Dépression besoin d'aide

[Alouette01]

Bonjour,
Je vous écris parce que j'ai besoin d'aide, de vos conseils. Je suis avec mon conjoint, de 25ans, depuis 7 ans et nous avons 2 enfants.
Pendant ces 7 ans il a eu de nombreuses périodes de hauts, avec motivation, passions, centre d'intérêt, ... et de bas avec démotivation, pleure sans raison, ...Des alternance de gros sommeil et d'insomnies, d'envie de, manger et de perte d'appétit, d'énergie et de perte d'énergie, ... pendant 7 ans je lui ai dit qu'il devait avoir un problème médical, que ce n'était pas normal. Il ne voulait pas le reconnaître, ni aller voir de docteur. Par contre il voulait bien que j'aille à la pharmacie chercher des médicaments pour l'aider à dormir, des vitamines, ...
Depuis 2 ans la situation c'est aggravé avec perte total d'activité physique, désintérêt pour tout, énervement, nombreuses crises d'angoisses, violence verbale, ...
Il y a 3 mois j'ai enfin réussi à lui faire aller voir un docteur qui lui a diagnostiqué une dépression et l'a mis sous traitement médicamenteux. Ça marche plus ou moins, vu que mon conjoint ne compte que sur les médicaments, et refuse de parler, de pouvoir être faible comme il dit.
Il ne parle qu'à moi. Et en parlant il me parle souvent de regrets, de faits marquants de sa vie qui datent d'avant que nous soyons ensemble. Il dit que de ce qu'il se souvient il est comme ça depuis l'adolescence (solitude, tristesse, problème de sommeil, d'alimentation, ...), avec alternance de ces périodes. Il n'a jamais parlé à personne.
Cela ferait presque 10 ans donc qu'il serait en dépression et ne serait pas traité. Pensez-vous que ça puisse être le cas? Ou alors se pourrait-il qu'il soit magniaco-dépressif, dépressif chronique? Je ressens que à l'annonce cette dépression j'ai besoin d'aide.
Je vous pose ces questions parce que notre couple va très mal, il pense être comme ça naturellement mais ne veut pas être comme ça. Mais n'arrive pas à se sortir de cette spirale qui le, détruit petit à petit, de plus en plus. Il ne veut pas retourné voir le docteur pour lui parler de tout ça honnêtement, il fait semblant d'aller bien. Il m'a demandé d'aller voir le docteur pour lui pour savoir si ces hypothèses peuvent être vrai ou pas, ce que j'ai refusé, je lui ai dit que je l'accompagnerai, mais que je n'y ferai pas pour lui. Il est trop fier et a peur du diagnostic.
Pensez-vous que je puisse en parler à notre médecin pour avoir son avis? Y-a-t-il des médecins sur ce forum pour me conseiller?
Merci beaucoup par avance pour vos réponses

[Jeannette]

Des médecins, ici, non, mais des psychologues, oui (ce que je ne suis pas).

Ceci étant, oui, une personne peut très bien être dépressive durant des années. Et il n'y a aucune honte à cela.
Et hormis la dépression, il existe bien d'autres hypothèses possibles, pouvant également être présentes durant des années. Comme le stress post-traumatique pour ne citer que celui-là. Ou les états limites.
Mais au final, pas grande différence entre tout ça.
Du moins dans les causes, qui sont généralement un traumatisme très violent à un moment ou à un autre de la vie, et il n'y a rien de honteux à cela
Ni dans les "symptomes".
Et encore moins dans ce qui suit :
soit ton mari préfère se fier aux médicaments, mais il faut alors qu'il se prépare à devoir en prendre toute sa vie si il ne veut pas retomber encore plus profondément dans ses idées noires,
soit il se décide à faire le point sincèrement avec un psychologue, avec de grandes chances de "s'en sortir" une bonne fois pour toutes.

Quant à toi... Tu ne peux ni remplacer le médecin, ni remplacer le psychologue. Ne serait-ce que parce que tu es impliquée dans "l'histoire". Alors la meilleur chose que tu puisses faire, c'est :
prendre soin de toi
lui mettre les points sur les i le concernant : la solution ne peut venir que de lui le jour où il se décidera à se prendre en main
prendre soin de toi
lui exprimer clairement que tu ne supporteras pas éternellement de t'occuper de lui comme d'un enfant
prendre soin de toi

[Alouette01]

Merci pour votre réponse.
Je lui ai déjà dit tout cela, le problème est qu'il est tellement "bas" et dans son "monde" qu'il s'en fou. Pour mon bien et le bien de mes enfants j'aimerai parfois laisser tomber, car je consacre 99% de mon temps à lui et à tout faire (tâche ménagères, gestion, enfants, ...). Mais le problème est qu'il n'a que moi et il y a aussi mes sentiments pour lui. J'ai mis ses parents au courant en août 2013 que leur fils n'allait pas bien et d'après moi était dépressif. Ils m'ont répondu qu'il connaissait leur fils mieux que moi, qu'il allait très bien. Je n'avais pas tant tord que ça puisque le médecin lui a dit il y a 3 moi qu'il était en dépression. Il a été voir une psychologue, 2 fois, puis la psy lui a dit qu'elle ne pouvait rien pour lui car il n'est pas dans une démarche de parler.
Le médecin pense que ça va mieux car mon conjoint lui dit que ça va, sourit et fait semblant.
Les médicaments pour le moment je ne vois pas où il sont bénéfique pour lui, il a les même symptômes qu'avant, sauf qu'il est encore plus "à côté de la plaque", le matin il lui faut plus d'une heure pour se réveiller (= juste arriver à ouvrir les yeux et envisager de se lever).

Ce qui me fait le plus mal c'est de le voir" dépérir". Ce n'est pas une simple dépression, je sais au fond de moi que c'est un problème profond. Je vis et travaille avec lui quasiment 24h sur 24. Je ne suis pas docteur, mais je le sais. De tout ce que je sais il n'a pas eu de gros traumatisme dans son passé, mais plutôt une accumulation d’événement qu'il a gardé pour lui et qui font à mon avis qu'il en est là (déménagement petit, puis ado ses parents l'ont fait redoubler 2 fois en 4 ans sans lui demandé son avis, perte de toute relation social, absence de son père, isolement, échec scolaire, puis pro, puis décès dans sa famille, ...).
J'ai l'impression que le médecin (il me demande de l'accompagné quand il y va donc je sais ce qu'il se passe), ne se rend pas compte de la gravité. En même temps mon conjoint dit que ça va mieux donc je ne peux pas en vouloir au médecin. Pensez-vous que je peux lui en parler moi?
Il en est à un point où il ne se lave plus les dents, ne se change plus, oublis de manger ou alors va manger toute la journée et la nuit, oublis tout, n'a quasiment plus de vie social, ne se rend pas compte de ses enfants qui pleure à côté de lui, ... Il peut se lever et mettre 2 à 3h à réagir que les enfants et moi sommes là aussi et nous adresser un mot. Il se fou vraiment de tout. Il n'a plus aucune passions, rien. Et n'a que 25 ans.

Je sais ce que c'est j'ai eu adolescente un passage dépressif, comme beaucoup d'ados. Comme ça se passait mal avec mes parents en plus (engueulades ados-parents) j'avais été hospitalisé. Ma dépression n'a pas duré longtemps et je m'en suis vite sortie.
La différence c'est que je voulais m'en sortir, j'ai été voir une psy, j'ai été hospitalisé, ... Lui ne veut pas, il ne fait aucun efforts. Je sais que c'est dur pour lui. Le problème c'est que si ça continue ou que si je le laisse il pourrait en arriverer au suicide.

Merci de votre aide, de vos conseils.

[Jeannette]

De nombreux éléments de réponse...

Trouverais-tu normal de t'occuper de l'un de tes enfants exclusivement ?
Pourtant c'est quasiment ce que tu fais ! Sauf que l'enfant en question, c'est ton mari...
N'oublies jamais que, même pour les sauveteurs secouristes, la règle d'or est de se protéger soi-même avant de protéger les personnes que l'on tente de secourir. Parce qu'une foi qu'on es HS aussi, c'est encore plus de travail pour les secouristes suivants qui auront 2 personnes au lieu d'une à secourir... Dit autrement, tu ne pourras l'aider, d'une façon ou d'une autre, que si tu es toi-même en forme.
N'oublie pas non plus que ce que nous vivons durant notre enfance conditionne très fortement ce que nous vivons adulte. C'est comme un "modèle" inscrit à vie. Modèle à reproduire ou, au contraire, à contrarier de façon permanente. Pour tes enfants, l'ambiance n'est donc certainement pas idéale.
Mais attention, je ne suis pas en train de te dire de partir. Juste de considérer très sérieusement le fait que "le bien de tes enfants et le tien", pour reprendre ta formule, doit être ta priorité, d'une façon ou d'une autre.
Et, ne serait-ce que cela, s'éloigner n'est pas forcément quitter.
Tout comme la meilleure solution, pour tout le monde, est parfois d'arrêter de soutenir. Car pourquoi ton mari ferait-il l'effort de "se décider à réagir" si la situation lui convient et que tu continues à le soutenir en permanence ? Ou plus exactement si le malaise qu'il vit au jour le jour est plus facile à supporter que l'idée de parler sincèrement au médecin ? Entre 2 maux, on choisit toujours le moindre...
Lis ce que Mme Dubreuil expliquait sur ce post, tu comprendras le principe : http://www.centreaide.com/viewtopic.php ... 3&start=20

Par ailleurs, remplir un sac à dos d'une seule grosse pierre ou d'une multitude de petites ne change pas grand chose à son poids final... Un traumatisme violent est parfois constitué d'une accumulation. Surtout si ils touchent le même point et ne sont jamais exprimés, ce qui ne m'étonnerait pas vu ce que tu laisses imaginer de sa famille... Et ce qui est perçu comme anecdotique par certains peut paraitre astronomique vu par d'autres, tout dépend de la personnalité et d'une multitude de vécus précédents. Exemple comme un autre, l'ennui est négligeable pour certains alors que c'est un grave traumatisme pour d'autres. Il est impossible de juger de l'importance traumatisante d'un fait précis. On ne peut juger que de ses conséquences, et encore. Il suffit parfois d'une goutte d'eau pour faire déborder un vase. Là où des personnes ayant des personnalité plutôt extraverties réagissent rapidement et "violemment", des personnes très résilientes ou ayant des personnalités plus introverties accumulent, mais la pression ne cesse d'augmenter et fini par atteindre des niveaux très impressionnants.
De ce que tu racontes de la vie de ton mari, il peut très bien avoir vécu dans une ambiance de demande permanente "d'excellence" insupportable et lourdement traumatisante, par exemple. Et ce n'est qu'une possibilité parmi des milliers d'autres. Mais qui aurait l'intérêt d'expliquer sa répulsion à avouer son mal-être, par exemple.

Quoi qu'il en soit, le traitement prescrit à ton mari ne semble pas adapté (si tant est qu'il le prenne). Alors oui, dans un premier temps, commence par en rediscuter (seule au besoin) avec son médecin. Mais je pense que la vraie solution, dans un premier temps, serait plutôt de voir un psychiatre, au moins le temps de lui redonner l'énergie nécessaire à relever le nez suffisamment pour se décider à voir un psychologue.
Et si il ne le réagit pas, pourquoi ne pas le laisser faire sans plus rien dire ni faire ? Il ne veut pas se lever ? OK. Il reste au lit. Mais si il a faim, il faudra bien qu'il finisse pas se décider... Quitte à vider le frigo. Et à être obligé de sortir lorsque le frigo est vide. etc.

[Alouette01]

Merci beaucoup Jeannette. Ca fait du bien de se sentir un peu comprise et conseiller.
Pour ce qui est de s'éloigner je suis déjà partie plusieurs fois pendant un mois au cours de 3 dernières années, 3 fois en tout pour lui laisser du temps, le laisser se reposer par rapport aux enfants. J'espérais une réaction de sa part, une remise en question. Mais à chaque fois il n'y a rien eu. Il se laisse vivre et quand je rentre chez moi c'est le chaos, rien a été fait. Il s'en moque complètement, bien au contraire je ne lui dit plus rien, ne le lève plus le matin donc ça l'arrange.
Il a été élevé comme ça, un père qui ne s'occupait pas de lui, sauf pour lui dire qu'il était bon a rien à l'école et une mère qui lui faisait tout (débarrasser son assiette, faire son lit, ranger ses habits, nettoyer sa chambre, ...) jusqu'à ses 18 ans, qu'il parte et sans jamais rien lui dire pour ne pas avoir de conflits avec lui. Et j'en passe. La psy lui a donné le numéro d'un psychiatre, mais il ne veut pas appeler, le problème est qu'il y a apparemment 3 mois d'attente et vu à quelle vitesse son état empire, je n'ose pas imaginer où on en sera dans 3 mois.
J'essaie de me préserver et de protéger mes enfants. Mais c'est dur de voir qu'il est dans cet état, qu'il passe a côté de tout ces moments. Et entendre mes enfants me dire à 2ans et demi : "Papa dort encore", "Papa est encore malade", ... , ce n'est pas facile. On a qu'une vie.
Je lui ai même parlé de l'hospitalisation au cas où, au moins il serait entouré de professionnels, n'aurait à se soucier de rien sauf de lui et ça pourrait être bien pour amorcer sa guérison. Là j'ai eu droit à un '"je ne suis pas malade à ce point, je m'en sortirai".
Quand il ne va pas bien c'est soit la faute du médicament, soit la mienne. Moi j'encaisse ça va, même si j'avoue que son m'enfoutisme, son désintérêt des enfants et de moi, ses remarques, ... peuvent être dures. A côté de ça il veut que je l'aide. Alors je lui fait des petits mots pour qu'il se rappelle ce qu'il a à faire vu qu'il oublie, je gère tout toute seule, je le laisse se reposer, je ne cuisine que ce qu'il aime, ... Je sais que ce n'est pas la solution, le problème est que comme je l'ai dit si je ne fais rien, si je ne le "materne" pas, c'est la même chose, il agit de la même façon. Il se fou tellement de tout, qu'il n'a pas travailler pendant presque 3 ans, sans revenus, je dois à présent cumuler 2 emplois pour que l'on s'en sorte, mais ça ne lui fait rien. Et je ne peux pas ne rien faire constamment, ne serait-ce que pour mes enfants. Je ne peux pas le laisser, je me dis que se serait facile de partir de tout abandonner au moment où il va pas bien, où il a besoin d'aide.
Mais comment aider une personne qui dit vouloir aller mieux mais ne fait rien pour? D'accord ça ne fait que 2 ou 3 mois qu'il accepte vraiment sa dépression, mais ça fait des années qu'elle est là. Il prend ses médicaments quand il y pense, ne veut pas parler, ne reconnait pas ses problèmes, ... C'est un cercle vissieu, parce que moins il fait de choses, plus la dépression empire, moins il en fait, ... Je dois voir le médecin généraliste qui le suit demain pour les enfants, je pense que je vais lui en parler, je suis trop inquiète et même avec tout mon Amour pour lui, toute ma compréhension, les enfants n'ont pas à vivre ça et financièrement on ne tiendra pas des années encore, moi non plus d'ailleurs, je suis forte mais pas surhumaine! ^^
Je pense avoir tout essayé, la patience, la gentillesse, le brusquer, le délaisser, le mettre en face des faits, lui laisser du temps, l'emmener voir un médecin, chercher des solutions, ... Mais rien y a fait ça empire.
Je suis désolée, je me répète, mais je suis vraiment désespérée est inquiète pour lui. Quand nous nous sommes connus il dit que c'est le seul moment où il s'est senti bien ces 10 dernières années, mais ça n'a malheureusement pas duré. Et il n'avait rien à voir avec celui qu'il est redevenu petit à petit.
La seule personne à qui j'en parle est ma maman, avec son accord. Mais elle ne comprend pas. Elle voit juste qu'il me laisse tout assumer, ne fait rien pour s'en sortir et aucun efforts.

Je suis consciente de ça, mais je sais qu'il n'est pas lui et pas totalement responsable, que les vrais responsables sont ses problèmes qui ont emmené madame dépression dans sa vie. D'un autre côté il fait tout pour empirer sa situation : alimentation tout sauf équilibré (il doit avoir de nombreuses carences, son alimentation se limite à pâte, pizza, mcdo, café, soda. Le médecin lui a prescrit un bilan sanguin qu'il n'a toujours pas fait, je vais devoir prendre le rendez-vous moi, je voulais qu'il le fasse lui mais comme tout si je ne veux pas le materner et que je le laisse faire il ne fait rien, la prescription du bilan sanguin date d'il y a 3 mois, le médecin lui a déjà refait 2 fois l'ordonnance), il a aussi un rythme de vie "pourrit", il se couche tout les jours entre 1h et 3h du matin, et donc là aussi le matin, soit je m'occupe des enfants (qui eux se lèvent à 7h) seule et je le laisse se reposer pour ne pas aggraver son état, soit je le lève et il sera pire que d'habitude. Il refuse également de faire du sport, de sortir, de prendre le soleil, ... Donc tout ce qui serait bien pour son rétablissement il le refuse. D'après ses mots ses seuls moments de bonheur sont le soir devant sa console de jeux ou la télé. C'est pour dire la vie palpitante qu'il s'accorde. Tout le reste pour lui n'est que des corvées, il voudrait tout tout de suite sans rien avoir à faire (linge, vaisselle, ...).
C'est pour cela que j'en suis venue à la solution qui peut paraître radical de l'hospitalisation. Pour l'avoir vécu ados, ce n'est pas un mauvais souvenir, ça aide de changer d'environnement, d'être entouré de professionnel, d'avoir une vie cadré avec des activités.

Que pensez-vous de tout ceci? Encore une fois je suis désespérée, je ne sais plus quoi faire pour l'aider, rien ne marche. Merci encore à ceux qui prennent le temps de me lire et de répondre.