J'ai subis des abus sexuel étant enfant

[Sandrine.l74]

Bonjour,
Je m'appelle Sandrine j'ai 43 ans et aujourd'hui c'est un grand jour pour
moi j'ai décidé d'en finir avec cette souffrance intérieure et secrète.
Je ne sais pas si c'est à vous que je dois m'adresser ce n'est pas bien
compris comment fonctionne votre site mais peut-être pourriez-vous
m'orienter.
J'ai été abusé sexuellement par mon père durant des années. Dès que j'ai pu
j'ai fuir la maison. Aujourd'hui j'habite à 600 km de ma famille et pourtant
cela me ronge toujours. je vis en couple avec quelqu'un d'extraordinaire
que je vais perdre car je ne supporte pas qu'il me touche. Il ne s'est rien
du passé. Nous avons eu deux enfants malgré des relation sexuelle très
rare. Je ne sais pas comment aborder ce sujet avec lui à chaque fois qu'il
me demande pourquoi je n'ai pas envie de lui je botte en touche, j'essaie de
me coucher après lui ou avant, je fais même semblant d'être malade. Cette
situation a trop duré je ne peux pas laisser le passé continuer à détruire
notre avenir.
Je ne sais pas si vous vous répondrais ou pas mais au moins j'aurai au
moins essayer
Merci d'avoir pris le temps de me lire

[Jeannette]

C'est déjà bien d'avoir osé l'écrire sur ce forum.
La suite ?
Tu peux déjà lire sur ce forum les nombreux témoignages de personnes ayant subit un inceste.
Tu y constateras déjà qu'il n'y a aucune honte à avoir été victime d'un pervers.
Et surtout, j'espère, tu comprendras que la démarche de libération passe essentiellement par une thérapie de visu avec un psychologue clinicien.
Ce qui ne t'interdit pas de partager sur ce forum.

[Sandrine.l74]

Merci de m'avoir répondu...
j'ai déjà tenté de voir des psychologues et je n'arrive pas à leur parler, même au bout de plusieurs séances et puis finalement c'est l'aspect financier qui prend le dessus. la personne que je suis à l'intérieur est tellement différente de celle de l'extérieur sauf qu'aujourd'hui je n'arrive plus à faire semblant. Je pense que c'est depuis l'arrivée de ma fille, elle a 2 ans et demi aujourd'hui. J'ai tellement peur qu'il lui arrive la même chose, je suis tout le temps en train d'observer ce qui se passe autour d'elle, je supporte très mal qu'un homme s'approche d'elle. J'ai l'impression que plus elle grandit et pire c'est..... c'est la première fois que j'en parle... j'ai tellement envie de reprendre ma vie en main.. mais j'ai tellement peur aussi..

[Jeannette]

"Plusieurs" séances, ce n'est rien.
Et réussir à franchir ce cap serait l'élément clef de ta démarche. Car oser dire, c'est la différence entre la personne qui se sent coupable de ce qui lui est arrivé et celle qui affirme haut et fort qu'elle a été agressée mais qu'elle est plus forte que cela.
La première ne vit plus, et risque de transmettre son angoisse permanente à ses enfants.
La seconde se reconstruit sur cette force qu'elle sait dorénavant avoir en elle.
Et oser dire, c'est décider de passer d'un fonctionnement à l'autre. Cela ne permet pas d'être totalement libéré de ce seul instant. Mais il y a clairement une différence entre "avant" et "après". C'est comme un abcès que l'on perse. Une fois que cela est fait, le traitement est possible.

Peut être n'as-tu pas rencontré LE psychologue avec lequel tu pouvais avancer. Parfois, il faut en rencontrer plusieurs avant de "sentir" que, "avec celui là", il y a quelque chose de différent. Ou peut être n'as-tu pas eu le courage de laisser un certain lien se mettre en place entre lui et toi.

Il existe des astuces possibles : Dire peut être, dans un premier temps, un acte de confiance. Mais ce peut aussi être comme un défi, une provocation. Comme un reproche à ceux qui ont laissé faire. On peut le dire en face. Ou en se détournant. On peut le murmurer. Ou le hurler. Le répéter en marchant jusqu'à le dire sans plus y penser. Ou s'entraîner devant un miroir. Ou se jeter à l'eau comme au bord d'une piscine en se disant que ce ne sera pas pire après. Etc... Certaines solutions sont plus simples pour certaines personnes que pour d'autres. Parfois, il est plus facile de le dire à un psy lors de la première rencontre parce que l'on se moque de la réaction de quelqu'un qui n'est encore qu'un inconnu. Parfois, au contraire, on n'y arrive qu'après plusieurs semaines, voire plusieurs mois, de thérapie.
etc.

Tu peux aussi, dans un premier temps, écrire ce que tu aurais à dire. Ici ou dans un cahier, pour toi.
Ou participer à des groupes de paroles organisés par des associations comme AIVI : https://aivi.org/
Cela ne remplace pas une démarche avec un psychologue. Mais cela peut t'aider à progresser et à trouver le courage de dire.
Mais dis-toi bien que, ce courage, personne ne peut te l'apporter. C'est à toi de le trouver en toi. Pour ta fille, pour ton couple. Mais aussi et surtout pour toi-même.