Urgent, c'est le tournant de ma vie

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Dubreuil
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LE CORPS SE SOUVIENT

Notre corps ne ment pas. Il dit nos troubles, nos conflits, nos souffrances. Mais celles-ci sont-elles à l’origine de la maladie ? Jusqu’où notre passé peut-il influencer notre santé ? Le point sur les liens complexes entre la mémoire du corps et celle de l’esprit.

Tombée gravement malade il y a trente ans, Myriam Brousse a développé, pour se soigner, une méthode qu’elle a appelée « mémoire cellulaire » : le patient raconte son histoire au thérapeute, qui y repère les expériences douloureuses et les note. En relaxation guidée, il revient ensuite sur ces épisodes, prend conscience des effets physiques de leur évocation et les revit émotionnellement. Délivré de leur forte charge émotionnelle, il peut ensuite remonter jusqu’à l’événement originel, celui qui a fait, selon Myriam Brousse, un « faux pli » dans son corps. Ainsi, l’une de ses patientes qui souffrait d’emphysème, au point que les médecins ne voyaient plus d’autre solution qu’une opération des poumons, a-t-elle découvert, en travaillant avec la thérapeute, que ses crises d’étouffement étaient dues au corset que sa mère portait au cinquième mois de grossesse pour la dissimuler. « Revivant la mémoire foetale au cinquième mois, elle a pu se libérer grâce aux larmes provoquées par ce ressenti physique », expose Myriam Brousse, qui conclut : « C’est ainsi que s’opère le processus de guérison dans la mémoire du corps. » Reconnue par beaucoup, discutable selon certains, cette méthode est dans tous les cas née d’un principe admis par tous : le corps est le lieu où se raconte notre histoire la plus intime. Et notre santé, physique et psychique, est toujours en lien avec elle.

Pour aller plus loin
Myriam Brousse, thérapeute et fondatrice de L’École de mémoire cellulaire (ecoledememoirecellulaire.fr), est l’auteure avec notre collaboratrice Valérie Péronnet de Votre corps a une mémoire (Marabout, 2009).

“C’est psychosomatique”
Une réalité que nous résumons par l’expression « c’est psychosomatique » pour désigner aussi bien un eczéma qu’un cancer. Mais qui sait ce que cela signifie réellement ? S’agit-il de la transformation d’un conflit psychique en symptôme physique ou bien d’une maladie dont les causes seraient multiples mais dans laquelle les facteurs émotionnels joueraient un rôle important ? La médecine penche aujourd’hui majoritairement pour la seconde hypothèse. « L’humain est un système fait de différents sous-systèmes, affirme Jean- Benjamin Stora, psychanalyste et psychosomaticien. Il n’existe ni “tout psychique” ni “tout physique”. Ce que l’on sait, c’est qu’un appareil psychique bien structuré est l’équivalent d’un système immunitaire costaud : il sait bien gérer ses défenses. »

Notre esprit influence notre santé
Pour Pierre Marty, l’un des pionniers de la psychosomatique en France, moins nous sommes dans la conscience d’un événement douloureux ou stressant (ce qui permet d’évacuer sa forte charge émotionnelle), plus son impact dans le corps sera fort. C’est ce que l’on appelle une somatisation. « Cela signifie que le souvenir de l’événement reste dans le corps et se manifeste par des symptômes physiques », détaille Sylvie Cady. Pour la psychanalyste et psychosomaticienne, toute épreuve « perturbe notre rythme corporel, basé sur le duo “tension-dépression”. Si elle se transforme en conflit ou en impasse pour le sujet, elle peut se traduire par une pathologie psychosomatique ». De la plus bénigne à la plus grave. Ce qui est certain, c’est que plus nous restons coincés psychiquement dans un épisode difficile (divorce, deuil, licenciement…) plus notre mal-être s’exprime par des symptômes physiques. Dans ce cas, pour la psychanalyse comme pour les neurosciences, l’explication est à rechercher dans notre passé. « Nous connaissons aujourd’hui l’importance de la biologie de l’attachement, souligne Roland Jouvent, professeur de psychiatrie à l’université Paris-VI. Nous savons que la qualité de nos relations d’adulte dépend de la qualité de nos premiers liens affectifs et corporels, qui ont influencé notre physiologie et notre biologie. Raison pour laquelle nous pouvons dire que nos premières expériences déterminent notre patrimoine émotionnel. Ainsi, un grand choc affectif pas ou mal assimilé dans la petite enfance peut modifier notre chimie vers une tendance à l’anxiété et à la dépression, lesquelles favorisent les maladies cardio-vasculaires. » Mais, précise Roland Jouvent, « il ne s’agit pas de déterminisme pour autant, de nombreux autres facteurs interviennent, comme la gestion actuelle des émotions, la qualité de l’environnement, le patrimoine génétique, etc. ». Cela explique pourquoi, d’un individu à l’autre, face à un même événement traumatique, la réponse sera forcément singulière. « Sur deux femmes porteuses du gène du cancer du sein, l’une développera la maladie et l’autre pas, ajoute Jean-Benjamin Stora. Nous avons décodé le génome, mais pas les interrelations entre les gènes. » Preuve, selon lui, que « la mémoire du corps, multiple et complexe, échappe à toute grille de lecture univoque ».

Charcot, Freud et les autres
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Message par Dubreuil »

DES DOUTES SUR VOTRE PSY

Ses tarifs exorbitants sont-ils injustifiés?

1) Avant tout, demandez-lui de vous montrer ses diplômes. Tout professionnel doit accepter de vous apporter la preuve de ses compétences lorsque le titre qu’il utilise est réglémenté par la loi française et exige l’obtention d’un diplôme universitaire. Insistez pour qu’il vous montre les originaux et non des photocopies. En effet, les photocopies de diplôme sont d’une facilité déconcertante à falsifier et les originaux sont trop rarement demandés.

Pour savoir quel diplôme attendre de votre professionnel, rendez-vous ici.

À noter:

Aucun diplôme n’est obligatoire pour être psychanalyste. Vous ne pouvez donc pas exiger de lui qu’il vous montre ses diplômes.

Je n’ose pas demander ses diplômes à mon psy ou il ne me montre que des photocopies. Que faire?

2) En premier lieu, s’il se dit psychothérapeute, vérifiez qu’il est bien inscrit au Registre National des Psychothérapeutes. ATTENTION!!! –Le Registre National des Professionnels de Santé, qui inclut donc les Psychothérapeutes, (ou Registre ADELI) n’est PAS ENCORE DISPONIBLE SUR INTERNET!!! Ne pas confondre avec la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse (FF2P) qui se sert des mêmes termes pour apparaître en tête sur le moteur de recherche Google. LE VRAI Registre National des Psychothérapeutes mis en place en 2011 par la législation française est en cours de création par l’Agence Régionale de la Santé qui vérifie les diplômes de chaque praticien. Si vous souhaitez savoir si votre psychothérapeute est sur ce registre, il vous suffit de consulter le site de l’ARS ou contacter l’ARS de votre région, comme précisé ci-dessous. Ils vous répondront rapidement. Certaines régions mettent déjà à disposition la liste des professionnels de santé agréés. Il vous suffit alors de consulter cette liste mise à jour chaque année.

Pour savoir quelles sont les conditions pour apparaître sur ce Répertoire ADELI ou Registre National des Professionnels de Santé pour les psychothérapeute, cliquez ici.

3) Ensuite, si vous avez noté le lieu où le diplôme est sensé avoir été obtenu, n’hésitez pas à contacter l’Université en question. Elle vous précisera si votre professionnel a bien obtenu son diplôme dans cette université.

4) Prenez contact avec l’ARS, l’Agence Régionale de la Santé, de votre région. Demandez-leur si cette personne possède bien les diplômes qu’elle prétend avoir et si elle figure bien sur leur registre ADELI. Si l’ARS de votre région a déjà mis à disposition la liste des professionnels de santé apparaissant sur le Répertoire ADELI, il vous suffit de consulter cette liste, sur leur site.

Pour contacter l’ARS de votre région, cliquez ici, puis choisissez votre région, en haut à droite dans « Les ARS de votre région ». Puis, tout en bas de page, vous trouverez un lien « contact ». Par exemple, pour la région Languedoc-Roussillon, vous arriverez sur cette page.

Attention, de 2011 à 2016, pour ne pas désavantager les psychothérapeutes déjà installés sans diplôme, comme cela était auparavant autorisé, ceux qui n’avaient pas les diplômes requis pouvait continuer d’exercer et avaient parallèlement jusqu’en 2016 pour se mettre à jour en matière de diplôme. Depuis le 1er janvier 2016, c’est terminé. Tous les psychothérapeutes qui exercent doivent obligatoirement avec les diplômes requis. Pour plus de renseignements, rendez-vous ici.

5) Prenez contact avec la DDASS, la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociale, de votre département.

Pour obtenir les coordonnées de toutes les DDASS de France par département, cliquez ici.

J’ai la preuve que mon psy n’a pas les diplômes requis, ou n’a aucun diplôme, que faire?
1) Vous pouvez contacter l’Agence Régionale de Santé de votre région, afin d’expliquer votre expérience avec le faux psy en question, raconter à quel point cela vous a surpris ou inquiété, et préciser que cette personne usurpe un titre réglementé par la loi, et a de bien mauvaises intentions envers ses patients.

2) Il vous est aussi possible de déposer dans la boite aux lettres du faux psy, (ou de l’envoyer par la poste si cela vous convient mieux), une lettre d’avertissement rappelant les termes de la loi en cas d’usurpation de titre. Vous trouverez un exemple de lettre d’avertissement pour les faux psychologues ici (Cliquez là).

3) Vous pouvez également écrire une lettre, anonyme ou non, au procureur de la République de votre département, qui sera dans l’obligation d’ouvrir une enquête. Vous accusez cette personne d’usurpation du titre de psy… (psychologue, psychothérapeute, psychiatre…).

Il vous faut, pour cela, envoyer une lettre sur papier libre au tribunal de grande instance du lieu de l’infraction ou du domicile de l’auteur de l’infraction.

La lettre doit préciser :

l’état civil complet du plaignant,
le récit détaillé des faits, la date et le lieu de l’infraction,
le nom de l’auteur présumé s’il est connu du plaignant. À défaut, il convient de déposer plainte contre X.
les noms et adresses des éventuels témoins de cette infraction,
la description et l’estimation provisoire ou définitive du préjudice,
les documents de preuve à disposition : certificats médicaux constatant les blessures, arrêts de travail, factures diverses, constats en cas de dégâts matériels.
Vous trouverez un modèle de lettre sur ce site: service-public.fr

4) Vous pouvez aussi signaler en ligne l’usurpateur sur la Plateforme PHAROS du Ministère de l’Intérieur (Plateforme d’Harmonisation, d’Analyse, de Recoupement et d’Orientation des Signalements de la Direction de l’Information Légale et Administrative) que vous trouverez en cliquant ici, qui permet donc de signaler un contenu internet suspect ou illégal. Pour cela, il vaut faut suivre : Escroquerie / Autres / Puis vous pouvez détailler le signalement. Par contre, cela implique de donner vos noms/prénoms etc.

5) Vous pouvez, en dernier recours, porter plainte auprès de la gendarmerie, par exemple, en déposant une main courante.

Plus de renseignements sur le site service-public.fr.

er une lettre sur papier libre au tribunal de grande instance du lieu de l’infraction ou du domicile de l’auteur de l’infraction.

La lettre doit préciser :

l’état civil complet du plaignant,
le récit détaillé des faits, la date et le lieu de l’infraction,
le nom de l’auteur présumé s’il est connu du plaignant. À défaut, il convient de déposer plainte contre X.
les noms et adresses des éventuels témoins de cette infraction,
la description et l’estimation provisoire ou définitive du préjudice,
les documents de preuve à disposition : certificats médicaux constatant les blessures, arrêts de travail, factures diverses, constats en cas de dégâts matériels.
Vous trouverez un modèle de lettre sur ce site: service-public.fr

7) Vous pouvez également signaler en ligne l’usurpateur sur la Plateforme PHAROS du Ministère de l’Intérieur (Plateforme d’Harmonisation, d’Analyse, de Recoupement et d’Orientation des Signalements de la Direction de l’Information Légale et Administrative) que vous trouverez en cliquant ici, qui permet donc de signaler un contenu internet suspect ou illégal. Pour cela, il vaut faut suivre : Escroquerie / Autres / Puis vous pouvez détailler le signalement. Par contre, cela implique de donner vos noms/prénoms etc.

8) Vous pouvez, en dernier recours, porter plainte auprès de la gendarmerie, par exemple, en déposant une main courante.

Plus de renseignements sur le site service-public.fr.
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Message par Dubreuil »

DIALOGUE SUR LA PERVERSION

La mère s’adresse à sa fille, qui lui parle de son chéri, de l’homme qu’elle aime avec lequel elle fait l’amour et y prend plaisir, celui à qui elle ouvre son cœur :
« Mais il est pervers non ? »
Le silence qui s’abat fait écho à la phrase qui hurle en elle, ces quelques mots « celui qui est pervers c’est papa », qui lui ont pris tant d’années à se formuler. Cette vérité qui brûle ses yeux et écorche sa gorge lui semble tellement innommable et dangereuse qu’elle reste tapie au plus profond de son âme. Dire la vérité serait vivre la honte, la culpabilité, l’injustice. Ce serait transgresser l’alliance parentale et, pire que tout, perdre le lien.

La fille harangue sa mère : « Il est pervers ? mais non ! »
Mais de qui parles-tu ? Qui es-tu en train de dénoncer, d’attaquer, de bannir ?
C’est son chéri, c’est son papa, c’est son patron, c’est l’engagement de son cœur, c’est le plaisir de son corps, c’est l’endroit où elle tente d’exister, c’est tout le système qui la tient en lien et en vie.
Le voile se déchire, la fille s’adresse à sa mère :
« Pervers ? mais il est… comme papa ».
Maman, mon chéri est peut-être pervers, c’est possible, et cela ne serait pas si surprenant que j’aime un pervers quand tu sais que le premier pervers que j’ai aimé c’est papa.
A présent le silence s’étend, se dilue, rampe, tente d’effacer ces mots entre la mère et elle. La honte est toujours là, maintenant l’incompréhension et la trahison s’ajoutent au cortège des sentiments.

La mère dubitative dit à sa fille : « Papa... Il est pervers ? »
La fille répond : « Oui et crois-moi c’est une lutte et un combat pour trouver l’amour quand on a un papa comme ça ».
L’amour est donné puis repris, la haine est déguisée, les règles du jeu sont sans cesse changées, la loi est piétinée, tout ce qui pourrait faire sens est dérobé. Et au bout du compte celui qui gagne ce combat c’est toujours Papa.
La fille s’élève contre sa mère :
« Il est pervers ! Non mais qui es-tu toi ma mère pour m’accabler de ton jugement ? ».
Qui es-tu pour montrer du doigt mon chéri, toi qui te fais complice, otage, victime consentante de la duplicité de ton mari ?
Sous couvert de m’alerter, mère aveuglée, tu me fais vivre la culpabilité de choisir comme objet d’amour des hommes qui ressemblent au mari que tu t’es choisi.
Tu m’as donné l’exemple, tu m’as montré le chemin, tu m’as enseigné comment faire avec un pervers pour rester en vie. Tu m’as appris que me sentir aimée se fait au prix de mon âme et que celui qu’il faut plaindre et protéger c’est lui, parce qu’il ne sait pas ce qu’il fait.
Tu m’as enseigné le tabou, la loi du silence, la résignation pour préserver un lien. Tu m’as appris à craindre l’amour et à m’en méfier : hagarde et égarée, je tourne sans fin dans un désert telle une assoiffée.

La fille s’adresse à elle-même :
Il est pervers quand… les entrelacs et les enchevêtrements des liens sont trop étroits et trop confus. Il est pervers quand son passé de petit garçon refait surface dans le présent. Il est pervers quand l’avant et le maintenant se rencontrent et créent une brume amère qui aveugle le cœur et engourdit la possibilité de l’autre, de la rencontre et de l’amour. Il est pervers, mais seulement quand.

Caroline Toledano
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

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CRITIQUES DE LAPSYCHANALYSE

Les critiques de la psychanalyse1 portent notamment sur : la non-réfutabilité de la théorie ; la fondation théorique sur la base d'exemples historiques mensongers ; l'absence d'efficacité thérapeutique établie, hormis pour une indication (troubles de la personnalité), et la non prise en compte de cette absence d'efficacité, voire parfois le caractère sectaire du mouvement. La psychanalyse est également critiquée pour diffuser des idées misogynes, homophobes, pour culpabiliser les mères, et pour des pratiques souvent considérées comme maltraitantes telles que le packing.

Les critiques de la psychanalyse présentent, schématiquement, deux temps majeurs :

l'élaboration de la psychanalyse en tant que méthode d'exploration du fonctionnement psychique avec ses principaux concepts ;
l'évolution ultérieure de la théorie et de la pratique ;
et deux versants :

l'un théorique comme connaissance du psychisme, centrée sur le déterminisme psychique inconscient ;
l'autre pratique, en filiation directe avec la théorie, comme thérapie ou clinique.
Corrélativement, les critiques de la psychanalyse portent sur :

le moment fondateur (contexte historique, épistémologique, scientifique, culturel, innovation, statuts des « découvertes freudiennes », méthode, prétentions scientifiques2,3…) qui recouvre le personnage même de Freud (intentions, ambitions, compétences…) ; la construction de la « légende Freud »4 à partir de la manipulation des sources et de la réécriture de l'histoire des origines, par Freud lui-même5,6 et ses successeurs7 sans compter les « réhabillages » structuralistes ou herméneutiques ;
les inflexions ultérieures de la psychanalyse ;
le noyau conceptuel commun à l'ensemble des courants psychanalytiques ;
l'efficacité de la cure analytique ;
les modes de formation des psychanalystes (valeur d'une analyse didactique, réglementation, institutions).
Cette démarche de réévaluation de la psychanalyse concilie donc un abord épistémologique et scientifique avec un abord historiographique (et aussi thérapeutique).

Mise en perspective
Les critiques de Freud et de la psychanalyse furent jusqu'à aujourd'hui extrêmement nombreuses et variées. Il faut distinguer les critiques qui portent sur Freud lui-même (sa personnalité, son manque de rigueur supposé) de celles qui portent sur la psychanalyse, discipline dont les bases théoriques (dont le freudisme) ont amené à des écoles, des théorisations, des pratiques fort différentes, aujourd'hui, les unes des autres.

Des critiques adaptées de la psychanalyse « des origines » ou d'un noyau théorique pérenne centré autour de l'inconscient, de son déterminisme psychique, du refoulement et de la sexualité traversent les différents courants de la psychanalyse d'hier à aujourd'hui. (reformulation nécessaire)

Malgré des thèmes communs, en dehors de la légende freudienne4, la diversité des acceptions de ces concepts chez les psychanalystes proscrit toute unité doctrinale de la psychanalyse, autre qu'institutionnelle. Ainsi, Mikkel Borch-Jacobsen affirme dans Le Livre noir de la psychanalyse :

« La psychanalyse n'existe pas - c'est une nébuleuse sans consistance, une cible en perpétuel mouvement8. »

Critiques de Freud et du freudisme
Les thèses de Freud ont pu parfois provoquer l'opposition de scientifiques, médecins, philosophes et psychologues de son temps9.

Freud a surtout synthétisé et généralisé des conceptions en vogue dans les milieux littéraires philosophiques et médicaux de son époque au risque de se contredire au fil de son œuvre comme le remarquent des psychanalystes tels que Patrick Mahony[réf. nécessaire]. Selon Ernst Kris, l'un de ses plus fidèles partisans, la plupart des options théoriques de Freud se fondent sur des présupposés biologiques déjà obsolètes à la naissance de la doctrine (voir par exemple, l'histologiste Ramon y Cajal lequel jette, très tôt, les bases de la théorie neuronale moderne ignorée par Freud), et que Freud a masqué, ainsi que le révèlent les travaux de Frank Sulloway10[source insuffisante].

Freud propose une explication spéculative métapsychologique des névroses et des psychoses, qu'il ancre, tout comme le développement psychique général, dans le développement de la sexualité infantile et de ses éventuels conflits : les symptômes névrotiques deviennent ainsi l'expression (symbolique) de conflits inconscients. Non seulement cette action symbolique présumée ôte toute signification aux symptômes mais jette aussi les bases d'une exégèse délestée de la réalité, retrouvant ainsi toujours la théorie dans les faits.[réf. nécessaire]

La critique de la psychanalyse freudienne se confond partiellement avec la critique de Freud. L'ensemble de l'échafaudage psychanalytique contemporain paraît artificiel, faute de fondements théoriques et cliniques solides et par le refus de la méthode expérimentale.[réf. nécessaire]

La guerre contre Freud aux États-Unis
Le débat sur la psychanalyse s'est exacerbé dans les années 1980, à partir de la parution en 1984 du livre de Jeffrey Masson, Le Réel escamoté11. Selon cet auteur, Freud aurait minimisé voire négligé les viols dont auraient été victimes certaines de ses patientes. La polémique s'est intensifiée pendant les dix années suivantes, et elle fut si intense que le Congrès américain décida en 1995 du report d'une exposition consacrée à Freud sous la pression d'historiens, d'idéologues et d'épistémologues12. Ce groupe de Freud scholars comprend des chercheurs et des polémistes issus d'horizons différents et qui appliquent à la psychanalyse des critiques historiques, épistémologiques et thérapeutiques.

Ces Freud Scholars ont essaimé vers le monde francophone notamment avec la parution de deux ouvrages :

Mensonges freudiens : histoire d'une désinformation séculaire de Jacques Bénesteau ;
Le Livre noir de la psychanalyse, condensant toutes sortes de critiques émanant de plusieurs auteurs et reprenant notamment les critiques des Freud scholars.
Critiques historiques
Freud et hagiographie
Des éléments biographiques de Freud (et d'autres) relèvent[réf. nécessaire] plus de l'hagiographie que de la stricte vérité historique dont la restitution fidèle nécessite travail d'archiviste et de déconstruction comme l'illustre le cas Anna O. que Henri Ellenberger fut le premier à démystifier. Bien des documents (lettres, notes, minutes…) ont été détruits par Freud lui-même ou par sa fille aînée (Anna Freud), caviardés, ou soustraits délibérément à l'investigation d'historiens indépendants, et pour des années comme une partie des archives freudiennes conservées à la bibliothèque du Congrès à Washington.[réf. nécessaire]

Comme l'écrivent Mikkel Borch-Jacobsen et Shamdasani, le principal obstacle à l'hégémonie13,c 1 de la psychanalyse réside dans son historicisation, grâce à une histoire véritable et non révisée et expurgée par ses hagiographes15.

Anhistoricité
Pour l'universitaire Sarah Winter, la psychanalyse, en reprenant la mythologie grecque, s'est construit une légende psychanalytique qui nie l'histoire réelle16.

Critiques de philosophes
La psychanalyse n'a pas toujours fait bon ménage avec la philosophie. Sans parler des critiques marxistes, existentialistes…, elles varient selon leur auteur ou les courants.

La critique s'est également portée sur les prétentions scientifiques de la psychanalyse. Freud conteste la suprématie de la conscience, du libre-arbitre et de la volonté, au demeurant comme d'autres l'avaient déjà fait avant lui à l'instar de Nietzsche ou de Schopenhauer : au sujet « cartésien » était substitué un sujet psychologique dominé, à son insu, par l'inconscient refoulé et les vicissitudes de sa libido. Paradoxalement, Freud thématise l'inconscient sur le mode de la conscience forgeant une représentation homonculaire du « ça », que Jean-Paul Sartre ne manque pas de relever et de critiquer17.

Le philosophe Alain, résume sa position d'un trait : « L’inconscient est une méprise sur le Moi, c’est une idolâtrie du corps18. »
Adolf Grünbaum considère la psychanalyse comme pseudo-scientifique mais pouvant en partie être testée scientifiquement.
Pierre Janet, à l'époque de Freud, au carrefour de la philosophie et de la psychologie s'est montré réticent.[réf. nécessaire]
Karl Jaspers tout en admirant les percées compréhensives de la recherche psychanalytique, en critique la confusion entre « psychologie explicative » et « psychologie causale ». Il estimait que la psychanalyse devenait un système totalisant qui négligeait les limites de ce qu'on peut comprendre de l'âme humaine.[réf. nécessaire]
Ludwig Wittgenstein a lui aussi été un contradicteur des œuvres psychanalytiques, tout en reconnaissant leur importancec 2 Il considère la psychanalyse comme mythologique20, et encore comme d’« excellentes images21 ». Fondamentalement il s'oppose à Freud sur le plan de ce que signifie pour Freud le déterminisme. Morris Lazerowitz dit de lui qu’il est le psychanalyste de la philosophie, « sans en être conscient22 ».
Selon Michel Onfray, l’inconscient freudien est idéal, idéel, nouménal, immatériel et « phylogénétique »23, c'est-à-dire lié à l’évolution de l'espèce. Freud a pour théorie l'évolution par transmission des caractères acquis, largement réfutée depuis que le darwinisme et la théorie synthétique de l'évolution se sont imposés, que l'inconscient psychique serait un caractère qui se transmettait de génération en génération depuis les premiers temps de l'espèce humaine24.
Critiques de la validité scientifique
La scientificité de la psychanalyse a été vivement contestée, en particulier, en raison :

de son absence de falsifiabilité (elle n'est pas « réfutable » au sens où l'entendait Karl Popper dans la Logique de la découverte scientifique (1934), en d'autres termes la psychanalyse est toujours « vraie » dans sa logique interne, peut réinterpréter toute nouvelle donnée et son contraire sans remettre en cause la théorie. Il n'existe pas de données que la théorie ne peut pas interpréter a posteriori. La théorie peut donc survivre même quand les faits semblent la démentir grâce à l'usage de notions comme l'ambivalence, la résistance, la dénégation…). Sans juger ici de l'existence de Dieu, on peut faire une analogie avec le principe « les voies du Seigneur sont impénétrables », qui entraîne l'impossibilité logique pour un fait de contredire l'existence de Dieu. Cet aspect implique sa non-scientificité (ce qui ne veut pas dire sa fausseté) dans le chef de Popper (Grünbaum, malgré sa critique de la psychanalyse, affirme qu'elle n'est pas irréfutable dans le sens de Popper25), pour lequel une théorie scientifique doit se confronter à l'expérience, et donc pouvoir être mise à mal par cette dernière (les théories scientifiques les plus abouties étant d'après lui celles qui permettent logiquement, a priori, le plus de remises en cause par l'expérience, mais qui dans les faits, a posteriori, n'est pas remise en cause par l'expérience)26,27,28 ;
de son absence d'ancrage empirique et clinique29 : nombre faible de cas, notions issues de l'auto-analyse de Freud lui-même comme le complexe d'Œdipe…
de la quasi-absence de démonstration expérimentale et de la validation statistique des assertions et des conséquences de la théorie psychanalytique (Adolf Grünbaum)30 ;
de la validation a priori de la théorie par des cas cliniques ad hoc sans valeur démonstrative ou probante ;[réf. nécessaire]
de l'usage inapproprié de certaines conceptions structuralistes et mathématiques (topologie, théorie des nœuds) comme chez Lacan31 donnant d'après eux une apparence spécieuse d'objectivité mais confinant au non-sens ;
Le sexologue et urologue Gérard Zwang critique de façon virulente l'absence de scientificité de la psychanalyse, notamment dans l'imposant livre "La statue de Freud" paru en 1985 chez Lafont.
La psychanalyse est d’ailleurs une des disciplines que conteste la zététique32 par, en grande partie, la critique épistémologique.

La réfutabilité
Article détaillé : Réfutabilité.
Avec Karl Popper, épistémologue, ces critiques estiment que la psychanalyse n'est pas une science issue d'une forme de recherche expérimentale. L'argumentation de Popper porte principalement sur le fait que, dans la cure analytique, toute dénégation peut être remise en question et être considérée comme une défense de la personne à l'égard d'une interprétation du psychanalyste. Prévenant par avance ses critiques, la psychanalyse serait donc irréfutable.[réf. nécessaire]

Or, Karl Popper a élevé la réfutabilité (en anglais, falsifiability) au rang de critère décisif de scientificité. Est scientifique une explication qui est réfutable. Au terme de son raisonnement, Popper écarte la psychanalyse des sciences au même titre que l'astrologie et avec quelques hésitations, le darwinisme, qu'il considère comme non-scientifique mais offrant tout de même un bon cadre explicatif post hocn 1 pour comprendre, par exemple, l'évolution de l'« arbre de la connaissance » : selon Popper, les théories scientifiques devraient assurer, comme les espèces animales, leur propre lutte pour la survie, en étant capables de résister à des tests toujours plus sévères. Mais bien que Popper déniait toute valeur scientifique à la psychanalyse, il lui reconnaissait une « grande part de vrai », et, comme la théorie de Darwin, un cadre explicatif post hoc capable de répondre à notre besoin instinctif de donner des raisons (et non des causes) à certains de nos comportements.

En effet, pour réfuter l'hypothèse centrale de la psychanalyse qui affirme que le refoulement des pulsions ou traumas dans l'inconscient est la cause de certains troubles ou certains actes non intentionnels, il faudrait pouvoir montrer que dans certains cas, l'arrivée à la conscience des souvenirs traumatiques incriminés (fin ou absence du refoulement) n'entraîne pas la disparition des troubles.[réf. nécessaire] Or, c'est impossible, puisqu'il est toujours possible d'affirmer que les troubles persistent à cause de résidus inconscients « non liquidés » qui sont par nature impossibles ou difficiles à atteindre33[réf. à confirmer].

Par conséquent, l'hypothèse d'un lien de causalité entre refoulement et névrose ne peut être réfutée. Sans cette hypothèse, il est parfaitement possible de rejeter l'hypothèse de l'existence d'un inconscient freudien (qui diffère de l'inconscient cognitif) qui reste, certes non réfutable, mais sans aucun fondement. En fait le raisonnement psychanalytique est plus ou moins circulaire, puisque pour montrer l'existence de l'inconscient, il faudrait pouvoir le connaître, et en faisant cela, il deviendrait conscient. Il est donc impossible d'observer l'inconscient et de démontrer son existence. Il ne s'agit que d'une hypothèse à laquelle on adhère par un acte de foi34,35.

Dans Les Fondements de la psychanalyse, Adolf Grünbaum argumente sur le fait que Freud n'a jamais fourni la moindre preuve inductivement valide de ses théories. Toutefois, Grünbaum s'oppose avec vigueur à la critique de Popper selon laquelle la psychanalyse serait entièrement irréfutable, donc, de ce point de vue, non scientifique (Grünbaum précise qu'il serait possible de rendre certaines théories freudiennes réfutables par l'expérience moyennant des modifications)36 : « […], je soutiens que dans la mesure où le flou des conséquences et/ou l’indétermination déductive militent contre la falsifiabilité empirique de la théorie freudienne, ils sapent sa capacité explicative aussi bien que sa confirmabilité inductive37. »

L'applicabilité du critère de démarcation
Article détaillé : Problème de la démarcation.
Des freudiens contestent la généralisation à toutes les sciences de « la logique de la découverte scientifique ».[réf. nécessaire] Pourtant, Popper défend qu’il ne peut y avoir qu’une seule et unique méthode scientifique, procédant à l’aide de tests intersubjectifs, reproductibles et indépendants, par « conjectures et réfutations ». En effet, il pense qu'il est démontrable, que toutes les théories scientifiques qui prétendent avoir une portée universelle, tout en ayant des pouvoirs descriptifs, explicatifs, et prédictifs sur des phénomènes, doivent aussi avoir la forme logique d’énoncés universels au sens strict. C’est-à-dire, comme l’explique Popper, d’énoncés logiquement invérifiables, mais également logiquement falsifiables (ou réfutables).

Popper a toujours précisé que son critère de démarcation était avant tout un critère logique de démarcation entre les énoncés scientifiques et les énoncés métaphysiquesn 2, et qu'il était toujours possible d'éviter une réfutation par le moyen d'hypothèses auxiliaires, ad hoc.

« […] la falsifiabilité, au sens du critère de démarcation, ne signifie pas qu'une falsification puisse être obtenue en pratique ou que, si on l'obtient, elle soit à l'abri de toute contestation. La falsifiabilité, au sens du critère de démarcation, ne désigne rien de plus qu'une relation logique entre la théorie en question et la classe des énoncés de base, ou celle des événements décrits par ces énoncés : les falsificateurs potentiels. […] J'ai toujours soutenu, et ce dès la première édition de Logik der Forschung (1934) […] qu'il est absolument impossible de prouver de manière décisive qu'une théorie scientifique empirique est fausse. […] il est toujours possible de trouver certains moyens d'échapper à la falsification, par exemple en introduisant une hypothèse auxiliaire ad hoc […] ; on ne peut jamais réfuter une théorie de manière concluante. »

— Karl Popper, Le Réalisme et la Science, éd. Hermann, p. 3-4.

Malgré toutes ces critiques, les avis demeurent toujours sujets à controverse sur le problème de la scientificité de la doctrine freudienne, et des psychanalystes comme Daniel Widlöcher (ancien président de l'IPA), pensent même que rien ne s'oppose à ce que la psychanalyse soit la science de la subjectivité opérant dans son laboratoire : l'analyse des associations libres des patients.[réf. nécessaire]

Controverse sur la scientificité de la psychanalyse
La question de la scientificité de la psychanalyse est probablement la plus importante de toutes concernant le statut de cette théorie car elle est un argument utilisé dans son histoire depuis les origines, les projets de son père fondateur, ainsi que ceux de ses disciples. Même si beaucoup de psychanalystes paraissent avoir renoncé au statut de scientificité justifiant que la psychanalyse est avant tout une « pratique » (thérapeutique) « qui se vit » avec une autre personne,[réf. nécessaire] il fut toujours l'objet de très vives polémiques, lesquelles sont encore prégnantes aujourd'hui.

Favorable à la scientificité
Pour Daniel Widlöchern 3, la psychanalyse s'inscrirait dans un mouvement d'une « psychologie scientifique de la subjectivité » ; celui-ci croit en la possibilité de fonder scientifiquement la psychanalyse, dont le champ d'investigation se situerait à un niveau « intermédiaire » « où l'on étudie des mécanismes de pensée complexes, qui sont liés au niveau intentionnel de la pensée et non au niveau syntagmatique ou au niveau causaliste minimal. » En conséquence, Widlöcher estime que la polémique entre sciences cognitives et psychanalyse où les premières contestent à la seconde sa validité n'a pas lieu d'être et est même « une absurdité ». Il affirme qu'avec la psychanalyse « on a là une science de la complexité de l'action humaine », dont la méthode est essentiellement fondée sur l'association libre38.

L’épistémologie de Popper précise que les objets d’une recherche, quels qu’ils soient, ne peuvent être observés, décrits, ou prédits que sur la base de termes et d’énoncés universels a priori, dont ils dépendent pour formuler des hypothèses ; que ce sont toujours eux qu’il faut tester, et que logiquement, seuls les tests indépendants et dont la valeur intersubjective peut-être contrôlée par d’autres chercheurs peuvent acquérir une valeur scientifique. Il ne pourrait donc y avoir de « science du subjectif » sans devoir recourir à des méthodes « objectives » pour son « objectivation scientifique ».

Pour Popper : « Le concept d'unique s'oppose à celui de typique : le typique se laisse apercevoir dans l'homme individuel lorsqu'on le considère d'un point de vue général donné. C'est pourquoi tout changement de point de vue entraîne un changement dans l'aspect typique. Il semble dès lors impossible à une psychologie, à une sociologie, quelles qu'elles soient, ou à tout autre espèce de science, de venir à bout de l'individuel ; une science sans point de vue général est impossible39. » De plus, si comme l’affirme Erbs « on ne peut nier l’inconscient », c’est que, soit cette théorie est irréfutable, (donc « non poppérienne »), soit que les psychanalystes utilisent des stratagèmes ad hoc pour la sauver de tout risque de réfutation.

Jean Laplanche, philosophe et psychanalyste, pense que Freud était « poppérien avant la lettre » (sachant que les plus célèbres critiques épistémologiques sur la scientificité de la psychanalyse, proviennent du philosophe des sciences autrichien Karl Popper et de Ludwig Wittgenstein), considérant que Freud a écrit un article intitulé « Une conception de la paranoïa contredisant la théorie psychanalytique de cette maladie ». Le philosophe des sciences Adolf Grünbaum, lequel contestait justement à Popper le fait que la psychanalyse ne serait pas scientifique en raison de son irréfutabilité, mais qui invalidait sa scientificité pour des raisons qualifiées d'inductivistes, a choisi, lui aussi cet exemple, dans son livre Les Fondements de la psychanalyse, pour démontrer la réfutabilité de la psychanalyse. Laplanche juge que cet écrit freudien qui constitue une « description d’un cas négatif est typiquement poppérienne. Même si cette description d’un cas négatif aboutit au fait que ce cas n’est pas aussi négatif que cela, parce que Freud évidemment n’aimait pas beaucoup trouver des cas vraiment négatifs… » Laplanche écrit que Freud ne réfutait pas les autres conceptions que la sienne, lui reprochant son manque de tolérance. Mais cette opinion démarque la démarche freudienne de toute ressemblance avec une démarche « poppérienne » dans la mesure où Popper exigeait que tout scientifique se doit de reprendre les travaux de ses prédécesseurs pour tenter d’y apporter des corroborations (ou des réfutations) en concertation avec eux. Il pense que « Freud était un scientiste relativement dur » (ce reproche de scientisme fut également formulé par Paul Ricœur, théoricien de l'herméneutique)40.

Mais, en réalité, ce qui manque à l'argument de Jean Laplanche c'est le fait qui si l'on peut trouver de nombreuses assertions freudiennes ou de la psychanalyse qui soient réfutables, l'on peut trouver aussi des assertions réfutables dans les propos ou les écrits de n'importe quel individu, sans pour autant que cela fasse de lui un "scientifique", parce que la réfutabilité dont parle Jean Laplanche, au sujet de Sigmund Freud, n'est en rien au niveau des exigences de la réfutabilité scientifique envisagée par Karl Popper, laquelle exige trois conditions, toutes chronologiquement nécessaires, mais non suffisantes : la réfutabilité logique, puis empirique, puis méthodologique.[réf. nécessaire]

Psychanalyse comme pseudo-science
Cependant, de nombreux philosophes et scientifiques contestent toujours le caractère « poppérien » de la psychanalyse, la reconnaissant comme un modèle de pseudo-science, et Adolf Grünbaum pensait que s'agissant d'inférences inductives, Freud se livrait surtout à des affirmations péremptoires sans avoir jamais fourni la moindre preuve indépendante de ses théories41,25.

Des scientifiques comme J. Allan Hobsonn 4, auteur de nombreux travaux neuro-scientifiques sur les mécanismes du rêve, travaux qui démontreraient l'effondrement de la théorie freudienne42, précise que le problème de la méthode freudienne, c'est son caractère subjectif, opérant depuis les origines en dehors de tout contrôle indépendant, n'ayant jamais fournit aucune étude quantitative ni même aucun test qui puisse être reproductible de façon systématique43. Hobson précise en outre, qu'il est illusoire de vouloir comparer la psychanalyse à l'astronomie (puisque Freud voulait se comparer à Galilée et Copernic), même si leurs objets de recherche respectifs ont ceci de commun qu'il est très difficile de faire des expériences. En revanche, poursuit Hobson, ce qui différencie radicalement la psychanalyse de l'astronomie, c'est que la première n'est en position de ne faire ni mesure ni prévision, alors que la seconde se base sur l'une et l'autre pour tester ses hypothèses44.

De son côté, Karl Popper insiste sur la nécessité, dans le processus de « la logique de la découverte scientifique », que les tests réalisés aient un caractère intersubjectif et reproductible de manière indépendante. Car sans ces deux conditions indispensables, estime Popper, un fait particulier qui comporte en lui-même la possibilité d'une réfutation peut très bien n'avoir qu'une valeur accidentelle ou « subjective ». De plus, Popper insiste pour que les faits contradictoires aient d'abord acquis auprès de la communauté scientifique, le statut d'« énoncés de base acceptés », avant d'être soumis à des tests. C'est-à-dire des faits dont les conséquences empiriques et logiques ainsi que leur caractère inédit soient unanimement reconnus, après discussion, par les scientifiques26. Selon Popper, les scientifiques doivent donc s'attacher à rechercher, de façon concertée et non isolée, les tests les plus sévères possibles, ce qui, selon Jean Laplanche ou J. Allan Hobson ne fut jamais le cas de Sigmund Freud.

À la lumière des diverses positions antagonistes exprimées, comme celles de Jean Laplanche ou de Karl Popper, il semble que ce qui ferait le plus défaut à la psychanalyse et à la démarche freudienne en particulier, pour accéder au statut de science, serait une certaine dimension sociale de la preuve.[réf. nécessaire] Karl Popper, avec son critère de réfutabilité des théories (à condition que les procédures de mise à l'épreuve des théories soient explicites, contrôlables de manière indépendante par les autres chercheurs, et non isolées donc subjectives), est l'un des philosophes des sciences à avoir le plus insisté sur cet aspect. Pour lui, aucune théorie ne peut être scientifique, si elle n'est pas réfutable de manière intersubjective et contrôlée, car chaque individu vivant sur Terre, fait sans arrêt, selon Popper, ses propres « conjectures et réfutations » isolées, dans le monde de ses propres pensées et projets subjectifs (que Popper nomme « le Monde 2 ») ou en relation avec son environnement constitué d'objets physiques, (« le Monde 1 »), ce qui est également le cas, selon Popper, de certains animaux. Les réfutations n'ont pas la moindre chance d'accéder au véritable statut « poppérien », si elles ne passent pas du « Monde 2 » au « Monde 3 », qui est celui de la connaissance objective, où les idées et les méthodes sont d'abord communiquées à d'autres, et encadrées au sein d'institutions qui organisent ce type d'échanges et de communications (laboratoires, articles, conférences, tests, etc.) pour éventuellement faire l'objet de tests scientifiques ou par exemple être identifiées comme métaphysiques voire reléguées au rang d'impostures intellectuelles.

Frank Cioffi, professeur à l’Université de Princeton, s’oppose aux arguments conjugués de Karl Popper et d’Adolf Grünbaum. Selon lui, d’une part, l’histoire des sciences regorge d’exemples de scientifiques qui n’ont pas été découragés par d’apparentes infirmations de leurs théories (rejoignant ainsi le point de vue d’Imre Lakatos, selon lequel un programme de recherche scientifique se développerait toujours dans un « océan d’anomalies »45), et d’autre part, il évoque l’exemple de l’astrologie attirant toujours autant d’adeptes en dépit du fait qu’elle aurait été « mille fois réfutée »46. En conséquence, le seul critère de scientificité valide, selon Cioffi, serait « la mauvaise foi – le silence observé sur les réfutations, l’invocation de confirmations imaginaires, la manipulation des données, voire le mensonge pur et simple »46. Pour Cioffi, la psychanalyse est donc une pseudo-science, « parce que c’est une théorie de mauvaise foi » laquelle ferait des psychanalystes des « acrobates de la pensée ne tenant aucun compte des réfutations éclatantes qui leur sont opposées », cette mauvaise foi n’étant « le symptôme que d’un cynisme prêt à tout justifier pour préserver la cause »47.

Dans son livre intitulé L'Imposture scientifique en dix leçons, le journaliste scientifique Michel de Pracontal qui s'appuie notamment sur le critère de Popper pour identifier les pseudo-sciences48, donne son point de vue sur la psychanalyse. Il pense que dans son cas, (contrairement à Popper), que « le modèle des sciences de la nature ne s'applique pas à toutes les formes de connaissances et de théories49. » Pour Pracontal, on peut soutenir que « la théorie psychanalytique est une théorie interprétative, qui permet de donner du sens à des comportements subjectifs », et que « l'expérience montre que trouver un sens aux événements de sa vie peut aider à se sentir mieux, ou moins mal. » Ceci suffirait à valider, « d'une certaine manière, les théories de Freud49. » Mais, selon lui, ce que dit la psychanalyse ne pourrait être du même ordre que ce que nous apprend la physique, la chimie ou la biologie, et ce, contrairement à ce qu'avait toujours affirmé Freud.
inique148.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

Ethnographie, sciences sociales
Œdipe
Jean-Pierre Vernant a dénoncé l'anachronisme et les contre-sens de la lecture psychanalytique du mythe d'Œdipe, en particulier tel qu'il est retravaillé dans la tragédie grecque.[réf. nécessaire] Cette fiction exploratoire qui sonde les fondements sociaux, religieux et politiques de la société grecque au moment de sa démocratisation à partir du vie siècle av. J.-C. Ce mythe ne constitue en aucun cas une illustration d'un drame psychologique individuel et familial.

L'universalité du concept de complexe d’Œdipe semble invalidée par des recherches (notamment ethnographiques) :

on ne retrouve pas partout l'interdit de l'inceste (les pharaons d'Égypte le pratiquaient, le mythe du frère-époux y était très présent, et Cléopâtre elle-même était fille d'un frère et d'une sœur) ;[réf. nécessaire]
certaines sociétés n'ont pas de familles structurées autour du père.[réf. nécessaire]
Ces points mettent en question la validité universelle de ce concept psychanalytique. Claude Lévi-Strauss montre qu'une majorité des groupes humains pratiquent une forme d'exogamie, en s'appuyant sur des interdits souvent puissants. Ainsi le complexe d'Œdipe serait davantage à comprendre comme un concept social que biologique (« N'épouse pas ta sœur » signifiant alors « Donne ta sœur à une autre famille pour faire alliance avec elle »), ce que parfois Freud laisse pensern 5.[évasif][réf. nécessaire]

Critiques post-coloniales
Pour Célia Brickman, la psychanalyse impose un modèle de développement humain européen et blanc à toutes sociétés ou ethnies. Les théories de Freud sont donc une forme ou un instrument d'impérialisme intellectuel50.

Controverses sur les « piliers » de la psychanalyse
Le problème du déterminisme psychique absolu et aprioriste
Article détaillé : Déterminisme.
Pour de nombreux intervenants dans la critique externe de la psychanalyse, les positions de Freud sur le déterminisme demeurent cruciales, tout comme elles le sont pour tout autre projet de « faire science ». On peut citer Frank Sulloway, Jacques Van Rillaer, Jacques Bouveresse, Ludwig Wittgenstein[réf. nécessaire], Karl Popper.

Pour la majorité de ces intellectuels, il est indiscutable que Freud a tenté de s'inscrire dans la mode déterministe de son époque mais en choisissant une version du déterminisme qui outrepasse les réelles possibilités de tout projet scientifique.[réf. nécessaire]

L'erreur fondamentale de Freud serait d'avoir fondé un apriorisme absolu en excluant le hasard et le non-sens au niveau du déterminisme psychique inconscient. Comme l'écrivent Bouveresse et Sulloway, seule une telle version du déterminisme pouvait permettre à Freud de prétendre investiguer des associations libres et de n'entrevoir que des causes exclusivement psychiques des névroses ou des psychoses.[réf. nécessaire]

Ces auteurs, comme de nombreux autres, démontrent ainsi qu'il devient impossible de détacher les conceptions déterministes de Freud de ce qui fonde sa pratique thérapeutique.[réf. nécessaire] Le psychanalyste Pierre-Henri Castel semble plus sévère encore sur ce problème, en argumentant que le déterminisme psychique tel que Freud l'envisage, se répercute directement sur l'efficacité thérapeutique. Castel écrit[réf. nécessaire] :

« […] Il est difficile, ainsi, de concilier l'ambition déterministe, donc la réalité de lois causales contraignantes dans la vie psychique (y compris dans ses manifestations ordinairement considérées comme contingentes), et l'idée d'une guérison de la névrose qui remettrait entre les mains du malade quelque chose, un mécanisme sur lequel il pourrait agir, en opérant les choix (moraux ou esthétiques) dont Freud parlait la veille. »

Castel reproche de manière explicite au déterminisme freudien[réf. nécessaire] d'être beaucoup trop large en faisant en sorte que « rien n'échappe aux lois de l'inconscient ». Pour Castel, le déterminisme tel que l'a envisagé Freud n'a ainsi plus « aucune valeur explicative dans le réel », puisque, selon ses termes il se métamorphoserait en « principe métaphysique » (Castel).

Les engagements ontologiques déterministes de Freud constituent donc le fil directeur de toute la doctrine. Il introduit le chapitre 12 de « Psychopathologie de la vie quotidienne » par les propos suivants :

« La conclusion générale qui se dégage des considérations particulières développées dans les chapitres précédents peut être formulée ainsi : certaines insuffisances de notre fonctionnement psychique […] et certains actes en apparence non-intentionnels se révèlent, lorsqu’on les livre à l’examen psychanalytique, comme parfaitement déterminés par des raisons qui échappent à la conscience51. »

De plus, Freud parle de « certaines » insuffisances et actes, donc, a priori, d'un déterminisme psychique absolu qui ne s'appliquerait que dans certains cas concernant la causalité psychique et non dans tous les cas. Autrement dit que l'individu n'est pas, selon Freud entièrement soumis au principe du déterminisme qu'il propose. Mais après la lecture globale de l'œuvre de Freud, il semble qu'il s'y inscrive bien, c'est en tout cas l'avis des épistémologues critiques de la psychanalyse[réf. nécessaire] tel que Karl Popper.

Frank Sulloway souligne encore :

« Dans le travail scientifique auquel il consacra toute sa vie, Freud se caractérise par une foi inébranlable dans l'idée que tous les phénomènes de la vie, y compris ceux de la vie psychique, sont déterminés selon des règles inéluctables par le principe de la cause et de l'effet. […] Qui plus est, que les réponses du patient fussent vérité ou fantasme, elles étaient toujours déterminées psychiquement, comme Freud l'expliquait devant la Société de psychanalyse de Vienne en 191052. »

La thèse de Popper
Article détaillé : Karl Popper.
D'après Popper53, toute science vise à la corroboration de lois universelles dont le but est de permettre la prédiction, l'explication, ou la description des phénomènes. Autrement dit, toute science, selon Popper, a pour but de montrer comment ses objets d'études sont « déterminés ». Cependant la position de Popper est nuancée dans la mesure où il rejette tout déterminisme aprioriste et absolu, tout en considérant que la science ne peut se passer de la recherche de lois causales précises, donc déterministes, mais qui ne peuvent jamais atteindre un déterminisme absolu.

En conséquence, la science vise donc à l'édification de lois précises, ou causales (donc déterministes) ou de lois fréquentistes (Popper explique que ces deux types de recherche ne sont nullement incompatibles)54.

Karl Popper55 fait la démonstration de l'impossibilité de toute forme de déterminisme absolu et aprioriste (prima faciae), qu'il nomme « déterminisme scientifique », d'avoir une quelconque valeur explicative, descriptive, et prédictive. Pour Popper, cette forme de déterminisme prima faciae et absolue, n'est absolument d'aucune utilité pour la science car elle ne peut avoir strictement aucune valeur explicative.

« Déterminisme psychique absolu »
Sur le déterminisme psychique absolu, Freud écrit : « On sait que beaucoup de personnes invoquent à l'encontre d'un déterminisme psychique absolu, leurs convictions intimes de l'existence d'un libre arbitre. Cette conviction refuse de s'incliner devant la croyance au déterminisme56 » ; excluant tout « hasard » et « valable sans exception », mais aussi « aprioriste », ce qui est le trait distinctif crucial du déterminisme psychanalytique57.

Il souligne encore que : « Nous ne serons pas étonnés de constater que l'examen analytique révèle comme étant parfaitement déterminés, non seulement les nombres, mais n'importe quel mot énoncé dans les mêmes conditions58. »

Ainsi, selon cette conception du déterminisme (qui ne laisse a priori aucune part au hasard), Freud devrait pouvoir, non seulement interpréter (comme il le fait dans Psychopathologie de la vie quotidienne), mais aussi expliquer causalement, ainsi que prédire59 tous les nombres et tous les mots, si c'est bien une science de l'inconscient qu'il prétendait fonder. Le déterminisme psychique absolu implique donc la possibilité d'expliquer et prédire n'importe quel nombre ou mot composé d'autant de membres que l'on voudra, et ce, en excluant toute erreur aussi minime soit-elle.

Pierre-Henri Castel, a également remarqué les problèmes liés aux conceptions de Freud sur le déterminisme. Castel souligne, par exemple :

« […] La position de Freud, pour être conséquente, doit donc interpréter tous les phénomènes considérés en général comme fortuits, comme des produits du déterminisme psychique. Il n'est plus ici question du rêve ou du mot d'esprit, mais de la liste par définition indéfiniment ouverte des ratages qui attestent l'action d'un refoulement60. »

Déterminisme a priori
Ce déterminisme psychique absolu est « a priori »61.

Cet apriorisme (qui constitue le caractère crucial du déterminisme tel que Freud le concevait) relevé, notamment, par Timpanaro, est en effet nécessaire pour pouvoir permettre une technique thérapeutique fondée sur l'interprétation des associations dites « libres »62, puisque pendant l'analyse, selon Freud, le patient doit dire tout ce qui lui passe par la tête (en effet, Freud écrit dans Cinq leçons sur la psychanalyse63 : « […] il faut […] qu'il dise tout ce qui lui vient à l'esprit, même s'il pense que c'est inexact, hors de la question, stupide même, et surtout s'il lui est désagréable que sa pensée s'arrête à une telle idée. S'il se soumet à ces règles, il nous procurera les associations libres qui nous mettront sur les traces du complexe refoulé »).

Si c'est donc bien l'ensemble des associations verbales, [ou non verbales comme des dessins ou des œuvres d'art] que la psychanalyse se propose d'expliquer à l'aide de ses lois causales strictes, en tant que ces associations seraient appréhendées comme « libres », alors il est nécessaire pour la psychanalyse de disposer d'une théorie fondée sur un tel déterminisme permettant d'appréhender, « a priori et sans aucun risque d'erreur puisqu'elle exclut le hasard », le libre jeu apparemment indéterminé et libre de toutes les associations verbales ou non verbales que peut faire le genre humain. D'après Karl Popper, et aussi Jacques Bouveresse64, aucun déterminisme de ce type, ne peut en réalité, permettre à la psychanalyse ou même à tout autre doctrine de réaliser les objectifs qu'elle se donne que ce soit sur le plan théorique, ou thérapeutique.

On remarque que Freud exclut de la « vie psychique », toute possibilité d'arbitraire (c'est-à-dire, pour lui, de quelque chose de soumis au contrôle du libre-arbitre, donc de la conscience), et de fortuit (c'est-à-dire le hasardc 3). Mais en excluant de façon aussi explicite le hasard au niveau d'une causalité inconsciente, Freud exclut aussi, logiquement, toute erreur de calcul que puisse faire l'inconscient, perspective invalidée par Karl Popper.

Toute tentative thérapeutique est un projet de prédiction, puisque[réf. nécessaire] l'on prédit que par l'application de certaines techniques thérapeutiques soutenues par la corroboration de certaines théories universelles, le patient « guérira » de ses névroses, ou alors « trouvera » un nouveau sens positif à sa vie. Ainsi, et en se basant sur le déterminisme psychique absolu (et aprioriste), la psychanalyse devrait pouvoir réaliser, d'après Popper, des prédictions thérapeutiques, ou tout autre type de prédictions se rapportant au comportement et au psychisme humain, avec n'importe quel degré de précision stipulé à l'avance.

Mais Jacques Bouveresse66 avance que, en s’appuyant (notamment) sur la critique du « déterminisme scientifique » élaborée par Karl Popper, les théories freudiennes supposées détenir une valeur explicative, ne pourraient en réalité fournir les causes aussi strictes impliquées par l’affirmation d’un déterminisme psychique absolu et aprioriste (prima faciae), et, encore moins, donner lieu à de quelconques prédictions sur le psychisme humain, puisque la capacité revendiquée par Freud de fournir les causes d’un phénomène implique logiquement celle de pouvoir les prédire.

En somme, et en reprenant les analyses de Lévi-Strauss et du marxiste Timpanaro, Jacques Bouveresse fait remarquer que la psychanalyse se rapprocherait beaucoup plus de la « magie concrète » que de la science, en raison, précisément, de ses positions favorables à un déterminisme strict excluant le hasard67. Cette critique, selon laquelle la psychanalyse ne serait qu'une « pensée magique » établie dans la « mentalité primitive », et qui procéderait par « développements scolastiques », à cause de son déterminisme strict négligeant les « secondes causes », se retrouve aussi chez Pierre Debray-Ritzen68.

La théorie des rêves
Historique
D'un point de vue de l'histoire du freudisme, c'est le rêve de Freud de l'injection faite à Irma, dans la nuit du mardi 23 au mercredi 24 juillet 1895, qui constitue le point de départ de toute l'invention de la psychanalyse.

En réalité, et selon des historiens critiques de Freud, comme Robert Wilcocks, l'analyse de la correspondance entre Freud et son ami Fliess, à cette époque, démontre de façon claire, « que ce célèbre « rêve de l'injection faite à Irma » n'a jamais pu se dérouler comme Freud le laissait entendre dans « Die Traumdeutung ». Ce « rêve » n'est qu'une invention rhétorique de Freud pour « persuader » son public viennois de la validité de ses curieuses méthodes nouvelles »69.

Selon ces historiens, toute l'invention de la psychanalyse débute donc par un mensonge. Ce mensonge serait ce « rêve princeps » de Sigmund Freud qui au cours de son auto-analyse, et par l'analyse de ce rêve (puis des suivants), théorise la psychanalyse comme « la voie royale vers l'inconscient ».

Critiques philosophiques, épistémologiques
Dans son livre La Psychanalyse à l'épreuve, le professeur Adolf Grünbaum étudie l'efficacité revendiquée par Freud de sa méthode d'interprétation des rêves, à partir des associations libres des patients, pour valider ses théories sur le refoulement inconscient70. Grünbaum propose que Freud échafauderait des inférences fallacieuses, lesquelles ne lui permettraient pas de mettre en évidence le refoulé dans le rêve de manière satisfaisante. Le principal reproche fait à Freud par Grünbaum, est de n'avoir jamais donné de confirmation clinique indépendante pour ses thèses sur le refoulement dans le rêve, confirmations qui ne soient contaminées par les attentes théoriques de Freud71. Grünbaum en conclut à l'effondrement total de l'étiologie psychanalytique, lequel ruinerait radicalement la pertinence de la méthode d'investigation de l'association libre dans la conduite de l'enquête étiologique. Car Freud, explique Grünbaum,

« avait énoncé cette règle fondamentale de l'association libre comme une maxime de recherche clinique, parce qu'il pensait que les associations régies par elle permettaient d'identifier de manière fiable les agents pathogènes inconscients de la névrose72. »

René Pommiern 6 publie une critique de la méthode d'interprétation des rêves. L'essentiel de ses reproches recouvre l'usage du symbolisme pratiqué par Sigmund Freud, pour ne retrouver dans les faits cliniques étudiés que les idées préconçues qu'il y a mises ou les fruits de son imagination. Il accuse Freud d'établir avec les éléments du rêve qu'il observe, des liaisons qui paraissent d'autant plus « étonnantes » au père de la psychanalyse qu'elles seraient en réalité « arbitraires et saugrenues »73.

Critiques scientifiques
J. Allan Hobson, professeur de psychiatrie à la Harvard Medical School, et directeur de neurophysiologie au Massachusetts Mental Health Center, avance un modèle neurobiologique du rêve, le modèle dit d'activation-synthèse, qui démontre l'effondrement total de toutes les théories freudiennes sur le rêve, qu'elles soient d'ordre physiologique ou psychique. L'hypothèse d'activation-synthèse propose un « mécanisme cérébral nécessaire et suffisant pour qu'il y ait rêve ». « Rêver est considéré, dans cette hypothèse, comme un processus endogène avec une dynamique propre, génétiquement déterminée. Il ne saurait y avoir de sens informatif caché dans ce processus ». Néanmoins, cette hypothèse serait moins déterministe que les théories antérieures, car elle suppose un système de traitement de l'information ouvert, capable de créer des informations nouvelles74. Le processus d'activation-synthèse, s'oppose radicalement à la théorie freudienne, en faisant passer la signification du rêve « de l'opacité à la transparence, et en considérant que le processus onirique est plus progressif que récessif, (…) plus créatif que destructif. En un mot, comme un processus plutôt sain que névrotique »75.

Hobson accuse Freud d'avoir non seulement fait table rase des travaux des chercheurs de sa génération, mais aussi de les avoir systématiquement discrédités pour mieux imposer son point de vue comme étant le seul valide76. Il lui reproche aussi de n'avoir jamais fourni la moindre étude comparative quantitative sur ses hypothèses, utilisant les cas contradictoires possibles comme des exceptions qui confirmaient toujours sa théorie77. Il s'oppose aussi à la théorie de Freud selon laquelle « rien de ce que nous avons possédé mentalement ne peut être totalement perdu » (Freud, 1900), et argumente sur le fait que l'on possède aujourd'hui des preuves expérimentales montrant clairement que les souvenirs de la prime enfance (que les psychanalystes ont estimé être la source des conflits ultérieurs) sont en fait irrémédiablement perdus78. Hobson en vient à écrire qu'« une fois démolis ces deux postulats jumeaux : l'information ne peut être construite ; l'information ne peut être perdue, beaucoup d'arguments freudiens s'effondrent de manière catastrophique »79.

En conclusion, Hobson pense que la psychanalyse n’est qu’une pseudo-science se basant sur des élaborations « obscurantistes » et qui ne possède « aucune base empirique » solide. Freud a basé son postulat de la censure sur des patients dont la répression des désirs sexuels lui a paru pathologique, mais sa théorie de la répression repose, selon Hobson, sur une image erronée du système nerveux qu’avait conçue Freud. Pour Hobson, la théorie de Freud sur le rêve n’est donc que « spéculative et a priori », ne reposant sur « aucune preuve expérimentale » fondée sur des tests, d’autant que la théorie freudienne, ajoute Hobson, « n’est pas construite selon une logique qui la rende susceptible de vérification expérimentale », précisant « que les psychanalystes n’ont jamais défini quelle sorte de preuve pourrait infirmer leur théorie », ce qui serait le cas, pour la théorie des rêves, depuis presque quatre-vingt-dix ans80.

Critiques relatives à la légitimité du psychanalyste
La pratique de la psychanalyse n'implique pas la détention d'un diplôme universitaire particulier. Pour être affilié à une association de psychanalystes, le praticien doit avoir été lui-même analysé par l'analyse didactique.

Légalité et réglementation
L'accès aux métiers en rapport avec les soins médicaux, psychiatriques ou non, sont strictement encadrés dans la plupart des pays occidentaux. En France la psychanalyse n'est pas encore parvenue à se doter d'une réglementation de la psychothérapie, celle-ci d'ailleurs, encore récente. Il en va de même pour les thérapies béhavioristes, dernières nées. C'est une des critiques qui lui sont le plus souvent faites.

Lacan lui-même a qualifié d'escroquerie la pratique :

« Notre pratique est une escroquerie. Bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c'est quand même ce qu'on appelle d'habitude du chiqué… Du point de vue éthique, c'est intenable, notre profession… Il s'agit de savoir si oui ou non Freud est un évènement historique. […] Je crois qu'il a raté son coup. C'est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s'en foutra de la psychanalyse81. »

— Jacques Lacan, 26 janvier 1977

Pour Jacques Van Rillaer, « le célèbre psychanalyste, arrivé au terme de l’existence, a voulu simplement jeter le masque82. »

Selon le psychanalyste Jean-Louis Sous, cet extrait a été mis en avant par les auteurs du Livre noir de la psychanalyse en y voyant un argument d'autorité qui puisse se retourner contre lui, mais ceux-ci n'ont pas précisé le contexte de cette citation tronquée, alors que les dires de Lacan doivent être lus avec attention83. La suite de la citation étant :

« La psychanalyse est peut-être une escroquerie mais ce n’est pas n’importe laquelle. C’est une escroquerie qui tombe juste par rapport à ce qu’est le signifiant… et il suffirait que je connote le S2 non pas d’être second dans le temps mais d’avoir un sens double pour que le S1 prenne sa place et sa place correctement. »

— Jacques Lacan, Ibid83.

Ce qui signifie, d'après Jean-Louis Sous, que le sens n'est pas transparent, le signifiant étant polysémique et ne relève pas d'un signifié unique83.

Un peu plus loin, Jacques Lacan dira même que :

« La psychanalyse n’est pas, je dirais, plus une escroquerie que la poésie elle-même qui se fonde précisément sur cette ambiguïté dont je parle et que je qualifie de sens double. »

— Jacques Lacan, Ibid83.

Pour Lacan, affirmer que la signification d'un comportement serait transparente, univoque, classable dans une échelle est a contrario une escroquerie telle qu'elle se donne à voir dans l'économie du lien social et le « plus-de-jouir » du discours capitaliste, dit Jean-Louis Sous83.

L'impact scientifique de la psychanalyse
Selon un rapport de l'IPA (International Psychoanalytical Association)84, concernant la fréquence de moyenne de citation de l’International Journal of Psychoanalysis et du journal de l’Association psychanalytique américaine dans le « Social Science Citation Index », on montre un déclin des citations par d'autres journaux. Ce qui signifierait que la psychanalyse se développerait en « ignorant les contributions contemporaines ».

Critiques historiques et politiques
Le psychiatre Henri Ellenberger a développé les critiques sur ce qu'il appelle les « légendes » de l'histoire freudienne (Histoire de la découverte de l'inconscient, 1970). Par ailleurs souvent reconnu par les défenseurs de la psychanalyse comme un critique impartial et érudit de son histoire, lui reconnaissant certaines qualités, il écrit qu’il est très difficile de juger en toute objectivité l’influence de Freud tant son histoire trop récente serait déformée par les légendes, et qu’il « serait d'un intérêt inestimable de découvrir le point de départ de la légende freudienne et d'analyser les facteurs qui ont permis son développement. »85.

Frank J. Sulloway, dans Freud biologiste de l'esprit, ainsi que Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, dans Le dossier Freud, enquête sur l'histoire de la psychanalyse, développent à la suite d'Ellenberger (et en reprenant parfois ses thèses) des arguments concernant ce qu'ils appellent le mythe du héros, des légendes, des produits de l'imagination de Freud, etc. Les arguments de ces historiens ont été repris à leur suite par d'autres intellectuels ayant entrepris des recherches et publié des travaux critiques de nature historique sur Freud et la psychanalyse.

Sigmund Freud s'est présenté comme le Galilée de la psychologie de son temps, le découvreur de l'inconscient et de la psychanalyse qui serait devenue sa « science privée » (Mikkel Borch-Jacobsen et Shamdasani)86,87. Or, Auguste Forel, contesta à Freud la découverte de la méthode psychanalytique en ces termes :

« Le découvreur de la méthode psychanalytique, tant du point de vue de sa signification psychologique que de sa signification thérapeutique, est le Dr Joseph Breuer de Vienne88. »

Henri Ellenberger relativise l'originalité de la découverte freudienne :

« La légende freudienne passe à peu près complètement sous silence le milieu scientifique et culturel dans lequel s’est développée la psychanalyse, d’où le thème de l’originalité absolue de tout ce qu’elle a apporté : on attribue ainsi au héros le mérite des contributions de ses prédécesseurs, de ses associés, de ses disciples, de ses rivaux et de ses contemporains en général89. »

Pour la psychiatrie organiciste, la psychanalyse est un produit de l'imagination de Freud et de ses successeurs.[réf. nécessaire] En effet, selon les travaux des « Freud scholars », ce dernier, depuis ses débuts jusqu'à la fin de sa vie, n'aurait jamais admis de témoin indépendant dans son cabinet (au contraire de certains de ses plus éminents premiers modèles tels Charcot) ni de contrôle extra-clinique et reproductible de ses théories, en rejetant de manière explicite la méthode expérimentale, dans une réponse à Rosenzweig90.

Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, soutiennent également que :

« L'ignorance systématique des travaux des autres chercheurs et le refus systématique de s'ouvrir à leurs critiques sont un des traits distinctifs de l'obédience psychanalytique91. »

Les mêmes auteurs affirment également que la théorie de l'inconscient et le complexe d'Œdipe seraient entièrement le fruit de l'échec reconnu par Freud lui-même de sa propre auto-analyse par introspection, procédé déjà reconnu comme obsolète en son temps, et déjà longtemps avant, par Emmanuel Kant92.

« C'est une chose digne de réflexion, une chose utile et nécessaire pour la logique et la métaphysique, d'observer en soi les différents actes de la faculté représentative, lorsqu'on les provoque. Mais vouloir s'épiloguer, prétendre connaître la manière dont ces actes surgissent d'eux-mêmes dans l'âme sans être suscités (…), c'est un renversement de l'ordre naturel dans la faculté de connaître (…) c'est déjà ou une maladie de l'esprit (…), ou un acheminement à la folie93. »
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Dubreuil
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Message par Dubreuil »

Selon les plus récents travaux des « Freud scholars » (Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani), Freud n'aurait, en travaillant reclus dans son cabinet et en excommuniant systématiquement les critiques, bâti que « sa science privée », ainsi que des légendes autour de son personnage et de sa doctrine afin de mieux imposer l'objectivité de ses études et de ses résultats d'une part, et de rigueur et d'honnêteté de ses méthodes d'autre part. Freud aurait dissimulé ses inspirations de biologiste (jugées obsolètes, par Ernst Kris, l’un de ses plus ardents défenseurs), dans la conception de ses théories, afin de mieux donner l’impression d’une rupture scientifique radicale avec la psychologie de son temps, pour s’affirmer, en « pur psychologue » comme le nouveau « Galilée » de la psychologie. C'est donc ce travail de dissimulation de ses inspirations biologistes obsolètes qu'aurait opéré Freud, qui justifie le qualificatif de « cryptobiologiste de l'esprit », utilisé par Frank Sulloway dans son étude10. Toutefois, ce point de vue est critiqué, par Borch-Jacobsen et Shamdasani.

Les « Freud scholars » semblent unanimes sur le fait que Freud fut le seul témoin privilégié de la création de ses théories et de leur confirmation, et du traitement des grands cas censés être représentatifs de l'efficacité de sa méthode thérapeutique ainsi que de la validité des théories qui les sous tendent.

Les travaux des Freud scholars sont parfois qualifiés « d’insultants » ou « d'infamants », par des défenseurs de la psychanalyse. L'argument du complot, et de la « conspiration », revient aussi de façon récurrente dans les discours et les écrits des défenseurs de la psychanalyse,[réf. souhaitée] qui voient dans les critiques une « haine » contre Freud et la psychanalyse, donc de l'irrationnel qui ne peut être traité sur le front du discours rationnel et critique mais sur celui du symptôme94.

Critiques marxistes
Les marxistes, à part quelques exceptions notables comme Trotsky95, considéraient la psychanalyse comme une science bourgeoise. L’association psychanalytique russe a existé au début des années 1920 et s'est éteinte dans les années 1930 car la représentation conceptuelle freudienne du sujet clivé était incompatible avec le marxisme96. Toutefois, il y eut un courant intellectuel désigné sous le nom de freudo-marxisme dont les principaux représentants ont été les psychanalystes de la gauche freudienne : d'Otto Fenichel à Wilhelm Reich, ainsi qu'Erich Fromm et Herbert Marcuse. Mais c'est en France que s'effectua avec le plus de richesse la jonction entre l'idéal communiste et l'idée d'une subversion freudienne, avec le mouvement surréaliste et le double projet de révolution du langage et de la réalité. Freud manifesta toujours une hostilité, sinon au marxisme, du moins au communisme et surtout aux freudo-marxistes et aux surréalistes. Louis Althusser, en 1964, inaugura une refonte du marxisme, à partir d'une lecture largement inspirée des thèses freudiennesn 7.

Nazisme et psychanalyse
D'après Stephen Frosh97 deux thèses s'opposent et correspondent pour l'une à la destruction, pour l'autre à une continuité de la psychanalyse durant le régime nazi.

Allemagne
La pratique de la psychanalyse n'a pas disparu sous le régime nazi. Des psychanalystes non juifs ont continué à œuvrer au sein de l’Institut Göring98 dirigé par le psychiatre Matthias Göring, ou Boehm et Müller-Braunschweig.

France
Parmi les psychanalystes français, l'attitude politique des psychanalystes Georges Mauco99,100 et René Laforgue101 sont à étudier.

Critiques éthiques
Critiques thérapeutiques
Article détaillé : Évaluation des psychothérapies.
De plus en plus d'analyses et de recherches publiées à orientations historiques et épistémologiques mais aussi thérapeutiques102, remettent en question les résultats et la validité des méthodes employées par Freud, ses effets thérapeutiques, mais aussi, la probité scientifique et morale de celui-ci. Selon Mahony, « Dora », aurait été traumatisée deux fois : par son agresseur, puis par son thérapeute (Freud) :

« Sans exagération aucune, le cas, sa publication et l'accueil qu'il a reçu par la suite peuvent être qualifiés d'exemple de perpétuation de sévices sexuels. Dora avait été traumatisée, et Freud l'a traumatisée une nouvelle fois. Et pendant à peu près un demi-siècle, la communauté psychanalytique a, soit gardé un silence complice sur ces brutalités, soit ignoré celle-ci par adoration aveugle103. »

Judd Marmor constate :

« Selon le point de vue de l'analyste, les malades de chaque école semblent fournir les données phénoménologiques qui confirment précisément les théories et les interprétations de leur analyste ! Ainsi chaque théorie semble s'auto-valider104. »

Selon le Prix Nobel de médecine Eric Kandel, il y aurait des preuves irréfutables de l'efficacité des thérapies non psychodynamiques, alors que, selon lui,

« il n'y a pas de preuve irréfutable, à part des impressions subjectives, que la psychanalyse est meilleure que la thérapie non analytique ou le placebo. »

En France, le rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale sur l'évaluation des psychothérapies, demandé par les fédérations des usagers, suscita de très vives réactions d'indignation de la part des milieux favorables à la psychanalyse. En effet, ce rapport apporte la preuve d'une supériorité des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), dans la majorité des troubles mentaux, par rapport aux thérapies d'inspiration psychodynamique. Ce rapport fut retiré du site du Ministère de la Santé Publique. Il reste accessible sur le site de l'INSERM105.

L'accusation de subjectivisme, et de mensonges
L'accusation de subjectivisme semble bien étayée par les propres propos de Freud. Il écrit, dans Introduction à la psychanalyse, première partie, « Les actes manqués »106 :

« La conversation qui constitue le traitement analytique ne supporte pas d'auditeurs ; elle ne se prête pas à la démonstration. […] Vous ne pourrez donc pas assister en auditeurs à un traitement psychanalytique. Vous pouvez seulement en entendre parler et, au sens le plus rigoureux du mot, vous ne pourrez connaître la psychanalyse que par ouï-dire. […] Tout dépend, en grande partie, du degré de confiance que vous inspire celui qui vous renseigne. »

Les propres affirmations du Freud, paraissent s'accorder avec les critiques de Borch-Jacobsen et Shamdasani 107, où, après avoir décrit les « mensonges », les « assertions trompeuses », les « équivoques stylistiques » et les « silences intéressés », les auteurs soutiennent que : « […] Freud n'est plus un témoin fiable. Ou plutôt, il n'est qu'un témoin parmi d'autres, particulièrement douteux et partial étant donné les multiples bénéfices théoriques, pratiques, économiques et institutionnels qu'il retire de ses témoignages », et surtout qu'il n'aurait bâti qu'une « science privée » et « légendaire », en dehors de tout contrôle indépendant, donc selon une démarche diamétralement opposée à la vraie science.

Depuis quelques années, surtout depuis l'exposition Freud aux États-Unis, on assiste à une montée de critiques à caractère moral basées sur la personne de Freud (il aurait été un « menteur », un « charlatan », un cocaïnomane) et sur ce que cela implique en termes de validité scientifique.[réf. nécessaire]

Des historiens comme Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani dans « Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse », démontrent donc que toute la psychanalyse n'est que la « science privée » de Freud, et qu'elle ne peut, de ce fait, être considérée comme une science. À la suite de ce constat, les historiens démontrent qu'en détruisant, par l'analyse historique, les légendes protectrices et mensongères qui seraient destinées à protéger Freud et la psychanalyse de la prise de conscience de leur histoire réelle entièrement dépendante des mensonges freudiens, on porterait un coup fatal à la crédibilité de l'un et de l'autre. Ni Freud, ni « sa » psychanalyse ne résisteraient à « la police du passé » (Borch-Jacobsen).

Le livre Le Livre noir de la psychanalyse montre grâce aux travaux d'historiens[réf. nécessaire] qui ont pu retrouver des patients que Freud avait décrits dans ses livres en retrouvant leur vrai nom, que la plupart de ceux-ci n'étaient pas du tout guéris comme le prétendait Freud, mais que Freud utilisait ses publications pour promouvoir la psychanalyse et non comme un compte-rendu scientifique de ces « cures » psychanalytiques prétendument réussies.

Un mouvement parfois qualifié de « sectaire »
Même au sein des psychanalystes des voix s'élèvent sur le danger du sectarisme de la psychanalyse, lié au fait que, en France, les différentes écoles sont organisées en associations loi 1901 ce qui permet d'empêcher les voix divergentes d’une doctrine de s’exprimer. En plus le coût de la formation étant élevé et l’enseignement limité à quelques grandes villes, l’accès à la formation est difficile.[réf. nécessaire]

« Le mode d’organisation est à mi-chemin entre celui des sectes, des églises et corporations, ce qui engendre un coût psychologique écrasant : conformisme, croyance et discours clos108. »

Depuis le début, des voix se sont élevées qui rapprochaient la psychanalyse d'une secte. C'était le cas d'Alfred Hoche, psychiatre allemand, l'un des premiers critiques de la psychanalyse, qui écrivit en 1910 :

« De façon étonnante, un grand nombre de disciples, en partie carrément fanatiques, se sont ralliés à présent à Freud et le suivent où qu'il les mène. Parler à ce propos d'une “école freudienne” serait en réalité complètement déplacé, dans la mesure où il n'est pas question de faits scientifiquement probables ou démontrables, mais d'articles de foi ; en vérité, si j'en excepte quelques têtes plus pondérées, il s'agit d'une communauté de croyants, d'une sorte de secte (eine Art von Sekte) avec toutes les caractéristiques qui s'y rapportent. […] Le mouvement freudien est en fait le retour, sous une forme moderne, d'une Medicina magica, une sorte d'enseignement secret (Geheimlehre) qui ne peut être pratiqué que par des devins qualifiés109. »

D'autres critiques célèbres de la psychanalyse, tel Henri Ellenberger, portent le même jugement sur la psychanalyse (Voir par exemple, l'organisation d'un « Comité secret » par Freud, et la distribution d'un anneau aux fidèles, membres de ce Comité). Henri Ellenberger écrit :

« La psychanalyse est-elle une science ? Elle ne répond pas aux critères (science unifiée, domaine et méthodologie définie). Elle répond aux traits d'une secte philosophique (organisation fermée, initiation hautement personnelle, doctrine changeante mais définie par son adoption officielle, culte et légende du fondateur.» « Et encore ceci : Ce que Freud a introduit : […] retour au système « secte » antique : […] initiation de caractère plus qu'intime, sacrifices d'argent considérable[s], doctrine commune, culte du Fondateur. »

— Dans : « Les incertitudes de la psychanalyse », notes dactylographiées, Centre Henri Ellenberger, hôpital Saint-Anne, Paris

Lettre d'Eugen Bleuler à Sigmund Freud, 1er janvier 1912110 :

« S'il ne s'agissait que d'une association au même sens que d'autres, personne n'aurait pu trouver à y redire et elle aurait simplement été utile. Mais c'est le type d'association qui est néfaste. Plutôt que de s'efforcer d'avoir beaucoup de points de contact avec le reste de la science et d'autres scientifiques, l'Association s'est isolée du monde extérieur avec des barbelés, ce qui blesse tant les amis que les ennemis. […] Les psychanalystes eux-mêmes ont justifié les méchantes remarques de Hoche sur le sectarisme, qui à l'époque étaient injustifiées. »

Le problème des rapports à l'argent
La nécessité de payer les séances en liquide est considérée par certains critiques de la psychanalyse comme un indice de la vénalité des psychanalystes. Sigmund Freud était en effet déjà critiqué en son temps pour cette raison, notamment par les médecins viennois111.

Pour les psychanalystes, cette règle obéit à une théorisation précise : l'aspect concret de l'argent liquide lui permet d'être intimement relié à de nombreux motifs inconscients que la cure vise à rendre conscients afin qu'ils puissent y être élaborés.

Critiques de nature religieuse
Henri Baruk remarquait que « toute la psychologie moderne n'est qu'une négation, implicite ou explicite, de la conscience morale. » C'est ainsi que les critiques religieuses reposent soit sur des raisons morales, soit sur une vision idéale de l'humain qui ne peut intégrer la vision dualiste de Freud.

L'explication par le bas étant incompatible avec l'explication par le haut, l'Église catholique accuse la psychanalyse de justifier la fornication et de prétendre que tous les problèmes psychologiques auraient leur source dans une sexualité refoulée.
Le prêtre franciscain Agostino Gemelli écrit dans Psicoanalisi e Cattolicismo (1950) que les théories de Freud sont inacceptables pour l'église catholique. Pie XII a explicitement condamné la technique psychanalytique dans son discours aux médecins neurologues du 13 septembre 1952 :
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Message par Dubreuil »

« Pour se délivrer de refoulements, d'inhibitions, de complexes, psychiques, l'homme n'est pas libre de réveiller en lui, à des fins thérapeutiques tous et chacun de ces appétits de la sphère sexuelle, qui s'agitent ou se sont agités en son être et roulent leurs flots impurs dans son inconscient ou son subconscient. Il ne peut en faire l'objet de ses représentations et de ses désirs pleinement conscients avec tous les ébranlements et répercussions qu'un tel procédé entraine. Pour l'homme et le chrétien, il existe une loi d'intégrité et de pureté personnelle. L'estime personnelle de soi interdit de se plonger aussi totalement dans le monde des représentations et des tendances sexuelles. »

« Il n'est pas prouvé, il est même inexact que la méthode pansexuelle d'une certaine école de psychanalyse soit une partie intégrante indispensable de toute psychothérapie sérieuse et digne de ce nom. »

Le yogi indien Sri Aurobindo, répondant à une question posée par un de ses auditeurs, en 1936, s’est montré très critique à l’égard des travaux de Freud. Il n’aborde pas le sujet sous l’angle des valeurs morales. Ainsi, lorsqu’il emploie les mots «purification» et «impur», il ne sous-entend pas les notions de bien ou de mal, mais celle d’effort à réaliser sur soi-même pour se perfectionner, dans le cadre de la pratique de ce qu’il appelle le «yoga intégral»:
« Your practice of psycho-analysis was a mistake. It has, for the time at least, made the work of purification more complicated, not easier. The psycho-analysis of Freud is the last thing that one should associate with Yoga. It takes up a certain part, the darkest, the most perilous, the unhealthiest part of the nature, the lower vital subconscious layer, isolates some of its most morbid phenomena and attributes to it and them an action out of all proportion to its true role in the nature. (…) Moreover, the exaggeration of the importance of suppressed sexual complexes is a dangerous falsehood and it can have a nasty influence and tend to make the mind and vital more and not less fundamentally impure than before. »

— Sri Aurobindo, Bases of Yoga, 1936, p. 218, 112.

« Votre pratique de la psychanalyse était une erreur. Elle a, pour le moment du moins, rendu le travail de purification plus compliqué, pas plus facile. La psychanalyse de Freud est la dernière chose que l'on devrait associer au yoga. Elle occupe une certaine partie, la plus sombre, la plus périlleuse, la plus malsaine de la nature, la couche vitale inférieure du subconscient, isole certains de ses phénomènes les plus morbides et leur attribue une action hors de proportion avec son véritable rôle dans la nature. (…) De plus, l'exagération de l'importance des complexes sexuels refoulés est un mensonge dangereux qui peut avoir une influence néfaste et tendre à rendre l'esprit et le vital, non pas moins mais plus fondamentalement impurs qu'auparavant. »

— Sri Aurobindo, Bases du Yoga, 1936, p. 218.

La psychanalyse dans l'institution judiciaire
Une tribune publiée dans L'Obs et signée par soixante psychiatres et psychologues, « appelle à exclure l’approche freudienne des expertises judiciaires et de l’enseignement à l’université », elle a été initiée par Sophie Robert qui affirme qu'« il est insupportable d’entendre des “experts” judiciaires prétendre que les bébés ont des “intentions” sexuelles, mettre en cause le désir des victimes d’agressions sexuelles, d’inceste ou que des parents d’enfant autistes se voient retirer la garde de leurs enfants au nom de pseudo-expertises ! »113. Une tribune de psychanalystes également psychologues et psychiatres, intitulée « La psychanalyse est une science à part entière » a été publié en réponse par le même magazine : « Jamais un juge ne fait appel à un psychanalyste. Le juge prend le conseil d’experts assermentés qui sont des psychiatres ou des psychologues. Il ne s’occupe pas de leurs références scientifiques : ce sont en règle générale celles de la psychiatrie classique »114. Une autre tribune, intitulée « La psychanalyse exclue de la cité » du Séminaire Inter-Universitaire Européen d’Enseignement et de Recherche en Psychopathologie et Psychanalyse qui regroupe plus de deux cents professeurs et maîtres de conférences en psychopathologie et psychologie clinique, a également été publiée par le même magazine et affirme que les auteurs de la première confondent « impunément opinion et réflexion, propos idéologique et rigueur scientifique » visant à une « épuration » qui a pour « enjeu précis [...] les actuelles élections et nominations au Conseil National des Universités (CNU) »115.

Critiques psychologiques
Dans les années 1920, une critique plus scientifique116 a émergé, en particulier chez Lev Vygotskin 8. Ses critiques, qui ne remettent pas en cause l'existence de l'inconscient, ni la sexualité infantile, portent sur trois points principaux :

la psychanalyse donne une place trop exclusive à l'inconscient : ne pas prendre en compte les éléments conscients dans l'expérience vécue entraîne à négliger l'activité sociale ;
la psychanalyse donne trop d'importance explicative à la structure des conflits de l'enfance : ne pas prendre en compte les événements ultérieurs dans la biographie de la personne empêche de comprendre l'articulation, éventuelle, des conflits actuels et de leurs sources avec les conflits qui se sont déroulés dans l'enfance ;
la psychanalyse réduit trop toutes les manifestations psychiques à la sexualité.
Vygotski conclut sa critique par :

« Ainsi la méthode psychanalytique attend encore sa véritable application pratique, et l'on peut seulement dire que cette application doit concrétiser dans la réalité et dans la pratique les immenses apports théoriques de valeur que renferme cette théorie117. »

Critiques de la métapsychologie

Ian Hacking.
D'autres critiques, comme celles de Ian Hacking, portent sur « la fragilité du concept de mémoire », fruit d'une longue construction historique, et donc par extension, du concept d'inconscient.

Critiques de l'école française de psychologie clinique
Pierre Janet représentant de cette école, est l'un des premiers français à critiquer la psychanalyse, en tant qu'elle n'apporterait aucun vrai concept nouveau, et sa seule nouveauté serait le trop fort poids qu'elle donne à la sexualité. Janet serait précurseur de Freud sur nombre d'idées relatives à l'hystérie ou aux traitements psychologiques. Il reprochait notamment à Freud son utilisation du symbolisme :

« Ce qui caractérise cette méthode [psychanalytique], c'est le symbolisme, un événement mental peut toujours, quand cela est utile à la théorie, être considéré comme le symbole d'un autre. La transformation des faits, grâce à toutes les méthodes de condensation, de déplacement, d'élaboration secondaire, de dramatisation peut être énorme, et il en résulte qu'un fait quelconque peut signifier tout ce que l'on voudra. […] C'est […] une conséquence de la confiance des auteurs dans un principe général posé au début comme indiscutable, qu'il ne s'agit pas de démontrer par les faits mais d'appliquer aux faits. »

— Pierre Janet118.

Michel Cariou, auteur contemporain de cette école, spécialiste d'Henri Wallon, relève le paradoxe de la psychanalyse. Pour lui, la psychanalyse constate que la sexualité humaine est passée d'un but de reproduction à celui de jouissance, et ainsi est sous-tendue par le concept de pulsion plutôt que par celui d'instinct. En effet, « c'est probablement le paradoxe de la psychanalyse que d'avoir accordé tant de place à ce vécu conscient », sachant que « nous savons bien que la conscience n'a pas pour fonction de nous informer des processus par lesquels s'organise notre fonctionnement »119. Il dénonce également « l'anthropomorphisme » de nombre de théories en psychologie, qui, chez Freud, ont pris la forme d'une théorisation basées sur des concepts tels que la jouissance et la sexualité, qui sont en fait des « évidences d'adultes » répercutées sur l'enfant120.

Critiques behaviouristes, cognitivistes et des neurosciences
Kandel

Eric Kandel, prix Nobel de médecine.
Le prix Nobel de médecine Eric Kandel, qui reçut initialement une formation de psychiatrie pour en venir aux neurosciences considère que :

« Si elle veut fournir une contribution importante à notre future compréhension de l’esprit humain, la psychanalyse doit réexaminer et restructurer le contexte intellectuel dans lequel ses travaux sont menés, et développer une approche plus critique dans la formation des psychanalystes de demain121. »

« Ainsi, à l’inverse de formes variées de thérapies cognitives et d’autres psychothérapies, pour lesquelles des preuves objectives et irréfutables existent maintenant — à la fois en tant que thérapies isolées ou en tant qu'additions au traitement pharmacologique — il n'y a pas de preuve irréfutable, à part des impressions subjectives, que la psychanalyse est meilleure que la thérapie non analytique ou le placebo. »

— Eric Kandel, 1999121

Autisme
Article détaillé : autisme en psychanalyse.
Dans certains pays comme la France, les théories psychanalytiques sont employées dans des hôpitaux pour diagnostiquer et traiter les maladies mentales et les troubles envahissants du développement, ce qui conduit à des prises en charge inefficaces et inadaptées122, en contradiction avec les recommandations de l'OMS et de la Haute Autorité de Santé, notamment concernant l'autisme, considéré comme une psychose infantile par la psychanalyse123 et non comme un syndrome neurologique[source insuffisante].

Rêve
Le modèle freudien des rêves n'est plus accepté par les différents courants scientifiques depuis 1916 quand Carl Gustav Jung publiait ses recherches sur les rêves124. La psychanalyse accorde pourtant une importance tout à fait centrale au rêve et à son interprétation, tant pour la justification de la théorie du refoulement inconscient (la « clé de voûte » de la psychanalyse, selon S. Freud) que pour la formation des analystes125.

Pour les détails sur les différentes positions concernant le rêve et son interprétation voir

Articles détaillés : rêve et interprétation des rêves.
Refoulement
Autre pierre de touche de l'édifice freudien, la théorie du refoulement considérée par Freud comme la « clé de voute » de toute la psychanalyse ; les souvenirs enfouis dans notre mémoire ne sont pas des souvenirs figés, chose absolument nécessaire au fondement de la théorie du refoulement freudien et à son inconscient :

« Le cerveau n’est pas un organe passif qui ne fait qu'enregistrer des stimuli et les comparer avec l'information déjà emmagasinée. L'esprit est la conséquence des interactions dynamiques entre le cerveau, le corps et l'environnement. (…) Le cerveau ne prend pas de photographies. Au contraire, il les fabrique. Le cerveau, (…) participe activement à la fabrication des images visuelles, selon ses propres règles et ses propres programmes. (…) Le dogme selon lequel le cerveau ne peut pas produire de nouveaux neurones à l'âge adulte risque d'être fortement remis en question par une récente découverte : de nouveaux neurones naissent apparemment dans des aires cruciales pour l'apprentissage et la mémoire. La théorie des souvenirs figés était basée sur le dogme biologique selon lequel aucun nouveau neurone n’est produit après la naissance. »

— Israël Rosenfield126.

Behaviourisme
Le Béhaviorisme, concept d'origine américaine, né de John Broadus Watson, s'est toujours opposé à la psychanalyse et il a trouvé l'appoint du cognitivisme. Les neurosciences progressent actuellement grâce aux nouveaux moyens dont les chercheurs disposent sur le plan technique : imagerie cérébrale fonctionnelle: IRMf, TEP-scan, électroencéphalographie, Électroencéphalographie quantitative, magnétoencéphalographie, stimulation trans-crânienne, etc. Cette mouvance soit conteste globalement la psychanalyse soit tente d'en démontrer les fondements en visualisant des activités cérébrales qui ressembleraient à ce que Freud a décrit.

Dans Le Livre noir de la psychanalyse, Joëlle Proust, directrice de recherche au CNRS, écrit :

« les neurosciences ne reprennent aucun des concepts de la psychanalyse dans leur analyse de l'anatomie et de la physiologie du cerveau, pas plus que la psychologie expérimentale ou la psychologie de l'enfant, pas plus non plus que la neuropsychologie cognitive127. »

Classification
Ce courant, comme la psychiatrie, a trouvé préférable, au début des années 1980, de se référer pour le diagnostic à des classifications descriptives unificatrices, pouvant également servir de base à des travaux scientifiques qualifiés de qualité. Ainsi le concept de névrose a été remplacé par d'autres catégories diagnostiques, comme celles des troubles anxieux et des troubles de l'adaptation dans les dernières classifications internationales (CIM-10 et DSM-IV).

Autres critiques
Les humoristes ont souvent été à même de résumer d'un trait les critiques à l'encontre de la psychanalyse. Le Viennois Karl Kraus, dans une formule lapidaire, et que vient confirmer la critique scientifique, donne « la meilleure des critiques de Freud » selon le biographe Emil Ludwig :

« Qu'est-ce que la psychanalyse ? Une maladie qui a la prétention de guérir les hommes128. »

Erreur
Le texte de Freud Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci129, quoique étudié en esthétique, en histoire de l'art et en arts plastiques, se fonde sur une erreur de traduction, comme l'a démontré un historien de l'art130,131 dès 1923. Léonard de Vinci parle du fait qu'un milan (l'oiseau) s'était posé sur son berceau. Freud, qui ne disposait que d'une traduction allemande erronée d'un roman russe évoquant les mots de Léonard, fait un long développement sur la figure maternelle et le vautour et y trouve l'explication de l'homosexualité de Vinci. Cet exemple est considéré comme représentatif par les critiques quant au manque de rigueur de Freud face aux faits.

Misogynie
Freud est parfois accusé de misogynie, laquelle serait liée au fondement même de ses théories132 :

« Freud concevait la femme comme une triste copie de l’homme, inexorablement obnubilée par le “complexe de castration”. »

Cette thèse est contestée par la psychanalyste Monique Schneider dans ses écrits133.

Abus sexuels
Alice Miller a reproché à certains psychanalystes de l'Association psychanalytique internationale d'avoir nié la réalité des abus sur les enfants : « On ne m'a pas exclue de l'Association psychanalytique ; c'est moi qui me suis écartée d'une école après l'autre à mesure que m'apparaissaient clairement le traditionalisme de leur point de vue et leur refus de prendre en compte la souffrance de l'enfant »134,135.

Homosexualité et homophobie
La théorie freudienne de l'homosexualité, qui veut que celle-ci se développe selon l'Œdipe de l'enfant, a été largement abandonnée dans la psychologie moderne[source insuffisante], en faveur de la théorie des hormones prénatales (en).

Selon Didier Eribon, la psychanalyse a véhiculé une image dépréciative de l'homosexualité, développant une vision hétérosexiste et patriarcale de la sexualité, et certains de ses représentants ont tenu des propos ouvertement homophobes, tel Lacan136. Cependant, le psychiatre et psychanalyste Albert Le Dorze rapporte que, selon le sociologue et spécialiste de théorie queer Javier Sáez del Álamo (es), « [Lacan] accueille les homosexuels sans réticence ne cherchant pas à les transformer en hétérosexuels137. » Le Dorze remarque aussi que, selon le philosophe et spécialiste de théorie queer Tim Dean (en), « la théorie lacanienne permettrait le démantèlement d'une conception identitaire du sexe, à fortiori hétéronormée, ce contrairement aux affirmations de Didier Eribon138,139. »

Anna Freud est convaincue que l'homosexualité est une « maladie »c 4 et est accusée, comme d'autres disciples de Freud, d'homophobie141.

D'après Maxime Foerster, Anna Freud est à la fois lesbienne et homophobe142. Pour Annie Fortems, Anna Freud a un « discours quasi homophobe »143.

Selon Didier Eribon, le livre L'Anti-Œdipe de Deleuze et Guattari est « une critique de la normativité psychanalytique et de l’Œdipe […] » et « […] une mise en question dévastatrice de l'œdipinianisme144 ».

Au sujet de la paranoïa (et de l'homosexualité), le psychiatre américain Morton Schatzman publie un ouvrage145 dans lequel il montre que l'étude sur le Président Schreber (dans Cinq psychanalyses) et la théorie était très faible parce que le père de Schreber — « Daniel Gottlieb Moritz Schreber » — l'avait gravement persécuté dans son enfance.

Le docteur Henry Zvi Lothane a remis en cause146,147 l'hypothèse freudienne issue d'une analyse appliquée et non d'une analyse cl
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LES GENS QUI S'ECOUTENT PARLER

C’est un sujet qui peut être douloureux pour n’importe quelle équipe, quand un membre du groupe déborde systématiquement son temps de parole et "embolise" les réunions. Vous constatez que la personne en question (cochez la ou les cases correspondantes) :

déroule en boucle un discours qu’il ou elle ressert à toute occasion et que vous connaissez par coeur,
ne se préoccupe en rien de ce que son propos suscite chez les autres de réaction, feedback, association d’idées, élaboration,
pense que l'oreille d'autrui est comme le tonneau des Danaïdes, un récipient sans fond qu’on ne pourra jamais remplir (quoiqu’elle s’y emploie),
tient des propos qui devrait être adressés à d'autres destinataires, ou dans un autre contexte (y aurait-il une erreur quelque part ?)
coupe quiconque fait mine de parler, pour rajouter une « information importante » que vous devez absolument connaître,
se plaint interminablement,
Etc.
J’ai déjà raconté cette anecdote : un jour, après un très long entretien pendant lequel il avait été le seul à parler, je m’aperçus que mon interlocuteur n’avait cessé de se mirer dans la glace qui était dans mon dos. Il ne s’écoutait pas seulement parler, il se regardait aussi… (Indice : c'était un homme politique)

Face au mur de paroles

Toute plaisanterie mise à part, on sait que parler beaucoup est une manière très efficace pour ne rien dire. S’entourer d’un nuage de mots peut renvoyer à une stratégie inconsciente de camouflage, de protection contre le sentiment de vide qui adviendrait si d’aventure on devait se taire et écouter les autres…

C’est aussi une prise de pouvoir dans la relation : en "tenant le crachoir" on implique la prééminence de sa propre pensée, son importance. On rencontre ainsi le cas de leaders écrasants - voire tyranniques - foncièrement incapables de laisser à d'autres un espace de parole véritable, à moins d'y être forcés.

Monopoliser la part de voix

Dans le contexte d’une équipe, ou d’un collectif (mais aussi bien d’une famille), bref dans un système relationnel, ceux qui monopolisent la « part de voix » peuvent constituer un véritable symptôme. (Et d'où me vient, à cet instant, cette impression étrange que les plus bavards dans les organisations sont généralement - et contrairement à l'idée reçue... - des hommes ?) Pendant qu’ils histrionisent, tout le monde soupire, consulte son smartphone ou se regarde avec un sourire en coin, en attendant que ça se termine. Notez que si le problème perdure, c’est que chacun y trouve un certain bénéfice (vaut mieux que Machin pérore plutôt que de soi-même prendre la parole et dire une bêtise, ou : laissons Machin parler, puisqu'il est le chef, on ne va pas le contrarier, de toute façon c'est lui qui prend toutes les décisions). Il faudrait sans doute regarder à qui profite le crime, et comment cela permet à tout le monde d'éviter le changement. L'arbre bavard pourrait bien cacher la forêt qui n'en pense pas moins.

Le problème - il y en a au moins un - c’est que les personnes les moins loquaces sont souvent (mais pas toujours) celles qui ont un recul ou une sensibilité, une vision et des idées dont le groupe ne devrait pas se passer. En réunion, elles n'ont pas l'occasion de partager leurs pépites, puisqu'on ne leur donne pas explicitement la parole, et comme elles ne savent guère s’imposer en parlant plus fort ou par dessus les autres, ce sont pleins de morceaux d’intelligence qui partent à la trappe. Dommage !

Distribuer le tour de chant

Il faut rappeler ici que l'ingrédient principal des équipes qui fonctionnent est la sécurité psychologique. Elle se reconnaît à la sensation que chacun des participants a d'être libre de s'exprimer, en sachant qu'il ne va pas être interrompu et sera écouté avec attention, qu'il peut même se tromper, et que ses propos ne seront pas retenus à son encontre, pour autant qu'ils soient respectueux et en rapport avec l'activité commune. Une telle atmosphère suscite la diversité des avis, et permet ainsi l'expression de désaccords et de divergences qui peuvent ainsi être traités (plutôt que d'être étouffés, ou enterrés sous des consensus mous, et de provoquer à la longue des ressentiments sous-jacents).

Un bénéfice du coaching et de la facilitation des équipes est de créer des espaces pour que chacun puisse s’exprimer, en disposant du cadre nécessaire le faire d'une manière intelligible, en déployant un minimum sa pensée. Ce qui semble banal... et ne l’est pas tant que ça. Un processus de travail adapté permet de rééquilibrer les temps de parole. Surprise alors des membres de l'équipe, d'entendre tel habituellement silencieux exprimer des idées et avis pleins de bon sens ou d'originalité.

L'enjeu de la régulation du temps de parole

L'enjeu pour l'équipe sera d'apprendre à réguler par elle-même les dérives qui stérilisent les échanges, et interdisent un dialogue qui ouvrirait les conditions d'une bonne coopération. C’est sans doute en premier lieu le rôle du manager ou de l'animateur du groupe d’être attentif à distribuer le tour de chant, pour faire entendre d'autres solistes et d’autres mélodies que celles des plus bavards (qui devront de leur côté apprendre à aller à l'essentiel de leur propos - l'art de la synthèse est aussi un combat !).

Mais je crois que chacun doit se sentir co-responsable du temps de parole. Ce sont les conversations riches qui font les organisations efficaces ! Donc : mettons à l'ordre du jour nos manières d'échanger, pour faire les nécessaires réglages, si besoin. Utiliser le métalangage pour recadrer les échanges avec tact, ou simplement exprimer son désir d’entendre l’avis de tel ou tel qui ne s’est pas exprimé devrait suffire dans la plupart des cas (mais il faudra réinsister dans ce sens à la prochaine réunion, sans doute). Juste un peu de processus, en somme, additionné d'un zeste de fermeté, pour que la parole circule plus largement et que les mots reprennent leur sens, au bénéfice de tous.

Marc Traverson
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

JACQUES LACAN

«Jacques Lacan, passé présent» (Seuil, 2012) est un fécond échange de vues entre l’historienne psychanalyste Elisabeth Roudinesco et le philosophe marxiste Alain Badiou sur l’œuvre et la pensée du psychanalyste parisien. Mario Cifali, qui a lu leur livre, est très enthousiaste

Lacan aimé, Lacan haï, psychanalyste adulé, intronisé, censuré, rejeté, Lacan, le maître socratique qui réveille les esprits engourdis, est un penseur, de type nietzschéen, qui rénove l’œuvre freudienne.

Dans un ouvrage récemment paru*, l’historienne psychanalyste Elisabeth Roudinesco et le philosophe marxiste Alain Badiou n’échangent pas de vaines paroles à propos du fondateur de l’ex-Ecole freudienne de Paris; ils s’engagent dans un dialogue qui traite des rapports entre révolution subjective et révolution politique.

De leur relation personnelle à Lacan à leur lecture du drame contemporain, l’un et l’autre abordent désordres et décadences contemporaines, tout en fléchant les avancées du génial psychanalyste parisien. En sa compagnie, ils ne disent pas que l’unique solution est de changer de monde, ils disent que l’invention freudienne forge une interprétation de l’humain qui, dès lors qu’elle est reçue et entendue, ébranle le chacun-pour-soi où nombre d’individus de notre époque se réfugient.

Du Lacan qui dévoile les envers de la raison, qui manie le cristal de la langue tel un Mallarmé, qui adore les animaux, que les mystiques fascinent, qui admet l’essence de la spiritualité, que le destin des tragédies grecques frappe (en particulier Œdipe à Colone), au Lacan de la dissolution de son Ecole, ils retracent l’itinéraire du passant qui profère, au cours de son existence tumultueuse, une parole novatrice autant parmi les psychanalystes que les philosophes.

A chacun, Lacan fait entendre d’une voix nouvelle la subversion freudienne, la puissance du savoir d’un non-savoir. Homme de désir, en proie à l’insurrection qui fait rage depuis les abysses de son inconscient, il dénoue par la parole ce qu’il noue, questionne les évidences, dissipe les leurres et s’expose à l’altérité radicale – manière de se soustraire à la capitalisation du savoir.

Une différence de style et d’approche des troubles de l’âme distingue Lacan de Freud. Alors que Freud traite surtout des névroses, Lacan se plonge dans l’univers tourmenté de la psychose, de la folie féminine, de la logique paranoïaque, observe Roudinesco. Pour les deux psychanalystes, cure et pratique de la théorie ne sont jamais affaire de rigolade. La psychanalyse n’a de cesse de se heurter à l’impossible des aveuglements. Depuis sa création, elle est l’antidote à l’ignorance de soi.

Croire, comme on le fait de nos jours, que l’humain n’est qu’un amas de neurones, qu’une machine biologique qu’il suffit d’étudier et de modifier chimiquement, croire que l’on puisse de la sorte traiter de la souffrance en dédaignant et la vie de désir et la parole est absurde: c’est de la croyance du pire scientisme et non le savoir lumineux qui s’unit à la vérité du sujet.

Nul doute que Lacan en vie se serait révolté, comme le souligne Badiou, contre les abus de ce scientisme autant en psychologie qu’en psychiatrie. Nul doute qu’il aurait stigmatisé les thérapies comportementalistes et contesté la médicalisation à outrance des corps et des esprits.

Il n’y a rien de surprenant qu’il soit critiqué et calomnié par les réactionnaires, comme Freud le fut en son temps. L’essentiel n’est pas à cette enseigne. L’essentiel est au cœur de l’entreprise qu’il défend parce que la plus souhaitable: celle de la fouille psychanalytique, celle de la remise en question de soi.

Lacan ne s’est pas engagé dans le débat politique, comme Sartre le fit. Psychanalyste avant tout, sa vision est à la fois rebelle et dramatique sans être idéologique. Face au nouveau monde barbare, la psychanalyse qu’il incarne soutient les valeurs de l’universalisme freudien, disent Roudinesco et Badiou. Sa pratique autant que sa théorisation sont de l’anti-psychologie.

Non sans raison, Lacan ne cessa de critiquer l’Ego-psychology américaine; non sans raison il voulut plus d’inconscient, plus de réel pour triompher des impasses d’une psychologisation qui ne vaut guère mieux que la domestication comportementaliste des consciences.

Chez Lacan, déclare Roudinesco, «l’orientation ou l’aspiration vers le tragique est l’essentiel de la forme de retour à Freud qu’il revendique». En philosophie autant qu’en psychanalyse, cette aspiration mène aux puissances de la pulsion de vie et de mort. L’existence est une tragédie en soi. «Incipit tragœdia», écrit Nietzsche dans Le Gai savoir.

A tout bout de champ, le tragique habite Lacan. Lors de ses conférences, séminaires, vidéos ou écrits, il agit dans le souffle de sa pensée: il est le feu de son rite psychanalytique.

Badiou définit ainsi la stylistique de Lacan: elle participe de son identité de façon cruciale; elle se confond avec les méandres de l’inconscient; elle capture ce qui échappe à la conscience réflexive. Une magie du verbe poétise le discours du maître en même temps qu’elle l’engendre. «Ecouter ou lire Lacan, c’est entendre l’inconscient à pied d’œuvre, beaucoup plus que chez Freud», affirme Roudinesco.

Avec Lacan, nous sommes loin de ce qui manque aux puissantes sociétés psychanalytiques bureaucratisées: une âme, une passion, une fine intelligence. Si Lacan s’est attiré leurs foudres, ce n’est pas pour rien. Aujourd’hui, la psychanalyse est mise en péril. Les psychanalystes assurent peu ou mal leur discipline.

Défendre l’œuvre freudienne réarticulée par Lacan est devenu, et non seulement de la part des psychanalystes, une affaire de civilisation et de culture: c’est un combat vital contre la dégradation des esprits.

Nul doute que Lacan, en vie, aurait contesté la médicalisation à outrance des corps et des esprits
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Message par Dubreuil »

LES FEMMES BATTUES

Du silence qui, depuis des siècles, entoure la vie privée à la médiatisation d'aujourd'hui, la violence conjugale est devenue, depuis quelques années en France, un fait reconnu. Les femmes, le public, les médias, les travailleurs sociaux, les médecins… tout le monde s'interroge et beaucoup semblent y être plus sensibles qu'auparavant.

Bien qu'elle soit rattachée aux autres formes de violence qui sévissent dans la société, la violence conjugale s'en distingue en raison de son caractère particulier. Pour un grand nombre de femmes, le domicile n'est plus un lieu de paix et de sécurité, mais l'endroit où elles sont quotidiennement confrontées au mépris et aux agressions de tous ordres : physiques, c'est ce que chacun s'entend à comprendre spontanément, mais il faut aussi concevoir ces violences dans l'ordre sexuel et surtout psychologique, violences verbales qui n'en sont pas moins éprouvantes et destructrices pour la victime.

La cellule familiale qui est, par vocation, le lieu de protection de l'intimité peut être aussi celui de la domination et de la violence commise dans le secret, protégé par la honte et le sentiment de culpabilité des victimes. Les violences conjugales se déroulent dans la majorité des cas au domicile du couple. Elles s'inscrivent dans la problématique plus large de la violence faite aux femmes. Il ne s'agit pas ici de nier le fait que certains hommes subissent la violence de leur conjointe. Pourtant, j'ai choisi d'aborder le thème de la violence conjugale à l'égard des femmes parce que ce phénomène les concerne dans la majorité des cas.

La question de la violence conjugale
La violence conjugale est très particulière ; d'abord, elle ne surgit pas par hasard, elle implique l'usage de la force et de la menace. Le geste violent est une stratégie qui vise une fin. Il constitue un abus de pouvoir au niveau des intentions poursuivies (contrôler, dominer, insulter, menacer, gifler, tuer…).

Daniel Welzer Lang définit la violence conjugale comme étant « l'utilisation paralysante et destructrice du pouvoir par lequel une personne impose à une autre sa vision de la vie, la contraint à la renonciation de toute idée, tout désir en opposition aux siens et l'empêche de penser et d'être elle-même ».

Manifestation des violences conjugales
Coups de poing, gifles, humiliations ou menaces verbales, la violence endosse plusieurs formes. Il existe cinq expressions de la violence conjugale 
BAUDIER M., De l'amour à l'enfer domestique, « Le nouveau…: verbale, psychologique, physique, économique et sexuelle ; comment la reconnaître ? La violence conjugale recouvre de nombreux actes et comportements, pas seulement des coups. On peut dégager différents types de violence plus ou moins difficiles à repérer avec des conséquences différentes.

La violence verbale 
RINFRET-RAINOR M., CANTIN S., Recherches sur la violence faite…
Elle consiste à intimider une personne par des menaces. Les violences verbales réfèrent plus au débit de paroles, à la violence perçue dans la voix et les cris, c'est-à-dire au mode de communication. La violence verbale peut se traduire par des interdictions, du chantage, des ordres.

La violence psychologique
Toute action qui porte atteinte ou qui essaie de porter atteinte à l'intégrité psychique ou mentale de l'autre (estime de soi, confiance en soi, identité personnelle) sera qualifiée de violence psychologique. Souvent subtile, cette forme de violence est difficile à identifier, pourtant elle atteint d'autant plus les femmes qu'elle s'attaque à leur image. En effet, elles sont conditionnées à définir leurs valeurs personnelles à travers le regard des autres (en particulier celui des hommes).

La violence verbale et la violence psychologique jouent principalement sur la peur et la dégradation de l'image de soi, elles sont très destructives et conduisent à l'anéantissement progressif des désirs et de la volonté des femmes qui doivent céder la place aux exigences de l'homme tout-puissant [4]

Ces deux formes de violence permettent à l'agresseur, sans porter aucun coup, d'atteindre le but recherché : créer une tension insupportable pour sa conjointe, maintenir un climat de peur et d'insécurité, atmosphère propice pour inciter l'autre à se conformer aux exigences de son partenaire par terreur de voir la situation s'aggraver davantage. Selon les études de chercheurs nord-améri-cains, les violences psychologiques et verbales sont encore plus dévastatrices sur le plan personnel que les violences physiques.

La violence physique
Il s'agit de l'ensemble des atteintes physiques au corps de l'autre dans le but de lui faire mal. L'homme arrive à la violence physique lorsque ses cris, menaces ou sarcasmes ont échoué, que sa compagne manifeste encore trop d'indépendance et qu'il ne réussit donc pas à contrôler tous ses comportements. Il passe donc à la brutalité, aux coups, à la contrainte physique. C'est la forme la plus identifiable puisqu'elle laisse des traces visibles. Elle renvoie à l'image traditionnelle des femmes battues. Les coups portés peuvent laisser des séquelles irrémédiables et mettre des femmes en danger de mort.

La violence économique
Elle se définit comme le contrôle économique ou professionnel de l'autre. Ces formes sont multiples, certaines personnes ne disposent pas de carnets de chèques ou de cartes bancaires alors que, pour d'autres, le mari (ou le compagnon) contrôle les talons des carnets de chèques. Dans certains couples, les revenus féminins sont pratiquement nuls, la femme est entièrement dépendante des revenus du conjoint et les aides publiques, notamment en ce qui concerne les enfants, sont souvent versées au compte du chef de famille.

La violence sexuelle
Les violences sexuelles correspondent au fait d'imposer, par la peur ou la force, son désir sexuel à sa partenaire. Les femmes qui en sont victimes se trouvent dépossédées de leur corps. Ce type de violence est le plus difficile à exprimer pour les femmes ; pour cela, elles doivent lever à la fois le tabou des violences et celui de la sexualité.

Violences psychologiques, verbales, physiques, économiques et sexuelles, ce rappel des diverses formes que prend la violence conjugale permet d'en percevoir la gravité et l'ampleur. Le fait qu'une femme ne présente pas de blessures physiques ne signifie pas qu'elle n'ait été ni battue ni violentée. Quelle que soit la forme que prend la violence conjugale, elle a toujours pour effet de détruire. Pour comprendre cet effet, il faut se représenter le cycle de la violence conjugale et d'en mesurer l'impact sur la famille.

Les cycles de la violence conjugale La violence s'installe progressivement dans le couple et se développe à travers des cycles dont l'intensité et la fréquence augmentent avec le temps ; ce sont les hommes qui initient chacune de ces étapes du cycle de la violence. L'accumulation cyclique de la tension débouche sur des voies de fait. Selon la psychologue Léonore Walker (The battered woman,1979), le cycle de la violence comprend trois phases qui peuvent varier en durée et en intensité.

La phase d'accumulation
DUTTON D., De la violence dans le couple, Éd. Bayard, 1996,… n'est pas perceptible par l'entourage. Chaque fois que leur humeur sombre commence à reprendre le dessus, la plupart des violents cycliques suivent ce processus, une peur viscérale, un sentiment de vulnérabilité pointe derrière la mauvaise humeur et les soucis. Les violents cycliques ont une conscience d'eux-mêmes particulièrement fragile ; dans cet état communément désigné sous le nom de tension antagoniste, l'individu est agité, tendu surexcité, il est incapable de rester en place et sent qu'une force interne va l'emporter, il est prêt à tout pour se débarrasser de ce malaise croissant. Chez certains hommes violents, des états de ce genre succèdent à un déclencheur, chez d'autres, tout se passe dans la tête sans qu'aucune cause extérieure n'intervienne. L'explosion de la violence
Les femmes maltraitées décrivent souvent leurs maris comme des individus sujets à des crises ; leur fureur paraît disproportionnée par rapport au « déclencheur » comme si leur vie était menacée. La crise éclate quand l'individu a la sensation que son identité est minée.

L'homme violent traverse une phase d'altération, un état dissocié dans lequel son esprit semble se séparer de son corps; la conscience s'altère, les contraintes sociales tombent et une accumulation en spirale débouche sur l'agression.

Aux prises avec la violence de son conjoint, la victime comprend très vite qu'il ne sert à rien de s'échapper; elle apprend à se dissocier de son corps. Après les coups, les réactions de la victime sont celles des personnes touchées par une catastrophe naturelle : effondrement psychologique pendant un ou deux jours, suivi de symptômes d'angoisse « post-traumatique » comme l'apathie, la dépression, et un sentiment d'impuissance. Par la suite, les victimes ont tendance à s'isoler quelque temps pour laisser se cicatriser leurs blessures physiques et mentales et éviter la honte de se montrer défigurées à des amis.

La phase des remords
La phase de remords intervient une fois que la violence a éclaté et que la tension s'est dissipée. Cette étape peut entraîner toute une gamme de comportements, depuis la négation pure et simple de ce qui s'est passé, jusqu'à des remords et des promesses d'amendement. Souvent les hommes sujets à ce genre de cycles font pression sur leur entourage (y compris les enfants) pour plaider leur cause; ils comptent sur le sentiment de culpabilité de leur femme et la présentent comme leur seul espoir. Sans elle, la vie serait réduite à néant; ils adoptent un comportement infantile. Ils se convainquent et persuadent les autres que les actes de brutalité vont cesser. « La phase de remords ne dure pas éternellement, elle touche à sa fin dés que l'homme est repris par son angoisse, son sentiment de vulnérabilité qui annonce le retour imminent d'une violence

C'est parce que la violence agit comme un cercle vicieux qu'il est extrêmement difficile d'en sortir. Il ne faut pas croire que les femmes violentées restent parce qu'elles aiment être battues et humiliées ou parce qu'elles sont indifférentes. C'est au regard de toute cette complexité que peut se comprendre l'attitude parfois incertaine, contradictoire, des femmes victimes de violences conjugales.
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