je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

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laou
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je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

Message par laou »

J'ai 18 ans, bientot 19. Premièrement je tiens à dire que tout ça j'en ai déjà parlé en thérapie mais rien n'y fait, je ne vais pas mieux, je ne comprends pas ce qui m'arrive et je n'arrive pas à chercher des solutions puisque je ne sais même pas dans quelle direction regarder. En plus depuis un certain temps je n'arrive plus à parler de tout ça à ma psy car j'ai l'impression que ça ne servirai à rien. Cette publication a surtout pour but de me libérer au moins partiellement, et de mettre tout au clair enfin d'essayer...
Bon je viens de passer 10 minutes à éviter mon ordi du regard pour ne pas avoir à écrire la mais je crois que c'est le moment de me forcer un peu.
J'ai été pendant plus de deux ans avec un garçon à qui j'étais incroyablement attachée, on a très vite commencé à être malheureux on ne se correspondait pas du tout mais on se voilait la face parce qu'on avait envie de rester ensemble, on était dépendants et on se persuadait que c'était de l'amour, en tout cas moi je crois que c'était ça (ou bien si c'était de l'amour ça voudrait dire que c'est super malsain et dangereux et horrible l'amour). Le fait est qu'après maintes et maintes ruptures (lui partait et je revenais et il cédait par "amour") il a fini par me quitter définitivement lors d'une dispute au téléphone. J'ai eut beaucoup de mal à comprendre et à accepter, surtout que pendant longtemps on a continuer à se voir et à avoir des gestes d'affection l'un pour l'autre et que plus tard on a couché ensemble à nouveau. A la rentrée scolaire il m'a dit ne plus être amoureux de moi mais j'avais toujours l'espoir j’interprétais tout comme si c'était un signe d'amour. Et puis il a eut une copine, puis il m'a dit qu'elle était moins bien que moi, puis il l'a trompé avec moi en me disant que c'était bien mieux avec moi qu'avec elle. Il ne m'aimait pas selon lui, je n'y ai pas cru, on a continué à se fréquenter mais ce n'était plus pareil. j'ai fini par lui dire que je l'aimait toujours et il m'a dit que ce n'était pas réciproque. Bref j'ai arrêté de lui parler pendant un temps, j'ai voulu lui dire un jour le mal que cette relation m'avait fait mais comme d'habitude la conversation est restée stérile et je me suis sentie humiliée par lui. Il m'avait dit que je lui avait manqué "pas comme je l'aurais voulu" et que ça lui faisait plaisir de me voir (jusqu'au moment ou je lui ai dit que c'était parce que je lui en voulait que je demandais a le voir et la il a été méchant).
BREF ça m'agace de raconter ce qui est passé alors que je dois me construire dans le présent. Je fais tout le temps ça, je ressasse à la recherche d'une réponse que je ne trouve pas.
Maintenant je me sens vraiment, vraiment en colère et ça me bouffe la vie. Je ne sais plus du tout qui je suis, j'ai arrêté de parler à tout le monde parce que j'ai peur de m'attacher maintenant, je rejette tout le monde, je suis en colère contre tout, tout le monde m'agace, je deviens méchante, complètement intolérante au moindre défaut chez les autres. Je me suis perdue je ne sais pas ce que je suis et qui je ne suis pas. J'aimerai simplement oublier que tout ça est arrivé mais je ne peux pas.
Je ne sais pas quoi faire, ni pourquoi je suis aussi sensible. Je ne vis plus et je veux juste fuir ce qui fait que je me suis embarquée pour partir autour du monde l'année prochaine en grande partie pour m'échapper. Je suis en colère contre moi pour ne pas être partie dès le début, pour continuer à y penser, pour avoir nié ce que j'étais réellement pendant si longtemps, contre lui pour plein de raisons, contre la vie pour m'avoir fait trop sensible (depuis mon plus jeune âge semblerait il). En fait je suis tout le temps en colère et je deviens distante avec tout le monde, je trouve ça tellement injuste d'être la seule à en pâtir. Je ne comprends pas pourquoi je suis toujours tellement remontée pourquoi j'ai toujours autant envie de pleurer de rage alors que j'ai réalisé que cette personne est horrible que je ne veux jamais plus inclure quelqu'un de tel dans ma vie. Seulement je ne sais pas ce que je veux, ce qui me convient, je cherche mais j'ai l'impression de n'aller nul part. J'aimerai oublier ce qui s'est passé pour recommencer à zéro et me redécouvrir moi même mais je n'y parvient pas, je me suis perdue en chemin j'ai l'impression. Je déteste ce garçon et j'aimerai tout détruire dans sa vie mais j'ai comme l'impression que ces sentiments sont là pour me montrer quelque chose mais je n'arrive pas à savoir quoi. Je désespère, je suis en train de pourrir avec toute cette haine qui me ronge je veux m'en débarrasser mais j'ignore comment et mes pensées sont tellement... je dirais grouillantes, que je me perd en réflexions. Je ne comprends pas pourquoi je n'arrive pas à continuer ma vie comme les autres, j'ai l'impression d'avoir franchi une barrière invisible qui me sépare du monde et que je n'arrive plus à faire marche arrière.
voila je sais que c'est un gros bordel et j'imagine que j'ai l'air d'une pauvre dépressive qui se plaint pour rien (comme il aimait à le dire) mais je suis dans une détresse que j'ai rarement expérimenté et que je n'arrive pas à exprimer, même ici dans l'anonymat
je ne sais pas trop comment terminer ce message... au revoir?
Dubreuil
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Re: je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

Message par Dubreuil »

J'ai 18 ans, bientot 19. Premièrement je tiens à dire que tout ça j'en ai déjà parlé en thérapie mais rien n'y fait, je ne vais pas mieux, je ne comprends pas ce qui m'arrive et je n'arrive pas à chercher des solutions puisque je ne sais même pas dans quelle direction regarder. En plus depuis un certain temps je n'arrive plus à parler de tout ça à ma psy car j'ai l'impression que ça ne servirai à rien.
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laou
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Re: je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

Message par laou »

Mais encore
Dubreuil
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Re: je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

Message par Dubreuil »

J'ai 18 ans, bientot 19. Premièrement je tiens à dire que tout ça j'en ai déjà parlé en thérapie mais rien n'y fait, je ne vais pas mieux, je ne comprends pas ce qui m'arrive et je n'arrive pas à chercher des solutions puisque je ne sais même pas dans quelle direction regarder.
*** C'est justement au psy qu'l faut parler, il est là pour vous accompagner dans vos questionnements.

En plus depuis un certain temps je n'arrive plus à parler de tout ça à ma psy car j'ai l'impression que ça ne servirai à rien.
*** C'est la solution de facilité que tous les patients adoptent quand ils arrivent ENFIN à leur problématique. C'est là que le travail commence...

*** Si vous êtes déjà en thérapie, et que vous souhaitez parler ici de votre problématique...
Le travail thérapeutique entrepris avec un psy demande que le patient s'attache à ce qui s'est dit et ce que le thérapeute lui a renvoyé.
Etre tenté d'aller exposer sa problématique sur un forum risque d'émousser la qualité de la thérapie, de noyer justement le processus de compréhension. La multiplicité des réponses éloigne la réponse de la personne elle-même.
L'éthique d'un thérapeute demande ainsi de respecter la qualité du travail effectué par son confrère et de respecter son patient, en ajoutant rien de plus de ce qu'il appréhende, afin de ne pas perturber le lien avec des réponses " arrivant trop vite ", parce que pas encore réfléchies.
Le risque des propositions d'interprétation psy sur le net, c'est de dépasser l'entendement du patient et nuire à son propre cheminement, qui lui est indispensable pour justement se dégager de sa souffrance et de ses problèmes.

Courage !
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Re: je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

Message par laou »

Le problème étant qu'on est resté plus de 5 mois sur la dite problématique et que je sens rien "ressortir" des séances et comme j'écris beaucoup j'ai voulu le faire sur internet pour voir si ça changeait quelque chose, mais non, rien. J'ai juste fait une tentative vaine de plus je ne me sens ni plus ni moins libérée de mon poids, je ne cherchais pas d'aide je sais que personne ne peut m'aider, je cherchais juste à ouvrir les vannes, ça n'a pas marché.
Dubreuil
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Re: je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

Message par Dubreuil »

*** C'est justement au psy qu'l faut parler, il est là pour vous accompagner dans vos questionnements.
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Re: je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

Message par laou »

ouais bah visiblement ça marche pas pour tout le monde j'aurais du la fermer bonne soirée
Dubreuil
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Re: je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

Message par Dubreuil »

Nous ne rencontrons pas nos " amours " par hasard, et ils sont là pour nous faire évoluer.
Tout dépend jusqu'où on est prêt à aller pour se rendre compte qu'une relation nous détruit. Tout repose sur le leurre de penser qu'elle ne doit pas se terminer parce qu'on s'y est trop investi.
Mais l'amour n'est pas fait de larmes et de " sacrifices " de concessions masochistes ou d'irrespect envers soi-même, si c'est le cas c'est que vous vous êtes peut-être trompé(e) de nom.
L'amour c'est une égalité, un partage, des élans, la confiance, la complicité, c'est se sentir libre et heureux... et si dans votre relation actuelle vous ne trouvez pas un écho à l'un de ces 7 mots, dites-vous que vous perdez du temps et de l'amour pour quelqu'un d'autre qui vous attend ailleurs.
Nulle personne au monde ne mérite que l'on gâche sa vie pour elle.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
laou
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Re: je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

Message par laou »

C'est pas possible c'est une IA je vois pas d'autre explication
Dubreuil
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Re: je suis tellement triste et en colère que je ne vois plus clair

Message par Dubreuil »

JE T'AIME

N’importe qui s’occupant de psychothérapie et de psychanalyse aura pu noter que les thèmes qui expriment principalement la souffrance des êtres humains sont : l’insatisfaction amoureuse, et le vécu d’incompréhension et de délégitimation au sein de la famille.
Beaucoup de larmes sont versés lors de chaque psychanalyse lorsque les défauts sont évoqués, qui, s’ils ne sont pas liés manifestement à des dynamiques sado-masochistes, décrivent pour le moins des vécus d’incompréhension, de frustration vis-à-vis du partenaire, de refus, et de rejet.
L’amour sous ses deux aspects de sentiment et de sexualité est essentiellement l’expression du besoin de l’être humain d’atténuer sa solitude.

*** Du point de vue micro-psychanalytique, l'amour a pour but essentiel de réaliser un contact qui porte à la réalisation d’une vraie et propre fusion psychobiologique avec un autre individu.
Notre existence résulte d’une fusion, entre l’ovule maternel et le spermatozoïde paternel qui sont tous deux à l’origine d’un projet vital éphémère dont l’unique but est d’immortaliser le patrimoine génétique avec une union successive qui donne lieu à la création d’un nouvel individu.
Nous aimons pour fuir le vide d’où nous provenons, et vers lequel nous sommes inexorablement attirés.
Et nous aimons pour tenter de réédifier cette situation d’agrégation, qui défiant presque les lois de la nature, permet à l’ovule fécondé porteur de matériel génétique incompatible avec le système d’immuno-surveillance maternel, de poursuivre sa croissance.

*** Tout commence avant nous
les événements traumatiques de n’importe quelle époque de développement sont mémorisés, et déterminent des noyaux de fixation qui influenceront les structurations successives des tentatives psychobiologiques de l’être humain.
Il suffit de réfléchir sur la possibilité que tous les organismes vivants (même les unicellulaires) ont de retenir les informations concernant des événements traumatiques, informations qui sont inscrites au niveau cellulaire dans chaque district de l’organisme et non seulement dans le cortex cérébral.

*** Le choix amoureux est un choix conditionné par le terrain psychobiologique de l’individu.
Il suffirait d’étudier avec attention les centaines d’arbres généalogique pour se faire une idée à ce sujet. Par exemple :
” …Un industriel se marie deux fois.
La première femme le quitte pour épouser un homme instable qui la rend malheureuse.
Elle commence à boire et finit par se suicider.
L’industriel se remarie avec une femme dont la mère s’est également suicidée.
Le fait que la sœur de l’industriel se soit suicidée elle aussi, témoigne du caractère génotropique des deux mariages”.

*** Aimer est une entreprise titanesque.
Nous pouvons affirmer qu’au niveau microscopique, cellulaire, la recherche de l’Autre, la fusion et l’état de grossesse, se réalisent en contournant... la peur ( ! )
Les successions d’impulsions nerveuses ou les phéromones, et les autres délicates fonctions enquêtées par la psyconeuroendocrinoimmunologie (PNEI), qui apparaissent d’une manière synchrone pendant la situation amoureuse, sont seulement l’aspect somatique d’un phénomène extrêmement complexe et inextricablement connexe avec la vie psychique (affects et représentations mentales) qui se ramifient, comme dans chacun des autres aspects de l’existence, en franchissant la vie individuelle et en enfonçant leurs racines dans la phylogenèse.

*** En premier lieu, la poussée instinctuelle au contact, à la fusion, à la compénétration, doit vaincre, une autre poussée, de signe contraire, inscrite dans chaque organisme:
- la bataille avec l’Autre ( le ou la partenaire devant l’adversaire ), qui se déroule incessamment au niveau cellulaire et immunitaire. Et se manifeste dans des réactions qui tendent à maintenir l’intégrité et l’unicité de notre propre structure somato-psychique: la phagocytose et le rejet.
Cette activité de sauvegarde de la propre unicité existe, et se manifeste au niveau de notre psychisme.
L’interaction inconsciente qui existe entre les personnes, fait qu’il existe dans le “profond” de chacun de nous, la poussée à éliminer " l’adversaire ", et très souvent le partenaire assume inconsciemment les caractéristiques de cet adversaire.

*** L’hallucination amoureuse
Le rapport amoureux comme n’importe quel autre rapport psychique est essentiellement réglé par un rapport inconscient entre les facettes iconiques activées chez les sujets impliqués dans la relation amoureuse.
Nous pouvons imaginer cette dernière non comme un rapport entre A et B (les deux sujets amoureux) mais comme un rapport conditionné par l’interposition entre A et B d’une série de facettes de l’Image constituée de l’Imago entré pour faire partie du matériel iconique généalogique provenant du matériel iconique phylogénétique, qui sont actives dans leur esprit et qui agissent comme une sorte de satellite de communication entre la station A et la B.

Notre vie provient d’un mélange absolument fortuit de circonstances qui conduisent deux géniteurs à l’union sexuelle.
Si certainement d’un point de vue somatique et génétique nous sommes les enfants des deux personnes qui se sont unies sexuellement et ont mis à disposition leurs gamètes, d’un point de vue psychique de qui sommes nous les enfants ?
Nous pensons bien sûr à l’instant constitué d’un coït entre sujets potentiellement féconds. Et dans le délire social nous pouvons croire que cette union des sens est souvent sous l’empire d’un amour inconditionné. Mais, le matériel de séance ( thérapie ) nous montre d’une façon absolument incontestable que le jeu des fantaisies, qui servent de support à l’excitation érotique, est un kaléidoscope incontrôlable.

S’il nous était possible de réaliser un concentré iconique de la masse de l’activité fantasmatique synchrone de l’acte sexuel nous obtiendrions deux images bien définies:
Elle, la femme, fait réellement l’amour avec l’objet de sa fixation oedipienne : le père.
Lui, l'homme, fait réellement l'amour avec l'objet de sa fixation oedipienne : la mère.

*** “ Alors, de qui est le fils, d’un point de vue psychique, cet être humain?”
– Non de ses parents biologiques, mais plutôt des imago incestueuses qui ont été réinvesties dans le rapport consumé.
C’est-à-dire, moi, fils de mon père biologique Y, et de ma mère biologique X, je suis en réalité fils psychiquement de YY (père de X) et de XX (mère de Y) (toujours à condition que ces derniers aient été les réelles fixations incestueuses).
Parfois, le désir incestueux est tellement puissant que le fruit de la conception devient le nouveau pôle d’engagement de la fixation oedipienne-incestueuse.
On a conçu un fils-amant qui demeurera tel pour le restant de l’existence des deux sujets (il s’agit là d’un thème magistralement traité par des grands metteurs en scène comme Visconti et Pasolini).

Cette définition implique, comme le souligne Peluffo (Il persecutore, Scienza e Psicoanalisi, 2003) que les traces mnésiques des problèmes traumatiques et des noyaux de fixation, se constituent en ensembles desquels les informations se transfèrent du ça dans l’inconscient et le programment.
Un software aberrant se structure alors, basé sur des expériences traumatiques primordiales qui à partir de cet instant dictera les comportements psychiques et psychosomatiques pour le reste de l’existence.
Le stockage au niveau du Processus primaire aura comme résultat que l’on ne pourra modifier de telles instructions de comportements psychobiologiques sans une analyse très profonde (décomposition et destructuration).
Ces amours fusionnels qui se structurent dans l’utérus sont indivisibles: ils continuent à subsister pour le reste de l’existence même s’ils sont dissimulés par les superstructures et par les tentatives successives.

La triste séquelle des amours ratés trouve son origine dans le fait que les sujets incapables de couronner leur rêve d’amour sont en réalité fondus et compénétrés avec une Imago inconsciente, et ce, souvent même sans le savoir.

Le cas clinique suivant peut donner au lecteur une idée de la profondeur du conditionnement ancestral.
– Le cas clinique
Voici une femme, souffrant d’une grave maladie métabolique, issue d’une famille caractérisée par une notable tendance incestueuse non mise en pratique.
La mère de la patiente en particulier vit un amour inconscient, hautement idéalisé avec le frère, médecin réputé, qui dans l’imagination familiale est considéré comme une sorte de demi-dieu.
Il est très probable que l’investissement fantasmatique sur le frère au moment de la conception et durant toute la gestation ait, pour utiliser une expression populaire et sportive, passé le témoin de la succession à la fille qui nourrit envers son oncle, sans le savoir, un amour infini, pour lequel, seulement en analyse, elle découvrira les caractéristiques sexuelles.
La santé de la petite fille est confiée aux bons soins du Professeur ( l'oncle médecin réputé ).
Il est évident que rationnellement, une telle procédure est la plus aisée! Pourquoi aller consulter à l’extérieur lorsque l’on a dans la famille un professionnel affirmé ? En réalité, accepter d’être le médecin de la famille expose les membres de la famille et le médecin lui-même à une phénoménologie fastidieuse dans laquelle les dynamiques de possession-destruction de l’Objet passent par la construction inconsciente de maladies qui se croisent avec des tentatives amoureuses de sollicitude.
Un résultat possible de cette situation peut être la création de syndromes chroniques. L’inconscient, dans sa tentative d’obtenir satisfaction, aggrave la symptomatologie de manière à créer une situation d’urgence, qui balaie les doutes déontologiques.
Dans le but d’être plus bref, je ferai référence seulement au matériel élaboré durant l’étude à l’aide de loupes d’agrandissement progressif d’une photo du mariage où l’on peut voir la jeune femme au bras de l’oncle (qui l’avait accompagnée à l’Autel à la place de son père !) relative à la déconcertante prise de conscience de la fixation incestueuse:
- “Il y a mon oncle vêtu comme un ‘marié’ et moi revêtue de la robe nuptiale. J’ai terriblement honte ! Nous ressemblons réellement à un couple qui va se marier (elle pleure intensément se montrant très affectée) et de surcroît j’étais enceinte, et j’étais sur le point de dire ” j’étais enceinte d’un autre ” (lapsus). Je voulais dire que je n’étais pas enceinte de mon oncle…. Je l’avais trahi !….
C’est comme si nous étions mariés. Mon oncle a les doigts comme s’il disait OK et mon fils également les mets de cette façon et ce depuis sa petite enfance…. j’ai honte de rester au bras de mon oncle et d’être aussi contente de m’y trouver! j’ai honte de lui qui est ainsi heureux d’être à la place de mon mari ! Depuis que j’ai commencé mon analyse il ne me cherche plus. C’est fou puisque seulement à présent je me rends compte de m’être mariée et de n’avoir jamais appartenu à mon mari ! Je me suis arrangée pour passer notre première nuit de noces dans la région de mon oncle. Je n’ai pas réussi d’une manière absolue à m’éloigner de lui, c’était un peu comme un yo-yo ! Une chose insensée ! Une vie attachée à lui sans le savoir ! Vous êtes le premier médecin que je consulte sans demander de me faire connaître son opinion: cela ne m’était jamais arrivé. Moi, durant l’adolescence je n’ai jamais été amoureuse d’un adolescent parce que j’appartenais déjà à ce salaud ! Durant une certaine période je l’ai même désiré physiquement, je le voulais ! Et j’éprouvais pourtant une grande honte ! J’ai désiré mon oncle de la même façon que je vous ai désiré Vous !” (la première phase de l’analyse avait fait l’objet entièrement d’un travail très dur de neutralisation d’une érotisation du transfert, en réalité une résistance par déplacement: le médecin pris comme l’objet incestueux).

Matériel semblable n’est pas rare dans le travail clinique du psychologue analyste.
Chaque fois que je le rencontre je ne peux que me demander ce que signifie : « Je t’aime »."

Article crit par: Quirino Zangri
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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