Ne plus avoir la force

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LaurianeB54
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Inscription : 02 juin 2017, 19:37

Ne plus avoir la force

Message par LaurianeB54 »

Bonjour à tous,

C'est la première fois pour moi que je témoigne publiquement de ce que j'ai vécu. J'en ai déjà parlé ou relaté les faits, mais jamais a des personnes qui ont vécu la même chose que moi.

J'ai 27 ans, et je rentre actuellement dans une procédure judiciaire à l'encontre de mon géniteur.

Ma vie n'a jamais été rose. En effet, mes concepteurs ont tjrs eu des problèmes d'addiction (alcool, drogue, ...etc), et me l'ont fait subir depuis enfant. Que ce soit des disputes de couples incessantes à placer les enfants au milieu, ou les tentatives de suicide devant moi, ou encore les menaces de tuer l'autre et de lui faire du mal.

Du plus loin que je me rappelle, la violence a toujours été présente chez nous. Membre d'une fratrie de 3 personnes, mes concepteurs pensaient que l'éducation se faisait au travers de la compétition entre frère et soeur (enfin la compétition tout court). Qui a les meilleurs notes ? le meilleur caractère ? le plus gentil... etc ?

La période la plus dure de ma vie a été lorsque mon frère aîné de 5 ans a commencé ses attouchements sur moi. j'avais alors 6 ans. Je n'étais pas d'accord avec ce qu'il se passait, mais je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Je pensais alors que c'était normal, que c'était choses normales dans les familles, que mes copines "subissaient" la même chose de leurs frères.

Ses attouchements toujours plus loin, leurs violences (par exemple, pour m'apprendre les maths, mon géniteur crût bon à l'époque de me frapper avec les pages jaunes sur la tête car ainsi disait-il cela ne laisse pas de marque), intimidations, coup de pression, humiliation....

J'ai osé en parler à l'école, mais personne ne m'est venu en aide, mes camarades se moqués de moi car "je baisais avec mon frère", les maîtresses n'ont jamais abordés le sujet.

En grandissant dans la peur, on laisse une partie de sa personnalité au placard, on reproduit celle des autres, afin d'être sûre de pouvoir être accepté. On apprend à se remettre en question, à rester fort car malgré tout ce qui se passe, on l'aime cette putain de chienne de vie ! Ma mémoire me fait défaut, j'ai conservé très peu de souvenir de mon enfance, j'ai presque tout oublié, même si je sais que je suis détruite.

Arrivé vers mes 20 ans, mes géniteurs sont de pires, en pires (cessation d'activité professionnelle, dispute plus fréquente...). Je rencontre alors ce Mickael Loup dont c'est le coup de foudre. Malheureusement, je suis tombée en haut, lorsque ce dernier a abusé de moi. C'est alors que mon cerveau s'est réveillé sur mes souvenirs. Je finis alors par comprendre que ce "mon frère" m'a fait n'a rien de normal, et qu'on appelle ça de l'inceste ! je réalise que j'ai été abusé dans ma jeunesse.

Les remises en question sont continues, je sais que c'est moi le problème, que je dois envoyer de mauvais signaux aux garçons. En abordant le sujet de ce Mickael, mes amies me font comprendre, que non, le problème c'est son acte, et qu'il est grave. Etant une presque femme forte, je décide de parler du sujet à mes "parents". Quelle fût leur réaction ! en parler à toute la famille, et comme l'autre a nié, "la pute" c'est moi.

J'ai vraiment cru devenir folle ce jour là, j'ai douté de toute mon enfance, de ma stabilité intellectuelle !

LA seule fois où je demande de me faire protéger, j'ai tout l’effet inverse !

Des vacheries de mes géniteurs, je peux en citer des millions :
- faire un pari collectif familial pour prédire que je louperais mon bac,
- inviter ce cher frère à mon anniversaire, et exiger que je m'excuse auprès de lui,
- tromper ma mère et me mettre au milieu,
- m'annoncer le jour de mon anniversaire qu'il y a des chances que mon géniteur ne le soit pas vraiment...

La cassure avec cet enfer a eu lieu il y a deux ans, lorsque mon géniteur a de nouveau réalisé un accès de colère en me menaçant de me tuer. Je n'ai alors pas cédé, et lui ai répondu que j'irais porter plainte contre lui.

J'imagine que vous devinez la suite... ça c'est finit moi allongé sur le parquet, lui me tirant les cheveux assis sur moi, en cognant mon visage par terre en hurlant "je vais te crever sale pute, j'aurais mieux fait de faire avorter ta mère". Ce fût la goutte d'eau de ma patience dans cette famille.

Cela faisait des années que j'espérais que tout irait pour le mieux pour eux, parce que je les aimais de tout mon cœur. C'est normal, c'était ma famille, les liens de sang.

Deux ans après, je me retrouve encore à devoir batailler avec mon avocat pour avoir des droits, pouvoir me sentir à nouveau en sécurité. Mais je suis fatiguée de ce combat perpétuel...

Vous en êtes vous sortis pour vous ? Avez-vous réussi à tourner la page ?

Aujourd'hui, moi non. J'ai ce sentiment que je suis né sous une mauvaise étoile, et qu'elle ne se bonifiera pas avec le temps. Peu importe le bien que je fais, où le courage que j'ai eu, je n'échapperais jamais à la violence.
J'ai malgré tout des envies d'enfants, mais quand bien même, le risque de reproduire le schéma familial est bien trop grand.

Alors je suis fatiguée, d'essayer d'aller mieux parce que ça n'arrivera pas. Je suis fatiguée d'entendre les autres dire que je suis faible parce que je ne veux pas continuer les démarches du procès. (il aura lieu le 13 juillet 2017)

Vous feriez quoi à ma place ?

Un jour sur France 2, je suis tombée sur un mini documentaire sur les violences parentales et il y a eu cette citation "si tu n'as pas une belle enfance, tu ne deviendras pas une belle personne". Ces mots résonnent tjrs en moi, parce que je me dis que je me voile la face. Je ne pourrais jamais être une belle personne. C'est quand même super important de faire le bien dans sa vie, parce que j'y crois au Karma !
Sous prétexte que je n'ai pas eu de bons exemples et bons repères, je ne saurais faire le bien ?

Dans ce cas, pourquoi continuer ? Il est beaucoup plus facile et rapide de sombrer dans un sommeil éternel.

Je me demande si vous vous sentez incompris de toutes ces personnes qui ont eu la chance de connaître une enfance heureuse, où ils étaient soutenus ?

Je me refuse ce statut de victime, mais je me sens détruite, et j'ai ce besoin de me sentir seule. J'ai envie de crier à ceux qui me disent que je suis faible, que j'ai épuisé mon cota de force, et que malheureusement je ne sais pas le recharger.

Le plus nul dans toute cette histoire, c'est que je n'en veux plus de mon histoire, mais j'ai tellement peur qu'ils se présentent à mon enterrement, que je me le refuse. C'est vraiment débile hein ?

Je vois tellement d'enfants qui souffrent ou d'adulte qui ont souffert, que je ne comprends tjrs pas pourquoi l'Etat Français ne prend pas plus de mesure.

Enfin tout ce blabla, pour vous demander comment vous la trouvez la force de continuer ? si vous avez déjà réalisé une procédure de justice contre vos géniteurs ? si oui, avez-vous réussi à aller parler à la barre pour témoigner de votre calvaire ?

Merci à vous d'avoir pris du temps de me lire,

Bonne soirée,

Lauriane
Johnny
Messages : 289
Inscription : 10 mars 2017, 13:06

Re: Ne plus avoir la force

Message par Johnny »

Salut,

Je pense que tu devrais faire un peu le ménage dans tes relations et enlever celles qui te découragent. Ton procés est pour bientôt, tu as été extrêmement courageuse et forte jusqu'à présent pour survivre à ça, faire face et aller jusqu'au procès, beaucoup se serait déjà suicidé ou aurait abandonné et fuit, alors que tu en es ou tu en es aujourd'hui et déjà pour moi ça mérite un grand bravo. Donc je t'invite à ne pas te décourager et à faire en sorte de pouvoir rester forte en enlevant tout ce qui tire ton énergie vers le bas.

Pour ce qui est de devenir une belle personne, il n'y a pas de fatalité, on peut avoir une enfance heureuse et n'être qu"'une personne "lambda" ou une enfance malheureuse et être une personne merveilleuse. Donc ne te prends pas la tête sur ce que tu peux être ou es déjà, tu peux choisir et décider. Tu n'es pas condamnée. Et quand tu auras mis tout ce passé familial derrière toi, c'est aussi la possibilité de vivre tout ce que tu veux qui t'attends.
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