Situation inextricable

[mluigi]

Bonjour,
Je ne sais pas bien pourquoi je me remets à écrire. Je n'attends pas de soutien. Je crois être en quête d'une approbation, quelque chose du genre "oui ça existe et la situation est effectivement inextricable".

J'ai 52 ans et, habitué à décortiquer mon passé (12 ans de psychothérapies), il me semble que dès mes premières minutes de vie jusqu'à aujourd'hui, je me suis toujours dit "ça ne me convient pas". J'ai essayé de mener ma vie comme tout le monde, faire ce que les autres font, en copiant parce que rien ne semblait réellement émerger de moi, une envie, un désir.

La relation à l'autre a toujours été compliquée pour moi, je hais mes parents, je n'ai pas d'ami, je fuis constamment, j'ai une épouse (comment ai-je fait ?), des enfants dont je me suis occupé du mieux possible, avec mes limites assez facilement atteintes.
J'ai toujours été "spécial", j'ai commencé à devoir me soigner "doucement" à l'adolescence pour commencer à prendre des antidépresseurs un peu avant 40 ans, j'ai tout essayé, tout type de traitement, rencontré des psychiatres, des psychologues (plusieurs, encore récemment). Des gens sur ce site (et je les en remercie vivement) ont essayé de m'accompagner un petit bout de chemin.

En fait, petit à petit, même en progressant d'un point de vue psychologique, l'idée que je n'étais pas "câblé" pour vivre s'est installée en moi, j'attends réellement la mort, de manière presque sereine, sans panique, sans angoisse (ou presque). Si je ne peux pas précipiter les choses du fait de l'existence de mon foyer, tout est mort intérieurement, aucune envie, aucun désir, pas de sentiment, pas de sensation, un mal de vivre assez caricatural. Mais il me faut attendre.

Je fais du sport, beaucoup de sport même depuis quelques mois et je sens en moi les deux sphères inter-connectées que sont la forme physique et la forme physique. Même si j'ai la "pêche" physiquement, mon mal de vivre reste constant.

Evidemment, l'image que j'ai de moi n'est pas bonne mais comment pourrait-elle être bonne, je n'ai envie de rien à part que tout cela s'arrête le plus rapidement possible, même si pour le moment, je dois accompagner les miens, comme tous les pères ou compagnons.

Alors je souhaiterais une forme de reconnaissance, oui, ce type de dépression existe, ce n'est pas vraiment une dépression d'ailleurs, je suis cet être humain, bancal, pas bien adapté à cette vie qu'on lui impose et il n'existe pas de moyen de changer les choses dès lors que tout est inscrit profondément, viscéralement, depuis longtemps et que l'Envie reste un concept pour moi.

Merci de m'avoir lu, ne vous forcez pas à répondre, la dernière psychologue rencontrée à laquelle j'ai expliquée ma situation m'a dit qu'elle ne pouvait rien pour moi alors .... Mais si vous pensez avoir connu ou connaître une personne comme moi, connaissance ou patient (pour les professionnels sur le site), une sorte de reconnaissance de ce cas de figure, je crois que cela me permettrait de moins culpabiliser, je ressens une sorte honte de ce que j'ai fait de ma vie : selon cette hypothèse, je ne serais pas le seul fautif, les dés étaient pipés, voilà tout.

[Dubreuil]

[quote="mluigi"]
la dernière psychologue rencontrée à laquelle j'ai expliquée ma situation m'a dit qu'elle ne pouvait rien pour moi alors ....

Alors que quoi ? Elle parlait d'elle n'est-ce pas ? De ses propres limites, pas de vous
Parce que le rôle du psy n'est pas " de faire quelque chose " pour son patient, juste de l'accompagner...il n'a pas à souhaiter son bien, cela ne le regarde pas. Il est un " témoin", un " passeur ", le " secrétaire " de son inconscient. Il prend note de ce qui " parle " de sa douleur " malgré lui, et il le lui restitue le moment venu pour lui démontrer qu'il avait déjà la réponse mais que c'était sa façon de poser la question qui le rendait " malade ".

[mluigi]

Merci pour votre réponse.

J'évoquais cette dernière rencontre avec une psychologue mais depuis 2004, j'ai rencontré un certain nombre de psychothérapeutes. Je ne me permets pas le moindre jugement mais le fait est que je n'ai pas su travailler efficacement avec eux, j'ai évité le suicide et continué à tenir ma place dans la société, c'est malgré tout un résultat probant.

Je me sens "sereinement désespéré", je souhaite la mort, je me suis habitué à cette idée, j'arrive à vivre avec, à faire semblant de vivre.

Je me perçois comme un malade différent, rien n'a jamais été vraiment efficace sur moi et malgré tout ce que j'ai essayé (traitements, démarches de thérapie, ...), je me vois suivre une trajectoire, il s'agit certainement d'un choix, je n'en ai pas conscience. Mon inquiétude n'est pas relative à la mort mais plutôt à réussir à tenir encore quelques années, jusqu'au moment où ma disparition sera plus supportable pour mes proches.

Je me questionnais ce matin sur l'existence encore au fond de moi d'une volonté de guérir : je n'en suis pas certain et c'est la raison pour laquelle j'ai arrêté de chercher de l'aide. Même si je traîne encore sur ce forum... Je crois que je me suis persuadé que personne ne pouvait rien pour moi, d'autant plus si moi-même je n'ai plus envie de redresser la tête et du coup, mes messages ici n'ont pas de sens.
De votre réponse, je comprends que j'ai toujours cherché que quelqu'un, d'un coup de baguette magique, me transforme en un être plus léger; je n'ai pas cherché un "accompagnateur" parce que cela aurait signifié que tout reposait alors sur moi. Et c'est justement parce que tout repose sur moi que ma trajectoire est la plus forte.

[Dubreuil]

Et c'est justement parce que tout repose sur moi que ma trajectoire est la plus forte.

La plus utopique.

[Uriell76]

Bonsoir,
C'est bizarre je me retrouve dans pleins de vos phrases. L'impression d'être sur terre sans l'être vraiment sans quête véritable...sans objectif ni envie mais sans vouloir faire souffrir son entourage... vous ne cherchez pas vraiment d'aide pourtant " vous traînez sur ce site", au cas où quelqu'un par miracle pourrait avoir une réponse....pulsion de vie????bon courage et pardon.