Pas de sexualité dans le couple

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Balyo
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Pas de sexualité dans le couple

Message par Balyo »

Bjr,

Je ne sait pas si vous pourrez m’aider mais ce que je sait c’est que ça va me faire du bien d’en parler.

Je suis en couple depuis 17ans, marié depuis 9 ans.
Ma femme et moi avons 36 ans.

Je souffre énormément d’un manque de relations sexuelles avec ma femme depuis de nombreuses années.

Il y a quelques années je l’ai même trompée (je ne l’assume pas.... j’en ai même honte car j’ai le sentiment d’echec dans mon couple).
Le fait de la tromper a relancé son envie sexuelle pour 1 mois et après le calme plat.

Nous faisons l’amour 1 fois tout les mois ou tout les 2 mois...

J’essaye d’apporter des nouvelles choses dans notre couple, de discuter. Elle en pleure, admet qu’il faut qu’on fasse quelque chose mais n’agit pas.

J’ai toujours autant envie d’elle qu’au début mais j’ai le sentiment que de son côté rien n’y fait. Je me demande même si elle m’aime encore...

Lorsque nous sommes seuls je tente des approches je tente des câlins c’est jamais le moment.
Lorsque nous sommes au lit je vais vers elle et tente des caresses et je me fais refouler. J’essai de La prendre dans mes bras et pareil. « J’arrive pas dormir comme ça! J’ai trop chaud! Je me lève demain.... »

J’aime la voir nue, pour apercevoir son corps je trouve des excuses pour entrer dans la salle de bain.

J’ai tenté des nouvelles expériences. Dans la voiture, en extérieur, soirée sextoy pour apporter du neuf, des accessoires. Ils sont toujours dans l’emballage...

J’ai énormément de fantasmes. Tous avec elle. Je n’ai pas de limite dans le sexe. Je suis prêt à tout essayer et je suis très ouvert.

Je me masturbe énormément mais je reste frustré et n’arrive pas a comprendre l’echec De notre vie sexuelle.

Par exemple, Je me suis déjà masturbé devant elle et j’aime ça . Je lui ai déjà dit et ne lui demande rien. Je veux juste qu’elle me regarde et qu’elle me donne le sentiment de partager ce plaisir. Mais ça ne donne rien.
Maintenant quand je vais me doucher et qu’elle est dans la salle de bain elle s’haBille...

Je lui ai déjà proposé de coucher avec quelqu’un d’autre pour essayer de réveiller son désir mais rien...

J’ai essayé de parler avec elle de mes fantasmes et j’ai tenté de lui faire parler des siens mais elle me dit ne Pas en avoir. Je lui ai dit que le fais d’avoir des fantasmes est preuve d’une sexualité épanouie. Et blocage.

Avez vous des conseils à me donner? Que faire pour relancer notre vie sexuelle et sauver notre couple????
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Pas de sexualité dans le couple

Message par Dubreuil »

Avez vous des conseils à me donner? Que faire pour relancer notre vie sexuelle et sauver notre couple????

Si elle veut " sauver " votre couple c'est à elle de faire le nécessaire.
On ne force pas une femme qui n'a plus de désir...

Quand on vit ainsi comme " frère et soeur ", comme " bons copains " ou " père et fille ", pourquoi s'acharner ?
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
julie-lille
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Inscription : 22 juil. 2018, 23:22

Re: Pas de sexualité dans le couple

Message par julie-lille »

Votre post est un peu ancien mais je le lis à l'instant.
J'ai l'impression de me retrouver dans vos mots. Pour ma part, c'est mon mari qui n'a pas envie...enfin...il parait qu'il est fatigué. Il n'assume pas du tout en fait !
Aujourd'hui, ça fait télément longtemps que nous n'avons pas eu de relation que je commence à faire moi aussi un blocage quand il me touche ou veut m'embrasser (rien de sexuel bien-sûr). Je vous souhaite plein de courage ! C'est difficile de se sentir rejeté...
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Pas de sexualité dans le couple

Message par Dubreuil »

ELLE NE ME DESIRE PLUS

Tout part du constat que dans les couples établis, le désir sexuel des femmes pour leur partenaire s’éteint en moyenne plus rapidement que le désir des hommes pour leur partenaire. Il n’est pas aisé de mesurer objectivement le désir sexuel parce qu'il se produit progressivement dans le secret de l’intimité des couples.
Mais il y a un nombre croissant d’études qui pointent dans le même sens, il y a beaucoup de couples dont la vie sexuelle est moribonde ou morte, et c’est rarement l'homme qui n’a plus envie que sa compagne le touche (même si ça arrive).

C’est généralement décrit — et ressenti — par les femmes comme une perte généralisée de libido, mais c’est en réalité souvent une perte de désir spécifiquement pour le partenaire.
Le désir revient en force en cas de relation extra-conjugale ou après la séparation, avec une impression de revivre et d’avoir trouvé enfin (c’est sûr, cette fois-ci c’est la bonne) un-e partenaire idéal-e.

La perte de nouveauté
Les humains sont accro à la nouveauté et l’essentiel de nos désirs et de nos enthousiasmes s’érodent avec le temps et la répétition. Mais si ça venait de là, la perte de désir devrait être statistiquement aussi rapide chez les hommes que chez les femmes. Il y aurait alors autant de femmes que d’hommes qui vivraient avec quelqu’un qui ne supporte plus d’être touché-e.
Voire, le phénomène devrait être plus rapide chez les hommes que chez les femmes, puisque selon le stéréotype en vigueur, ça devrait être le mâle, chasseur intrépide et curieux, qui devrait ressentir davantage un besoin de découverte et de nouveauté, et donc se lasser plus tôt, plutôt que sa femelle qui l’attend sagement dans la bienveillance rassurante d’une domesticité routinière.
Par ailleurs, la répétition d’un certain plaisir en diminue certes l’appétence mais le phénomène est réversible ; et quand ledit plaisir se fait plus rare, on le prise à nouveau davantage. Or dans le contexte de la baisse de désir sexuel, cette réversibilité est de moins en moins vraie à mesure que s’endort la libido. Dans un mariage déjà sans sexe, il n’y a pas de retrouvailles torrides après une longue absence.

Ensuite il y a celle qui dit que Monsieur ne s’y prend pas bien, et que si Madame était plus souvent satisfaite, elle aurait plus souvent envie.
Ceci pourrait effectivement expliquer l’asymétrie hommes/femmes, puisqu’il est bien connu que les hommes arrivent à prendre leur pied la plupart du temps, même quand leur compagne n’y met pas du sien ou quand elle débute totalement. L’inverse n’est malheureusement pas vrai.
Une fois le processus enclenché, l’insatisfaction de la partenaire participe à un effet de cercle vicieux. Le plaisir est inextricablement lié à l’excitation : si le désir vient à baisser, l’excitation s’essouffle et le plaisir devient laborieux. Et pour empirer les choses, l’enthousiasme défaillant de l’une n’encourage pas l’assiduité de l’autre.

Ce n’est pas parce qu’il y a le mot ‘désir’ que ça fonctionne pareil.
C’est vrai que la plupart de nos désirs/de nos envies sont conditionnés par les circuits de récompense dans notre cerveau (dopamine). Ainsi, quand on mange tout le temps le même chocolat, on s’en lasse un peu ; et si un chocolat qui faisait envie s’avère fade, on en reprend de moins en moins. Mais le désir sexuel est assez différent des autres types de désir en ce qu’il précède sa récompense : on a parfois très très envie de quelqu’un sans savoir si le sexe sera bon ; et quand on était ado, on avait très envie de sexe avant même d’y avoir goûté. A l’inverse, personne n’a très envie de vin, de kitesurf ou de Chopin sans y avoir goûté.

Le stress de nos vies trépidantes ?
Même quand ils ont une vie qui ne leur laisse pas beaucoup de répit, les amants arrivent à y rentrer au chausse-pied leurs retrouvailles sporadiques sans nécessairement prendre une semaine de RTT à chaque fois — et leur aventure, bien que stressante en soi et chronophage dans un calendrier de ministres, loin de finir de les rendre apathiques, leur donne l’impression de revivre.

L’âge ?
Non. En redémarrant une nouvelle relation, même tard, le désir est bien là. Certes on est de moins en moins impétueux à mesure que l’on n’a plus vingt ans, mais on n’est pas encore asexué-e : après 6 mois ensemble, les couples qui se sont formés à cinquante ans ont certainement une sexualité beaucoup plus enthousiaste que les couples du même âge qui se sont rencontrés au lycée.

*** la psychologie de l’évolution justifie la monogamie de la façon suivante : le petit d’homme est fragile et ses chances de survie sont bien meilleures si la mère n’est pas seule à s’en occuper. Les mères qui s’assuraient de la fidélité du père ont mieux transmis leurs gènes que celles qui s’en désintéressaient, puisque leurs enfants ont mieux survécu.
Mais ce n’est pas la famille nucléaire et le pater familias qui pourvoit aux besoins de l’enfant, c’est le clan. Et donc toutes les explications qui invoquent un avantage sélectif du couple stable pour expliquer nos structures familiales monogames actuelles sont des explications ethnocentriques.

Consanguinité et effet Westermarck
Une bonne partie du monde animal (y compris chez les mammifères) a recours aux phéromones pour reconnaître la parenté.
Le phénomène mis en avant par de nombreux primatologues est que la reconnaissance de parenté serait davantage sociale qu’olfactive : le parent est celui auprès duquel on passe beaucoup de temps, et en particulier dans l’intimité physique (nourrissage, jeux, papouilles, épouillage, co-dodo). Pour éviter l’inceste, il suffit de faire en sorte que la proximité physique et l’attachement familial éprouvés dans l’enfance désensibilisent contre l’attirance sexuelle à l’âge adulte.
Ce mécanisme s’appelle l’effet Westermarck et il est assez bien documenté : y compris quand ils ne sont pas apparentés, l’attirance sexuelle à l’âge adulte entre des enfants qui ont grandi ensemble est nettement atténuée (en comparaison avec l’attirance qu’ils ressentent pour des partenaires potentiels extra-familiaux).
A l’inverse, des frères et sœurs biologiques mais qui n’ont pas grandi ensemble éprouvent souvent une attirance très forte quand ils se retrouvent à l’âge adulte (ce qui ne serait pas le cas si la reconnaissance de parenté avait principalement une base génétique, par exemple olfactive).

Persistance de l’effet Westermarck à l’âge adulte
la perte du désir dans le couple serait une simple conséquence de la persistance de l’effet Westermarck à l’âge adulte : en vivant longtemps l’un avec l’autre, on se désensibilise, comme si on était frère et sœur.

Cette persistance est davantage fréquente chez les femmes que chez les hommes, puisque les femmes en tirent un bénéfice sélectif plus important (elles ont moins d’occasions reproductives, elles ont donc moins le droit de gaspiller). Ainsi, pour éviter qu’on ait tous ses enfants avec le même père, l’évolution se contente de réemployer le même mécanisme qui protégeait déjà contre la consanguinité.
C’est finalement tout simple : statistiquement, au long des millions d’années d’évolution du genre Homo, les femmes qui perdaient leur désir sexuel non seulement pour les hommes avec lesquels elles avaient grandi mais aussi pour les hommes avec lesquels elles partageaient une intimité durable avaient un meilleur succès reproductif puisque la diversité génétique de leur descendance s’en trouvait accrue.

Propositions de ce climat incestueux " frère-soeur "
- l’asymétrie hommes/femmes dans la perte du désir (les hommes ont moins besoin de se protéger contre le risque de consanguinité)
les couples de lesbiennes ont rapidement moins d’intimité sexuelle que les couples de gays
- le malaise, voire le dégoût que certaines femmes peuvent finalement ressentir dans la simple proximité physique avec leur partenaire, qui donne lieu à toutes sortes de stratégies d’évitement plus ou moins conscientes
- la dichotomie madone/putain (l’amante en début de relation a beaucoup plus de désir que l’épouse après quelques années)
l’idée que les hommes ont toujours plus envie de sexe que les femmes (comme le modèle majoritaire est le couple monogame de longue durée, la disparité du désir correspond à l’expérience quotidienne du plus grand nombre — d’autant qu’on oublie rapidement que c’était différent au début de la relation)
- la longévité de la passion dans les couples d’amants illégitimes ou dans les relations longue distance (en ne se voyant que rarement, on évite la proximité et donc la désensibilisation)
- la plus grande volatilité des couples qui se forment très tôt : la désensibilisation sexuelle étant au départ un mécanisme juvénile, elle est plus rapide quand on est plus jeune. (Et donc si les couples qui se forment plus tardivement durent plus longtemps, ce n’est pas seulement parce qu’on sait mieux ce qu’on veut ou parce qu’on se résigne après le troisième divorce)

Ces constatations pourraient aider certains couples à comprendre que ce qu’ils vivent est peut-être bien normal et à ne pas trop chercher à savoir à qui la faute, et à trouver des solutions inventives en faisant au mieux avec ce que l’on est, plutôt que ce que l’on croit qu’on devrait être, ou avoir.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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