Borderline, la maladie de l'impuissance?!?

Forum borderline, état limite
Minijeune
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Inscription : 06 janv. 2014, 00:47

Borderline, la maladie de l'impuissance?!?

Message par Minijeune »

Ok, Ok!!! Le titre de mon article est un peu intense... Je le sais!!
C'est sûrement en reflet de toute l'intensité que je ressens à l'intérieur de mon corps ces temps-ci... Il faut bien que je trouve un moyen sain de la faire sortir sans exploser... Exploser dans un forum, c'est un peu moins dévastateur!! ;)

Le terme "impuissance" est très fort pour moi... Premier paradoxe, parce que la force et l'impuissance sont vraiment opposées lorsque je les regarde, l'un après l'autre... Ce pourrait-il que dans la force, on retrouve un manque de puissance... Et que dans l'impuissance, on retrouve beaucoup de force... Je pense que oui... Il y a une grande résilience dans la capacité de rester debout et se battre malgré tout! La nuance est donc importante! Quand je parle d'impuissance, je ne veux pas partir dans des lignes et des lignes de victimisation, en disant que je suis une pauvre petite fille TPL qui essaie de s'en sortir mais qui n'y arrive pas parce que je n'ai AUCUN contrôle sur ce que je vis... Je suis complètement en désaccord avec cette vision de voir les choses, parce que je sais que dans un sens, c'est moi qui va faire en sorte que je vais m'en sortir ou non... Ce sont mes comportements qui vont me tuer ou me sauver... Tout dépendant si je veux être dans le 10%, qui statistiquement, réussisse leur suicide et sont borderline...

Il y a des jours de crise où j'ai envie que tout arrête... Où j'aurais envie qu'on me gèle sur la médication en me donnant quelque chose qui me rendrait légume pendant quelques jours, juste parce que je me sens trop mal et que j'ai peur... J'ai vraiment un grand sentiment d'anxiété par rapport à la dissociation et à mes idées suicidaires ou d'automutilation... Quand je me réveille pendant la nuit et que je trouve un couteau dans mon lit, en ayant eu aucun souvenir de comment il s'est ramassé là... Après une phase où j'ai été très émotive et qui je sais, peut être l'élément déclencheur à un épisode dissociatif dont je ne me souviens plus du tout... Ça fait peur... Je cherche alors si je n'ai pas de marque sur mon corps... Si je n'ai pas essayer de me faire du mal... J'ai peur qu'un jour, je me suicide sans m'en rendre compte... Et que ce soit juste fini comme ça... J'ai peur de perdre la bataille... C'est dans cette partie de moi, dans toute la peur qu'elle englobe, que je me sens impuissante...

Je dirais que ce qui me fait le plus mal... Et qui me rend aussi très en colère... C'est que le trouble de personnalité limite n'est pas nécessairement traitable, ou soignable. C'est, comme plusieurs le disent, un état avec lequel tu dois apprendre à vivre... Une intensité, qui monte et qui descend selon les émotions, les relations et l'image qu'on a de soi, comme une grande montagne russe... C'est juste que des fois, on oublie de boucler la ceinture et on fait un accident... On a besoin d'aide extérieur!! Mais quand les psychologues, psychiatres, travailleurs sociaux ou intervenant de crise X-Y-Z te disent qu'ils ne savent plus vraiment quoi faire... Qu'il n'y a pas de traitements médicamenteux... Qu'il y a des enjeux de prise en charge, de clivage et de déresponsabilisation dans toutes les réponses aux besoins d'aide exprimés... Du genre, si je te donne de l'aide, est-ce que je vais t'aider ou te nuire... Ils essaient de faire du mieux qu'ils peuvent... Je le vois bien... Mais personne n'a de réponse à savoir que même si je suis leur plan de traitement à la lettre, que je m'investie en thérapie et dans une réinsertion sociale en faisant du bénévolat ou en recommençant à travailler pour avoir un semblant de vie normale... Je vais m'en sortir ou non... Je vais me sentir mieux ou non... Ou soulagée ou non... Et quand la psychiatre m'a dit que ça allait bien aller parce que j'avais tout en moi pour m'en sortir et que je lui ai dit que je ne savais pas, en pleurant à chaudes larmes, et qu'elle m'a répondu qu'elle ne le savait pas plus... Là, j'ai senti plein d'impuissance autour de moi...

C'est comme si c'était un trouble vicieux... Un trouble qu'il ne fallait pas avoir...
C'est encore méconnu et ça fait souvent peur aux thérapeutes... Ça m'a fait peur à moi en tout cas quand, dans mes cours de santé mentale, j'ai appris à détester cette clientèle parce qu'elle pouvait nous faire du mal... Qu'elle était dure à suivre... Alors quand j'ai appris quelques années plus tard que j'étais comme ça, j'avais déjà le discours destructeur à l'intérieur de moi... Je me suis donc très mal accueillie... Et c'est triste dans un sens, mais c'est comme ça... Au Québec, ils commencent à en parler dans les téléromans, et c'est souvent de manière négative... Comme si les maladies mentales suivaient les modes... Un moment donné, tout le monde était autiste... bipolaire ou schizophrène... Les publicités à la télévision parlent de plus en plus de la dépression... Il y a des semaines mondiales de prévention du suicide... Mais les borderline... On est une bonne gang... Des femmes, qui souffrent vraiment beaucoup, et qui se battent contre des parties d'elles-mêmes, des femmes extrêmement fortes qui ont souvent des vécus supers éprouvants...

Ça me frustre de voir alors autant d'impuissance... De savoir qu'il n'y a pas beaucoup d'options pour nous...
Qu'il faut aller en thérapie, qu'il faut essayer de faire confiance à la psychologue ou la personne traitante, malgré toutes nos peurs d'abandon... Il faut bâtir quelque chose de rassurant dans cette relation pour s'y accrocher, mais sans se pendre avec... Il faut peu à peu prendre soin du bébé intérieur, et développer un sentiment de confiance par rapport à la vie... Et surtout pas baisser les bras...Continuer malgré le fait que c'est insupportable... Et pleurer et crier l'impuissance si c'est comme ça qu'on se sent... Que c'est frustrant qu'il n'y a pas de recette magique ou de marche à suivre pour s'en sortir... Que ce qui fonctionne pour une ne fonctionnera pas pour l'autre! En fait, je sais que le diagnostic ne fait pas de nous des personnes semblables nécessairement... Mais il y a un fond... Quand je lis les écrits des autres sur ce forum, et que je lis toute la souffrance, je me dis que bon sang, il devrait avoir quelque chose à faire... C'est inhumain de penser que la personne va rester dans ce sentiment là toute sa vie... Et c'est d'autant plus inhumain pour moi de me sentir comme ça depuis longtemps... Une année de crise... Une année entière où rien n'a tenu...

C'est long un an quand on ne se sent pas bien et qu'on tente de s'accroche à ce que l'on peut pour vivre...
Je suis vraiment fatiguée de survivre et faire sur-chauffer mon côté rationnel pour me protéger de moi!
Je sais que je ne suis pas seule, et ça m'encourage de savoir qu'on peut tenir bon!! Il faut qu'on s'encourage à ne pas lâcher et qu'on croie en une possibilité de s'en sortir... Sinon, c'est le vide... Et les personnes TPL savent à quel point ce sentiment de vide est envahissant et vraiment souffrant!

Je rends donc hommage à tout ceux qui ont ce diagnostic, et je vous souhaite de vous accrocher solidement!
Audreane
Messages : 45
Inscription : 14 déc. 2014, 19:47

Re: Borderline, la maladie de l'impuissance?!?

Message par Audreane »

Bonjour,

Ton ressenti je le partage souvent..:-)
Il y-a une petite chose qui me soulage un peu lors de mes crises,c'est le fait de savoir que ça ne dure pas.Je visualise comme un tremblement de terre je m'accroche puis plus rien.Comme en avion quand il y-a des zones de turbulence.
Cela m'apaise un peu lors des grosses angoisses la nuit surtout.
C'est vrai il faut vivre avec ce trouble..c'est nous qui avons le choix de continuer ou non.
Moi j'ai choisis la vie car j'ai deux enfants c'est tout..j'ai passé ma vie à lutter et je lutte encore.
Par contre avec du recul je peux te dire que si tu te fais suivre par un psy par exemple une thérapie comportementale..j'ai obtenu de bons résultats.
Je reconnais cela quand je suis stable.Il est vrai que lors de mes crises je vois tout en noir et je me dis à quoi bon de se battre.
Nous ne sommes pas seule il faut continuer à se construire,car nous ne sommes pas que des "dingues"..à travers ça nous sommes des personnes certes particulières mais on existe..tâchons de ne pas l'oublier..:-)
Pleins de courage à toi..
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