Un ras le bol...

[pilouchette]

Bonsoir. Je viens ici car j'espère pouvoir trouver l'aide dont j'ai besoin... Je n'ai personne à qui parler en ce moment qui comprendrait ce que je traverse. J'ai aussi sûrement peur qu'ils trouvent ce que je ressens complètement ridicule, qu'ils ne comprennent pas et trouvent ça "secondaire", donc je n'en parle à personne. Mais j'ai besoin d'aide.

Depuis quelques semaines, le monde dans lequel je vis me déplaît de plus en plus. Je n'ai plus goût à rien, je n'ai plus envie de rire, de travailler, je ne suis plus curieuse, je me laisse aller... Je ne sais pas ce qui a déclenché cela, peut être une surdose de déceptions... Déception vis à vis de mes parents, de mon copain, de mes amis, de mon cursus scolaire, de la vie que j'ai choisit, et même de la personne que je suis.
J'ai voulu poster ce message dans la section "adulte" et pas "adolescent" car, ayant 18 ans c'est difficile de se placer en tant qu'adulte ou adolescent, et je ne me retrouve dans aucun cas adolescent. Ayant traversé une adolescence difficile, je sais que ce que je traverse n'est pas une crise d'adolescence. C'est un ras le bol total. Ce matin, j'étais avec mon copain, chez mes parents, dans ma chambre. Et en voyant simplement mon armoire complètement dérangée, j'ai cru que j'allais exploser. Je ne sais pas pourquoi, car elle est toujours dérangée, et ça ne me dérange pas d'habitude. Mais là, j'ai disjoncté. Je me suis mise à hurler que j'en avais marre, tout en balançant mes affaires aux quatre coins de ma chambre, j'ai frappé dans tout ce que je trouvais... Personne n'a compris ce qu'il m'arrivait, et moi encore moins. Ce que je sais, c'est qu'en voyant cet énorme bazar, une boule de rage m'a envahi et je ne pouvais plus contrôler mes gestes, j'avais qu'une envie c'était de frapper dans tout ce qui me passait sous la main.
Après ça, je me suis sentie faible et misérable toute la journée... Je me trouve pitoyable, j'ai l'impression de n'avoir d'intérêt pour personne, et du coup, je me mets à détester tout le monde. Cela fait déjà plusieurs semaines que je suis triste, que les gens me déçoivent. Je suis bloquée sur le passé, sur l'an dernier particulièrement où mes amis et moi passions le bac et où tout était si facile. Nous nous sommes tous éparpillés, et je l'ai très mal vécu. J'ai mal vécu le fait que mes amis se fassent d'autres amis, qu'ils sortent sans moi, et qu'ils ne prennent plus de nouvelles, quand moi je passais mes week end à attendre un coup de fil. J'ai passé mon année scolaire à ne pas me lier trop d'amitié avec les gens de ma classe, car pour moi, personne ne valait mes amis de lycée. Mais quand j'ai compris que eux avaient tourné la page, la déception a été totale. J'ai réussi en quelques sortes à comprendre, et à aller de l'avant, mais ça le fait toujours très mal d'y penser... Quand j'en parle à mes parents, ou à mon meilleur ami, ou mon copain, ils me disent tous que c'est de ma faute si je souffre autant, et je ne comprends pas. Pourquoi cela serait-il de ma faute si j 'ai été blessé par ceux que je voyais comme irremplaçables ?

Bref, cette histoire s'est un peu tassée en moi depuis le temps. Mais ce qui s'est passé ce matin, je ne me l'explique pas. Je pleure sans m'arrêter depuis cet incident, je ne sais pas pourquoi. Tout a l'air si complexe, je me sens terriblement seule, jamais de ma vie je ne me suis sentie aussi seule. Je suis tellement seule que je suis obligée de parler de mes problèmes sur internet, c'est quand même quelque chose... J'ai l'impression de donner tellement d'amour aux gens qui m'entourent que ça me vide totalement, et je ressens un manque d'amour en moi, un manque d'interêt de la part de ceux qui m'entourent. Je ne sais pas quoi faire. Ils ne comprendront pas je le sais, et je ne saurais pas comment leur expliquer.

Qu'est-ce que je dois faire, s'il vous plaît... ?

[pilouchette]

Bon, je vois que je me suis trompée, et que ce n'est pas ici que se trouve l'aide dont j'ai besoin.

[Jeannette]

> ils me disent tous que c'est de ma faute

Un sentiment de culpabilité ?

> Bon, je vois que je me suis trompée, et que ce n'est pas ici que se trouve l'aide dont j'ai besoin.

ou culpabiliser tes lecteurs pour obtenir des réponses plus rapidement ?

la culpabilité... quelque chose de très présent semble-t-il dans ta vie, dans ton fonctionnement...
as-tu cette sensation en général ?

[pilouchette]

Je ne me sens pas coupable.. Coupable de quoi ?
Et je n'ai pas voulu culpabiliser les lecteurs pour obtenir une réponse plus rapidement. Seulement, quand je vois toutes les personnes qui ont des réponses rapides, je me dit que mon cas n'est peut-etre pas si intéressant que ça et que personne ne juge que j'ai besoin d'aide. Si vous saviez l'état dans lequel j'étais lorsque j'ai écrit ce message... J'avais besoin d'aide, et je pensais qu'ici je pouvais trouver le soutient et les réponses dont j'avais besoin. Mais cette attente m'a juste rappelée que la solitude que j'éprouve à longueur de journée est bien réelle.

[Jeannette]

J'avais juste la sensation que la culpabilité revenait souvent, dans un sens ou dans l'autre, dans tes messages.
Comme si c'était quelque chose qui te tourne autour.
Comme si on "t'accusait" souvent.
Comme si, en réponse, tu "accusais" les autres.

Si je me suis trompée, tant mieux.
Ici, nous sommes bénévoles. Et rares sont les "pros", même si il y en a. L'ordre dans lequel nous répondons dépend de nombreux paramètres. Souvent simplement de la problématique de savoir quoi dire, ou pas, sur le moment.

> Nous nous sommes tous éparpillés, et je l'ai très mal vécu. J'ai mal vécu le fait que mes amis se fassent d'autres amis, qu'ils sortent sans moi, et qu'ils ne
> prennent plus de nouvelles, quand moi je passais mes week end à attendre un coup de fil.

Pourquoi ne pas les avoir appelées au lieu d'attendre le coup de fil ?

Peut être les sentiments sont-ils toujours là. Même si les journées ont été occupées par autre chose.
Nous avons tous vécu cela. Des amis que nous aimerions continer à voir. Mais des journées qui passent les unes après les autres sans que l'on réussisse à les arrêter.

La "nuance", c'est que l'amitié n'est pas exclusive. Tu peux nouer de nouvelles amitiés, passer du temps avec de nouvelles personnes, sans que tes sentiments pour tes autres amis n'en soient détruits, tu ne crois pas ?

> je ressens un manque d'amour en moi, un manque d'interêt de la part de ceux qui m'entourent.

tu peux en dire plus ? tu sembles pourtant avoir une famille, un copain, un meilleur ami... Pourquoi ce sentiment ?

[pilouchette]

J'ai essayé de les appeler, d'organiser des sorties... Mais ils sont tous trop occupés avec leur nouvelle vie, et moi pas assez avec la mienne. Je ne leur reproche pas d'avoir de nouveaux amis, même si c'était un peu le cas au début. J'ai compris qu'il fallait avancer dans la vie etc, mais ça me fait beaucoup de mal de perdre des gens que j'aimais autant. Ils ont de nouvelles priorités qui sont tellement peu importantes ! J'ai ma meilleure amie de lycée qui a son permis depuis quelques mois. Je ne l'ai vu qu'une fois, et le seule moment où elle m'a envoyé un message, c'était pour me dire qu'elle voulait passer chez moi récuperer un CD. Pas une fois ça lui ait venue à l'esprit de venir me voir, où de prendre de mes nouvelles. Le premier trimestre de la rentrée, je prenais des nouvelles très souvent, j'appelais, j'essayais d'organiser des trucs. Mais quand j'ai vu que ça n'interessait personne et que j'étais la seule à me démener pour garder cette amitié, j'ai abandonné.

Quand je dis que je ressens un manque d'amour, c'est bête car, oui, j'ai une famille, un meilleur ami et mon copain avec qui je suis depuis presque un an. Je sais qu'ils m'aiment, c'est ma famille. Mais tout ce qui les interessent sont des problèmes futiles. Mes parents n'ont que le travail, et leur histoire de voiture ou de moto en tête. Chaque week end où je rentre, je repars en pleurant. Et tout ce qu'ils trouvent à dire c'est que je les "fais chier". Ils ne s'interessent pas à ce que je fais, ce que je vis durant la semaine. Quand ils voient que je vais mal, ils ne demandent pas pourquoi, ou alors vaguement, et me laisse seule avec mes problèmes. Ils me traitent d'égoiste car je ne pense qu'à moi, mais ils ne se rendent pas compte que eux le sont encore plus ! Ils pensent que parce que j'ai 18 ans, que j'ai un appartement, je peux régler tous mes problèmes seule. Ils ne font pas attention à moi. J'aimerais juste qu'ils me montrent un peu d'interêt... Quand je rentre le week end, c'est comme si j'étais encore plus seule que quand je suis seule dans mon appartement ! Je retrouve mon linge en boule sur mon lit, le ménage n'a pas été fait, il y a des mouches mortes partout dans ma chambre, et des toiles d'araignée. Et croyez moi, quand on passe une semaine à se faire à manger et à faire le ménage, quand on rentre chez ses parents on a tout sauf envie de recommencer. Et juste de voir que ma chambre est propre, que quelqu'un a été dedans durant la semaine, a pensé à moi en balayant deux trois coups, ça me ferait plaisir. J'ai l'impression de demander la lune en demandant ça, est-ce que j'en demande trop ? Car dans ce cas le problème serait que je suis trop exigeante...

[Jeannette]

Non, tu n'en demandes pas trop... Dans l'absolu. Mais tu en demandes peut être trop à certaines personnes.
Une question : pourquoi rentres-tu le week end ?

As-tu des loisirs ?

[pilouchette]

Je rentre parce que j'ai conduite tous les samedis, et puis, parce que j'ai envie de voir mon copain, il n'y a qu'à ce moment que l'on peut se voir. Et j'ai peur de blesser un peu mes parents si je leur dit que je ne veux pas rentrer...

[Jeannette]

Si tu ne rentrais pas et que ton copain te rejoignait, tu ferais quoi ?

[pilouchette]

Mais malheureusement ce n'est le cas que très rarement. Mais si je n'avais pas mes heures de conduite et que chaque semaine, mon copain venait chez moi... Je pense que je ne rentrerais chez mes parents que pour les vacances, ou presque... Vu l'ambiance, je préférerai faire ça.