J'en peux plus...

[Leucémine]

Bonjour,
J'en ai assez. Ca fait des années que je lutte contre une leucémie. Je passe ma vie chez les médecins, à l'hôpital...Je n'ai plus de vie à côté. Je n'en peux plus. Je me dis de plus en plus que je voudrais qu'on m'achève. Voilà, c'est dit...
Les médecins n'ont pas clairement dit que je vais mourir dans quelques mois, mais d'après eux, c'est probable...
Mes parents m'encourage à lutter encore, et je n'ose pas leur dire que je commence à être à bout.
Ils ont tellement de peine.
Il fallait que je me lâche, et que je demande l'avis de quelqu'un...J'aurais besoin d'un peu d'aide s'il vous plait, de réconfort, s'il vous plait. Du moins, j'ai besoin d'en discuter avec quelqu'un...
Il me reste encore un peu d'espoir, si je lutte encore et encore, mais je me demande si je n'ai pas envie de mourir...
Ca fait cinq ans que je lutte contre maladie, et je ne n'ai pas pratiquement plus aucune vie, sociale...C'est très dur...

[Luciole]

C'est très dur de vivre avec une maladie sans savoir si nos efforts vont porter ses fruits ou s'ils sont vains, ou si on doit continuer encore un peu pour que ça marche... Alors si en plus ça fait des années... Vous avez toute ma compassion...
Pouvez-vous dire à vos parents que vous avez besoin de souffler ? Que pendant un peu de temps, vous avez envie d'aller dehors, de vous amuser, de regarder un film/une série/lire/vous promener, faire des activités pour vous reconnecter avec votre vous et votre humanité ?
Si jamais vous souhaitiez discuter de tout et de rien, je suis là, si ça peut aider.
Vous avez des passions, des hobbies, des choses que vous aimez beaucoup ?

[Leucémine]

J'ai toujours aimé lire et écrire.
J'ai commencé à avoir une leucémie à dix ans. Pour me réconforter le soir, je lisais principalement les romans de la comtesse de Ségur," Le club des cinq", et des bandes dessinées...Après, j'ai lu des romans de Victor Hugo, de Zola. Je me faisais des réflexions sur la société...
Aujourd'hui, j'ai beaucoup moins le temps de lire et écrire, même si je peux de temps en temps le soir... Ca me permet d'oublier un peu tout ça...

Ce que je ressens est très difficile à expliquer.
Avant, je voyais quelques amis, mais à chaque fois, j'ai du rentrer, parce que j'avais le vertige, des essoufflements, ou des saignements donc on a arrêté tout de suite de me faire sortir...
Il y a eu une période où j'allais mieux, puis une rechute.
Je faisais tout ce que les médecins me disaient pour guérir, et en réfléchissant, je me demande si les médecins sont bien honnêtes envers moi...
Je suis pas stupide: je vois bien que mon corps répond de moins en moins bien aux traitements qu'on me donne... A chaque fois, on me dis qu'il y a peut-être un espoir pour que je survive, mais vu la tête qu'ils font, je me demande s'ils n'osent pas me dire clairement que je vais mourir...
Mon corps ne répond plus vraiment aux traitements, et je sais bien que ce n'est pas normal...
D'ailleurs, j'ai lu dans un livre qu'une fois que le corps qu'une fois que le corps ne réagi plus aux traitements, la leucémie est incurable et il n'y a plus aucune chance de survie...
Cela dit, c'était un vieux livre. Peut-être que ça a changé. Je n'ai l'impression qu'on me dise clairement les choses...
On me dit encore de me battre pour vivre, mais je ne sais pas si cela va servir à quelque chose...
Et avec tout ce que j'ai subi, je me demande si je n'ai pas presque hâte de mourir.

[Luciole]

Je ne sais pas. Je sais que la médecine avance rapidement et que tout peut changer en quelques années. Peut-être pourrais-tu demander clairement aux médecins ce qu'il se passe, qu'ils soient sincères avec toi ?
Je te conseille Pierre Boterro, si tu ne connais pas ces livres. C'était un homme formidable, son style est digne d'un poète et ça fait juste du bien de lire ses trilogies. Sinon, en plus classique, j'adore Oscar Wilde (surtout ses pièces et contes) ou Alfred de Musset (mais c'est moins joyeux). Tu pourrais tenir un journal, pour écrire ce que tu ressens, ce que tu penses, organiser tes pensées, tes envies...

[Leucémine]

J'ai déjà demandé à ce qu'on me dise la vérité. Mais j'ai l'impression qu'on n'ose pas.
Je retourne à l'hôpital ( pour changer!) demain. Je vais exiger qu'on soit franc envers moi!!! Ca ne sert à rien de me cacher
la vérité, à part à me donner encore moins envie de me battre!!! J'ai la très nette impression qu'on me cache la vérité, et c'est très pénible!!!! Peut-être que j'ai cette impression, parce que je suis fatiguée... Je ne sais pas trop...
Je suis tellement fatiguée de ce que j'ai du endurer pendant des années, que je ne pleure même pas en pensant que je vais peut-être mourir très jeune ( quinze ans). Je suis blasée de la vie
Je crois qu'on me cache la vérité, parce que mon corps commence à s'affaiblir, et on ne peut pas dire que ce soit un bon présage..
Si je vais bien mourir, je préfère le savoir pour profiter un peu du temps qui me reste...
Je ne pense pas qu'à moi. Je voudrais avoir le temps de penser à mes parents, de savoir qu'ils vivront si je meure...
Mes parents ont pris plus de dix ans dans la figure à cause de maladie, et je ne suis pas sûre qu'ils s'en remettront si je meure.
Je les aime. Je n'ose pas leur dire que je suis terriblement fatiguée de la vie. Ils ont déjà suffisamment de peine...
J'espère tout de même qu'ils retrouveront un jour le bonheur...

[Luciole]

Et si tu leur écrivais, écrivais ce que tu souhaitez leur dire, ce que tu espères qu'ils feront au cas où tu ne seras plus là, qu'ils arriveront à redevenir heureux, que tu les aimes quoi qu'il se passe ?
Etant donné la difficulté de vivre avec cette maladie, je comprends que tu sois épuisée et que tu n'aies plus de joie de vivre. Est-ce que tu as de quoi t'occuper à l'hôpital ? Tu pourrais lire, dessiner, te promener, regarder un film pour te distraire de tout ça, t'aérer l'esprit ?

[Leucémine]

Souvent, j'amène des livres à l'hôpital...
J'ai écris une lettre pour mes parents, au où on m'annonce que je ne survivrais pas. Merci du conseil... Je vous tiendrai au courant de ce que les médecins vont dire...

[Luciole]

Vois si tu peux amener/avoir autre chose, pour mieux te changer les idées (de la distraction et du positif peuvent alléger la peine).
C'est toujours une bonne idée d'écrire ce qu'on ressent, surtout pour soi-même.
Je te souhaite bien du courage. On est avec toi !
Si jamais c'est certain qu'il ne te reste plus longtemps à vivre, qu'aimerais-tu faire, qu'est-ce qui te ferais sourire ? Tu pourrais proposer à tes parents de t'aider à faire ça, en leur disant que ça te rendrait heureuse un instant, ils ne devraient pas refuser.

[Leucémine]

Bon, je sors de l'hôpital. Et je n'ai pas une bonne nouvelle. Cette fois, c'est sûr: je vais mourir.
Les médecins nous l'ont confirmé. D'après eux, il n'y a plus rien à faire.On ne sais pas quand je vais mourir. Les médecins pensent que je ne passerais pas l'année.
Je n'ai pas pleuré quand ils me l'ont dit. Je n'ai pas du tout envie de pleurer... J'étais prête à l'entendre. Et comme je suis blasée d de la vie, je ne ressens pas vraiment de tristesse pour moi...
Mes parents et mon père sont effondrés.
Avant de mourir, je voudrais être sûre qu'ils s'en remettront un jour. Je voudrais également revoir toute ma famille. Il y a des membres de ma famille que j'ai pas revus depuis longtemps. Mon père m'a promis qu'on irait les voir bientôt.
Au moins, j'aurais eu le temps de me confier. Merci beaucoup....
Ma mère en ce moment est complètement coupée du monde. Elle a hurlé quand elle a su que j'allais mourir, et puis elle n'a plus rien dit. J'espère qu'elle s'en sortira. Je lui dirai d'aller sur ce site, si elle a besoin de se confier, et d'aller voir un psy.
Mon frère et mon père n'arrêtent pas de pleurer.
J'ai peur de les laisser, dans un triste Etat. J'espère que la vie me permettra d'avoir le temps de m'assurer qu'ils continueront à vivre à près, mais je n'en suis pas sûre...

[Luciole]

Je suis désolée, ça doit quand même être difficile...
J'espère que tu auras tout de même le temps de passer de bon moments et faire ce que tu souhaites.
Dis-leur ce que tu ressens, ce que tu aimerais pour eux, écris-leur peut-être, ça pourrait les aider, même pour plus tard.
Bon courage, j'espère que tu seras heureuse dans ces derniers instants.