Soupçon d'autisme

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Leana8
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Soupçon d'autisme

Message par Leana8 »

Bonsoir,

J'écris ici parce que je ne parviens pas, plus à dormir. Je crois n'avoir jamais été si fatiguée de ma vie, je titube, je ne parviens pas à garder les yeux ouverts, j'ai un examen important demain à 8h et pourtant ils ne me laissent pas dormir, mes démons.

J'ai déjà écrit ici il y a quelques temps, plus d'une année sûrement. J'avais 12 ans - j'en ai 15 actuellement - , je vivais ma première dépression, j'avais des idées suicidaires très concrètes, et une intervention de la gendarmerie qui a découlé de mon message ici m'avait, je suppose, sauvé la vie. Je doute que la personne qui a appelé la gendarmerie repasse ici ou se reconnaisse, mais j'ai toujours voulu lui dire merci.

Cette dépression m'a plongée dans le noir pendant des mois interminables, je crois même que j'ai oublié une bonne partie de cette époque, je ne veux pas m'en souvenir. J'avais à l'époque réussi à cacher tout cela à mes proches, à mon entourage au complet. Et puis, quand ça a éclaté... à vrai dire, je ne me souviens réellement pas. Mais je sais que c'est allé mieux, je ne sais plus réellement comment, je suppose que je me suis relevée.
A cette dépression a succédé, presque immédiatement, une phobie sociale qui m'empêchait de sortir de chez moi, d'aller en cours sans avoir des attaques de panique et crises d'angoisse régulières. Mon quotidien étant devenu insupportable, j'ai commencé à voir un psy et ai entamé une TCC. Je ne sais pas si elle m'a réellement aidé, en tous cas j'avais besoin de quelqu'un, d'un soutien, d'une aide pour avoir le courage de regarder ma phobie en face. J'ai réussi à en sortir, j'ai réussi à marcher dans la rue sans avoir l'impression de mourir.
J'ai été diagnostiquée HP très nettement après un test de QI. Pas vraiment de surprise, je crois, juste le soulagement, me dire "je n'avais pas tout inventé".

Depuis, ma vie est parfaite. J'ai une petite soeur que j'ai vu grandir depuis sa naissance et qui a maintenant 2 ans, qui m'a appris à aimer, je suis dans mon avant-dernière année de lycée, "la surdouée" partout, je suis passionnée de moto, de lecture, d'écriture, j'entame un travail écrit de grande envergure sur la psychiatrie, je voudrais écrire une nouvelle, des profs me soutiennent, je veux devenir psychiatre, je veux étudier la médecine. J'ai des résultats brillants, comme d'habitude, sans travailler. J'ai été engagée par mon ancien psy pour aider quelques uns de ses patients scolairement, j'aide une agoraphobe et une victime d'un TDA, c'est un travail que j'aime beaucoup, ce milieu me passionne.

Sauf que, j'ai l'impression aujourd'hui que tout ça s'effondre, que je n'y arriverai jamais. Ca fait maintenant quelques mois que, ma phobie sociale plus ou moins complètement disparue (je ne serais jamais totalement "normale" dans le domaine, mais ça ne me pose plus de souci au quotidien), une sorte d'agoraphobie étrange me reprend. J'ai peur de sortir, j'ai peur des grands espaces, il me faut 4 murs rassurants pour respirer, je fais de la moto et je commence à avoir sérieusement peur sur les nationales alors que j'étais passionnée, j'ai peur des gens, de nouveau. Chez moi, ça ne va pas vraiment non plus, je me suis toujours mal entendue avec ma mère qui ne se soucie absolument pas de moi, qui a décidé que c'en était fini de mon éducation à 11 ans, que je pouvais me débrouiller seule, mais je ne m'épancherai pas sur le sujet. L'idée d'emménager chez mon père - avec qui je suis en entente parfaite et que j'admire beaucoup - me tourne dans la tête depuis quelques semaines et a été mise sur la table lors d'une des nombreuses disputes avec ma mère, mais je n'ai pas réussi à en parler à mon père.
A l'extérieur, j'ai peur, j'ai du mal à me mettre en harmonie avec les conventions sociales, j'y arrive très bien quelque part mais à l'intérieur je ne comprends rien, je suis dans ma bulle, je ne comprends pas, je sais que mon psy soupçonnait l'autisme, je sais que j'en ai beaucoup de traits, mais les tests ont révélé une empathie hors du commun, alors je ne sais pas trop où j'en suis avec ce soupçon d'autisme. Disons que je suis sûrement douée pour cerner les gens, mais comme toute ma personnalité, c'est à l'intérieur que tout va mal. A l'intérieur, chez moi, j'ai cette constante sensation d'étouffement et de strangulation. A cause de cette histoire familiale, mais aussi et surtout à cause de moi. Je ne pense que par dialogues avec moi-même, ou plutôt un autre moi, il y a des fois où je déréalise, je me parle constamment, ris seule, j'ai peur, je ne sais pas ce que j'ai, pourquoi je suis comme ça, pourquoi pas quelqu'un d'autre, pourquoi je suis aussi étrange et pourquoi je ne comprends même pas ce que j'ai, ce que je suis.

Je n'ai jamais eu aucun ami, littéralement aucun, j'ai l'impression de faire semblant, tout le temps. Je n'ai personne à qui parler et j'ai peur. Je sais que je ne referai plus jamais l'erreur de vouloir passer à l'acte suicidaire, je me suis juré, réellement. Mais je suis perdue et l'impression d'être condamnée. Je pensais que j'en avais terminé avec ces démons qui me dévoraient, mais je chute de nouveau, je ne me comprends profondément pas, j'aimerais qu'on m'explique, qu'on me diagnostique une quelconque maladie, qu'on me donne des médocs, juste les faire taire.

Je ne sais plus quoi faire, j'ai l'impression que je suis vouée à rechuter toute ma vie, je sais que ce n'est que la deuxième fois mais c'est cette différence constante, ce mal-être permanent, littéralement permanent, qui me détruit, me dévore et que je ne comprends pas, que je n'arrive pas à cerner. Quelle utilité d'essayer d'aller mieux si c'est pour n'avoir qu'une année de repos avant de retomber dans les nuits sans sommeils, les journées sans alimentation, cette sensation d'avoir un poignard enfoncé dans le coeur, un coeur qui saigne, une poitrine oppressée, c'est un enfer. Je ne sais pas quoi faire. Mon ancien psy est essentiellement thérapeute en TCC, je n'ai plus envie d'aller le voir. Un psy est payant et déjà que je ne parviens pas, depuis des semaines, à parler à mon père pour lui parler du déménagement potentiel et éventuellement de mon mal-être, lui demander de payer un psy alors qu'il m'avait payé une thérapie il y a si peu de temps... Je n'ai personne d'autre.

Bonne nuit à vous.. Et merci d'avoir lu.
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Jeannette
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Re: Soupçon d'autisme

Message par Jeannette »

Souvent, certains "symptomes" des HP sont voisins de ceux de l'autisme. Les symptomes seulement. Mais je suis bien placée pour savoir à quel point cela peut être dérangeant. Surtout lorsque, avec le recul, on réalise avoir grandi dans un environnement considéré par les psychanalystes comme favorisant l'autisme... Alors au final, pourquoi mettre une étiquette ? HP, et puis ceci, et puis cela ? Ca ne sert à rien ! L'important, c'est de réussir à parler de ce que l'on ressent, et finalement, l'étiquette ou le diagnostique n'ont bien souvent que ce seul intérêt.
Par ailleurs, si tu t'intéresses au domaine psy, tu as peut être déjà entendu parler du syndrome d'anniversaire... Le fait que, à dates fixes, certains souvenirs reviennent nous travailler même si cela reste inconscient et que l'on ne s'en rend pas compte. Et puis ces derniers jours, c'était la pleine lune. Et beaucoup de personnes dorment moins à cette période. Et tu avais un examen en plus. Alors si tu fais A+B+C, ce n'est peut être pas si étonnant que cela, que tu sois "mal", ces temps-ci.
Sans doute n'as-tu pas évacué tous tes démons avec ce psy l'an dernier. Sans doute étaient-ils justes partis reprendre des forces dans un coin avant de revenir t'embêter. Parle à ton père. Vois avec lui qu'il te permette de revoir un psychologue de ton choix. Ton bien être mérite bien cela, non ? C'est le genre de chose que, à sa place, je ne refuserais pas, préférant largement cela à la culpabilité, par la suite, de savoir que tu n'étais pas bien sans que je ne m'en sois rendue compte...
Si quelque chose s’oppose à toi et te déchire, laisse croître, c’est que tu prends racine et que tu mues. A. de St Exupery - Citadelle
Il y a un moment où les mots s'usent. Et le silence commence à raconter. K. Gibran
Leana8
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Re: Soupçon d'autisme

Message par Leana8 »

Je sais que les HP sont parfois assimilés à tort à des autistes.. Comme je disais, je sais en avoir des traits, mais je crois que je ne le suis pas réellement. C'est surtout dans le fait d'être totalement dans ma bulle, d'angoisser énormément dans toute situation sociale parce que je ne sais pas si je réagis bien, de ne pas comprendre du tout le fonctionnement des autres, d'avoir l'impression d'être séparée par une cloison d'eux, de me passionner pour des domaines de façon excessive et exclusive, d'être très angoissée par tout changement inhabituel dans mon quotidien (ça fait deux semaines que je suis en examens, donc horaire fortement inhabituel, donc terrible angoisse...), d'avoir besoin de repères familiers, rassurants, pour supporter d'être assaillie par tout l'environnement extérieur.
C'est vrai que je cherche le diagnostic en sachant pourtant que c'est inutile, mais c'est juste pour savoir enfin ce qui ne va pas chez moi.
C'est drôle, on est mi-décembre ; il y a 3 ans exactement, je sortais de l'enfance et étais confrontée au début de ma déprime.. C'est dérangeant de se dire que l'on est gouvernés par des influences totalement extérieures, que notre psychisme ne nous "appartient" pas. Les examens et le changement dans mon quotidien qu'ils entraînent, le dilemme avec ma mère qui m'angoisse beaucoup parce que je dois prendre une décision, le fait que je doive de nouveau de temps en temps sortir/reprendre le bus à cause de la météo (moto).. C'est sûrement un combiné, oui. C'est étrange, parce que la journée, bien sûr je vais mal mais disons que je rumine, ça me tourne dans la tête, mais je suis capable de penser à autre chose. Alors que le soir et la nuit, c'est la dépression la plus totale qui m'étouffe, j'enchaîne crises d'angoisses, de larmes inexpliquées, un réel sentiment d'asphyxie, alors que je pensais cette période passée.

C'est certain que je n'ai pas du tout évacué tous mes démons auprès de mon ancien psy. Très axé TCC, il m'a soutenue surtout dans ma découverte de la surdouance, le test, et la progression de la TCC pour ma phobie sociale, mais on parlait très peu voire jamais d'autre chose d'où le fait que j'aie besoin de réellement et librement parler, je suppose. Enfin, cela étant dit, devant un psy je perds souvent mes moyens face à l'angoisse. Mais la confiance fait que ça s'améliore.

Je me suis renseignée et il y a un CMP à 5 minutes de chez moi, je crois que je vais y aller, pouvoir être entendue, et gratuitement, me soulagera sûrement. Encore faut-il que j'aie le courage de me lancer là-bas, alors que je n'y suis jamais allée.. Je vais voir comment les choses évoluent, et irai peut-être dans les prochains jours. Merci.

Edit : J'ai fait l'erreur d'en parler avec ma mère. Toujours aussi radicalement impossible d'aborder le sujet d'avoir des problèmes psy, où l'intervention personnelle ne suffit parfois pas. Incompréhension totale, enfin je m'y attendais. Il y a deux psychiatres seulement dans les environs, dont un qui connaît apparemment bien ma famille, soucis psy depuis longtemps, merci à l'hérédité.., je vais en parler avec mon père et voir si je peux y aller.
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