Urgent, c'est le tournant de ma vie

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Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

[quote="Dubreuil"]L’interdit de l’inceste
1995- in INFORMATIONS SOCIALES (CNAF), Les figures de la parenté, N°46, 1995.
Denis Vasse, psychanalyste

C’est en 1968 que, dans le secret du cabinet de l’analyste, j’ai été interrogé avec le plus de violence sur le bien-fondé de l’interdit de l’inceste. Je ne m’étais jamais posé la question de savoir pourquoi cet interdit était fondamental, en quoi il était fondateur de la loi des hommes et comment en tant que tel, il avait une portée universelle. Respecté, en effet, il organise comme un principe l’action et le devenir humains, si la loi n’obéit pas à ce principe, l’espèce humaine se trouve menacée ?
J’entendais dire que l’interdit de l’inceste et la problématique oedipienne étaient une affaire de culture et qu’après tout prendre du plaisir avec sa mère ou son fils (jeu avec le sexe du père, bain avec le fils, etc.) n’était pas si catastrophique que cela. Tout ce qui mettait obstacle à l’immédiateté du plaisir était considéré comme entrave à la liberté. L’heure d’une liberté absolue indépendante de toute condition avait sonné. L’objet du plaisir prenait la place de l’Autre du désir, l’Autre comme origine du désir.
A l’époque, on pouvait lire : « il est interdit d’interdire », mais la voix du divan m’apprenait au même moment que s’instaurait par là la tyrannie la plus aveugle : celle du plaisir sans limite. A l’analyse des effets de la loi fondée sur l’interdit de l’inceste, nous apprenons qu’il est bien autre chose qu’un plaisir arbitraire d’interdire le plaisir. J’étais bien placé pour entendre à quel point l’absence ou la transgression de l’interdit de l’inceste entraînait dans la spirale du mutisme et dans l’enfer d’une vie déniée dans l’acte même où elle se donne : entre l’homme et la femme, en eux.
Je réalisais que l’interdit venait heurter de front la tendance à l’inceste inhérente à l’amour du premier objet : la mère.

Une tendance universelle
Il existe une tendance universelle vers l’inceste qui conduit l’enfant dans l’élan de son amour vers ses père/mère/frère/sœur/. L’enfant naît d’un père, d’une mère et de leur alliance, de la parole qui est née , et qui naît entre eux et dans laquelle nous somme fils ou fille, inscrit dans la généalogie de droit et non seulement dans une succession de fait. Les parents ne sont pas à l’origine de la vie mais ils sont la figure de son commencement. L’axe de la vie est orienté par la parole qui détourne le sujet de son engloutissement répétitif dans le même et l’ouvre à l’altérité du désir.
L’espèce humaine doit son être à la parole en acte qui spécifie l’homme de génération en génération. Or, quand personne n’interdit l’inceste, il n’y a plus filiation, mais reproduction. La filiation est le lien qui unit un individu à son père et à sa mère : tout en l’inscrivant dans la suite des générations, elle le réfère à l’origine qui n’est pas réductible à son commencement, à sa mère ni même à la combinaison de ses parents. Par son nom, il est référé à la parole originaire, et c’est elle qui, au même titre que son père et que sa mère, spécifie le fils en tant qu’homme.
La perturbation de cette filiation provoque le trouble dans l’espèce humaine : elle fait de la parole et de sa promesse un mensonge. Si le don de la parole ne s’incarne plus dans la génération, l’homme perd en perdant sa qualité de fils.

Le non-interdiction de l’inceste met l’homme dans la situation périlleuse de vivre une vie qui ne serait pas la sienne en vérité. La tendance incestueuse est inhérente à l’homme qui cherche dans l’immédiateté objective la satisfaction de ses pulsions. Quand il en est ainsi, il n’y a plus d’altérité, le désir s’éteint et le Sujet avorte. L’homme ne serait plus qu’un moi-ma-mère ou un moi-mon-père ou un moi-mon-fère. Ainsi posé dans le champ primordial des objets, l’interdit a une fonction : celle d’ouvrir le besoin de l’homme. Il l’ordonne au réel, à l’au-delà de l’imaginaire, à ce au-delà du principe de plaisir que Freud, le premier, met en évidence dans la structure de l’homme.

Où commence l’inceste ?
Soumettre la génération à l’ordre du plaisir revient à nier le lien d’une filiation tissée entre le plaisir et la position du sujet parlant. Si le fait que « ça parle » inscrit, dès le commencement, le corps de l’homme dans la dimension de l’altérité et la différence – celle du désir -, tout ce qui, dans l’homme, détruit cette dimension fausse la transmission de la vie. Elle l’enferme dans une image en le rabattant sur le même, dans la confusion du réel et de l’imaginaire.
Est incestueux, en définitive, tout ce qui trouble la suite des générations et n’autorise pas la parole à se manifester dans la chair en tant que rapport du sujet à l’Autre et/ou à l’origine.
A la question : où commence l’inceste, qui est fréquemment posée, on pourrait dire que cela commence quand les sensations de l’enfant ne sont référées qu’au plaisir, celui de la mère ou le sien, au lieu de l’être à ce qu’il est, à son nom. Ou si l’on veut, au nom du père. L’inceste commence à cet endroit là. Mais tout n’est pas égal et il y a des degrés de gravité quant à la répercussion de la libido au sein de la structure.
De toute façon, la plus grave se situe au stade précoce quand la chair est touchée à un niveau préverbal, là où le bébé n’a pas pu crier, là où ce qu’il éprouve n’a pas été symbolisé dans un langage qui lui donne un statut de droit, un statut d’être parlant. Alors il ne peut répondre à et de son nom : il est le prisonnier d’un labyrinthe de sensations qui ne le mène jamais nulle part ailleurs que là où elles se répètent indéfiniment dans la succession des coups, des accidents, des agressions sexuelles dont il ne peut pas naître comme sujet.

La limite et l’interdit
L’interdit symbolise la limite. Il lui donne sens. En articulant la limite au désir du sujet – qu’il respecte ou qu’il transgresse – l’interdit donne à l’homme le droit de vivre à sa place, dans un corps qui est le sien. La loi qui régit l’univers donne à chacun sa place au milieu des autres et dans le monde. Quelle que soit la langue dans laquelle elle s’exprime, la loi des hommes trouve son fondement dans l’interdit de l’inceste.
On voit qu’à travers toutes les modalités culturelles qu’il peut revêtir, l’interdit de l’inceste fonde la loi spécifique de l’humanité. Avec lui le langage de chacun s’articule à la spécificité originaire de genre humain : la parole.
La limite en tant qu’elle concerne un sujet est dite marquée d’un interdit proféré par un autre. Si la limite matérialise la différence objective, l’interdit, lui, en fait le signe d’une différence subjective, le lieu de la manifestation du désir et de l’altérité. En tant que lieu d’un interdit, la limite renvoie à la loi à laquelle un homme doit obéir ou désobéir. C’est de ce fait qu’il est sujet, « parlêtre ». S’il en est ainsi, toute règle renvoie à l’interdit fondamental de l’inceste qui réfère chacun à la vérité d’une filiation, à son nom et à la place qu’il lui donne dans la génération et non à l’intensité des sensations qu’il éprouve.

En référence à LA MAISON VERTE de Dolto.
Parmi les limites interdites qui le structurent, une ligne de couleur sur le sol délimite une zone que les jouets à roues sur lesquels les enfants montent n’ont pas le droit de franchir. Pour franchir cette ligne et rejoindre sa mère, par exemple dans l’autre salle, le conducteur doit se désolidariser de son véhicule pour rencontrer l’être vers lequel son élan le pousse. N’y a-t-il pas déjà, là, la symbolisation de la différence entre le sujet et l’objet, entre l’enfant et le jouet dont il jouit, et la différence subjective entre sa mère et lui. C’est la loi !
Une maman dont le petit était né d’un homme marié par ailleurs et qui aurait pu être son propre père, avait trouvé cette règle insupportable. Elle trouvait qu’il était néfaste d’imposer des limites aux enfants et prônait une liberté absolue. Elle a quitté " la Maison verte " avec son fils, Olivier, dans l’intention de n’y revenir jamais.
Six mois après cette sortie, la mère et l’enfant reviennent : la vie est devenue infernale à la maison, Olivier touche à tout et la rend « chèvre ». Il n’y a plus de limite à son agitation. Le père laisse faire…, jusqu’à l’explosion de colères brutales. Malgré la complicité qu’elle tente d’avoir avec son fils, la violence s’est emparée des rapport familiaux et elle ne sait plus comment faire, livrés qu’ils sont tous les deux à l’alternance d’une tendresse incestueuse et d’une exaspération réciproque qui ne l’est pas moins.
Olivier, lui, a vite retrouvé son jeu favori avec une petite voiture : franchir la ligne. A chaque fois, l’un des accueillants lui rappelle l’interdit. A un moment, Olivier tente encore de le faire et sa mère, pleine de bonne volonté, lui fait remarquer qu’il n’a pas à franchir la ligne ! " Mais si, rétorque Olivier, je passe la ligne et, comme ça tu le dis à Denis, et il vient parler avec nous ! "
Comment mieux dire ce qu’il y a au cœur de la jouissance de toute transgression : l’appel en creux du désir de l’Autre et l’espoir d’une libération de l’immédiateté de la satisfaction. Cet appel du désir et cet espoir de sortie de soi-sa-mère, le père l’autorise en tant qu’il est porteur de la loi qui régit les sujets parlants.

Le désordre dans la génération
En revenant à des propos plus théoriques, nous tenons que l’interdit de l’inceste qui fonde la loi humaine ouvre le chemin où l’entre-dit de la parole originaire se laisse entendre de génération en génération. Il évite à l’homme un enfermement dans l’image de lui-même prise pour l’origine. Le nom qu’il reçoit l’ordonne toujours à nouveau à ce qui parle en lui et à celui qui lui parle. La lumière de la parole éclaire la vérité du désir qui fonde le sujet humain hors de la représentation qu’il a de lui-même, dans l’Autre. En répondant à son nom et de son nom, l’enfant sourit à la promesse de vivre.
Ici le nom est pris dans son sens le plus fort. Il est symbolique. Avec lui, ce que nous imaginons de quelqu’un, la réalité imaginaire, est référé à ce que nous ne pouvons pas imaginer, à la réalité du sujet ouvert au « Réel de l’Histoire ».
Ce qui trouble la référence à, et dans la parole, à et dans la vérité qui parle, met la filiation de l’homme en porte à faux. C’est qu’il se cherche dans l’image qu’il se fait de lui-même, dont il serait lui-même l’origine. Ce faisant, il ne parle plus vraiment, il n’est plus ordonné au réel par le désir et se cherche en lui-même. Il s’invente une demeure imaginaire qu’il prend pour le réel et perd la lumière qui éclaire ses pas depuis l’origine, celle de la parole et de l’alliance où il est convoqué en tant que fils.
Délogé d’une position de fils, quels que soient ses efforts pour satisfaire à la conformité d’une image enviable, l’homme finit toujours par occuper celle d’un objet de jouissance. Il y est conduit en perdant la faculté de faire valoir son droit à vivre en tant que sujet. Il perd l’accès à la parole. C’est ce collage ou cette identification à un objet, dans la jouissance, que la parole, adressée au sujet qu’elle nomme, interdit dès le commencement. Il s’agit là, structurellement, de l’interdit à l’inceste.
Dire cela, c’est entrevoir comment cet interdit est au fondement de la loi des humains, celles des « parlêtres ». Son non-respect, le collage de l’inceste, est une confiscation du on de la parole dans la chair. Avec elle, la rencontre humaine en vérité est empêchée et le désir dont elle est le lieu ne peut s’accomplir.

L’inceste fait prévaloir une connivence ou une complicité de la chair résultant toujours, même si c’est inconsciemment, de l’exclusion d’un tiers dont la parole déloge de la prison de l’image. Si rien ne vient le déloger de là, le petit d’homme ne sort jamais de la confusion : il croit être ce qu’il sent : il s’identifie à l’objet de ses sens et non plus à ce qui y échappe, au sujet de la parole.
La complicité des sens n’autorise pas à signifier une réalité de droit qui spécifie l’homme en le référent à ce qui lui donne de vivre en vérité : la parole entre trois. En la confisquant, la passion complice de l’entre-deux provoque l’exclusion du troisième avant de détruire ceux qui s’y sont laissés prendre : la mère et l’enfant contre le père, le père et l’enfant contre la mère, la mère et le père contre l’enfant. Quand l’enfant se trouve, en tant que sujet, exclu de la circulation de la parole et réduit à un objet ou à un enjeu, c’est que le rapport mère/père est lui-même incestueux. Entendons par là qu’il est la conséquence d’un complexe d’Oedipe non résolu, d’une relation homme-femme vécue sur le mode d’une jouissance passionnelle, quel qu’en soit le mode, qui n’autorise pas les partenaires à occuper une position de droit, celle du sujet parlant.
Un tel trouble dans la génération introduit le désordre dans la filiation.
En faisant obstacle à la parole dont il vit, il n’autorise plus l’homme à se reconnaître dans la vérité qui parle, il l’enfonce dans les ténèbres d’un mensonge jusqu’au délire et/ou au mutisme.
« Je suis complètement étranger à mon corps surtout le visage. Je ne sais pas qui je suis et suis perdu en moi ».
Cette perte de soi en soi est aliénation absolue, elle trahit le désordre implosif d’un désir qui, au lieu d’être ordonné à l’Autre, en est détourné jusqu’à l’inversion, en faisant du sujet un étranger à lui-même.
En lui donnant un nom qui l’inscrit dans la génération humaine, le père fait de son fils un sujet de la loi des hommes. Il l’empêche de s’identifier à l’objet de satisfaction pulsionnel de ses parents et à trouver dans cette position son sens. Il n’existe pas cette référence à la position tierce de la parole – au don originaire, au don de la vie auquel se trouvent référés aussi père et mère – la mère confisque l’enfant : il ou elle le fait parler au lieu de lui donner la parole. Sans cette référence à la parole qui fonde l’alliance entre le père et la mère, sans cette référence à l’origine de tous, l’homme s’autofabrique : comme nous l’avons dit, il cherche son identité dans l’image de lui-même, c’est-à-dire dans l’activité de son imaginaire. Ainsi il supprime l’autre, le méprise, l’efface. Livré à l’esprit de mensonge, il s’annule lui-même.
« Je suis en position de guerre permanente par rapport à mon existence même. Je serais mon propre dieu… et je me déboulonnerais constamment ».
La quintessence du fantasme de toute-puissance réside dans de tels fantasmes. En eux, l’homme se prend pour sa propre origine et la preuve en est qu’il se détruit. Chez l’enfant, et parfois chez l’adulte, ce fantasme s’illustre d’une bouche (os, oris : origine) qui s’avale elle-même.

L’interdit de l’inceste qui fonde la loi brise ce fantasme de toute-puissance. Il autorise l’espace inter-subjectif du désir entre père, mère et enfant. Cet espace n’a de sens pour eux trois – comme pour la multitude -, que d’être le lieu d’un échange originel, l’unité dans la différence qui est la vie même.
L’interdit de l’inceste – inceste veut dire : qui n’est pas chaste – marque un point de non-jouissance, c’est-à-dire de chasteté, où la parole crée l’homme, sans qu’il y ait jouissance ou consommation ou destruction de l’objet. Le fils de l’homme naît de cet engendrement de la parole dans la chair, il répond à un nom qui témoigne de la rencontre de l’homme et de la femme, de leur unité d’être et de parole, d’une différence qui ne vit pas de l’opposition imaginaire de ses termes, mais de leur référence à une commune origine.

Quand, prétendant s’adresser à un semblable qu’il réduit à rien, à un objet, l’homme n’est plus, comme ce semblable, référé à l’Autre du désir, à son origine, alors l’homme et son prochain, l’homme et la femme, deviennent étrangers à eux-mêmes. Ils perdent leur nom. Ou plutôt, le nom n’a plus d’importance car il n’ancre plus chacun dans la lignée des origines.
« Le nom, disait un jeune homme délirant, c’est comme un chapeau sur la tête ». Ainsi se trouve rompue ou déniée la filiation et la génération des hommes est dans l’impasse. Le nom du père est forclos : il n’a pas pu s’écrire dans la chair en temps voulu et l’enfant livré à ses sensations ou à ses sentiments ou à ceux des autres, est orgueilleusement seul ou sournoisement jaloux. Il ne peut plus désirer l’Autre et découvrir en lui la source du désir. Il n ‘a pas accès à l’altérité qui devient étrangeté.

Alors que, sur le divan, un homme fantasmait qu’il avait « l’impression que sa mère pensait à l’intérieur de lui », il ajoutait : « j’ai le sentiment qu’il y a quelque chose de très compliqué pour moi. Je n’arrive pas à me situer par rapport à mes deux parents en même temps. C’est ce qui est vraiment étrange. (…) C’est à partir du moment où j’ai eu un enfant que j’ai compris combien j’avais pu faire violence à mes parents et combien j’ai pu être soumis à une violence que je ne pouvais imaginer ».
Comment mieux dire les effets symptomatiques d’une existence marquée par l’inceste. C’est la transgression de la loi dans l’effacement ou le mépris du nom du père, l’absence de pudeur et de respect de ce qui est transmis depuis l’origine.
La tendance incestueuse refuse et refoule l’Autre. Sous prétexte qu’elle ne peut le connaître – et en jouir – elle refuse de le reconnaître. A la place de l’ouverture au réel dans la reconnaissance du sujet désirant, il y a pure jouissance et retour au même ou à rien. En lieu et place du désir, il n’y a que l’exaltation répétitive d’une jouissance de connaître ou d’une toute-puissance de savoir qui est à elle-même, sans au-delà, s’inscrit dans le registre d’un narcissisme tyrannique où l’un et l’autre s’annulent. L’intensité de la jouissance narcissique trouve sa source dans le refus de tout autre et, par conséquent, de l’Autre. Sa devise est : « Moi tout seul ». L’écho – Echo est le nom de la femme de Narcisse – répond : « Il n’y a personne ici que du vide ».
« J’ai l’impression d’être la haine – ou le refus de la vie incarné. C’est une partie de moi… Et il n’y a qu’en le disant ici que je ne suis pas dedans… J’ai l’impression de me défaire… (…) Je ne suis pas en paix avec le début de ma vie, toutes ces choses-là… ne sont pas en accord avec la vie… ».
De tels symptômes marquent la perversion du désir dès le commencement. Elle le détourne de son but jusqu’à enfouir le sujet en lui-même. Son moi devient sa tombe.

Une présence faite d’absence
La nomination laisse une trace qui articule l’absence de l’objet – ou sa disparition – à la présence de l’esprit qui le conçoit. Le nom est une présence faite d’absence puisqu’il désigne un sujet « absent » de la représentation objective. Il désigne l’invisible. Il rend présent ce qui n’est pas là dans l’image. La présence dans l’absence symbolise l’activité de l’esprit. Si l’acte de nomination fait défaut, le sujet n’est pas inscrit dans une filiation charnelle selon l’acte de la parole. Avec la forclusion du nom-du-père, les sensations du corps propre sont ressenties comme absurdes, non reliées entre elles, et le tissu du langage se morcelle dans la tête. Les mots s’y télescopent ou s’éparpillent : ils ne veulent rien dire.

« Je pense comme mon père, et mon père ne pense rien puisqu’il pense comme ma mère ! Il a un raisonnement double de telle façon que, dans n’importe quelle position, il a toujours raison. Je ne vis pas pour moi mais par rapport aux autres… J’ai l’impression que tout a été fait en mon absence, comme si j’étais étranger à la chose (sa naissance) ».
Après avoir constaté qu’il se trouvait toujours dans une situation de porte à faux et s’être étendu longuement sur ce qu’il appelait les mensonges familiaux, le patient poursuivait : « J’ai l’impression que ma mère a voulu me fabriquer à son image : on m’a forcé, c’est tout planifié, c’est pour cela que je n’ai pas l’impression d’être moi. C’est une existence larvaire… Je suis comme une éponge sur le bord d’une baignoire. Mes parents ne m’ont donné que la vie ! »
Le sujet trouve refuge, pour ainsi dire, derrière un rempart dérisoire, à l’abri de mots qui ne le concernent pas puisque le langage ne le met pas en relation avec la vérité qui, dès le commencement, parle en lui de l’origine. Tout se passe alors comme si le déni d’une filiation mensongère, inconséquente ou dangereuse, était la seule manière de tenter de vivre par soi-même, d’échapper à la réduction objectable pour se faire naître.

La parole autorise la rencontre
Quand la loi du langage, en effet, est ordonné par et à la nomination, l’être humain demeure dans la parole qui le spécifie et lui donne un visage. Il arrive que, sortant de l’étau de la psychose, une homme naisse à nouveau – à moins que ce ne soit pour la première fois ? – dans le mouvement qui associe son nom au droit, jadis – ou originellement – perdu, de vivre et de parler.
« La seule chose à quoi je peux penser, c’est mon nom… (à mi-voix). C’est pas possible ça… (il est agité et se plaint en se tenant le visage, puis en mettant les mains sur sa tête.) Qu’est-ce qu’elle m’a fait ? Ce n’est pas vrai !
(Pendant le long silence qui suit, je pense – en relation avec ce qu’il a pu me dire – que sa mère devait avoir peur qu’il bouge dans son ventre, avant la naissance).
C’est drôle j’ai l’impression que je peux bouger.
(Il pleure longtemps puis s’apaise)
Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Qu’est-ce qui m’arrive ? (Soupirs répétés avant une ample respiration). C’est comme si j’avais le droit… (Il pleure, parcouru de sanglots qui viennent de loin.) Je crois que je vais pouvoir vous parler. »
La loi dont le père est porteur régit le rapport de deux (au moins) – la mère et l’enfant – à un tiers. Elle dit que la relation de deux, dans l’espèce humaine, n’est jamais exclusivement duelle. Une telle loi ouvre le rapport mère-enfant à un autre que l’autre (l’Autre) pour que chacun vive selon son espèce : à un autre que la mère pour l’enfant, à un autre que l’enfant pour la mère. Et, de la même façon, à un autre que le père pour l’enfant ou à un autre que le père pour la mère. Cette ouverture à l’Autre est là dès le commencement. Elle réfère chacun des termes de la relation à une origine unique, l’origine de tous et de tout. Hors de cette ouverture, il ne saurait y avoir d’homme, d’être parlant. Lorsqu’elle est occultée dès le départ, il y a le comme si – le comme si nous n’étions pas nés ou qu’il n’y avait pas eu de témoin -, le comme si d’un mensonge ou d’une torsion qui fausse l’accès à la parole, qui reprend à l’homme son droit à vivre. C’est bien ce que l’analyste peut entendre lorsque l’analysant lui dit : « Comme si du départ, y avait eu du mensonge et que j’avais pas pu faire autrement que de vouloir m’approprier les choses…, comme si à ce départ, y avait pas eu de trace, un témoin, quelque chose pour m’y accrocher, une amarre…, un endroit où ça puisse être et où je puisse me référer ».

Un interdit structurant
A envisager ainsi les choses, l’interdiction de l’inceste, on le voit, ne saurait être justifiée par l’extériorité d’un principe moral qui voudrait que soit condamné le plaisir entre la mère et l’enfant, entre les proches. Elle dégage plutôt le sujet de son engloutissement dans la sensation qui le réduirait à un objet de plaisir. Sans elle, le sujet ne peut surgir dans la lumière de la parole et la filiation humaine s’interrompt dans l’impasse d’une intensité aveuglante de la sensation. La recherche de la jouissance se substitue au respect des relations élémentaires de la parenté. Par là même, l’individu est entraîné dans la spirale dégénératrice de toute origine et, nous l’avons vu, de toute altérité. Cet aveuglement interrompt la filiation en privant chacun des hommes de son rapport à la parole originaire. Cette privation fait perdre à l’homme son identité d’être de parole.

Les familles incestueuses, en effet, sont muettes, noyautées, sans même le savoir, par une peur de parler, qui verrouille toutes les portes et qui rend fou. La peur enferme en soi-même ou, plus exactement dans l’image, dans le regard, dans la dualité spéculaire vide de parole. Elle empêche de sortir à la rencontre de celui qui vient ou qui appelle. Elle prive du droit de vivre et de parler. Elle coupe de la Parole originiaire qui donne à l’homme le droit de vivre en fils d’un Père.
S’il en est bien ainsi, on devine l’importance structurante de l’interdiction de l’inceste. Dans tous les cas de figure familiale mais, en particulier, dans celui des familles dites « recomposées ».
La loi des hommes ne saurait être transgressée, sous le prétexte que les membres de la famille de droit ne sont pas de la même chair. S’il en était ainsi, l’adoption livrerait à l’éparpillement sans fin le corps d’enfants qui, de ne pouvoir être fils ou filles, s’enfonceraient dans les ténèbres d’une insoutenable inhumanité, privés qu’ils seraient de la réalité de droit qui soutient, en eux comme en tous, la dimension de l’humanité.

Denis Vasse
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

TEMOIGNAGES EMDR

C’est par hasard, lors d’une promenade en mai 1987, que la psychologue américaine Francine Shapiro découvrit que ses « petites pensées négatives obsédantes » disparaissaient quand elle faisait aller et venir rapidement ses yeux de gauche à droite. Il ne lui en fallut pas davantage pour proposer l’exercice à ses collègues, l’expérimenter auprès de ses patients et créer l’EMDR, avec des résultats éclatants – notamment pour les états de stress post-traumatique (ESPT) subis par les victimes de conflits, d’attentats, de violences sexuelles ou de catastrophes naturelles.
Devenue chercheuse au Mental Research Institute de Palo Alto, le docteur Shapiro a reçu en 2002 le prix Sigmund Freud, plus haute distinction mondiale en psychothérapie. Entre-temps, soixante mille praticiens avaient été formés à l’EMDR dans plus de quatre-vingts pays, une association humanitaire était née pour intervenir après les grandes catastrophes. Les études, dont celles sur les ESPT menées par l’administration américaine chargée des anciens combattants, ont confirmé l’efficacité de l’EMDR. Les personnes traitées se comptent aujourd’hui par centaines de milliers, avance Francine Shapiro (aux Etats-Unis, chaque victime directe ou indirecte d’une catastrophe -attentat, accident d’avion… - à la possibilité d’être traitée rapidement par EMDR).

La méthode ne s’applique pas qu’aux grands chocs, mais aussi aux plus petits traumatismes, comme les expériences pénibles laissant un souvenir trop empreint de souffrance. « Venue consulter pour des angoisses et des paniques auxquelles je ne trouvais aucune cause, raconte Cécile, la quarantaine, en réponse à notre appel à témoins sur Psychologies.com, j’ai choisi un souvenir pénible où j’avais pris la fuite. Après une série de “balayages”, j’ai senti une douleur très forte dans mes jambes. Mon thérapeute m’a alors demandé de regarder ses doigts et a répondu : “OK, on va faire partir ça !” La douleur et l’émotion liées au souvenir ont disparu en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, j’étais scotchée ! Puis, nous avons installé une croyance positive à la place de la croyance négative en rapport avec cette émotion. “Je suis nulle” devait être remplacé par “Je suis quelqu’un de bien”. Soudainement très calme, je me suis sentie respirer comme jamais. »
L’EMDR peut aussi se révéler efficace dans d’autres types d’affections, comme la toxicomanie, l’anorexie ou la dépression. « Cette méthode voit s’ouvrir sans cesse de nouvelles perspectives, telles la dépression sans cause traumatique ou la schizophrénie à ses débuts », explique Jacques Roques, psychologue, psychanalyste et vice-président d’ EMDR-France. Seuls les cas de psychose, les états suicidaires et les troubles cardiaques récents figurent parmi les contre-indications.

Dissocier émotion et souvenir
Souvenir et émotion négative contre croyance positive. Le secret serait-il dans la tension entre ces représentations contradictoires, dans leur évaluation plusieurs fois par séance, ou réside-t-il dans les mystérieux balayages des yeux ? Marie, institutrice trentenaire, en livre les détails : « Je devais, en restant dans mon souvenir et dans l’émotion qu’il suscitait, fixer les mouvements que la thérapeute faisait avec sa main, de gauche à droite. Une quinzaine d’allers-retours cadencés, amples et précis, larges de un mètre environ. Ensuite, nous avons fait une pause en reparlant de la scène et de mon émotion. J’avais le sentiment qu’elle cherchait à m’y faire rentrer tout à fait. Après la deuxième séquence de mouvements, je me sentais différente, plus calme. Nous avons recommencé encore deux fois, avec des pauses où l’on évaluait le degré de l’émotion. A la fin, j’étais apaisée. »

« Il y a de l’hypnose là-dedans, et beaucoup d’autres choses inspirées de la sophrologie, du comportementalisme ou des sciences cognitives », reconnaît Francine Shapiro. Mais le souvenir traumatique ne s’évanouit pas, aucun claquement de doigts ne vient effacer une portion de temps. Le réconfort ne vient pas non plus par suggestion ou relaxation, et encore moins par immersion avec « visite » des lieux du drame. Il ne repose pas sur des mots, des images ou des sons, comme dans la majorité des thérapies. « C’est différent, explique Marie. On est au cœur d’une émotion qui nous emporte, et petit à petit elle nous quitte, ou du moins va se blottir quelque part où elle ne fait plus mal. On sait qu’elle est là, qu’on l’a vécue, mais c’est un souvenir. » « Je regarde le passé autrement, précise Claire, 50 ans, consultante. Au lieu de subir, je me sens protégée et plus dynamique. »

Désactiver l’émotion
Même si l’EMDR pose en postulat que l’esprit possède, comme le corps, une capacité à s’autoguérir, on peut s’interroger sur une telle simplicité. La réponse réside dans une conception nouvelle du traumatisme, qui fait appel à la neurologie. « Chaque événement douloureux laisse une marque dans le cerveau, précise le psychiatre David Servan-Schreiber, qui a introduit la méthode dans l’Hexagone, et qui préside l’association EMDR-France. Celui-ci effectue alors un travail de “digestion” permettant aux émotions qui accompagnent le souvenir de se désactiver. A moins que le traumatisme ait été trop fort ou ait frappé à une période où nous étions vulnérables. Dans ce cas, les images, les pensées, les sons et les émotions liés à l’événement sont stockés dans le cerveau, prêts à se réactiver au moindre rappel du traumatisme. Dans l’EMDR, le mouvement oculaire “débloque” l’information traumatique et réactive le système naturel de guérison du cerveau pour qu’il complète son travail. »
Sans afficher de certitudes, Francine Shapiro propose un rapprochement entre l’EMDR et le sommeil à mouvements oculaires rapides, ce moment où l’on rêve mais où s’effectue également la répartition mémorielle. Car évidemment, tout repose sur la mémoire, sur l’encodage du souvenir et des émotions qui l’accompagnent. Ce qui soignerait, dans l’EMDR, c’est de « reformater » cet encodage. Replongé dans son passé afin d’être au plus près des perceptions sensorielles éprouvées au moment de l’événement, le patient est conduit, grâce à une stimulation sensorielle, à concentrer son activité cérébrale sur le présent. De cette polarisation naîtrait la possibilité de retraiter le traumatisme par dissociation de l’émotion et du souvenir. D’où le fait que celui-ci ne disparaisse pas. Il se délivre de sa charge émotionnelle, comme après un deuil.

Choisir un thérapeute agréé
Cette réactivation traumatique n’est pas sans risque. « Beaucoup de choses remontent entre les séances, raconte Cécile. J’ai eu par exemple un flash concernant un gros traumatisme subi dans ma petite enfance, dont j’avais complètement oublié l’existence. » Un traumatisme pouvant en cacher un autre, il est indispensable de pratiquer l’EMDR avec un psychiatre ou un psychologue dûment formé. Ils sont actuellement plus d’une centaine en France.

EMDR : Eye Movement Desensitization and Reprocessing, ou désensibilisation et reprogrammation par des mouvements oculaires.
LE PRINCIPE : « Si un événement douloureux a été mal “digéré” parce que trop violent, explique le psychiatre David Servan-Schreiber, les images, les sons et les sensations liés à l’événement sont stockés dans le cerveau, prêts à se réactiver au moindre rappel du traumatisme. Le mouvement oculaire débloque l’information traumatique et réactive le système naturel de guérison du cerveau pour qu’il complète le travail. »
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Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LES DIFFERENTES PHASES DE LA THERAPIE DU STRESS POST-TRAUMATIQUE.
( hors EMDR, avec cependant les " mêmes premiers secours " )

Lorsque l’on a été victime d’un traumatisme psychique, il est important d’être pris en charge le plus vite possible pour souffrir moins, moins longtemps, et prévenir l’apparition de séquelles.

LES SOINS IMMEDIATS : LE DEFUSING
Immédiatement après l’événement traumatisant, et surtout quand un grand nombre de personnes sont touchées ( Hold-up, accident de train, explosion d’un immeuble à cause d’une fuite de gaz, suicide en public par exemple), une cellule d’urgence médico-psychologique est déclenchée par le SAMU et les personnes impliquées ( non blessées physiquement) sont réunies dans un coin tranquille sur le lieu de la catastrophe, ou au service des urgences de l’hôpital pour les victimes blessées physiquement.
La cellule d’urgence médico-psychologique ( CUMP) est formée d’un psychiatre, et d’un psychologue ou d’un infirmier spécialisé en psychiatrie.
Alors que bien souvent les victimes sont encore en plein choc, ils sont là, offre une présence, s’assurent que la personne peut être soutenue, que l’on répond bien à leurs besoins vitaux.
Cette attitude relevant du bon sens est cependant « technique » car il faut agir sur le stress, sur l’angoisse, que les victimes soient agitées ou prostrées, les « ramener doucement dans le monde des vivants », restaurer la parole si nécessaire car « personne ne peut comprendre, il n’y a pas de mots pour raconter ça », calmer la douleur psychique, tenter de donner un sens à ce qui est arrivé. Le lien qui se crée entre la victime et le psychiatre est souvent très fort et a une grande influence sur l’évolution psychique de la victime.
Le psychiatre explique les symptômes que la victime peut possiblement ressentir dans les heures ou les jours suivants et l’invite à venir à une consultation spécialisée à l’hôpital dans les quelques jours qui suivent.
Malheureusement, quand il s’agit d’un événement catastrophique individuel, sans déclenchement de la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP), en cas d’accident de voiture quand la victime est peu blessée ou quand elle découvre un proche mort de façon subite ou violente (suicide) par exemple, ce soutien psychologique et l’information qui l’accompagne font défaut et la victime est laissée seule ou avec des personnes qui en pensant « bien faire » peuvent la culpabiliser, ou enfermer le traumatisme au plus profond de la personnalité de la victime…

LES SOINS POST-IMMEDIATS : LE DEBRIEFING
Il a lieu quelques jours plus tard, quand le choc est « passé ».
S’il s’agit d’une catastrophe de grande ampleur les psychiatres, psychologues ont « trié » les personnes impliquées, pour en faire des groupes homogènes : victimes primaires ( celles qui ont été touchées directement : les gens qui étaient dans le hall de la banque où a eu lieu le hold-up par exemple), victimes secondaires ( ceux qui n’ont pas été menacées par les gangsters mais qui ont entendu les coups de feu dans les bureaux d’à côté, ou familles de personnes décédées par exemple).
Chaque victime est invitée à exprimer ses émotions, ses pensées lors de la catastrophe et à raconter en détail comment cette chose horrible s’est passée, à partager cela avec les autres.
Mettre en mots le trauma, l’horreur, c’est permettre de le ramener à la réalité, de se libérer de ce qui était impossible à imaginer « avant ».
Des consultations individuelles sont proposées ultérieurement par les psychiatres.

Le debriefing n’est pas un acte magique qui permet de « tout évacuer » et de revenir à « avant », « On parle et on oublie tout », « Les psy sont venus, tout va bien ».
Il permet simplement de faire prendre conscience à la victime que le choc a bien existé, qu’il n’est pas effaçable, qu’il peut devenir éventuellement un poids trop douloureux, que des symptômes handicapants peuvent survenir mais qu’une psychothérapie adaptée au psychotraumatisme permettra d’en guérir et de rendre la vie possible.
Le debriefing est une condition certes nécessaire à une évolution positive des victimes mais pas suffisante, il ne peut avoir d’intérêt que s’il est accompagné d’un suivi à long terme.
Il doit permettre aussi à la famille et aux proches d’être informés par la remise d’un document sur les effets et conséquences du psychotraumatisme afin de ne pas isoler la victime dans son trauma.

QUE SE PASSE-T-IL POUR LES VICTIMES D’UN EVENEMENT TRAUMATIQUE INDIVIDUEL ?
La méthode du debriefing est identique dans l’absolu. Narrer en détail ce qui est arrivé, se remémorer et raconter les pensées qui étaient présentes à « ce moment-là », exprimer les différentes émotions ressenties avant, pendant, après. Tenter de comprendre, de donner un sens.
Encore faut-il que la victime seule fasse la démarche d’aller voir un service de consultation ou un psychiatre compétent en psychotraumatisme... Que sa famille et ses proches la soutiennent, et même ... qu’ils soient au courant de ce qui est arrivé...

LES SOINS A LONG TERME
Il s’agit de consultations psychothérapeutiques qui ont lieu de manière régulière.
Parfois viennent des patients qui n’ont eu ni defusing, ni debriefing, et souffrant des symptômes de stress post-traumatique.
Les thérapies comportementaliste et cognitiviste peuvent être schématisées de la façon suivante :
Le psychiatre, psychologue comportementaliste expose le patient à des situations ( par la parole, la suggestion) qui lui sont douloureuses et qui ont un rapport au trauma, en l’ayant au préalable mis en condition relaxante. C’est un peu de la désensibilisation.
Le patient apprend peu à peu à faire face à son événement traumatique, à l’évaluer et à modifier son comportement.
Le psychiatre,psychologue cognitiviste amène le patient à restructurer sa vision de l’événement traumatique, à retrouver sa place dans son déroulement, à l’objectiver afin de le comprendre, de le contrôler, de perdre la culpabilité qu’il ressent éventuellement.
Le patient peu à peu apprend à faire face, à quitter son statut de victime.
Dans les deux cas, le but est que le patient puisse vivre normalement avec son trauma, qu’il utilise les différentes stratégies proposées pour faire face à des séquelles de symptômes.
D’autres thérapies telles que l’hypnose ou l’ EMDR pratiquées par des psychiatres, psychologues peuvent également être une technique utilisée pour parvenir aux mêmes fins.
LA PHARMACOTHERAPIE
En association avec la psychothérapie, elle est faite pour aider le patient à surmonter son angoisse, ou à limiter voire éliminer complètement certains symptômes douloureux, tels les cauchemars, ou les flash-backs.
Les molécules sont différentes selon le moment où l’on se trouve par rapport à l’événement.
En soins immédiats, sont parfois proposés aux victimes non blessées des anxiolytiques ( pour calmer l’angoisse), mais pour un temps très limité en raison du risque important d’accoutumance.
Par la suite, en cas de stress post-traumatique avéré, des molécules spécifiques et adaptées à chaque cas sont proposées : aucune molécule en France n’a reçu un « label » stress post-traumatique, mais certaines l’ont été aux USA ou dans d’autres pays d’Europe.
Ces molécules ont des effets sur la chimie des neurotransmetteurs, notamment sur la sérotonine et la dopamine qui sont impliqués dans l’humeur.
Seuls les psychiatres qui sont des médecins spécialisés en psychiatrie sont autorisés à prescrire des médicaments.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

PROUVER UN HARCELEMENT MORAL AU TRAVAIL

Ce n'est donc pas une seule plainte qu'il faut produire mais également toutes les preuves de harcèlement que vous pouvez. Des preuves concrètes, et des témoignages de votre entourage.
Ce sont également les mails d'insultes, les copies de une, ou des lettres adressées à votre Direction pour signaler les abus à votre encontre, l'attestation des rendez-vous pris avec votre chef de service ( par ex ) pour lui demander conseil, l'appui de votre syndicat, vos arrêts de travail donnés par le médecin, le traitement éventuel contre votre état " dépressif ", un suivi psychiatrique, une proposition de travail en mi-temps thérapeutique pour raisons de fatigue nerveuse, etc... qui feront que votre plainte aux prudhommes aura plus de chance d'être prise en considération.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LA DETTE

*** ( extrait d'un récit )
Elle garde le silence.
- And the price ?
- Concernant le prix, la liberté d’être ce que l’on est, et celle de dire ce que l’on pense, n'a pas de prix, donc pas de valeur marchande.
- En ce moment je ne travaille pas, je suis intermittent du spectacle.
- Je vous propose de payer assez pour vous rappeler votre engagement, mais adapté à vos moyens pour ne pas mettre votre quotidien en péril.
- Je ne touche que le minimum vital !
- Mes honoraires s’élèveront au double de ce que vous pensiez me donner.
Il respire fort :
- J'entends bien, mais j'ai des achats à faire, moi ! j'ai serré trop fort la première corde du violoncelle, avec les autres enfiévrées ça va monter haut !
- En échange de votre parole, vous déposerez l'argent sur la petite table, continue-t-elle imperturbable.
- Je ne voudrais pas être grossier, mais là vous me prenez vraiment pour un abruti !
- Pourtant, dites-vous, c'est le violoncelle qui vous abrutit.
- Ce n'est pas parce qu'il est à ma place que vous devez me compter double !
- Et si vous souhaitez entreprendre cette thérapie, vous me réglerez à la fin de chaque séance, ceci pour ne pas créer de dépendance.
- Un petit acompte alors ! renonce-t-il ulcéré. Dix euros par séance, je ne peux pas faire plus !
Elle ne répond pas.
- Quinze euros ! Non, vingt euros pour les deux, et le complément à la fin de la thérapie, c’est le maximum que je puisse donner !
- Quarante euros.
- C’est d’accord, dit-il sans sourciller.
Mais plus tard :
- C’est trop cher, je ne sais pas si je reviendrai.
Elle avait ouvert la porte en souriant :
- C'est vous qui savez.


La question de l’argent est l’un des éléments primordiaux de la démarche qui nous pousse à aller consulter, qu’il s’agisse d’un psychanalyste ou d’un psychothérapeute. On hésite souvent devant le coût, d’autant plus en période de crise ou de chômage. Payer – parfois cher – la personne qui va nous écouter nous assure pourtant un rapport sain, non assujetti à elle.
Nous payons pour parler à quelqu’un de compétent, qui ne portera pas de jugement, dans un lieu où rien de ce que nous dirons ne sera répété.
Donner de l’argent, c’est une barrière contre la toute-puissance du thérapeute.
Cela signe l’engagement du patient vis-à-vis de son psy, donc de sa cure. Il s’agit là de ce que l’on appelle “l’alliance thérapeutique”. »
Le paiement de la séance évite également au patient de se sentir symboliquement débiteur à l’égard du thérapeute.
L’argent, c’est l’irruption du principe de réalité dans un espace où se dit l’inconscient, donc le fantasme.
D'autre part, dans la vie courante, quiconque fait du bien à autrui lui crée paradoxalement une dette.
La personne en est reconnaissante mais peut en vouloir à son bienfaiteur. En effet, en l’aidant il lui aura en quelque sorte prouvé qu’elle n’était pas en capacité de se prendre en charge.
De plus, sortie d’affaire, elle ne pourra plus " briller " devant lui, un peu comme s’il était un reproche de sa conscience, elle sera gênée de ce qui s’est passé, elle lui en voudra d’avoir été obligée d’avoir eu recours à lui, elle l’évitera.
Et s’il lui a rendu un service d’argent, une fois sur deux, il ne sera pas remboursé. Inconsciemment il gardera cet argent comme le remboursement du préjudice qu’il lui a causé en l’aidant. Beaucoup " d’ami(e)s " se sont fâché(e)s à vie pour avoir ignoré ce phénomène.
Autre versant : la personne ne vous lâche plus et devient dépendante des bénéfices secondaires que vous lui apportez.
Venir en " aide " à l'autre, certes, mais en acceptant, ou en lui en demandant de suite la réciprocité.
Et vous l'avez compris, quand on vous remercie, ne plus répondre " de rien.. " ou encore : " à votre service ". Le sentiment d'avoir été humain vous appartient. Vous l'avez fait parce que vous le vouliez, tant mieux, c'est à vous que vous avez fait du bien.
A plus forte raison si cela vous en a coûté, en temps, en dérangement, ou en réflexion, ce n'est pas rien !
Vous êtes libre de vos décisions, et vous n'êtes au service de personne !
Venir en aide à l'autre, c'est la plupart du temps créer une dette loin de la " reconnaissance " que certains aurait la naïveté, ou le narcissisme, d'attendre.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LA PERVERSION MEDICALE
( ex : le virus H1N1)

Même si beaucoup ne sont pas prêts à l’entendre, le plus grand mensonge sanitaire du siècle écoulé est sans aucun doute celui qui préside à la vaccination. A travers le monde aujourd’hui, on ne compte plus le nombre des hommes et femmes de médecine qui s’élèvent contre cette imposture, ni les victimes de la vaccination.
L’industrie pharmaceutique mondiale est l’un des portefeuilles majeurs de nos marionnettistes, qui se sont parfaitement organisés pour que le dogme de la vaccination soit indiscutable et passible dans certains pays de punition pour qui le remettrait en question.
Si bien que dans l’inconscient collectif, la plupart encore aujourd’hui sont persuadés des bienfaits déclarés des vaccins, alors qu’aucune preuve de leur efficacité n’a été scientifiquement prouvée à ce jour par une étude indépendante des laboratoires pharmaceutiques, et que de plus en plus de preuves s’accumulent de leur toxicité.

Le principe vaccinal ne relève pas de la science mais de la foi.
Grâce à la croyance généralisée mais non avérée que les vaccinations suppriment les maladies infectieuses, le dogme vaccinal représente la plus grande tromperie de l’histoire de la médecine. Les seules voix discordantes dans cet enthousiasme général proviennent soit des familles dont un ou plusieurs enfants ont été accidentés ou sont morts après un vaccin, soit des parloirs des tribunaux quand les parents poursuivent, trop souvent en vain, les laboratoires responsables.
Au cours de certaines conférences et dans les pages de prestigieux journaux médicaux, des médecins et des chercheurs scientifiques risquent leur carrière en dénonçant les effets indésirables de ces produits de consommation courante, et les parents qui accusent les laboratoires d’avoir blessé leur enfant sont confrontés à des « personnalités au-dessus de tout soupçon » qui prétendent qu’il s’agit de pures coïncidences et qu’aucun vaccin n’a jamais fait de mal à personne. Exception faite des victimes, tout le monde les croit car leurs sources sont prétendues officielles.

« Nous n’avons pas perdu la foi, nous l’avons simplement reporté sur les professions médicales », disait de son temps George Bernard Shaw. La foi en cette nouvelle religion n’a pas faibli depuis cette époque, au contraire elle est devenue un véritable fanatisme. On ne réfléchit plus, on « croit ». Et le dogmatisme vaccinal actuel pourrait être comparé aux pratiques de l’Inquisition qui brûlait tout ce qui dépassait son entendement ou pouvait mettre en péril l’hégémonie de l’Église catholique. On pourrait parodier Shaw en disant que « La science est une nouvelle religion et la vaccination est son eau bénite. »
L’arrogance de certains médecins et chercheurs n’est pas surprenante, étant donné le piédestal sur lequel nous les avons placés, créant ainsi une classe d’élite à l’abri de toute contrainte et de toute suspicion. Nous avons naïvement pensé que leurs diplômes garantissaient leur « savoir » et les protégeaient de sentiments mesquins, leur seul but étant d’améliorer la vie d’autrui. Nous avons commis l’erreur de croire qu’ils étaient incapables de mentir et restaient fidèles à leur serment d’Hippocrate. Or, depuis quelques années, les revues médicales les plus sérieuses ont été obligées de démentir des publications qui avaient été accueillies avec le plus grand respect, mais s’étaient ensuite avérées frauduleuses, et il est permis de se demander pourquoi ces fraudes n’ont pas été détectées avant leur publication et pourquoi le grand public les oublie si aisément.

Lorsqu’un auteur a été accusé d’avoir publié de fausses études, ses pairs examinent rarement ses autres publications, ce qui mène la littérature scientifique à être plus polluée qu’on ne le soupçonne généralement. En outre, les travaux dévalués continuent longtemps, quand ce n’est pas toujours, à être pris en compte et cités en référence. Et chacun répète ce qu’il a entendu comme un perroquet. L’exemple parfait est le mythe de « l’éradication de la variole grâce à la vaccination de masse », alors que l’OMS n’a jamais affirmé une telle contre-vérité, mais tout le monde la reprend sans jamais vérifier les sources.
N’oublions pas que la grande majorité des revues scientifiques bénéficient des annonces publicitaires de l’industrie pharmaceutique, mais aussi de la revente à cette industrie d’articles qu’elles ont déjà publiés.

Deux arrêts de la Cour de cassation, en date des 25 février et 14 octobre 1997, ont rappelé le droit à l’information du patient. « Le médecin a la charge de prouver qu’il a bien donné à son patient (ou aux parents si le patient est mineur) une information loyale, claire et appropriée sur les risques des investigations ou soins qu’il lui propose de façon à lui permettre d’y donner un consentement ou un refus éclairé. Ce devoir pèse aussi bien sur le médecin prescripteur que sur celui qui réalise la prescription. »
Avant toute vaccination — acte médical à part entière —, le médecin, comme « celui qui réalise la prescription », est tenu d’informer le patient des complications éventuelles. Mais comment est-ce possible puisque le médecin prescripteur ne connait souvent pas lui-même les risques qu’encourent ses patients, sa formation médicale étant sous la coupe de l’industrie qui s’évertue à le désinformer ? Ceci étant, chaque médecin devrait exiger des fabricants de vaccins la garantie écrite de ces informations qui doivent légalement être objectives, ce qui est loin d’être le cas pour l’instant. D’ailleurs, en cas de litige, les instances de santé nient la plupart du temps des effets qui ont pourtant été signalés par les laboratoires eux-mêmes.

En raison du mode de préparation et de la composition des vaccins, une justice indépendante, qui défendrait la liberté plutôt que l’obligation, pourrait assimiler tout acte vaccinal à la mise en danger d’autrui par exposition de substances toxiques en violation du principe de sécurité. Ainsi, les candidates au vaccin Gardasil ignorent toutes que le conservateur de ce vaccin est le borax (borate de sodium), classé par la réglementation européenne comme toxique depuis le 6 novembre 2008, et dont les emballages doivent légalement porter le logo à tête de mort. A-t-on jamais vu un vaccin avec une tête de mort sur l’emballage ?

Devant l’accumulation des preuves de la toxicité des vaccins, il est temps que les agences de sécurité sanitaire des États ou de la Communauté européenne prennent dans les plus brefs délais des mesures respectant enfin les principes de précaution et de sécurité dont on parle tant et qu’on applique si rarement. Un bilan rigoureux de la politique vaccinale devrait également être établi par un collège d’experts indépendants de tout lobby pharmaceutique ou financier. Toutes les complications vaccinales devraient être référencées et chaque dossier analysé en détail. Des recherches sérieuses et véritablement « scientifiques » sur les effets des vaccins et de leurs constituants devraient également être entreprises, comme l’a fait très récemment l’Institut Koch en Allemagne et dont les résultats —affligeants pour les marchands de vaccins — n’ont pas eu droit à une seule ligne dans les grands médias français.

Dès l’apparition des préjudices, comme il en est pour les catastrophes, ne devrait-on pas envisager raisonnablement une participation financière de l’État, qui porte une lourde responsabilité dans la survenue des drames personnels et familiaux liés aux vaccinations ? Pour l’instant, seuls les effets secondaires des vaccins obligatoires, et non « fortement recommandés », sont pris en charge par les instances de santé. Dans la mesure où il est maintenant formellement établi que la myofasciite ou la sclérose en plaques peuvent se manifester plusieurs années après l’injection, la justice et ses experts mandatés ne devraient plus écarter un lien temporel ou une plainte après ce délai de trois ans.
Il est donc grand temps de revoir tout le système vaccinal et de rétablir la justice et la liberté autant que la libre information au sujet des vaccins, au grand dam des laboratoires qui vendent des vaccins comme une lessive, à l’aide d’une publicité honteuse et mensongère.
Comme le disait un pédiatre anglais, « si vous voulez savoir si vous devez vacciner votre enfant, prenez un miroir et approchez-le de sa bouche. Si le miroir se ternit, c’est que l’enfant est en vie. C’est une contre-indication à toute vaccination. »

Sylvie Simon.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

MORT D'ENFANT

Il y a des enfants qui meurent tous les jours, et tous les jours, nombreux sont ceux qui vivent avec la culpabilité de le savoir et d’être impuissants à changer les choses.

Une image d’un enfant échoué sur la plage de Bodrum, en Turquie, a fait la une de tous les médias et provoqué un tsunami émotionnel mondial. Cette photo est bouleversante. On ne voit pas le visage de l’enfant, seulement son petit corps habillé, face contre terre, il nous tourne définitivement le dos peut-être, comme si le voyage vers la liberté s’était transformé en cours de route, en cauchemar : réel sans loi, ce corps sans vie a réveillé la conscience collective.

Peut-on dire que c’est l’humanité qui a été touchée en chacun de nous ? Quelque chose qui ne s’explique pas, qui a gonflé puis a provoqué une sorte de cri généralisé pour dire que ça doit cesser, que « les politiques » doivent prendre leurs responsabilités et trouver des solutions d’accueil. L’image de cet enfant mort est devenue le symbole de la reconnaissance de ce drame de la migration et a brisé le sentiment d’impuissance face à cette tragédie.

Pourtant, après le choc de l’image, viennent les réflexions, les constructions, on cherche les coupables. On dit : « c’est la faute des parents », puis : « la photo, c’est de la manipulation ». Ça délire pour attraper ce qui n’a pas de nom, et que l’image, seule, révèle : l’insupportable de la mort d’un enfant. Ce sursaut d’humanité démontre que, derrière l’indifférence généralisée, sommeille le Un de la compassion face à l’indignité, la violence et l’injustice. Ce Un de l’universel a fait barrage à la malédiction de l’ignorance, cette passion de l’être que Lacan a définie comme étant « à la jonction du réel et du symbolique »

Un autre enfant mort a fait la une des journaux, de façon plus discrète il est vrai. Il s’agit d’un enfant de 3 ans, Bastien, blondinet adorable, assassiné par son père qui, un jour de 2011, pour le punir d’avoir été méchant à l’école, l’a tout simplement déshabillé et placé de force dans le lave-linge, puis a appuyé sur la touche « essorage ». On se demande ce qui se passe dans la tête de quelqu’un pour avoir une idée pareille, s’étonner ensuite de sortir de la machine un petit corps inanimé.
Dans ce cas, la culpabilité incombe à ce père, à sa folie, à sa bêtise, à sa barbarie. On a le coupable. Le jugement est sans appel : le père est condamné à trente ans de réclusion dont vingt ans de sûreté, la mère à douze ans pour complicité de meurtre. Ce père, nous dit-on, ne voulait pas de cet enfant, qui n’était pas désiré, comme si le désir avait à voir avec la haine, cette seconde passion de l’être que Lacan a définie comme étant « à la jonction de l’imaginaire et du réel », comme si ne pas désirer un enfant pouvait expliquer qu’on finisse par le tuer…
La veille du drame, le père avait laissé un message : « “Je vous le dis d'avance, si vous ne faites rien je vais le balancer du deuxième étage et tant pis s'il faut faire quinze ans de prison.” Il est adressé au travailleur social qui suit la famille. Mais, ce jour-là, il est en arrêt maladie. »
Quelque chose est annoncé d’un drame, la menace est là, et personne n’est là pour répondre. Peut-être va-t-on parler de mauvaise fortune, de pas de chance pour cet enfant… Mais voilà, il y a des phrases qui ne doivent pas tomber dans le silence. Le travailleur social qui n’était pas présent à son travail n’est pas en cause.

C'est la formation de ces agents qui est à mettre en question. Leur enseigne-t-on à prendre au sérieux la parole, à ne pas l’ignorer ou la rabaisser à un moment d’énervement ?
La parole du père indiquait très précisément qu’il avait dans la tête un désir de mort. Il appelle pour le dire. Et cet appel n’a pas été entendu. Le journal Libération a fait le procès des services sociaux qui eux-mêmes ont cherché à se défendre de l’attaque qu’ils ont dû essuyer lors du procès des parents. Leur mauvaise interprétation de ce qui se passait dans la famille est malheureusement fréquente.
On fait des parents des partenaires de travail et la formation dispensée aux agents des services sociaux tend à leur faire considérer les familles sur le terrain de la confiance et de la bonne foi, de la commisération et de la compréhension. C’est la difficulté d’un tel travail où justement, la vérité du sujet qui parle n’est pas celle d’un sujet en analyse. Elle est même radicalement opposée, la rencontre entre les familles et les travailleurs sociaux étant toujours vécue sur le mode de l’intrusion, voire de la persécution, ce qui bien évidemment doit être accepté et pris en compte par celui qui fait fonction de questionneur.
Sans ce repérage minimal, le réel reste exclu de la parole, et fait retour dans le passage à l’acte.

Que dire de la mère ? Est-elle monstrueuse ? On s’est beaucoup attardé sur la personnalité de cette mère, qui semble insensible, ne pleure pas à l’évocation de la mort de son enfant, etc. On écrit qu’il s’agit d’une femme sous l’emprise de cet homme, et on s’indigne de la mère qu’elle n’a pas été, une mère qui protégerait ses enfants de ce père fou, une mère capable de partir, de fuir cet homme. On parle de « couple pathologique » et en effet, c’est un couple dont le fonctionnement est pathologique mais leur dysfonctionnement n’efface pas pour autant la surdité de la mère à la souffrance de son fils. Elle est prisonnière de la situation qu’elle a créée, et qu’elle vit comme détachée d’elle-même, dépersonnalisée. Elle décide de ne pas parler, de taire la violence qu’elle subit, s’enfonce dans le silence, et ne réalise pas qu’elle est enceinte. Son corps est Autre à elle-même. Elle ne perçoit pas les changements liés à la grossesse, elle dénie attendre un enfant. Son corps est coupé de la pensée, de la parole. Il n’est pas touché par le signifiant « enfant », et dès lors, il est privé de la connexion entre ce signifiant et son corps.
La mère de Bastien n’a pas symbolisé l’enfant qu’elle a dans le ventre. À la naissance, ce bébé vient déranger son père et sa mère. Il est en trop.
Ces deux morts d’enfants, l’un vivant la tragédie d’une famille qui fuit son pays pour se sauver de l’Autre tyran, l’autre subissant la folie destructrice de l’Autre parental, renvoient chacun à cette fonction de l’humanité qui fait sens commun, « discours universel » disait Lacan.
Dans le premier cas, ce sens commun a eu un impact puissant dans la prise de conscience de ce qui se passe quand on fuit son pays en raison de son inhumanité et dans le second cas, le sens commun est un voile absolu pour masquer ce qu’on ne veut pas voir ni savoir de la folie d’un sujet psychotique. Cela n’est pas sans nous rappeler pourquoi nous opposons à ce sens commun, l’inhumanité dont Jacques-Alain Miller a indiqué la part qui nous incombe, à nous, psychanalystes, qui consiste à pouvoir « doser sa propre inhumanité » qui, dit-il, « est le respect de l’absolue altérité de l’autre »
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LA DEPRESSION
(test pour savoir si vous lisez… avez-vous tout compris ? )

La dépression est une souffrance à prévalence narcissique, et la plupart des écrits n’insistent pas sur cette différence. On parle de dépression du bébé, de l’enfant, de l’adolescent, du vieillard, du post-partum. Rarement de la dépression de la femme différenciée de celle de l’homme.
Et pourtant, on n’entre pas en dépression, et on n’en sort pas de la même manière selon qu’on est garçon ou fille, homme ou femme dans le sens d’une prévalence et non d’une radicalité, car il est possible de trouver des formes féminines de dépression chez bien des hommes. Tous sexes confondus, l’effondrement de ce rempart, de ce roc qu’est le « refus du féminin » peut faire échouer les humains sur une même rive.

Il convient bien sûr de différencier l’état dépressif, celui qu’on appelle « la déprime », de la forme pathologique qu’est la dépression.
L’état dépressif semble de moins en moins toléré par la société actuelle, qui force vers un idéal de bonheur, d’accomplissement individuel, et accentue le narcissisme, le culte du corps, et l’idéal du moi au détriment du surmoi et de la relation objectale et oedipienne. Les sentiments de honte l’emportent sur ceux de culpabilité. L’intolérance aux états dépressifs peut conduire à une surconsommation d’antidépresseurs, qui ne font qu’amputer les sujets du recours à leurs propres ressources psychiques.

La dépendance, aliénation indispensable dans les premiers temps de la vie, est également une chance d’expérimenter dans la relation primaire, par la voix, les mimiques, les gestes et les affects, l’échange relationnel d’appel et de réponse, qui permet le développement pulsionnel de l’enfant, tel que Freud le décrit dans « Pulsions et destin des pulsions »
Cependant, si la dépendance se prolonge excessivement et se fixe, elle expose tout être humain au risque soit de la haine, soit de la dépression.

La véritable expérience d’indépendance du corps maternel, sur le plan moteur corporel et fantasmatique, c’est l’organisation de l’analité qui la promeut. C’est la fonction sphinctérienne qui fournit psychiquement la capacité d’ouvrir et de fermer le moi à la pulsion et à l’objet. Donc de négocier. Là se forge le caractère.
Bien des femmes, lorsque leur structure est à prévalence hystérique, ne parviennent pas à une solide organisation de leur analité, ce qui rend leur indépendance précaire.

Mais c’est la logique phallique, l’angoisse de castration et le complexe d’Oedipe qui vont réorganiser et re-symboliser après coup ce premier développement dans le sens de l’identité sexuée et sexuelle, dans celui de la différence des sexes et des générations. C’est cette organisation qui assure un plus fort dégagement de la dépendance au corps maternel, par la triangulation, par les identifications croisées et par l’instauration du surmoi. Chez la femme, ce surmoi est décrit par Freud comme insuffisamment « impersonnalisé », car, héritage paternel, il reste prisonnier de l’attachement oedipien de la fille au père.

La fille – de même sexe que sa propre mère – peut renvoyer la mère soit à la rivalité, soit à l’angoisse d’une représentation de « castration » féminine, mais aussi à la représentation substitutive que celle-ci recouvre : à savoir l’angoisse de la jouissance féminine et celle de l’inceste. L’inceste mère-fille a pu être considéré comme le fantasme homosexuel fondamental. Le tabou de l’inceste est, littéralement, le tabou du non-séparé.

La mère soumet alors la fille, dans la plupart des cas, à la logique phallique, symbolique, à la loi du père. En raison de ce refoulement primaire du vagin, le corps tout entier de la fillette va développer des capacités érotiques diffuses, dans l’attente de son éveil. Le conte de la Belle au Bois dormant, au sexe dormant, en offre une illustration issue du fond des âges.
Pour que la Belle s’endorme tranquille, protégée par ce refoulement primaire, il faut qu’elle puisse investir l’attente.
Si la mère, messagère de la castration, pour Freud, dit au petit garçon qui fonce, tout pénis en avant : « Fais bien attention, sinon il va t’arriver des ennuis ! », à la fille elle dira : « Attends, tu verras, un jour ton Prince viendra ! » Elle est donc messagère de l’attente.
Le garçon, l’homme, destiné en principe à une sexualité de conquête, c’est-à-dire à la pénétration, s’organise davantage, bien étayé sur son analité et son angoisse de castration, dans l’activité et la maîtrise de l’attente et de la perte.
La fille, la femme, en revanche, est vouée à l’attente : elle attend d’abord un pénis, puis ses seins, ses « règles », la première fois, puis tous les mois ; elle attend un amant, puis un enfant, puis l’accouchement, puis le sevrage, etc. Elle n’en finit pas d’attendre.
Mais la femme attend, avant tout, l’amour. “L’amour est l’histoire de la vie des femmes, c’est un épisode dans la vie des hommes”, écrit Madame de Staël.

L’état dépressif peut être lié à une attente déçue, que celle-ci soit consciente ou inconsciente. Winnicott affirme que la pire des choses qui puisse arriver à un petit d’homme n’est pas tant la déficience de l’environnement que l’espoir suscité et toujours déçu. Il existe un lien fort probable entre la déception de l’attente et la dépression chez la femme.
Car toute attente est une excitation douloureuse. Celles de la femme sont pour la plupart liées à des expériences non maîtrisables de pertes réelles de parties d’elle-même ou de ses objets – qu’elle ne peut symboliser, comme le garçon, en angoisse de perte d’un organe, en principe jamais perdu dans la réalité. Il lui faut donc l’ancrage d’un solide masochisme érogène primaire. Celui-ci permet d’investir érotiquement la tension douloureuse, de soutenir l’insatisfaction d’une pulsion par nature impossible à satisfaire, l’écart de la satisfaction hallucinatoire du désir par rapport à l’attente de la satisfaction réelle, et ultérieurement, de supporter le plaisir-douleur de la jouissance sexuelle.
La dépendance de la fille à la mère archaïque préoedipienne, époque dite minoé-mycénienne, a une durée que Freud reconnaît avoir longtemps sous-estimée : « Un certain nombre d’êtres féminins restent attachés a leur lien originaire avec la mère et ne parviennent jamais a le détourner véritablement sur l’homme »
Comment, pour la fille, s’arracher à l’imago maternelle, quand le corps se met à se rapprocher et à ressembler au corps de la mère ?

La fille est soumise non seulement à des fantasmes, mais à des vécus d’incorporation. La relation de mère à fille est de corps à corps, mais aussi de chair à chair, et cela peut être réciproque. On sait que certaines mères, lorsque leur fille accouche, ont des symptômes – d’identification hystérique, certes – de lactation et de contractions utérines.
C’est du fait de ce vécu d’incorporation que la violence et l’agressivité peuvent se déchaîner : Freud parle d’hostilité et de reproches, Lacan de « ravage ». Un mouvement d’affrontement paraît nécessaire pour se « décorporer » d’un objet primaire, d’un objet perdu dont on n’a pas pu faire le deuil, pour pouvoir enfin s’en séparer.
Joyce Mc Dougall parlait d’un corps pour deux. Il peut y avoir aussi un utérus pour deux, parfois responsable de situations de frigidité et de stérilité.
Un corps maternel peut être séquestré avec violence, comme on sait, dans le corps d’une fille anorexique, et réciproquement.
Comment oser affronter le corps à corps avec la mère, quand il y a le risque de se perdre avec elle ?

Le paradoxe du destin féminin tient à la difficulté de se dégager d’un objet primaire maternel, du fait d’une nécessaire identification et d’une tout aussi nécessaire désidentification. La séparation porte le risque de perdre une partie de soi, et donc l’advenue d’un état dépressif.

Freud décrit, en 1926, le trajet de l’élaboration des angoisses de perte en fonction des situations de danger. Depuis la détresse du nourrisson, le danger de la perte d’objet liée à la dépendance des premières années, puis l’angoisse de castration du conflit oedipien jusqu’à l’angoisse devant le surmoi à la période de latence. Donc depuis les angoisses de perte du tout jusqu’à celles des pertes partielles symboliques qui permettent de sauver le tout.

Le complexe d’Oedipe permet à l’enfant de renoncer à ses vœux incestueux, car l’oedipe est antagoniste de l’inceste.
Cet opérateur oedipien, dont le surmoi héritier est à la fois interdicteur et protecteur, sert d’ancrage et permet la réorganisation de nombre d’angoisses archaïques antérieures, orales ou anales, par la création d’un signal, et par l’activité représentationnelle. Ce qui se produit plus difficilement au niveau des angoisses sans nom, celles que certaines manifestations psychotiques permettent de qualifier d’anéantissement, de liquéfaction, de réengloutissement dans le corps maternel.
Une organisation oedipienne suffisamment bonne, un environnement suffisamment fiable et encadrant, peuvent protéger de toute chute dépressive.
Les difficultés dans l’élaboration de la perte se révèlent par l’intensité des angoisses de séparation. La capacité de disposer, chez les personnalités névrotiques, d’une scène intérieure et d’un système de représentations ancré dans la réalité psychique permet de perdre de vue un objet d’amour sans être menacé de sa disparition. La constitution de l’objet interne y pourvoit. Contrairement à celles dont l’attachement à la perception de l’objet est indispensable pour que soit maintenue la continuité de leur existence, « relation fétichique à l’objet », selon Evelyne Kestemberg

Mais qu’en est-il, au niveau de la différence des sexes, du statut et des traces de l’absence et de la perte dans les expériences de séparation ?
Freud oppose l’angoisse de castration des hommes à l’angoisse de perte d’objet et d’amour chez les femmes. « C’est précisément chez la femme que la situation de danger de la perte d’objet semble être restée la plus efficiente… il ne s’agit plus de l’absence éprouvée ou de la perte réelle de l’objet, mais de la perte d’amour de la part de l’objet ».
L’absence d’angoisse de castration chez les filles peut les exposer à des angoisses de perte du tout, un tout qui est davantage celui de l’être que celui de l’avoir.
Une femme ne peut se donner pleinement sans amour. C’est ce qui pose sa dépendance et sa soumission à la domination de l’homme dans la relation sexuelle. Sa dépendance amoureuse la rend davantage menacée par la perte de l’objet sexuel que par la perte d’un organe sexuel, angoisse autour de laquelle se structure plus aisément la sexualité œdipienne du garçon et la sexualité « à compromis » de l’homme adulte.
C’est pourquoi elle est plus exposée à la déception, et se trouve tellement menacée de dépression en cas de perte d’objet amoureux.

Que veut la femme ? Qu’on la veuille. Etre désirée, être aimée. Ce qui n’est pas toujours différencié chez elle. En italien, ti voglio, « je te veux » ne signifie-t-il pas aussi bien « je te désire » que « je t’aime » ?
Mais quel est l’objet de la perte, en fonction de cette différence des sexes ?
Ecoutons l’Opéra, qui a bien mis en évidence la dissymétrie de la position masculine ou féminine face à l’abandon.
« Si tu me quittes, je te tue ! », crie Don José à Carmen.
Et Mme Butterfly : « Si tu me quittes, je me tue ! ».
L’homme abandonné tue l’objet, en général fantasmatiquement, la femme abandonnée se fait objet perdu.
La perte de l’investissement amoureux et le sentiment d’échec qui l’accompagne réveillent les traces de l‘échec oedipien.
Le deuil du désir oedipien est à reprendre à nouveau. La dévalorisation par perte de l’amour d’objet, vécue comme un trauma narcissique, peut désorganiser le système féminin de valorisation, et chez l’homme réactualiser toute la problématique de la castration.

Le mode de défense contre la séparation, radical et symbolisant, mis en œuvre par le garçon pour sortir du conflit oedipien, lequel « vole en éclats », selon Freud, reste une tactique exemplaire pour l’homme contre toutes les angoisses de perte objectale ultérieures, une perte amoureuse par exemple. L’objet de la perte masculine peut se négocier par son angoisse de castration, qui sert de cran d’arrêt à la chute dépressive, et limite les dégâts.
« Si tu me quittes, je te tue… ou bien je te remplace »
On connaît l’adage : « Une de perdue, dix de retrouvées ». La quête phallique reprend ses droits. Dans le cœur de tout homme, un don Juan sommeille. Il existe trois types de frein à la tentation polygamique des hommes : l’amour d’une femme, la peur des femmes ou … le surmoi.
Chez une femme, bien souvent, la perte d’un amour peut signifier perdre le tout, être renvoyée au néant, n’être plus rien.
Exemple :
Une patiente a été abandonnée par son amant plus jeune qu’elle. Elle est possédée, obsédée. Elle a maigri de 15 kg et éprouve un mal constant au bas-ventre. Elle pense à mourir. Quand elle aperçoit cet homme, son intérieur descend dans le sol, dit-elle, elle se vide, elle n’est plus rien. « C’est comme une drogue, mais c’est doux à l’intérieur », dit-elle, et on perçoit qu’elle ne souhaite pas s’en débarrasser. Elle ne veut pas ressentir de haine, car ce serait se couper de lui et se couper d’une partie d’elle-même, s’amputer. Elle ne comprend pas. Comment n’a-t-elle rien senti, rien vu venir, comment n’a-t-elle pas perçu qu’il y avait une autre femme ? « Je veux savoir, dit-elle, mais je ne veux pas l’entendre ».
On peut noter qu’aucune angoisse signal n’a pu se produire, et qu’aucune représentation, rêve ou fantasme n’ont pu anticiper la séparation, et constituer des traces garantissant la pérennité d’un objet interne permettant de convoquer l’objet absent, en s’assurant de sa propre continuité psychique.
L’amant "s’est arraché d’elle", sans doute comme un enfant qui s’émancipe, mais en emportant une partie de son corps. On a découvert chez elle un cancer de l’utérus.

Oserait-on penser qu’il ait fallu ainsi à la fois combler le vide et souffrir ? Et que cette relation fusionnelle, faisant le vide de toute altérité, aurait fait place à une incorporation mélancolique sous forme de somatisation ? Ce serait en désaccord avec des théories éprouvées qui nient un sens primaire de la somatisation. Il serait plus pertinent de penser qu’une dépression plus « essentielle », donc « non sentie » et « impossible à voir venir », ait précédé une telle somatisation.
La dépression de la femme serait également liée à la déception de l’attente, et à la difficulté de symbolisation de son sexe féminin.
Lorsque son masochisme érogène primaire n’est pas bien ancré, qu’il ne sert pas de cran d’arrêt, la chute peut s’avérer profonde et virer à la mélancolie, ou à la somatisation. L’attente déçue du désir d’un homme, l’attente déçue d’un enfant la confronte à un sentiment de vide : vide d’un corps qui n’est plus habité par un narcissisme corporel, qui n’est plus éclairé par le regard de désir d’un homme, ou par la tendresse d’un enfant.
La dépendance, qui pouvait se dissimuler dans la présence, se dévoile et se découvre brutalement lorsque le manque se précise, lorsque la confirmation par l’objet et par son regard disparaît.

Toute situation de perte peut engendrer un excès de désespoir, de colère, d’autoaccusation mais aussi de menace persécutrice : la projection de la haine peut transformer l’autre en mauvais objet, mais aussi s’acharner contre le moi sous la forme mélancolique d’une angoisse de séparation définitive : ne plus jamais être aimée, être quittée ou abandonnée pour toujours.
Se révèle alors, chez la femme, une perte objectale confondue avec une perte narcissique totale.
« Si tu me quittes, je me tue, ou je m’abîme, … ou bien je reste seule »
La solitude des femmes est un fait de société, qu’elle soit choisie ou subie. Les hommes restent rarement seuls : l’objet femme a tout d’abord été maternel, … et il tend à le rester.
La disparition, l’effacement ou l’usure de l’amour éprouvé pour un objet constituent une épreuve. Le désinvestissement laisse un vide, et se trouvent perdus un support, une occasion d’attente, de fantasmatisation, d’exaltation, d’excitation, d’auto-excitation.
Le mal d’amour est un objet intérieur qui peut parfois être précieux, excitant, et le lamento féminin peut aussi être une jouissance. Ce qui retrouve le lien avec le masochisme érotique féminin.
« Ah je voudrais ne vous avoir jamais vu ! » écrit la Religieuse portugaise, qui s’écrie aussitôt : « J’aime bien mieux être malheureuse en vous aimant que de ne vous avoir jamais vu »

Au moment de la perception de la différence anatomique des sexes, que Freud qualifie de traumatisme, comment la fille peut-elle se faire reconnaître comme être sexué en l’absence de ce pénis qu’elle perçoit comme porteur de toute la valorisation narcissique ? Comment se faire désirer, se faire aimer ?
Sa ruse inconsciente sera d’annuler cette différence qui fait problème, et d’adopter la logique phallique. L’ « envie du pénis » est narcissique, non érotique, car la fille sait très bien que l’absence de pénis ne l’empêche pas de ressentir toutes sortes de sensations voluptueuses. Elle sent bien aussi que son autoérotisme est l’objet d’un conflit, un conflit qui a un lien avec les objets parentaux, oedipiens.
Issue d’une théorie sexuelle infantile, celle de la survalorisation narcissique d’un sexe unique, le pénis, l’organisation phallique est une défense en tout ou rien qui consiste à nier la différence des sexes, et donc le féminin, assimilé à une « castration ».
Si Freud en construit une théorie phallocentrique du développement psychosexuel, et que Lacan en fait le signifiant central de la sexuation, du désir et de la jouissance, ne peut-on en inférer une tactique défensive impérieuse face à l’effraction de la découverte de la différence des sexes ? Comme nous le constatons dans le social, elle tend à le maintenir.
Cette organisation est cependant un passage obligé, pour les deux sexes, car elle permet le dégagement de l’imago prégénitale de la mère toute puissante et de l’emprise maternelle.
Le garçon, en principe, est favorisé par le fait qu’il possède un pénis que la mère n’a pas, à partir du moment où est levé le déni de la « mère au pénis » de sa théorie sexuelle infantile, et parce qu’il peut parvenir, grâce à son angoisse de castration, à symboliser la partie pour le tout, en s’étayant sur son identification paternelle. Il renonce à ses vœux incestueux de manière violente, pour sauver son pénis, l’angoisse de castration le fait sortir du conflit oedipien. L’organisation phallique le sauve de toute menace dépressive.
Chez les filles, les femmes, le pulsionnel reste très proche du corporel, de la source. C’est le ventre, l’intérieur du corps qui peut être objet d’angoisse, ou menacé de destruction, comme le théorise Mélanie Klein, à la suite d’Ernest Jones, qui tous deux situaient la menace du côté de la mère. L’angoisse féminine se manifeste davantage par envahissement et intrusion que par ce qui peut être arraché, coupé.
Puisque la mère ne lui a pas donné de pénis, ce qui lui vaut, selon Freud, les plus haineux reproches, son besoin de reconnaissance la fille va l’adresser à son père. C’est ce qui la fait entrer dans le conflit oedipien. Elle y entre, selon Freud, pour acquérir un pénis, grâce à papa, qui lui donnera plus tard un enfant substitut du pénis, et elle en sort difficilement, parfois jamais, par la faute de maman. ( caricature, bien évidemment.)

La première et nécessaire transgression de la fille, c’est sa trahison de la mère primitive, la castration de l’imago maternelle phallique. Le lien d’amour-haine signe la difficulté de ce dégagement. Une petite fille ne peut devenir femme que contre le féminin maternel. .
Cependant, la petite fille freudienne n’attend-elle du père oedipien que la promesse d’un bébé, censé réparer son préjudice du manque de pénis ? N’attendrait-elle pas davantage d’en être aimée en tant que fille ? Le désir d’enfant, pour Freud, précède le désir érotique.

Le conflit oedipien permet l’organisation de la bisexualité et celle de l’ambivalence reliant l’amour et la haine. La liaison et la déliaison s’attachent à l’une et à l’autre figure parentale, dans une alternance parfois douloureuse mais parfois étayante car l’appui sur l’un permet d’aborder le conflit avec l’autre. La scène primitive, et son vécu de solitude et de séparation, devient alors un fantasme anti-dépresseur.

A la puberté, la grande découverte c’est celle du vagin. Freud dit qu’il est ignoré pendant l’enfance, dans les deux sexes, du fait de l’intense investissement phallique du pénis. Le vagin n’est pas un organe infantile. Les petites filles n’ignorent pas qu’elles ont un creux. Elles peuvent éprouver des sensations internes, liées à des émois oedipiens, mais aussi aux traces archaïques du corps à corps avec la mère primitive, première séductrice, selon Freud.
Mais la vraie révélation du vagin érotique, celle de l’érogénéité profonde de cet organe ne peut avoir lieu que dans la relation sexuelle, celle de jouissance.
L’éveil de la puberté surgit bien avant que soit élaborée la capacité d’assumer une relation sexuelle. Comme le suggère Winnicott, l’activité sexuelle intervient plutôt comme une façon de se débarrasser de la sexualité que de tenter de la vivre.
C’est la grande question de l’adolescence : comment élaborer les fantasmes que génère la découverte de ce nouvel organe qu’est le vagin ?
Cette irruption du féminin lors de la puberté, change les données. Le complexe de castration n’est plus le même : il va au-delà de l’angoisse de perdre le pénis, ou de ne pas l’avoir.

Comment, pour le garçon, utiliser ce pénis dans la réalisation sexuelle ? Comment rencontrer le féminin, cet autre sexe ? L’angoisse de castration va se doubler des « angoisses de féminin », celles de l’ouverture du corps féminin et de la pénétration, pour les deux sexes, mais dans une asymétrie qui signe la différence des sexes.
Comment, chez la fille, vivre ces transformations corporelles qui ne la renvoient plus seulement au manque, puisque il lui pousse, non pas un pénis, mais des seins ? Des transformations de son corps qui l’approchent dangereusement de la scène primitive et d’une réalisation incestueuse devenue possible.
Les angoisses d’intrusion de la fille vont devoir s’élaborer en angoisses de pénétration. Les fantasmes de viol, fréquents à l’adolescence, signent ce passage.
C’est au moment d’investir la pénétration sexuelle et le vagin érotique que peuvent réapparaître chez l’adolescente des carences d’intériorisation et des menaces d’effraction narcissique, des angoisses de féminin. La puberté a alors un effet traumatique. L’état dépressif peut s’y manifester, ainsi que toutes les défenses phobiques ou caractérielles.

Les pathologies à prédominance féminine à l’adolescence que sont l’anorexie et la boulimie concernent les angoisses de féminin, celles de l’ouverture et de la fermeture du corps, et témoignent de l’échec de leur élaboration. La boulimique y répond par l’acte de remplir, l’anorexique par celui de fermer toutes les issues, les orifices. Tomber enceinte peut également être un moyen de remplir et de fermer toutes les issues. L’arrêt des règles vient ponctuer ce mode de contrôle des angoisses d’ouverture du corps des femmes.

Si la mère n’a pas donné de pénis à la fille, ce qui, selon Freud, la fait virer en objet de haine, ce n’est pas elle non plus qui lui donne un vagin. Elle présidera seulement à son refoulement primaire. Mais la haine permet surtout la différenciation, puisque l’objet, selon Freud, naît dans la haine, et c’est par elle que la fille peut se séparer de la mère, en étant l’auteur et non plus la victime de la séparation et de l’abandon. L’autre, né dans la haine, c’est aussi celui qui vient rompre la fusion, ce peut être aussi bien le père, le bébé frère ou sœur ou … la mère oedipienne.
Mais, si le changement d’objet vers le père a pu se produire, c’est en réveillant, en révélant l’érogénéité de son sexe féminin, dans la relation sexuelle de jouissance, qu’un amant pourra arracher la femme à son autoérotisme et à sa mère prégénitale. Le changement d’objet est un changement de soumission : la soumission anale à la mère, à laquelle la fille a tenté d’échapper par l’envie du pénis, devient alors soumission libidinale à l’amant. Depuis la nuit des temps, les hommes doivent venir arracher les femmes à la nuit des mères, aux reines de la nuit.

La rencontre érotique qui est au rendez-vous de l’amour met le corps à l’épreuve de l’autre, avec des risques pour le moi et pour le narcissisme. De quelle nature sont les liens entre le corps et le narcissisme ? Qu’est-ce que le narcissisme doit au corps ?
Le narcissisme des hommes est avant tout phallique, du fait de l’angoisse de castration portant sur leur pénis. Il prend appui sur l’identification au père, se prolonge dans l’idéal du moi, lequel peut s’avérer plus cruel que le surmoi, et davantage encore s’il est étayé sur un surmoi précoce ou un moi-idéal.
L’atteinte narcissique phallique, la chute d’idéal semblent plus fréquentes chez les hommes, dans le sens d’une dépression d’infériorité, d’impuissance, d’insuffisance, lors de la perte d’une situation de pouvoir, la victoire d’un rival, la panne de puissance sexuelle, la mise à la retraite, le déclin de l’âge. Ce risque dépressif peut se produire aussi lors d’un trop plein de succès et du sentiment d’en être indigne. La défense se manifeste souvent dans le comportement, les réactions de prestance, les troubles de l’humeur ou par des décompensations somatiques.
Le narcissisme féminin est avant tout corporel, même s’il peut être investi également sur le mode phallique. Il porte sur leur corps tout entier, mais celui-ci est soumis à la réassurance du regard de l’autre. Ce qui les rend dépendantes du regard, du désir et de l’amour de l’objet.
Le désir masculin, ancré sur la capacité de symbolisation de la partie pour le tout, est tenté par le fétichisme. Celui du découpage de parties désirables sur le tout de la femme : des seins, un cou, une cambrure, des jambes, « tu as de beaux yeux, tu sais ! ». Ce que les femmes savent fort bien utiliser comme appât.
Le désir féminin est plus intériorisé, moins représentable, comme l’est son sexe. Une femme en réfère à son intériorité, même si elle ne lui est révélée que dans l’échange des regards et dans l’union des corps.
Le besoin de reconnaissance du narcissisme phallique c’est d’être admiré, celui du narcissisme féminin est d’être désirée.

On a coutume de différencier le corps et le soma, en fonction des travaux portant sur les affections dites psychosomatiques.
Le conflit entre le corps et la chair dessine l’écart entre la féminité et le féminin. La féminité est toute de surface et de séduction, celle de l’apparence, du leurre et de la mascarade, des charmants accessoires de la séduction. Celle qui enveloppe et pare le corps, celle qui est visible, qui s’exhibe, et fait bon ménage avec le phallique et l’angoisse de castration. A l’opposé, le féminin est tout intérieur, secret, porteur de tous les fantasmes dangereux et des angoisses de féminin. La féminité, c’est le corps ; le féminin, c’est la chair. La chair c’est l’invisible, ce qui palpite sous la peau, et toutes les fluidités qui en sortent. C’est aussi le jardin des délices, celui de toutes les sensorialités.
La chair, c’est ce qui apparaît quand le corps est entaillé, coupé, qu’il suinte, saigne. D’où le lien avec l’angoisse de castration et le sexe féminin. Ce sexe que certains homosexuels nomment « la plaie ».
Le pénis est d’essence corporelle, il a une forme, un contour, une enveloppe, une peau. Il a à pénétrer dans la chair du sexe féminin, lequel est informe, irreprésentable. D’où la terreur ou l’horreur qu’il peut inspirer. L’angoisse de castration peut en construire des représentations de sexe châtré, et celles, plus angoissantes, d’engloutissement, de vagin constrictor ou denté. Jusqu’à celles de « l’origine du monde », le sexe de la mère, tabou absolu. L’homme s’arrête ante portas face à la terreur de la porte des mères.
La chair renvoie aussi à la représentation de la charogne, comme le poème de Baudelaire l’exprime si sublimement :
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés !

La chair est totale du côté du maternel. Seule une femme peut parler de « la chair de sa chair ». L’homme a un contact corporel avec le corps de son enfant, la femme a un contact charnel, d’où la difficulté de la séparation, et la possible perversion maternelle portée sur un enfant objet partiel, partie détachée d’elle-même. D’où le danger pour l’individuation de l’enfant.
Freud écrit : « Là où la pulsion de mort émerge sans objectif sexuel, même dans sa furie la plus aveugle, il est impossible de méconnaître que sa satisfaction se rattache à une jouissance narcissique extraordinairement élevée, dans la mesure où elle montre au moi l’accomplissement de ses anciens désirs d’omnipotence. Tempérée et maîtrisée, inhibée dans son but, la pulsion de destruction, orientée vers les objets, est alors forcée à procurer au moi la satisfaction de ses besoins et la maîtrise de la nature »

Une question. Pourrait-on dire que cette jouissance narcissique intense, primaire, ne serait autre que celle, archaïque, de la chair d’avant la construction du corps, préalable au double retournement et à l’organisation oedipienne ? C’est dire qu’il serait nécessaire que la pulsion de mort soit tempérée, inhibée dans son but, orientée vers les objets, pour que cette jouissance entre dans la variable plaisir/déplaisir ?
Le narcissisme secondaire serait pris dans le retour sur le moi de l’investissement de l’objet, de ses soins, de sa séduction, et de la projection narcissique parentale qui fasse de l’enfant His majesty the baby. La sexualité infantile pourrait alors s’y déployer.

La chair féminine et sa difficulté de symbolisation nous mènent à la question du masochisme.
Qu’en est-il d’un féminin érotique ? La négociation de la partie pour le tout étant difficilement possible, comment symboliser un intérieur, qui est un tout, et comment séparer le sien de celui de sa mère ? Une symbolisation, une psychisation du sexe féminin est-elle possible ?
C’est par un mouvement, qui joint le scandale du féminin à un autre scandale : celui du masochisme.
Retournement de l’activité à la passivité active, celle du mouvement masochique féminin
Masochisme érotique féminin, celui que révèle, dans le deuxième temps particulièrement refoulé du fantasme «Un enfant est battu », la petite fille oedipienne, comme l’adolescente qui chante : « Fais-moi mal, Johnny Johnny ! ».
Freud perçoit le caractère érotique oedipien du désir masochiste de la fille dans son article qu’il décline longuement, en 1919. C’est la culpabilité de ce désir oedipien qui amène la fille à l’exprimer, sur le mode régressif : Papa bats-moi ! Papa, viole-moi !

Le masochisme érogène primaire, première liaison, celle de la pulsion de mort sert de point de fixation et de butée à la désorganisation mortifère. Grâce à la coexcitation sexuelle, la femme peut investir un masochisme érotique féminin, nécessaire à la rencontre érotique et amoureuse avec un amant. S’abandonner à la pulsion et à l’objet qui le porte, se faire pénétrer dans sa chair nécessite une telle liaison masochique. Celle qui permet de lier la douleur à la jouissance féminine, celle qui transforme en libido tout ce qui excite et provoque douleur, au-delà du principe de plaisir. Ce masochisme est une capacité d’ouverture et d’abandon à de fortes quantités d’excitations libidinales et à la possession par l’objet sexuel. Dans la déliaison, il assure la liaison nécessaire à la cohésion du moi pour que celui-ci puisse se défaire, et il nécessite un objet fiable. Il s’agit donc d’un puissant facteur antidépressif.

Ce qui m’importe pour illustrer le masochisme érotique féminin, c’est le fait que : « Etre soi-même battue par le père » devienne : « Je me fais en fantasme battre par le père », c’est à dire : « Moi sujet je me fais objet de la pulsion érotique de mon père, et j’en jouis »
Ce qui fait dire une femme amoureuse à son amant : « Emmène-moi où tu veux aller, je t’appartiens, possède-moi, vainc-moi ! »

Le véritable but du masochisme érotique féminin c’est la jouissance.
Ce que Freud décrit par « masochisme féminin », c’est celui de certains hommes qui érotisent les dites situations de douleur et d’humiliation des femmes. C’est une version masturbatoire d’allure fétichiste. Quant au « masochisme moral », fort répandu chez les femmes, il peut être contre-investi par le masochisme érotique féminin, mais il assure la resexualisation des objets oedipiens.
Le masochisme érotique féminin est d’une autre nature, il est constitutif du féminin, au-delà du phallique, et contribue à une relation érotique entre un masculin et un féminin.

« Il y a une sorte de gloire du subissement chez la femme, écrit Marguerite Duras, mais que beaucoup de femmes nient. C’est le règne du subissement. Je regrette que beaucoup de femmes ignorent tout de ça… Je crois que s’il n’y a pas ça, il y a une sexualité infirme chez les femmes, incomplète. C’est comme si on portait son propre moyen-âge, comme si on portait en soi sa barbarie première, intacte, qui était ensablée avec le temps, depuis des siècles »
Ce masochisme, « gardien de vie », également gardien du narcissisme féminin et de la jouissance

L’expérience du « stade du miroir », selon Lacan, paraît apte à éclairer la constitution du narcissisme, masculin comme féminin. L’enfant regarde le regard de sa mère le regardant, en confirmant ce qu’il voit dans le miroir. C’est un temps de reconnaissance par l’objet de l’image spéculaire.
La reconnaissance par le père réel instaure une différence avec le regard « miroir » de la mère, selon Winnicott, et oriente vers un autre regard, celui qui va marquer de son sceau le destin féminin de la femme dans le sens du désir d’être regardée et désirée par un homme. Un père oedipien qui peut dire : « Tu es une jolie petite fille », hommage à la féminité, mais aussi : « Un jour ton prince viendra », pour l’attente du féminin.
Cet investissement paternel est ce qui peut empêcher le risque dépressif du sentiment d’absence de sexe, ou de sexe châtré.

Une femme, dont le narcissisme ne peut s’étayer sur la confirmation phallique, reste davantage dépendante de l’objet qui l’a confirmée dans son image narcissique et elle construit son objet libidinal en fonction de ce désir d’être désirée.
Mais si elle n’est dépendante que de son image dans le miroir, si elle n’a pas constitué des objets internes suffisamment valorisants, et qu’un objet aimant ne lui donne pas, par le brillant de son regard, un autre miroir, elle risque, lors de toute séparation, la chute dépressive. Lors d’une rupture amoureuse, d’une trahison, d’un deuil, ce qui manque brutalement c’est ce regard, et la femme peut perdre alors du même coup ses repères symboliques, comme si elle n’était plus rien.
Les femmes actuelles, celles qui ont vécu la libération de leur corps et la maîtrise de la procréation, savent et peuvent ressentir que leurs angoisses de féminin ne peuvent s’apaiser ni se résoudre de manière satisfaisante par une réalisation de type dit « phallique ». Et particulièrement que le fait de ne pas être désirées ou de ne plus être désirées par un homme les renvoie à un douloureux éprouvé d’absence de sexe, ou de sexe féminin nié, et ravive leur blessure de petite fille contrainte à s’organiser sur un mode phallique face à l’épreuve de la perception de la différence des sexes. C’est là que se situe leur « angoisse de castration ». Fort heureusement, la capacité aux sublimations peut prendre le relais.

Dans les crises dépressives du milieu de vie, les représentations s’acheminent inévitablement vers le destin de la sexualité et vers l’inexorable de la mort. Ce qui nécessite une réélaboration du complexe de castration et de la position dépressive des moments de crise antérieurs.
Cette crise est souvent marquée par une dépression, soit passagère, soit définitive, parfois accompagnée d’angoisse, d’une dévalorisation hostile de sa propre image et d’une perte d’auto-estime. Ce qui a été possédé est perdu, ce qui a été espéré n’est pas arrivé.
A la ménopause, en lien avec des pertes réelles à subir, de nombreux renoncements sont à accomplir chez la femme : ils concernent l’enfantement, la jeunesse, la mère archaïque et la mère oedipienne, l’enfance des enfants devenus grands, les parents disparus ou proches de la mort, etc.
L’arrêt de la fonction des organes de procréation peut être vécue, dans la période de crise, comme une castration réellement advenue.
Une femme revit également son angoisse de castration féminine, qui est celle de ne plus être désirable et désirée. Elle revit ses angoisses d’adolescence : l’image du corps et sa capacité de séduire redeviennent un facteur central dans le regard qu’elle porte sur elle-même et dans son auto-estime, qui auparavant dépendaient du regard des autres.
Les patientes racontent leur sentiment catastrophique d’être devenues transparentes, subitement invisibles dans la rue, d’avoir perdu ce regard anonyme des passants.
« Souvent, je m’arrête éberluée devant cette chose incroyable qui me sert de visage… écrit Simone de Beauvoir. Peut-être les gens qui me croisent voient-ils simplement une quinquagénaire qui n’est ni bien ni mal, elle a l’âge qu’elle a. Mais moi je vois mon ancienne tête où une vérole s’est mise dont je ne guérirai pas ».
Cette blessure narcissique peut renvoyer la femme, non seulement à l’époque de la puberté, mais à celle de la déception de la petite fille de la phase phallique, qui se vit comme n’ayant pas de sexe. Elle ne se sent alors plus capable ni d’être une mère, ni d’être une femme, et elle n’est pas davantage un homme.

Les affects envieux visent les hommes pour lesquels il est possible de refaire leur vie avec une jeune femme et des enfants. Ils visent également les jeunes femmes, qui ont tous ces possibles devant elles. L’ombre d’une femme jeune et belle tombe sur le moi, ce qui peut entraîner des sentiments hostiles vis à vis d’une fille. « Miroir, mon beau miroir, dis-moi… ». On connaît la réponse. L’objet de rivalité ce n’est plus désormais la mère, mais la fille.
Le sentiment du vide peut devenir lancinant. Vide pour les femmes chez qui la maternité avait été le centre de leur identité et qui avaient projeté tout leur narcissisme phallique sur leurs enfants. Vide surtout pour les femmes qui n’ont pas eu d’enfants. Le départ des enfants risque de réactiver ce vécu de vide. C’est le « syndrome du nid vide ».
Il y a souvent refuge dans la maladie, dans les souffrances physiques, et dans les somatisations. Le narcissisme blessé reprend sa place et dégrade la libido ou la détourne. Les affects dépressifs et la douleur psychique peuvent être déniés, souvent par une mise en acte, une suractivité, ou une exacerbation hystérique.

La grande question de la puberté, de l’adolescence, et peut-être celle de toute vie de couple, c’est l’enjeu du corps à corps avec l’autre, qu’il soit du même sexe ou du sexe dit opposé. Et si Freud désigne le « refus du féminin » comme un roc, c’est à mon sens pour désigner la difficile intégration de l’altérité du féminin, celle que le sujet, homme ou femme, doit apprivoiser en lui-même et en l’autre, avant et afin de parvenir à toute rencontre.
Sinon, comment ne pas virer vers la dévalorisation, le mépris, la peur ou la haine du féminin, avec leur potentiel de violence destructrice ? Et comment, chez les hommes, ne pas être attiré vers le clivage de la maman et la putain, ou, pourquoi pas… vers les homosexualités ?

L’autre sexe, qu’on soit homme ou femme, c’est toujours le sexe féminin. Car le phallique est pour tout un chacun quasiment le même. Assimiler le phallique au masculin c’est une nécessité du premier investissement du garçon pour son pénis, mais à l’heure de la rencontre sexuelle adulte, phallique et masculin deviennent antagonistes.
Au-delà du phallique, donc, le féminin

L’engagement total d’une femme dans la relation amoureuse, corps et âme, qui se rencontre tout autant chez certains hommes, ressemble fort à celui des premiers temps de la vie avec l’objet primaire. Et l’état dépressif peut renvoyer au deuil qui accompagne toute expérience d’altérité.
Pourquoi tout à coup est-on envahi par un sentiment de tristesse ou de désespoir, alors qu’il ne s’est rien passé de grave, seulement une allusion à un passé douloureux ou trop heureux qui convoque la nostalgie ?
Alors qu’« on a tout pour être heureux », selon la formule consacrée, pourquoi surgit soudain le sentiment que rien ne va plus, que la joie de vivre s’est envolée, que le sens de la vie s’est enfui, que le moteur de la libido est en panne, que la croyance à l’illusion n’est plus possible, que l’avenir n’a plus d’intérêt ?
Il est impossible de ne pas évoquer un effet d’après-coup de cette relation primaire : le deuil impossible de l’objet maternel.
L’angoisse et l’état dépressif sont des expériences constitutives de l’être, liées à l’intériorisation et à la maturation de l’humain, une tentative de maîtriser les conflits, la déception ou la perte.
Le sentiment dépressif (la Grande tristezza selon Dante) ne naît pas d’une circonstance particulière mais de l’existence elle-même. Il est dû à l’inévitable confrontation de l’humain à la vie, aux séparations, arrachements, pertes, au sentiment de nos insuffisances, à la présence du mal, à l’inéluctabilité de la mort et du vieillissement, à l’expérience du non-sens, à l’atteinte des limites. Elle a valeur d’un « signal », celui d’une difficulté apparue insurmontable à affronter ces épreuves.
Cette situation de crise existentielle peut aller dans le sens d’une chute dépressive, ou être l’occasion d’un remaniement narcissique et objectal.
Elle constitue, comme on le sait, l’épreuve rencontrée et surmontée par des personnalités hors du commun : héros, mystiques, artistes, grands philosophes, « génies créateurs », où certaines femmes se sont illustrées
.
Tomber amoureux constitue bien souvent le mode habituel de sortir d’un état dépressif. C’est le fonctionnement amoureux qui se trouve surtout investi. Christian David en a qualifié le surinvestissement de « perversion affective ». C’est souvent le mode d’entrée et de sortie de la dépression, chez les femmes.
Mais il peut s’avérer plus bénéfique, au plan de l’économie psychique, de faire appel aux vertus des activités dites sublimatoires pour pallier les pertes objectales ou narcissiques, et recueillir le parfum de la nostalgie qui est dans leur sillage.
Une liberté trouvée ou retrouvée de jouir des plaisirs de la vie, de réinvestir la sensorialité et les autoérotismes ; un élan qui peut s’adresser à des objets de nature, à des paysages, à des œuvres d’art, mais aussi à de nouveaux liens de tendresse, ceux d’une grand-maternité, par exemple ; une pratique littéraire ou artistique.
L’engagement dans une démarche psychanalytique permet aussi un nouvel investissement objectal et narcissique orientant vers la consolation, l’acceptation des limitations, et le renoncement aux illusions. Le bénéfice narcissique escompté étant celui de la découverte du travail psychique, de l’intériorité, et d’une nouvelle capacité à supporter tout ce qui advient dans l’existence et à tirer plaisir de la vie.

Peut-on avancer que c’est grâce à de telles capacités de surmonter les épreuves, les angoisses et les risques dépressifs, qu’une majorité de femmes aurait, comme il est établi, une espérance de vie supérieure à celle des hommes ?
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LE 3919

Il s’agit d’un numéro d’écoute national anonyme, et non d’un numéro d’appel d’urgence.
Ce numéro permet aux femmes (ou aux hommes…) victimes de violences conjugales de se confier sur leurs souffrances et leur situation.
Les interlocuteurs sont des professionnels à votre écoute et bienveillants.
Ils vous apportent des informations sur les démarches possibles, sur la manière de gérer votre situation, sur le rôle des intervenants sociaux et des associations de lutte contre les violences conjugales etc.
En clair, si vous êtes désemparé(e), c’est LE numéro que vous devez composer.

Mais le 3919 n’est pas un numéro d’appel d’urgence.
Dans les situations d’urgence, il faut appeler la Police ou la Gendarmerie (au 17 ou au 112). Le 112 est le numéro d’urgence valable dans toute l’Union européenne. Les appels sont gratuits dans les deux cas.

Voici une liste de numéros pouvant être utiles en cas de violences conjugales :
SOS Viols : 0 800 05 95 95. Numéro gratuit et anonyme, disponible du lundi au vendredi de 10h à 19h.
08 Victimes : 08 842 846 37. Prix d’un appel local, numéro disponible tous les jours de 9h à 21h. Il s’adresse à toutes les victimes, dont les victimes d’agression sexuelle.

Et puis ce numéro pour LES AUTEURS de violences conjugales, et non pas aux victimes : 01 44 73 01 27.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

SODOMISER UNE FEMME
Message par Antony, sexologue sur ce forum.
17 août 2011, 21:34

Ma réponse va être directe .....
Je suis absolument et résolument contre la sodomie .... (je ne fais pas de morale, chacun fait ce qu'il veut et prend ses responsabilités).
La muqueuse du vagin est un cuir premier choix, épais de 10 mm (1cm) capable de résister aux coups de boutoir d'un pénis déchaîné ! (et principalement à un accouchement)
La muqueuse anale est épaisse d'un dizième de mm ! si elle se déchire, c'est le pronostique vital qui est en jeu (quelques heures !)
La plainte des homosexuels masculins (consultations) qui pratiquent la sodomie est la suivante :
1) incontinence anale à l'effort comme soulever des packs d'eau ..... (je ne parle d'incontinence urinaire mais anale, pour reprendre l'expression à Bigard : trace de pneu dans le caleçon)
2) incontinence au rire (d'où l'expression faire dans son froc)
3) incontinence à la toux ......
Le délabrement du sphincter anal est irréversible !!!!!!! (ça vous intéresse ?????)

Ensuite, si un homme ne comprend pas : mettez votre doigt dans son anus, et faites des va et vient, et dites lui d'éjaculer et évidement vous ne touchez pas, ni ne stimuler pas son pénis de l'autre main, parce que là vous faussez le jeu. S'il n'arrive pas à éjaculer lorsque vous agitez votre doigt dans son anus, vous pouvez décréter qu'il est nul au lit ......
Je ne comprends pas comment les hommes peuvent faire subir aux femmes des trucs aussi illogiques !!!!!

Sur le plan plus psychologique : dans l'enfance, il y a le stade oral (l'enfant prend du plaisir au sein de sa mère), plus tard, on le met sur le pot pour devenir propre. Il y en a qui offrent assez rapidement le "petit cadeau" à maman, et d'autres qui font de la rétention, et qui font dans leur couche tout en se retenant sur le pot (plaisir anal) ! la troisième phase est la phase de la découverte de sensation sexuelle : phase de tripotage des organes génitaux.
Un homme qui fait une fixation sur la sodomie est un homme qui n'a pas dépassé le stade anal : il continue de prendre son plaisir au stade anal et n'a pas évolué vers la troisième phase, sur le plan de la maturité psychologique.

Voir ce lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stade_anal[/quote]

Je vais heurter la sensibilité de beaucoup d'adepte de la sodomie, mais il en est ainsi ...... J'ai déjà pris beaucoup de volées de bois vert sur ce sujet.
Alors je préviens, toute polémique sur ce sujet, se traduira par un effacement direct des messages ! sans préavis !!!!!!!!!
Les adeptes de la sodomie iront se faire voir ailleurs !!!!!!

Antony qui assume totalement ses propos !!!!
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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