Urgent, c'est le tournant de ma vie

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Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LE PERVERS

Un pervers ne guérit pas. Et ses victimes sont justement des femmes sensibles et intelligentes qui croient qu'elles vont pouvoir " le comprendre, et le sauver " malgré lui.
Il n'y a rien à comprendre ni à sauver, la folie n'est pas " raisonnable " !
Et quand les victimes voient que l'homme qu'elles aiment continuent plus encore à les humilier, en leur disant que ce sont elles qui le forcent à être méchant et qu'elles lui font " tant de peine " par leurs attitudes ( il renverse les rôles ), alors elles raisonnent comme si elles avaient un homme sain d'esprit en face d'elles, tout aussi sensible et malheureux !
Les victimes se remettent en question, elles se demandent ce qu'elles ont fait ( ou pas fait ) elles culpabilisent, et elles " obéissent ", elles se mettent " par amour " au niveau de cet homme pour le rassurer, le consoler….

Mais est-ce que l'on va caresser un lion dans sa cage ?
On sait qu'l est très dangereux, et que son calme est une réflexion, une feinte, où il observe, et attend le moment propice pour bondir sur sa proie…
Si c'est cela que vous voulez, si c'est cela que vous regrettez, si c'est " ce malade " que vous aimez, alors il n'y a plus rien à dire ni à faire.
Juste attendre qu'à la prochaine attaque vous en réchappiez en prenant conscience qu'iln'y a pas de dialogue possible, et que la fuite est votre seule issue de survie.
Car quitter un pervers ne suffit pas. Il a détruit la confiance en soi. Et surtout, il déteste perdre son objet de jouissance ! Il continue à harceler la personne qui est partie.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

CONTRE LA PHOBIE DU BRUIT

Message d'un internaute :
Les médicaments prescrits sont la Rispéridone 1mg et la Sertraline 50mg.
Leur effet et juste libérateur et sans accoutumance (j'oublie parfois de les prendre : je n'y pense pas le soir à l'heure du repas et c'est quand je passe devant les boîtes que ça me revient !) et sans effet secondaire, sauf peut-être un peu la libido (on ne fait pas d'omelette... !)
Voilà, j'espère que cela pourra aider d'autres personnes comme ça a pu m'aider moi. Cela fait maintenant 7 mois que je les prend et ça a agit dès la première semaine.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

HEBERGEMENT GRATUIT POUR FEMMES EN DETRESSE
( message de Fugen )

Trouvez une association pour vous soutenir. En région parisienne par exemple il y a le Centre Flora Tristan. On peut y trouver un hébergement d'urgence, un accompagnement psychologique et juridique. Il n'est pas normal d'être obligée de rentrer chez soi après avoir subi des violences, on devrait porter plainte contre l'état. Combien de feminicides auraient pu être éviter. Dans bien des cas tout le monde est au courant des violences même la police. Ce n'est plus acceptable !!
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

TRAUMATISME, STRESS, ANGOISSE, DÉPRESSION : COMMENT ÉVITER DES ANNÉES DE THÉRAPIES EN TROIS SÉANCES

Vous avez sans doute entendu parler de l’EMDR. Mais savez-vous ce que cette méthode toute récente peut vous apporter ? Savez-vous qu’en quelques séances elle peut vous changer la vie ?
« L’Eye Movement Desensitization & Reprocessing », « désensibilisation et reprogrammation par le mouvement des yeux » est une psychothérapie qui a été popularisée en France par David Servan-Schreiber en 2003 avec son fameux livre « Guérir ».
En deux mots, c’est sans doute la plus belle invention thérapeutique que l’on ait vue depuis Freud et l’avènement des thérapies par la parole. Grâce à elle, des milliers de personnes ont été guéries en quelques séances de séquelles de traumatismes ou de ce que l’on appelle le syndrome post-traumatique, l’une des choses les plus difficiles à soigner en psychiatrie.

Acupuncture, shiatsu, TCC (Thérapie comportementale et cognitive), psychiatrie... des méthodes les plus douces aux plus dures, quand plus rien ne marche, seule l’EMDR peut encore guérir. Je dis bien guérir et non pas masquer le problème sous une camisole chimique (anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques...) comme le font les psychiatres dès qu'un problème psychique se présente...

L’EMDR est si efficace qu’en quelques années elle a été validée et reconnue par l’American Psychiatric Association, par le Département de la Défense et l’association des vétérans américains et depuis l’an dernier par l’OMS.

Outre-Atlantique, elle est employée jusque dans les hôpitaux. En France, son utilisation est recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS).
l’EMDR est décrite comme une « méthode thérapeutique censée permettre par les mouvements oculaires la remise en route d’un traitement adaptatif naturel d’informations douloureuses bloquées (par exemple après un choc traumatique), la mobilisation de ressources psychiques et la restauration d’une estime de soi déficiente. »
Cette discipline regroupe des centaines de praticiens en France, psychologues cliniciens, psychothérapeutes, psychiatres, psychanalystes (vous trouverez ici une liste des praticiens français).
Le diplôme est délivré par une fédération internationale (EMDR France chez nous, émanation d’EMDR Europe) de façon très stricte. Il existe même une branche spécialisée de cette fédération qui intervient dans les zones de conflits pour soigner les victimes de traumatismes de guerre, par exemple les enfants dans la région des grands lacs en Afrique.

Que se passe-t-il pendant une séance d’EMDR ?
Vous n'avez pas à parler de vos traumatismes, simplement à décrire vos ressentis émotionnels sur une question posée.
Puis au bout d’un moment, le thérapeute va faire appel à ce que l’on appelle des stimulations bilatérales.
La technique initiale consiste à stimuler latéralement les yeux, d’où le nom de la méthode, à l’aide des doigts, d’un bâtonnet ou même d’un simple crayon que le thérapeute fait osciller de droite à gauche et vice-versa en vous demandant de le suivre du regard.
Le « taping » (le thérapeute vous tapote les genoux droit et gauche en alternance par exemple) ou les sons (à l’aide d’un casque qui vous envoie un son alternatif d’une oreille à l’autre) sont aussi employés.
Cette simple stimulation bilatérale permet au cerveau de « digérer » l’événement traumatisant et ses différentes composantes. Dès que la séance est terminée, et voilà le plus extraordinaire avec cette méthode, vous pouvez repenser à l’événement sur lequel vous avez travaillé sans que des émotions négatives n’apparaissent ou sans pleurer.
Les images parlant mieux que les mots, je vous recommande vivement de visionner des documentaires sur le sujet.
( Vous verrez, par ex, comment se déroule une séance et comment une jeune femme victime de la guerre de 2006 au Liban, terriblement traumatisée, s’est métamorphosée en quelques séances. )

L’EMDR est un outil de traitement des traumatismes qui a été créé à la fin des années 80 par une psychologue américaine, Francine Shapiro, du célèbre institut californien de Palo Alto.
Cette femme avait à l’époque beaucoup de problèmes psychologiques. Pour se défouler elle faisait de la course à pieds et regardait souvent le haut des arbres, ce qui faisait bouger ses yeux horizontalement de manière plus ou moins contrôlée.
A force, elle avait remarqué qu’à chaque fois que cela se produisait, ses angoisses s’atténuaient dans les minutes qui suivaient.
Elle a commencé à faire des recherches sur ce drôle de phénomène et elle a fini par en faire un protocole de soins en intégrant des éléments de la TCC, de la PNL (Programmation neurolinguistique) et d’autres approches dont elle s’est inspirée.

Les premières personnes avec lesquelles Francine Shapiro a utilisé sa méthode sont surtout des vétérans du Vietnam mais aussi des femmes qui avaient subi des violences ou des agressions sexuelles. Le succès a été immédiat, à tel point que l’EMDR a rapidement intéressé les scientifiques. Il y a maintenant des centaines d’études cliniques publiées sur le sujet.

Ces études se sont principalement focalisées sur le traitement des traumatismes, un domaine où il n’existait quasiment rien, et elles concluent plus ou moins toutes à l’efficacité de la méthode. On observe presque toujours une importante diminution des symptômes et cela sur une courte durée, ce qui en fait une méthode spectaculaire. Il suffit de quelques séances pour traiter un violent traumatisme et soulager définitivement les patients.
Le taux de réussite de l’EMDR est au minimum de 70%. David Servan Schreiber cite une étude démontrant un taux de réussite de 80% après 3 séances seulement. 80%, c’est le taux d’efficacité des antibiotiques dans la pneumonie. Pour une psychothérapie, c’est impressionnant.

La psychothérapeute Christiane Girelli, à Toulouse, fut l’une des premières en France à pratiquer cette thérapie, peu avant les années 2000. Elle a vite eu l’occasion d’éprouver l’efficacité de la méthode puisqu’elle a pris en charge des victimes de l’explosion de l’usine AZF fin 2001.
Mais c’est le livre de David Servan-Schreiber qui a provoqué chez nous l’explosion de l’EMDR.
L’EMDR n’a pas la cote dans le monde de la psychiatrie même si quelques psychiatres commencent à se former à cette approche ou à envoyer leurs patients vers des spécialistes. Mais peu pratiquent.
En réalité, ce qui bloque encore chez les psychiatres, c’est qu’une séance d’EMDR demande au moins une heure ! Or ils n’y trouvent pas leur compte vu que dans le même temps, il peuvent faire passer 3 ou 4 patients. Vu le tarif horaire de la psychiatrie, évidemment, cela n’est pas rentable.

Comme la psychanalyse est une thérapie basée sur la parole, ses effets ne se manifestent que dans le cortex, notre cerveau analytique, le plus évolué, celui dont nous nous servons tous les jours pour penser. On retrace son histoire, on raconte... Or on sait aujourd’hui que tout ce qui est traumatisme ne se situe pas dans le cortex mais dans le cerveau limbique, primitif, là où se forment et résident les émotions.
Le cerveau limbique ou reptilien est celui qui contrôle nos comportements les plus primaires : c’est de lui que partent des émotions comme la peur, l’agressivité ou le plaisir, c’est en lui que se forme la mémoire.
Ce système limbique se compose principalement de l’hippocampe, de l’amygdale et de l’hypothalamus. Tous les blocages émotionnels qui se sont créés au moment du traumatisme se situent à ce niveau.
Et tant que l’on n’établit pas de connexion entre cerveau limbique et cortex, le problème reste intact.
Nous ne pouvons pas comprendre rationnellement nos traumatismes
Lorsqu’il y a traumatisme, les différents éléments de ce traumatisme sont stockés à différents endroits du cerveau mais pas dans le cortex, d’où l’impossibilité de comprendre (qui signifie étymologiquement « saisir par l’intelligence »). Vous avez une image, une odeur, une cognition c’est-à-dire des pensées du type « Je suis nul(le) » ou « Je ne suis pas à la hauteur », des sensations physiques, etc. Il n’y a pas de liens entre ces différentes zones de stockage des éléments du traumatisme dans le cerveau. Ce qui fait qu’ils persistent.
A chaque fois qu’une personne va par exemple sentir une odeur qui lui rappelle l’événement traumatisant, elle va déclencher une crise d’angoisse et sans forcément faire le lien avec celui-ci. Et comme le cerveau fonctionne par associations, il s’ensuit des chaînes de réaction psychosomatiques.
Autre exemple : une personne qui a été séquestrée va avoir du mal dans les situations où elle se sentira coincée, à l’étroit, jusqu’à parfois ne plus pouvoir sortir de chez elle de peur de la foule, etc. Tout s’enchaîne ainsi tant que le cerveau n’a pas trouvé la manière d’évacuer ce stress post-traumatique.

Au quotidien, nous rencontrons tous de petites difficultés, des contrariétés, des situations déplaisantes. Les études sur le sommeil ont maintenant prouvé que ces événements sont « digérés » par le cerveau pendant que nous dormons.
Tout se passe pendant la phase de sommeil paradoxal, soit au dernier stade du cycle du sommeil, dans la phase où nous rêvons. Cette phase se traduit entre autres par ce que les chercheurs appellent le REM, Rapid Eye Movement : vos yeux bougent dans tous les sens.
Le sommeil paradoxal jouerait un rôle fondamental dans le transfert des éléments accumulés dans la journée dans le cerveau limbique vers le néocortex, nous permettant ainsi de digérer nos émotions en nettoyant notre cerveau limbique.
Lorsque vous rêvez, vous ne faites que nettoyer votre cerveau des stress de la journée et pendant ce temps, vos yeux bougent latéralement. Pour l’instant, on ne comprend pas en quoi ce mouvement peut permettre de favoriser ces connexions neuronales ou comment il y est lié mais ce dont on est sûr, c’est que le phénomène est extraordinairement efficace.
C’est le même processus qui s’opère dans l’EMDR : une reconstruction de la mémoire profonde du même ordre que celle qui se produit dans le sommeil paradoxal.

Si votre cerveau a du mal à faire ce travail la nuit, si vous êtes angoissé, déprimé et sous médication (hypnotiques, neuroleptiques, etc.), ce qui entraîne un mauvais sommeil paradoxal, des symptômes intrusifs vont apparaître : vous ferez de mauvais rêves à répétition, des cauchemars, avec en prime des « flashbacks » dans la journée, exactement ce que l’on observe chez les personnes qui ont vécu un fort traumatisme. Chez les traumatisés s’ajoutent dans la journée des symptômes dits d’évitement : on fait (inconsciemment) tout pour éviter ce qui pourrait nous rappeler ce qui s’est passé.

Rien ne vaut donc l’EMDR pour traiter les grands traumatismes : accidents de voiture, victimes de faits de guerre, de viol, d’agression, mort brutale d’un proche, etc. Mais la méthode, forte de ses 30 ans d’expérience, va plus loin aujourd’hui : on s’en sert aussi pour les petits traumatismes, des traumatismes de la vie moderne certes minimes mais qui, en s’additionnant, finissent par provoquer des dépressions ou des états anxieux sévères. Les thérapeutes parlent aussi dans ce cas de « syndrome post-traumatique ».

Outre le syndrome post-traumatique, il existe aussi le "stress post-traumatique" qui se traduit par des problèmes d'addiction, de dépression, de phobie.
L’EMDR sait aussi remonter aux sources de notre mal-être dans l’enfance. Ces petits traumatismes commencent dans l’enfance, dans cette période de la vie où notre cerveau est encore très malléable et où nous n’avons pas le recul nécessaire pour comprendre ce qui nous arrive. Ce peut être de simples paroles : « T’es nul ! », « Tu n’arriveras à rien », « Tu es feignant » ou ceci ou cela. Tous ces micro-événements de l’enfance s’ancrent en nous, au plus profond de notre cerveau limbique et contribuent à la construction du futur adulte.
Cela se traduira plus tard par un manque de confiance en soi, une mauvaise image de soi, une fragilité émotionnelle, un complexe ou n’importe quel autre travers psychologique.
C’est comme un programme informatique qui tourne dans votre tête et influence votre vision du monde et toutes vos actions. Cela peut déjà en soi devenir problématique mais si en plus des événements tels que licenciement, divorce, perte d’un proche ou harcèlement au travail vous tombent dessus adulte, il en résulte un syndrome post-traumatique.
Ce qui ne devrait être que souvenir reste bien dans le présent, comme une grande cicatrice émotionnelle dans votre cerveau. Cela entraîne des symptômes proches de ceux de la dépression et qui se manifestent d’ailleurs comme une dépression. Dans certains cas, les symptômes sont dits « bruyants » : délires, hallucinations... Il ne s’agit pas là d’une maladie mentale mais bien de l’expression d’un traumatisme.
Dans ce cas aussi, le travail du thérapeute en EMDR sera donc de « reprogrammer » votre cerveau et d’évacuer les mauvaises émotions en utilisant les mêmes techniques que pour les grands traumatismes.

Pour un traumatisme grave, récent et unique, cette thérapie nécessite entre 5 et 10 séances.
Pour le syndrome post-traumatique issu d’évènements répétés jour après jour, les prises en charge sont plus longues car il est nécessaire de remonter à tous les micro-traumatismes impliqués, ce dont les victimes ne se souviennent pas forcément ou n’ont pas conscience, à la différence d’un événement violent. Parfois cela peut demander jusqu’à 25 séances.

Si, après toutes ces séances, l’EMDR ne donne pas de résultat, c’est tout simplement que le problème psychologique n’est pas de nature traumatique mais qu’il relève d’une maladie psychiatrique sérieuse, voire d’une psychose qui doit être prise en charge autrement.
Un thérapeute raisonnable vous demandera dans les 60 à 80 euros pour une 1h30.
Mais les tarifs peuvent dépasser les 120 euros et le cas n’est pas rare dans les grandes villes ! Choisissez donc bien votre thérapeute en gardant à l’esprit que les plus gourmads ne sont pas forcément les meilleurs.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

VIOLENCES CONJUGALES
Messagepar Fugen » 22 févr. 2017, 16:32

Le Centre Flora Tristan est un de ces centres qui offre soutien psychologique (consultations) aide juridique, et propose des chambre en urgence pour mettre à l'abri les femmes en danger. Même si il n'est pas dans votre région ils pourront vous aiguiller.
http://www.leparisien.fr/espace-premium ... 066574.php
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LES SYMPTOMES DE L'ANGOISSE

Quand les symptômes qui vont suivre sont soulagés par la prise d'un anxiolytique ou une bonne séance de relaxation, cela vous indique que le problème est relié à votre angoisse, et que ce n'est pas une maladie quelconque.
De plus, si vos symptômes varient, qu'ils diminuent ou disparaissent quand vous êtes occupés à une activité comme lire ou regarder un film très prenant, ça vous indique aussi que vos symptômes sont causés par l'angoisse.

Impression qu'on va perdre l'équilibre
* Étourdissements
* Sensation d'instabilité en marchant
* Sensation d'être abasourdi(e)

Difficulté à respirer
* Sensation d'un manque d'air
* Impression d'être en train de s'étouffer
* Sensation de suffoquer
* Hyperventilation (halètement)

Sensations dans la poitrine
* Palpitations cardiaques
* Impression que le cœur va s'arrêter de battre
* Sentiment d'oppression dans la poitrine
* Douleurs dans la poitrine

Engourdissements et picotements
* Dans les doigts et les orteils
* La bouche et les lèvres
* Sur le dessus de la tête
* Dans les bras et les jambes
* Ailleurs

Sensations dans la gorge
* Sensation de boule
* Difficulté à avaler

Sensations dans l'estomac
* Crampes d'estomac
* Sensation que le coeur me fait un demi-tour

Tension musculaire
* Secousses
* Tremblements
* Fibrillation musculaire
* Tendance à sursauter pour un rien

Dépersonnalisation
* "Je sens que je n'habite plus mon corps"
* "C'est comme si je me regardais moi-même de l'extérieur"

Déréalisation
* Impression que tout est étrange
* Les événements ou les choses se déroulent comme dans un film ou dans un rêve.

Sensation de catastrophe imminente
* "J'avais l'impression de mourir"
* "J'ai pensé perdre le contrôle de mes actes"
* "J'ai pensé devenir fou (folle)"
* "J'ai pensé m'évanouir et perdre connaissance"
* "J'ai peur de me rendre ridicule en public"

Bouffées
* Bouffées de chaleur
* Bouffées de froid

Autres symptômes corporels
* Sécheresse de la bouche
* Mains froides
* Transpiration
* Nausées
* Besoin fréquent d'uriner
* Diarrhée:
o avant une attaque
o après une attaque
o n'importe quand

Faiblesse et fatigue
* Faiblesse dans les jambes
* Faiblesse généralisée

Fatigue mentale
* "Ma mémoire me joue des tours"
* "Je me sens irritable"
* "Tout bruit m'agace"
* "J'ai de la difficulté à me concentrer"

Si vous avez déjà vu un médecin, voire un spécialiste et qu'il n'a rien trouvé, il ne trouvera rien une deuxième ou une troisième fois.
Les douleurs, même causées par l'angoisse et non causées par une réelle maladie sont bel et bien réelles, on a vraiment mal :
Une patiente : - " J'ai eu tellement mal au ventre que j'ai cru avoir un cancer en phase terminale. J'étais incapable de manger ou de boire. J'ai même passé 3 jours alitée à ne même pas pouvoir prendre une seule gorgée d'eau sans déclencher des douleurs atroces. Après avoir parlé à mon doc au téléphone et avoir décidé de prendre un anxio, 20 minutes après je n'avais plus rien. Comme je le dis souvent à la blague maintenant, mais à l'époque je ne trouvais pas ça drôle j'ai pris des anxios miraculeux, ils m 'ont guérie d'un cancer des boyaux en phase terminale. Il a fallu que je me rende là, aussi "bas" pour enfin comprendre que je ne souffrais d'aucun cancer, d'aucune maladie grave de l'intestin (je les ai toutes eues, bien entendu en plus de faire une centaine de crises d'appendicite..), pour que je comprenne enfin que tout ça était causé par l'angoisse et non par une maladie."
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Message par Dubreuil »

SE COMPRENDRE

Aussi paradoxal cela semble l'être, comprendre autrui, c'est se comprendre.
En effet, comme l'a prouvé l'expérience du français dans la salle de cinéma anglaise, les langues séparent, les émotions rapprochent mais surtout caractérisent le genre humain. Même si je parle le français, je peux comprendre un anglais qui rit, et même les émotions qui le poussent à rire, mais comment ?
Il semblerait que la thèse analogique puisse répondre à cette question : effectivement, pour comprendre autrui, j'analyse ses expressions (larmes...) et je les reporte sur moi, je me place en sujet de syllogisme : quand je suis triste, je pleure / il pleure : il est triste. Ainsi, si je comprends autrui, c'est parce que les émotions caractérisent l'Homme: qu'il parle le bulgare, le russe ou qu'il soit muet, il a des émotions que je peux reporter sur moi grâce à ses expressions.
Pourtant, cette thèse analogique présente bien des limites qui posent problème : elle réduit autrui à un sujet de syllogisme simpliste. Si le mur est jaune, que la banane est jaune, puisse affirmer que le mur est une banane ? Autrui ne peut définitivement pas être assimilé à un syllogisme, c'est pourquoi la thèse analogique est à rejeter en partie.
Outre le cas du comédien, qui par son jeu d'acteur crée l'illusion d'être joyeux ou triste, la thèse analogique nous met devant un autre problème : la question n'est plus "comment comprendre autrui ?", mais "combien comprendre autrui ?"
Comment comprendre l'intensité de la tristesse de X ?
Les expressions comme "je sais ce que tu ressens" sont absurdes : puis-je déclarer comprendre autrui dont le mari est mort dernièrement ?
Certains diront qu'un couple qui est devant le corps de leur enfant mort "partagent la même peine", mais cela est impossible car c'est notre passé qui forge et construit nos vies. Ce couple, avant d'être un "tout" est surtout constitué de deux personnes fondamentalement distinctes et uniques (vision que la plupart oublie à cause de l'Amour...). Ces deux parents ont eu une vie avant d'avoir leur enfant ou même de se rencontrer. Peut être l'un des deux a-t-il déjà vécu cette situation, il ne peut donc pas vivre la présente de la même façon que l'autre. Dire qu'un couple ressent exactement la même peine, c'est nier l'être humain dans son unité et sa particularité.
Pour aller encore un peu plus loin, on peut dire que la science de l'homme ne peut exister et qu'elle serait un échec total. En effet, nous ne pouvons comprendre autrui, l'intensité de ses émotions, son histoire personnelle, alors comment fonder catégoriquement des lois sur l'homme ?
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Message par Dubreuil »

LETTRE D'UNE VICTIME AU VIOLEUR QUI L'A AGRESSEE

Tu ne me connais pas, mais tu as été en moi, et c'est pour cela que nous sommes là aujourd'hui.
Le 17 janvier 2015, était un samedi soir tranquille à la maison. Mon père avait préparé à manger, et j'étais attablée avec ma petite sœur, en visite pour le week-end. Je travaillais à temps plein, et l'heure d'aller me coucher approchait. J'avais prévu de rester seule à la maison, regarder un peu la télé et lire, pendant qu'elle, allait faire la fête avec ses ami.e.s. Puis, vu que c'était ma seule nuit avec elle, je n'avais rien de mieux à faire, alors pourquoi pas, il y a une fête à 2 balles, à 2 minutes de chez moi, j'allais m'y rendre, danser stupidement, et embarrasser ma petite sœur. Sur le chemin, j'ai plaisanté sur le fait que les étudiant.es de 1ere année porteraient des appareils dentaires. Ma sœur m'a charriée sur le fait que je portais un cardigan beige, comme le ferait une bibliothécaire, à une fête étudiante. Je me suis donné le surnom de « Big Mama », car je savais que j'allais être la plus vieille là-bas. J'ai fait des grimaces, j'ai baissé ma garde, et bu bien trop vite de l'alcool, oubliant le fait que ma tolérance avait fortement diminué depuis le lycée.
Tout ce dont je me souviens ensuite, c'est que j'étais dans un brancard. J'avais du sang séché et des bandages sur le dos des mains et au niveau de mes coudes. J'ai pensé que j'étais peut être tombée, et que je me trouvais dans un bureau de l'administration du campus. J'étais très calme, et je me suis demandé où ma sœur pouvait bien se trouver. Un officier de police est alors venu m'expliquer que j'avais été agressée sexuellement. Toujours aussi calme, je lui ai dit qu'il devait s'adresser à la mauvaise personne, je ne connaissais personne à cette fête. Quand on m'a finalement autorisée à utiliser les toilettes, j'ai baissé le pantalon d’hôpital qu'ils m'avaient fourni, puis j'allais baisser ma culotte, mais je n'ai rien senti. Je me rappelle encore de la sensation de mes mains qui touchent ma peau, et qui se referment sur du vide. J'ai baissé la tête pour regarder et je n'ai rien vu. La fine pièce de tissu, la seule chose entre mon vagin et tout le reste avait disparu et tout en moi se tut. Je n'ai toujours pas de mots pour décrire cette sensation. Pour pouvoir continuer à respirer, j'ai pensé que le policier l'avait découpée pour s'en servir comme preuve.
Puis, j'ai senti des aiguilles de pin qui me démangeaient l'arrière de la nuque, et j'ai commencé à les retirer de mes cheveux. J'ai pensé que peut-être les aiguilles de pin étaient tombées sur ma tête alors que j'étais sous un arbre. Mon cerveau s'adressait à mes tripes, pour leur dire de ne pas s'évanouir. Parce que mes tripes étaient en train de crier : « Aide-moi, aide-moi ! »
Je me suis traînée de pièce en pièce, enroulée dans une couverture, disséminant des aiguilles de pin derrière moi, en en laissant un petit tas dans chacune des pièces où je m'asseyais. On m'a demandé de signer un papier qui disait «Victime de viol» et je me suis mise à penser que quelque chose était vraiment arrivé. Mes vêtements m'ont été confisqués, et je me trouvais nue tandis que les infirmières mesuraient et photographiaient les différentes écorchures présentes sur mon corps.
Nous avons toutes les trois enlevé les aiguilles de pin de mes cheveux, six mains pour remplir un sac en papier. Pour me calmer, elles me disaient que c'était juste la faune et la flore, la faune et la flore.
Plusieurs écouvillons ont été insérés à l'intérieur de mon vagin et de mon anus, on m'a fait des piqûres, donné des médicaments, j'ai eu un appareil photo pointé entre mes 2 jambes. Je me suis retrouvée avec de longs spéculums en moi, et mon vagin enduit avec de la peinture bleue pour y chercher des écorchures.
Après quelques heures de ces traitements, ils m'ont laissée me doucher. Je me tenais là, examinant mon corps sous les jets d'eau, et j'ai décidé que dorénavant, je ne voulais plus de mon corps. Il me terrifiait, je ne savais pas qui l'avait pénétré, s’il avait été contaminé, qui l'avait touché. Je voulais me débarrasser de mon corps comme on enlève une veste, et le laisser à l’hôpital avec tout le reste.
Cette même matinée, la seule chose qui m'avait été dite, c'est que j'avais été trouvée derrière un container à poubelles, que j'avais été peut-être pénétrée par un étranger, et que je devais me faire retester pour le sida, car les résultats ne sont pas toujours concluants la première fois. Mais que pour le moment, je devais rentrer chez moi, et retrouver ma vie normale. Imaginez reprendre pied avec la réalité, avec seulement cette information. Ils m'ont fait de gros câlins, et je suis sortie de l’hôpital, sur le parking, portant le pantalon et le pull qui m'avaient été fournis, vu que l'on m'avait seulement autorisée à garder mon collier et mes chaussures.
Ma sœur est venue me récupérer, le visage mouillé de larmes et pétrie d'angoisses. J'ai désiré la rassurer immédiatement. Je l'ai regardée, je lui ai demandé de me regarder, je suis là, je vais bien. Tout va bien, je suis là. Mes cheveux sont propres et ont été lavés, ils m'ont donné le shampoing le plus étrange, calme-toi et regarde-moi. Regarde ce pantalon et ce sweat bizarre, j'ai l'air d'une profe de sport, rentrons à la maison, allons manger quelque chose. Elle ne savait pas que sous mon jogging, j'avais des griffures et des pansements, que mon vagin était douloureux, et qu'il avait pris une étrange couleur sombre en à cause de toutes les insertions, que ma culotte avait disparu, et que j'étais trop vide pour continuer à parler. Que j'étais également effrayée, que j'étais dévastée. Ce jour-là, nous sommes rentrées à la maison, et pendant des heures ma sœur m'a, en silence, serrée dans ses bras.
Mon petit ami n'a pas su ce qui était arrivé, mais il m'a appelée ce jour-là, et m'a dit : «Je me suis vraiment inquiété pour toi la nuit dernière, tu m'as fait peur, est-ce que tu es bien rentrée chez toi ?»
J'étais terrifiée. C'est là que j'ai appris que je l'avais appelé cette nuit là, durant mon trou noir, laissé un message vocal incompréhensible, et que nous avions également parlé au téléphone, il se faisait du souci pour moi car j'avais du mal à articuler, il m'a répété plusieurs fois d'aller trouver ma sœur. Une fois encore, il m'a demandé : «Que s'est-il passé la nuit dernière ? Est-ce que tu es bien rentrée à la maison ?» Je lui ai répondu que oui, et j'ai raccroché pour me mettre à pleurer.
Je n'étais pas prête à dire à mon petit ami ou à mes parents, qu'en fait, j'avais été probablement violée derrière un container à poubelles, mais que je ne savais pas par qui, quand, ou comment. Si je leur disais, je savais que j'allais voir la peur sur leurs visages, et que la mienne allait se multiplier par dix. Au lieu de ça j'ai prétendu que tout ça n'était jamais arrivé.
J'ai tenté de sortir tout ça de mon esprit, mais c'était trop difficile. Je ne parlais plus, je ne mangeais plus, je ne dormais plus, je n'interagissais plus avec personne. Après le travail, je me rendais dans des endroits isolés pour pouvoir crier. Je ne parlais plus, je ne mangeais plus, je ne dormais plus, je n'avais plus d'interactions avec personne, et je me suis isolée des personnes que j'aimais le plus.
Pendant toute une semaine après l'incident, je n'ai eu aucun appel et aucune nouvelle à propos de cette nuit, ou ce qu'il avait pu m'arriver. La seule chose qui prouvait que ce n'avait pas été juste un mauvais rêve, c'était le pull de l’hôpital que j'avais dans mes tiroirs.
Un jour, alors que j'étais au travail, feuilletant les nouvelles, je suis tombée sur un article. Dedans j'ai lu et appris comment j'avais été trouvée inconsciente, mes cheveux ébouriffés, mon collier enroulé autour de mon cou, mon soutien-gorge enlevé de ma robe, cette dernière retirée de mes épaules et remontée au-dessus de la taille, que j'étais nue jusqu'à mes bottes, les jambes écartées, et que j'avais été pénétrée par un objet inconnu, par quelqu'un que je n'ai pas reconnu. C'est comme ça que j'ai appris ce qui m'était arrivé, assise à mon bureau, lisant les infos au boulot. J'ai appris ce qui m'était arrivé en même temps que le monde apprenait ce qui m'était arrivé. C'est là que les aiguilles de pin dans mes cheveux ont fait sens, elles ne venaient pas d'un arbre. Il m'avait enlevé ma culotte, ses doigts m'avaient pénétrée. Je ne connais pas cette personne. Je ne connais toujours pas cette personne. Lorsque j'ai lu ce qui m'était arrivé, je me suis dit : Ce n'est pas moi, ce n'est pas moi. Je ne pouvais rien digérer ou accepter de ce qui était écrit. Je ne pouvais pas imaginer ma famille lire ça sur Internet. J'ai continué à lire. Dans le paragraphe suivant, j'ai lu quelque chose que je n'oublierai jamais. J'ai lu que selon lui j'avais aimé ça. Que j'avais aimé ça.
Encore une fois, je n'ai pas de mots pour décrire ça.
C'est comme si vous lisiez un article sur une voiture ayant eu un accident, et qu'on a trouvée cabossée dans un fossé. Peut-être que la voiture avait aimé avoir un accident. Peut-être que l'autre voiture n'avait pas voulu lui créer un accident, seulement lui rentrer un peu dedans. Les voitures ont des accidents tout le temps, les gens ne sont pas toujours très attentifs, qui peut dire qui est vraiment fautif ?
Et là, en bas de l'article, après que j'eusse appris les moindres détails de mon agression sexuelle, l'article donnait ses temps de natation. Elle a été trouvée, respirant encore, mais ne répondant plus, ses sous-vêtements à 30 cm de son ventre nu, recroquevillée en position fœtale. Au fait, il est vraiment bon en natation. Mettez aussi ma vitesse, si c'est ce qu'on censé faire. La fin d'un article, est je pense là ou vous listez vos capacités pour annuler toutes les choses horribles qui ont pu arriver.
Le soir où l'article est sorti, j'ai demandé à mes parents de s'asseoir, et je leur ai dit que j'avais été agressée sexuellement, de ne pas regarder l'info car c'était trop pénible, qu'ils devaient juste savoir que j'allais bien et que j'étais là. Mais alors que j'en étais à la moitié de mon récit, ma mère devait me tenir car je ne tenais plus debout.
La nuit suivant l'agression sexuelle, il a répondu qu'il ne connaissait pas mon nom, qu'il ne serait pas capable de m'identifier dans une file, n'a mentionné aucune conversation entre nous deux, rien. Juste une danse et des baisers. Danser est un terme mignon ; était-ce des claquements de doigts et de tournoiements, ou juste des corps frottant l'un contre l'autre dans une pièce bondée? Je me demande si ces baisers étaient juste des visages mollement pressés l'un contre l'autre? Quand l'inspecteur lui a demandé s’il avait prévu de me ramener à son dortoir, il a répondu non. Quand l'inspecteur lui a demandé comment nous nous étions retrouvés derrière la benne à ordures, il a répondu qu'il ne savait pas. Il a admis avoir embrassé d'autres filles durant cette fête, l'une d'entre elle était ma sœur qui l'a repoussé. Il a admis avoir voulu tirer un coup avec quelqu'un. J'étais la plus faible du troupeau, complètement isolée et vulnérable, physiquement incapable de me défendre par moi-même, et c'est sur moi qu'il a jeté son dévolu. Parfois, je me dis que cela ne serait jamais arrivé si je n'y était pas allée. Mais j'ai réalisé que cela serait arrivé, mais à quelqu'un d'autre. Tu étais sur le point d'accéder à quatre ans de filles bourrées et de fêtes, et si c'est comme ça que tu démarres, alors il est normal que tu ne puisses pas continuer. La nuit après que c'eût été arrivé, il a dit qu'il pensait que j'avais aimé ça car j'avais caressé son dos. Une caresse dans le dos.
Il n'a jamais mentionné un consentement de ma part, ne nous a même pas mentionnés discutant, juste une caresse dans le dos. Encore une fois, dans le journal, j'ai appris que mes fesses et mon vagin étaient complètement à découvert dehors, mes seins avaient été tripotés, des doigts insérés violemment en moi en même temps que des aiguilles de pin et des débris, ma peau et mon visage frottés à même le sol derrière une benne à ordures, pendant qu'un tout jeune étudiant en érection fourrait mon corps inconscient et à moitié nu. Mais je n'en ai aucun souvenir, alors comment prouver que je n'ai pas aimé ça ?
J'ai pensé qu'il n'y aurait aucune chance que cela finisse en procès. Il y avait des témoins, des saletés dans mon corps, il a fui mais a été retrouvé. Qu'il allait régler ça, s'excuser platement, et qu'on passerait tous les deux à autre chose. Au lieu de ça, on m'a dit qu'il avait engagé un puissant avocat, des experts en témoignage, des détectives privés qui allaient essayer et trouver des détails à propos de ma vie privée pour s'en servir contre moi, trouver des failles dans mon histoire pour nous discréditer ma sœur et moi, dans le but de prouver que cette agression sexuelle était en réalité un malentendu. Qu'il allait utiliser tous les moyens possibles pour convaincre le monde qu'il avait été simplement trompé.
On ne m'a pas seulement dit que j'avais été agressée sexuellement, on m'a dit que parce que je ne pouvais pas m'en rappeler, techniquement, je ne pouvais pas prouver que ce n'était pas désiré. Et cela m'a fait du mal, cela m'a endommagée, cela m'a presque brisée. C'est la confusion la plus déprimante qui puisse être faite, j'ai été agressée sexuellement, presque violée, dehors à la vue de tous, mais on ne sait pas si cela compte comme une agression sexuelle. J'ai du me battre pendant une année pour montrer que quelque chose n'allait pas avec cette situation.
Quand on m'a dit que je devais me préparer au cas où l'on ne gagnerait pas l'affaire, j'ai dit que ne pouvais pas me préparer à ça. Il était coupable à la minute où je me suis réveillée. Personne ne pouvait me dissuader du mal qu'il m'avait fait. Le pire de tout, c'est que j'avais été avertie : Maintenant, il sait que tu ne te souviens pas, c'est lui qui va écrire l'histoire. Il peut dire ce qu'il veut et personne ne peut contester. Je n'avais pas de pouvoir, pas de voix, j'étais sans défense. Ma perte de mémoire serait utilisée contre moi. Mon témoignage était faible, incomplet, et on m'a fait croire que je n'avais pas assez pour gagner. Son avocat a sans cesse rappelé au jury, que le seul qu'on pouvait croire était Brock, car je n'avais aucun souvenir. Cette impuissance était traumatisante.
Au lieu de prendre du temps pour me soigner, j'ai pris du temps pour me souvenir de la nuit dans ses moindres détails, dans le but de me préparer aux questions de l'avocat qui seraient envahissantes, agressives, et auraient pour but de me déstabiliser, de nous contredire moi et ma sœur, tournées dans le but de manipuler mes réponses. Son avocat, au lieu de dire : «Avez-vous remarqué des écorchures?» demandait : «Vous n'avez pas remarqué d'écorchures, n'est-ce pas?» Tout cela faisait partie d'une stratégie. L'agression sexuelle était claire, mais au lieu de ça, je me retrouvais au procès en train de répondre à des questions telles que :
« Quel âge avez-vous ? Combien pesez-vous ? Qu'avez-vous mangé ce jour là ? Qu'avez-vous mangé durant le dîner ? Qui a préparé le dîner ? Avez-vous bu durant le dîner ? Non, même pas de l'eau ? Quand avez-vous bu ? Qu'avez-vous bu ? Dans quoi avez-vous bu ? Qui vous a donné à boire ? Combien de verre avez-vous l'habitude de boire ? Qui vous a déposée à cette fête ? À quelle heure ? Mais où exactement ? Que portiez-vous ? Pourquoi alliez-vous à cette fête ? Qu'avez-vous fait quand vous êtes arrivée ? Êtes-vous sure que vous avez fait ça ? Que veux dire ce SMS ? À qui envoyiez-vous des SMS ? Quand avez-vous uriné ? Où avez-vous uriné ? Avec qui avez-vous uriné à l’extérieur ? Votre portable était-il en silencieux quand votre sœur vous a appelée ? Vous rappele- vous de l'avoir mis sur silencieux ? Vraiment, car à la page 53 j'aimerais souligner que vous aviez dit qu'il était prêt à sonner. Buviez-vous au lycée ? Avez-vous dit que vous étiez une fêtarde ? Combien de trous noirs avez vous déjà eus ? Allez-vous dans les fêtes étudiantes ? Êtes-vous fidèle avec votre petit ami ? Êtes-vous sexuellement active avec lui? Quand avez-vous commencé à sortir ensemble ? Le tromperiez-vous ? Avez-vous déjà trompé quelqu'un par le passé ? Qu'avez-vous voulu dire quand vous avez dit que vous vouliez le récompenser ? Vous souvenez-vous l'heure à laquelle vous vous êtes levée ? Portiez-vous votre cardigan ? De quelle couleur était votre cardigan ? Vous souvenez-vous d'autre chose durant cette nuit ? Non ? Très bien, alors laissons Brock compléter cette histoire. »
J'étais assaillie de questions réductrices qui disséquaient ma vie privée, ma vie amoureuse, mon passé, ma vie familiale, des questions ineptes, accumulant des détails sans importance pour essayer de trouver une excuse à ce gars qui m'a mise à moitié nue, avant même de se soucier de me demander mon nom. Après une agression physique, j'ai été harcelée de questions destinées à m'attaquer, à dire « Regardez, ses dires ne concordent pas, elle ne sait pas ce qu'elle dit, c'est pratiquement une alcoolique, elle voulait probablement baiser, c'est comme s’il était un athlète, ils étaient tous les deux saouls, peu importe ce dont elle se souvient à l’hôpital, cela arrive après les faits, pourquoi prendre cela en compte, Brock a beaucoup à perdre, il traverse une période difficile en ce moment. »
Et est venu le moment pour lui de témoigner, et j'ai appris ce que cela voulait dire d'être à nouveau une victime. J'aimerais vous rappeler que la nuit après que cela soit arrivé, il a dit qu'il n'avait jamais eu l'intention de me ramener à son dortoir. Il a dit n'avoir aucune idée de pourquoi nous étions derrière une benne à ordure. Il a dû partir car il ne se sentait pas bien quand il a soudain été poursuivi et attaqué. Ensuite il a appris que je ne me souvenais de rien.
Une année après, donc, une nouvelle histoire est apparue. Brock avait une nouvelle histoire plutôt étrange, qui sonnait presque comme si elle avait été maladroitement écrite par un jeune adulte, avec des baisers et des danses, des mains qui se tenaient et s'écroulant amoureusement au sol, et le plus important, c'est que dans cette histoire, tout d'un coup il y avait du consentement. Un an après l'incident il s'en est souvenu, ah oui, au fait, elle a dit oui, à tout.
Il a dit qu'il m'avait demandé si je voulais danser. J'ai apparemment dit oui. Il m'a demandé si je voulais aller à son dortoir, j'ai dit oui. En suite il m'a demandé s’il pouvait me doigter et j'ai dit oui. La plupart des garçons, ne demandent pas « Est-ce que je peux te doigter ? » D'habitude il y a une progression naturelle des choses, se dévoilant de façon consensuelle, pas une séance de questions/réponses. Mais apparemment, je lui ai donné une totale permission. Il est très clair. Même dans son histoire, je n'ai dit que 3 mots, oui, oui et oui, avant qu'il ne me mette au sol à moitié déshabillée.
Voilà une info pour le futur, si tu ne sais pas si une fille peut consentir, regarde si elle peut prononcer une phrase complète. Tu n'as même pas pu faire ça. Juste une suite cohérente de mots. Où est la confusion là dedans ? C'est juste du bon sens.
Selon lui, la seule raison pour laquelle nous nous trouvions à terre, c'est parce que j'étais tombée. Écoute bien : si une fille tombe par terre, aide-la à se relever. Si elle est trop saoule pour simplement marcher et se relever, ne la chevauche pas, ne la baise pas, ne lui enlève pas sa culotte pour insérer ta main dans son vagin. Si une fille tombe, relève la. Si elle porte un cardigan par dessus sa robe, ne lui enlève pas pour pouvoir toucher ses seins. Peut-être qu'elle a froid, c'est peut-être pour ça qu'elle porte un cardigan.
La suite de l'histoire, c'est que deux mecs à moto se sont approchés de toi, et tu t'es enfui. Pourquoi, quand ils t'ont plaqué au sol, ne leur as-tu pas dit : « Arrêtez, elle va bien, demandez-lui, elle est là-bas, elle vous le dira. » Tu m'avais bien demandé mon consentement, non ? J'étais bien consciente, non ? Quand le policier est arrivé et a interrogé le vilain mec qui t'a plaqué, il ne pouvait pas parler tellement ce qu'il avait vu le faisait pleurer.
Ton avocat a sans cesse pointé du doigt le fait qu'on ne pouvait pas savoir, quand elle était devenue inconsciente. Et tu as raison, peut-être que je bougeais encore les yeux et que je n'étais pas encore complètement amorphe. Ce n'est pas important. J'étais trop saoule pour parler anglais, trop saoule pour consentir bien avant que je me retrouve allongée sur le sol. Je n'aurais jamais dû être touchée.
Brock a déclaré : « À aucun moment je n'ai constaté qu’elle ne répondait pas. Si à un seul moment je m'étais rendu compte qu'elle ne répondait pas, j'aurais arrêté immédiatement. » Voilà le truc : si ton plan était d'arrêter au moment où je ne pouvais plus répondre, c'est alors que tu ne comprends toujours rien. Même quand j'étais inconsciente, tu n'as pas arrêté. Quelqu'un d'autre à dû le faire. Deux mecs à moto ont remarqué dans le noir que je ne bougeais plus, et ont dû te plaquer au sol. Comment n'as-tu pu rien remarquer alors que tu étais au-dessus de moi ?
Tu dis que tu te serais arrêté et que tu serais allé chercher de l'aide. Tu dis ça, mais je veux que tu expliques comment tu m'aurais aidée, pas à pas, à travers tout cela. Je veux savoir, si ces vilains mecs ne m'avaient pas trouvée, comment la nuit se serait déroulée. Je me demande : Aurais-tu remis ma culotte par dessus mes bottes ? Défait le collier enroulé autour de ma nuque ? M'aurais-tu resserré les jambes et m'aurais-tu couverte ? Enlevé les aiguilles de pin de mes cheveux ? M'aurais-tu demandé si les écorchures sur ma nuque et mes fesses me faisaient mal ? Aurais-tu été chercher un ami pour lui dire : « Aide-moi à la ramener au chaud et dans un endroit confortable. » Quand je pense à ce qu'il aurait pu se passer si ces deux mecs n'étaient pas arrivés, je ne peux pas fermer l’œil. Que me serait-il arrivé ? Pour ça tu n'auras jamais de réponse, ça tu ne peux pas l'expliquer même un an après.
Pour couronner le tout, il affirme que j'ai joui une minute, après une minute de pénétration avec les doigts. Les infirmières ont dit qu'il y avait eu des écorchures, des lacérations et de la terre dans mes parties génitales. Est-ce arrivé avant ou après que j'aie joui ?
Déclarer sous serment à nous tous, que oui je l'avais voulu, que oui je l'avais permis, et que tu es la vraie victime de ces deux personnes qui t'ont attaqué sans que tu ne saches pourquoi, c'est épouvantable, fou, égoïste et blessant. C'est une chose d'être blessée, c'en est une autre d'avoir quelqu'un qui travaille sans relâche pour diminuer la gravité de cette souffrance légitime.
Ma famille a dû voir des photos de ma tête attachée à un brancard plein d'aiguilles de pin, de mon corps dans la boue, avec les yeux fermés, mes cheveux en bataille, mes membres pliés, et ma robe relevée. Et même après ça, ma famille a dû écouter ton avocat dire que les photos avaient été prises après l'événement, que l'on pouvait les rejeter. Entendre l'infirmière confirmer qu'il y avait des rougeurs et des écorchures à l'intérieur de moi, des traumatismes significatifs au niveau de mes parties génitales, mais que c'est ce qui arrivait quand ont doigte quelqu'un, et il avait déjà corroboré ça. Écouter ton avocat dresser un portrait de moi, le portait d'une fille déchainée, ce qui justifierait ce qui m'est arrivé. L'écouter dire que j'avais l'air saoule en parlant au téléphone à cause de ma façon loufoque et stupide de m'exprimer. De préciser que dans le message vocal, je parlais de récompenser mon copain, et que nous savions tous à quoi je pensais. Je vous assure que mes récompenses ne sont pas transmissibles, et sûrement pas à des inconnus qui pourraient m'approcher.
Il a causé des dommages irréversibles à moi et à ma famille durant le procès et nous sommes restés assis, l'écoutant silencieusement modeler l’histoire de la soirée. Mais finalement, son témoignage peu crédible et la logique tordue de son avocat n'ont trompé personne. La vérité s'est imposée et a parlé d'elle-même.
Tu es coupable, 12 jurés t'ont déclaré coupable de 3 crimes, au delà de toute possibilité d'innocence de ta part, cela fait 12 votes par crimes, 36 votes qui les confirment, une condamnation sans appel. Je pensais alors que c'était terminé, qu'il reconnaîtrait ce qu'il avait fait, qu'il s'excuserait sincèrement, que nous avancerions tout les deux, et irions mieux. Et puis j'ai lu ta déclaration.
Si tu espères qu’un de mes organes va imploser à cause de la colère et que je vais en mourir, j'en suis presque là. Tu n'es pas très loin de la vérité. Ce n'est pas une autre histoire de baise alcoolisée, imprégnée de mauvaises décisions. Quelque part tu ne comprends toujours pas, quelque part tu parais toujours confus. Je vais maintenant lire des passages des déclarations de l'accusé et y répondre.
Tu as déclaré : « Étant bourré, je ne pouvais pas prendre les meilleures décisions, tout comme elle ne le pouvait pas. »
L'alcool n'est pas une excuse. Est-ce que c'est un facteur ? Oui. Mais ce n'est pas l'alcool qui m'a déshabillée, m'a doigtée, trainant ma tête sur le sol, alors que j'étais pratiquement nue. Avoir trop bu est une erreur de débutant je l’admets, mais ce n'est pas un crime. Tout le monde dans cette pièce a déjà, ou connait quelqu'un qui, durant une soirée, a regretté d'avoir trop bu. Regretter d'avoir trop bu, ce n'est pas la même chose que de regretter une agression sexuelle. Nous étions tous les deux bourrés, la différence c'est que je ne t'ai pas enlevé ton pantalon et ton caleçon, t'ai fait subir des attouchements, et ai pris la fuite. Là est la différence.
Tu as déclaré : « Si je voulais la connaître, j'aurais dû lui demander son numéro, plutôt que de lui proposer de la ramener dans ma chambre. »
Je ne suis pas en colère parce que tu ne m'as pas demandé mon numéro. Même si tu me connaissais, je n'aurais pas voulu être dans cette situation. Mon copain me connaît, mais s’il m'avait demandé de me doigter derrière une benne à ordure, je l'aurais giflé. Aucune fille ne veut se retrouver dans cette situation. Aucune. Je me fiche de savoir si tu as leur numéro ou non.
Tu as déclaré : « J'ai bêtement pensé que c'était possible pour moi de faire ce que tout le monde faisait autour de moi, ce qui voulait dire boire. J'avais tort. »
Encore une fois, tu n'es pas coupable d'avoir bu. Tout le monde autour de toi n'était pas en train de m'agresser sexuellement. Tu es en tort pour avoir fait ce que personne autour de toi ne faisait, c'est-à-dire presser ton sexe en érection contre mon corps nu et sans défenses, bien à l'abri dans une zone sombre, où les gens qui faisaient la fête ne pouvaient plus me voir ou me protéger, et où ma propre sœur ne pouvait pas me trouver. Tu n'es pas coupable d'avoir bu des shots, m'enlever et jeter ma culotte comme un emballage de bonbon pour insérer tes doigts dans mon corps, c'est là qu'est ton erreur. Pourquoi ai-je encore besoin d'expliquer ça ?
Tu as déclaré : « Durant le procès, je n'ai pas voulu la victimiser. C'est la faute de mon avocat et sa façon de définir les choses. »
Ton avocat n'est pas ton bouc émissaire, il te représente. Ton avocat a-t-il dit des choses inconcevables, rageantes, dégradantes ? Tout à fait. Il a dit que tu as eu une érection, parce que tu avais froid.
Tu as déclaré que tu es en train de mettre en place un programme à destination des universités et des lycées où tu parleras de ton expérience « pour dénoncer la culture de l'alcool sur les campus et la promiscuité sexuelle qui s'en suit. »
La culture alcoolisée des campus. C'est cela que l'on dénonce ? Tu penses que c'est ça contre quoi je me suis battue durant toute l'année précédente ? Pas la prévention à propos des agressions sexuelles sur les campus, ou le viol, ou apprendre à reconnaître le consentement ? La culture alcoolisée des campus. En finir avec le Jack Daniels, ou la vodka. Si tu veux parler de l'alcool à des gens, va à une réunion des alcooliques anonymes. Tu te rends compte qu'avoir un problème avec la boisson, est complètement différent de boire et de forcer quelqu'un à avoir un rapport sexuel? Apprends aux mecs comment respecter les filles, pas à moins boire.
La culture de l'alcool et la promiscuité qui s'en suit. Qui s'en suit, comme un effet secondaire, comme un accompagnement dans ton assiette. Quand est-ce que la promiscuité rentre en jeu ? Je ne vois pas de gros titres qui disent : « Brock Turner, coupable d'avoir trop bu et de la promiscuité sexuelle qui s'en suit. ». « Les agressions sexuelles sur les campus. » Voilà le titre de tes diaporamas. Sois-en assuré, si tu échoues à définir le titre de ton exposé, je te suivrai dans n'importe quelle classe où tu iras, et je donnerai un exposé complémentaire.
Enfin, tu as déclaré : « Je veux montrer aux gens qu'une nuit passée à boire peut ruiner une vie. »
Une vie, une seule, la tienne, tu as oublié la mienne. Laisse-moi corriger ta phrase : « Je veux montrer aux gens qu'une nuit passée à boire peut ruiner deux vies. » La tienne et la mienne. Tu en es la cause, j'en suis la conséquence. Tu m'as fait vivre l'enfer avec toi, tu m'as fait revivre cette nuit encore et encore. Tu as détruit nos deux mondes, le mien s'est effondré en même temps que le tien. Si tu penses que j'ai été épargnée, que j'en suis sortie indemne, qu'aujourd'hui j'en suis sortie sans aucune conséquence, pendant que toi, tu subis les plus graves conséquences, tu te trompes. Personne n'en est sorti vainqueur. Nous avons tous été dévastés, nous avons tous essayé de chercher une signification à toute cette souffrance. Ta souffrance était concrète : on t'a enlevé tes titres, tes diplômes, ton inscription à la fac. Mes blessures à moi se trouvaient à l'intérieur, invisibles, je les porte avec moi. Tu m'as pris ma valeur en tant que personne, ma vie privée, mon énergie, mon temps, ma sécurité, mon intimité, mes secrets, ma propre voix, jusqu'à aujourd'hui.
Tu vois, nous avons une chose en commun : c'est que nous avons tout les deux du mal à nous lever le matin. Je sais ce que ça fait de souffrir. Tu as fait de moi une victime. Dans les journaux, mon nom c'était « une femme alcoolisée et inconsciente » : 10 syllabes, et rien de plus. Pendant longtemps, j'ai cru que c'est tout ce que j'étais. J'ai dû me forcer pour réapprendre mon nom, mon identité. J'ai dû réapprendre que je n'étais pas qu'une victime. Que je ne suis pas juste une fille victime de l'alcool à une fête étudiante, pendant que toi tu es le nageur modèle d'une université prestigieuse, innocent jusqu'à preuve du contraire, avec tant à perdre. Je suis un être humain qui a été blessé de façon irrémédiable, ma vie a été mise sur pause durant une année, en attendant de savoir si je valais quelque chose.
Mon indépendance, ma joie, ma gentillesse, et mon mode de vie qui était stable, se sont vus déformés au-delà du possible. Je suis devenue renfermée, en colère, me dévalorisant, j'étais fatiguée irritable, vide. L'isolement à ce moment-là me faisait souffrir. Tu ne peux pas me redonner la vie que j'avais avant cette nuit-là. Pendant que tu te souciais de ta réputation en miettes, moi je mettais des cuillères au frigo toutes les nuits, comme ça lorsque je me levais et que mes yeux étaient gonflés par les pleurs, je prenais les cuillères et les appliquais sous mes yeux pour diminuer les gonflements, ce qui me permettait de pouvoir voir à nouveau. Tout les jours, j'arrivais une heure en retard au travail, je m'excusais d'aller pleurer dans les escaliers, je peux te citer les meilleurs endroits pour pleurer sans que personne ne t'entende. C'était tellement douloureux que j'ai dû expliquer à mon patron tous les détails pour qu'il comprenne la raison de mon départ. J'avais besoin de temps, parce que continuer comme ça chaque jour n'étais plus possible. Je me suis servi de mes économies pour m'éloigner le plus possible. Je ne suis pas retournée au boulot pleinement, car j'allais devoir prendre des semaines pour me rendre aux interrogatoires et au procès, qui était sans cesse repoussé. Ma vie a été mise en pause durant un an, mon monde s'est effondré.
La nuit, je suis incapable de dormir si je n'ai pas une lumière allumée, comme si j'avais cinq ans, car j'avais peur de faire des cauchemars, où l'on me toucherait sans que je puisse me réveiller. J'ai aussi fait ce truc qui consistait à attendre que le soleil se lève et que je me sente assez en sécurité pour pouvoir dormir. Pendant 3 mois je suis allée me coucher à six heures du matin.
J'étais fière de mon indépendance, dorénavant j'ai peur d'aller me promener le soir, d'aller à des soirées boire avec des amis auprès desquels je pourrais me sentir bien. Je suis devenue un petit Bernard l'Hermite, ayant toujours besoin de quelqu'un à ses cotés, d'avoir mon petit ami à mes cotés, dormant à coté de moi, me protégeant. C'est embarrassant à quel point je me sens faible, comment je continue à vivre timidement, toujours sur mes gardes, prête à me défendre, prête à être en colère.
Tu n'as aucune idée de combien il a été difficile de reconstruire des parties de moi, qui aujourd'hui sont toujours faibles. Cela m'a pris huit mois pour simplement parler de ce qui m'est arrivé. Je ne pouvais plus avoir de contact avec mes amis, avec n'importe qui autour de moi. Je criais sur mon petit ami, sur ma famille, quand ils essayaient d'aborder le sujet. Tu ne m'as jamais laissé oublier ce qui m'était arrivé. À la fin des auditions, du procès, j'étais trop épuisée pour pouvoir parler. J'étais vidée, silencieuse. Je suis rentrée à la maison, j'ai éteint mon téléphone, et durant des jours je n'ai parlé à personne. Tu m'as envoyée sur une planète où je vis seule. Chaque fois qu'un nouvel article voyait le jour, je vivais avec la peur paranoïaque que toute ma ville natale découvre et sache que c'était moi la fille qui a été agressée sexuellement. Je ne voulais que personne ait pitié de moi, et je suis toujours en train d'accepter le fait qu'être une victime fait partie de mon identité. Tu as fait de ma propre ville natale, un endroit où je ne me sens pas à l'aise.
Tu ne peux pas me rendre les nuits où je n'ai pas dormi. Le fait que je me sois effondrée en larmes si je regardais un film avec une fille qui était blessée, pour le dire simplement, cette expérience a augmenté mon empathie pour les autres victimes. J'ai perdu beaucoup de poids à cause du stress, alors que les gens pensaient que c'est parce que j'avais beaucoup couru ces derniers temps. Il y a des périodes pendant lesquelles je ne veux pas qu'on me touche. Je dois à nouveau apprendre que je ne suis pas fragile. Que je peux faire des choses, que je suis équilibrée, que je ne suis pas que livide et fragile.
Quand je vois ma petite sœur souffrir, qu'elle est incapable de travailler à l'école, quand elle est privée du fait d'être joyeuse, quand elle n'arrive pas à dormir, quand elle pleure tellement au téléphone qu'il lui devient dur de respirer, me répétant encore et encore qu'elle est désolée de m'avoir laissée seule cette nuit là, désolée, désolée, désolée. Quand elle se sent plus coupable que toi, alors là je ne te pardonne pas. Cette nuit, j'aurais dû l’appeler pour essayer de la trouver, mais tu m'as trouvée en premier. La conclusion de ton avocat commence comme ça : « Sa sœur a dit qu'elle allait bien, et qui la connaît mieux que sa sœur ? » Tu as tenté d'utiliser ma sœur contre moi ? Tes arguments était tellement faibles, tellement invraisemblables, que c'était presque embarrassant. Ne t'avise pas de la toucher.
Tu n'aurais jamais dû me faire ça. Deuxièmement, tu n'aurais jamais dû m'obliger à me battre pendant si longtemps pour te dire que tu n'aurais jamais dû me faire ça. Mais voilà, ce qui est fait est fait, personne ne pourra changer ça. On a maintenant tous les deux un choix à faire. On peut laisser ça nous détruire. Je peux continuer à être blessée et en colère, et toi tu peux continuer à être dans le déni, ou alors nous pouvons y faire face tous les deux, j'accepte la douleur, tu acceptes la punition, et nous passons à autre chose.
Ta vie n'est pas finie, tu as encore des dizaines d'années devant toi pour réécrire ton histoire. Le monde est vaste, il ne s'arrête pas à Palo Alto et à Stanford, tu vas pouvoir trouver ta place, une place où tu pourras être utile et être heureux. Mais pour le moment, tu ne peux plus hausser les épaules et prétendre qu'il y a eu une confusion. Tu ne peux pas prétendre qu'il ne s'est rien passé. Tu as été accusé de m'avoir violée, intentionnellement, de m'avoir forcée, sexuellement, tu avais l'intention de nuire, et tout ce que tu admets c'est d'avoir bu de l'alcool. Ne viens pas parler de la manière dont ta vie a pris un tournant dramatique parce que l'alcool t'a fait faire de mauvaises choses. Essaye de savoir comment prendre tes responsabilités pour ce que tu as fait.
Pour en venir à la sentence, quand j'ai lu le rapport du contrôleur judiciaire, je ne pouvais pas y croire, j'étais pleine de colère, qui a fini par se transformer en une profonde tristesse. Mon témoignage a été déformé et sorti de son contexte. Je me suis durement battue durant ce procès, et je n'accepterai pas que les conclusions soient minimisées par un contrôleur judiciaire qui a tenté d'évaluer mon état et mes désirs en quinze minutes de conversation, dont la majorité du temps a été utilisé pour répondre à mes questions sur le système judiciaire. Le contexte est également quelque chose d'important. Brock n'a pas encore dit ce qu'il avait à déclarer, et je n'ai pas lu ses remarques.
Ma vie a été mise en pause durant une année. Une année de colère, d'angoisse et de doutes, jusqu’à ce qu'un jury de mes pairs rende un jugement qui validait les injustices que j'avais dû endurer. Si Brock avait admis ses torts et qu'il avait des remords, qu'il s'était proposé de régler les choses bien avant, j'aurais considéré la possibilité d'une peine plus légère, prenant en compte son honnêteté, reconnaissante que nos vies puissent avancer. Au lieu de cela, il a pris le risque d'aller au tribunal, a ajouté des insultes à la douleur, et m'a forcée à revivre les douloureux détails de ma vie sexuelle et de ma vie privée, brutalement mises à la vue de tous. Il m'a poussé moi et ma famille, durant une année, à travers des souffrances inutiles et inexplicables, et il doit subir les conséquences d'avoir tenté d'esquiver ses crimes, d'avoir questionné ma souffrance, de nous avoir fait attendre pendant si longtemps le travail de la justice.
J'ai dit au contrôleur judiciaire que je ne désirais pas voir Brock pourrir en prison. Je ne dis pas qu'il ne mérite pas d'être derrière des barreaux. La proposition du contrôleur judiciaire qui est de moins d'une année dans la prison du comté est bien trop indulgente, c'est se moquer de la gravité de ses agressions, c'est une insulte envers moi et toutes les femmes. C'est un message qui dit à quelqu'un que vous ne connaissez pas, qu'il peut vous pénétrer sans consentement, et que pour cela il recevra moins que la peine minimale prévue. Il ne devrait pas y avoir de conditionnelle. J'ai aussi dit au contrôleur judiciaire que ce que je voulais pour Brock c'est qu'il comprenne, qu'il comprenne et qu'il admette ce qu'il a fait de mal.
Malheureusement, après avoir lu les déclarations de l'accusé, je suis profondément déçue, et je sens qu'il n'exprime sincèrement aucun regret ou aucune responsabilité pour ce qu'il a fait. Je respecte totalement son droit à avoir un procès équitable, mais même après que douze jurés l'ont unanimement considéré comme coupable de trois crimes, la seule chose qu'il admette c'est d'avoir consommé de l'alcool. Quelqu'un qui ne prend pas la pleine mesure des ses actions ne mérite pas d'avoir une moitié de sentence. C'est extrêmement blessant de tenter de dissimuler un viol derrière de la promiscuité. Par définition, le viol ce n'est pas une absence de promiscuité, le viol est une absence de consentement, et cela me perturbe fortement qu'il n'arrive pas à faire la différence.
Le contrôleur judiciaire a conclu que l'accusé est jeune, et qu'il n'avait aucune condamnation auparavant. Selon moi, il est assez vieux pour se rendre compte que ce qu'il a fait est mal. Dans ce pays vous pouvez partir à la guerre à l'âge de 18 ans. À 19 ans, vous êtes assez vieux pour subir les conséquences dues au fait que vous avez tenté de violer quelqu'un. Il est jeune, mais il est suffisamment vieux pour s'en rendre compte.
En raison du fait que ceci est une première condamnation, je comprends qu'on puisse tenter d'être clément.e. D'un autre côté, notre société, ne peut pas pardonner à tout le monde sa première agression sexuelle, ou un viol où l'on se sert de ses doigts. Cela n'a aucun sens. La gravité d'un viol doit être claire, nous ne devons pas créer une culture où l'on montre que le viol est quelque chose de grave seulement car cela conduit à un procès. Les conséquences d'une agression sexuelle doivent être suffisamment sévères pour que l'on puisse exercer un jugement clair, même si l'on a trop bu. Assez sévère pour être dissuasif.
Le contrôleur judiciaire a insisté sur le fait qu'il ait dû abandonner une scolarité qu'il a durement gagnée grâce à la natation. La vitesse à laquelle Brock nage, n'a pas à atténuer la gravité de ce qu'il m'est arrivé, et ne doit pas atténuer la sévérité de sa condamnation. Si c'était la première condamnation pour agression sexuelle d'une personne d'un milieu moins privilégié, accusée de trois crimes, et qui aurait nié toutes les accusations autres que celles d'avoir trop bu, quelle aurait été sa sanction ? Le fait que Brock soit un athlète d'une université privée ne devrait pas être une raison pour être clément, mais une opportunité de montrer à tous que les agressions sexuelles sont illégales, quelle que soit la classe sociale.
Le contrôleur judiciaire a conclu dans cette affaire, que comparé aux autres crimes de même nature, cela pouvait être considéré comme moins grave parce que l'accusé avait trop bu. C'était grave. C'est tout ce que j'ai à dire.
Qu'a-t-il fait pour prouver qu'il méritait qu'on le laisse tranquille ? Il s'est seulement excusé d'avoir bu, et n'a toujours pas reconnu que ce qu'il m'a fait subir est une agression sexuelle. À nouveau, il a fait de moi une victime, continuellement et sans relâche. Il a été reconnu coupable de trois crimes, et il est temps pour lui d'accepter les conséquences de ses actes. Il ne mérite aucune excuse.
Il sera à tout jamais vu comme un agresseur sexuel. Cela ne s'effacera jamais, comme ce qu'il m'a fait ne s'effacera jamais. Cela ne s'en va pas après quelques années. Cela fera toujours partie de moi, c'est une partie de mon identité. Cela a changé pour toujours mon fardeau, la façon dont je vivrai le reste de ma vie.
En conclusion, je voudrais dire merci. Merci à l'interne qui m'a fait du porridge ce matin-là, quand je me suis réveillée à l’hôpital, à l'officier de police qui a attendu avec moi, aux infirmières qui m'ont apaisée, à l'inspecteur qui m'a écoutée et qui ne m'a jamais jugée. À mes avocats qui m'ont apporté un soutien indéfectible, à mon thérapeute qui m'a appris à trouver du courage dans ma vulnérabilité, à mon patron pour avoir été sympathique et compréhensif, à mes incroyables parents qui m'ont appris à transformer ma douleur en force, à ma grand-mère qui a introduit du chocolat dans ce tribunal pour pouvoir venir me le donner, à mes ami.e.s qui m'ont rappelé comment être heureuse, à mon petit ami pour sa patience et son amour, à mon invincible sœur qui est l'autre moitié de mon cœur, à Alaleh, mon idole, qui s'est battue sans relâche et n'a jamais douté de moi. Merci à tous ceux impliqués dans ce procès pour leur temps et leur attention. Merci aux filles à travers le pays qui ont écrit des cartes à mon avocat pour pouvoir me les donner, à tous ces inconnus qui tenaient à moi.
Plus important, je veux remercier les deux hommes qui m'ont sauvée, que je n'ai pas encore pu rencontrer. Je dors avec deux motos que j'ai dessinées au-dessus de mon lit, pour ne pas oublier qu'il y a des héros dans cette histoire. Que l'on fait attention les uns aux autres, avoir senti qu'ils me protégeaient et qu'ils m'aimaient, c'est quelque chose que je n'oublierai jamais.
Enfin, à toutes les filles autour du monde, je suis avec vous. Durant les nuits où vous vous sentez seules, je suis avec vous. Quand les gens doutent de vous ou remettent en cause vos dires, je suis avec vous. Je me bats chaque jour pour vous, alors n'arrêtez jamais de vous battre, je vous crois. Comme l'a dit un jour l'auteure Anne Lamott : « Les phares ne parcourent pas une île pour chercher des bateaux à secourir, ils se tiennent là et rayonnent. » Même si je ne pourrai pas sauver tout les bateaux, j'espère qu'en m'exprimant aujourd'hui, vous avez engrangé un peu de lumière, quelque chose qui vous fait savoir qu'on ne peut pas vous faire taire, une minuscule satisfaction que justice ait été faite, et que vous soyez un peu plus assurée que nous y arrivons, et sachez par dessus tout que vous êtes importantes, que personne ne peut vous remettre en question, que personne ne peut vous atteindre, que vous êtes magnifiques. Que l'on doit vous donner de la valeur, vous respecter de façon indéniable, chaque minute de chaque jour, vous êtes puissantes et personne ne peut vous enlever ça. Aux filles du monde entier, je suis avec vous. Je vous remercie.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

TEMOIGNAGES

J'ai des moments très spéciaux ces temps ci, je dois presque lutter pour ne pas le hurler à la terre entière, tout en ayant vraiment aucune envie que quiconque sache cette horreur sur moi, c'est déroutant.
J'avais 6 ans.
Et ça a duré jusqu'à presque 11 ans.
Du côté de ma mère, je lui ai dit. Elle m'a dit de me taire, de ne jamais en parler, que j'étais un monstre. Je n'en ai jamais parlé.
Elle m'interdisait d'exister. Je veux dire, vraiment. Mes frères et soeurs n'avaient plus le droit de me parler, je n'avais plus le droit de leur parler, de parler tout simplement. Pas le droit d'être malade, pourtant j'étais souvent malade, mais pas le droit d'aller chez le médecin.
Pas le droit d'être aimée, pas le droit d'être touchée... sauf par mon père.
J'étais, et suis encore, méchante, monstrueuse, répugnante, une honte, une souffrance, une traînée, une pétasse, une imbécile, une ratée, une ordure, une laideur, une erreur de la nature. Selon ses mots.
Et j'ai beau savoir, dans le fond, que mon père n'aurait pas du, n'avait pas le droit de me violer, que je me suis opposée, débattue, seulement il m'a effectivement violée. Avec son sexe. Il m'a transpercée, je pensais mourir à cause du sang. Et après je me suis presque habituée. J'ai arrêté de lutter.
Mais avant ça, il y a eu presque 2 ans. Je me sentais aimée, privilégiée. Je croyais que j'avais de la chance que mon père aime une monstruosité comme moi.
Même si j'avais déjà mal, ( crampe à la mâchoire, désolée c'est tellement dégueulasse ) au moins j'étais aimée.
Je me sens toujours monstrueuse. Car c'est ce qu'ils m'ont appris. A me mépriser. Ils m'ont éduquée comme ça. Et ça représente toute ma vie puisque je suis toujours en contact avec eux, et bien que mon père ait arrêté, ma mère continue à me détester.
Et moi je l'aime tellement, ma mère. J'ai envie de la protéger, qu'elle soit heureuse, qu'elle se trouve belle, je veux son bonheur plus que tout.
Mais elle me fait mal, encore maintenant.
Je me suis aussi faite violée par un collègue de travail il y a plus d'un an, 5 fois.
Depuis, je n'arrive plus à oublier mon enfance. Je l'avais enterrée. Maintenant, ça me hante, me terrorise,  ça me dégoûte chaque jour.
Un homme a abusé de moi il y a 2 semaines. C'est comme si je ne servais qu'à ça.
Je suis suivie pour dépression, phobies, alcoolisme.
J'ai la chance d'être tombée dès la première fois sur une psychologue très douce, patiente, compréhensive. Je la vois toutes les semaines depuis un bon moment, et chaque fois j'ai envie de lui dire. De lui hurler. De tout lui balancer, les détails sordides, le sang, toutes les fois où je suis partie à l'école en crevant de douleur entre les jambes. Ma mère a dit à l'école que j'avais le genou déformé pour justifier mon état. J'ai du porter des chaussures correctrices et des attelles du genou pendant presque 3 ans. Mais j'avais mal entre les jambes. Pas au genou.
Je me suis prostituée de mes 17 à mes 20 ans.
En fait j'ai l'impression qu'elle sait déjà ma psy.
Mais je reste terrifiée de dire vraiment ce qui s'est passé, c'est tellement honteux.
Pour ma mère, depuis ça elle est en souffrance, et elle attend de moi que je la considère comme le centre de mon monde. Comme une mère parfaite.
C'est comme ça qu'elle se répare en fait. Et je voudrais tellement qu'elle ne souffre plus. 
Elle me dit que je suis une moins que rien, je lui répond qu'elle est magnifique.
En gros ça se passe comme ça.
Mais si je parle à ma psy, il y a cette haine en moi, quand je me souviens qu'elle me punissait en m'envoyant dans la chambre de mon père, sachant qu'il me violerait. Ça me tue de rage !
 Pourtant je l'aime par dessus tout ma mère.
J'ai peur de déborder de toutes ces émotions mauvaises et de ne plus être capable de m'occuper de ma mère comme elle me le demande.
En fait, j'ai honte. Je sais que j'ai 23 ans, suis grande. Adulte. Mais j'ai cette immaturité par rapport à ma mère, je recherche encore, continuellement, son amour.
Je fais tout ce que je peux pour lui plaire, les grandes études, être à son écoute, la valoriser toujours. Lui montrer qu'elle a le pouvoir absolu sur moi, pas d'amis du tout, car elle doit être l'unique personne dans ma vie.
Mais en vain, elle dit que je suis une ratée, une putain, sa pire souffrance.
C'est dur.
Mais c'est ce qu'elle souhaite. Ça comble une infime partie de son vide.
J'ai des idées noires assez incontrôlables mais pourtant je veux vraiment me battre.
Je voudrais être forte, pouvoir supprimer les souvenirs, mais je n'arrête pas d'y penser, mon père m'a violée.
 Et c'est comme si l'histoire ne cessait de se répéter, que chaque fois elle confirmait que c'est de ma faute, que je suis coupable et que je le mérite
Les cauchemars, les images dans ma tête, les souvenirs, rien n'y fait, c'est comme si tout était resté intact.
Et chaque fois que je suis dans une situation de stress par rapport à un homme inconnu qui me veut, j'ai peur, et je ne fais rien. Rien du tout. Je reste tétanisée.
Et ça me tue de culpabiliser.
Je me demande quelle explication peut se cacher derrière une répétition d'abus au cours du temps ?
Est-il possible qu'inconsciemment je me mette moi même dans des situations qui provoquent l'abus ?
Est il possible que je fasse quelque chose de travers, ou alors est-ce que je suis " marquée " par le passé, et que les hommes malveillants le ressentent et me repèrent directement ?
Je précise que je suis extrêmement timide, je ne tente jamais d'attirer l'attention, je suis très méfiante et pourtant toujours interloquée quand un homme abuse de moi.
Est-ce un travail que je peux réaliser seule ? Remonter à la première fois, essayer de taire tout ça une bonne fois pour toute, sans avoir à révéler ces choses là à quelqu'un ? 
Je ne sais pas si ma question a du sens.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

TEMOIGNAGES

Je ne me rebelle contre rien, ma conscience individuelle se soumet, ou fait semblant de se soumettre à l'ordre établi. La domination des hommes de ma famille. Et par extension, de tous les hommes.
Intérieurement je bouillonne, j'enrage. Oui je les haïs. J'ai grandi entourée d'hommes dont je pouvais constater tous les jours à quel point ils étaient abjects. Satisfaits d'eux-mêmes et de leur hideuse protubérance qui leur conférait tous les privilèges. Convaincus de la supériorité naturelle de leur sexe. Usant de la violence pour opprimer les plus faibles et asseoir leur pouvoir.
J'ai vite compris les règles. Pas de pénis, pas de droits. Juste celui de se taire. De ravaler ses larmes, sa fierté, sa dignité. J'ai grandi avec l'âpre sentiment d'injustice à tous les instants. Les uns avaient tout, la liberté de tout faire, l'estime et la considération, sans avoir jamais rien eu à faire pour l'obtenir. Les unes n'avaient même pas la liberté de disposer de leur propre corps et ne recevaient que le mépris, indépendamment de tous leurs efforts, simplement pour être ce qu'elles sont. J'ai grandi dans la culpabilité d'être née, fille.
J'ai détesté voir mon corps se transformer. J'ai haï ce corps qui si tôt tentait les hommes. Attirait leurs regards obscènes.
Je cachais par tous les moyens ces attributs qui me rendaient " impure ". J'ai grandi dans la culpabilité de devenir une femme.
Cette lutte entre l'obscurantisme et la lumière, pour décrire ce qui se passe parmi les gens de ma culture, j'ai l'impression qu'elle a lieu en moi. Il y a cette partie de moi submergée, enfouie, qui n'est que rage incontrôlable, rancoeur et désir de vengeance. Et il y a celle en surface, qui a intégré les règles de ce monde d'hommes, qui en est marqué jusque dans sa chair, qui ne sait faire autrement que de s'y soumettre, et qui m'y soumet toute entière, jusque dans mes fantasmes où ma haine des hommes est domptée et dirigée contre moi-même. Comme si à travers ces images d'une violence inouïe, la partie de moi asservie, soumise au dictat des hommes, opprimait celle en moi qui enrage, la punissait à la mesure de sa rage, et jouissait de ce pouvoir fantasmé, absolu, totalitaire.
J'imagine un homme brutal, parfois plus d'un, je n'ai même pas besoin qu'ils soient beaux, ils sont parfois juste vieux, vicieux, répugnants. J'imagine je suis jetée en pâture à ces porcs, juste là pour assouvir leur plaisir. J'imagine être brutalisée. J'imagine les gifles, les coups, j'imagine les insultes dégradantes. J'imagine mon corps pris d'assaut. Fouillé, saccagé. Possédé sans ménagements.
J'imagine tout. Tout ce qu'il est possible de subir par la violence des hommes pour être brisée. Pour que soit réduit à néant tout ce qui puisse faire de moi un être à part entière.
J'imagine la négation de mon statut de personne. J'imagine avoir perdu le droit de vie ou de mort sur moi-même au profit d'hommes à la cruauté et la bestialité sans bornes au service de leurs pulsions.
Et je ne peux refréner le plaisir que me procurent ces pensées.
Ni le sentiment de tristesse, de dégoût de moi, et d'insignifiance dans lesquels elles me laissent.
Parfois, bizarrement, j'en ressens un soulagement, comme si un poids venait de m'être ôté.
J'ai l'impression qu'une part de moi est marquée au fer par ces hommes qui exigent des femmes qu'elles ne soient qu'un vulgaire objet sexuel sans existence.
Une part de moi a été comme conditionnée, pervertie, et c'est celle-là qui tente de me détruire, de m'empêcher d'avancer.
Je retombe inlassablement dans le même schéma. J'en reviens toujours aux mêmes complaintes. A la même impuissance.
Tout vient de là. Le mépris injustifié que j'ai pour ma personne. Le fait que je ne puisse rien envisager d'autre pour moi que de vivre en martyr. Le renoncement à tout ce qui pourrait m'arriver de bien. La marche mécanique sur toutes les routes possibles de ma perdition.
Et puis les fantasmes de torture, le goût masochiste pour la douleur et la soumission, le plaisir que je tire à me sentir bafouée... tout est là.
Dans la punition.
Dans le châtiment perpétuel, sous des déclinaisons infinies, pour une chose potentiellement atroce que mon inconscient ironiquement m'a fait oublier pour que je souffre moins, et pour laquelle je me considère irrémédiablement coupable.
Comme si je devais revivre sans fin un ancien sacrifice. Ma tête en a occulté les images, alors il prend toutes les formes que mon imagination voudra bien lui trouver.
 C'est d'une tristesse...
Je deviens dingue, j'ai l'impression d'être double. De faire des choses, de prendre des décisions à mon insu. Des décisions mortifères qui me conduisent à ma perte. J'anéantis tout ce qui pourrait me rendre heureuse sans l'avoir consciemment décidé. J'abandonne tout, je saccage tout. J'assiste immobile à un désastre que j'ai orchestré dans mon propre dos.
Comme si c'était mon souhait de souffrir, d'être à l'agonie, comme si c'était la seule place où je me sente bien.
J'emploie toute mon énergie à ignorer ce qui s'accomplit, à garder les yeux fermés.
Je suis dans le déni de tout, de la réalité toute entière. Je ne vois rien. Il ne se passe rien. Je ne suis plus personne, je n'existe plus. Je dois occuper mon esprit, l'abrutir, qu'il n'ait pas le temps de voir ce qui se trame. Pour attendre l'inéluctable. En me convaincant avec force qu'il n'y a aucun danger, que je suis bien. Que tout va bien.
Ne pas lutter, une fois dans les ténèbres du chaos tout rentrera dans l'ordre, chaque chose aura retrouvé sa place.
J'attends patiemment que tout explose, j'ai soigneusement tout calculé, et je me dérobe moi-même de ce projet de destruction. Je vais jusqu'à me duper que je n'en suis pas l'auteure !
Comme si j'avais orchestré un attentat suicide, que je portais la bombe amorcée en moi, que je me tenais là où les choses qui ont le plus d'importance à mes yeux soient réunies, et que je sois devenue tout à coup amnésique, au point d'être surprise d'entendre un tic-tac mortel quelques secondes avant la détonation. De m'en étonner, de me demander qui, pourquoi, et de ne pouvoir plus rien empêcher de ce qui s'est fait par ma volonté.
Comme si j'avais un double maléfique qui opérait dans l'ombre. Je sais qu'il est là, je sais qu'il souhaite pour moi une vie de misère et de martyr. Comme si le martyr était tout ce à quoi j'ai droit.
Je suis la proie consentante d'une rage destructive qui émane de moi, dirigée contre moi. 
Je perds la tête... je ne sais même pas contre quoi je lutte, contre quoi je résiste. J'ai toujours réussi in extremis, dans un sursaut vital, à prendre l'ascendant sur ce désir d'autodestruction, cette inclinaison à la souffrance extrême.
Avec le temps j'ai l'impression que je me débats de moins en moins, ça me fait peur.
Ma mère m'a souvent raconté qu'enfant, lorsque nous étions en vacances, en voyage chez de la famille à l'étranger, mon oncle m'adorait. Il m'offrait des tas de cadeaux, m'emmenait partout avec lui, mais que moi, personne d'autre.
J'ai trois frères et soeurs. J'ai des tas de photos où je suis seule avec lui.
J'ai toujours trouvé ça bizarre que je n'en ai pas gardé le moindre souvenir.
Je n'ai d'ailleurs pratiquement aucun souvenir de mon enfance.
Je me suis toujours sentie comme un champ de ruines à l'intérieur.Je me rappelle qu'ado un homme s'était mis près de moi dans un bus et s'était donné le droit de me toucher. J'étais juste pétrifiée, incapable de bouger ou de parler. Mon père était assis à côté de moi, de l'autre côté mais il n'a rien vu. Je ne sais pas pourquoi je ne lui ai rien dit. J'ai juste regardé cet homme, en l'implorant du regard. Lui ne me regardait pas. Après un temps qui m'a paru être une éternité mon père m'a dit qu'on devait descendre et je me suis ruée vers la porte.
Vous avez dit qu'une personne qui a subi des abus se comporte inconsciemment ou pas, comme une victime et attire les prédateurs. Ce type devait savoir que je ne parlerai pas, même alors que mon père était juste à côté de moi.
J'ai commencé à avoir des genres de crises, ça arrivait la nuit lorsque j'étais allongée dans le lit. Je me figeais de terreur, j'étais comme absente, comme redevenue une enfant, je serrais ma couette de toutes mes forces pour me couvrir le corps et guettait la pièce persuadée qu'il y avait quelqu'un, un homme. 
Maintenant, les pièces de ce puzzle incompréhensible qu'était ma vie se sont assemblées. J'ai compris qu'on m'avait fait du mal à cette époque. Je ne m'en rappelle pas, je le sais, c'est tout. Je crois que j'ai tout refoulé pour me préserver.
Je voudrais me souvenir de ce passage de ma vie pour parvenir enfin à me reconstruire. 
Je voudrais m'en sortir. Réaliser que ça n'est pas irrémédiable. Que je peux vivre, et plus seulement survivre malgré ça.
Mais je suis si fatigué
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