Sauriez-vous me dire si je me lance dans une mission presque impossible ou pas?

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Rachinette
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Sauriez-vous me dire si je me lance dans une mission presque impossible ou pas?

Message par Rachinette »

Bonjour,
Je me suis que peut-être qu'ici on pourrait me renseigner.
J'envisage de devenir Clown-thérapeute. Je veux travailler pour apporter du bonheur, de l'optimisme aux gens. J'ai déjà été clown. Un intervenante ets venue nous enseigner l'art clownesque. Sans vouloir me vanter, tout le monde me disait que j'étais la meilleure, et je me suis vraiment rendue compte des bienfaits que ça pouvait avoir. Ca peut faire du bien au public et à la personne qui joue. Je ne veux pas être clown dans un cirque. Je déteste voir des animaux dans des cages. Ca me dégoûte de voir ça. Quand je vois un pauvre lion enfermé, je me dis "Le pauvre. Il ne peut rien faire". Et je trouve inadmissible le fait que souvent, les acrobates font leur numéro sans sécurité. Je sais qu'ils sont super doués, et je n'ai rien contre ça, mais je pense qu'ils devraient être protégés à chaque fois qu'ils font leurs tours, parce que forts ou pas, les graves accidents peuvent arriver. Je ne pense donc pas que je serai à l'aise dans un cirque.
Mais j'adore être clown. J'ai appris beaucoup de choses sur ce qu'on peut apporter aux gens. Je m'intéresse au rire, mais aussi à des domaines que la formation à "Clownessenciel" enseigne (e: la maltraitance, l'espoir). J'ai moi-même appris à mieux m'accepter avec ça. J'ai contacté quelques organisme. Certains m'ont dit que ceux qui font ça, font d'autres choses. Mais, j'ai lu sur internet que ça été reconnu comme étant un métier. J'ai appelé une dame de "Clownessenciel", qui m'a affirmée que cette formation aboutit à un un métier, et que je pourrai gagner ma vie avec ça. J'étais bien contente! Je me suis même achetée tout un livre sur le clown-thérapeute. La formation se fera sûrement le samedi si j'y vais.
Seulement voilà, mes parents me disent que c'est mission impossible. Ils disent qu'il y a deux trois gens qui en vivent, c'est tout. Je leur ai dit "Comment expliquez-vous le fait qu'une dame m'a affirmée que je pourrai en vivre? Il sont même liés à Pôle emploi"? Ils m'ont répondu "Donc, tu as plus confiance en quelqu'un que tu as eu au téléphone, qu'à tes propres parents?".

Comme c'est en lien avec la thérapie, je me suis dis que vos avis pourraient m'aider svp.
Minijeune
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Re: Sauriez-vous me dire si je me lance dans une mission presque impossible ou pas?

Message par Minijeune »

Bonjour!!

Je viens vous écrire parce que le sujet m'interpelle personnellement.

J'ai envie de vous dire de croire en vos rêves et vos ambitions. Mais que je comprends comment c'est difficile de faire quelque chose qui va à l'encontre de ce que nos parents désirent... tout dépendant à quel point ils ont de l'influence ou qu'ils se projettent en nous...

Je suis intervenante de formation.
J'ai étudié en éducation spécialisée... mais ce que j'aurais vraiment voulu faire, c'est de faire des études en danse... parce que c'est ma passion. Mais puisque ce n'était pas rationnel d'en faire une carrière, de ce que mes parents pouvaient me dire... j'ai mis mes envies et mes aspirations de côté... pour devenir ce qu'ils voulaient que je sois... mais surtout pour apaiser leirs angoisses... et quand venaient des angoisses... venaient des crises, de l'intolérance à mon égard... et surtout de l'indifférence ... c'est une forme de manipulation dans un sens... et c'est violent...

Mes parents n'ont jamais compris qu'ils ne me validaient pas dans ce que j'étais... qu'ils me demandaient d'être quelqu'un d'autre... et ça m'a fait beaucoup souffrir.

À travers mes études et mon expérience auprès de la clientèle, j'ai toujours utilisé le médium de la danse comme médium d'intervention. J'aimerais personnellement devenir danse thérapeute! Utiliser ma passion, et tenter de transmettre le bien-être qui vient avec tout ça! Maintenant que je me détache de mes parents, je suis capable de me projeter de cette manière dans l'avenir, sans m'en sentir coupable.

Je me suis toujours demandée pourquoi est-ce qu'ils ne m'encourageaient pas alors que c'était mon rêve... pourquoi? Ne voulaient-ils pas que je sois heureuse? Tout ce qu'ils voyaient, je pense que c'était la précarité financière qui venait avec le fait d'être artiste!

Il en reste que mes études en intervention ont été aidantes quand même!! Il faut juste faire attention avec le terme thérapeute... je ne suis pas une danse-thérapeute... parce que je dois avoir la formation universitaire qui vient avec ce titre... je fais toutefois de la danse adaptée auprès de diverses clientèles... mais tout comme vous, je crois aux bienfaits de ce que je fais!
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Sauriez-vous me dire si je me lance dans une mission presque impossible ou pas?

Message par Dubreuil »

Vous pouvez commencer par être clown bénévole à vos heures libres dans les hôpitaux pour enfants. De là vous aurez une expérience, et vous verrez comment faire par la suite...
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Rachinette
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Re: Sauriez-vous me dire si je me lance dans une mission presque impossible ou pas?

Message par Rachinette »

Merci pour vos réponses. Les parents ont acceptée que je fasse cette formation, mais comme c'est le week-end, je tâcherai de trouver du boulot en parallèle après mon service civique. J'aime l'animation. Je trouverai bien quelque chose dans ce secteur... J'ai regardé ce que je pourrai faire en tant que clown, mais je n'ai trouvé

Je comprends que mon père sois inquiet pour moi, mais il affirme que la dame que j'ai eu au téléphone a dit que je pourrai gagner ma vie avec ça pour se faire du pognon. Il n'en sait rien. Il ne l'a connais pas, et personne lui a donné des critiques sur ce qu'elle fait... Je ne dit pas que c'est simple. Ce n'est effectivement pas un metier qui a été reconnu depuis longtemps. Je me rendrai peut-être compte qu'il vaut mieux faire du clown en tant que bénévole...mais ce n'est peut-etre pas une profiteuse. On n'en sait rien! On ne peut dire ça de quelqu'un sans preuves...
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Sauriez-vous me dire si je me lance dans une mission presque impossible ou pas?

Message par Dubreuil »

Culture Clown - Revue éditée par le CRCC - La Robin, 32220 Lombez - 05 62 62 46 78 )

L'atout clown !
Il faut bien le reconnaître, nous ne disposons pas de données sociologiques sur "les pratiques de clown", ni en France, ni dans le monde (mais que font les sociologues ?!). De façon empirique, nous savons que nombreux sont nos contemporains qui se sont lancés dans ce jeu masqué du personnage au nez rouge, et pas seulement à l'Ecole Lecoq (précurseur dans son école de formation d'acteurs) ! Les ateliers, stages, festivals, rencontres, programmations culturelles, initiatives sociales… qui affichent le nez rouge ont le vent en poupe. Et même la revue Culture Clown que vous tenez en mains est en rupture de stock pour la plupart de ses numéros... A l'instar des pratiques sportives, musicales ou théâtrales, la pratique du clown ressemble à une pyramide avec sa large base d'amateurs et sa pointe visible de professionnels1 lesquels jouent un rôle précieux dans la reconnaissance culturelle de l'ensemble.
Mais n'en déplaise à ceux qui ne reconnaissent que quelques artistes phares, le clown met en jeu des pratiquants de tous âges et de toutes conditions. De la même façon, la pratique du clown ne se réduit pas au seul créneau du spectacle, même si la création reste un moteur essentiel du développement de l'art du clown. D'autres modalités se sont affirmées avec pertinence, que ce soit dans l'intervention sociale2 ou dans la formation. Les rubriques de nos sommaires en sont une vivante illustration.
S'intéresser au statut social des pratiquants du jeu de clown - amateur / professionnel – est en fait une invitation à dépasser ce clivage formel. Resurgit alors la question de fond : qu'est-ce qu'être clown ? La formule "Je suis clown" n'échappe pas à l'ambiguïté : est-ce à dire que j'ai un statut social de clown (plus ou moins confirmé professionnellement) ou bien que je travaille sur mon être clown ? En avoir ou en être ? Reportez-vous au délicieux questionnement d'une psychanalyste qui ouvre ce dossier et aux riches échanges des différents "formateurs" qui suivent.
Les "acteurs" présents dans ce numéro, témoignent avant tout d'un parcours personnel qui les a amenés à rencontrer le travail du clown et, pour la plupart, à s'affirmer comme clown. Vous découvrirez leurs cheminements singuliers car il n'existe pas de cursus type ni de pratique certifiée. Ils apportent aussi leurs points de vue sur ce qui fait la différence entre amateur et professionnel. En même temps, ils éclairent les enjeux des pratiques de clown, ce qu'elles exigent de l'acteur et le sens qu'elles prennent dans le contexte de crise actuel. On y entend une forte aspiration au plaisir du jeu et au travail de création, à la rencontre et à la révolte.
En évitant les pièges de "l'élitisme" ou de "la massification", notre pari est bien de promouvoir "l'atout clown" qui introduit du jeu dans le rapport à soi, au public, au social et à l'imaginaire collectif. Cultivons la valeur de cette carte, qu'elle sorte par son côté amateur ou par son côté professionnel, et jouons son registre imprévisible, joyeux et profond sur les multiples terrains de la création, de l'intervention sociale et de la formation.
Jean Bernard Bonange

En être ou en avoir
Amateur et/ou professionnel ? - par Annie Guérineau-Jomelli
Il est d'usage de poser un rapport d'exclusion entre ces deux termes : amateur ou professionnel. Et pourtant… L'usage aussi nous montre qu'il n'apparaît pas aussi simple de les dissocier totalement.
Juste quelques lignes… Pour partager avec vous ces réflexions, à partir de la pratique que j'ai de l'une ou de l'autre de ces positions, suivant le qualificatif accordé.
Est qualifié de travail d'amateur un travail plus ou moins bâclé, inachevé, mal fait. On parle alors d'amateurisme. Est qualifié de professionnel un travail accompli, achevé, bien fait. On parle alors de professionnalisme. On glisse alors le plus souvent de la qualité du travail à l'identité de la personne-sujet et on affirme que "c'est un amateur" ou "c'est un professionnel".
Qui voudrait répondre d'être un amateur, pour alors entendre qualifier son travail de bâclé… ?
Amateur ou professionnel ? Il s'agit de la place du clown, de son jeu, de sa visée (si tant est qu'il en ait une), de sa position. Et au-delà du clown, de l'artiste. Car ce clivage professionnel et / ou amateur ne se fait que pour des artistes. Qui parlera du médecin, architecte, enseignant, artisan.... les qualifiant d'amateur ou de professionnel ? Mais d'un peintre, d'un musicien, d'un comédien, d'un acteur ? Oui, ça se dira. D'un écrivain peut-être aussi.
Annie Guérineau-Jomelli

Une affaire collective et sociale
parGilles Allaire(INRA) - texte mis en forme par Bertil Sylvander

Pour éclairer les notions "amateur" et "professionnel", nous avons demandé à un chercheur son point de vue sur une question qui se pose quand, par exemple, une structure veut recruter un acteur clown pour un spectacle ou pour intervenir à l'hôpital…

En gestion des ressources humaines, on pose la question en termes d'offre et de demande, par rapport à un profil de poste. On examine alors les compétences d'un candidat par rapport à ce poste. On peut aller plus loin en examinant comment le candidat peut contribuer aux objectifs de l'entreprise et poser la question de ses capacités ou de ses aptitudes à remplir la fonction qu'on lui demande.
Néanmoins, cette approche strictement individuelle ne peut être satisfaisante par rapport à une profession au sein de laquelle on souhaite établir des critères de professionnalisme. Dans ces conditions le terme "amateur" a une connotation négative (il laisse supposer que la personne en question n'apporte pas grand soin à la réalisation de la tâche qui lui est confiée), alors qu'au contraire, le mot "professionnel" indique une bonne maîtrise des compétences.
Dans beaucoup de professions (celle du théâtre comme d'autres), c'est au niveau des pratiques sociales et même du contrôle social qu'on aborde la question. Dans ce cadre, un amateur peut être celui ou celle qui n'est pas relié sociale-ment à la profession des comédiens, par exemple, même si il en a par ailleurs toutes les compétences. Ce lien social peut avoir pour fonction, entre autres, de réguler collectivement les aptitudes des membres de la profession, en vue par exemple d'être à la hauteur des missions de la dite profession et de sauvegarder sa réputation.
Dans ces conditions, on a coutume de distinguer deux conditions qui vont concourir à cet objectif :
- l'existence de références communes que la profession va élaborer et faire appliquer
- un régime de responsabilité qui va permettre de vérifier que les missions de la profession sont respectées.
La réalisation de ces conditions peut revêtir de nombreuses formes : ordre professionnel (comme celui des médecins ou des avocats), accord sur un label de qualité, club, etc.. Ces formes se concrétisent par un lien ou un contrôle social qui peut aller jusqu'à la délivrance d'une licence1. Dans le domaine du théâtre, on peut penser à un registre, un accès aux subventions, aux aides techniques diverses, aux salles de spectacle, aux critiques, aux revues, etc...
Lorsqu'aucune forme n'existe et que la profession est complètement libre d'accès, la seule sanction se fait par rapport à l'individu et à sa capacité de se constituer seul une "clientèle". Elle se traduit alors, selon les résultats, par un niveau plus ou moins élevé de recettes et d'estime de soi, étant supposé que l'accès à cette clientèle est possible : trouver un local ou un directeur de salle qui accepte un comédien "amateur", etc… Et pour

Etre clown, quelles exigences ?
Débat entre André Riot Sarcey et Bertil Sylvander - par Myriam Andréolett

Belle rencontre que celle de ces deux hommes, à la fois clowns et formateurs, "porteurs de clowns" (selon l'expression d'André). Entre pratique et théorie, jeu et enseignement, ils se ressemblent, bien que leurs chemins soient différents : au fil de la discussion les voici proches puis plus éloignés.
L'un - André Riot-Sarcey, vous savez, le metteur en scène des "Nouveaux Nez" ! - connaît la vie du cirque, la piste et ses clowns de tradition, les virtuoses de l'arène. Il a suivi l'avènement du cirque contemporain et a contribué à ses transformations. L'autre - Bertil Sylvander, vous savez, le codirecteur du "Bataclown" ! - clown de théâtre, improvisateur, clownanalyste, chercheur, plonge ses racines du côté de la musique, de l'expression théâtrale, du développement personnel. Ces deux passionnés se rejoignent dans un engagement profond pour le personnage du clown.
Non seulement une rencontre pour se connaître, mais aussi pour confronter leurs expériences de formateurs d'amateurs et de professionnels en clown. Il a suffi de poser le micro entre eux et d’écouter leur échange vivant, généreux, à bâtons rompus, entre sourires, rires et gravité. C'est qu'ils aiment parler du clown ! En chemin, ils posent des jalons sur ce qui rapproche et ce qui sépare amateurs et professionnels... Embarquez avec eux, le nez au vent, faites vite ! Ils sont déjà partis ailleurs…

Mettre en ordre le chaos
Le travail et la grâce - Interview de Vincent Rouch et Anne Cornu par Agnès Bourgeois
C'est au cours d'un stage animé par Vincent Rouche (acteur, metteur en scène et formateur) que j'ai découvert le clown de théâtre à Besançon, il y a une dizaine d'années. Découverte bouleversante d'émotions et de plaisirs qui m'a incitée à poursuivre cette recherche. Vincent réservait un accueil chaleureux à ses stagiaires, qu'ils soient amateurs ou professionnels.
A présent, il travaille en étroite collaboration avec Anne Cornu (dramaturge, metteur en scène et formatrice). J'ai voulu connaître leurs réflexions et leurs motivations sur ce doux mélange qu'ils réalisent entre acteurs amateurs et acteurs professionnels désireux de pratiquer le clown. Et si le clown est un "poète", la formation invite à travailler dur pour "retrouver la source".

Enlever les carapaces
La formation par le clown - Interview de Daniel Berret par Laure Meaney
Même s'il a approché le monde du spectacle, ce n'est pas sur scène qu'il travaille mais en tant que formateur, pour des adultes en formation professionnelle… Il a abandonné son job de publiciste pour proposer le clown comme moyen de développement personnel. Ca s'est fait "tout seul", en faisant confiance à la vie... Pour lui, la question "amateur, professionnel" n'a pas de sens, et quand on a découvert le clown, l'important est de "ne pas rester les bras croisés" ! Alors, le clown comme ouverture à un art de vivre ?

Créer un chemin possible pour tous
Formation par le clown au Québec - par Francine Côté
Au Québec, il y a très peu de lieux où l'on peut se former en clown. L'école nationale de cirque n'accepte qu'une ou deux personnes par année qui veulent se concentrer sur cette discipline. Les écoles de théâtre l'enseignent parfois ou pas du tout. Les gens qui sont attirés par ce métier ou qui souhaitent faire une transition de l'amateur au professionnel ont peu de ressources. Cela crée plusieurs autodidactes et une certaine ambiguïté dans le milieu, et les gens qui réussissent cette transition sont des exceptions.
Je donne de la formation en art clownesque à temps plein depuis environ trois ans. Avant de m'embarquer dans cette nouvelle aventure et ce changement de carrière (j'ai suivi une formation à Paris et j'ai travaillé pendant plus de 25 ans au niveau international dans les cirques, cabarets, festivals…avec ma clowne, Adrénaline), je me suis arrêtée pour un an afin de mettre sur papier le fondement de mon enseignement, de créer un vocabulaire et d'identifier les objectifs.

Un état de grâce...
... à retrouver chaque soir - Interview de Bonaventure Gacon parJean Bernard Bonange
Bonaventure Gacon dans “Boudu Sauvé des Eaux”
Son prénom et son nom sont authentiques et déjà tout un programme ! Vous l'avez peut-être vu en clown bourru dans son spectacle "Par le Boudu" ou en acrobate porteur et patineur au Cirque Trottola. Bonaventure Gacon y déploie, dans les deux cas, sa barbe rousse, sa carrure d'ogre et sa présence tendrement inquiétante. Dans la revue "Arts de la piste"1, Thierry Voisin imagine ce que la postérité pourrait écrire sur lui : "Bonaventure Gacon, apparu en 1990 parmi les saltimbanques du Cirque de Dijon, grand comédien, grand acrobate, grand clown"...
Le succès qu'il connaît ne l'empêche pas de parler avec douceur et discrétion, et d'être attentif à ceux qu'il rencontre, qu'ils soient dans son public ou stagiaires amateurs. Et puis, il vit le clown à fleur de peau et en explore les dimensions essentielles, charnelles, émotives, en prise avec l'instant et le risque. C'est donc un vrai plaisir que d'écouter sa bonne aventure de pro heureux.
ation théâtrale ou, au mieux, comme un art mineur. Qui oserait de nos jours donner ses lettres de noblesse à l'improvisation ? Un nom a surgi… : celui de Jean-Pierre Tailhade.
Dans l'atmosphère feutrée d'un grand hôtel toulousain, Jean-Pierre Tailhade se laisse glisser vers une conversation à bâtons rompus, qui nous entraîne sur les chemins de l'acteur, de Grotowski, de Mnouchkine et ses recherches sur "Les Clowns"…
Comédien et metteur en scène, Tailhade cultive l'art de l'improvisation au point d'en faire la matière même de spectacles solo, tel que "Tailhade à merci". Pour celui qui a été l'un des fondateurs du Théâtre du Soleil, l'improvisation est création. Il s'y adonne sans réserve, tout en aimant travailler les textes d'auteurs. Il serait même possible que ces deux domaines bénéficient l'un de l'autre… Tailhade a le verbe haut, incisif, tranchant même. Au-delà des paradoxes, se dessine la silhouette d'un passionné du théâtre, acteur et spectateur exigeant.
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Jean-Pierre Tailhade
Trouve ton clown ? L’horreur !
Jean-Pierre Tailhade a un souvenir cuisant d'une période de recherche intense sur les clowns au
Théâtre du Soleil. "C'était la période où je ne trouvais rien. On faisait des entrées de clowns tous les matins. Pour moi, rien n'est jamais sorti en six mois ! Me dire : “trouve ton clown”, c'est l'horreur !"
Premier obstacle : le nez de clown. "Je ne supporte pas d'avoir quelque chose sur le visage.
J'ai l'impression de mourir, j'étouffe. J'ai le même problème avec les masques et les demi-masques".
La troupe tatônnait alors dans ses recherches sur le clown. "Ariane était en panique. Elle disait :
"Ce n'est pas ça". Elle ne disait rien sur le clown parce qu'elle ne savait pas non plus ce que c'était.
Nous n'avions pas beaucoup de références dans ce domaine". Autre difficulté : "En plus, Ariane voulait que je sois le clown blanc. Pas de chance ! J'avais un grand kimono blanc..."
"La seule fois où j'ai trouvé quelque chose, c'était avec Philippe Léotard. Il avait mis de la vodka dans une gourde et j'ai cru que j'allais boire de l'eau. Là, oui, j'ai eu quelques minutes de clown !"
En dépit de cette expérience difficile pour l'acteur, Jean-Pierre Tailhade est un spectateur ébloui de certains spectacles de clowns. Ceux d'aujourd'hui, tels Les Nouveaux Nez, et ceux d'hier, ceux du cirque. "J'ai eu la chance de connaître Alex et Zavatta. J'avais quatre ou cinq ans. C'était d'une beauté hallucinante. Et c'est peut-être ça qui m'a fait faire du théâtre".


Vivre l'aventure du clown
Au coeur de la réalité sociale - par Maria Colomer-Pache
Parfois, j'ai l'impression que mon chemin de vie a été tortueux et rarement direct. D'abord, j'ai étudié la pédagogie, ensuite la psychologie et j'ai commencé à travailler comme psychologue puis j'ai changé pour le Théâtre. En même temps que je créais comme actrice et directrice, j'étais aussi formatrice avec les enfants et les adultes en théâtre amateur. Plus tard, j'ai aussi formé de futurs acteurs/trices professionnels/les. Et, après des années dans la profession théâtrale, j'ai découvert l'univers du clown.
J'ai tout de suite intégré certains aspects de la pratique du clown dans mon travail. Ma compagnie a alors créé des spectacles clown. D'abord, j'ai joué en clowne moi-même et, ensuite, j'ai incorporé le clown à la formation.
Parallèlement à ces activités, Clowns Sans Frontières est entré dans ma vie. C'est une ONG (Organisation Non Gouvernementale) dont la tâche est fondamentalement bénévole et je me suis donc mise à jouer mon rôle de clown volontaire.
La seule chose que je n'ai jamais été est "amateur". Je fais la distinction entre les trois dimensions (amateur, professionnel, volontaire) qui sont différentes. Chacune a ses frontières qui sont parfois dissimulées ou floues. Dans la pratique, j'ai toutefois fait une différence entre chacune d'elles.

Jamais sans mon clown !
Pour une pratique sans frontières - par Jean Pierre Besnard
Il y a bien des figures du clown et il a bien des manières de se manifester. Cependant, ce qui le singularise avant tout, c'est qu'il porte un nez rouge. Il en est pourtant comme des membres d'une même famille : tous portent le même patronyme, mais tous ne sont pas semblables. J'ai animé des stages en France et à l'étranger, réalisé des mises en scènes, des interventions pour la prévention (contre le sida, pour la santé, l'accès aux soins pour les populations défavorisées…). J'anime aussi depuis une dizaine d'années des rencontres interculturelles de clowns (Uruguay, Inde, Brésil, Maroc.)…
Il me semble que je partage, sans sectarisme, avec les promoteurs et les lecteurs de cette revue, la conviction que le clown est le personnage qui donne du sens à toutes choses, celui qui aide l'être à s'engager dans les affaires du monde. Ceci n'ayant rien à voir ni avec l'endroit où il se produit, ni avec les publics au milieu desquels il évolue. En quelque sorte, le personnage du clown fait partie de la sphère psychologique de chaque individu. C'est comme une part de l'être lui-même, une extension de l'âme... Tous les arts ont à gagner à se marier au clown et le clown se grandit à côtoyer toutes les autres disciplines artistiques. Je ne peux pas penser l'art du clown comme un art isolé.
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Banane et Goyave
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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