Rupture amicale : je ne sais plus ce que je dois faire pour sauver mon amitié…

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Hereweare
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Rupture amicale : je ne sais plus ce que je dois faire pour sauver mon amitié…

Message par Hereweare »

J'ai rencontré ma meilleure amie en 6 ème, cela fait donc plus de 7 ans que nous étions amies. Nous nous sommes énormément rapprochées à partir de la première : ses parents ont divorcé et ce fut un divorce plus que traumatisant, depuis elle a rompu tout contact avec son père. C'est une étape dans laquelle je l'ai vraiment soutenue, accompagnée, rassurée, guidée du mieux que j'ai pu. Notre relation est devenue unique et différente de toute les autres amitiés.

L'année suivante en terminale, j'ai rencontré mon premier amour. Mon père s'est suicidé quand j'avais 8 ans et tous les dégâts psychologiques de ce geste sont ressortis à travers cette relation dans laquelle j'avais énormément peur d'être moi-même, besoin d'être rassurée, où je pensais sans cesse au jour de la rupture. Cette rupture est venue, et c'est probablement l'étape la plus difficile que j'ai vécu après le suicide de mon père. A son tour, ma meilleure m’a accompagnée dans cette étape, de toutes mes amies c’est celle qui a cerné au mieux toutes les dimensions psychologiques qui se cachaient derrière cette rupture et la douleur insupportable que ce choix m’imposait.

Ces deux périodes ont consolidé notre amitié. C’était de toutes mes amies, celle avec laquelle j’avais une relation très proche.

Nous avons vécu notre première année universitaire ensemble, mais nous communiquions quotidiennement avec nos téléphones car nous n’étudions pas dans la même ville. Elle est en médecine, et je suis en psychologie. Sa première année de médecine l’a conduit à son premier échec scolaire, un réel coup dur pour elle car elle n’avait jamais vécu aucun échec. Au delà de ça, c’est une enfant qui a toujours été excellente au niveau scolaire, qui a apporté satisfaction à ses parents. Je pense, et j’ai vraiment ressenti qu’elle a profondément mal vécu cet événement car elle s’est avant tout déçue elle même, en plus du fait que la réussite fasse partie d’elle, comme si c’était quelque chose qui la qualifiait.

Une première dispute a éclaté à la fin de l’année scolaire, je lui ai reproché plusieurs faits et confié notamment mon mal-être « social » dû à ma première année universitaire : je suis me renfermée sur moi même et c’est la première fois que physiquement j’étais seule. Une solitude profonde et difficile qui m’a poussé à pratiquer toutes les fois où j’étais seule, un travail d’introspection personnel. Un travail sûrement néfaste, parfois, avec de trop grande remise en question. C’est des paroles qu’elle a particulièrement mal-reçue (c’est difficile de résumer une situation), mais nous nous sommes braquées toutes les deux, en ne nous comprenant absolument pas. Deux semaines se sont écoulées, sans nos échanges quotidiens. Puis, une réconciliation est survenue au cours d’une soirée, nous avons brièvement discuté pour enfin se réconcilier.

Au travers de cette réconciliation, j’ai sans cesse douté et encore une fois je me posais un milliard de questions qui m’empêchent de croire ce qu’on me dit, me pousse à me torturer l’esprit en questionnant mon amitié, le sens de cette amitié, ce que je suis pour elle..etc.
Nous sommes parties pour la première fois toutes les deux en vacances, seules, encore une première fois exécutée toutes les deux. Parfois j’ai été désagréable avec elle, je la « rejetais » (remarques désagréables par exemple), alors que je sentais fermement qu’elle donnait « tout », elle ne me reprochait rien, était heureuse, et bref, c’était encore moi qui réfléchissais trop alors que je n’avais rien à lui reprochais en surface et profondément.

A la rentrée scolaire (c’est là que tout a tourné), elle a adopté un comportement différent, j’ai pris ça comme une agression : elle consacrait tout son temps à son année de médecine en ne prenant aucune nouvelles. Elle s’est entourée principalement d’ami en médecine, ce que j’accepte totalement car je ne peux comprendre son quotidien, seulement elle ne me calculait pas. Pour exemple, j’ai appris qu’elle avait une « histoire », un flirt avec un garçon, mais par le biais d’une autre personne. C’est un sujet qu’elle a ensuite évoquée brièvement quand je lui en ai parlé, comme si elle ne voulait pas en parler...Je me suis sentie délaissée, comme si notre amitié n’était pas légitime, ou au dessus de cette année de médecine, au dessus de tout. L’éloignement est un ressenti qui me torture l’esprit, les pensées, tout...je la sentais s’éloigner de moi et c’était insupportable psychologiquement. Je pleurais en me levant, le soir en rentrant, je pensais à me suicider, ou bien me faire agresser, avoir un cancer...etc non pas pour mourir véritablement mais pour attirer son attention en croyant que c’était la seule véritable manière pour qu’elle revienne. Je me sens idiote à avoir ces idées et à les écrire car la plupart des personnes sont dans le jugement en pensant que je suis stupide et que c’est n’importe quoi, mais je ne peux pas lutter contre elles, elles dénotent un réel mal-être et j’en suis consciente. Elles apparaissent comme un point de non retour pour me prouver que je compte pour elle, qu’elle souffrirait si il m’arrivait quelque chose. J’avais aussi idiot que ça paraisse besoin d’être rassurée sur son amour encore une fois.

Alors j’ai imaginé pour la première fois un avenir sans elle, et j’ai donc voulu contrôlé les choses pour ne plus avoir à les subir. Je me suis dit « confronte toi à une réalité sans elle », je l’ai donc ignoré. Je suis partie sans explication au lieu de lui faire part de mon ressenti. De début octobre à fin décembre nous ne nous sommes plus adressée un mot. Elle n’a jamais cherché à briser le silence que j’ai instauré : aucun message, aucun appel, rien. Elle m’a laissée partir et n’a jamais demandé pourquoi je ne lui parlais plus. C’est une fille très fière, animée par la colère depuis le divorce de ses parents, ce qui fait que je savais qu’elle ne reviendrait pas, si je ne revenais pas. Je le savais et je crois que profondément j’attendais qu’elle m’envoie un message : de tristesse, d’incompréhension, ou encore de colère, peu importe un message qui me montrait qu’elle tenait à moi. Or, je n’ai rien reçu. Sur le coup je ne l’ai pas mal vécue, au contraire je me suis ouverte aux autres, j’ai effectué des choix (bénins, ou autre), sans elle, j’ai appris à relativiser car je ne partageais plus grand-chose de profond avec une quelconque personne. Mes pensées étaient paradoxales, je pensais à elle par le biais de pleins de connotations : musiques, films, parfum...tout ce qui constitue nos souvenirs commun. Je l’ignorais, tout en étant animée par l’idée que je reviendrai.

C’est ce que j’ai fait, fin décembre, seulement j’ai cerné là les erreurs que j’avais faîte en partant : je savais profondément que je reviendrai, or, elle, ne le savait pas. Elle a donc avancé en s’imaginant à son tour un avenir sans moi et plus encore en attendant après moi, pour finalement ne plus rien attendre. Elle a reçu mon message sur facebook, avec beaucoup de colère, sans surprise c’est ce à quoi je m’attendais. J’ai mis un temps fou à envoyer ce message, je l’ai sans cesse relu, pour peser mes mots, et essayer au mieux de lui faire comprendre que j’avais mal-agi suite au mal-être que je vivais. Je voulais qu’elle comprenne que derrière mon geste égoïste se cachait de la souffrance que je n’ai pas su verbaliser. Je ne suis pas parfaite, ce n’est pas ce que j’essaie de dire en écrivant ça, mais j’ai vraiment essayer à travers ce premier message de lui expliquer mon geste aussi maladroit et blessant qu’il a été, tout en lui rappelant que je l’aimais et ce même si j’avais brisé quelque chose en l’espace de ces quelques mois. Seulement je me suis retrouvée confrontée à un mur, elle m’a supprimée de tous les réseaux sociaux sans explications.

J’ai accepté sa réaction, et attendu qu’elle soit prête. Un mois est passé, je lui ai donc renvoyé un second message cette fois plus incisif, avec des mots moins pesés, des vérités à affronter, de la colère, de l’incompréhension et de la déception tout en m’excusant toujours, et en essayant de comprendre ce qu’elle attendait de moi : si elle voulait du temps, si elle voulait que ça s’arrange, ou non.

Nous sommes le 16 mars et je n’ai toujours aucune réponse, alors que j’avais spécifié dans ce dernier message que si elle ne me répondait pas ou qu’elle ne me disais pas simplement « j’ai besoin de temps », cela signifierait qu’elle ne voulait pas que ça s’arrange entre nous. Au quotidien je ne le vis pas forcément mal car je suis occupée par mes études, ou j’échange avec mes autres amis. Seulement, quand je me retrouve seule, principalement avant de dormir, je n’arrête pas d’y penser. Je suis triste qu’on en soit arrivée là, je m’en veux énormément, tout comme je lui en veux énormément car tout ce à quoi elle m’a confronté depuis mon départ c’est rien. Je n’ai rien, aucun mot, aucun geste, aucune émotion, aucun sentiment auxquels me raccrocher. J’ai l’impression qu’elle m’a menti, parce que je sais que j’ai compté pour elle, mais elle m’a dit des paroles que je n’aurais préféré qu’elle ne prononce jamais. Elle a dit que j’étais sa meilleure amie, et qu’elle m’aimait, et je sais à quel point ça sonne naïf et tellement nul, mais pourtant j’y ai cru profondément. J’aimerai effacer mes erreurs, tout comme les siennes, j’aimerai comprendre comment les gens passent si vite à autre chose et efface tout comme si rien n’avait compté. Je me sens constamment comme un plan B, en amour comme en amitié, j’ai l’impression que je ne suffis jamais pour que les gens restent autour de moi, que ma personne n’en vaut jamais la peine. Récemment j’ai vu qu’elle suivait à nouveau mon ex petit ami sur Instagram (avec qui elle n’a aucun contact profond depuis 2 ans, elle s’en contre-fichait), mon premier amour, ma première déception amoureuse qui m’a tant fait souffrir et dans laquelle elle m’a soutenue profondément en vivant chacune de mes émotions. C’est encore nul, mais je me sens trahie car ça la blesserai énormément si je suivais un de ces amours qui l’a humiliée. Je me sens abandonnée et c’est difficile car toutes mes relations sont sous-tendues par le suicide de mon père, je m’en veux d’être aussi compliquée, tout comme j’en veux à ma meilleure amie d’être si peu tolérante alors qu’à aucun moment elle n’a cherché à me retenir. Je ne me sens jamais assez bien, et chaque fois que je crois compter pour une personne, en me disant « cette personne, elle, elle t’aime, elle ne partira pas », elle part. Je me sens conne et mes remises en questions me torturent l’esprit. Et je me vois dans l’obligation de respecter son choix, c’est dur d'accepter que c'est fini et que l'on ne fêtera pas nos 20 ans ensemble depuis le temps qu'on en parlait.
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Rupture amicale : je ne sais plus ce que je dois faire pour sauver mon amitié…

Message par Dubreuil »

Peut-être que " de parler " à votre ex, c'est pour elle, quelque part ne pas être tout à fait séparée de vous.
Mais comme les amours les amitiés s'en vont. C'est ainsi, vous vous êtes recontrées pour vous faire du bien, et la " dette " a été lourde. On ne peut pas " donner " sans savoir que quelque part cela rend l'autre " redevable ". Vous avez évolué et grandi ensembles, maintenant peut-être qu'il faut se quitter pour mieux se retrouver.... adultes ?
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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