La gorge qui serre

[Minijeune]

Ma gorge serre...

Je pense que je veux pleurer, mais que je sais pas comment...
J'ai tellement l'impression que ce qui arrive ne m'arrive pas à moi...
Je ne me permets pas souvent de pleurer.

Souvent, ce sont des heureux hasards...
Je vais pleurer en écoutant un film triste...
Mais jamais en pensant à ce que je vis... En fait, lorsque je pense, c'est toujours en essayant de savoir si ce qui m'arrive, m'arrive pour vrai...
Je veux en être consciente... Mais c'est comme si les morceaux de puzzle ne s'emboîtaient pas les uns dans les autres...

C'est comme lorsque j'essaie de dire des choses importantes, de parler de mes émotions et à chaque fois, ma voix lâche...
Je deviens avec une voix de fumeuse endurcie...

Mes émotions sont dans mon corps...
Je peux les ressentir...
Mais depuis trop longtemps, je n'arrive peu ou pas à les sortir... Les exprimer...
Elles sortent dans mes écrits, souvent, sous une forme d'intensité... Elles sortent dans mes rêves, au moins...
Mais c'est comme pas réel, pas concret... Et je me bats pour que ça sorte!! Quand ça devrait juste sortir doucement!!

[Dubreuil]

Vrai ou vécu, rêvé ou fantasmé, la réalité de ce que l'on dit ne réside pas dans l'illusion ou la véracité de nos souvenirs, de nos propos, l'émotion seule parle en chemins détournés d'une vérité de l'être. L'angoisse ne ment pas, elle dit toujours qu'il y a du réel, de la vérité qui ne peut se dire. Le plus difficile c'est d'accepter que l'on est malheureux.

[Minijeune]

Ça fait trop longtemps que ça dure...

Je suis tannée de ne pas pouvoir sentir ce que je devrais ressentir...
Peut-être que c'est trop pour moi, que je ne serais pas capable de faire face...

Parce que je ne fais pas face.
Je perds mon temps à essayer de fuir... De trouver des environnements où je serais bien, quand c'est dans ma tête que ça se passe...

Et c'est justement ça le problème... Ça se passe dans le rationnel.
L'émotif, qui est super présent dans ma vie, mais qui ressort presque jamais... Est noyé à quelque part par en dedans!
Mais il guide en silence... Il est plus fort que la raison...
Mais c'est comme le tremblement de terre avant le tsunami... Ça gronde... Et bang, ça provoque des catastrophes naturelles...!

Je ne sais pas quel genre de bataille je veux mener dans ma tête...
Jusqu'où je vais avoir besoin d'aller pour que ça sorte enfin... Pour que je pleure... Ou que je dise... Ou que je sois fâchée et que je crie... je sais pas...
Au lieu de toujours sembler au neutre et de vivre par en-dedans... Au moins, ça me permet d'avoir un certain contrôle quand me vient des idées niaiseuses... de ne pas être dans l'action et de tomber dans une lune étrange...

Et je ne peux pas me qualifier comme étant heureuse... Si j'ai des idées noires, trop souvent...
Si je suis médicamentée et que je fasse quand même des crises... Moins qu'avant... Parce que ce n'est pas adéquat et que je me force à ne pas en faire... Trouver des moyens d'apaisement... Mais au fond, ça s'accumule... Je décentre mon attention sur ce qui fait mal... Et je tombe en surcontrôle... Jusqu'à temps qu'une goute fasse déborder le vase, que je fasse une crise à m'éparpiller partout, à exploser au point où je me morcelle... Mais dans mes crises, je cherche à me détruire... Je ne fais que ressortir toute cette rage et cette noirceur que je dois ressentir à mon égard... Qui provient de ma peur de ne pas me faire aimer... Et de ma culpabilité...

Je sais que je ne suis pas heureuse... Je l'ai su depuis le moment où j'ai arrêté de me projeter dans le futur...
Que je fais tout pour me rattacher au moment présent... Pour vivre les meilleurs moments possibles...
Mais la journée où je me suis dit que j'avais tous les éléments intérieurs pour développer des troubles très sérieux de maladie mentale... Et que j'ai compris que j'allais possiblement faire une tentative de suicide (statistiquement parlant... et parce que j'y ai déjà pensé -cela dit, je ne veux pas ça, je vais tout faire par rester debout, et contrôler cette envie de disparaître, parce que je veux qu'il y aille encore de l'espoir, et je suis plus forte que cette partie de ma tête qui souffre)... Que de vivre une vie normale allait être difficile... Que j'allais me battre contre mes pulsions destructrices toute ma vie sûrement... parce que depuis un an et demi, c'est comme ça... Et depuis mon adolescence, j'ai toujours eu une humeur en dent de scie... Beaucoup d'épisode de dépression, d'anxiété extrême ou d'épuisement... Parce que j'en faisais trop, pour avoir de l'amour et pour compenser sur tout...

Mais tout ça est bien caché derrière des allures de fille sûre d'elle-même, professionnelle, première de classe, aimé partout où elle passe...
Bien mise, souriante et responsable... Ponctuelle et respectueuse! Perfectionniste à mort... Et compulsive!!
Comment se sentir si laide et si morte... Quand personne autour ne pourrait se douter de tout ce qu'il se passe dans ma tête...
Pockerface... Mais cette façade, même moi, je ne suis pas capable de la transpercer... Je l,ai bâti, trop grosse, trop épaisse...
Le mal a assez de force pour sortir... Mais moi j,ai pas assez de force pour y rentrer, et constater...
je continue donc mon bonhomme de chemin... En le sachant, l'expliquant... Mais sans le vivre...

Je ne vis pas parce que je pense que je suis déjà morte.
Qui fait référence à lorsque j'avais 18 ans et dans un cours de Philo, mon professeur me demande la première: Pourquoi est-ce que tu vis...
La seule réponse qui m'est venue en tête c'est: Parce que je ne suis pas morte...

Quand tout le monde s'est mis à se projeter dans le futur par la suite, avec des belles ambitions et passions... Je me sentais mal à l'aise...
La réponse semblait logique pour moi...

Encore un vomi écrit... Qui ne sert pas à grand chose...
Je veux vivre... mais j'ai bien peur que si je veux juste vivre, que j'aille à affronter tout ce qui me fait peur, briser des murs et m'affronter moi, en tant que destructrice enragée que je suis au fond!