Je suis hypocondriaque et je n'en peux plus

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Valérie Bully
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Je suis hypocondriaque et je n'en peux plus

Message par Valérie Bully »

Bonjour,

je me présente brièvement. Je suis une femme de 37 ans, en couple et sans enfant. Depuis 2 ans j'ai développé une très forte hypocondrie qui était sous-jacente depuis quelques temps.
En bonne hypocondriaque j'ai donc d'abord été persuadée d'avoir un cancer de l'utérus (échographie + IRM), puis deux mois plus tard un cancer du sein (mammographie et échographie). Mon médecin m'a donc mise sous Paroxétine (Déroxat). Médicament super efficace mais qu'il m'a fait énormément grossir. Face à l'incompréhension de mes proches qui ne comprennent pas cet état mental, j'ai arrêté la Paroxétine du jour au lendemain. Le sevrage a été compliqué mais le contre-coup, lui, a été terrible. J'ai de nouveau été envahie par l'idée d'avoir un cancer des ovaires. Quelques Lexomil et une échographie plus tard, me voilà rassurée... pour une soirée. Car le lendemain je me suis dit qu'à l'échographie on ne pouvait pas voir le colon et que par conséquent j'avais peut-être un cancer au colon. Depuis je suis retournée voir mon médecin deux fois (en novembre et en décembre) et je suis maintenant sous zoloft et xanax (jusqu'à 4 par jour pour calmer mes angoisses). Il m'a également orienté vers un psychologue.
Je peux évaluer le temps où ça allait mieux à un mois et demi mais depuis deux mois c'est de nouveau la pagaille dans mon esprit et mon corps.
La psychologue m'a indiqué que j'ai l'angoisse du danger imminent car d'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours été angoissée par quelque chose. Par exemple quand j'étais enfant, j'avais peur de mourir engloutie par une érupion volcanique (et oui mes parents habitent vers Clermont-Ferrand) et pourtant c'est un monde qui me fascinait (rien de tel qu'un bon reportage sur l'Etna ou le Vésuve pour me captiver), plus tard c'était la sonnerie du téléphone (et oui, lors de l'annonce de décès c'est toujours moi qui ai répondu au téléphone chez mes parents), la peur d'avoir oublié de fermer le gaz et débrancher le fer à repasser (je pouvais parfois faire demi-tour 3 ou 4 fois afin d'aller vérifier). Aujourd'hui c'est la peur de prendre l'avion (mais je vis très bien avec et je ne le prends pas comme ça ça résout le problème, par contre je ne rate aucun reportage sur les catastrophes aériennes car quelque part ça me conforte dans ma peur). En revanche aujourd'hui, comme je le disais, j'ai peur du cancer et je vis très très mal avec ça. Je ne sais pas d'où ça vient. A ma connaissance il n'y a jamais eu de cas de cancer dans ma famille et les membres proches sont en bonne santé. A l'heure actuelle ça m'obsède et je l'appelle d'ailleurs ma dépression hypocondriaque car cette obsession a une incidence sur ma qualité de vie. Je suis à l'écoute du moindre signe de mon corps que j'interprète de la manière la plus dramatique qui soit, je m'ausculte (jusqu'à me faire mal, c'est à dire jusqu'à avoir des hématomes à force de me palper) du soir au matin (à chaque fois que je vais aux toilettes au bureau j'inspecte scrupuleusement mes seins et mon ventre). Dès que j'entends le mot cancer j'ai l'impression que mon sang quitte mon visage et que je perds pied. Dès qu'un proche passe un examen médical je m'imagine le pire.
Ma psychologue m'a dit qu'il faut que j'apprenne à vivre avec cette angoisse du danger imminent qui plus tard peut quitter le corps et prendre la forme d'une autre phobie (celle de sortir ou de prendre la voiture par exemple). Mon souhait le plus cher à ce jour c'est que cette hypocondrie migre vers une autre angoisse car toujours être persuadée d'être arrivée à la fin de sa vie à 37 ans c'est très perturbant.
Je précise que j'ai une vie de couple harmonieuse et une famille aimante. Je ne me souviens pas avoir subi un quelconque traumatisme plus jeune.
Si vous pouvez m'apporter des pistes pour m'aider à aller mieux, je suis preneuse.
D'avance merci,
Valérie
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Je suis hypocondriaque et je n'en peux plus

Message par Dubreuil »

Et qu'arriverait-il si vous aviez EFFECTIVEMENT une maladie mortelle ?
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Valérie Bully
Messages : 2
Inscription : 01 févr. 2017, 14:24

Re: Je suis hypocondriaque et je n'en peux plus

Message par Valérie Bully »

Si j'avais effectivement une maladie mortelle je n'aurais pas le courage de me battre, de souffrir, de voir souffrir mes proches.
Je suis toujours hyper angoissée, ça me gâche tout plaisir, j'ai l'impression d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Je ne profite de plus rien. Je dois retourner chez le médecin pour mon renouvellement d'antidépresseurs comme tous les trois mois et je suis hyper tendue. J'ai peur qu'il constate quelque chose d'anormal chez moi et m'envoie passer des examens. Je suis en train de faire mon arbre généalogique car j'ai entendu parler de psychogénéalogie et je suis totalement paniquée car mon arrière grand-mère paternelle est visiblement morte jeune (entre 30 et 40 ans) et je n'arrive pas à mettre la main sur sa date de décès (mon esprit très perturbé me dit que je décèderai peut-être à la même date qu'elle et j'ai presque 38 ans...).
Voilà à quel point mon esprit est perturbé.
Valérie
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Je suis hypocondriaque et je n'en peux plus

Message par Dubreuil »

C’est bien parce que nous ne savons rien de la mort qu’elle nous angoisse. Comment concevoir de ne rien en savoir, de ne rien en avoir vécu et de tendre ainsi chaque jour vers elle, inéxorablement. Quoi de plus angoissant que de savoir qu’une séparation définitive nous attend, séparation d’avec la vie, d’avec les autres et d’avec soi-même, sa conscience d’être au monde.
« L’expérience de la naissance est la première expérience de l’émergence de la mort », déclarait Françoise Dolto dans « Parler de la mort ». Notre venue au monde nous installe parmi ceux qui vont mourir. Elle implique d’emblée une perte : celle du placenta protecteur vécu par le nouveau-né comme une part de lui-même. Cette notion de perte est importante car c’est elle qui tout au long de notre vie réactive l’angoisse de la mort.
On peut dire que c’est l’émergence de la sexualité et par voie de conséquence l’accès vers l’age adulte qui entraînent les représentations psychiques mortifères et l’angoisse de mort.
La perte de l’enfance pour accéder à l’âge adulte nécessite l’acquisition des valeurs accordées à la vie et à la mort. Ainsi donc, l’idée et la notion de la mort sont nécessaires pour quitter l’enfance (les enfants se croient immortels). Cette dualité (couple) vie – mort est le fondement même de la vie adulte. Il est par exemple classique et normal que certains adolescents témoignent d’une attirance ou d’une répulsion pour les événements macabres (obsèques, cimetières etc. ) en raison du symbolisme de ces événements et de leur participation dans l’évolution psychique. N’oublions pas qu’être adulte signifie « devoir mourir » un jour, l’angoisse de la mort résulte donc de l’affrontement de deux idées : vouloir vivre et devoir mourir . Il s’agit d’une évolution naturelle et normale de l’état psychique.
C’est la mort des autres qui nous fait prendre conscience de notre mortelle condition.
Moi aussi, je vais mourir. Un constat propre à l’homme et impossible pour l’animal qui vit dans l’ignorance du sort qui l’attend. Etre un homme c’est craindre la mort et inventer des rituels pour marquer son passage. Les spécialistes de la préhistoire ne parlent d’ « hominisation » qu’à partir du moment où les grands singes velus que nous tenons pour nos premiers ancêtres se sont mis à honorer leurs morts par des rites funéraires. Pourquoi ont-ils, dans la foulée, inventé les religions ? Probablement pour essayer de donner un sens à la vie et des images à la mort, univers de l’invisible et du non-représentable par excellence. Ce n’est pas un hasard si la majeure partie de la littérature philosophique s’emploie à nous aider à la penser. Peut être pour mieux la dénier : il est inutile d’y songer déclare Epicure : » tant que nous sommes là, elle n’est pas ; quand elle est là, nous ne sommes plus. » ou tout simplement pour nous persuader de l’accepter avec sérénité.
Ne pas dormir ou la peur imminente de sa propre mort
Le sommeil, en psychanalyse, correspond à une pulsion de « mort ». Il existe les pulsions de « vie », celles qui nous gèrent au quotidien et qui en général prennent le dessus. Le sommeil répond à une pulsion de mort (inactivité inconsciente où l’on ne maitrise plus rien, à commencer par ses rêves)
’insomniaque s’empêche de répondre à cette pulsion de mort : moins il dort et plus, inconsciemment, il se persuade qu’il est encore en vie. C’est d’ailleurs le cas des bébés qui pleurent la nuit, bien souvent pour répondre à l’angoisse des parents : dire que tout va bien, « tu vois maman, c’est la nuit et je suis en vie, alors rassure-toi, il ne m’arrive rien ». Pourtant le sommeil répond à un besoin physiologique. Paradoxe de la situation, si l’on ne dort pas on finit par mourir.

La peur de la mort n’est pas la même chose que la peur de mourir.
La mort est prise comme entité, représentée et nommée comme s’il s’agissait de quelqu’un. Certaines légendes la représente comme « la faucheuse », elle vient et vous emporte : ce n’est pas vous qui décidez et c’est là que l’angoisse prend son sens. Comme si c’était quelqu’un qui décidait pour vous le moment où vous ne serez plus sans finalement vous « demander votre avis », or sa vie n’est ce pas le principal élément de soi ? Sans la vie on ne peut être. La peur de la mort ce serait la peur de ce qui est « nommable » sans pour autant prendre un sens concret, un voyage vers l’inconnu que l’entendement ne pourrait atteindre.
La peur de mourir est plus à rapprocher d’une angoisse à vivre, de cette incapacité à profiter pleinement des événements de son existence, incapacité liée pour certain€s aux difficultés rencontrées durant l’enfance ou à la suite de traumatismes survenus à l’âge adulte. Lorsque cette peur est trop grande et qu’elle donne lieu à des comportement phobiques, il est important d’aller consulter afin de mieux repérer les événements en cause.

La peur de mourir à la même date qu'une autre personne se travaille en thérapie. Les " dates anniversaire " ne veulent pas dire que " l'on va mourir ", mais que l'on a besoin de devenir INDEPENDANTE et maitresse de sa propre vie.
En psychogénéalogie, il et dit que dès que l'on a pris conscience que l'on porte en soi quelque chose d'une " lignée " on est celui ou celle qui ARRETE les croyances, et on peut travailler sur soi pour justement EVITER la même erreur, de ne pas se soigner, ou de " répéter " un "ordre " inconscient.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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