Conjoint autiste

[Etpuismaintenant]

Bonjour, je suis une femme de 32 ans. Fatiguée.

Je suis tout d'abord enseignante et j'ai un diplôme de 2e cycle en santé mentale. Mon travail est d'aider les personnes atteintes de troubles, de limitations et de pathologies. J'ai un fils TSA. Le diagnostic de fiston a confirmé l'importance de la démarche diagnostique chez mon conjoint. J'ai maintenant la confirmation officielle qu'il est TSA. Je comprends ses difficultés mais…

Où est ma limite à moi?

Ma mère avait un trouble de personnalité limite. Je crois ne jamais avoir cerner mes propres limites!

Je me retrouve affaiblie, je cherche mes mots alors que c'est ma force, je peine à m'organiser et je perds mes émotions (une neutralité de plus en plus grande). Je constate des symptôme de dépression chez moi.

Mon conjoint n'est pas que TSA, il y a suspicion de dysphasie sémantique et de cyclothymie.

Je me sens comme une intervenante à temps plein auprès d'un client alors que lui me demande d'être une conjointe. Je suis continuellement en intervention puisqu'il n'a eu aucune thérapie. Il a beaucoup d'incompréhension dans ses interactions sociales et, par conséquent, dans notre relation de couple. Cependant, il ne voit que très partiellement ses difficultés. Il a une grande rigidité cognitive et mes interventions doivent être faites au bon moment pour qu'elles soient efficaces.

Il peut être impulsif, contrôlant et être hors contexte. Il a peu d'empathie mais il croit en avoir.
Je comprends que ses difficultés proviennent de son fonctionnement. Qu'il n'est pas méchant mais il peut l'être sans le vouloir tout en étant certain d'avoir raison! Je suis formée, je suis compétente. Mais il s'agit d'un couple et je ne peux ignorer ses particularités. Son fonctionnement dépend de l'adaptation de l'environnement.

Moi, j'en suis où?
Je suis avec lui depuis 10 ans.

Je réfléchis, je suis empathique, j'interviens, j'explique,...

Je respecte son besoin d'être seul, de dormir des journées presque entières la fin de semaine pendant que je m'occupe des enfants, son besoin de monologuer ses intérêts surinvestis,...

Je comprends sa rigidité cognitive. Le fait qu'il se fait des idées précises de la façon dont les choses doivent se passer, être disposées et être planifiées.

Je fais tout mais il ne voit rien. Il me reproche l'organisation de la maison parce que les stimuli visuels le font réagir. Il a besoin que tout soit placé et fonctionne comme il le désir. Il voit ses besoins mais aucun des miens. Si on ne fait pas exactement comme lui décide, tout le temps, il est anxieux et ne peut plus fonctionner. Je me sens comme si je devrais être un robot qu'il commande. Même la façon dont je m'exprime, les mots que je choisis sont critiqués.

Et je lui explique de diverses façons mais pour lui je suis dans le tort, sur tout! J'arrive à améliorer certaines choses mais au prix d'efforts extrêmes.

Je sais que c'est son cerveau. Mais moi?

[Dubreuil]

Je sais que c'est son cerveau.

*** Le vôtre n'a peut-être pas intégré que c'est une personne atteinte d'un grave trouble mental, et qu'il ne peut pas réagir selon vos critères.
Vous n'êtes ni sa mère, ni son infirmière, ni sa psy… etc... vous vous donnez un rôle qui vous épuise parce qu'il ne vous appartient pas.

Votre vie vous appartient. Elle est en grande partie, et sera, ce que vous en faites…