Urgent, c'est le tournant de ma vie

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Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

TEMOIGNAGES

Ce que j'écris est une recherche de logique et de cohérence, dans la frange incohérente et illogique de l'humanité. Sorte de norme dans l'anormal, d'appuis dans le vide, de structure dans la lie.
Ce que j'ai ressenti cette nuit qui m'a paralysé la gorge, même les larmes, générant qu'une forte envie de vomir, je l'imaginais identique à ce que pourrait ressentir un clone s'il existait comme on le voit dans certains films.
Un être vivant identique à son modèle, partageant sa vie avec lui, mais n'étant qu'une réserve d'organes disponibles à sa demande. Vivre toutes les émotions et sensations, partager les mêmes joies et difficultés, mais n'être qu'un réservoir de pièces détachées que son propriétaire vient vérifier ou prendre quand il en a besoin.
Cela aurait des points communs avec l'esclavage, mais dans celui-ci, la colère aide à vivre. L'esclave est reconnu, il a un prénom de baptême et est admis dans les églises. Dans l'aberration, cela reste cohérent.
Mais un clone n'a pas d'âme. Il n'a d'humain que l'aspect. Il peut tout vivre, tout ressentir, tout comprendre, mais on ne lui donne pas d'âme. Il n'est ni objet, ni animal, ni nourriture. Il n'a pas de honte car il n'existe que pour offrir tout ce qu'il a.
Ce moniteur à 14 ans m'a reçu avec une très grande douceur, une extraordinaire tendresse, un immense désir. Ses caresses étaient profondes, douces, légères.
Mais lorsqu'il touchait mon sexe il devenait un homme qui vérifie la qualité et la maturation de sa culture, de sa propriété. Son toucher était médical. Il pétrissait, vérifiait, mesurait mes organes comme un paysan parcourt son verger vérifiant si l'heure de la récolte est proche. Amoureux de celui-ci et tâtant les fruits.
Alors que lui n'avait fait cela que pour examiner la qualité de la maturation du grain qu'il désirait récolter, mon corps vibrait de sa profondeur amoureuse, ma matière vivante avait été propulsée aux limites de mes sens uniquement pour un contrôle-qualité !
Tout mon dégoût ne peut s'exprimer.
Les prêtres s'étaient déjà déchargés en moi.
J'avais été leur sac humide et tiède dans lequel ils avaient déversé ce qu'ils n'osaient regarder, tirant un fantasme de plaisir. Ils m'avaient jeté après utilisation, comme un vulgaire préservatif usagé. J'avais été de la simple nourriture, morceau de bidoche sur l'étal d'un presbytère.
Je le conçois dans toute son horreur.
Et ce moniteur m'avait offert une " puissance d'amour ", de présence, de douceurs, de caresses et de tendresse, il m'avait passé toute la vie, toute la recherche physique d'un être plein d'amour pour moi, juste pour palper ce qui lui appartenait, ce qu'il pouvait toucher chaque matin, chaque soir, sous sa douche, dans son lit. J'étais son clone.
Il était amoureux fou de son porte-organes !
Je n'arrive pas à concevoir qu'un homme vienne inspecter sur un enfant ce qu'il porte entre ses jambes.
Je n'arrive pas à imaginer la logique qui pousse un individu à exacerber toute la sensualité d'un autre individu, copie plus jeune, lui offrant des caresses irréelles, juste pour presser, tâter, observer des organes dont il dispose lui-même depuis bien plus longtemps.
Aujourd'hui, mon corps ne trouve plus le chemin subtil entre la douceur, l'amour de mon amie, et ce qu'il m'a fait.
Je n'arrive pas à ressentir la différence et le toucher d'un être aimant, entre le " je suis ", et le " je ne suis rien ".
Je ne ressens ni honte ni culpabilité, je ne reçois plus la fine séparation entre " vie " et " non-vie ".
Je ne comprends pas plus ce besoin de passer par le corps de l'autre, pour lui demander quelque chose. Pour le remercier, pour montrer son contentement, pour lui signifier son amour, pour fuir ses douleurs, pour décharger ses peurs, pour dépasser ses violences, pour... la liste est longue de raisons et d'excuses pour toucher, prendre propriété du corps de l'autre.
Pourtant il existe tant de possibilités avant même un seul contact. Il y a tant de regards, tant de sourires, tant de gestes, de respirations, avant de poser un doigt, des lèvres, sur un corps qui n'est pas le sien.
Pourquoi faut-il le visiter en totalité alors qu'il faut une durée impressionnante pour laisser pénétrer en soi, un sourire, un regard, une présence de plus en plus proche ?
Quelle est cette règle qui transforme le corps en propriété pouvant être acquise ?
Je n'ose plus embrasser, approcher, toucher, réaliser quelque chose, sous peine de devoir donner mon corps pour un remerciement, ou subir le regret de la dette imaginaire non remboursée.
Quel éclat, quelle lumière, ou quelle noirceur dans le regard de l'autre, pourrait m'aider à percevoir la finalité d'une caresse ?
Tout est perverti.
Ne plus avoir peur de celle qui m'aime, à cause d'un écho pédophile.
 
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Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

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TEMOIGNAGES

Il y a 10 ans j'ai subi un viol.
L'homme à été reconnu coupable de viol aggravé sur mineur de moins de 15 ans. Quant à la tentative de meurtre elle a été évoquée, mais pas retenue. Il a été condamné à 10 ans de prison, dont 8 années de sûreté, c'est à dire 8 ans sans avoir d'aménagement de peine. Et il est fiché au fichier des délinquants sexuels. 
Il est sorti en 2016 mais il est retourné en prison 6 mois plus tard toujours pour des raisons de violences. 
Il a tout avoué devant la justice, les preuves étaient là, il ne pouvait pas nier et il voulait prendre le moins possible. En dehors de la justice il a toujours nié, il m'a fait passer pour la salope qui a envoyé un innocent en prison. Sa famille n'a pas non plus assumé ce qu'il a fait, je suppose par honte. 
Au tribunal il parlait comme si il était victime de ses actes. Il a sali ses parents en racontant les débauches de sa mère et l'alcoolisme de son père. Il se cherchait des excuses, il a pleuré soit disant parce-qu'il regrettait, il a demandé pardon à mes parents et à moi. Sa mère a débarqué chez moi en pleurant toutes les larmes de son corps quelques jours après qu'il ait été jugé. Elle voulait soit disant mettre un visage sur la victime de son fils, et nous demander pardon. Je ne sais pas si c'était sincère ou pas. 
J'ai fait une sorte de déni, j'ai refusé d'en parler en dehors des demandes du juge d'instruction. Je ne voulais pas voir la réalité. Je voulais oublier, et que les autres oublient aussi. J'ai même regretté d'en avoir parlé à mes parents, car ce sont eux qui ont déposé plainte. C'était trop dur pour l'enfant que j'étais. La honte surtout ... Le jugement et le regard des autres. A leurs yeux j'étais soit une pauvre fille violée, soit une salope. J'étais une bête de foire, le spectacle du village, ils voulaient tous savoir qui j'étais. 
Je ne me sentais en sécurité nulle part, et avec personne. Je n'avais plus de père, plus d'oncle, plus de frères, plus de grands pères, plus de professeurs, plus de cousins, plus d'amis, je n'avais que de potentiels violeurs et assassins qui m'entouraient. Les hommes de ma famille en ont beaucoup souffert, surtout mon père.
Avant de m'endormir je regardais partout dans ma chambre, et si je descendais au milieu de la nuit chercher quelque chose au salon ou à la cuisine j'allumais toutes les lumières et je courrais. Je ne pouvais pas fermer l'oeil si la porte de ma chambre n'était pas verrouillée. Dehors je changeais de trottoir à la vue d'un inconnu. A chaque voiture qui ralentissait mon coeur s'accélérait et j'imaginais le pire.  
Quand j'étais seule dehors, je me mettais à courir jusqu'à l'épuisement pour rentrer le plus vite possible chez moi, pourtant il n'y avait pas de danger mais dans ma tête le danger était constant. Je sortais uniquement pour aller à l'école.
A 18 ans j'ai arrêté l'école et je suis restée enfermée chez moi, je ne sortais même pas pour aller chercher le courrier. Il m'est arrivé de rester enfermée pendant des mois sans mettre une fois un pied dehors. J'étais en prison chez moi et surtout dans ma tête. Je parlais avec mes parents et mes frères uniquement pour m'engueuler. Je n'avais plus personne, mise à part les fous d'internet avec qui parler.
Je n'avais rien d'autre en tête que de me venger. Je pouvais regarder des vidéos de Daesh et ne ressentir ni peine pour les victimes ni colère pour les bourreaux. Je me disais que moi aussi un jour je ferai ça à mon ennemi.
Je fantasmais des scènes de vengeances dignes des films d'horreurs. Je n'avais aucune limite à la violence que j'imaginais un jour lui rendre. Je ne pensais plus qu'à ça, je survivais uniquement pour ça. Dans ma tête mon seul avenir était la vengeance et ensuite le repos éternel que m'offrirait la mort. 
Au milieu des fous du net j'ai rencontré quelqu'un de bien sur internet. Cet homme a fait preuve d'une grande patience avec moi et il est rentré dans mon jeu pour pouvoir me rencontrer. On s'est rencontré dans la vie réelle. Il est resté neutre à tout moment.
Il m'écoutait cracher ma haine contre le monde entier sans dire que c'était bien ou mal. Il m'emmenait dans des endroits magnifiques. Je l'aurai suivi au bout du monde. Avec lui j'étais en confiance. Il n'a jamais forcé le contact physique, même quand je pleurais il me tendait les bras pour me réconforter et j'avais le choix d'y aller ou non. Il proposait et je décidais. Jamais personne ne m'avait laissé faire mes choix, il était le premier à me laisser disposer de mes choix les plus banals. C'était ma bulle d'oxygène. 
Cette relation avec le temps s'est transformée en amitié amoureuse. Ce que je trouvais bizarre c'est qu'il ne tentait rien d'autre que des câlins et des bisous alors que j'ai à plusieurs reprises vu ou senti qu'il voulait plus. Malgré que j'avais confiance en lui je le manipulais beaucoup, et je prenais un malin plaisir à lui faire du mal.
J'étais toxique pour lui, et notre relations s'est terminée.
J'étais incapable d'aimer un homme et il ne pouvait rien faire pour moi. J'avais trop de haine envers les hommes pour pouvoir en rendre un heureux. J'ai souffert de l'avoir perdu, et ça n'a fait qu'empirer ma haine en vers les hommes. 
Ensuite j'ai continué quelques années à rester enfermée chez moi sans sortir ni parler avec des gens dans le réel, j'étais retournée dans le monde virtuel. Le monde réel était trop dangereux à mes yeux, partout rodaient de potentiels violeurs. 
Et puis j'ai déménagé et ça a changé ma vie.
Je me suis assez vite sentie à nouveau en sécurité. Ça a l'air de rien, mais retrouver une sécurité en tout temps à été le début d'un bonheur inespéré ! La sécurité m'a ouvert plusieurs portes fermées depuis tant d'années ! 
J'ai d'abord pu sortir accompagnée de mes proches en me sentant en sécurité, puis seule sans paniquer quand une voiture ralentissait ou qu'un homme croisait mon chemin. J'ai retrouvé une complicité avec mon père et avec ma mère. J'ai retrouvé le goût de faire les magasins. J'ai commencé à côtoyer les terrasses de café. Je vivais doucement à la place de survivre, sans même me rendre compte que je frôlais gentiment le bonheur. 
J'ai par la suite changé physiquement. Je prenais du plaisir à me faire jolie. Je plaisais et j'aimais ça. Je les laissais me flatter autour d'un verre mais ça n'allait jamais plus loin, je refusais toujours le deuxième rdv.
J'étais seulement prête à plaire et non pas à être aimée, et encore moins à aimer un homme. 
J'étais prête pour commencer à travailler, enfin prête était un grand mot... je voulais disons, avoir une occupation pour rester le moins possible enfermée et penser au passé qui me donnait des coups de cafard. La vengeance je n'y pensais plus, j'étais passée à un autre stade auquel je n'ai jamais pu donner de définition. Je pense qu'à cette période je ne voulais pas réaliser que j'avais perdu l'unique but que je m'étais donné (la vengeance). Je n'avais plus envie de mourir non plus. 
C'est à 22 ans sur le lieu de mon travail, que je suis tombée malgré moi amoureuse. Ca a été un coup de foudre. Cet homme avait l'attitude tellement sûr de lui, avec un physique à toutes les faire tomber. Mes collègues femmes me disaient qu'il avait un coeur de pierre depuis son divorce. Je savais qu'il n'était pas insensible a mon charme, il ne le cachait pas. C'est au bout de trois longs mois qu'il m'a enfin invitée à passer une journée avec lui. Il m'a dit qu'il n'était pas près à vivre quelque chose de sérieux et qu'il détestait les femmes, je lui ai répondu que ça tombait bien car je détestais les hommes. 
On s'est promis une histoire sans prise de tête qu'on vivrait au jour le jour. Nous avons eu notre premier rapport sexuel assez vite, au bout de deux semaines, je désirais cet homme plus que tout.
Très vite il s'est attaché à son tour. On se disputait beaucoup car il cherchait à comprendre pourquoi j'étais aussi méfiante et aussi agressive à certains moments. Je ne voulais rien dire.
Au bout de plusieurs mois il m'a alors avoué avec beaucoup de tristesse "sans toi je peux pas et avec toi non plus comment on fait ? T'as de la chance que je t'aime sinon je serais plus avec toi" C'est à ce moment là que j'ai réalisé que je lui faisais du mal. J'ai pensé dans un premier temps à le quitter, mais je n'y arrivais pas, à chaque fois il réussissait à me rattraper.
Je perdais la raison avec lui, je voulais le protéger de moi et lui ne voulait pas de cette rupture car il savait que la source de mon problème était ailleurs que dans notre couple. Il voulait simplement comprendre, et je voulais vivre sans en parler. C'était comme ci je me privais inconsciemment d'être heureuse.
Un soir d'automne, un homme au même regard que mon agresseur est entré dans mon lieu de travail. J'ai de suite compris que je n'échapperai plus à mon passé et que ma sécurité retrouvée ne dépendait a ce jour que de moi.
Mon copain à vu dans mon regard que j'avais peur de cet homme, il m'a emmené à l'écart et il m'a demandé qui il était. Je lui ai dit qu'un jour je lui dirai tout mais pas tout de suite. Je voulais déjà être sûre de ce que je pensais.
Les jours passaient et je croisais cet homme partout. Dans son regard il n'y avait que de la haine. Je n'étais pas à l'aise en sa présence mais je savais que je ne risquais rien tant qu'il avait du monde autour. Je ne voulais pas non plus vivre à nouveau dans la peur, j'aurai préféré mourir plutôt que de revivre dans l'insécurité. J'ai continué ma vie, je n'ai changé aucune de mes habitudes, il était hors de question que je me soumette à de l'intimidation. 
Un jour cet homme s'est assis a côté de moi au comptoir d'un bar.
J'étais accompagnée de mon copain. Cet homme était à moins de 20 cm de moi. J'ai écouté la conversation qu'il avait avec le patron du bar, et le patron l'a appelé par son prénom et il lui a demandé si les affaires marchaient à...  (nom de la ville où ça s'était passé pour moi ). J'ai vu son visage se décomposer, il a perdu tous ses moyens, il était très agité et il me regardait en même temps.
J'ai souri légèrement, et nous sommes sortis avec mon copain.
L'homme est sorti 10 secondes après nous, il a couru dans sa voiture et il s'est sauvé comme un lâche. Trop peur que je raconte à mon copain qui il était.
Dehors j'ai ensuite fait des recherches sur internet avec son prénom et le nom de famille de celui qui m'a violé. Les résultats ont été sans appel, il était de sa famille.
Nous somme rentrés chez mon copain, et je lui ai tout dit.
Il est resté muet un instant avec les larmes qui coulaient. Et d'un coup il s'est énervé me jurant qu'il allait tous les tuer. Je l'ai raisonné et rassuré en lui disant que j'allais aller porter plainte. 
Je n'ai pas déposé plainte. Je pensais que vu qu'il savait que je savais qui il était, il allait arrêter. Mais pas du tout.
Le week-end qui a suivi je travaillais, et je pressentais que quelque chose de grave allait se passer. Mon copain n'était pas là il était chez sa famille a 200km. Il était hors de question que j'en parle à mon patron avec qui je m'entends très bien. Je ne voulais surtout pas de cette affiche de femme violée, j'étais une femme "normale" je voulais qu'on me respecte et qu'on me considère en tant que telle. 
J'ai donc pris la route à pied en direction de chez mon copain. J'étais toujours sur le parking de mon lieu de travail quand je l'ai aperçu ralentir et faire demi au milieu de la route pour se garer sur le trottoir d'en face.
Je savais que j'étais en danger, mais je voulais savoir de quoi il était capable. Je suis arrivée sur le trottoir au moment où lui il se garait sur celui d'en face. A partir de là tout est allé très vite il est descendu il a laissé sa portière ouverte, et il a ouvert une portière arrière, et puis il allait traverser.
J'ai agi par instinct de survie, j'ai couru vers le lieu de mon travail, arrivée au milieu du parking je me suis arrêtée et je l'ai vu partir comme une balle. J'ai appelé mes parents, ils sont venus me chercher, ils étaient dans un état de colère la même que quand je leur ai dit qu'un homme m'avait violé. Mon père a tourné dans toutes les rues, il y avait mon frère. Il n'aurait pas fallu que l'un d'eux mettre la main sur lui sinon il était mort. 
S'en est suivi une dispute de famille, mes parents m'ont ordonné d'arrêter de travailler. J'ai refusé et je leur ai hurlé que jamais plus je ne serai victime de mon passé. Que je préférerai mourir plutôt que de céder à mon droit le plus fondamental qui est de vivre en toute sécurité.
J'ai ensuite appelé mon copain lui disant de venir me chercher et je suis partie. 
Je lui ai raconté, il s'est fâché aussi. Il m'a dit qu'il allait parler à notre patron (qui est son ami), pour qu'il nous mette le même planning. Je lui ai dit que je ne voulais pas, que j'avais le droit d'être en sécurité sans sa présence, et que personne ne choisirait plus comment je devais vivre .
C'était la première fois que je m'affirmais pour mon passé.
Le lendemain j'ai appelé mon avocat. Et j'ai été déposé une main courante à la gendarmerie. Et puis j'ai écrit un courrier à celui qui m'a violé.
Cela m'a pris des semaines. J'écrivais tout ce qu'il me passait par la tête, tout ce que je ressentais, j'ai pleuré toutes les nuits pendant plusieurs semaines, je ne dormais plus que 3 h par nuit. J'étais obsédée à finir mon courrier. Jusqu'au jour ou plus rien ne sortait. Plus aucune larme ne coulait. J'étais vidée de toutes mes émotions, j'étais soulagée.
En relisant mes lettres, je me suis dit que je ne lui ferai pas le plaisir de lui envoyer mes mouchoirs. Il aurait pris du plaisir à savoir que j'allais aussi mal que ça !
Après ça je ne pouvais plus nier qu'il était un être humain.
J'ai essayé de comprendre pourquoi il en était arrivé à de telles violences. Je sais que sa vie n'a pas été facile, mais même comme ça je ne suis pas arrivée à  lui trouver d'excuse. Il savait faire la différence entre le bien et le mal, il est donc responsable de ses choix. Et donc l'unique coupable du viol qu'il a commis sur l'enfant que j'étais. 
Maintenant j'en tire une certaine satisfaction qu'il ait essayé de rentrer dans ma vie par l'intermédiaire d'un de ses proche, car cela prouve à quel point il souffre du courage que j'ai eu face à lui alors que j'avais tout juste 14 ans.
Il doit ressentir une profonde injustice, vu que cet homme est incapable de voir la douleur des autres, car les autres ne sont plus considérés comme tel à ses yeux quand ils lui disent non et qu'ils ne se laissent pas faire.
Sur le courrier que je lui ai envoyé, je lui ai dit que quoi qu'il essaiera de me faire je ne me laisserai jamais faire. Qu'aujourd'hui la seule victime du viol était lui même, et que la justice je m'en servirai aussi souvent que j'en aurai besoin face à lui. Que si je croisais encore une fois l'homme de sa famille je déposerai non pas une main courante mais une plainte et que j'irai au bout comme je l'ai fait lorsque j'étais gamine. Après que j'ai envoyé cette lettre je n'ai jamais plus croisé l'homme qui tentait de me nuire.
Aujourd'hui je me sens libre. Je vis pleinement ma vie, je me sens en sécurité. Je fais mes choix seule. Je profite du soleil comme de la pluie. Il n'y a pas un jour sans que j'ai l'impression d'être une enfant qui découvre la beauté et la grandeur du monde.
Avec mon copain ça va beaucoup mieux, on s'entend bien et on s'aime. Nous allons habiter ensemble d'ici 5 jours. On parle de bébé, d'ici deux ans si notre cohabitation se passe bien. J'ai des rêves plein la tête et j'ose me projeter et faire des projets avec l'homme que j'aime. 
Quand je me retourne face a mon passé je suis tellement fière du chemin que j'ai parcouru !
Je suis fière de mes parents qui n'ont rien lâché et qui m'ont donné des forces quand moi j'étais sur le point de tout lâcher. J'ai regretté pendant des années d'avoir parlé à cause des mauvaises langues. Et aujourd'hui c'est ma plus grande fierté.
Je marche la tête haute. J'ai retrouvé confiance en moi, en les gens et puis en la vie. Je sais que je n'oublierai jamais ce qu'il m'a fait, et je ne veux plus oublier. 
Je n'ai plus aucune haine envers celui qui m'a violé. Je suis fière du chemin que j'ai parcouru, je ne pourrai jamais oublier ce qu'il m'a fait, mais je peux en parler librement avec mes proches sans ressentir de honte ou de douleur. 
Par compte j'ai toujours de la colère contre ces gens qui m'ont jugée et qui m'ont regardé comme un animal de cirque. Cette colère je la maîtrise, elle ne me fait pas perdre la raison, mais elle ne passe pas. Il suffit que je pense à une seule de ces personne pour que je sois en colère contre eux mais aussi et surtout contre moi même, car je m'en veux d'avoir baissé les yeux ou de m'être tue face à ces gens.
J'espère qu'un jour je serai en paix avec moi même, que je puisse un jour me pardonner mes faiblesses du passé. 

 
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

TEMOIGNAGES
( Ce sont les parents qui parlent )

Un soir d'août de l'année dernière son meilleur copain K.qui a 13 ans est venu dormir à la maison dans la même chambre. Apparemment tout allait bien.
Depuis ce jour là il refuse de revoir ce copain même en insistant ( pleurs, révolte ). La famille est amie avec le papa de K.
Y. se lave les mains tout le temps, et durant l'année scolaire cette attitude s'est aggravée. Il est mal dans son corps. Cela ne nous a pas inquiétés son père et moi, nous pensions à l'adolescence. Par contre ses résultats scolaires sont parfaits. 
Chaque soir en rentrant de l'école les manies reprennent ( lavage de mains ). Cela est insupportable pour nous, et surtout pour lui. 
En discutant avec Y. pendant des heures il m'a expliqué sa détresse. Son copain s'est masturbé devant lui, l'a obligé à se masturber, lui a obligé à lui faire une fellation, et ensuite il l'a sodomisé à plusieurs reprises. 
Pendant toutes ces dernières vacances il a ruminé son problème ( n'a plus de copains, ne va plus à la piscine ).Tout lui parait sale et insupportable. Il ne se douche plus, se reprend plusieurs fois pour mettre un slip. 
Pour sortir, les situations sont invivables. Il a craqué ce week-end, il a menacé de se suicider ( passage par la fenêtre ) Il veut se détruire car il ne supporte plus son corps et pense à K. Il ne veut pas reprendre le collège. "
Les parents de Y. ont alors fait le nécessaire auprès de la gendarmerie et du Procureur de la République.
Tous les amis, ne voulant pas prendre parti, se sont éloignés.

*** Parce que ce n'était pas remboursé par la sécurité sociale ", et malgré mes propositions d'adapter les séances de thérapie à leurs revenus, les parents de Y ont préféré que leur enfant attende une place en CMP, plutôt que d'entreprendre un suivi psychologique.
J'ai alors demandé l'hospitalisation de Y en pédopsychiatrie afin qu'il puisse bénéficier d'un suivi, mais les parents ont signé une décharge quelques jours après. Y. s'est alors retrouvé en liste d'attente pour un simple rendez-vous en CMP.
8 mois après, la souffrance morale de Y n'était toujours pas prise en charge.
Au tribunal, K. qui est mineur a simplement été sermonné.

Cet enfant s'est donné la mort une nuit de novembre où il pleuvait beaucoup. 
Il s'est couché sur la route, dans un grand virage où les voitures n'ont aucune visibilité.
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Message par Dubreuil »

LE TRANSFERT EN PSYCHANALYSE

Jacques Lacan a eu une grande influence sur la psychanalyse française, mais son appareil conceptuel s’est progressivement éloigné de la pensée freudienne et, même s’il garde les mêmes mots, il leur attribue un sens différent : la pulsion par exemple est coupée de tout lien avec le corporel, elle est structurée par le désir de l’autre ; l’affect inconscient n’existe pas car l’inconscient n’est constitué que de signifiants langagiers. Le désir n’est plus progressivement le désir sexuel mais le désir d’être reconnu mettant l’accent sur la dimension narcissique, le désir d’être aimé fondant la demande d’analyse (Diatkine, G., 1997). La notion de transfert a aussi connu plusieurs éclairages différents au fur et à mesure de l’évolution de sa pensée. Lacan a cependant toujours refusé de considérer le transfert comme la somme des sentiments négatifs ou positifs éprouvés par l’analysant à l’égard de son analyste. Pour lui, ces sentiments sont des effets de transfert et non le transfert lui-même.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LE FANTASME

Pour la plupart d’entre nous, ce sont des scénarios, comme un scénario de film avec des variantes. Ces scénarios vont avoir une base structurée dans l’enfance, qui sera posée, mais ça va pouvoir se réélaborer, se réaménager sur cette base-là, au cours de toute la vie.

Mathieu Lacambre, psychiatre hospitalier référent, président de la Fédération Française des Centres Ressources pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles (FFCRIAVS) :
Par définition, quand vous commencez à pratiquer vos fantasmes, ce ne sont plus des fantasmes, ça devient des conduites et des comportements sexuels. Le fantasme peut tout à fait rester dans une part imaginaire de votre psyché, de votre fonctionnement psychique, et tant qu’il y reste, et tant qu’il y est bien et qu’il est bien investi, il permet de contribuer à votre équilibre, y compris sexuel.
On n’est pas responsable de ses fantasmes, on est responsable de ce qu’on en fait.
Les fantasmes ce sont des productions, des constructions, et donc vous y participez, mais un peu malgré vous. C’est lié à vos expériences, c’est lié à tout ce que vous allez pouvoir recevoir en terme de stimulation, en particulier visuelles, olfactives, sensorielles. Donc vous y contribuez, mais dans la part respective de ce que pouvez, d’une manière consciente.
Il ne s’agit pas de se culpabiliser sur nos constructions fantasmatiques, mais on a la possibilité malgré tout de les orienter, en particulier quand elles viennent nous rattraper dans nos conduites sexuelles réelles et concrètes.
Donc il y a possibilité malgré tout de pouvoir orienter la production d’excitation, dans le registre fantasmatique, pour pouvoir la réinvestir dans une sexualité réelle et concrète qui soit adaptée et harmonieuse. Donc il y a des thérapies, en particulier cognitives ou comportementales, il y a la sexologie qui permet de travailler tout cet espace entre le fantasme et la sexualité éprouvée, réelle.

Très clairement, un fantasme n’est pas une fatalité. Très clairement. En plus, un fantasme ça peut être une espèce de jardin secret, qu’on va visiter tranquillement d’un point de vue imaginaire et puis un espace très serein et sympathique. Ce n’est pas forcément un problème un fantasme. Après il peut y avoir des fantasmes qui sont des sources de souffrances, et qui peuvent vous poser problème quand ils sont investis. Mais on peut par différentes manières et différentes techniques, aider à éteindre l’incendie.
Si le fantasme est adossé à la libido, c’est-à-dire à l’excitation, on peut, par des médicaments, diminuer le niveau de libido et impacter directement la production de fantasmes. Quand il n’y a plus de libido, il n’y a plus de fantasmes, donc la souffrance diminue. Avec des médicaments, de manière efficace.
Après avec des psychothérapies, avec des techniques différentes, on peut travailler le contenu de ces fantasmes, et puis ensuite on peut travailler sur la distance entre le fantasme et la sexualité agie. Donc on a différents niveaux d’intervention, qui permettent soit de retrouver une harmonie avec ses propres fantasmes, soit de pouvoir remanier sa libido, son excitation, et réinvestir de nouveaux champs de fantasme, des jardins qui étaient restés barrés.
Par exemple lorsqu’enfant, vous avez été victimes d’abus sexuels, vos fantasmes vont s’organiser autour de cette sexualité infantile fixée.
Le fait de pouvoir ouvrir d’autres jardins en disant « finalement, je peux avoir une sexualité entre adultes consentants », et bien on va ouvrir de nouveaux espaces fantasmatiques. Et du coup ça va se déplacer et le patient va investir de nouveaux champs, avec une nouvelle production de fantasmes. Alors c’est quand même assez génial l’être humain, c’est qu’on va pouvoir produire comme ça de nouveaux espaces, on va ouvrir de nouveaux jardins, qui vont être investis. Le jardin « fantasme pédophilique » va tomber en jachère, il va être envahi par des ronces et il va être abandonné. Ce n’est pas juste une métaphore, on l’éprouve dans la prise en charge de nos patients : des patients qui découvrent de nouveaux jardins et c’est assez fantastique.

Patrick Blachère, expert psychiatre, sexologue, vice-président de l’Association Interdisciplinaire post Universitaire de Sexolologie (AIUS) :
On peut tous avoir des fantaisies sexuelles originales. On peut rencontrer des sujets qui vont avoir des fantasmes, comme par exemple avoir des relations sexuelles au sommet du mont Blanc ou sur le balcon, ou sur le capot d’une voiture américaine. On est dans une fantaisie qui, si vous la vivez, ne va pas vous exposer à de grands dangers, encore qu’au sommet du mont Blanc, sur le plan cardio-vasculaire, ça peut être problématique ! Lorsque vous avez d’autres types de fantaisies, et les patients nous en rapportent en consultation, comme par exemple des fantasmes zoophiles, des fantasmes sadiques… Certains vont pouvoir être vécus de façon symbolique, dans la relation sexuelle, comme par exemple le fait de pouvoir mettre des petites menottes ou de donner une fessée dans une relation sexuelle. Mais ça, c’est quelque chose de possible si c’est symbolisable… qui peut être, par contre, une agression sexuelle si c’est imposé à l’autre ou si c’est pratiqué sur une personne vulnérable. Donc toutes les fantaisies sexuelles que l’on peut avoir, on peut les vivre de façon symbolique. Elle n’en sont pas moins révélatrices de quelque chose qui peut mal fonctionner en nous.

Odile Verschoot, psychologue clinicienne en milieu pénitentiaire, présidente de l’Association pour la Recherche et le Traitement des Auteurs d’Agressions Sexuelles (ARTAAS) :
Nous avons tous eu envie de tordre le cou au voisin, de tuer celui qui nous fait une queue de poisson en voiture… Donc l’imagination est un espace de liberté absolue qu’on se doit de cultiver. Il serait maladroit de brider les fantasmes. Le fantasme, chez la plupart d’entre nous, permet justement, en massacrant quelqu’un dans notre imagination, de ne pas l’agir. De ne pas le faire dans la réalité, de ne pas passer à l’acte, de ne pas le mettre en actes. Donc lâchons-nous dans nos fantasmes, ça ne nuit à personne. Ça peut nous mettre, nous, mal à l’aise, bien sûr, parce qu’on sait que c’est pas bien, on sait qu’on ne devrait pas, on est gêné par ces pensées hostiles qu’on peut éprouver par moment. Néanmoins, tout est permis dans l’imagination, donc ne condamnons personne et ne rejetons personne pour ce qui lui passe à travers la tête, qu’il n’a pas choisi, que peut-être il cultive, mais qu’il n’a pas choisi. C’est-à-dire que ce qui surgit dans notre tête, on ne choisit pas que ça surgisse dans notre tête, ni du moment.
Personne n’est responsable de ses fantasmes, des idées qui nous traversent l’esprit. Après, on leur accorde beaucoup de place, ou pas. Mais le fantasme, c’est pas un problème.

Brigitte Allain Dupré, psychologue clinicienne, psychanalyste jungienne, membre de la Société Française de Psychologie Analytique (SFPA) :
Le jour où vous avez envie, où vous avez le fantasme d’égorger votre belle-mère, vous acceptez d’être porteur de ce fantasme, mais qu’est-ce que vous allez en faire ? C’est là où, ce que nous les psys on appelle le « moi », le « moi éthique », le « moi » qui accepte de poser le oui et le non et de construire une position de compromis entre cette impulsion qui me pousserait à égorger ma belle-mère, et quand même « elle a le droit à la vie et il faut que je me débrouille autrement dans mon conflit avec elle ». Voilà, ça c’est le « moi éthique » qui fonctionne. Alors peut-être qu’on mettra un peu plus de piment dans sa soupe ou de poivre sur son bifteck mais ça c’est pas grave.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LES MECANISMES DE DEFENSE

Les mécanismes de défenses seront présentés par niveau selon l’échelle de fonctionnement défensif du DSM-IV. Cette échelle représente une étape importante vers l’intégration de l’approche psychanalytique à la démarche diagnostique. Elle n’est pas le produit d’une étude empirique utilisant une méthode d’analyse factorielle : elle résulte d’un consensus entre cliniciens mettant en commun leurs connaissances et leurs expériences à la fois pour choisir les mécanismes de défenses présentés et pour les organiser hiérarchiquement en 7 niveaux défensifs. Elle propose des définitions opérationnelles, claires et concises, des mécanismes de défense. Elle permet de coter les mécanismes de défense habituellement utilisés par le sujet et de préciser le niveau de fonctionnement défensif actuel prédominant à partir d’une classification hiérarchique et de définitions opérationnelles des défenses.
Les 7 niveaux sont : le niveau adaptatif élevé représentant les défenses matures, le niveau des inhibitions mentales représentant les défenses intermédiaires névrotiques et les niveaux immatures avec les niveaux de distorsion mineure et majeure de l’image de soi et des autres, le niveau du désaveu, le niveau de l’agir et le niveau de la dysrégulation défensive.

Le niveau adaptatif élevé assure une adaptation optimale aux facteurs de stress. Les défenses habituellement impliquées autorisent la perception consciente des sentiments, des idées et de leurs conséquences. Y sont décrits l’anticipation, l’affiliation, l’affirmation de soi, l’altruisme, l’auto-observation, l’humour, la sublimation, la répression. Ce niveau inclut des mécanismes qui se rapprochent des processus de coping les plus fonctionnels.

Le niveau des inhibitions mentales ou de la formation de compromis est constitué de défenses maintenant hors de la conscience idées, sentiments, souvenirs, désirs ou craintes potentiellement menaçants (déplacement, dissociation, intellectualisation, isolation de l’affect, formation réactionnelle, refoulement, annulation).

Le niveau de distorsion mineure de l’image de soi, du corps ou des autres est représenté par des mécanismes utilisés pour réguler l’estime de soi. Ce sont les défenses narcissiques : dépréciation, idéalisation, omnipotence.

Le niveau du désaveu est constitué de défenses maintenant hors de la conscience des facteurs de stress, des impulsions, idées, affects ou des sentiments de responsabilité en les attribuant ou non à une cause extérieure (déni, projection, rationalisation).

Le niveau de distorsion majeure de l’image de soi et des autres regroupe des défenses produisant une distorsion majeure ou une confusion de l’image de soi et des autres (clivage, identification projective, rêverie autistique,).

Le niveau de l’agir est constitué de défense par l’agir ou le retrait (passage à l’acte, retrait apathique, plainte associant demande d’aide et son rejet, agression passive).

Le niveau de la dysrégulation défensive est constitué de défenses caractérisées par l’échec de la régulation défensive provoquant une rupture marquée avec la réalité objective (projection délirante, déni psychotique, distorsion psychotique).

Le niveau adaptatif élevé
Le principal « promoteur » de ce niveau adaptatif élevé, Vaillant (2000) le conçoit comme regroupant de véritables mécanismes de défense nettement distincts des modes de coping fonctionnels. Il insiste sur le fait que les mécanismes de ce niveau sont involontaires, s’activant automatiquement en dehors du contrôle du sujet : « Bien que plus près de la conscience que des mécanismes comme la projection ou le refoulement, les mécanismes matures ne peuvent être volontairement déployés. ». Il considère que ces mécanismes de défense, qualifiés de matures, sont « supérieurs aux processus de coping volontaires », arguant que ces mécanismes « peuvent réguler notre perception des réalités internes et externes que nous sommes impuissants à changer ». Il décrit dans ce groupe l’anticipation, l’altruisme, l’humour, la répression et la sublimation, tous caractérisés par une activation automatique échappant à la volonté du sujet. Le DSM-IV introduit une confusion regrettable en ajoutant à ces mécanismes adaptatifs, l’affiliation, l’auto-affirmation, et l’auto-observation, qui ne sont pas involontaires, qui ne sont pas des mécanismes de défense et qui correspondent à des stratégies de coping cognitives délibérées parmi les plus fonctionnelles et qui ne seront pas décrites ici.

L’humour
L’humour souligne « les aspects amusants ou ironiques des conflits ou des situations de stress » (DSM-IV). L’humour, qui s’applique à soi-même, s’oppose à l’ironie et au sarcasme qui s’exercent aux dépens des autres. Pour Vaillant (2000), l’humour est involontaire : « L’humour, comme l’anticipation et la suppression, est un dispositif de faire face si judicieux qu’il devrait être conscient, mais, presque par définition, l’humour nous surprend toujours ». Pour Freud (1905), l’humour « est lié à une condition, celle de rester préconscient ou automatique », car « le déplacement humoristique est… impossible sous l’éclairage de l’attention consciente » .
Freud considérait l’humour « comme la plus haute des réalisations de défense ». En effet, au contraire des autres processus de défense, « corrélats psychiques du réflexe de fuite », l’humour « dédaigne de soustraire à l’attention consciente le contenu de représentation attaché à l’affect pénible » dont il transfigure la connotation émotionnelle en lui adjoignant une composante positive, transformant partiellement ou totalement le déplaisir en plaisir.

La sublimation
La sublimation canalise « des sentiments ou des impulsions potentiellement inadaptés vers des comportements socialement acceptables (ex : les sports de contact pour canaliser des accès impulsifs de colère) » (DSM-IV). La sublimation permet aussi de transformer le déplaisir lié à l’impossibilité de décharger la pulsion en plaisir. Cette définition propose un double élargissement de la conception classique de Freud pour qui la sublimation concernait la dérivation de la pulsion sexuelle vers des buts non sexuels socialement valorisés, principalement l’activité artistique et l’investigation ou la création intellectuelle. La définition du DSM-IV étend clairement la sublimation à l’agressivité et élargit l’expression de la sublimation aux activités positives de la vie quotidienne. La sublimation permet également de lutter contre les affects dépressifs.

L’anticipation
L’anticipation est décrite dans le DSM-IV comme une réponse « aux conflits émotionnels ou aux facteurs de stress internes ou externes en éprouvant les réactions émotionnelles par avance ou en anticipant les conséquences d’un possible événement futur et en envisageant les réponses ou solutions alternatives réalistes »
L’anticipation, mécanisme adaptatif, reste réaliste et est à distinguer de l’anticipation anxieuse où le sujet éprouve une anxiété importante qui est renforcée par des pensées exagérant les difficultés. Cette anticipation anxieuse, loin de préparer le sujet à affronter la situation, peut entraîner des réponses dysfonctionnelles comme une attitude d’évitement.

La répression
La répression est une réponse aux conflits et stress « en évitant délibérément de penser à des problèmes, des désirs, des sentiments ou des expériences pénibles » (DSM-IV). Ces éléments perturbants sont écartés dans le préconscient et restent accessibles. La répression peut être assimilée à un oubli réversible et fonctionnel.

L’altruisme
L’altruisme est une réponse aux conflits et aux stresseurs, internes ou externes, « par le dévouement aux besoins des autres ; à la différence du sacrifice de soi qui est parfois caractéristique d’une formation réactionnelle, le sujet reçoit des gratifications soit directement par la réponse des autres, soit indirectement par procuration » (DSM-IV). On peut ajouter la satisfaction apportée par l’approbation du surmoi. Pour Vaillant (2000), l’altruisme est un mécanisme automatique qui ne peut être « volontairement déployé »
L’altruisme n’est pas toujours facile à distinguer du pseudo-altruisme classé dans les mécanismes névrotiques. Le pseudo-altruisme prend trois aspects principaux : 1) il peut n’être que le simulacre de l’altruisme : le sujet aide les autres ou fait semblant de les aider mais il poursuit inconsciemment un but intéressé ; 2) le pseudo-altruisme peut résulter d’une formation réactionnelle contre l’agressivité ; 3) le pseudo-altruisme peut, au travers du sacrifice de soi, exprimer un masochisme moral ; le sacrifice de soi peut-être un moyen de contrôle de l’autre par la culpabilité.

Niveau des inhibitions mentales et des formations de compromis
Ce niveau correspond au niveau névrotique ou intermédiaire constitué de défenses maintenant hors de la conscience des idées, des sentiments, des souvenirs, des désirs ou des craintes potentiellement menaçants. Ces défenses sont utilisées de façon prédominante par le sujet dit « névrotique ». La plupart d’entre elles font également partie du répertoire des mécanismes de défense utilisés par les sujets exempts de tout trouble psychopathologique significatif dits « non cliniques ». Les défenses intermédiaires/névrotiques « sont utilisées par tout le monde, en particulier aux périodes difficiles de la vie » (Bowins, 2004, p. 9).

Le refoulement
Le refoulement expulse « de la conscience des désirs, des pensées ou des expériences perturbantes. La composante affective peut rester consciente mais détachée des représentations qui lui sont associées » (DSM-IV). L’affect peut être déplacé, isolé ou refoulé.
En clinique, le refoulement peut se trahir par des vides, par l’absence des réponses auxquelles on s’attendrait comme à des réactions appropriées à la réalité : le clinicien n’observe pas les idées, sentiments, attitudes qu’il s’attendrait à retrouver. Le refoulement peut aussi se manifester par une absence de souvenirs.
Le refoulé, bien qu’il ne soit pas accessible à la conscience, reste toujours actif et nécessite une consommation incessante d’énergie psychique qui peut se manifester par de la fatigue, de l’inhibition, un appauvrissement général de la personnalité.
L’insuffisance ou la défaillance du refoulement permettent le retour du refoulé : 1) les actes manqués, lapsus, montrant des pensées, des sentiments, des intentions en contradiction avec les contenus conscients ; 2) les rêves révélant clairement des désirs, des pulsions, des sentiments, des pensées, différents de ce que le sujet éprouve dans la vie diurne ; 3) Ce qui est insuffisamment refoulé peut être déplacé ou projeté ; 4) des symptômes névrotiques.
Freud a insisté sur le caractère universel du refoulement : « Personne n’échappe au refoulement ». Le refoulement est un mécanisme essentiel du développement normal chez l’enfant et l’adolescent et de la santé mentale de l’adulte. Le refoulement n’est pas pathologique en lui-même. Il existe un refoulement normal. C’est son caractère excessif et massif qui est pathologique de même que l’insuffisance de la capacité à refouler, observée dans les états limites et les psychoses de l’enfant, l’adolescent et l’adulte.

Le déplacement
Le déplacement transfère « un sentiment ou une réaction d’un objet à un autre objet substitutif (habituellement moins menaçant) » (DSM-IV). Le déplacement est à l’origine de phobies.
Ce mécanisme a été particulièrement évoqué pour les phobies d’animaux dont le cas le plus célèbre est celui du petit Hans dont la peur du père est déplacée sur le cheval. Ce déplacement permet de circonscrire la peur à une situation évitable et de résoudre un conflit d’ambivalence : si l’enfant ne se sent plus menacé par son père, il peut éviter de le haïr ce qui diminue sa peur de la rétorsion et sa culpabilité. Le déplacement peut concerner une autre personne, un objet inanimé, ou une autre situation.

La formation réactionnelle
Une formation réactionnelle substitue « à des pensées ou à des sentiments inacceptables, d’autres comportements, pensées ou sentiments qui leur sont diamétralement opposés (ce mécanisme est habituellement associé au refoulement) » (DSM-IV). La formation réactionnelle vient renforcer le refoulement par le contre-investissement d’attitudes opposées au désir refoulé.
Les formations réactionnelles peuvent être localisées comme dans le cas de « l’inquiétude excessive que manifeste un petit garçon « quand son père doit quitter la maison le soir ou par temps de brouillard » » qui « indique à coup sûr des souhaits de mort refoulés ». Le désir de mort serait refoulé et remplacé par son contraire, la peur de la mort du père).
Les formations réactionnelles peuvent être durables mais limitées à une relation ou une catégorie de relation. Ainsi, une surprotection peut-être une formation réactionnelle contre l’agressivité à l’égard d’un enfant.
Les formations réactionnelles peuvent être généralisées et se manifester par un trait de caractère. Par exemple, l’agressivité contre le père peut conduire à un trait de personnalité réactionnel marqué par une attitude sociale générale de soumission.
Les formations réactionnelles ont un rôle important dans le développement normal, en particulier à la phase de latence où elle sont le fondement d’un grand nombre de nos vertus.
Il existe un niveau sain de formation réactionnelle. Les dysfonctionnements peuvent être liés à un excès d’usage de formation réactionnelle, mais aussi à une insuffisance des formations réactionnelles qu’on peut rencontrer, par exemple, chez certains sujets affectés d’un trouble de la personnalité limite ou antisocial.

L’annulation
L’annulation utilise « des mots ou des comportements visant à annuler ou à compenser symboliquement des pensées, des sentiments ou des actes jugés inacceptables » (DSM-IV).
L’annulation rétroactive est un mécanisme particulièrement employé dans la névrose obsessionnelle où elle est souvent liée à la pensée magique. Elle est évidente dans les rituels expiatoires succédant à des pensées agressives ou sexuelles, vécues comme inacceptables.
L’isolation
L’isolation sépare « les idées des sentiments qui leur étaient initialement associés. Le sujet perd ainsi le contact avec les sentiments associés à une idée donnée (ex : un événement traumatique) alors qu’il reste conscient des éléments cognitifs qui l’accompagnent (ex : des détails descriptifs) » (DSM-IV). L’isolation de l’affect peut être formulé comme un refoulement de l’affect sans refoulement de la représentation.
L’isolation de l’affect peut s’observer comme défense normale face à la survenue d’un événement traumatique où sa fonction adaptative est souvent évidente. Elle peut persister à distance, liée à une absence d’élaboration psychique, et s’intégrer aux symptômes d’un état de stress post-traumatique.

La dissociation
La dissociation altère « les fonctions d’intégration de la conscience, de la mémoire, de la perception de soi ou de l’environnement ou du comportement sensori-moteur » (DSM-IV). Elle permet de se détacher de la réalité interne ou externe.
Les manifestations principales de la dissociation sont l’absorption dans l’imaginaire, la dépersonnalisation et la déréalisation où le sujet a l’impression de vivre un rêve, un sentiment d’étrangeté et d’irréalité. Elle peut se manifester par une amnésie. La prévalence élevée des manifestations de la dissociation dans la population générale, en particulier des formes les plus légères suggère que la dissociation est un mécanisme de défense majeur.
La fonction adaptative de la dissociation se révèle dans les situations de stress intense où elle permet au sujet de se détacher d’une réalité insupportable.

L’intellectualisation
L’intellectualisation est une réponse aux conflits et aux stress « en s’adonnant à un usage excessif de pensées abstraites ou de généralisations pour contrôler ou minimiser des sentiments perturbants » (DSM-IV). Elle permet de maîtriser les affects en évitant au sujet de se confronter à son implication personnelle dans une situation conflictuelle. Les généralisations servent à banaliser en se référant à l’expérience collective (« C’est la vie ! »). L’abstraction permet de s’évader d’une réalité pénible en privilégiant le monde des idées et du raisonnement logique. L’intellectualisation a donc une forte composante cognitive.

Niveau de distorsion mineure de l’image
Le niveau de distorsion mineure de l’image de soi, du corps et des autres regroupe la dépréciation, l’idéalisation et l’omnipotence, défenses qui visent la régulation de l’estime de soi. Ces défenses sont caractéristiques des personnalités limites et narcissiques. Elles sont également très utilisées à l’adolescence. Les adultes, exempts de tout troubles psychopathologiques, peuvent également y recourir.

L’idéalisation
L’idéalisation attribue aux autres des qualités exagérément positives.
En fait, il faut distinguer deux niveaux d’idéalisation, l’idéalisation névrotique et l’idéalisation primitive.
L’idéalisation névrotique observée typiquement chez les déprimés est une formation réactionnelle contre l’agressivité envers l’objet qui vise à réduire la culpabilité. Cette formation réactionnelle renforce le refoulement de l’agressivité : puisque la personne est idéale, le sujet n’a plus de raison de lui faire des reproches et de lui en vouloir. Dans l’idéalisation névrotique, l’image de l’objet reste réaliste.
L’idéalisation primitive crée, au contraire, une image irréaliste d’une personne perçue comme totalement bonne, toute-puissante, dépourvue des faiblesses et des défauts ordinaires. Les thérapeutes font souvent l’objet d’une idéalisation primitive de la part des personnalités limites ou narcissiques et des adolescents.

La dépréciation
La dépréciation produit des représentations injustement et exagérément inférieures de certaines personnes. Sa fonction est de protéger l’estime de soi (Si l’autre est nul, on n’a pas à se remettre en question) ou d’éviter les sentiments de perte en cas de séparation ou de menace de séparation (Si l’autre est sans valeur, s’en séparer est un soulagement).

L’omnipotence
Dans l’omnipotence (toute-puissance), le sujet répond aux conflits et aux stress « en se sentant et en agissant comme s’il possédait des capacités ou des pouvoirs exceptionnels et comme s’il était supérieur aux autres » (DSM-IV).
La personnalité narcissique est caractérisée par la prédominance de l’omnipotence manifestée par le sens grandiose de sa propre importance, de la dévalorisation des autres sauf de quelques individus protégés par l’idéalisation primitive.

Niveau du désaveu
Le niveau du désaveu regroupe le déni, la projection et la rationalisation : ces défenses empêchent la prise de conscience de facteurs de stress, d’impulsions, d’idées, d’affects désagréables ou inacceptables. Ces défenses font partie des défenses dominantes des personnalités limites mais elles peuvent être utilisés par les sujets « névrotiques » et « non-cliniques ».

Le déni
Le déni est une réponse aux conflits et aux stress « en refusant de reconnaître certains aspects douloureux de la réalité externe ou de l’expérience subjective qui seraient évidents pour les autres » (DSM-IV). Cette définition recouvre la réalité psychique et la réalité externe. Le déni est l’exclusion active et inconsciente de certaines informations hors de l’attention focale. Contrairement au déni psychotique où la distorsion de la réalité interne ou externe est majeure, sa méconnaissance dans le déni n’est qu’apparente ou incomplète et elle peut ne pas être permanente. L’entourage et le soignant peuvent avoir l’impression que le sujet sait et ne sait pas à la fois. On a parlé de « demi-savoir ».
Le déni peut être adaptatif, pourvu qu’il soit temporaire, dans les situations de stress intenses ou dans les traumatismes majeurs. Le déni est une réaction habituelle dans le deuil. « Il peut constituer la dernière ressource pour faire face à une réalité insupportable » (de Tychey, 2001, p. 55).
On a parlé de déni normal, sain ou mature pour désigner ces illusions positives qui contribuent à édulcorer les inévitables difficultés de la vie. Dans certains troubles psychologiques, cette capacité d’auto-illusion est altérée en particulier dans les dépressions.
Comme pour le refoulement, il existe un déni normal et des pathologies liées à l’excès ou au défaut du déni. L’usage excessif de déni est surtout présent chez les personnalités limites et psychopathiques. La déficience du déni peut s’observer dans les dépressions ou la mélancolie.

La projection
La projection attribue « à tort à un autre ses propres sentiments, impulsions ou pensées inacceptables ». Elle permet d’expulser de soi et de percevoir dans un autre ce que le sujet refuse de reconnaître en lui-même. Plus généralement, la projection peut concerner tout ce que notre esprit ressent comme douloureux ou déplaisant (Joan Riviere, 1937).
Dans une première forme de projection, le sujet s’est complètement débarrassé de la pulsion ou de l’affect inacceptable ou désagréable qui ne sont plus ressentis. Freud a insisté à plusieurs reprises sur le caractère normal de la projection dont Joan Riviere (1937) a pu souligner l’usage général dans la vie quotidienne, sous forme de la tendance à dénoncer chez les autres ce que la personne essaie de nier en elle-même.
Dans une autre forme de projection, la pulsion est toujours ressentie. Ainsi l’agressivité peut être projetée à l’extérieur mais être toujours éprouvée et mobilisée contre le danger perçu à l’extérieur. Joan Riviere (1937) a vu dans ce mécanisme « notre première mesure de sécurité » (p. 19) dont il est fait un usage « universel » pour se défendre des forces destructrices internes. Cette « agressivité première qui constitue un danger est expulsée et localisée ailleurs en tant que chose mauvaise » . « Ayant réussi dans notre esprit à localiser le danger à l’extérieur de nous et à le concentrer, nous procédons alors à une deuxième manœuvre projective, qui consiste à décharger les pulsions agressives en nous sous forme d’une attaque contre ce danger extérieur » .

La rationalisation
La rationalisation dissimule « les motivations réelles de ses propres pensées, actions, sentiments, derrière des explications rassurantes ou complaisantes mais erronées » (DSM-IV). La rationalisation est une justification tendancieuse recourant à la logique ou à la morale permettant au sujet de se cacher ses véritables motivations qui ne sont pas perçues par la conscience. La rationalisation, en tant que mécanisme inconscient et involontaire, est à distinguer de la falsification délibérée utilisée pour tromper, manipuler et tenter de dissimuler aux autres ses véritables intentions dont le sujet a pleinement conscience.
Niveau de distorsion majeure de l’image
Ce niveau regroupe des mécanismes de défense dont la mise en jeu provoque une distorsion majeure de l’image de soi et des autres : le clivage, l’identification projective, la rêverie autistique.

Le clivage
Le clivage compartimente « des états affectifs opposés et en échouant à intégrer les aspects positifs et négatifs de soi et des autres dans des images cohérentes. Les affects ambivalents ne pouvant être éprouvés simultanément, des représentations de soi et des autres et des attentes vis-à-vis de soi et des autres plus nuancées sont exclues de l’expérience émotionnelle. Les images de soi et d’objet tendent à alterner entre des pôles opposés : être exclusivement aimant, puissant, respectable, protecteur et bienveillant ou exclusivement mauvais, détestable, en colère, destructeur, rejetant et sans valeur » (DSM-IV). Le clivage traduit la division du soi et des objets en parties entièrement bonnes ou mauvaises et se manifeste par le renversement soudain et complet de tous les sentiments et conceptions concernant soi-même ou une personne particulière.
Le clivage est associé au déni : quand il passe d’un état à un autre, le sujet dénie l’état antérieur. Quand il est sous l’emprise d’une image de soi et d’objet, les autres images de soi et d’objet sont déniées.
Le clivage est au centre de l’organisation défensive des états limites et des psychoses comme l’est le refoulement pour les névroses. Dans l’état limite, le clivage protège le moi des conflits intrapsychiques en dissociant les représentations contradictoires de soi et des autres. Le clivage protège le sujet d’une ambivalence intense : « Aussi longtemps que ces états contradictoires du moi peuvent être maintenus séparés les uns des autres, l’angoisse liée à ces conflits est évitée ou contrôlée »

L’identification projective
L’identification projective est un « mécanisme par lequel, comme au cours de la projection, le sujet répond aux conflits émotionnels et aux stress internes ou externes en attribuant à tort à une autre personne ses propres sentiments, impulsions ou pensées inacceptables. Cependant, à la différence de la projection simple, le sujet ne désavoue pas entièrement ce qui est projeté. Il reste au contraire conscient de ses affects ou impulsions mais il les ressent comme des réactions légitimes aux attitudes de l’autre personne. Il n’est pas rare que le sujet induise chez l’autre les sentiments même qu’il lui avait faussement attribué, rendant difficile de clarifier qui a fait quoi à qui le premier » (DSM-IV).
L’identification projective est difficile à repérer dans le fonctionnement relationnel du sujet à partir des informations subjectives et nécessairement biaisées qu’il en donne quels que soient ses efforts de sincérité. Elle peut être inférée des observations des interactions en thérapies familiales où on la retrouve généralement dans les familles très perturbées. En situation thérapeutique, le soignant peut en éprouver la puissance et le caractère contraignant : l’identification projective « peut se diagnostiquer grâce… à l’activation en lui-même (le thérapeute) de dispositions affectives puissantes qui reflètent ce que le patient est en train de projeter » (Kernberg, 1987, p. 150-151).
Deux types d’identification projective ont été décrits, l’identification projective concordante, où les mêmes affects sont éprouvés par le sujet et par l’autre, et l’identification projective complémentaire, où les sentiments éprouvés par le sujet et par l’autre sont opposés.
Dans l’identification projective concordante le sujet induit chez l’autre un affect semblable à celui qu’il veut désavouer. La projection de l’agressivité induit chez l’autre des sentiments agressifs et le fait ressentir comme menaçant et agressif. Le sujet se montre méfiant, dévalorisant et hostile envers le soignant et lui reproche de se conduire de façon rejetante, méprisante et agressive. Le soignant peut se sentir victime d’une attaque injuste ou d’une tentative de manipulation et éprouver des sentiments d’injustice, de colère et de révolte qui le pousse à contre-attaquer et à rejeter le patient. Le soignant peut se sentir victime d’une tentative de contrôle sadique, d’une manipulation perverse pour le contraindre à perdre la maîtrise de lui-même et à se conduire d’une manière agressive. L’identification projective concordante peut aussi concerner les parties dévaluées, dépressives de soi, les désirs sexuels refusés ou les parties idéalisées de soi.
Dans l’identification projective complémentaire, les sentiments éprouvés par le sujet et l’autre ne sont pas identiques mais opposés. Ce mode d’identification projective permet d’éviter des sentiments pénibles comme : la faiblesse, la peur, la dépendance, l’envie, et de les remplacer par les sentiments contraires. La projection des aspects dévalués du sujet lui fait éprouver un sentiment de supériorité et de triomphe sur l’autre qui se sent faible, incapable. D’autres formes d’identification projective complémentaires peuvent se produire comme la projection des aspects faibles et craintifs de soi sur l’autre qui se dévalorise et se soumet alors que s’active chez le sujet l’identification à une image parentale sadique. Ce mécanisme paraît jouer un rôle majeur dans certaines situations de harcèlement. A l’inverse, la projection des parties sadiques de soi active chez le sujet des attitudes de soumission passives et masochistes alors que l’autre est poussé à adopter un rôle sadique. Les patients masochistes peuvent ainsi induire des attitudes sadiques chez les soignants.

La rêverie autistique
La rêverie autistique substitue « une rêverie diurne excessive aux relations interpersonnelles, à une action plus efficace ou à réfléchir à la résolution du problème » (DSM-IV).
La rêverie est une activité normale chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte. Son absence est au contraire pathologique, témoignant d’une inhibition de la vie fantasmatique. La rêverie peut être pathologique par son caractère envahissant, par la nature des fantasmes qui la sous-tendent ou par l’importance du déni de la réalité. Elle se rencontre principalement dans les personnalités limites ou psychotiques.

Niveau de l’agir
Le niveau de l’agir regroupe des défenses par l’action ou le retrait, passage à l’acte, retrait apathique, plainte associant demande d’aide et son rejet, agression passive.

Le passage à l’acte
Le passage à l’acte est une réponse aux conflits et aux stress « par des actions plutôt que par des réflexions ou des sentiments. Les passages à l’acte défensifs ne sont pas synonymes de « mauvais comportements » car il est nécessaire de montrer qu’ils sont liés à des conflits émotionnels » (DSM-IV).
Les passages à l’acte défensifs sont une défense contre une expérience subjective intolérable et contre la prise de conscience d’un conflit intrapsychique : le sujet agit pour ne pas ou ne plus ressentir et pour ne pas savoir.
Les passages à l’acte agressifs ou dangereux ou excessifs se rencontrent dans les personnalités limites et psychopathiques mais aussi à l’adolescence. En thérapie, ces sujets opposent beaucoup de résistance à la tentative de les amener à réfléchir au sens de leur passage à l’acte et ressentent habituellement très négativement cette démarche qu’ils vivent comme intrusive ou persécutoire.

Le retrait apathique
Le retrait apathique est une réponse aux conflits et aux stress par un repli sur soi, une restriction des activités extérieures et un état d’indifférence affective (DSM-IV).
On le rencontre aussi chez les personnalités limites ou psychopathiques ou à l’adolescence où il peut s’observer par un stress ou un conflit modéré.

La plainte associant demande d’aide et son rejet
La plainte associant demande d’aide et son rejet est une réponse aux conflits et aux stress « par des plaintes ou des demandes d’aide répétées qui dissimulent une agressivité cachée ou des reproches à l’égard des autres qui s’expriment par le rejet des suggestions, des conseils ou de l’aide apportés par les autres. Les plaintes ou les demandes peuvent concerner des symptômes physiques ou psychologiques ou des problèmes de la vie » (DSM-IV).
Cette défense permet au sujet d’exprimer son agressivité tout en la niant. Cette défense doit être connue des soignants qui peuvent être décontenancés par des sujets qui à la fois réclament de l’aide et la rejette ou la font échouer. On la rencontre associée aux traits de personnalités masochistes, limites et psychopathiques.

L’agression passive
L’agression passive exprime « une agression envers les autres de façon indirecte et non combative. Une façade d’adhésion masque la résistance, le ressentiment et l’hostilité. L’agression passive peut représenter une modalité adaptative pour des sujets en position de subordonnés qui ne peuvent s’affirmer plus ouvertement par d’autres moyens » (DSM-IV). On la rencontre souvent à l’adolescence en particulier face aux contraintes scolaires ou familiales.

Niveau de la dysrégulation défensive
Le niveau de la dysrégulation défensive décrit des mécanismes caractéristiques des psychoses aiguës et chroniques, la projection délirante, le déni psychotique et la distorsion psychotique. Ces mécanismes sont caractérisés par une rupture avec la réalité objective. Ces défenses peuvent être adaptatives, à un certain degré, dans les situations extrêmes (camps de concentration…).

La projection délirante
La projection délirante est une projection avec rupture du contact avec la réalité. Elle peut être conçue comme le rejet à l’extérieur de parties d’objets clivés. La projection délirante peut rendre compte des hallucinations et des idées délirantes. Dans les hallucinations auditives pénibles, les voix extériorisent les menacent et les attaques des mauvais objets persécuteurs. Les idées de persécutions qui sont les idées délirantes les plus fréquentes résultent de la projection. Le persécuteur du sujet résulte de l’expulsion dans le monde extérieur des mauvais objets internes qui sont projetés sur une personne ou sur un groupe de personne.

Le déni et la distorsion psychotiques
Le déni psychotique est caractérisé par une altération majeure de l’appréciation de la réalité. Mais la méconnaissance de la réalité est rarement totale dans les psychoses. Deux attitudes coexistent, l’une tient compte de la réalité, l’autre, détache le moi de la réalité.
La distorsion psychotique entraîne, quant à elle, une déformation majeure de la réalité objective pour la rendre conforme aux désirs du sujet. Ces distorsions cognitives sont si importantes que leur fonction défensive peut être contrebalancée par leurs conséquences négative
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LA RESISTANCE EN THERAPIE

« Même la cécité de l’aveugle et sa démarche à tâtons doivent témoigner du pouvoir du soleil qu’il a vu »
-Nietzsche-
Dans le cadre d’un processus psychanalytique ou d’une thérapie psychologique, la résistance s’exprime de différentes manières: pas le temps d’assister aux séances, perte de l’intérêt pour le processus, ou critique excessive du thérapeute ou du psychanalyste.
Tout ce qui retient ou empêche les progrès constitue une résistance à la guérison.
Pourquoi quelqu’un qui souffre et qui a l’opportunité de se soigner sabote-t-il cette possibilité ?

La résistance laisse entrevoir une lutte entre le désir conscient de changer et les forces inconscientes qui font obstacle à ce but. Dans ces forces inconscientes se trouve aussi la racine de cette souffrance.
A ce moment-là, une réalité paradoxale se créé : se soigner peut être un grand problème pour les gens. C’est la raison pour laquelle nous résistons presque tous à mener à bien ce processus qui nous sort véritablement des grandes souffrances.

Se soigner est problématique pour beaucoup de raisons, mais nous allons en citer seulement trois :
La peur de ne pas être capable d’affronter la douleur.
En soulageant une grande souffrance, on perd également quelques bienfaits.
On porte une culpabilité tellement grande et irrationnelle qu’aller mieux n’est pas une option.

La peur de souffrir davantage
Si l’on vous demande quels sont vos problèmes et vos conflits, vous ferez certainement une liste de situations globales qui vous provoquent un mal-être : vous n’êtes pas bien dans votre couple ou dans votre travail, vous n’avez pas de bonnes relations familiales, vous avez peur de l’opinion des autres, etc.
En approfondissant un peu plus ce genre de situations, nous nous rendons compte qu’en réalité, ce n’est que « la face visible de l’iceberg » qui cache d’autres réalités plus complexes.

Par exemple, ce n’est pas vraiment que vous êtes mal dans votre couple, c’est plutôt que vous avez une peur bleue de l’abandon et que cela fait de vous une personne dominatrice. Ce n’est pas que vous êtes mal dans votre travail mais que vous avez peur de votre chef et qu’il vous est impossible de réclamer ce qui vous revient de droit.
Bien que nous ne soyons pas conscients de cela, nous savons tous que derrière nos principaux problèmes se cachent d’autres choses. Ce sont généralement des peurs, de la culpabilité ou des désirs que nous n’accepterions pas consciemment.
Ceci nous amène à faire de la résistance, si l’on parle de guérison. Nous ne voulons pas nous confronter à ces réalités douloureuses et déconcertantes, car nous pensons que nous ne serons pas capables de les gérer.

Les bienfaits secondaires
Malgré toutes les complications que cela entraîne, souffrir a également ses avantages. En réalité, il est plus simple de répéter le scénario quotidien de nos problèmes plutôt que d’investir tous nos efforts pour les analyser et trouver des solutions. Ainsi, se conforter dans la souffrance permet d’économiser de l’énergie.
A partir de nos souffrances, nous prenons également une certaine position face à la vie qui justifie nos problèmes. Par exemple, « Je ne pourrai pas trouver un meilleur travail car l’économie est en crise et que je dois faire avec ce qu’il y a. »
Ceci étant dit, ce n’est plus de notre responsabilité et par conséquent, nous sommes victimes des circonstances. Jusqu’à ce qu’on parvienne à entendre des « pauvre homme » ou « pauvre femme » et que l’on se sente confortés dans notre idée.
Enfin, et bien que cela vous paraisse étrange, on finit par s’attacher à ses problèmes jusqu’à les apprécier. En effet, en résolvant un problème, quelques symptômes de douleur apparaissent.

La culpabilité et la punition
Bien qu’elles ne l’admettent jamais consciemment, certaines personnes sont convaincues qu’elles méritent leur souffrance. Ce n’est pas qu’elles veulent souffrir, mais qu’elles évitent au maximum de sortir de cette souffrance, alors qu’elles ont la possibilité de le faire.
Aucune thérapie ne fonctionne, aucun psychologue, aucun psychanalyste. Aucun changement. La seule chose qui fonctionne, c’est leur propre souffrance.
En réalité, il s’agit de personnes qui sentent inconsciemment qu’elles doivent être punies. Pourquoi ? La plupart du temps, à cause de conflits sexuels de l’enfance, de pères ou mères ayant inculqué une demande impossible ou des situations de ce genre.
Ce qui est sûr, c’est qu’elles ont adopté des idées et attitudes qui les empêchent de recevoir l’aide nécessaire. Ainsi, elles peuvent exercer cette punition sur elles-mêmes car elles pensent la mériter dans le fond et sans raisons valables.
Nous avons tous plus ou moins un ensemble de résistances qui nous empêchent de guérir nos émotions. Celles-ci sont rendues visibles lors d’une séance chez le psychologue ou le psychanalyste, mais elles sont également présentes dans la vie quotidienne.
Surmonter ces résistances est un travail difficile, mais qui représente en même temps le début de la fin de nos grandes souffrances.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

ON EST PAS " L'ENFANT " DE SES PARENTS

Je crois que n’importe qui s’occupant de psychothérapie et de psychanalyse aura pu noter que les thèmes qui expriment principalement la souffrance des êtres humains sont: l’insatisfaction amoureuse et le vécu d’incompréhension et de délégitimation au sein de la famille. Les deux sont naturellement interconnexes.

Des fleuves de larmes sont versés lors de chaque psychanalyse lorsque les défauts sont évoqués, qui, s’ils ne sont pas liés manifestement à des dynamiques sado-masochistes, décrivent pour le moins des vécus d’incompréhension, de frustration vis-à-vis du partenaire, de refus, et de rejet.

“L’amour sous ses deux aspects de sentiment et de sexualité est essentiellement l’expression du besoin de l’être humain d’atténuer sa solitude. Du point de vue micropsychanalytique son but essentiel est de réaliser un contact qui porte à la réalisation d’une vraie et propre fusion psychobiologique avec un autre individu. Notre existence résulte, il ne faut pas l’oublier, d’une fusion au début, entre l’ovule maternel et le spermatozoïde paternel qui sont tous deux à l’origine d’un projet vital éphémère dont l’unique but est d’immortaliser le patrimoine génétique avec une union successive qui donne lieu à la création d’un nouvel individu.
Nous aimons pour fuir le vide d’où nous provenons et vers lequel nous sommes inexorablement attirés.
Et nous aimons pour tenter de réédifier cette situation d’agrégation qui défiant presque les lois de la nature, permet à l’ovule fécondé porteur de matériel génétique incompatible avec le système d’immuno-surveillance maternel de poursuivre sa croissance (la grossesse est la seule exception existante en nature à la règle de la bio-individualité qui comporte l’immédiate réaction d’un organisme au cas où du matériel génétique incompatible viendrait à être transplanté)”.1

Le choix amoureux est un choix conditionné par le terrain psychobiologique de l’individu.
Il suffirait d’étudier avec attention les centaines d’arbres généalogiques réalisés par L. Szondi 4 et ses collaborateurs pour se faire une idée à ce sujet. Je ne citerai qu’à pur titre d’exemple le plus simple à visualiser graphiquement:
” …Un industriel (1) se marie deux fois. La première femme (2) le quitte pour épouser un homme instable qui la rend malheureuse. Elle commence à boire et finit par se suicider. L’industriel se remarie avec une femme (3) dont la mère s’est également suicidée. Le fait que la sœur de l’industriel (4) se soit suicidée elle aussi témoigne du caractère génotropique des deux mariages”. 5
– Aimer: entreprise titanesque

Nous pouvons affirmer qu’au niveau microscopique, cellulaire, la recherche de l’Autre, la fusion et l’état de grossesse, se réalisent contournant une défense – et donc la peur. Je ne pense pas que l’amour soit réduit au simple aspect biologique comme par exemple la récente biochimie de l’éros semble l’affirmer.
Les successions d’impulsions nerveuses ou les phéromones et les autres délicates fonctions enquêtées par la psyconeuroendocrinoimmunologie (PNEI) qui apparaissent d’une manière synchrone à la situation amoureuse, sont seulement l’aspect somatique d’un phénomène extrêmement complexe et inextricablement connexe avec la vie psychique (affects et représentations mentales) qui se ramifient comme dans chacun des autres aspects de l’existence, franchissant la vie individuelle et enfonçant leurs racines dans la phylogenèse.
Si donc l’amour est au service du projet vital, l’idée que l’expression d’une fonction tellement primaire puisse être continuellement dérangée par une concomitance conflictuelle interne, peut nous paraître nébuleuse.
En premier lieu, la poussée instinctuelle au contact, à la fusion, à la compénétration doit vaincre, une autre poussée, de signe contraire, inscrite dans chaque organisme: la bataille avec l’Autre où l’adversaire qui se déroule incessamment au niveau cellulaire et immunitaire, c’est-à-dire qu’elle se manifeste dans les réactions qui tendent à maintenir l’intégrité et l’unicité de la structure somato-psychique: la phagocytose et le rejet (Peluffo, 1973). Cette activité de sauvegarde de la propre unicité existe et se manifeste même au niveau psychique et l’interaction inconsciente qui existe entre les personnes fait qu’il existe dans le “profond” de chacun de nous la poussée à l’élimination de l’adversaire et très souvent le partenaire assume inconsciemment les caractéristiques de l’adversaire.

Le rapport amoureux comme n’importe quel autre rapport psychique est essentiellement réglé par un rapport inconscient entre facettes iconiques activées chez les sujets impliqués dans la relation amoureuse. Nous pouvons imaginer cette dernière non comme un rapport entre A et B (les deux sujets amoureux) mais comme un rapport conditionné par l’interposition entre A et B d’une série de facettes de l’Image constituée de l’Imago entré pour faire partie du matériel iconique généalogique provenant du matériel iconique phylogénétique, qui sont actives dans leur esprit et qui agissent comme une sorte de satellite de communication entre la station A et la B.

Notre vie provient d’un mélange absolument fortuit de circonstances qui conduisent les deux géniteurs à l’union sexuelle. Si certainement d’un point de vue somatique et génétique nous sommes les enfants des deux personnes qui se sont unies sexuellement et ont mis à disposition leurs gamètes, d’un point de vue psychique de qui sommes nous les enfants ?
Nous pensons à l’instant constitué d’un coït entre sujets potentiellement féconds. Dans le délire social nous pouvons croire que cette union des sens est souvent sous l’empire d’un amour inconditionné.
Le matériel de séance nous montre d’une façon absolument incontestable que le jeu des fantaisies, qui servent de support à l’excitation érotique est un kaléidoscope incontrôlable.
Mais, s’il nous était possible de réaliser un concentré iconique de la masse de l’activité fantasmatique synchrone de l’acte sexuel nous obtiendrions deux images bien définies: Elle, fait réellement l’amour avec l’objet de sa fixation oedipienne, Lui de même.

Quelquefois je m’amuse (façon de parler) à réfléchir en séance: “de qui est-il le fils d’un point de vue psychique cet être humain?” – non de ses parents biologiques certainement, mais plutôt des imago incestueuses qui ont été réinvesties dans le rapport consumé.
C’est-à-dire, moi, fils de mon père biologique Y et de ma mère biologique X, je suis en réalité fils psychiquement de YY (père de X) et de XX (mère de Y) (toujours à condition que ces derniers aient été les réelles fixations incestueuses).

Prenez quelques instants pour relire plusieurs fois la phrase précédente: elle en vaut la peine.

Parfois, le désir incestueux est tellement puissant que le fruit de la conception devient le nouveau pôle d’engagement de la fixation oedipienne-incestueuse.
On a conçu un fils-amant qui demeurera tel pour le restant de l’existence des deux sujets (il s’agit là d’un thème magistralement traité par des grands metteurs en scène comme Visconti et Pasolini).

Dans la définition de S. Fanti, l’Image est “L’ensemble génétiquement organisé des représentations et des affects structurant l’inconscient à partir du ça”.
Cette définition implique, comme le souligne Peluffo (Il persecutore, Scienza e Psicoanalisi, 2003) que les traces mnésiques des problèmes traumatiques et des noyaux de fixation, se constituent en ensembles desquels les informations se transfèrent du ça dans l’inconscient et le programment. Un software aberrant se structure alors, basé sur des expériences traumatiques primordiales qui à partir de cet instant dictera les comportements psychiques et psychosomatiques pour le reste de l’existence. Le stockage au niveau du Processus primaire aura comme résultat que l’on ne pourra modifier de telles instructions de comportements psychobiologiques sans une analyse très profonde (décomposition et destructuration).
Ces amours fusionnels qui se structurent dans l’utérus sont indivisibles: ils continuent à subsister pour le reste de l’existence même s’ils sont dissimulés par les superstructures et par les tentatives successives.
La triste séquelle des amours ratés trouve son origine dans le fait que les sujets incapables de couronner leur rêve d’amour sont en réalité fondus et compénétrés avec une Imago inconsciente, et ce, souvent même sans le savoir.

Le cas clinique suivant, le dernier seulement parmi tant d’autres, peut donner au lecteur une idée de la profondeur du conditionnement ancestral.
– Le cas clinique
Jeune femme, souffrant d’une grave maladie métabolique, issue d’une famille (comme le sont la majeure partie) caractérisée par une notable tendance incestueuse non mise en pratique. La mère de la patiente en particulier vit un amour inconscient, hautement idéalisé avec le frère, médecin réputé, qui dans l’imagination familiale est considéré comme une sorte de demi-dieu.
Il est très probable que l’investissement fantasmatique sur le frère au moment de la conception et durant toute la gestation ait, pour utiliser une expression populaire et sportive, passé le témoin de la succession à la fille qui nourrit envers son oncle, sans le savoir, un amour infini, pour lequel, seulement en analyse, elle découvrira les caractéristiques sexuelles.
La santé de la petite fille est confiée aux bons soins du Professeur. Il est évident que rationnellement, une telle procédure est la plus aisée! Pourquoi aller consulter à l’extérieur lorsque l’on a dans la famille un professionnel affirmé ? En réalité, et mon expérience me le confirme ponctuellement, accepter d’être le médecin de la famille expose les membres de la famille et le médecin lui-même à une phénoménologie fastidieuse dans laquelle les dynamiques de possession-destruction de l’Objet passent par la construction inconsciente de maladies qui se croisent avec des tentatives amoureuses de sollicitude. Un résultat possible de cette situation peut être la création de syndromes chroniques. L’inconscient, dans sa tentative d’obtenir satisfaction, aggrave la symptomatologie de manière à créer une situation d’urgence, qui balaie les doutes déontologiques.
Dans le but d’être plus bref, je ferai référence seulement au matériel élaboré durant l’étude à l’aide de loupes d’agrandissement progressif d’une photo du mariage où l’on peut voir la jeune femme au bras de l’oncle (qui l’avait accompagnée à l’Autel à la place de son père !) relative à la déconcertante prise de conscience de la fixation incestueuse:
“Il y a mon oncle vêtu comme un ‘marié’ et moi revêtue de la robe nuptiale. J’ai terriblement honte ! Nous ressemblons réellement à un couple qui va se marier (elle pleure intensément se montrant très affectée) et de surcroît j’étais enceinte, et j’étais sur le point de dire ” j’étais enceinte d’un autre ” (LAPSUS). Je voulais dire que je n’étais pas enceinte de mon oncle…. Je l’avais trahi !….
C’est comme si nous étions mariés. Mon oncle a les doigts comme s’il disait OK et mon fils également les mets de cette façon et ce depuis sa petite enfance…. j’ai honte de rester au bras de mon oncle et d’être aussi contente de m’y trouver! j’ai honte de lui qui est ainsi heureux d’être à la place de mon mari ! Depuis que j’ai commencé mon analyse il ne me cherche plus. C’est fou puisque seulement à présent je me rends compte de m’être mariée et de n’avoir jamais appartenu à mon mari ! Je me suis arrangée pour passer notre première nuit de noces dans la région de mon oncle. Je n’ai pas réussi d’une manière absolue à m’éloigner de lui, c’était un peu comme un yo-yo ! Une chose insensée ! Une vie attachée à lui sans le savoir ! Vous êtes le premier médecin que je consulte sans demander de me faire connaître son opinion: cela ne m’était jamais arrivé. Moi, durant l’adolescence je n’ai jamais été amoureuse d’un adolescent parce que j’appartenais déjà à ce salaud ! Durant une certaine période je l’ai même désiré physiquement, je le voulais ! Et j’éprouvais pourtant une grande honte ! J’ai désiré mon oncle de la même façon que je vous ai désiré Vous !” (la première phase de l’analyse avait fait l’objet entièrement d’un travail très dur de neutralisation d’une érotisation du transfert, en réalité une résistance par déplacement: le médecin pris comme l’objet incestueux).
Matériel semblable n’est pas rare dans la psychothérapie analytique.
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

TRES IMPORTANT
Si vous souhaitez " comprendre la psychanalyse ".....

Tapez : mardinoir

et RE-JOUISSEZ-VOUS...
" mardinoir " ce sont les vidéos d'une jeune femme qui parle de la psychanalyse qu'elle a faite ( par ex, regardez et écoutez : Mon expérience de la cure ), et qui explique ce qu'elle en a compris...
Ne vous privez pas de ses vidéos, c'est une mine d'or ( gratuite ) sur internet, profitez-en !
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

Messagepar Dubreuil » 03 août 2018, 00:03
" À noter que j'ai déjà vu un psychologue mais ca n'a pas donné de résultats."
*** A noter qu'un psychologue ce n'est pas comme un cachet d'aspirine que l'on prend quand on a mal à la tête… et de plus, manque de chance, ça ne fait souvent pas effet du tout les premiers temps. Il faut au moins acheter plusieurs tubes avant de voir les résultats.
Je conseillerais plutôt les effervescents, ça se dilue plus vite dans le cerveau, pour peu qu'on fasse attention au bruit que ça fait…
Boff, les laxatifs aussi, c'est pas mal, ils expédient tout ça, vite fait, bien fait, mais il faut souvent y revenir … Tout est une question de choix, voyez-vous.... personnellement quand j'ai commencé mes études, c'était obligatoire de se soigner, j'ai commencé par un soporifique… après plusieurs essais j'ai opté pour un traitement au long cours, style "effet- retard ", c'est pas mal… Il faut en essayer souvent plusieurs si on veut guérir.
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