Traumatisme qui refait surface : Je ne veux plus vivre

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Sarah220
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Traumatisme qui refait surface : Je ne veux plus vivre

Message par Sarah220 »

Bonjour, bonsoir.
C'est la première fois que je publie mon histoire sur un quelconque forum, alors excusez-moi si ce n'est pas très bien formulé ou autre. Bon, je me lance... (je m'excuse à l'avance pour le pavé...)
J'ai actuellement 20 ans. Il y a de ça 8 ans, quand j'étais au collège, j'ai subi ce qu'on appelle communément du harcèlement scolaire.
En effet, deux personnes de ma classe, une fille et un garçon, ont passé leur temps à me faire la misère. Pour ce qui est de la fille, l'harcèlement était d'ordre moral (insultes) et parfois physiques (brutalités). Pour ce qui est du garçon, l'harcèlement était plutôt d'ordre sexuel (mains aux fesses, remarques désobligeantes...). Je suis parvenu à surmonter ce que la fille m'a fait subir pendant 1 an car j'ai fini par en parler. Je n'ai cependant jamais parlé du garçon qui me harcelait à l'époque et maintenant je regrette.
Bref. J'ai eu une scolarité assez chaotique par la suite, avec des notes assez basses.
Au lycée les choses ont évolué, je me sentais mieux mais j'ai rencontré certaines personnes qui m'ont initié à des substances peu vraiment recommandables (tabac, alcool, drogue...). J'en ai consommé sans modération.
À présent je suis en école. Il y a quelques temps, une grosse soirée fut organisée par des membres de l'école dans une grande maison. Nous étions peut-être une trentaine. Lors de cette soirée, j'ai sans doute trop bu (ou alors on a mis quelque chose dans mon verre) puisque je me suis assoupie très rapidement. Je pars me coucher et les personnes avec qui je partageais la chambre ne tardent pas à rejoindre la chambre pour dormir aussi. Moins de 2 heures après m'être endormi, je sens quelqu'un en train de me toucher la poitrine et l'entrejambe alors que je suis dans un état comateux. Le temps que je réalise ce qu'il m'arrive et que j'ai les yeux en face des trous (car oui j'étais toujours sous l'emprise de l'alcool), que je me retourne (difficilement), l'individu a disparu. Cela m'a empêché de dormir tout le reste de la nuit.
Je suis rentrée chez moi le lendemain d'une humeur exécrable et cette humeur s'est transformé en déprime au fur et à mesure des jours.
J'ai fini par en parler à un psychologue, mais celui-ci ne m'a absolument pas aidé. Il m'a fait comprendre que finalement, si je n'avais pas bu autant (alors que j'avais vraiment très peu bu), je n'aurais pas pris le risque qu'une chose pareille arrive, que peut-être je cherchais à ce que ça arrive finalement.
Bref, des mois ont passé depuis cette nuit-là et pourtant j'y repense sans cesse, et étrangement je ressasse également le collège. J'ai beaucoup de mal à dormir à force. J'en fais des cauchemars. Je me dis que finalement, ce psy avait peut-être raison et que j'ai dû provoqué la situation.
À présent, j'ai l'impression d'être complètement vide de sentiments mis à part la haine et la peur des autres. Je fais semblant que tout va bien auprès des autres car j'aurais trop honte de parler de tout ça et car je ne veux pas montrer que je suis faible. J'ai l'impression de vivre dans un monde que je hais, peuplé de gens mauvais (car même les gens "bons" le sont par intérêt), et dont je ne voudrais plus faire partie. Je n'éprouve plus rien ou très peu de chose pour ma famille et mes amis.
Voilà. Je ne sais plus vraiment quoi faire pour ne plus penser à tout ça donc je me dis que la meilleur solution est peut-être d'en finir, de me suicider. Je ne publie pas ceci parce que je suis en quête d'une réponse à "comment surmonter ce traumatisme" car je sais que je n'ai pas la force d'y parvenir. Je publie ceci car j'aimerais savoir s'il existe une autre solution que la mort pour changer d'état d'esprit.

Je m'excuse une nouvelle fois pour le pavé, mais chaque détail était selon moi nécessaire.
Merci d'avoir pris le temps de me lire.
Sarah220
Messages : 7
Inscription : 29 déc. 2016, 02:45

Re: Traumatisme qui refait surface : Je ne veux plus vivre

Message par Sarah220 »

S'il y a bien une question que je me pose, ça serait dans ce cas la : suis-je en train de devenir folle ?
Merci.
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corto maltese
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Inscription : 22 mai 2016, 00:05

Re: Traumatisme qui refait surface : Je ne veux plus vivre

Message par corto maltese »

Bonjour Sarah,
Il ne faut aucunement s'excuser pour ce pavé, si vous avez souhaité mettre autant de détails, c'est qu'ils ont leur importance pour vous, et pour mieux comprendre votre histoire (pour ma part, j'en suis à cinq pages, alors ;) ).
Ce que vous racontez a été, pour sûr, très pénible à endurer, et le récit que vous faites de cette soirée est glaçant. L'état dans lequel vous dites être depuis, quant-à-lui, est assez classique suite à ce qu'il faut bien appeler une agression. Sentiment d'être "dans une bulle" au milieu des autres mais à l'écart par rapport aux autres, colère contre soi et les autres, sentiment de vacuité et d'efforts vains, d'être sur une "trajectoire d'échec" depuis longtemps... Beaucoup de gens passent sur ce forum pour raconter ce genre d'histoires. C'est donc très pénible à vivre mais semble-t-il bel et bien lié à ce que vous racontez.
L'attitude de votre psy est inqualifiable et scandaleuse, c'est une véritable honte. Comment ose-t-il vous faire endosser la responsabilité des agissements pervers des autres ? Changez-en vite mais surtout n'arrêtez pas de consulter, n'arrêtez pas de lutter pour aller mieux.

Tous mes encouragements vous accompagnent et n'hésitez pas à venir écrire un petit quelque chose ici chaque fois que le besoin s'en fait sentir.
"I'll make you feel happy -and leave you to be- lost in mine" (By starlight, Smashing Pumpkins)
Sarah220
Messages : 7
Inscription : 29 déc. 2016, 02:45

Re: Traumatisme qui refait surface : Je ne veux plus vivre

Message par Sarah220 »

Je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire corto martese.
J'ai cependant depuis abandonné l'idée de consulter un psy vu comment cela c'était passé la première fois. D'autre part cela coûte une certaine somme. Mais surtout, je suis presque parvenue à enterrer ces mauvais souvenirs (même si certes ils ressurgissent encore de temps à autre) et un psy ne ferait que les déterrer.
Peut-être est-ce une mauvaise chose de les enterrer mais c'est le seul moyen que mon mécanisme à trouver pour me protéger (et pour m'empêcher d'en finir peut-être?).
Mon mécanisme a si bien enterré qu'il a aussi enterré mes émotions avec. Autrement dit lorsque parfois ces souvenirs ressurgissent dans ma pensée je ne ressens plus rien, comme si ce n'est pas moi qui avait été agressé, comme si je ne l'avais jamais vécu quoi.
Globalement je m'en fou de quasiment tout à présent. Je me fiche de ne pas avoir d'amis et d'être seule car de toute façon j'ai l'impression d'être fausse avec eux.
Tout ce que j'espère c'est que ces souvenirs et ces émotions ne reviendront pas, ne vont pas se déterrer d'eux-même car faire abstraction du passé est, j'ai l'impression, une manière de m'accrocher à la vie.

Cordialement
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Traumatisme qui refait surface : Je ne veux plus vivre

Message par Dubreuil »

[quote="Sarah220"] Mon mécanisme a si bien enterré qu'il a aussi enterré mes émotions avec. Autrement dit lorsque parfois ces souvenirs ressurgissent dans ma pensée je ne ressens plus rien, comme si ce n'est pas moi qui avait été agressé, comme si je ne l'avais jamais vécu quoi.
Globalement je m'en fou de quasiment tout à présent. Je me fiche de ne pas avoir d'amis et d'être seule car de toute façon j'ai l'impression d'être fausse avec eux.
Tout ce que j'espère c'est que ces souvenirs et ces émotions ne reviendront pas, ne vont pas se déterrer d'eux-même car faire abstraction du passé est, j'ai l'impression, une manière de m'accrocher à la vie.

*** L’inconscient travaille parfois très dur pour effacer le traumatisme. Au prix de constructions complexes il s’attache à inhiber les pulsions qui en ravivent le souvenir, à tuer le désir qui pourrait le remettre en scène, et interdire la capacité au plaisir, afin de s’assurer qu’il n’a pu exister dans la scène traumatique.
Tous les troubles psychiques liés à la guerre, la maltraitance sexuelle, ou autres violences physiques et mentales infligés à l’enfant ou l’adulte, sont des mécanismes de sauvegarde psychologiques et neurobiologiques. Ils se déclenchent chez la personne qui a subi le traumatisme en déconnectant son circuit de réponse au stress, entraînant la dissociation de l’événement dans une sorte d’anesthésie affective et physique.

Peut-être est-ce une mauvaise chose de les enterrer mais c'est le seul moyen que mon mécanisme à trouver pour me protéger (et pour m'empêcher d'en finir peut-être?).

*** les traumatismes les plus graves sont parfois les plus silencieux, ils peuvent resurgir brutalement plusieurs années après leur impact dramatique.
" L’oubli " est là pour rendre le souvenir inexistant, pour en atténuer le traumatisme et me permettre de continuer à vivre sans trop d’angoisse ni de culpabilité. Mais ce mécanisme de défense, ne repousse qu’un temps la mémoire traumatique, car rien dans la vie psychique ne se perd, rien ne disparaît de ce qui s’est formé. Tout peut dramatiquement réapparaître.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Sarah220
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Inscription : 29 déc. 2016, 02:45

Re: Traumatisme qui refait surface : Je ne veux plus vivre

Message par Sarah220 »

DUBREUIL a écrit :
Sarah220 a écrit : Mon mécanisme a si bien enterré qu'il a aussi enterré mes émotions avec. Autrement dit lorsque parfois ces souvenirs ressurgissent dans ma pensée je ne ressens plus rien, comme si ce n'est pas moi qui avait été agressé, comme si je ne l'avais jamais vécu quoi.
Globalement je m'en fou de quasiment tout à présent. Je me fiche de ne pas avoir d'amis et d'être seule car de toute façon j'ai l'impression d'être fausse avec eux.
Tout ce que j'espère c'est que ces souvenirs et ces émotions ne reviendront pas, ne vont pas se déterrer d'eux-même car faire abstraction du passé est, j'ai l'impression, une manière de m'accrocher à la vie.

*** L’inconscient travaille parfois très dur pour effacer le traumatisme. Au prix de constructions complexes il s’attache à inhiber les pulsions qui en ravivent le souvenir, à tuer le désir qui pourrait le remettre en scène, et interdire la capacité au plaisir, afin de s’assurer qu’il n’a pu exister dans la scène traumatique.
Tous les troubles psychiques liés à la guerre, la maltraitance sexuelle, ou autres violences physiques et mentales infligés à l’enfant ou l’adulte, sont des mécanismes de sauvegarde psychologiques et neurobiologiques. Ils se déclenchent chez la personne qui a subi le traumatisme en déconnectant son circuit de réponse au stress, entraînant la dissociation de l’événement dans une sorte d’anesthésie affective et physique.

Peut-être est-ce une mauvaise chose de les enterrer mais c'est le seul moyen que mon mécanisme à trouver pour me protéger (et pour m'empêcher d'en finir peut-être?).

*** les traumatismes les plus graves sont parfois les plus silencieux, ils peuvent resurgir brutalement plusieurs années après leur impact dramatique.
" L’oubli " est là pour rendre le souvenir inexistant, pour en atténuer le traumatisme et me permettre de continuer à vivre sans trop d’angoisse ni de culpabilité. Mais ce mécanisme de défense, ne repousse qu’un temps la mémoire traumatique, car rien dans la vie psychique ne se perd, rien ne disparaît de ce qui s’est formé. Tout peut dramatiquement réapparaître.
Merci pour ces informations. La réapparition de ces souvenirs et des émotions qui lui sont associé est-elle inévitable ? Ou peut-on vivre une vie entière sans que ces souvenirs refassent surface ?
Est-ce qu'à long terme enfouir ses souvenirs et ses émotions peut provoquer une maladie mentale ?
Merci
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Traumatisme qui refait surface : Je ne veux plus vivre

Message par Dubreuil »

La réapparition de ces souvenirs et des émotions qui lui sont associé est-elle inévitable ?
*** Oui

Ou peut-on vivre une vie entière sans que ces souvenirs refassent surface ?
*** Non, ils le feront par une soudaine dépression ou des troubles psychosomatiques

Est-ce qu'à long terme enfouir ses souvenirs et ses émotions peut provoquer une maladie mentale ?
*** Oui, quand on appelle " maladie mentale " ce que vous présentez déjà comme une " anesthésie psychique ".


Test ESPT
Etat de stress post traumatique
Les troubles psychiques spécifiques liés aux traumatismes sont liés à des mécanismes de sauvegarde exceptionnels, psychologiques et neurobiologiques, déclenchés lors d'un stress extrême et du risque vital que génère le traumatisme. Ces mécanismes sont responsables d'une déconnection du circuit de réponse au stress entraînant une mémoire traumatique, une dissociation avec anesthésie affective et physique.
Par ex - Pour qu'une victime puisse vivre malgré cette insurmontable horreur, son inconscient va faire en sorte qu'elle ne se rappelle plus des deux ans de sa vie avant le drame, et deux ans après, afin qu'elle ne puisse faire aucun lien entre un souvenir anodin durant cette période, et la scène traumatique.
Angoisse réactionnelle
Difficulté d’anticipation se traduisant par la nécessité de ne plus réfléchir, cela risquant de lui rappeler l’impact émotionnel.
Troubles dissociatifs post traumatiques ( LHT )
Troubles de la mémoire et de la concentration
Sentiment d’être spectatrice de sa vie
Banalisation de son état de victime
Sentiment de vide
Troubles d’hyperactivation neurovégétative
Déni de reconnaissance
Lutte contre une menace d’atteinte à son intégrité psychique face aux dires la concernant, qui loin de prendre en compte son premier impact traumatique l’entérine aujourd'hui coupable de se plaindre à nouveau de son agression
Anesthésie traumatique
La répétition des chocs émotionnels ont comme « anesthésié » ses relations à autrui.
Distanciation des affects, froideur pathogène
Le fait que l’on ait pu une fois encore sans son accord se servir d’elle comme objet de jouissance sexuelle la distancie dramatiquement de ses affects.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Sarah220
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Inscription : 29 déc. 2016, 02:45

Re: Traumatisme qui refait surface : Je ne veux plus vivre

Message par Sarah220 »

Merci beaucoup DUBREUIL, j'ai juste trois dernières petites questions et je serai ravie que vous puissiez me répondre :
- Est-ce normal que mon esprit ait une réaction aussi "excessive" ou disproportionnée (enterrer le souvenir et un vide émotionnel) alors que vraisemblablement je n'ai pas été violé ? Est-ce normal que mon cerveau ait eu une telle réaction face à cet événement quand on sait que de nombreuses jeunes filles victimes de chose similaires n'en voit pas leur vie drastiquement affectée ?
- A la suite de ce qu'il c'était passé, j'ai eu des cystites à répétition (qui ont cessé depuis), était-ce un trouble psychosomatique ?
- Enfin, j'ai omis de mentionner que, même si au fond de moi je sens un vide émotionnel, cela ne m'empêche pas de prétendre avoir des émotions et sentiments face aux autres (par exemple devant ma famille, mes collègues) afin de paraître normal et de ne pas causer d'inquiétude. Et, étant donné que j'ai quasi entièrement enterré ces mauvais souvenirs (le dernier mauvais souvenir ressurgit à peine une fois tous les 2 mois si ce n'est moins souvent, quant au collège je n'y pense même plus) paraître d'en avoir quelque chose à cirer des autres devient de plus en plus facile. Serait-ce un début de trouble de la personnalité multiple ou est-ce juste une réaction normale ?
Encore merci de prendre le temps de répondre.
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