Je n'ai rien vécu à 28 ans

Forum ado mal être
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19336
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Dubreuil »

MAIS VOUS... VOUS, BARIOR, QU'EN PENSEZ-VOUS ?
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Barior
Messages : 19
Inscription : 15 juin 2023, 17:47

Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Barior »

Ben justement, j'en sais rien du tout. C'est pas la première fois qu'on me dit ça. Ma sœur me l'avait sorti une fois quand je devais avoir 15 ans en pleurant "on sait pas ce qu'il pense". La fille dont j'ai parlé l'année dernière aussi "j'aimerais bien savoir comment tu penses" mon autre sœur "il est vide"

Et oui, effectivement, je sais pas ce que je pense. Je suis perdu. Ce mal-être me ronge depuis je dirais l'adolescence et je sais pas quoi faire pour en sortir.
Peut-être un choc psychologique comme un voyage.

Bref je crois qu'on tourne en rond. Mais effectivement je me sens vide à l'intérieur depuis tant d'années... Je pense que ce n'est pas normal : à l'adolescence on est censé penser le monde etc... ça n'a jamais été mon cas.

Mais je voudrais si possible aussi votre expérience de psy : est-ce que vous avez déjà vu des cas comme moi, perdus, sans pensée propre, murés dans une souffrance qui les empêche de s'exprimer, se soigner avec un voyage ? Pensez-vous que ce soit une solution ? Ce que je pense de ça en tout cas : ça me paraît être la dernière solution puisque je n'en vois plus d'autre, les psys justement ne pouvant m'aider. Mais je doute en permanence évidemment puisque je mets en jeu mon avenir professionnel... bref, désolé si je vous énerve avec mes réflexions
Nomatone
Messages : 153
Inscription : 10 déc. 2022, 22:42

Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Nomatone »

Sans pensée propre? Pourtant, ce sont bien vos pensées, vos idées, vos questionnements, vos émotions que vous venez nous partager sur ce forum. Certes, vous êtes pétri de doutes, perdu comme vous dites, mais je n’ai pas l’impression de lire les réflexions d’une coquille vide.

Le projet du voyage, personne ne peut vous dire s’il est bon pour vous, s’il vous conviendra. Je peux dire néanmoins ceci : depuis le temps que vous avez abordé le sujet, et avec les encouragements donnés ici, l’idée aurait dû faire son chemin, susciter une bonne dose d’enthousiasme et non devenir un nouvel objet de rumination et d’inquiétude. Vous abordez le projet comme une planche de secours et c’est peut-être illusoire. Partir c’est traverser aussi de grands moments de solitude, déployer beaucoup d’énergie pour rencontrer les autres mais aussi se retrouver avec soi-même et le supporter! Lisez Nicolas Bouvier. Connaissez-vous de lui cette phrase tellement juste sur le voyage : « Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui même. On croit qu'on va faire un voyage mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ou vous défait. Le voyage fournit des occasions de s'ébrouer mais pas -comme on le croyait- la liberté. » ou encore "On ne voyage pas pour se garnir d'exotisme et d'anecdotes comme un sapin de Noël, mais pour que la route vous plume, vous rince, vous essore, vous rende comme ces serviettes élimées par les lessives qu'on vous tend avec un éclat de savon dans les bordels."

Qu’est-ce qui ne marchait pas chez « les » psys finalement? Vous avez évoqué une expérience où vous ne vous êtes pas senti entendu, mais on ne peut pas accrocher avec tous les psys.
Avez-vous jamais tenté avec quelqu’un d’autre? Ou tenté une autre forme d’accompagnement? Le coaching par exemple?

Autre question/piste de réflexion: avez-vous déjà entendu parler de l'alexithymie? Regardez sur internet. Vous reconnaissez-vous?
Barior
Messages : 19
Inscription : 15 juin 2023, 17:47

Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Barior »

Par "sans pensée propre" je voulais dire qui n'a jamais d'avis sur rien, pas même sur comment conduire sa vie. Je l'observe très souvent autour de moi par comparaison, j'ai l'impression d'être un peu encore un enfant qui ne sait pas prendre de décisions tout seul.

Pour le voyage, j'avais vraiment envie de le faire il y a 2 ou 3 ans puis est arrivé un accident de travail, pas grave mais un peu traumatisant sur le coup, et ça m'a sapé le moral après. Maintenant je me dis que j'ai plus à y perdre qu'à y gagner alors qu'il y a 3 ans c'était vraiment mon objectif. L'objectif derrière c'est vraiment d'apprendre à vivre avec les autres puisque je ne sais pas ou plus comment faire. A voir comment se déroule l'année dans mon nouvel emploi, si ça me permet d'évoluer.

A vrai dire l'alexithymie je m'y reconnais un peu mais je ne sais pas si c'est ça ou une anxiété généralisée et en particulier sociale qui entraînerait des symptômes tels que décrits dans cette pathologie. Face aux autres je suis vraiment mal à l'aise, toujours à interpréter (en général négativement) ce qu'ils peuvent penser de moi etc. Avoir des conversations informelles c'est très compliqué pour moi c'est vrai. On pourrait me qualifier de taiseux, chiant, pas drôle, sans passion. Mais il arrive à de rares moments, quand l'envie est là et que j'ai un ou deux verres dans le nez, que j'arrive à prendre plaisir à converser, mais c'est très rare et encore plus dans la vie d'adulte par rapport à avant. Ceux qui ont plus confiance en eux ont tendance à prendre la place. Et ma vie est compliquée parce que je suis plus anxieux que la moyenne, c'est indéniable et factuel. Mais comme beaucoup de gens j'ai tendance à me reconnaître dans beaucoup de pathologies sur internet sans que ça reflète forcément la réalité... pour autant je pense bien avoir un souci.

Une autre hypothèse serait que j'ai été un peu "mal élevé", je veux dire par là que j'ai été un peu surprotégé et pas forcément habitué à recevoir et côtoyer des gens extérieurs à la maison étant gamin, donc je serais un peu devenu "sauvage" par l'environnement. En plus des quelques années collège pas faciles... Pour savoir si l'environnement est primordial je peux me comparer avec mes deux sœurs : elles aussi ont des difficultés de timidité, pour autant elles savent (encore?) rire et partager de bons moments avec leurs proches, amis et famille. Elles savent impulser quelque chose, des échanges informels et joyeux. Moi non, si je rigole c'est toujours suite au rire de quelqu'un d'autre. Des fois je me dis que je suis peut-être juste quelqu'un qui n'aime pas les autres mais qui pourtant souffre de ne pas avoir de relations. Ou alors je me suis renfermé sur moi-même juste à cause de quelques moqueries mais à ce point ça me paraît un peu exagéré. J'ai aussi toujours vécu isolé depuis l'âge de 15 ans, d'abord avec ma mère( grande sœur partie et petite gros problèmes borderline, fugues, crises etc) puis vraiment seul depuis mes études : à force de vivre seul on finit par ne plus savoir comment s'y prendre avec les autres.

Peut-être aussi que je passe trop de temps à réfléchir sur tout ça et que c'est juste un manque de courage, une façon de se plaindre et de rechercher une attention au lieu d'agir. Si ça se trouve c'est juste un manque de courage et d'éducation mêlé à de l'anxiété qui fait que j'ai un retard dans les aptitudes sociales, et non une pathologie.

Bref, le hic c'est que délimiter le vrai du faux en psychologie j'ai l'impression que c'est très complexe même pour les professionnels aujourd'hui donc même si on a un problème, on se retrouve démuni parce qu'on ne sait pas vraiment quel est ce problème et quelle solution donc pourrait coller... Pour la psy qui me suivait elle m'écoutait sans problème, peut-être que c'est juste moi qui n'ai pas le courage d'évoluer, que je suis blasé, sans envie et que malgré les propositions qu'on me fait je persiste dans le statut de victime qui doute et qui ne veut pas prendre de résolutions ou d'engagements. En fait je crois que j'espérais une réponse claire sur mon problème avec toutes les explications etc...
Je n'ai pas encore essayé le coaching mais j'y ai déjà pensé sérieusement.

En tout cas merci pour vos réponses et votre patience, je ne sais pas si vous êtes bénévole ou non pour ce forum mais dans tous les cas c'est vraiment bien.
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19336
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Dubreuil »

Bref, le hic c'est que délimiter le vrai du faux en psychologie j'ai l'impression que c'est très complexe même pour les professionnels aujourd'hui donc même si on a un problème, on se retrouve démuni parce qu'on ne sait pas vraiment quel est ce problème et quelle solution donc pourrait coller.
*** Vous vous fichez de qui là ?

En tout cas merci pour vos réponses et votre patience, je ne sais pas si vous êtes bénévole ou non pour ce forum mais dans tous les cas c'est vraiment bien
*** C'est vraiment bien que vous n'ayez rien à payer, effectivement, 60 euros pour chacune de nos interventions professionnelles et ciblées, et vous auriez bougé vos fesses !

Alimenter votre pathologie ne me concerne plus.
Vous relevez d'un CMP, c'est gratuit, et vous pourrez continuer à vous plaindre.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Nomatone
Messages : 153
Inscription : 10 déc. 2022, 22:42

Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Nomatone »

Barior a écrit : 11 oct. 2023, 23:25 En fait je crois que j'espérais une réponse claire sur mon problème avec toutes les explications etc...

En tout cas merci pour vos réponses et votre patience, je ne sais pas si vous êtes bénévole ou non pour ce forum mais dans tous les cas c'est vraiment bien.
Elles disent beaucoup, ces dernières phrases. C'est le petit enfant qui dit : "Bouh, vous êtes nulles, vous m'avez pas aidé." Et ensuite dépose le bâton pour attraper la brosse et caresser dans le sens du poil par peur des réprimandes.

Ecoutez, libre à vous d’espérer mais vous êtes un peu âgé pour vous bercer d’illusion sur la possibilité de décharger aux autres la responsabilité de votre existence.

Pour le reste, je pense que vous êtes tout à fait lucide sur votre situation. Vous avez cerné les problèmes puisque vous les énumérez. Comme ce sont des difficultés assez communes, vous trouverez facilement une manière d’agir de manière ciblée sur les différents points exposés. Reste à trouver l’envie et le courage d’agir. C’est principalement sur cela que vous aurez à travailler pour sortir de votre marasme.

Bonne continuation.
Barior
Messages : 19
Inscription : 15 juin 2023, 17:47

Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Barior »

Excusez-moi, bonne continuation également.
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