Je n'ai rien vécu à 28 ans

[Barior]

Bonjour,

Je viens ici pour vider mon sac et espérer obtenir des réponses...

Je ne suis pas adolescent (28 ans) mais je me sens comme tel. Je n'ai pas vécu les amours et amitiés intenses de l'adolescence. J'ai envie de mourir tellement je me sens mal. J'ai osé avouer en 2019 mes sentiments à une fille que j'avais connu à la fac en 2015 (quand j'avais alors 20 ans). J'ai essuyé un refus, et entre temps elle a eu un enfant avec un homme de 40 ans. Qui plus tard l'a frappée. Je suis revenu vers elle il n'y a pas longtemps mais j'ai été déçu de notre interaction : comme toujours j'étais renfrogné sur moi-même, gauche, je ne savais pas quopi dire. Elle l'a senti et ça l'a stressée... Bref je suis toujours fou amoureux d'elle depuis toutes ces années mais je pense qu'elle non évidemment. Elle m'a appelé plusieurs fois "frère" ou "amico mio" (elle est italienne), mais parfois elle me dit qu'elle pense souvent à moi, qu'elle rêve de moi, qu'on a une relation profonde... J'y comprends rien.

Je désespère, j'ai un travail mais qui m'ennuie un peu. Je désespère de ne jamais parvenir à vivre des aventures, des amours etc... A chaque fois que je tente une activité, je ne parviens pas à créer du lien, les gens me trouvent froid, ennuyant, souvent quand je parle on ne m'écoute pas... je pense que ma façon d'être est trop négative oui... On me dit qu'il ne faut pas trop réfléchir, qu'il faut être soi-même... Et d'un autre côté qu'on doit travailler sur soi et qu'à 28 ans si on n'a jamais connu l'amour c'est qu'on a un problème à résoudre...

J'ai un travail stable, dans une grande ville, un appartement correct, mais je n'ai aucune conversation profonde avec qui que ce soit, toutes mes relations sont superficielles, j'ai quelques objectifs comme me muscler, me cultiver ou continuer la guitare, la photo mais je change sans arrêt d'avis sur ce que je dois faire... J'ai l'impression de ne rien aimer au point d'avoir une passion... Je suis tellement habitué à la solitude qu'être avec les autres me fatigue, et pourtant qu'est-ce que j'aimerais avoir quelques relations amicales. On me dit que je susi trop sérieux, ce qui est vrai aussi...

C'est la même situation qui tourne en boucle depuis des années et parfois je pense au suicide. Je suis sous antidépresseurs. A chaque fois que je revois mes amis je ressens un énorme décalage avec eux, ils racontent leurs expériences amoureuses, professionnelles. J'ai toujours eu la sensation d'être inférieur aux autres et tout vient confirmer quand je vois le gouffre par rapport à eux... C'est comme si j'avais encore 15 ans mais que les possibilités se restreignent...

Alors je me dis qu'en changeant de métier (plus manuel, avec des gens qui me ressemblent peut-être plus), ou alors carrément en partant à l'étranger pendant un an (sachant que je risque de ne pas retrouver ma situation après...) c'est la seule solution. Partir à l'étranger en volontariat pour rencontrer des jeunes de mon âge, la barrière de la langue faisant que ça sera sans doute plus facile finalement de parler, je ne sais pas...

J'aurais besoin de quelqu'un pour m'aiguiller, me dire ce qu'il faut faire, quelqu'un qui a vécu les mêmes galères que moi... Je ne sais pas si la solution est de devenir bon en compétences artistiques, d'être plus cultivé, de faire des efforts quotidiens sur ma timidité, ou alors carrément radical : partir à l'étranger... Je voudrais des pistes, je suis tellement perdu, seul... Parce que j'ai l'impression que malgré mes efforts il ne se passera jamais rien de tout ça dans ma vie : amour, soirées, etc... Parfois j'ai envie de mourir. C'était les mêmes réflexions il y a 3, 4 ans. C'est horrible.

Si quelqu'un a une réponse, aidez-moi

[Dubreuil]

Alors je me dis qu'en changeant de métier (plus manuel, avec des gens qui me ressemblent peut-être plus), ou alors carrément en partant à l'étranger pendant un an (sachant que je risque de ne pas retrouver ma situation après...) c'est la seule solution. Partir à l'étranger en volontariat pour rencontrer des jeunes de mon âge, la barrière de la langue faisant que ça sera sans doute plus facile finalement de parler, je ne sais pas...
*** Ah oui, ça c'est bien ! Cela vous permettrait de ne plus avoir à vous soucier de votre image, de votre passé, vous pourriez enfin vous inventer, et vivre pleinement avec l'excuse... d'être un secret et charmant étranger . Mais prenez garde aux français, vous seriez peut-être tenté de retrouver votre manque de confiance en vous.
0ù aimeriez-vous aller ?
Tenez-nous au courant !

[Dubreuil]

Vous pourriez sous-louer votre appart si vous êtes locataire, quand à votre situation ce pourrait être une année sabbatique ?
Que faites-vous professionnellement ?

[Barior]

Merci de votre réponse !

Quelqu'un m'a répondu sur un autre forum que partir à l'étranger ne changera rien et qu'il faut régler ça avec un psychologue... Du coup je suis perdu. J'ai été en voir plusieurs, des psychologues, celle qui m'a suivi le plus longtemps (environ 6-7 mois) m'a dit qu'elle avait rarement vu quelqu'un d'aussi fermé que moi, que je développais jamais ce que je dis, que je restais tout le temps en surface des choses. Plusieurs centaines d'euros partis... Pour au final être toujours aussi paumé.
Je peux réessayer mais j'en sais rien... Je suis peut être juste comme ça mais ça veut dire qu'il n'y a pas d'espoir de changer. J'aimerais juste savoir quel est mon problème précisément (s'il y en a un...). J'ai l'impression que personne ne peut m'aider, c'est terrible.

J'aimerais partir soit dans une ferme agroécologique pour participer aux travaux, au maraîchage, aux animations etc... Ou alors faire de l'humanitaire. Peut-être en Europe de l'est ou en Angleterre par exemple. Mais si c'était pas ça la solution...

Je ne peux pas faire une année sabbatique, je suis là depuis moins d'un an (je suis chargé d'études botaniste en association de protection de la nature, mais malheureusement ça ne me passionne pas)

[Dubreuil]

Bonne sang de bonsoir ! ( C'est une expression française qui est utilisée pour exprimer la surprise ou l'exaspération. Elle est couramment utilisée depuis le 19ème siècle.) Réfléchissez ! Les psys ne SAVENT PAS ce qu'il vous faut, ce ne sont pas des devins. Ils sont là pour accompagner votre désir et vous épauler pour y parvenir en vous proposant d'éviter des écueils PSYCHIQUES qu'ils ont la possibilité d'anticiper.
C'est VOUS qui devez vous écouter, qui devez tenter, qui devez respecter votre désir : "Enfin vivre ! " Non?
Et ce que vous proposez me semble intelligent, original, pertinent, sensé, et tout bénéfice positif pour vous.
C'est tout.

[Barior]

Oui certes et je suis d'accord. Mais cette psychologue et d'autres m'ont aussi dit que parfois partir loin ça ne change rien, c'est une fuite pour cacher ses problèmes. Mais c'est ce que je sens au fond de moi. Mais je doute encore que ça soit la solution. Peut-être qu'un travail sur soi quotidien pourrait marcher mais ça me paraît infaisable... Bref, je pense que je vais quand même le faire, même si je vais perdre ma situation (m'étonnerait que le propriétaire accepte une sous-location...)

[Nomatone]

Et alors? Combattre ou fuir sont deux bonnes réponses qui ont l’avantage de  vous tenir en mouvement. Et le mouvement c’est la vie dit-on. Seule la paralysie peut vous être préjudiciable. Quand le doute empêche toute action et que la vie s'enlise. 

Je suis partie vivre un an au Canada quand j'avais 28 ans, la tête pleine de questions et de déceptions semblables aux vôtres. Comme vous, je me suis retrouvée sur un forum de psychologie (je crois me lire). J'ai écrit: "J’ai envie de partir loin, là où personne ne me connaît; en même temps, je sens que j'ai des choses à travailler sur moi et que je devrais m'y confronter en thérapie." Un psy sur le forum m'a répondu: "Parfois, c'est la vie qui offre la meilleure thérapie."

Ay! Caramba!
Enfin, pour moi c’était plutôt Ay Caribou!

A votre retour, il y aura toujours des logements et des psy. Puisqu'une destination où l'on "cache ses problèmes" n'existe pas. Un tel territoire serait surpeuplé!

[Dubreuil]

Mais cette psychologue et d'autres m'ont aussi dit que parfois partir loin ça ne change rien, c'est une fuite pour cacher ses problèmes. Mais c'est ce que je sens au fond de moi.
*** Oui, mais dans un contexte différent où c'est vous qui êtes le décideur, tout est différent, il n'y a pas une fuite en avant, mais des expériences avancées, et ce n'est que comme cela que l'on rencontre les autres et que nous évoluons en nourrissant toutes nos "vraies" potentialités.

Mais je doute encore que ça soit la solution. Peut-être qu'un travail sur soi quotidien pourrait marcher mais ça me paraît infaisable...
*** Quand quelque chose ne fonctionne pas, on cherche un autre moyen. La thérapie ne "fonctionne" pas pour tout le monde ! La façon dont elle vous a été présentée ne vous a pas correspondu, donc...
Vous êtes jeune, réfléchi, courageux (il faut l'être pour aller voir des psys qui vous jugent et ne vous écoutent pas ! ) intelligent et novateur pour avoir pensé à ce projet d'avenir. En effet, c'est le moment de changer de vie.

Bref, je pense que je vais quand même le faire, même si je vais perdre ma situation (m'étonnerait que le propriétaire accepte une sous-location... )
*** Vous aurez ce genre de renseignements sur internet...
Vous trouverez une autre façon de travailler, une éthique, d'autres objectifs, vous serez décisionnaire, vous rencontrerez des d'inconnu(e)s uni(e)s dans une énergie commune. Ils ne sauront de votre passé que ce que vous voudrez bien leur dire.
Et vous changerez, c'est automatique, vous aurez confiance en vous. Tranquillement.
Vous ne pourrez plus dire que vous n'avez rien vécu ! Et une expérience en ouvre une autre....

Mais attention, ce n'est pas une condamnation, vous ne prenez pas l'avion demain ! Maintenant, vous allez vous approprier ce projet, y réfléchir, le préparer, l'habiter.
Vous aurez ainsi toute latitude pour vous préparer. Et si vous le souhaitez prendre rendez-vous avec un psy CLINICIEN, qu'il soit inconnu pour vous, que ce soit une vraie rencontre, non plus pour y aller en urgence, dans la dépendance, mais en volontaire pour qu'il soit témoin et dépositaire de votre émancipation, pour en parler, vous entendre vous inquiéter, en douter encore un peut-être... c'est si tentant, mais si débilitant de se croire toujours interdit aux heureuses expériences !

[Barior]

Oui je veux croire que cela sera riche d'expériences.

Je ne sais pas si cette psy ne m'écoutait pas, mais en tout cas elle m'a découragé de tenter l'expérience. C'est étrange mais selon ses schémas de pensée à elle je suis trop perdu et irréfléchi pour aller tenter une autre expérience de vie (c'est ce dont j'ai eu l'impression). J'espère qu'elle se trompe... D'où la nécessité selon vous de se préparer, de mûrir le projet ? Je ne muris jamais mes projets habituellement. Souvent je prends une décision et je me dis "on verra bien" ; je ne vois même pas quelles questions j'aurais à me poser concernant ce projet... On plonge dans l'inconnu alors c'est difficile. Ne vaut-il pas mieux y aller comme ça, sans trop se préparer ?

Je ne comprends pas la phrase "c'est tentant de se croire interdit aux heureuses expériences". Selon vous je fais inconsciemment exprès de me dire ça parce que quoi, c'est plus facile et il y a moins besoin de réfléchir, d'être courageux ? C'est plus confortable ? Je ne vois pas en quoi c'est tentant... Tout ce que chacun souhaite dans sa vie c'est d'avoir des expériences heureuses non ? Alors pourquoi certains n'y arrivent pas ? Parce qu'ils ont peur ? C'est plus rassurant de se croire faible et incapable ?

[Barior]

@Nomatone et comment avez-vous vécu cette expérience ? Comment vous y êtes vous préparée et est-ce que cela a été bénéfique pour vous ? N'avez-vous pas failli justement retomber dans vos vieux schémas, même à l'étranger ? C'est ce qui me fait le plus peur : me retrouver là-bas et me dire, constater : où que j'aille, je resterai cet être passif qui est hors de la vie.