Je n'ai rien vécu à 28 ans

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Dubreuil
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Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Dubreuil »

Je ne comprends pas la phrase "c'est tentant de se croire interdit aux heureuses expériences".
Selon vous je fais inconsciemment exprès de me dire ça parce que quoi, c'est plus facile et il y a moins besoin de réfléchir, d'être courageux ? C'est plus confortable ?
*** Vous ne le faites pas exprès, c'est en effet inconscient. Nous sommes conditionnés, formatés dés la naissance, éduqués à des croyances nous permettant de vivre. Ce sont des schémas de vie, de pensées, où nous nous sommes habitués sans nous poser de questions, la routine. En grandissant le raisonnement nous vient, on relève les inepties, on rectifie le tir, mais on peut aussi ne pas y prendre garde ou juger cela trop déstabilisant. (Par exemple ne pas oser remettre en question une idée fausse venant d'une personne que l'on aime parce qu'en l'affrontant on a peur de la perdre . Ou encore parce que cette personne nous domine)
C'est une habitude prise, un schéma de comportement et de pensée, qui, si on y prend garde, fausse notre jugement et l'estime de soi. On recommence les mêmes erreurs, on garde le même comportement parce que l'on est malheureux et qu'il n'y a personne pour nous comprendre, nous consoler. Alors on reste dans le connu, et sans s'en rendre compte on a capitulé.

Je ne vois pas en quoi c'est tentant...
*** C'était une boutade, une façon de dire que c'est plus facile de s'accommoder de son malheur parce que ce sont des expériences connues. Pour "le bonheur", de ce fait on pense que même si on y travaille, on y a pas droit.
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Nomatone
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Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Nomatone »

Barior a écrit : 17 août 2023, 23:54 @Nomatone et comment avez-vous vécu cette expérience ? Comment vous y êtes vous préparée et est-ce que cela a été bénéfique pour vous ? N'avez-vous pas failli justement retomber dans vos vieux schémas, même à l'étranger ? C'est ce qui me fait le plus peur : me retrouver là-bas et me dire, constater : où que j'aille, je resterai cet être passif qui est hors de la vie.
L’une des meilleures expériences de ma vie. J’ai découvert des facettes de ma personnalité dont j’ignorais l’existence et que j’identifie aujourd’hui comme des forces qui me seraient restées inconnues sans cette aventure.

A 8000 bornes de chez moi, immergée au quotidien dans une autre langue que le français, difficile voire impossible de fonctionner avec les vieux schémas. On les abandonne sans effort, l’environnement nouveau déclenche une nouvelle manière d’être. On se transforme. Là où changer, rompre de vieilles habitudes dans une spirale familière, est extrêmement difficile.
Les personnes rencontrées sur ce chemin sont souvent dans le même état d’esprit, elles sont parties pour « oser ailleurs ». Les contacts sont alors faciles et détendus, comme on l’observe parfois parmi des enfants.

Je n’ai rien préparé avant mon départ. Deux valises, 10 jours réservés dans une auberge. J’étais PVtiste donc j’ai lu sur leur forum quelques tuyaux mais franchement tout se goupille sur place, une porte en ouvre une autre. Aussi, énorme élan de solidarité parmi les voyageurs: on se conseille, on s’aide et se soutient.
Précieuse expérience, précieux souvenirs et précieuses amitiés qui me sont restés de cette époque, plus de 10 ans après.
Barior
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Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Barior »

Dubreuil a écrit : 18 août 2023, 09:41 Je ne comprends pas la phrase "c'est tentant de se croire interdit aux heureuses expériences".
Selon vous je fais inconsciemment exprès de me dire ça parce que quoi, c'est plus facile et il y a moins besoin de réfléchir, d'être courageux ? C'est plus confortable ?
*** Vous ne le faites pas exprès, c'est en effet inconscient. Nous sommes conditionnés, formatés dés la naissance, éduqués à des croyances nous permettant de vivre. Ce sont des schémas de vie, de pensées, où nous nous sommes habitués sans nous poser de questions, la routine. En grandissant le raisonnement nous vient, on relève les inepties, on rectifie le tir, mais on peut aussi ne pas y prendre garde ou juger cela trop déstabilisant. (Par exemple ne pas oser remettre en question une idée fausse venant d'une personne que l'on aime parce qu'en l'affrontant on a peur de la perdre . Ou encore parce que cette personne nous domine)
C'est une habitude prise, un schéma de comportement et de pensée, qui, si on y prend garde, fausse notre jugement et l'estime de soi. On recommence les mêmes erreurs, on garde le même comportement parce que l'on est malheureux et qu'il n'y a personne pour nous comprendre, nous consoler. Alors on reste dans le connu, et sans s'en rendre compte on a capitulé.

Je ne vois pas en quoi c'est tentant...
*** C'était une boutade, une façon de dire que c'est plus facile de s'accommoder de son malheur parce que ce sont des expériences connues. Pour "le bonheur", de ce fait on pense que même si on y travaille, on y a pas droit.


J'ai bien compris avoir des croyances limitantes (en réalité je n'en ai pas l'impression mais j'imagine que c'est vrai, ça expliquerait pourquoi inconsciemment j'agirais toujours pour me faire rejeter. Ce que vous dites me fait penser au collège où j'ai peut-être dû accepter des humiliations pour être un minimum intégré comme un surnom bizarre qu'on me donnait ce qui fait que j'avais tout le temps l'impression d'être inférieur aux autres. Mais alors j'aurais gardé cette croyance selon laquelle pour se faire accepter il faut se faire tout petit, se taire, garder tout pour soi quitte à abandonner ses désirs et ses besoins ? Ça expliquerait pas mal de choses). Le problème est que c'est ancré en moi. Alors comment s'en défaire ? C'est la question la plus importante.
Parce que pendant toutes ces années j'ai toujours été passif, suiveur, sans jamais dire ce que je pensais... sans jamais prendre d'initiatives, sans jamais aller vers l'autre, sans jamais apprendre à interagir, j'ai toujours laissé l'autre faire quitte à rester sérieux, mutique, sans jamais protester, riposter. Sans jamais déplaire. Sans même jamais... Penser. Me révolter. Par peur du rejet.
Mais en même temps les rares fois où je propose quelque chose les gens (mes amis habituels du lycée principalement) ne me suivent pas, ils ne veulent pas être seuls avec moi... Peut-être parce que je leur envoie une image de moi négative, celle que je me suis construite ?
Mais comment sortir de ça alors que ça fait presque 20 ans que je fonctionne comme ça ? J'ai tout à apprendre des relations sociales. J'ai tout à me (re)construire. Comment inverser la manœuvre ?
Barior
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Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Barior »

Nomatone a écrit : 18 août 2023, 13:46
Barior a écrit : 17 août 2023, 23:54 @Nomatone et comment avez-vous vécu cette expérience ? Comment vous y êtes vous préparée et est-ce que cela a été bénéfique pour vous ? N'avez-vous pas failli justement retomber dans vos vieux schémas, même à l'étranger ? C'est ce qui me fait le plus peur : me retrouver là-bas et me dire, constater : où que j'aille, je resterai cet être passif qui est hors de la vie.
L’une des meilleures expériences de ma vie. J’ai découvert des facettes de ma personnalité dont j’ignorais l’existence et que j’identifie aujourd’hui comme des forces qui me seraient restées inconnues sans cette aventure.

A 8000 bornes de chez moi, immergée au quotidien dans une autre langue que le français, difficile voire impossible de fonctionner avec les vieux schémas. On les abandonne sans effort, l’environnement nouveau déclenche une nouvelle manière d’être. On se transforme. Là où changer, rompre de vieilles habitudes dans une spirale familière, est extrêmement difficile.
Les personnes rencontrées sur ce chemin sont souvent dans le même état d’esprit, elles sont parties pour « oser ailleurs ». Les contacts sont alors faciles et détendus, comme on l’observe parfois parmi des enfants.

Je n’ai rien préparé avant mon départ. Deux valises, 10 jours réservés dans une auberge. J’étais PVtiste donc j’ai lu sur leur forum quelques tuyaux mais franchement tout se goupille sur place, une porte en ouvre une autre. Aussi, énorme élan de solidarité parmi les voyageurs: on se conseille, on s’aide et se soutient.
Précieuse expérience, précieux souvenirs et précieuses amitiés qui me sont restés de cette époque, plus de 10 ans après.
Merci beaucoup pour ton témoignage ça me donne du courage même si j'ai encore de sérieux doutes sur ma capacité à échanger avec les autres.
Nomatone
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Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Nomatone »

Barior a écrit : 19 août 2023, 00:12 Le problème est que c'est ancré en moi. Alors comment s'en défaire ? C'est la question la plus importante.
Pour quelqu'un qui n'a pas l'impression d'avoir des croyances limitantes...

J'imagine que tu n'es pas né avec des gènes qui développent en toi la peur du rejet et la soumission? Ou qu'on ne t'a pas inoculé un virus de faible estime de soi. Les bateaux qui jettent l'ancre sont aussi capables de lever l'ancre pour changer d'eaux.

Tu vas apprendre en vivant, en essayant, en échouant, et surtout en ne renonçant pas à essayer encore. Entre chaque essai, pose-toi, fais le point, ne te laisse pas submerger par la confusion. Demande-toi ce qui n'a pas marché mais prends également note de ce qui marche (je veux dire vraiment, dans un carnet, prends des notes et relis-les). Deviens ton propre laboratoire.

Ta vie n'est sûrement pas faite uniquement d'échecs et de rejet. C'est ta représentation du monde et de toi-même qui t'amène à penser cela. Lis des ouvrages qui t'aideront à te comprendre et à comprendre tes semblables. Continue à t'investir dans les activités qui te procurent du plaisir. Ne brouille pas ton expérience de la vie par l'obsession de la nommer par de grands mots: passion, coup de foudre, aventure. Si tu es un introverti, comme tes messages le laissent penser, c'est tranquillement que tu chemineras vers les choses et les personnes que tu aimes, qui te nourrissent. Et ta vie n'en sera pas moins belle.

J'ai soigné une timidité maladive en me lançant continuellement des défis: aborder une personne dans la rue, prendre un cours de déclamation, poser une question en réunion, exposer mon point de vue dans une conversation entre amis, partir vivre à l'étranger, jouer du piano en public dans une gare. Tout ce qui m'expose au jugement des autres et qui me terrifiait (et continue parfois à me terrifier sans gouverner ma vie). Ma confiance en moi n'a pas grandi du jour au lendemain. Mais pendant que je fournissais les efforts pour y parvenir, j'ai pu observer que je commençais à attirer à moi de plus en plus de personnes. Juste ou injuste, les personnes qui dégagent cette confiance séduisent et forcent le respect. A l'inverse, celles qui demandent sans cesse à être rassurées, validées, mettent mal à l'aise en ce qu'elles nous forcent, contre notre gré, à une relation asymétrique. Il faut les prendre sous notre aile, les ménager, suppléer les parents qui ont fait défaut. Les aimer inconditionnellement, sans qu'elle fasse l'effort de s'aimer et se faire aimer. Faire du baby-sitting en somme. Or on a aussi besoin d'admirer ses amis, ses amours. Les relations ont aussi une dimension narcissique: on aime être aimé par les personnes que l'on trouve digne d'amour de se trouver digne d'être aimé.

Et, pour prendre l'exemple de ton premier message, retourner vers une femme qui ne te rend pas ton amour mais s'en "amuse" (innocemment) en t'appelant "mon frère" n'est pas le genre d'expérience plaisante et à réitérer quand on désire prendre soin de son amour propre. Soit elle joue de cette confusion car elle se sent flattée de tes sentiments mais n'y répondra jamais. Soit elle te sent fragile, a peur de te peiner par son absence d'amour mais cherche à te rassurer sur le fait qu'un autre lien très fort vous lie malgré tout, celui-là fraternel. Bref, le fameux baby-sitting.

Toutes les expériences positives qui te rendront fier de toi t'aideront à t'aimer et par conséquent donneront envie aux autres de t'aimer.
Barior
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Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Barior »

Oui l'idée des notes j'y ai pensé. Je pense que je perds trop de temps à faire des choses tout seul dans mon coin (sport, histoire, musique) et trop diverses ce qui ne m'aide pas évidemment. Je me dis que ça pourrait être cool de rencontrer des gens qui ont un peu les mêmes passions. Mais je me dis aussi qu'il faut déjà avoir un niveau de base quoi...

Ce que je voudrais surtout c'est de pouvoir sortir faire la fête avec des gens mais j'ai l'impression que les gens de mon âge ça commence à être un peu passé... Donc je ne sais pas trop vers qui et où aller.

Sauf le parcours scolaire et et professionnel ma vie sociale est quand même faite de beaucoup d'échecs.
Il faut commencer par des petits pas mais avec qui... Les gens de mon âge ont 15 ans d'avance sur moi...

J'ai lu beaucoup d'ouvrages sur la timidité l'anxiété sociale et bientôt sur l'estime de soi. Je prends des notes à chaque fois. Le truc c'est que même par exemple aller boire un verre avec des inconnus (sur Meetup) c'est difficile pour moi... Je suis là mais je n'interagis pas. Les conversations tournent autour de choses qui ne me parlent pas souvent...
Il faut sans doute commencer par plus petit mais c'est difficile à mon âge... Limite il faudrait sortir avec des gens de 20 ans^^ comment faire c'est toute la question.

Aborder une personne dans la rue j'avais commencé à le faire ! En demandant mon chemin. J'ai pensé à faire des sondages aussi mais c'est l'étape d'après.

Oui j'ai perdu un temps de fou avec cette fille... Je pense qu'elle veut pas me froisser effectivement mais personnellement quand quelqu'un ne m'attire pas je lui dis cash et sans détours, c'est peut-être dur au début mais au moins la personne ne se fait pas de films.
Mais oui effectivement je ne sais rien faire socialement donc je pense qu'elle n'a pas envie d'un gars qui reste dans son coin parce qu'il a aucune compétence.
Barior
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Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Barior »

Du coup j'hésite entre faire ces défis quotidiens (ça me paraît faisable mais compliqué quand on a personne pour nous conseiller, nous guider). Se battre quotidiennement, ou alors faire un voyage (je me dis que ce voyage serait peut-être tropcd'un coup, on parle souvent de la stratégie des petits pas), sachant que le PVT c'est jusqu'à 30 ans souvent. Je peux me tromper mais je me dis que quand vous vous êtes lancée dans le PVT vous en étiez à un stade peut-être un peu plus avancé que le mien ? Je vais y réfléchir mais il ne faut pas que je tarde trop.
Nomatone
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Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Nomatone »

Ah, le fameux oui mais! :D

Tiens, pour toi:

https://youtu.be/TuMgcS_IXrc

Extrait du film "Oui, mais..." de Yves Lavandier sur le thème des jeux psychologiques.
A lire aussi "Des jeux et des hommes " de Eric Berne (analyse transactionnelle).
Dubreuil
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Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Dubreuil »

Les causes de la procrastination sont psychologiques, c'est à dire reliées à des traits de personnalité et/ou des difficultés cognitives. Ces difficultés sont elles-mêmes partiellement expliquées par les gènes et la neurobiologie.
Parmi les causes de procrastination psychologiques, on retrouve :

La peur de l'échec
La peur de l'échec est une des causes principales de la procrastination. Le procrastinateur a souvent peur de ne pas être à la hauteur, et c'est pour cela il n'arrête pas de repousser sa réalisation. Toutefois, assez fréquemment, il n'admet pas qu'il a peur d'échouer. Les personnes qui ont une tendance à la procrastination sont en effet des perfectionnistes. Souvent, elles procrastinent parce qu'elles ont peur de ne pas pouvoir exécuter une tâche comme il faut. Ces personnes sont rarement satisfaites de leur travail ou de leur vie, et pensenttoujours qu'elles pourraient « faire mieux ».

La peur de perdre le contrôle
Une autre cause qui peut être à l'origine de la procrastination est la peur de perdre le contrôle. Le procrastinateur a envie d'avoir le pouvoir décisionnel sur les tâches à accomplir : c'est lui qui doit pouvoir décider comment et quand s'en occuper.

Le manque de motivation
Le manque de motivation peut aussi expliquer la procrastination. Si on ne voit pas l'utilité d'une tâche, ou que l'on n'anticipe pas de plaisir immédiat, il est moins aisé de passer à l'action !
Les difficultes de concentration

Parfois, des difficultés de concentration peuvent être la cause d'une tendance à la procrastination. Plus particulièrement, la procrastination - et les difficultés d'organisation au sens large - est fréquente chez les personnes qui souffrent de TDA/H (Trouble de déficit attentionnel avec ou sans hyperactivité).

Le mot procrastination vient du latin “procrastinare” de “pro” (en avant) et “crastinus” (qui concerne le lendemain). C’est une pratique consistant à remettre à plus tard certaines actions, sur lesquelles vous auriez intérêt à vous concentrer à ce moment, en général au bénéfice d’une action plus agréable ou plus confortable.
C’est un mode de fonctionnement répandu, quel que soit le sujet, nos ancêtres latins en parlaient déjà…
Aujourd’hui 20% des gens s’identifient comme étant des procrastinateurs chroniques.
La procrastination est, par ailleurs, considérée comme particulièrement répandue dans le milieu étudiant, où les activités et échéances sont multiples et difficilement priorisables, on parle du “syndrome des étudiants”.
La procrastination, c’est une habitude de fonctionnement qui se manifeste par le report au lendemain de tâches importantes. Ce qui constitue une habitude nuisible pour nous tous.

Un constat important avant de rentrer dans le détail :
ce n’est pas parce que nous dépriorisons une action que nous procrastinons. Un changement de priorité et de plan peut relever de la bonne gestion du temps et des priorités.
reporter une tâche importante car nous nous sentons fatigué n’est pas non plus forcément à relier avec de la procrastination si nous ne reportons pas cette tâche pour plus d’un jour et que cette pratique n’est pas fréquente.
Il existe de nombreux moyens de se saboter et d’éviter le succès, mais parmi eux, la procrastination est l’un des plus infaillibles. Les procrastinateurs se sabotent, ils se mettent des obstacles et choisissent des voies contre-productives pour atteindre leurs objectifs.
La procrastination est ainsi un facteur de stress important et le seul fait d’y penser met l’individu dans un état d’auto-dévalorisation (“Je suis paresseux”, “Je n’ai pas de volonté”, sentiment de culpabilité…) qui ne résout en rien les problèmes et renforce le mécanisme de procrastination lui-même.

1. Quels sont les grands types de procrastinateurs
Les Dr. Ferrari et Dr. Pyschyl ont identifié 3 types de procrastinateurs
*** les éveillés, ou chercheurs de sensations fortes, qui attendent la dernière minute pour obtenir la bouffée euphorique associée,
*** les évitants, qui vont éviter la peur de l’échec ou même du succès, mais qui restent dans tous les cas préoccupés par l’opinion des autres sur eux-mêmes ; ils préfèrent que les autres pensent qu’ils ne font pas d’effort plutôt qu’ils ne manquent de capacités.
*** les indécis, qui ne peuvent pas prendre une décision ; le fait de ne pas prendre une décision n’engage pas la responsabilité de

La procrastination prend généralement ses racines dans l’enfance, souvent en réaction à un mode d’éducation autoritaire empêchant l’enfant de développer la capacité d’auto-régulation, d’intérioriser leurs propres intentions et d’apprendre à agir pour leur réalisation.
De plus, elle est renforcée à l’âge adulte par le fait que les procrastinateurs recherchent le soutien indulgent de leurs amis par rapport à leur mauvaise pratique.

Les dernières avancées de la neuroscience montrent que la procrastination est un mécanisme universel car cela correspond au mode de fonctionnement de notre cerveau.
Laura Rabin, Joshua Fogel et Katherine Nutter-Upham ont conduit des recherches révolutionnaires dans ce domaine.
Ils abordent la procrastination comme étant un échec de l’auto-régulation chez les individus. “La procrastination est de plus en plus reconnue comme impliquant un échec de l’auto-régulation tel que les procrastinateurs, en comparaison des non-procrastinateurs, ont une capacité réduite de résistance à la tentation sociale, aux activités générant du plaisir, et apportant une récompense immédiate alors que les bénéfices d’un travail sont plus lointains… Ces individus ne parviennent pas à utiliser efficacement les signaux internes et externes permettant de déterminer quand amorcer, maintenir et terminer des actions visant à l’atteinte d’un objectif. ».
Ils fournissent une liste de caractéristiques associées à la procrastination, parmi lesquelles se trouvent :

- la désorganisation,
- le faible niveau de contrôle émotionnel,
- le faible niveau de planification et de définition d’objectifs,
- l’utilisation réduite des capacités à évaluer, comprendre et planifier,
- la distraction,
- le peu de persévérance,
- l’insuffisance dans la gestion du temps et des tâches.

La procrastination est également un état d’opposition entre deux zones du cerveau :
*** le système limbique, qui intervient dans les comportements inconscients, les automatismes, contribue à la formation de la mémoire et impacte le comportement, particulièrement par les émotions comme l’agressivité, la peur ou le plaisir,
et le cortex préfrontal qui, par opposition, ne fonctionne pas par automatisme mais permet, entre autre, de nombreux processus d’autorégulation, un comportement flexible et adapté au contexte comme : la résolution de nouveaux problèmes, la modification du comportement en réponse à de nouvelles informations, l’anticipation, la planification, l’organisation, la résolution de problème, le raisonnement logique, la mémoire de travail, l’apprentissage de règles, l’attention, la motivation, l’initiative, la planification et la production de stratégies pour traiter des actions complexes…
Ainsi, pour que le cortex préfrontal entre en jeu beaucoup plus d’énergie est nécessaire. Si vous ne fournissez pas suffisamment d’énergie consciente à la résolution de la situation, le système limbique reprend le dessus…et vous remettez au lendemain en préférant réaliser des tâches déjà connues…

Le Dr Barry Richmond a, par ailleurs identifié, un lien direct entre procrastination et dopamine (neurotransmetteur intervenant dans diverses fonctions importantes, telles que le comportement, la cognition, les fonctions motrices, la motivation, les récompenses, le sommeil ou la mémorisation).
L’individu a naturellement tendance à favoriser la réalisation des activités pour lesquelles il sait qu’il obtiendra une récompense. Le plus nous pensons mériter une récompense, le plus de dopamine nous allons produire, le plus de motivation nous allons avoir. Par opposition plus la récompense nous semble lointaine, moins nous produisons de dopamine donc moins de motivation donc report de la tâche…

LES STRATEGIES

1ère étape : Reconnaitre que vous procrastinez
*** Un constat important avant de commencer :
ce n’est pas parce que vous dépriorisez une action que vous procrastinez. Un changement de priorité et de plan peut relever de la bonne gestion du temps et des priorités.
reporter une tâche importante car vous vous sentez fatigué n’est pas non plus forcément à relier avec de la procrastination si vous ne reportez pas cette tâche pour plus d’un jour et que cette pratique n’est pas fréquente.
Voici quelques indicateurs qui vous permettrons de détecter si vous procrastinez :
Votre liste des choses à faire du jour est remplie de tâches à faible priorité.
Vous lisez vos e-mails plusieurs fois avant de réellement commencer à les traiter.
Vous vous posez pour travailler sur un sujet important et partez vous prendre un café dans la minute qui suit.
Un sujet est présent sur votre votre liste des choses à faire depuis des jours, semaines ou mois, même si vous savez qu’il est important pour vous.
Vous dites fréquemment “Oui” à des tâches sans importance que d’autres vous demandent de faire et cela vous empêche de régler les sujets importants de votre liste.
Vous attendez de vous sentir dans “l’état d’esprit adéquat” ou attendez “le bon moment” pour aborder une tâche importante qui pourrait être faite maintenant…

2ème étape : Changer d’environnement
Les procrastinateurs recherchent activement la distraction.
Vérifier ses e-mails ou son compte facebook, Linkedin… est une action parfaite pour se distraire de l’objectif principal et s’auto-réguler face aux sentiments tels que la peur de l’échec. Prenez l’habitude de ne consulter ces sources d’information que deux à trois fois par jour.
Faites des pauses pré-programmées pour rafraichir votre esprit et votre corps. Changez d’activité pour 10 minutes (allez marcher, écoutez de la musique, discutez…), vous vous sentirez ensuite motivé et votre esprit sera plus clair. Mais là encore veillez à ce que les pauses ne soient pas une excuse pour procrastiner.
Si vous sentez qu’il vous est difficile de travailler sur une tâche dans un lieu donné, changez d’environnement. Recherchez l’atmosphère la plus propice à votre concentration. Allez dans une salle de réunion, dans un café, dans un parc, à la bibliothèque…

3ème étape : Fixer des objectifs prioritaires et un plan pour les atteindre
Avoir des objectifs clairs en tête est la meilleure garantie de trouver des solutions. Sans objectif spécifique, l’individu a tendance à se concentrer sur ses faiblesses, manques et problèmes (ce qui correspond au mode de fonctionnement du cerveau).
Formulez vos objectifs prioritaires de façon claire (vous devez les comprendre en les relisant plusieurs jours après), positive, atteignable et réaliste, planifiée en tenant compte de toutes vos contraintes et ressources.
Formulez les simplement et d’une façon qui vous motive (Visualisez-vous au moment de l’atteinte de vos objectifs, pensez à ce que vous ressentez à ce moment là, pensez également à un slogan positif pour désigner votre objectif…).
Identifiez également les conséquences et implications négatives qu’aurait le fait de ne pas travailler sur cet objectif.
Puis formulez la récompense que vous vous accorderez pour avoir atteint l’objectif. La récompense peut prendre la forme d’une émotion positive, d’un cadeau à soi-même, d’une fête, … ou toute autre chose qui vous fasse vraiment plaisir…
Définissez ensuite un plan des étapes nécessaires à l’atteinte de chacun de vos objectifs prioritaires. Pour cela, faites de même que lors de la définition des objectifs : chaque étape du plan doit être claire, positive, atteignable et réaliste, planifiée.
Gardez ces plans de façon à y avoir facilement accès (idéalement affichez-les à votre poste de travail, sur votre frigo, dans votre salle de bain…).

4ème étape : Lister les actions nécessaires dans chaque étape du plan
Faites la liste de toutes les petites actions que vous identifiez comme nécessaire à l’atteinte de chacune des étapes de votre plan. Identifier de petites actions concrètes et gérables rend le plan plus concret et évite le sentiment d’accablement sous le poids du travail.
Écrivez cette liste sur un papier, cela aide à organiser ses pensées. Planifiez chaque action de façon réaliste (en tenant compte de votre disponibilité) sur une base quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle.
5ème étape : Prendre des premières petites actions et programmer la suite
Prenez vos premières petites actions dans la journée (la réalisation des premières actions ne doit pas prendre beaucoup de temps). La plupart des procrastinateurs ne commence jamais à travailler sur un objectif car ils se sentent à priori accablés par la tâche à réaliser. En prenant de petites actions pour commencer vous lancez la dynamique simplement et mettez toutes les chances de votre côté pour démarrer. Une fois ces premières actions menées, la tâche semble plus concrète, atteignable et simple.
Faites une pause et notez l’émotion que vous ressentez maintenant que vous avez réalisé cette première action.
Puis programmez chaque action précisément dans votre agenda (date et moment / heure précis/e). Cela vous permettra également d’arrêter de culpabiliser quand une action n’est pas encore faite car vous savez que vous avez réservé un créneau horaire pour travailler à sa réalisation.
6ème étape : S’engager
Partagez votre projet, votre objectif, vos actions avec autrui : un collègue, un ami, un membre de votre famille… Engagez-vous à les informer de chacune de vos réalisations quotidiennement. Demandez à ces personnes de vérifier vos avancements.
7ème étape : Suivre son plan d’action
Revoyez votre liste des actions du jour quotidiennement, le matin.
Faites un point sur votre plan une fois par semaine. Veillez particulièrement à ne pas repousser des actions sous l’influence du mécanisme de procrastination.
8ème étape : Pratiquer la répétition d’affirmations positives
Tentez l’expérience, répétez vous régulièrement les affirmations positives en relation avec la procrastination et qui vous correspondent !
Par exemple :
“Il n’y a pas d’essai mais des actions.”
“Mon désir de finir cette tâche est supérieur à mon désir de procrastination.”
“Je peux toujours trouver le temps et l’énergie nécessaire à la réalisation de mes tâches.”
“Je prends des actions quotidiennement pour atteindre mon objectif.”
“J’aime ressentir le bonheur d’avoir fini une tâche.”
“ J’agis maintenant et ici et je suis OK !”
“Je choisis de commencer sur cet objectif par une petite action et c’est OK si elle est imparfaite.”
“L’accomplissement et la réalisation d’actions me font sentir vraiment bien.”
“J’adore commencer et finir une tâche.”
“Je priorise mes actions et agis dans la joie tout au long de la journée.”
“Je prends conscience que je fais de plus en plus d'actions positives dans la journée

PROSCRASTINATION ET DEPRESSION
Un nombre important d'étudiants procrastinent parce qu'ils sont dans un état dépressif. On peut se demander pourquoi plusieurs étudiants qui ont le privilège d'être admis dans une université prestigieuse comme Harvard, avec des professeurs réputés, dans un environnement conçu, en principe, pour favoriser l'étude et la recherche souffrent de dépression ?
Le stress, l'esprit de compétition, la peur de l'échec, l'incertitude face à l'avenir prendraient pour certains des proportions telles qu'ils se rendent la vie misérable pendant leurs études.
C'est d'ailleurs en voulant comprendre les causes de l'état dépressif chez les étudiants à l'université Harvard que des professeurs du département de psychologie découvert, contrairement à ce qu'on nous a dit lorsque nous étions petits, que ce n'est pas la réussite qui rend heureux, mais plutôt le bonheur qui permet de réussir.
Depuis, des milliers d'études confirment que les personnes qui ont des natures joyeuses et positives réussissent mieux que les autres.

Que peuvent faire les pessimistes?
"Si on peut élever le niveau de positivité de quelqu'un dès maintenant, son cerveau ressent ce qu'on appelle un atout bonheur, c'est-à-dire que le cerveau, en mode positif, est nettement plus efficace qu'en mode négatif, neutre, ou stressé. L'intelligence, la créativité, le niveau d'énergie augmentent. En fait, on a découvert que les résultats professionnels s'améliorent. Le cerveau en mode positif est 31 % plus productif qu'en mode négatif, neutre ou stressé. On améliore les ventes de 37 %. Les médecins sont plus rapides et précis de 19 % dans l'établissement d'un diagnostic exact, en mode positif plutôt qu'en mode négatif, neutre ou stressé. Ce qui veut dire qu'on peut inverser la recette. Si on trouve un moyen pour être positif au présent, alors nos cerveaux réussiront encore mieux, car nous pourrons travailler plus vite et plus intelligemment."
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Barior
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Re: Je n'ai rien vécu à 28 ans

Message par Barior »

Nomatone a écrit : 19 août 2023, 18:34 Ah, le fameux oui mais! :D

Tiens, pour toi:

https://youtu.be/TuMgcS_IXrc

Extrait du film "Oui, mais..." de Yves Lavandier sur le thème des jeux psychologiques.
A lire aussi "Des jeux et des hommes " de Eric Berne (analyse transactionnelle).
Aha je comprends l'idée, j'avais déjà vu ça mais une piqûre de rappel ça fait jamais de mal. Après oui tu as raison il faut d'abord tester puis voir ce qui n'a pas marché précisément au lieu de se poser 10000 questions avant comme je le fais. C'est juste que j'ai eu pas mal d'expériences négatives avant donc forcément je m'en pose. J'ai par exemple fait du théâtre l'année dernière, à une séance j'ai été forcé de jouer mon texte devant tout le monde en parlant assez fort... Gros bide. Le prof qui me demande de répéter 10 fois de suite, en me disant à chaque fois : "c'est triste" ou "parle plus fort" ou "y a pas d'émotion"... Bref j'ai été tétanisé par cette mauvaise expérience. Toutes les séances suivantes j'ai bu une bière avant d'y aller parce que je ne comprenais pas comment bien jouer... ça s'est bien passé du coup mais j'ai triché donc ce ne fut pas un succès... Alors je ne sais pas pourquoi j'ai échoué : j'étais dans une période pas terrible, ou le théâtre c'est pas mon truc, ou c'était trop pour moi (pourtant il y avait que des débutants...) --> quand je dis que je pars de loin.

Donc je ne crois pas que je joue à ce jeu, je veux vraiment trouver des solutions et j'en fais (cours de théâtre, aller parler à des gens dans la rue), j'essaye juste de trouver des solutions qui me soient abordables pour mon niveau actuel (notamment pour ce qui est de faire de nouvelles rencontres). Parce que subir des échecs c'est bien mais au bout d'un moment il faut avoir des succès sinon on se décourage. Je suis ptet pas assez persévérant (ça je l'admets bien volontiers). Ou alors quand quelque chose ne marche pas il faut juste changer d'approche.

En tout cas merci pour le temps passé à répondre à mes questions c'est cool !
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