Amoureuse du psy de mon fils

[Soline]

Bonjour,
Je vous explique mon problème :
J'ai un fils de 17 ans qui présente des troubles autistiques sociaux.
Depuis 18 mois, nous voyons un psychologue pour lui qui l'aide à s'organiser, à développer des habiletés sociales.
C'est loin de chez nous alors nous y allons pour des séances de 2h environ. 30 minutes avec moi,1 h seul, puis on fait le point.
Parfois, je dois rester 2h avec eux. C'est rare, mais cela arrive.
Nous avons également des contacts par mail ,SMS. Toujours pour mon fils,mais nous nous appelons par nos prénoms dans ces mails. Lors des entretiens, il existe une complicité entre nous. Il me soutient vraiment dans l'éducation de mon fils.
Et je me rends compte depuis quelques mois que je suis tombée amoureuse de cet homme,... célibataire, à ce que je sais !! Je pense à lui tout le temps
Je n'attends rien de lui, car je sais que notre relation est impossible, du fait qu'il soit le psy de mon fils. Pourtant, je ne peux m'empêcher de me faire des scénarios dans la tête... c'est épuisant !!!
De plus, je suis gênée maintenant lors de nos entretiens car j'ai peur qu'il s'en aperçoive...
J'ai cherché une personne capable d'aider mon fils pendant des années,je fais 150 km pour le conduire à ces rdv...
Je suis vraiment gênée.
Je voudrais au moins savoir si vous avez des méthodes pour faire cesser les scénarios dans la tête....car cela m'épuise et me coupe complètement de mon quotidien...

[comment]

Je ne peux pas donner de conseils.
Mais je peux dire que j'ai conscience que ces sentiments doivent être horrible à vivre.
Le psychologue de l'ado ne peut pas être l'amant de la mère pour des raisons évidentes.

Si c'est une personne qui t'a aidé comme peu l'ont fait. Il est logique que tu éprouves ce genre de sentiments pour lui.
Malgré que je sois un homme de 23 ans. Je sais qu'il est difficile de trouver de l'aide dans cette situation.

[Soline]

Bonsoir,
Je vous remercie jeune homme de votre réponse, qui, même si elle ne m'apporte pas de solution,et je ne pense pas qu'il y en ait, me rassure sur le fait que je ne suis pas monstrueuse, juste humaine...
Merci beaucoup...

[Dubreuil]

[quote]" Je n'attends rien de lui, car je sais que notre relation est impossible, du fait qu'il soit le psy de mon fils. "
*** Peut-être parce que dans cette situation vous vous trompez de patient.
Le patient ce n'est pas vous, c'est votre enfant.
En quelque sorte, vous vous interdisez un transfert qui n'est pas en lien avec votre propre thérapie, puisque vous n'êtes pas sa patiente...

" De plus, je suis gênée maintenant lors de nos entretiens car j'ai peur qu'il s'en aperçoive..."
*** C'est un homme, ce n'est pas votre thérapeute.
Il serait interessant de vous demander quel écho dans votre passé, vous " interdit " ce que vous considérez être comme un fantasme.

" Je voudrais au moins savoir si vous avez des méthodes pour faire cesser les scénarios dans la tête....car cela m'épuise et me coupe complètement de mon quotidien... "
*** Que feriez-vous " si " ce n'était pas le psy de votre fils ?

[Soline]

Bonsoir,
Je vous remercie M.ou Mme Dubreuil, de l'attention que vous portez à mon récit.
Je vais tenter d'apporter des réponses aux points que vous avez soulevez dans celui-ci.

J'avoue ne pas être au clair avec ce qu'est un transfert . J'ai un peu cherché mais j'ai du mal à comprendre si cela peut s'appliquer dans mon cas , vu qu'effectivement ce n'est pas mon psy mais celui de mon fils....
De plus, je ne comprends pas si le fait de vivre un transfert signifierait que les sentiments éprouvés ne sont pas réels, sincères....
Dans l'absolu, le fait de vivre une relation avec cet homme ne me semblerait pas compatible avec le fait qu'il suive mon fils. Et d'autant moins que je ne pense pas que je puisse trouver une autre personne qui corresponde à mon fils. J'ai trop cherché pendant des années....
Personnellement,si je commençais une relation, ce serait avec une vision à long terme... même si l'on n'est jamais sûr de rien.

Pour ce qui est de l'interdit que représenterait cette hypothétique relation, je pense que cela vient d'une éducation stricte et très traditionnelle, très préoccupée du "qu'en dira- t- on?". Avec beaucoup de tabou également autour du sexe, du plaisir pur. Et sans doute aussi , de la crainte que l'on puisse me reprocher d'avoir fait passer mon bien être ( plaisir, bonheur....) avant celui de mon fils...

Enfin, à votre dernière question :" Que feriez vous si cet homme n'était pas le psy de votre fils ?" ....La réponse pour moi est immédiate et évidente : je ferai mon possible pour lui faire comprendre qu'il ne me laisse pas indifférente du tout, tellement je me sens en phase avec lui...

Je vous remercie encore de votre réponse,de votre regard professionnel qui m'a permis de me poser certaines questions... et de me faire avancer dans ma réflexion !

[Dubreuil]

Le transfert : Il serait intéressant de vous demander à qui vous fait penser cet homme, et les sentiments que vous semblez ressentir pour lui.
Et peut-être à une situation dans votre passé qui vous ait interdit d'aller jusqu'au bout d'un besoin, d'un désir.
Ou encore quel écho dans votre passé, vous " interdit " de dire à quelqu'un ce que vous ressentez pour lui.

Si cet homme était VOTRE THERAPEUTE, QUE VOUS L'AIMIEZ ET SOYEZ CERTAINE QU'IL RESSENTE LA MEME CHOSE A VOTRE EGARD, voilà où serait le transfert.
Mais ce n'est pas votre thérapeute. Et c'est vous seule qui vous retranchez derrière le fait qu'il est le psy de votre enfant.
Un médecin de famille, par ex, qui parle de tout et de rien avec la mère d'un de ses patients n'aurait-il pas le droit d'en tomber amoureux ?

C'est au thérapeute de faire le " contre-transfert " s'il y a lieu. C'est à lui de répondre à SA patiente sur les sentiments qu'elle lui vouent. D'y rebondir pour faire avancer la thérapie analytique.

Vous dites être très préoccupée du "qu'en dira- t- on?". Avec beaucoup de tabou également autour du sexe, du plaisir pur. Et sans doute aussi , de la crainte que l'on puisse me reprocher d'avoir fait passer mon bien être ( plaisir, bonheur....) avant celui de mon fils...
C'est là que ce trouve vos limitations et vos propres croyances. Pour vous approprier votre propre éthique et confiance en vous, c'est là que vous pourriez consulter un psy.
Mais un autre, bien sûr !

[Soline]

Bonsoir Madame Dubreuil,
Je vous remercie de votre réponse. Vos remarques me font beaucoup réfléchir et m'amènent à reconsidérer ma situation.

Cependant,je ne peux pas donner de réponse à toutes vos questions, notamment les deux premières :

- "à qui me fait penser cet homme" : sincèrement, je ne sais,ne vois pas...il est tellement différent de tous les hommes que j'ai côtoyés, dans ma famille ou dans ma vie...il semble juste être celui que j'ai toujours attendu, avec qui je voudrais aller au bout du chemin. J'aime le regard qu'il pose sur le monde, sur les gens, sa personnalité.... Et ce n'est pas juste parce qu'il est psy.....car j'en ai rencontré beaucoup, pour mon fils et pour moi.

-"quel écho de votre passé vous interdit de dire à quelqu'un ce que vous ressentez pour lui": là encore, c'est flou. Je ferai de nouveau référence à mon éducation, fort obsolète de nos jours : une femme n'aborde pas un homme... Elle pourrait passer pour une allumeuse ou pire...

Je comprends ce que vous dites à propos du médecin qui tomberait amoureux de la mère d l'un de ses patients ( mais je n'ai jamais dit que le psy de mon fils était " amoureux" de moi. J'ai juste dit que nous étions complices dans la situation que nous partageons pour aider/guider mon fils, que nous échangions des mails et SMS)...cela me semble différent dans mon cas: un médecin intervient sur des problèmes de santé ponctuels alors que le psy...agit sur l'intime!!
Je ne sais pas si cela est réellement comparable...mais votre point de vue me laisse espérer...

Il est vrai que je me suis comme vous le dite retranchée derrière le fait qu'une histoire avec cet homme me semblait impossible car il s'agit du psy de mon fils. Notez que j'emploie l'imparfait car vous avez fait évoluer mon approche de cette situation...et de cela, je vous remercie sincèrement.

Votre suggestion de consulter un psy pour m'aider à comprendre mes blocages m'amène à vous avouer que je suis une thérapie mais que je n'ai pas encore osé parler de cela ....Par honte, peur d'être jugée, de m'entendre dire que cette relation n'est pas du tout envisageable....vos remarques vont je pense m'aider à évoquer tout cela lors de ma prochaine séance !

Enfin, puisque vous êtes une professionnelle, je me permets de vous poser une question claire : dans l'hypothèse où cette relation débutait, pensez vous que cette homme pourrait toujours être le psy de mon fils ?
En vous remerciant,
Soline

[Dubreuil]

[quote="Dubreuil"]Enfin, puisque vous êtes une professionnelle, je me permets de vous poser une question claire : dans l'hypothèse où cette relation débutait, pensez vous que cette homme pourrait toujours être le psy de mon fils ?

En qualité de pofessionnelle je ne peux vous renvoyer qu'à vos propres questionnements.
Vous parlez de suppositions, d'une histoire qui n'est pas encore advenue, vous extrapolez sur une hypothétique relation déjà intellectualisée avant que d'être vécue à deux émotionnellement.
Commencez par le commencement. Si cela doit se faire cela se fera, vous ne serez pas seule dans cette histoire. Et vous apprendrez tout autant à faire confiance à l'autre qu'à vous-même.
Le véritable amour ne détruit pas, il rend chacun vivant et libre.

[Soline]

Je vous remercie beaucoup Madame pour les réponses que vous m'avez apportées, vos remarques me font réfléchir et m'aident à avancer, à considérer mes pensées et attitudes autrement.
Cordialement,
Soline

[Soline]

Madame Dubreuil,
Je vous laisse un message ici car c'est là que je vous ai "rencontrée" pour vous remercier de vos paroles. Celles que vous m'avez écrites, mais également celles que vous avez écrites à d'autres...j'ai passé beaucoup de temps à vous lire, à lire vos réponses....j'ai même pris des notes !!!
Vous m'aidez beaucoup à faire avancer mes pensées, à faire mûrir mes idées dans mon quotidien.
Je vous en remercie, sincèrement.
Cordialement,
Soline