pas de souvenirs francs... Je ne sais pas si c'est moi qui s'est inventé tout ça... Je me sens extrêmement coupable, puis du même coup, je fais un lien avec mon père, mais ça pourrait être n'importe qui... Comme ça pourrait être le fruit de mon imagination...

J'ai essayé d'aller en EMDR une fois, mais je paniquais à en vomir à chaque fois qu'on essayait de commencer la séance... Et à ce moment là, je n'avais pas encore eu ces souvenirs douteux. Je n'avais pas pris conscience de tout ça... Des crises d'angoisse, à tout coup... J'ai fini par ne plus vouloir en faire, parce que c'était trop douloureux de passer par des crises de panique... Même chose que lorsque j'essaie d'avoir des relations sexuelles... Dans ma tête, des associations se font, alors je doute encore plus... J'ai aussi essayé de faire de l'abandon corporelle en thérapie... Mais ouff!! C'était tout aussi douloureux et je finissais encore une fois à dissocier... Le problème c'est que pendant une période de ma vie, je m'automutilais parce que je n'avais aucune idée de ce qu'il se produisait... Mais j'avais besoin de me punir et de me sentir dans mon corps... Ou je ne sais pas trop... Disons que j'ai le sentiment de culpabilité facile... Je me suis sentie responsable de tellement de trucs par rapport à la vie, mais surtout aux malheurs de mes parents... En tout cas...

Tout ça pour en venir à ce que j'ai vécu il y a deux jours...
J'ai un copain en ce moment. Ça fait un mois et demi qu'on est ensemble... Il connait mes difficultés d'attachement et aussi mes difficultés au niveau de l'intimité et de la sexualité. Même si je sais qu'il aimerait que ça aille plus vite entre nous, il respecte mes limites et me dit qu'il va m'attendre. Il était chez moi dimanche soir, puis je suis allée prendre ma douche. Il restait là avec mes colocs puis il a voulu me faire une blague... Il est allé chercher un papier et a inscrit dessus "Je te vois" puis il l'a glissé sous ma porte. Un geste banal... Il ne m'a jamais vu nue au complet encore... Mais ça l'a adonné qu'à ce moment précis, je sortais de la douche et j'étais complètement nue... J'ai réagi de manière émotive, zéro rationnel... J'ai eu peur. J'ai même eu très peur. Je n'étais plus capable de faire la part des choses et de me dire qu'il n'y avait personne pour vrai, qu'on m'avait fait une blague... Je restais prise sur le fait que je ne voulais pas que personne me voit. Je paranoïais un peu... J'avais l'impression qu'on pouvait me voir par les craque de la porte, ou par la fenêtre alors que cette dernière est givrée... Je me suis habillée à toute vitesse... J'étais tellement en colère contre lui. Ce n'était pas logique, mais c'était ça qu'il se passait. J'ai fini presque en crise, à me prendre des PRN pour être capable de me calmer... J'ai dissocié complètement et j'ai été dans cet état là presque 24h... Le lendemain, il a voulu me parler... Il s'est excusé, et j'étais tellement embrouillée dans ma tête que j'étais incapable de lui répondre... J'ai des explications à tout habituellement, j'ai le hamster mental qui se fait aller tout le temps... Mais là, j'étais presque triste parce que je n'étais pas capable de lui parler... Rien ne sortait de ma bouche, j'étais paralysée devant lui...

Ce matin, ça va un peu mieux... Je me sens plus connectée avec la réalité... Mais je ne savais pas trop... En plus, j'ai vu mon psychologue hier matin et il disait que j'étais dans un état dissociatif. Je sais reconnaître les signes, surtout que je me dépersonnalise souvent en étant capable de m'analyser comme un cas clinique quand ça ne va pas bien... Je saurais expliquer le pourquoi du comment des choses, mais jamais en étant en contact avec mon monde émotif... C'est parfois très déstabilisant de savoir ce qu'il se passe, sans être capable de faire de liens de causalité francs, ni d'avoir du contrôle sur les émotions et les mécanismes de défense psychiques...

Demain, j'ai une rencontre de prévue dans un centre où il y a des sexologues et des thérapeutes qui traitent justement des agressions sexuelles ou des effets dans la vie des gens. J'avais fait une demande et on m'avait mis sur une liste d'attente, on m'avait accepté au programme parce que j'avais plein d'effets indésirables dans ma vie... Que je considère être des bâtons dans mes roues parce que je veux me sentir comme une femme mais j'ai l'impression d'être stagnée à quelque part dans mon développement... Je ne suis pas capable et je me sens vraiment différente des autres. Je sais que d'en parler, ça fait remonter des bibites et je ne sais pas si c'est vraiment le temps de le faire... Je ne sais pas si je suis assez solide pour affronter tout ça ou si je ne risque pas plus de me désorganiser et finir hospitalisée encore une fois... Je me sens vraiment fragile et mes épisodes de dissociation m'inquiètent... J'ai l'impression que je dois affronter si je veux passer à une autre étape, mais je ne sais pas si je ne m'en demande pas trop. Je ne me sens pas dans un état d'équilibre vraiment... Ça me fait très peur... J'avais besoin de conseils je crois... À savoir ce que vous en pensez et qu'est-ce que vous feriez dans ma situation... Parce que là là, j'ai vraiment très peur!!
Peace
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Re: Réaction...

Message par Peace »

Hello
Ceci est un sujet tres delicat, surtout derangeant..
Je peux comprendre ton anxiété et ta peur et le fait que tu te refermes sur toi-même.
Il faut que tu en discute de ca a ton père , il faut mettre les choses au clair. Dis lui ce que tu ressens et pense. Si tu continues comme ca, tu ne vas jamais avancer dans ta vie.
Et ouvre toi un peu plus à ton copain. Tu sentira une liberation intérieure.
Minijeune
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Re: Réaction...

Message par Minijeune »

Je ne sais vraiment pas si d'en parler avec mon père serait la solution...
Je me dis intérieurement que mon père n'aurait jamais pu faire une chose comme ça...

À vrai dire, je ne sais tellement pas...
Ma mère a déjà vécu des attouchements sexuels de la part de mon oncle, le mari de sa sœur aînée qui a un peu joué le rôle de mère pour ma maman.
Je me dis que c'est peut-être juste moi qui vit les répercussions de cet abus sexuel qu'elle n'a jamais dévoilé... Elle me l'a déjà tout raconté dans une crise alors que je n'y savais rien... J'avais écopé aussi de la situation... Ouff, j'avais essayé de la gérer parce qu'elle était complètement décontenancée, mais ça m'avait tellement troublé que j'en avais fait une crise de panique en partant de la maison pour me rendre à l'université. Je ne comprenais pas que ma mère avait vécu ça mais qu'elle nous avait laissé en présence de cet oncle là, qu'elle n'avait pas coupé les ponts. Je m'étais mise à m'inquiéter pour les enfants de mes cousins et cousines... Pourquoi est-ce que personne n'avait dénoncé la situation...

J'en avais parlé avec mon père une fois, quand on était allé marcher juste les deux ensemble...
J'avais dit ce que ma mère m'avait décrit et comment ça m'avait affecté... Puis mon père a pris la défense de mon oncle...
Il a même dit que ma mère pouvait bien raconter n'importe quoi... Alors que je ne crois pas que c'était le cas, pas comment elle en a parlé et comment ça sortait de sa bouche... Ça m'avait presque autant traumatisé qu'il ne veuille pas "protéger" sa femme et qu'il ne vive aucun malaise face à la situation...

Pas très rassurant comme situation... C'est comme si mon père me renvoyait l'idée que c'est moi qui paniquait pour rien... Qu'il n'y avait rien là, et que mon oncle avait pu changer... Mais qu'il ne fallait pas en parler pour ne pas détruire la famille...!!?? Je me suis donc sentie prise avec un secret qui ne m'appartenait pas.

Questionner serait inutile et ferait du mal autour de moi... À ma mère, à mon père et à ma sœur... Puis ensuite à tout le monde proche de nous...
Pour une situation qui provient peut-être juste de mon imagination trop fertile et de fantasmes oeudipiens ou je ne sais trop quoi!!
Patouche
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Re: Réaction...

Message par Patouche »

Bonjour Minijeune,

Dans tout ce que tu racontes, il y a vraiment de quoi être très mal par rapport à la vérité et à la sexualité. C'est difficile de savoir ce qui s'est exactement passé, vraiment passé pour toi personnellement, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a un problème lié à la sexualité dans ta famille. Souvent les "bourreaux" et les "victimes" d'abus sexuels sont inconsciemment attirés les uns par les autres (les adultes, j'entends). Très probablement ton père a une tendance en tout cas à ne pas mettre les limites là où il le faudrait. A-t-il été trop loin ou pas, je ne peux pas le dire. Mais en tout cas il a dit et fait des choses qui sont déjà vraiment limite, suffisantes pour que tu ne saches pas toi où mettre les limites, que tu ne te sentes pas à l'aise dans ton corps. Le déni de la souffrance de ta mère (car l'abus est un vrai traumatisme) en est aussi la preuve.

A mon avis, il est impossible de se développer harmonieusement dans des familles qui fonctionnent ainsi. Il est même préférable de s'en détacher pour reconstruire sa propre vie, apprendre à s'aimer dans le respect de son intimité, de son corps, de son coeur, loin d'eux. C'est ce que j'ai fait. Et moins je les vois, mieux je me porte. Ca peut sembler terrible à dire, mais je ne les ai pas vus depuis quelques années maintenant, et je m'en porte beaucoup mieux.

Si tes parents n'ont pas voulu en parler jusqu'à maintenant, s'ils n'ont pas voulu t'écouter, il y a peu de chances qu'ils le fassent maintenant. Il faudrait que tu fasses ton propre chemin, en construisant des relations saines avec d'autres personnes. Il est possible de se construire une nouvelle "famille" avec des personnes qui te respectent et t'écoutent.

C'est très important pour toi de pouvoir en parler avec des personnes qui puissent t'entendre, vraiment. Ce n'est pas facile d'en parler avec des thérapeutes, de peur "d'accuser" à tort (je connais !), mais les thérapeutes comprennent très bien que ce n'est pas une accusation, juste l'expression de ce que tu vis. Et ce que tu vis est réel. Il n'y a besoin d'accuser personne, simplement de reconnaître toute cette tempête d'émotions et de sensations que tu ressens. Tu pourras apprendre à les connaître, reconnaître, et à les gérer. Tu peux un peu chercher, et tu trouveras quelqu'un avec qui tu arriveras à parler. Peut-être pas au début, mais ensuite. Parle bien de tes doutes, et dis que tu cherches simplement à comprendre ce que tu ressens en toi.

Il y aura toujours des personnes qui vont nier, qui vont minimiser, voire te culpabiliser, t'encourager dans ta responsabilité. Mais quand on est enfant et quand on est ado, c'est justement le rôle des parents de mettre les limites au bon endroit. Et malheureusement, il y a en a beaucoup trop qui ne le font pas. Il y a malheureusement beaucoup trop de personnes qui souffrent trop des dysfonctionnements trop lourds de leurs parents. Tous les parents ont des défauts, c'est sûr, mais certains ont des répercussions vraiment graves pour les enfants. Et le plus lourd, à mon avis, est la non-reconnaissance des souffrances de l'enfant, par les parents, la non-discussion.
Minijeune
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Re: Réaction...

Message par Minijeune »

Merci,

Je pense que j'ai besoin de me faire valider dans mes émotions et mes ressentis...
Ça n'a pas vraiment été entendu dans ma vie, ça fait en sorte que je doute souvent de moi... À savoir si j'ai le droit de me sentir comment je me sens, de penser comment je pense. Comme s'il fallait que j'aille la permission à quelque part. Et qui donne les permissions? Les personnes en autorité sur moi, mes parents possiblement, même si je suis supposée être une adulte à part entière. Je me sens souvent comme une petite fille dans le corps d'une femme... Il y a un clash entre ce que j'ai l'air et ce que je suis à l'intérieur. La petite fille n'a pas pu grandir, n'a pas pu s'exprimer... Trop de responsabilités à jouer dans le système familial! S'il y a une chose que je sais, c'est que oui il y a un problème de limites dans ma famille... Je pense que mes parents sont des pervers narcissiques... Je sais que j'ai été parentifiée et que juste de devoir assumer ma mère tout le temps et gérer ses crises et son insécurité n'était pas mon rôle ou mes responsabilités d'enfant... Je sais que les limites ne sont pas bien établies avec mon père non plus... Ça aussi c'est inquiétant... Je me sens comme si ni l'un, ni l'autre de mes parents n'a pu me protéger contre un ou l'autre... Le nez dans leurs propres besoins au détriment des miens...

Bref! Je suis allée à la rencontre tout à l'heure. Je sais que personne ne peut me dire si oui ou non, ça s'est passé... S'il y a assez de preuves dans ma vie pour dire si j'ai raison ou pas de me sentir comment je me sens. De toute façon, je ne sais pas si je veux vraiment le savoir... Parce que l'une ou l'autre des réponses serait traumatisante pour moi... De savoir que c'est réellement arrivé me rentrerait dedans comme un train... De savoir que je m'invente des affaires du genre... J'aurais vraiment l'impression d'être folle et je remettrais en doute tout ce que je ressens.

La thérapeute m'a donné comme devoir d'essayer d'accueillir mes émotions sans réagir en me culpabilisant...
Elle m'a dit que ce que je vivais était réel... Peu importe si c'est vrai ou fantasmé... Que l'esprit peut oublier mais que le corps fini toujours par se souvenir... Et que c'est peut-être pour ça que je dissocie tout le temps... Je lui ai parlé de ma crainte d'être comme les cas de personnes qui ont dissocié sur le coup et refoulé l'événement traumatique, mais qui revit un peu tout comme un syndrome de stress post traumatique... Dans les cauchemars, en flash back, et qui dissocie quand le souvenir frappe dans la réalité... Moi, c'est l'intensité de mes réactions qui me fait peur... Comment c'est impossible pour moi d'affronter la sexualité... Comment que mon esprit clash et que je ferais tout pour éviter que ça m'arrive alors que ça pourrait être plaisant et faire parti d'une vie saine et équilibrée. De reconnaître que ma peur pourrait être fondée m'a fait du bien, même si elle ne change rien à rien... Mais en tout cas... Une chose à la fois!

Je me suis souvent traitée de TPL, de manière très péjorative à mon égard. On dirait que je me sens moins méchante envers moi et plus empathique si je me dis que toutes mes réactions, que je ne comprenais pas vraiment... Avaient peut-être une fonction comportementale... On m'a enlevé le diagnostic, il en reste que j'ai quand même décompensé pendant près d'un an car rien ne faisait de sens et que je souffrais vraiment beaucoup à l'intérieur de moi... Mais si je me souviens de ce qui a déclenché cette crise là, c'est exactement mon premier flash back dissocié et refoulé... Est-ce qu'il pourrait y avoir des liens à faire avec tout ça... La mémoire traumatique... C'est fort ça il me semble!??!
Patouche
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Re: Réaction...

Message par Patouche »

Ce que t'a dit ta psychologue me semble central: ce que tu vis est réel. Quelle qu'en soit la raison. Il n'y a pas à juger si c'est juste ou pas. Tu le vis, tu en souffres, c'est là, c'est vrai. Et quand on est mal à l'intérieur de soi, c'est qu'on a souffert. Si on souffre terriblement, c'est qu'on a vécu quelque chose de terriblement traumatisant. Maintenant, est-ce que concrètement il y a eu telle ou telle chose, c'est finalement pas la justification d'une souffrance. Parfois, quelqu'un peut avoir vécu quelque chose qui semblera à quelqu'un d'autre de "moyennement" grave, et pourtant avoir des réactions différentes. Qui sommes-nous pour juger que telle action mérite telle réaction ? Personne ne peut nous juger, ni toi pour toi-même, ni les autres. Nous sommes comme nous sommes, et chacun de nous a des qualités et des fragilités qui ont un sens dans l'ensemble, qui nous permettent de faire ou de comprendre des choses, nous donnent notre place unique dans ce monde.

Ce qui compte aujourd'hui, c'est comment tu te sens. Que ce soit "justifié" ou pas, ce n'est pas le plus important. Tout d'abord, en effet, c'est important de prendre soin de ta souffrance. Quelle qu'en soit la raison, l'être que tu es aujourd'hui a besoin qu'on prenne soin de lui, et aujourd'hui tu es la seule à pouvoir le faire.

C'est sûr que parfois il est vraiment utile de savoir ce qui passé, ça permet de le dépasser, de l'intégrer plus facilement, plus rapidement, plus entièrement. Malheureusement, parfois on n'arrive jamais à savoir ce qui s'est passé. Mais en écoutant avec beaucoup de bienveillance ce que tu ressens aujourd'hui, en en prenant soin, tu pourras malgré tout le dépasser. Il existe aussi des méthodes un peu "alternatives" qui aident - parfois seulement - parfois ça ne marche pas - à mieux pouvoir savoir ce qui s'est réellement passé, comme l'hypnose, la kinésiologie, ou d'autres approches.
Minijeune
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Re: Réaction...

Message par Minijeune »

J'ai eu une rencontre avec ma psychiatre tout à l'heure.
Pour la première fois, j'ai eu le courage d'aborder mes craintes par rapport à un abus sexuel de la part de mon père.
Disons qu'elle avait mis la table et qu'elle voulait m'amener là, en parlant de sexualité, de relation avec mes parents, de limite louche...
Elle m'a questionné à savoir si j'avais déjà vécu un abus...

Je lui ai parlé. Elle a été d'un grand calme et d'une grande écoute.
Elle a pris des notes sur ce que je lui disais. Elle a inscrit des trucs dans mon génogramme.
Elle ne m'a pas brusqué, elle m'a même dit que c'était vrai que j'avais les réactions d'une personne qui avait pu vivre ça... Elle n'a pas affirmé ou infirmé que ça m'était vraiment arrivé ou non, mais elle m'a dit que ça pouvait être possible. Et que ce soit réel ou imaginé, ça reste quelque chose que je dois travailler... Parce que ça amène du négatif dans ma vie... Ça me bloque!
L'anxiété dans ma vie au plan de l'intimité, la proximité et la sexualité, les troubles alimentaires, les traits TPL, la dissociation...
Ça pourrait faire du sens clinique...

Je ne savais pas que les troubles alimentaires pouvaient être en lien avec les abus sexuels... La première fois que j'ai arrêter de manger, j'avais 7 ans!! Et c'est revenu après! Je me bats un peu contre ça depuis vraiment longtemps... Sans connaître la cause...
J'ai besoin de me comprendre et de mettre les morceaux de mon puzzle dans un bon ordre...
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