Impression d'Etre Totalement Folle

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BertheT
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Impression d'Etre Totalement Folle

Message par BertheT »

Il y a trois années marquantes dans ma vie, qui m’encourage à parler à quelqu’un de ma folie.
Ce ne sont pas des années similaires, flous et in-différenciables.
Il y a la première année, celle où j’avais quatorze ans. Mon surnom officiel était « la dépressive », parce que, clairement, aux yeux d’une personne qui ne pèse pas le sous-entendu médical derrière ce terme, je l’étais. Je parlais peu, rigolais tristement, pleurais fréquemment. Je m’isolais, mangeais peu ou trop, dormais peu. Bref, une année gouvernée par une tristesse infinie, des pensées morbides, une envie de mourir, un désintérêt pour la vie, les cours et une haine incroyable envers le genre humain et moi-même.
Les vacances d’été arrivent après une déscolarisation en fin d’année et de très bons résultats au brevet, malgré mon absentéisme tout au long de l’année et l’absence de travail.
La deuxième année, celle de ma seconde. Le matin, j’étais celle a qui on a envie de parler, qu’on aime, qui s’aime. La fille populaire par excellence : aussi aimée que géniale.
Puis venait l’après-midi. Tristesse et colère menait un combat dans ma tête, laissant dans un premier temps seulement une grosse fatigue paraître. J’avais l’air léthargique, faible, les yeux dans le vague. Puis, dans un cas, la tristesse était gagnante. Je pleurais sur mon sort, sans jamais réellement savoir pourquoi. Mes pensées se divisaient en deux : l’insultée, l’insulteur. L’insulteur répétait des choses blessantes ; regarde-toi, un peu. Tu es ridicule. Tu es seule. Tu te moques des gens, mais tu n’es pas mieux, tu fais sérieusement pitié. Puis l’insultée, qui pensait « je ne veux pas être là, je veux mourir, je suis inutile, je ne sers à rien. » Puis, de l’extérieur, je peinais à m’exprimer. Je ne savais pas comment expliquer que je pleurais par ma faute, à cause d’une foutue voix dans ma tête qui me dénigrait. Et puis je m'imaginais souffrir. Je me voyais les veines ouverte, la tête explosée, au milieu de tous les autres en souhaitant qu'il m'ignore.
Lorsque la colère prenait le dessus, c’était un carnage. Mâchoire serrée, poings fermés, pensées extrêmement violentes. La chose la plus fréquente que je faisais était d’imaginer les personnes que je regardais en train de souffrir. Je leur trouais la jugulaire à la main, j’écrasais leur crâne contre des murs. Une à une, j’arrache ses dents. Une main sur la mâchoire du bas, l’autre sur celle du haut, et je tire, arrachant la bouche de ma victime. Je pensais des choses sanglantes que je ferais sur les autres, le regard vide. Et lorsque j’estimais qu’on me parlait trop, je n’avais aucune limite. Je criais, je hurlais même. J’insultais celui ou celle qui avait osé me parler, je lâchais des choses que je savais blessantes. J’attaquais volontairement les plaies. Mais dans ces moments-là, c’était comme si c’était l’insultante que s’extériorisait. Comme si elle prenait le dessus sur moi, et que je voyais cette scène de loin. D’ailleurs, je ne m’en rappelle jamais vraiment. Je sais ce qu’il s’est passé mais serait dans l’incapacité de le raconter.
Bref, troisième phase, ma troisième année, maintenant, mes seize ans. Hé bien, c’est un mix, sauf que je me suis renfermée et ai commencé à fumer de plus en plus. Je mâche mes propres dents lorsque je suis en colère, et ce tic me fait réaliser que je le suis très souvent. J’ai souvent les mains qui tremblent et ai de plus en plus envie de frapper les gens, de sentir mon poing écraser leur gueule, de les faire souffrir quand il me tape sur les nerfs. J’ai toujours ces mêmes images de violence dans ma tête, et cette incapacité à donner de la valeur à la vie d’autrui. Tout à l'heure, devant un inconnu en situation difficile j'ai pensé: "s’il meurt, je ferais semblant d’être traumatisée et on me foutra la paix."
En parlant de faire semblant, je mens compulsivement, avant même de réaliser que je le fais. Je mens sans cesse, et je ne comprends pas pourquoi. Je sais ce que les gens veulent que je dise, quand, et de quelle façon. Je suis une très bonne actrice, et joue presque constamment ma vie et cela est la principale raison de mon incapacité à me confier. Bref. Je manipule les gens, de sorte à leur faire croire que je les comprends, que je les trouve intelligents, attirants… Puis je me lasse, à une vitesse incroyable, et je m’ennuie d’eux. Toujours est-il que ma capacité à disparaître tout en affichant totalement ma présence est incroyable. Je n’ai jamais dit la vérité à un psy. J’ai remarqué que depuis toute petite je mens comme je respire. Et maintenant, ce que je dis dépend de mon interlocuteur.
Mais il arrive que je sois naturelle par moment.

Bref, je déteste parler aux gens, je déteste qu’il me parle, je déteste être fixé alors que moi-même je le fais, je déteste penser en public de peur qu’on lise dans ma tête, je déteste téléphoner, je déteste être observée.
Je ne cesse de rabaisser les autres.
Je ne me sens jamais réellement seule, ayant l’impression qu’on m’observe.
Lorsque je laisse quelque chose en vue, je suis presque persuadée qu’une personne va fouiller dedans (exemple : mon ordinateur.)
J’entends des voix, que je sais imaginaires.
J’ai des moments d’absences et quand je reviens je ne sais plus ce que je fais, et je ne m’en rends jamais compte quand je pars.
Je peux faire preuve d’une concentration incroyable sur un couteau qui rentre dans un pamplemousse et ne pas tenir en place lors d’un cours. Je ne suis pas les cours, ne travaille pas et perturbe mais garde des notes vraiment bonnes. Je déteste l’école et l’univers scolaire.
Je fais preuve d’un narcissisme inquiétant par moment.
Il m’arrive de penser à des choses puis observer le visage de la personne à mes côtés pour voir ses réactions, voir si elle entend mes pensées.
J’ai un QE étonnement bas, assez pour être surprenant, tellement que j’ai l’impression de ne rien ressentir par moment. À d’autres, il me semble extrêmement haut.
Autrement, je suis une personne particulièrement intelligente. Je suis très rationnelle et ne suis pas certaine de savoir si je me déteste ou si je m’adore.
Je déteste que l’on perturbe mes habitudes. Je range les choses soit comme un Tétris, soit dans l’ordre croissant. Par couleur ou par date. Une logique pour chaque chose. J’ai une routine le matin et avant de dormir et pourtant, chaque fois avant je visualise ce que je vais faire.
J’agis de manière étrange, je déteste les contacts et ne ressens pas d’attirance sexuelle (même si cela peut-être dû au fait que je sois trop jeune).
Je suis douée dans la plupart des choses que j’entreprends.
Il arrive souvent que mes deux yeux ne clignent pas en même temps, comme une erreur.
J’adore les animaux et déteste la saleté.
Je déteste soutenir le regard de quelqu'un et trouve ça stupide. Je n'ai jamais réellement pris l'habitude de regarder les gens quand je parle, ou de les regarder quand ils me parlent.
Je suis une parfaite hétérogénéité, avec quelques petits défauts pas spécialement marquant.
Je déteste être contredite, je déteste qu’une personne que je ne considère pas comme à ma hauteur tente de m’expliquer quelque chose.
Bref, la liste est encore longue, mais ce qui est sûr c’est que quelque chose déconne dans ma tête et j’aimerais savoir quoi.
C'est la première fois que je suis aussi sincère avec moi-même (et avec d'autres gens ?). Aucun mensonge ne décore mes lignes, ce texte est la plus fidèle expression de mes pensées, bien que encore incomplète. C'est pas si facile que ça
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Impression d'Etre Totalement Folle

Message par Dubreuil »

BertheT a écrit :Il y a trois années marquantes dans ma vie, qui m’encourage à parler à quelqu’un de ma folie.
Ce ne sont pas des années similaires, flous et in-différenciables.
Il y a la première année, celle où j’avais quatorze ans.
*** Troubles courants et attendus de l'adolescence

La deuxième année, celle de ma seconde. Le matin, j’étais celle a qui on a envie de parler, qu’on aime, qui s’aime. La fille populaire par excellence : aussi aimée que géniale.
Puis venait l’après-midi. Tristesse et colère menait un combat dans ma tête, laissant dans un premier temps seulement une grosse fatigue paraître. J’avais l’air léthargique, faible, les yeux dans le vague. Puis, dans un cas, la tristesse était gagnante. Je pleurais sur mon sort, sans jamais réellement savoir pourquoi. Mes pensées se divisaient en deux : l’insultée, l’insulteur. L’insulteur répétait des choses blessantes ; regarde-toi, un peu. Tu es ridicule. Tu es seule. Tu te moques des gens, mais tu n’es pas mieux, tu fais sérieusement pitié. Puis l’insultée, qui pensait « je ne veux pas être là, je veux mourir, je suis inutile, je ne sers à rien. » Puis, de l’extérieur, je peinais à m’exprimer. Je ne savais pas comment expliquer que je pleurais par ma faute, à cause d’une foutue voix dans ma tête qui me dénigrait. Et puis je m'imaginais souffrir. Je me voyais les veines ouverte, la tête explosée, au milieu de tous les autres en souhaitant qu'il m'ignore.
*** Troubles courants et attendus de l'adolescence avec colère et rage intérieure pour exprimer sa détresse
Sadisme lié à l'éveil de la sexualité, de la prise de conscience de l'autonomie, de la maîtrise de soi, des pulsions, des instincts, etc...
Quelque chose ou quelqu'un vous frustrait et c'était intolérable. Si vous avez été méprisée, insultée, humiliée dans l'enfance et l'adolescence ( ce qui semble être le cas ) il est tout à fait normal que votre " vengeance " s'exprime dans des fantasmes plus violents les uns que les autres. L'imaginaire n'a pas de limites.

Bref, troisième phase, ma troisième année, maintenant, mes seize ans. Hé bien, c’est un mix, sauf que je me suis renfermée et ai commencé à fumer de plus en plus. Je mâche mes propres dents lorsque je suis en colère, et ce tic me fait réaliser que je le suis très souvent. J’ai souvent les mains qui tremblent et ai de plus en plus envie de frapper les gens, de sentir mon poing écraser leur gueule, de les faire souffrir quand il me tape sur les nerfs. J’ai toujours ces mêmes images de violence dans ma tête, et cette incapacité à donner de la valeur à la vie d’autrui. Tout à l'heure, devant un inconnu en situation difficile j'ai pensé: "s’il meurt, je ferais semblant d’être traumatisée et on me foutra la paix."
*** Toujours ce manque d'équilibre émotionnel qui se résorbera progressivement avec l'accès à la maturité psychique ( en principe vers 20, 21 ans )

Je n’ai jamais dit la vérité à un psy.
*** Alors là, le psy s'en fiche ! ( rire ) c'est ce que vous ne lui dites pas qu'il comprend fort bien.

J’ai remarqué que depuis toute petite je mens comme je respire. Et maintenant, ce que je dis dépend de mon interlocuteur.
Mais il arrive que je sois naturelle par moment.
***Mentir, petit ou grand, c'est surtout se consoler, se protéger, se réparer.

J’ai un QE étonnement bas, assez pour être surprenant, tellement que j’ai l’impression de ne rien ressentir par moment. À d’autres, il me semble extrêmement haut.
*** C'est à dire ?
Une " zébrette " qui s'ébroue ?

C'est la première fois que je suis aussi sincère avec moi-même (et avec d'autres gens ?). Aucun mensonge ne décore mes lignes, ce texte est la plus fidèle expression de mes pensées, bien que encore incomplète. C'est pas si facile que ça
*** Mais c'est un bon début, même si vous vous en fichez un peu !
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
BertheT
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Re: Impression d'Etre Totalement Folle

Message par BertheT »

Dubreuil a écrit : *** Troubles courants et attendus de l'adolescence
*** Troubles courants et attendus de l'adolescence avec colère et rage intérieure pour exprimer sa détresse
Sadisme lié à l'éveil de la sexualité, de la prise de conscience de l'autonomie, de la maîtrise de soi, des pulsions, des instincts, etc...
Quelque chose ou quelqu'un vous frustrait et c'était intolérable. Si vous avez été méprisée, insultée, humiliée dans l'enfance et l'adolescence ( ce qui semble être le cas ) il est tout à fait normal que votre " vengeance " s'exprime dans des fantasmes plus violents les uns que les autres. L'imaginaire n'a pas de limites.
*** Toujours ce manque d'équilibre émotionnel qui se résorbera progressivement avec l'accès à la maturité psychique ( en principe vers 20, 21 ans )
*** Alors là, le psy s'en fiche ! ( rire ) c'est ce que vous ne lui dites pas qu'il comprend fort bien.
***Mentir, petit ou grand, c'est surtout se consoler, se protéger, se réparer.
*** C'est à dire ?
Une " zébrette " qui s'ébroue ?
*** Mais c'est un bon début, même si vous vous en fichez un peu !
Avant tout, je vous remercie sincèrement d'avoir répondu à mon message et d'avoir en quelques sortent réussi à apaiser mon esprit. Je trouve ça plutôt réconfortant de savoir que je ne suis pas folle, mythomane ou atteinte d'une pathologie qui, dites à voix haute effraie ce qui ne sont pas renseignés.
Ensuite, j'aimerais comprendre ce que vous sous-entendez pas une "zébrette qui s'ébroue". Bien sûr, je connais le terme zèbre, mais j'avoue ne pas comprendre le lien avec le QE et le verbe "s'ébrouer".
Aussi, vous parlez d'éveil de la sexualité, tandis que moi j'ai de mon côté plutôt l'impression que justement, ce n'est pas encore le cas. Probablement est-ce donc une des autres raisons.
En tout cas, merci beaucoup, je ne regrette absolument pas ma sincérité, bien que se confier m'ait d'abord paru une mauvaise idée.
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Impression d'Etre Totalement Folle

Message par Dubreuil »

Ensuite, j'aimerais comprendre ce que vous sous-entendez pas une "zébrette qui s'ébroue".
Intelligence à haut potentiel qui caracole comme elle peut au milieu de ses troubles comportementaux ( classiques ), et la gestion de ses questionnements existentiels.
Il me semble pourtant bien que c'est là que l'on retrouve le quotient émotionnel dans toute sa splendeur.
Avec votre grande sensibilité et ce foisonnement intellectuel, fixez-vous... une passion ! Ne la lâchez plus et tout ce qui gravitera autour d'elle vous tirera très vite de vos marasmes.
C'est justement parce que votre sexualité est " en devenir ", qu'elle vous travaille inconsciemment ( ou pas ) autant ! Vos instincts pusionnels ( vie, mort ) ne lui font pas de cadeau !
( regardez explication : pulsions vie/mort sur internet. )
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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