Peur de reprendre le travail

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lucyl
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Peur de reprendre le travail

Message par lucyl »

Bonjour,

je suis une jeune femme de 25 ans qui débute dans la vie active et qui manque aujourd’hui terriblement de confiance en elle. J’ai été diplômée il y a un peu plus d’un an, mon métier est technicienne de laboratoire.
Je n’ai qu’une réelle première expérience professionnelle de 6 mois en laboratoire qui a été un échec complet. Mon embauche avait été comme une bouffée d’oxygène pour mes collègues, charge de travail importante et manque de personnelle en étant les causes. Ils m’ont formé pendant 2 mois, ils avaient entièrement confiance en moi, se réjouissant qu’ils allaient enfin pouvoir prendre leurs congés d’été la tête sereine, car je serai là pour faire avancer le travail en cours. Étant perfectionniste de nature, je me suis mise encore plus la pression, me sentant redevable envers leur confiance et parce que j’avais été formé. Cependant, plus les mois passaient et plus je me sentais fatiguée et lassée par mon emploi. Arrivés les congés d’été, quelques collègues en moins, je ne supportais plus rien, je ne voulais plus y mettre les pieds, tel un enfant faisant des caprices pour ne pas aller à l’école. J’en ai discuté avec quelques collègues, leur expliquant que je n’avais finalement pas les capacités attendues, que j’avais absolument besoin de repos. Ils se sont montrer compréhensif, j’ai demandé à avoir deux jours de repos, je les ai eus. On m’a expliqué que je devais attendre le retour des collègues pour prendre plus de congés. Pendant ce temps d’attente, on m’a proposé un CDI. Je l’ai refusé. Je n’arrivais plus à me projeter dans le futur. Puis les collègues m’en ont beaucoup voulu car formé un employé prend du temps. Ils ont commencé à ignoré mon mal être et faire comme si de rien était...il ne restait plus qu’une semaine pour mes vacances mais je n’ai pas réussi à tenir le cap, j’ai finit par faire une dépression et prendre un arrêt de travail.

Aujourd’hui j’ai honte car je n’ai pas un métier à haute responsabilité, je ne sauve pas des vies tels un médecin urgentiste, je n’ai pas 35 ans d’expérience, loin de là. Je n’ai pas de problème particulier dans ma vie personnelle. Une carrière s’offrait à moi mais je l’ai refusé. Peut-être suis-je tout simplement incapable de travailler ? Je suis actuellement au chômage, j’ai très peur de reprendre un travail. Je suis consciente qu’il est actuellement difficile de trouver un emploi, surtout dans mon domaine (biologie) mais j’ai peur de me lasser de mon emploi, peur de décevoir les personnes. Et si ça recommençait ? Je me suis déjà posée la question de la réorientation professionnelle mais j’aime mon métier, ce n’est pas une passion mais ça me plaît.
Déméter
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Inscription : 10 févr. 2019, 17:53

Re: Peur de reprendre le travail

Message par Déméter »

Bonjour lucyl,
Je vais être cash et sans détour : oublie vite ce que le mec précédent t'as dit !
Il y a un problème avec ce gars là, j'ai rarement vu un psycho-imposteur aussi imbu de lui-même et agressif.
Il a posé quelques problèmes sur d'autres fils de discussion, aucun doute là-dessus.

Je ne suis pas psychologue, mais d'après ce que tu décris je te conseillerais d'en consulter, voir si ça t'aide à faire le point sur des choses décisives et qui pourraient se répéter. Tu as la chance de pouvoir prendre ça en compte avant d'avoir connu de multiples désastres... En veillant que la personne n'intervienne pas d'une façon déplacée tels que les propos que tu as reçus ici même. Vu à quel point tu sembles vulnérable je te déconseille perso de voir quelqu'un du sexe qui t'attire, ce n'est que mon avis d'usager mais ça me semble plus risqué que tu manques de jugement et c'est nécessaire d'en avoir suffisamment.

De mon point de vue, tu ne devrais pas t'en faire concernant le fait "qu'ils t'aient fait confiance"... C'est fait, c'est derrière toi, il te faut envisager la suite. Si tu dois y penser encore, ou en parler à quelqu'un, c'est pour essayer de comprendre ce qui t'as amenée à faire ce choix, que ça soit une erreur en apparence (mais pas forcément / des fois c'est notre instinct qui nous fait réagir très vite et inconsciemment) OU que ça soit à cause d'un manque trop important de confiance en soi alors que l'occasion était vraiment excellente. De toute façon, il est inutile de repasser le passé en boucle dans sa tête si ça n'est pas constructif. Même si c'est plus facile à dire qu'à faire, il faut vraiment l'envisager.

D'une part, une bonne opportunité peut se représenter, il vaut mieux "travailler" sur le fait d'être en mesure d'y faire face quand ça se représentera. D'autre part, les gens ne t'ont pas fait confiance par hasard, c'est que tu présentes des compétences professionnelles certaines. Peut-être te sous-estimes tu ? À mon avis tu fabriques une partie de ce "manque de confiance en toi", désormais, pour un tas de raisons certainement complexes à démêler. Ton message me fait penser à un stéréotype du syndrome de l'imposteur. Du style : jeune diplômée, qualifiée, appréciée, mais qui se croit nulle de bout en bout... Parfois, l'intelligence nous fait parvenir à douter trop. Donc c'est pénible, douter en permanence... Mais si c'est un signe de grande intelligence, la question qui reste suspendue : comment utiliser cette capacité intellectuelle "autrement" que contre soi-même, donc vraiment plus à "son avantage", sans non plus devenir psychopathe-égoïste ? Tu leur aurais même davantage rendu service, à penser à toi-même, quel terrible paradoxe. :?: :idea: :D

Techniquement, en imaginant que j'aurais été un de tes collègues (à prendre avec des pincettes car quand on en parle hors-contexte des éléments peuvent échapper clairement)... Voilà ce qui m'interpelles direct en lisant ton explication :
- les gens comptaient sur toi, et au lieu que ça t'ait permis de t'affirmer, de te dire "OK je suis la reine des neiges, ils ont trop besoin de moi, donc c'est moi la patronne de MON rythme" / tu avais clairement une position hyper avantageuse, car habituellement dans les laboratoire les gens se plaignent du rythme et ont beaucoup de difficultés à se faire respecter face à leurs besoins primaires / LÀ ILS EXPRIMAIENT PRESQU'OUVERTEMENT NE PAS VRAIMENT POUVOIR SE PASSER DE TOI —> une aubaine ^^/ bah non tu as eu l'impression que si tu ne suivais pas, en cas d'échec de ta part (anticipé) tu endosserais la faute induite par leurs propres attentes importantes. Ainsi tu as concrétisé leurs craintes, plutôt qu'y répondre favorablement, malgré eux.
- ça pose question sur le fait qu'ils communiquaient leurs craintes, leurs attentes, et puis de savoir comment tu percevais ça, comment tu le gérais.
- ça pose ÉNORMÉMENT question sur "comment" tu t'appropriais la situation, qui en réalité (sur le papier) était très clairement à ton avantage à la base sur le plan "ressource humaine"...

Si j'avais été ton pote lors de cette période, je t'aurais encouragée à n'en avoir rien à battre de leurs attentes de vacances de merde. Ils se sont mis dans des difficultés sociales tous seuls après tout, avant que tu ne débarques. Ça n'est pas de ta responsabilité si les gens gèrent à la louche puis se retrouvent en difficulté de personnel - hé les agences d'Intérim ça existe - faudrait pas qu'on te prenne pour une poire dès le début quand même... Je t'aurais surtout encouragée à prendre l'ascendant car la situation est vraiment profitable, à la fois pour renvoyer chier quiconque qui te prend la tête de façon déplacée, l'occasion de travailler ton karma offensif si besoin. Tu pouvais gérer sans difficulté le rythme, sinon ils ne t'auraient pas gardée 2 mois mais ils t'auraient amenée à dégager au bout d'une semaine. Dans ce genre de job, quelqu'un qui est complètement à la masse reçoit beaucoup de remarques négatives extrêmement vite donc c'est clair que ça n'était pas ton cas.

Ce qui ressort de ton message et qui m'interpelle : c'est le manque de crédit que tu accordes à ton potentiel, ou un truc dans le genre. D'où mon intuition que cette histoire de syndrome de l'imposteur te poursuit peut-être.

La seule chose, qui n'est pas du ressort d'un thérapeute, que je peux te dire de façon très affirmée (amicalement) : je trouve bizarre que tu sois aussi "en difficulté" alors que paradoxalement les gens ont semblé particulièrement enthousiastes par rapport à ton arrivée, ils voulaient te maintenir, c'est pas tout à fait banal. La dernière fois que j'ai fait ça dans ma vie, personnellement, c'était un boulot qui payait plutôt bien mais que je détestais... De ton côté tu dois avoir la vision la plus claire possible, quitte à demander de l'aide pour mieux comprendre, à propos de savoir si c'était particulièrement à cause de craintes de ne pas suivre (et à mon avis de t'affirmer dans l'équipe) et donc de générer de la confiance en toi ou si c'est plutôt parce que ton manque d'enthousiasme était particulièrement larvé et que tu as du mal à admettre que tu détestais ce travail mais que tu en avais besoin juste pour l'argent. Je pense que tant que tu ne parviendras pas à répondre à cette question tu vas stagner. Peut-être tu as eu du mal à faire un compromis très rapidement aussi, à mi-chemin entre ces deux points, pour gérer une situation transitoire. Seule toi peut le dire.

Et ça me donne l'impression (chose que j'ai vécu / ce genre de 'décalage' de représentation de soi) qu'il y a un problème avec ton entourage. Du style : soit tu as des 'mises au point' à faire, pour t'affirmer mieux, et être soutenue, soit même carrément sans te mentir il y a parfois besoin de faire le ménage scrupuleusement. Des fois c'est un•e ami•e qui descend continuellement le moral, parfois c'est un cercle plus ou moins important de gens que l'on fréquente (connaissances) mais qui n'apporte rien de positif concrètement et dans lequel on se sent perpétuellement 'à côté de la plaque' ; parfois c'est quelqu'un dans la famille avec qui ont a manqué d'avoir une explication importante, ce qui amène à une difficulté à se faire respecter et donc à se respecter soi-même. Je peux me tromper mais je trouve que tu devrais y réfléchir également. Rien que le fait que tu en parles ici... À la base quand on a mon vécu, qu'on a perdu/exclu pratiquement tout son entourage passé pour diverses raisons, c'est normal de se tourner vers un site d'entre-aide. Du coup, peut-être je déforme sans savoir, je trouve assez curieux que tu n'aies pas le soutien "normal" autour de toi. Je pense que c'est également un but de suivre une psychothérapie (de "confort") quand c'est vraiment important, indirectement : améliorer notre capacité à établir des relations positives.

La confiance en soi : ça se construit progressivement.
Le manque de confiance en soi : ça s'installe progressivement et insidieusement.
Ce n'est que mon point de vue, mais j'ai l'impression que t'as un truc à faire à ce niveau là histoire de traiter le mal à la racine.
lucyl
Messages : 2
Inscription : 26 févr. 2019, 13:50

Re: Peur de reprendre le travail

Message par lucyl »

Bonjour Déméter,

Oui je n’ai pas pris en compte le commentaire précédent (qui par ailleurs a été supprimé :roll: ). Je ne pense pas que l’intention de la personne était mauvaise, c’est juste que la solution que je qualifierai de « trash/bourrain» ne fonctionne pas avec moi, je n’arrive pas à passer à autre chose sans comprendre ce qu’il m’arrive.

J’ai beaucoup apprécié ta réponse. J’aime la façon dont tu as décrypté mon problème, essayé de comprendre la situation avec les éléments que j’ai donné, poser des hypothèses, donner des solutions (au point de penser comme un collègue et un pote, ça m’a profondément touché), le tout sans jugements et même avec des touches d’humour :D ça m’a fait un bien fou et je dirai même que tu m’as aidé à trouver les points que je dois travailler!

Tu as cité le syndrome de l’imposteur dont je n’avais jamais entendu parler. En lisant quelques articles sur le sujet, j’ai eu l’impression qu'on parlait de moi. Très rares sont les moments où je me félicite de réussir quelque chose, même des choses lambda (le gâteau que j’ai fais est bon ? C’est parce que la recette est très bien décrite). D’ailleurs pour l’emploi que j’avais, je me répétais souvent que j’ai eu ce poste car ils leur fallaient un nouvel employé en urgence et que j’ai postulé au bon moment. J’avais ce sentiment d’avoir pris la place de quelqu’un, de ne pas mériter ce poste. Mes collègues me disent que je travail bien et qu’ils sont très satisfaits ? C’est parce que j’ai eu la chance d’être formé, que je travail beaucoup et non parce que j’ai des compétences et des atouts personnels.

D’après ce que j’ai pu lire en rapport avec ce syndrome, il ne s’agit pas d’une maladie mais d’« un mécanisme psychologique » qui touche bon nombre de personne, le plus souvent de manière occasionnelle. J’ai donc passé différents tests accessibles sur le net pour savoir à quel niveau j’en souffre. Je ne connaît pas la véracité de ces tests mais j’obtiens toujours le même type de résultat, le plus extrême : « le syndrome interfère fréquemment avec votre vie : il est fort possible que vous en souffriez mentalement et physiquement »...pour ma part, on peut enlever le « il est fort possible » car il est toujours présent :oops:

Il n’y a pas de solution miracle, il faut faire un travail sur soi-même. J’aime mon métier, je veux recommencer à travailler mais je ne veux pas retomber dans le négatif et constamment me sous-estimer. J’ai donc pris la décision de suivre les conseils donnés (la plupart consistant à se poser des questions sur ce que je sais faire, qu’est-ce qui me rend unique, faire la liste de mes réussites, de mes talents…). Je ne veux plus être quelqu'un de "fragile", qui pense aux autres avant de penser à soi-même et je veux apprendre à dire "merde" quand ça ne va pas. Et si avec tout ça je ne m’en sort toujours pas, je consulterai un spécialiste pour avoir d’autres méthodes.

Pour revenir sur le dernier point que tu abordes, effectivement j’avais un problème d’entourage. Étant hypersensible de nature, très à l’écoute et voulant absolument aider les gens (alors que j’ai moi-même besoin d’aide), je n’ai eu que des ami(e)s « à problèmes ». C’est à dire que je passais beaucoup trop de temps à essayer de leur donner des conseils, essayer tant bien que mal à résoudre leurs soucis, plutôt que de passer des bons moments (ciné, soirée, etc). J’ai pris de la distance et j’en ressens déjà les bienfaits. J’ai du soutiens de la part de ma famille, mais là encore je me dit « c’est normal, c’est ta famille, s’ils avaient le choix de te remplacer ils le feraient » :lol:

En tout cas je suis contente d’être tombé sur ce forum, d’avoir eu le courage d’écrire mon problème et surtout d’avoir eu une réponse comme la tienne ! Merci encore ;)
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