Un fétichisme pesant.

[Kamisam]

Je sais que le message date de plusieurs années, et la réponse n'est sans doute plus d'actualité pour la personne qui a effectuée la demande. Mais tombant dessus, et le partage sincère de la personne me parle, j'ai voulu partager certaines idées, avec l'intention que peut-être cela puisse aider d'autres personnes dans des situations similaires.

Le fantasme c'est une fuite du réel, pour l'agrémenter par exemple, rendre le quotidien surmontable, mais aussi comme mécanisme pour gérer de très grosses peurs, conflits, traumatismes.

Un exemple tout bête, mais le patron ne nous aime pas, on fantasme qu'on copine avec.

Et dans les fantasmes comme le viol etc je ne suis pas certain que les personnes ayant cela aiment cette idée. En fait elles doivent en avoir une peur viscérale avec beaucoup de tentatives de contrôle, et cette tension, peur, insécurité est une ombre qui génère le fantasme.

A mon sens, tant que le fantasme reste dans la tête, et se révèle à certains moments particuliers, pendant des pics de plaisirs, de façon imaginaire, cela reste acceptable.

Ce que vous indiquez, ce sont des fantasmes assez courants, appelé "wet and messy" ou wam.

Pour les former, il faut un terrain, comme avec les virus, mais il faut aussi quelque chose pour le réveiller. Et cela, ce n'est pas forcément quelque chose d'hyper compliqué avec les parents. Cela peut-être certains "jeux" vu à la télé. Cela peut suffire si le "terrain" permet cela.

Par exemple, aux Etats-Unis, c'est un fantasme, certes bizarres, mais aussi assez développé (pour que certains journaux "normaux" en parlent par exemple) et qui a mon avis colle aussi avec le nombre d'émissions jeunesse ou ce genre de "gags" était utilisés à profusion. Un jour on se demandera si ces émissions n'ont pas fait quelques dégâts...

Ne serait-ce même que des fantasmes de fesséee, voir quelqu'un se faire punir, même à la télé, peut suffire pour développer cela.

Même si la thématique que vous indiquez peut laisser penser à première vue à quelque chose de "léger", cela n'est absolument pas le cas. Il y a de réelles souffrances derrières, avec de la honte, de l'humiliation, de la peur, de la crainte d'être jugé, ridiculisé... Des abimes parfois.

Parfois des grands patrons qui sont "tout parfait" peuvent se retrouver esclave et plus bas que terre dans leurs fantasmes.

C'est qu'il y a une dualité entre ce qu'ils affichent et ce qu'ils sont. Et le fantasme renvoi à cela.

Dans votre situation il y a deux choses : vous et lui.

Vous avez un malaise avec ça. Sinon vous ne seriez pas sur un forum d'aide à présenter publiquement des choses assez intimes.

Il n'y a aucune honte à dire qu'on est écœurée de certaines pratiques, et surtout dans le contexte dans lequel s'est fait.

Pour une première relations, devoir cohabiter avec un truc pareil, et se faire humilier à répétition, et au bout de 11 mois ne plus en pouvoir, cela implique que quelque chose doit changer.

Pour votre compagnon, je trouve que la situation est déjà très développée, assez gravement même. Il passe à l'acte, collectionne. Et jusqu’où cela va t'il aller ? De l'argent part dans des vidéos ? Des dominatrices ? Cela va aller en grossissant ?

Car ce qu'on nourrit grandit. C'est immanquable. Si il se nourrit constamment de ce genre de vidéos, photos, jeu de rôles... c'est que cela va grandir. Vous voyez vous dans ce genre de situation ? Vous voyez vous prendre part à ce genre de choses sur le long terme ?

Il y a de la souffrance, cela me semble une évidence. La question, c'est "est-il désireux de changer les choses" ?

C'est la question fondamentale. Si il est dans cette intention, profonde, sincère, et qu'il fait des efforts, cela ne va peut-être pas se régler tout de suite, mais cela va aller en s'améliorant. Et disons que cette traversée peut lui apporter des choses (certainement) et peut-être à vous aussi.

Mais vous êtes (ou étiez depuis ces années ?) une compagne, pas sa thérapeute. Seul lui peut se sauver. Il doit le vouloir. Par "amour", vous ne pouvez pas tout prendre sur vous.

L'amour commence par soi, et cela implique de poser des limites. Ensuite, à chacun de voir ce qui peut être accepter et jusqu’où.

Il n'y a pas d'homme ou de femme parfaite, et des challenges, on en a tout le temps, mais la, la pilule me parait assez grosse à avaler. Vous faites des efforts pour lui ; fera t'il des efforts pour s'en sortir ?

Vous dites qu'il ne veut pas être considéré comme malade. Je suis désolé de vous le dire, mais il est malade. Une maladie qui l'empêche d'exprimer ses émotions, qui vous salis (physiquement et psychiquement), qui met de la lourdeur, qui détourne l'amour dans une pratique qui vous rabaisse.

Satisfaire ses fantasmes, je ne pense pas que cela soit l'aider. L'aider, ce serait plutôt l'aider à les réduire, les remettre tranquillement à leur place.

Bien sur, on peut dire que le s/m, bien fait, dans le respect peut être acceptable... certes, pourquoi pas... mais vous êtes dans une toute première relation, vous êtes jeune, vous n'allez pas construire votre vie sur de l'irrespect, de la dévalorisation, servant de fantasme sexuel. Vous avez besoin d'amour, de respect, de bienveillance, d'écoute. Pas d'être écrasée. Si au moins son besoin était assez restreint, ce serait peut-être gérable... mais la c'est carrément outrancier. Cela dépasse toutes les bornes. Pense t'il à ce qu'il vous fait subir ? A ce que cela implique pour vous ?

Car vous avez besoin d'un homme, je pense. Et un homme, cela prend ses responsabilités. Cela peut-être un très long chemin de guérison, avec beaucoup de chutes, de rechutes, de larmes, de souffrances, de désespoir parfois. Mais ce chemin fait aussi grandir, car il nous fait nous traverser. Et la, dans ce contexte, cela pourrait vous nourr aussi de l'aider.

Si ce partenaire n'est pas prêt à se remettre en question, je pense que vous allez souffrir sans forcément d'améliorations.

L'amour d'une femme fait beaucoup. Mais l'amour d'une femme ne remplace pas la décision d'une personne d'arrêter de boire, de se droguer, ou d'assouvir son fétichisme. Cela peut aider. Mais la responsabilité de la décision est de son ressort. Pas du votre. Votre responsabilité, c'est savoir jusqu’où vous pouvez aller.

Pour ce genre de situations, je pense qu'il faut bien plus que parler. Je pense qu'il doit aller très en profondeur en lui-même pour trouver le nœud, le régler, transformer ses structures et renaitre transformé.

A titre personnel, je recommanderais la thérapie transpersonelle qui va très en profondeur, et aussi des thérapies comme l'EMDR pour les traumas, et des pratiques plus alternatives qui peuvent aider.

Oui, il est possible de guérir. Oui, je le répète, c'est possible.

Mais pas en prenant un verre en disant "c'est le dernier, donc je le fête... en prenant un autre verre !". Il doit prendre conscience de la gravité de la situation, ne pas se dire "c'est pour rire, c'est gentil, c'est fun, c'est cool", et vraiment savoir ce qu'il veut.

Et je le répète, vous n'êtes pas son thérapeute.

Ensuite, cela n’est qu’un avis.

Bon courage