À bout.

Forum phobie scolaire
Zul
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Inscription : 31 oct. 2015, 19:25

À bout.

Message par Zul »

Des années passées à avoir le sentiment de gâcher mon temps et mes capacités.
L'impression tenace et constante de pourrir, mourir en moi-même.
Découverte récemment, par la passation d'un test de Q.I., de mon haut potentiel.
Mais, comment dire. Je m'en fous absolument, tant que ce constat n'est pas accompagné de conséquences.
Je suis en Terminale L, dans une section franco-allemande. En seconde, après une année de troisième cauchemardesque où je suppliais pour ne pas aller en cours, je me disais qu'au moins, je ne m'ennuierai pas, la section promettant d'être stimulante. Il n'en est rien. Je suis toujours bloquée dans une salle, au milieu d'humains que je ne comprends pas. Le bruit et l'agitation m'insupportent, les contacts sociaux m'épuisent. Et l'ennui me tue.

J'écris ici parce que je suis consciente du fait que j'ai passé trop de temps en état limite. Mes réserves d'énergie sont vides, je ne peux plus faire semblant. Je n'arrive plus à travailler, la simple idée de faire quelque chose pour les cours me fait atrocement. Peur? J'ai mal, j'angoisse, j'étouffe, mon intériorité sombre et se disperse; je m'oublie, je disparais. Je suis habituellement une excellente élève en faisant le strict minimum, voir moins que le minimum. Mais à présent, je ne suis plus capable de rien. Je me mets de plus en plus dans des situations que j'aurais trouvé intolérables avant - ne pas rendre son travail, rendre quelque chose de médiocre. Le problème résidant dans le fait que je trouve toujours cela intolérable, sans doute, mais que je n'ai plus la force... d'agir en suivant ces principes, d'autant plus qu'ils me paraissent vides, depuis que j'ai conscience des trop nombreuses incohérences de ce système scolaire. Je suis devenue incapable de faire quoique ce soit: je ne vis pas, je survis. Je ne lis presque plus, je n'écris presque plus, je ne dessine presque plus, j'ai un mal de chien à garder contact avec les autres, ou à en créer autre part que sur internet, je me réfugie dans mon imagination et mes obsessions.

Bref. Je suis vraiment fatiguée. J'ai peur de faire un truc stupide, comme décider de ne pas m'arrêter devant le lycée et continuer, continuer, fuir le plus loin possible. Ou autre chose. Il m'est déjà arrivée d'être dans des états dissociatifs et de risquer ma vie bêtement. La fatigue rend l'hypersensibilité ingérable. Je ne suis quasiment plus capable de compenser mes étrangetés dans mes interactions sociales Je ne supporte plus d'être bloquée là bas. Je ne supporte plus d'être bloquée en moi.

Mes parents, malgré leur amour, ne comprennent pas et sont souvent les porte-paroles de remarques invalidantes, de par leur ignorance. Je ne leur en veux pas, je connais leurs raisons, je me sais aussi responsable, à avoir été si longtemps dans le déni, le silence, mais cela reste extrêmement douloureux que de vivre dans un environnement où l'on targue trop souvent mon mal-être de caprice. L'âgisme étant sans doute la chose la plus affreuse sur ce point : "Crise d'ado'", comme un crucifix tendu devant une aberration de la nature. La seule chose qui change par rapport à quand j'avais trois ans est que maintenant j'ai assez de ressources pour dire "Non.". Assez de pitié envers moi pour m'exprimer honnêtement.

Je ne sais plus quoi faire. Je suis à bout.

Je voudrais m'enfermer chez moi avec un piano. Pouvoir enfin apprendre à jouer de cet instrument magnifique. Je pourrais y passer mon existence tout entière. Et j'écrirais. Et je dessinerais. Et j'apprendrais des langues. Et je lirais. Enfin toute entière dévouée aux seules choses qui rendent mon existence légitime, à mes yeux.

Je pense vaguement à un aménagement d'emploi du temps. Mais il faudrait pour ce faire que je dépasse une fois de plus mon sentiment de culpabilité, d'illégitimité, et que je me batte pour obtenir quelque chose qui devrait aller de soi, comme je l'ai fait pour avoir le droit de voir un psy, alors. Joie.

Je comprends pourquoi j'ai passé tant de temps enfermée dans ma tête. C'est pas beau, là dehors.
Zul
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Re: À bout.

Message par Zul »

Premières journées cauchemardesques. Impression qu'on ricane dans mon dos. Impossibilité de me reposer assez par rapport à la perte d'énergie générée par la présence en cours et ce qu'elle implique: mais ça encore, c'est commun pour moi. J'ai presque l'habitude d'être épuisée. Curieusement, contrairement à d'autres choses, l'habitude n'atténue pas l'horreur ressentie. Et. Je me perds beaucoup dans moi-même, là, haha. Une seule vérité: je ne peux plus. Et j'irais encore demain. J'essaie de ne plus ressentir la peur, elle m'empêche de dormir, et cela m'épuise encore plus. Je ne sais même pas si je peux appeler ça de la phobie scolaire. Je dirais plutôt qu'il s'agit d'une profonde inadaptation naturelle au système scolaire français et au monde extérieur.
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