Accouchement mal vécu

[paulamari]

Bonjour,

Voila bientôt 1 an que j'ai accouché et j'ai l'impression d'avoir raté mon accouchement. Ca peut sembler puéril sachant que j'ai la chance d'avoir un bébé en parfaite santé mais je le vis très mal. J'ai eu un accouchement naturel, sans péridurale, qui correspondait à mon projet de naissance. Mais je n'ai pas réussi à faire sortir ma fille et j'ai l'impression de ne pas avoir été à la hauteur.
Voici ce que j'ai écris à ce sujet il y a peu de temps : "J'ai l'impression d'avoir raté mon accouchement. Ca va faire 1 an maintenant mais je ressasse constamment tout ce que j'aurais voulu qui se passe différemment. Je devrais avoir digéré ça depuis bien longtemps, mais non. Mon accouchement aura été correct à mes yeux pendant 48h, et une fois le choc traumatique passé, j'ai commencé à voir tout ce qui n'allait pas. La première chose, et la plus grave à mes yeux, celle pour laquelle je pleure systématiquement, c'est que je n'ai pas réussi à la sortir. Je n'ai pas accouché. Non, on me l'a faite sortir avec une ventouse. Parce que je n'étais pas capable. Parce que mon périnée était trop genant malgré une épisio de 5 points. Parce que j'étais épuisée après 1h10 de poussée. Parce que mon bébé était mal positionnée dans mon bassin et un peu bloquée. Je ne suis pas parvenue à la débloquer. Je n'ai pas réussi à faire naître mon enfant. Je n'ai pas eu le bonheur d'entendre : “ça y est, la tête est sortie”. C'est un échec. Alors je me pose mille et une questions. Et si j'avais accepté une épisio complète ? Et si j'avais pris une autre position ? Et si on ne m'avait pas pressée à accoucher alors que bébé allait bien et qu'au final, après réflexion, il n'y avait pas le feu au lac ? Et si je m'étais écoutée davantage ? Et si j'avais accouchée à la maison ? Est ce que j'aurais du être transférée à l'hopital parce qu'elle était vraiment bloquée ou est ce que j'aurais réussi seule en prenant le temps sans etre stressée ?
Mon mari ne m'épaule pas du tout dans ce deuil. Il ne me comprends pas. Il trouve que cet accouchement mal vécu a été merveilleux, que j'ai été la plus courageuse au monde, que je dois êter fière de moi, qu'il est fier, que le principal c'est que notre fille aille bien, que j'ai tenu sans péri alors que ventouse ou non c'est un détail. Et patati et patata. Mais moi je me sens mal. Ce n'est qu'une ventouse, mon bébé va bien, moi aussi, mais je me sens mal. Frustrée. Totalement incomprise. Triste. Déçue de moi même. Je devrais être heuresue d'avoir fait un bébé en bonne santé et, dans le fond, je le suis, mais la n'est pas le problème. Ce sont 2 choses qui n'ont rien à voir. Mon bébé va bien, c'est merveilleux. Mon accouchement a été nul, c'est différent. Je n'ai pas su gérer la douleur. J'ai crié, paniqué, mal poussée. J'aurais du me mettre dans ma bulle, me concentrer, me faire confiance. Au lieu de ça j'ai subi tout ce qui se passait, la douleur comme le reste. J'ai l'impression d'avoir été spectatrice de mon accouchement, de ne pas l'avoir vécu comme j'aurais du le vivre.
Pour un deuxième, j'en viens à me dire que je veux accoucher à la maison quoi qu'il arrive. Au moins je verrai de quoi je suis capable. Je verrai si je peux donner naissance à un bébé sans qu'on intervienne avant d'être sur de quoique ce soit."

J'aimerais que vous m'aidiez à passer à autre chose et à comprendre pourquoi je me sens si mal.
En vous remerciant.

[Dubreuil]

Mais en fait, vous vouliez accoucher " contre nature " ? Malgré tous les obstacles insurmontables d'une position inadéquate ? J'ai un peu le sentiment que vous vous mettez la barre très haut en tout, comme si vous vouliez tout maîtriser.. et s'il y a bien quelque chose que l'on ne maîtrise pas, c'est la vie !
C'est votre enfant qui faisait obstruction, pas vous.
Ce que vous nous confiez ressemble plus à un traumatisme qu'une douloureuse expérience. C'est pour cela que je vous invite à entreprendre une psychothérapie analytique avec un psy clinicien pour comprendre le processus de cet impact, et/ou prendre rendez-vous avec un(e) thérapeute en EMDR ( voir sur internet ) Les deux, seuls ou conjugués vous aideront très vite à relativiser l'événement en mettant chaque émotion à sa place et dans son intensité.
Courage.

[paulamari]

Non je voulais bien accoucher de manière naturelle et l'intervention de la ventouse m'a ôté tout espoir de vivre l'accouchement dont je rêvais. Pour moi accoucher est l'essence même de ce que peut faire une femme. "Elle a été créee pour ça". Et ne pas réussir à accoucher par moi même me déçoit beaucoup...

[enora]

Pour rejoindre Madame Dubreuil, oui c'est bien tout à fait vrai que vouloir un accouchement naturel, est quelque part antinomique.
Car par définition ce qui est naturel est quelque chose que nous ne pouvons controler.
Si "on" avait laissé la nature faire les choses votre enfant serait probablement mort.
Parce que la nature ce n'est pas un monde dans lequel tout coule sans heurts
. La nature est violente, reconnaissez le.
A une époque où l'accouchement appartenait aux seules femmes (et encore je crois que dans toute société aucune femme n'est sensée accoucher seule), où il n'y avait ni hopitaux ni médecins ni sages femmes, ni technologie, la mortalité des femmes et des bébés était extrèmement élevée.
Si vous persistez à vouloir n'avoir pour seul partenaire de cet accouchement que "la nature",vous devez connaitre et accepter les risques que vous prenez.

[lyza]

JE te conseille de suivre les recommandations de Mme Dubreuil concernant la rencontre avec un pro.

Je n'ai pas vécu l'accouchement ni les suites de couches dont je rêvais pour ma fille et j'ai fait une grave depression. On m'a dit que le temps ferait les choses, c'est FAUX. On y pense à chaque accouchement des copines, à chaque fois qu'on voit un accouchement à la télé (le plus récent, ça a été l'accouchement du dr quinn en pleine nature ; j'ai zappé).

Il faut en parler, il faut l'évacuer, il faut raconter ce qu'on a mal vécu. Ton mari ne pourra pas comprendre, il a raison aussi de son point de vue : votre fille va bien. Mais toi, tu l'as vécu de l'intérieur. Tu as vécu la responsabilité de ce bébé dans ton ventre, c'est quelque chose d'intense, et l'accouchement est l'aboutissement de tout cela. Après, peut-être qu'on ne parle pas assez des risques et de ce qui peut arriver. Perso, je m'étais préparée à une césarienne, et trop sans doute. Je ne raconterais pas mon accouchement, mais j'en suis encore aujourd'hui à penser qu'elle aurait mieux valu...

Il y a une chose qu'on m'a fait sans m'en prévenir. Du coup, comme je n'allais pas au rendez-vous pour cela, je l'ai plutôt mal vécu. C'est une séance de re-borning. Je le redis, moi j el'ai mal vécu, mais je n'avais pas prévu ça, mais si ça existe, peut-être que ça peut faire du bien : revivre un accouchement de manière "idyllique". A discuter avec un professionnel pour savoir si ça pourrait t'aider à passer le cap.

Cela dit, je mettrais un veto à l'accouchement à domicile : ta fille était coincée, tu étais épuisée. Il vaut mieux aller à l'hôpital, et préparer un plan d'accouchement avec les sages-femmes, que tu laisseras dans le dossier, que de faire chez toi. D'autant qu'il y a de moins en moins de sage-femme qui obtiennent une assurance pour pouvoir pratiquer à domicile...

[paulamari]

J'aimerais bien consulter... Quelles sont les démarches à suivre ? Doit on passer par son généraliste ? Est ce remboursé par la sécu et / ou la mutuelle ?
En vous remerciant.

Lyzia, je me retrouve dans beaucoup de choses que tu dis comme le fait d'y penser à chaque fois qu'une copine accouche ou qu'un accouchement passe à la télé...

[lyza]

alors les psychologues clinicien ne sont pas remboursés par la sécu, parfois c'est pris en charge par la mutuelle (téléphone avant pour savoir)
sinon il y les CMP mais les temps d'attente peuvent être long.
Tu n'as pas besoin de passer par ton généraliste du coup pour y aller, tu peux appeler directement.

PS : du coup, j'imagine que, comme moi, l'émission sur les accouchements sur TF1, tu évites ?

[Azadeh]

Il y a aussi des associations qui organisent des groupes de parole ou des rencontres avec des psychologues.
Vois sur internet. Il m'est arrivé (je n'ai plus les noms en tête) de voir des pages consacrées à ces associations spécialisées dans les problématiques des accouchements mal vécus pour des raisons diverses et variées.

[Dubreuil]

Dans TOUTES les thérapies qui ont pour objectif d'apporter une aide immédiate à tout patient en état de choc psychologique ou d'intense désarroi, le psy a toujours la possibilité d'adapter pour un temps le montant de ses honoraires aux possibilités financières de son patient.
Assez pour que celui-ci sache qu'il paie pour sa propre libération, et jamais pour le pénaliser plus encore s'il n'a pas les moyens de se soigner.
Je vais par ex voir à domicile une jeune femme sous respirateur artificiel et qui a très peu de moyens financiers. C'est elle qui fixe " son prix " chaque semaine, entre 5 et 15 euros. Quelquefois 15 quand elle a une rentrée d'argent, 10 quand elle sait qu'elle y arrivera, et 5 si vraiment c'est trop " serré ".
Ne croyez pas que ce soit un cas isolé, bon nombre de mes confrères font de même, mais ne le disent pas, ceci parce qu'il y aurait très vite des dérives, et également parce qu'ils sont tenus au secret professionnel.
Rien ne vous empêche de " faire le tour des psys " de votre région ( ! ) pour trouver le bon, en fonction de vos possibilités financières. Cela fait partie de la thérapie : se prendre en charge, considérer la valeur et le prix de sa parole.
Soyez vigilante aussi, car à vouloir ne pas " payer le prix " vous risquez de tomber sur des charlatans, ou des psys-fonctionnaires payés par l'état qui n'ont pas forcément les qualifications requises.
Les séances EMDR sont très efficaces, parfois 3 ou 4 suffisent pour régler un traumatisme avéré. La séance est en moyenne de 60 euros pour 1h30. Et là encore, vous pouvez payer en plusieurs versements, même une fois la thérapie terminée.
Il suffit de savoir ce que vous voulez pour VOTRE BIEN, de vous en donner les moyens ( parfois financiers ( ! ) et d'oser exiger haut et fort une aide adaptée à votre situation.