Viols conjugaux-Mes parents ne comprennent pas la gravité de la situation-Je ne parviens pas à sortir de ma dépression

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MelinaJ
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Viols conjugaux-Mes parents ne comprennent pas la gravité de la situation-Je ne parviens pas à sortir de ma dépression

Message par MelinaJ »

Ce que j’ai écrit n’est pas une fiction. C’est mon histoire, mon témoignage, aussi difficile soit-il.

Alors que j’avais quinze ans, je me suis faite violée par mon petit copain de l’époque. Mes parents sont au courant depuis quelques mois mais font comme si rien ne s’était passé. Aujourd’hui, j’aimerais qu’ils comprennent la gravité de ce qu’est un viol conjugal. Surtout que cela ne m’est pas arrivé une, mais plusieurs fois, avec deux ex-copains différents.
Leur principale question a été : « Pourquoi ne pas nous l’avoir dit plus tôt ? ». Questionnement légitime puisque j’ai désormais vingt ans. La réponse n’est autre le fait que mon cerveau ait utilisé un mécanisme de défense puissant : l’oubli.

C’est grâce à la montée médiatique de mouvements de libération de la voix des femmes comme #MeToo ainsi qu’aux nombreux témoignages, notamment sur les réseaux sociaux, que le cadenas qui scellait cet affreux passé s’est ouvert. J’ai alors revécu les viols comme s’ils se déroulaient au fur et à mesure que je me souvenais.
La douleur était lancinante et mon état psychologique plus que déplorable. Je venais de découvrir l’une des principales raisons de ma dépression, celle diagnostiquée seulement un ou deux mois avant ce réveil dramatique. Celle dont les premiers symptômes sont apparus un an après le premier viol conjugal, c’est-à-dire il y a un peu plus de quatre ans.
Quelques semaines après, j’ai connu la pire chute aux enfers de ma vie. J’étais au fond du gouffre, je n’allais plus en cours, ne sortais plus, ne voyais plus personne mais surtout, je souffrais plus que de raison. J’avais besoin d’appeler au secours. Il le fallait. C’est alors que, dans un geste d’une détresse extrême, je me suis ouverte le bras gauche. Malgré la difficulté de la tâche, je me suis acharnée. En effet, c’est loin d’être facile de s’entailler la peau de son propre chef. Mais mon mal-être était tel que, passant de l’aiguisage d’un couteau de cuisine au démontage d’un rasoir jetable pour en récupérer la lame, je me suis automutilée. Autant dire que je n’en suis pas fière. Mais parfois, j’aimerais recommencer et plus insister que la première fois pour avoir une marque durable. Je me dis qu’en la voyant régulièrement, mes parents prendraient conscience du mal qui me ronge.
Alors que je m’appliquais dans la réalisation d’un acte qui me hantera encore longtemps, j’envoyais un message de honte à mon compagnon. Ce dernier, en comprenant que j’étais au plus mal et capable de commettre le pire se précipita pour rentrer. Je peux le dire, s’il n’avait pas été présent, si nous ne formions pas un couple solide, ce soir-là j’aurais mis fin à mes jours. J’aurais écouté cette voix qui répétait inlassablement : « Je veux mourir ».
Peu de temps après, j’avouais le pire à mes parents. Seulement, je n’ai jamais pu leur dire ce qu’il s’était exactement passé auparavant, avec ces deux personnes. Je n’ai pas pu leur parler et ils n’ont pas cherché à savoir, ou tout simplement, à m’écouter. Ils se demandaient seulement s’il fallait que je porte plainte. Mais ce n’était pas ce dont j’avais besoin le jour de cette horrible révélation. Je voulais juste pouvoir leur parler.
Malgré eux, ils m’ont laissé m’enfermer dans une cage dont le fer chauffé à blanc par les non-dits me brûlait l’esprit. J’ai aujourd’hui la sensation d’être emprisonnée dans ma propre solitude d’où les personnes dont j’ai le plus besoin de soutien ne me voient même pas.

Je me souviens de beaucoup de détails, comme si j’avais vécu ses viols hier. A chaque fois que j’y repense, les larmes me montent aux yeux. Elles ont d’ailleurs mouillées le carnet sur lequel j’ai osé écrire ce qu’il m’est arrivé, pour la première fois.
Avec le premier ex petit-copain, il y avait une sorte de routine qui s’était installée et qui m’horrifiait. Nous dormions dans la même chambre mais dans des lits séparés chez ses parents. Généralement, je lui tournais le dos. Je ne sais pas comment il faisait, mais dès que j’entrouvrais les yeux, il venait me rejoindre et se frotter contre moi. Je parvenais à peine à bouger à cause de la fatigue et lui en profitait pour venir coller son sexe en érection contre mes fesses. Il me caressait partout et bien que je gigotais et grognais pour signifier mon mécontentement, il continuait. Lorsque je lui disais que je n’avais pas envie, il s’arrêtait deux-trois minutes, puis revenait à la charge et ce, à répétition. Je finissais par fermer les yeux et tentais d’oublier la douleur que m’infligeaient ses vas et viens.
Le pire, c’est qu’il parvenait ensuite à me faire douter en me répétant qu’il ne m’obligerait jamais à avoir de rapports sexuels si je n’en avais pas envie. Mais ce n’était pas vrai puisque les faits sont là : il m’a violé, et pas qu’une seule fois.

Pour le second ex petit-copain, je me souviens surtout de la fois où cela s’est déroulé en pleine journée, dans ma propre chambre. Mes parents étaient au rez-de-chaussée, ils regardaient la télévision. J’avais dix-sept ans. Il ne voulait pas voir mon visage et j’étais forcée de faire en sorte que le lit ne grince pas. De plus, il refusait de mettre un préservatif (comme l’autre ex copain d’ailleurs) malgré mes demandes.
Ce jour-là, j’ai vu ma vie basculer. J’ai cru que tout était terminé. J’ai été souillé au plus profond de mon être. En effet, malgré toutes ses promesses de se retenir, cette fois là, il a fini en moi. Afin d’assouvir son plaisir pervers il venait de prendre le risque de me mettre enceinte, sans mon consentement, tout en ayant conscience des complications que ça impliquerait. Cette partie-là, je n’ai toujours pas pu l’avouer à mes parents. Je savais pertinemment que si je leur annonçais une grossesse, ce serait la fin de toute confiance entre nous. Peu importe les conditions dans lesquelles la conception s’était effectuée. J’ai alors décidé d’aller me fournir ce qu’on nomme la pilule du lendemain.
Je pensais qu’on ne pouvait pas me faire plus de mal, qu’on ne pouvait pas m’abaisser encore plus bas que terre. C’est alors que le pharmacien à qui je me suis adressée m’a prouvé le contraire. Alors que je venais de vivre la pire des humiliations, il me regardait comme si j’étais une jeune fille inconsciente. Il voulait me convaincre de ne pas prendre la pilule du lendemain. En fait, je devais assumer « ma bêtise ». Comment peut-on juger de cette manière une personne qui vient réclamer de l’aide, sans même connaître son passé ? Mon second violeur était derrière moi. Il ne se sentait même pas concerné. Je venais de recevoir le coup de grâce par une personne que je ne connaissais même pas. Aurais-je dû garder, contre ma volonté, un enfant issu d’un viol conjugal dont l’auteur n’aurait jamais reconnu l’existence ?
Je tiens à préciser qu’en plus de tout cela, cet ex en profitait pour aller voir ailleurs. Chose que j’ai appris après l’avoir quitté.

Je sais que je ne pourrais jamais leur pardonner ce qu’ils m’ont fait. Et je pense qu’on fond je n’en ai pas la moindre envie.
Tout ce que je souhaite désormais c’est de pouvoir guérir et reprendre ma vie là où ces monstres l’ont sauvagement arrêté. Même si je sais pertinemment que le chemin sera long.
Et j’espère qu’un jour, je pourrais faire comprendre la gravité de ces actes à mes parents. Qu’ils ouvriront enfin les yeux au lieu de tourner le dos face à ce qu’a vécu leur propre fille.
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