Dépendante affective qui veut s'en sortir

[maja]

Bonjour,

J'ai 42 ans et j'ai répété sans cesse les mêmes schémas. Je suis d'une nature hypersensible, artiste, fleur bleue. Ma vie amoureuse a été a hauteur de l'estime que je porte envers moi-même : nulle. Cette estime de soi a touché le fond en déclarant une bipolarité à mon égard il y a une quinzaine d'années, et en finissant dans le statut handicapé. A l'origine du mal : une enfance vécue dans la violence, un père narcissique, une mère bipolaire qui était dépendante affective elle-même, et au résultat, mon frère s'est suicidé. Je résume largement. J'ai vécu des souffrances incroyables, au point d'avoir voulu mourir moi-même dès qu'on me quittait.

J'ai entamé un long processus d'auto-guérison via l'écriture. Et j'en apprends aujourd'hui que je suis dépendante affective, et c'est bien pour cela que je suis en train de perdre l'homme que j'aime, mais je ne peux pas lui proposer une relations satisfaisante, alors je le laisse partir. Il reste pourtant attaché à moi, il est là présent et aimant, mais il a peur, et je le comprends, après deux crises intenses de ma part.

Je veux me libérer, et j'entame une psychanalyse mercredi.Je suis restée 13 ans avec une psychiatre qui me mettait dès bâtons dans les roues dès que je réclamais une thérapie, et je suis dépitée d'avoir perdu autant de temps, à rester à vivre dans une pseudo relation insatisfaisante où nous n'étions même pas un couple mais que des amis qui restaient ensemble parce que je ne croyais pas valoir mieux, sans bisou, sans tendresse, sans sexualité, sans démonstration d'affection : non, de simples amis qui ont perdu 7 ans de leur vie ensemble.

Mes parents sont morts depuis peu, et je nourris encore de la colère : la colère de la mort de mon frère, auquel je m'identifie parfaitement, et celle de n'avoir jamais reçu de signe d'approbation de mon père, qui était le plus beau, le pus fort, et nous n'étions rien.

Pensez-vous que la psychanalyse soit adaptée ? Comment aborder cela au mieux ? Je veux me libérer... Je vis repliée, seule, depuis des années, je cherche l'approbation des autres, je ne m'estime pas, j'ai des comportements addictifs, des colères immenses, et une peur de l'abandon maladive, d'autan plus que j'ai réellement été abandonnée physiquement et moralement par mes parents plusieurs fois dans mon existence.


en vous remerciant
maja

[Dubreuil]

La psychanalyse est un processus sans doute très profitable pour vous, mais très long.
Rien ne vous empêche de suivre une thérapie avec un psychologue clinicien qui allie " le présent et l'inconscient " !
Ou me laisser un MP si vous souhaitiez que nous ayons quelques entretiens pour vous aider à dénouer votre problématique.

[maja]

je l'aime mais... je dois partir pour lui.



Bonjour,

J'ai été suivie durant près de 13 ans en psychiatrie pour bipolarité. Le trouble anxieux et la peur de l'abandon n'ayant pas été améliorés, je me tourne vers vous.

J'ai pris conscience de mon hypersensibilité, peut-être liée à ce qu'on appelle parfois douance, un QI supérieur, à vérifier avec de nouveaux tests.
Enfant de violences conjugales. Père lui-même élevé dans ce contexte, son père était très violent, sa première femme s'en est suicidé. personnalité narcissique violente.

J'ai vécu constamment dans la peur, et l'expectative de la prochaine crise où la violence éclaterait. Et en complément, vécu l'abandon physique et moral de mes parents.

Je me suis rendue responsable de ma mère Et maintenant qu'ils ont morts, je peux enfin commencer à me libérer car la menace est partie, mais cela fait plus de 40 ans que je vis dans la terreur

Certaines parties du développement normal de l'enfant se sont totalement annihilées avec cette violence. Mon type de personnalité devient la proie privilégiée de personnalités narcissiques, voire perverses narcissiques, et d'autres ont renforcé ce sentiment d'insécurité, le fait d'avoir beaucoup déménagé aussi, le fait d'être trahie profondément dans certaines relations, tout cela a contribué a créer l'isolement et l'insécurité. Le clou du spectacle ça a quand même été les suicides (de mon frère et de mon oncle, rapprochés) que j'ai vécu comme des abandons également. Donc à la fois une trouille immense de l'abandon, et en même temps un besoin d'amour béant, que personne ne pourrait combler, et une peur viscérale du lien, car le lien, amour = danger. J'ai donc fait exploser la plupart de mes relations, et d'une force proportionnelle à ma peur. Je m'en suis tenue responsable de tout cela, d'exploser mes relations. Je m'en suis accusée. En même temps, l'impossibilité de créer un véritable lien avec qui que ce soit m'a renforcée dans l'idée que personne ne pouvait m'aimer, je faisais fuir exprès (inconsciemment) relations par trouille, et j'en déduisais que je n'étais pas digne d'être aimée. La boucle était bouclée ,la spirale infernale entamée.

Nous représentions même un poids pour mon père, nous les enfants, une gène : ceux qui l'empêchaient d'obtenir le total contrôle sur son objet. ma mère avait trop besoin d'aide pour pouvoir nous offrir de la sécurité. Elle fut elle-même agressive et violente envers moi, physiquement parfois, verbalement bien souvent, et en même temps j'étais celle qui devait porter tout le poids, être sa confidente, celle qui la sécurise ELLE, alors que c'était son rôle de parent. En tant que bipolaire également, et suicidaire dans ce contexte, elle trimbalait tellement de casseroles, que non, elle été incapable de contrebalancer un tout petit peu ce climat hostile.

Je me suis créé une structure de survie : mes frères étaient ma véritable famille, mon pilier, jusqu'à ce que mon frère se suicide, là, tout s'écroulait, il abandonnait face à eux, et ma famille qui m'avait permise de survivre n'existait plus. Mes parents sont devenus illico les responsables de la mort de mon frère, et je pense réellement que ce n'est pas totalement faux.

Dernière précision qui en dit très long sur ma structure psychique. je me suis interdit de faire des enfants. Je me croyais incapable, un monstre en puissance moi-même, incapable d'aimer, et ma souffrance a été tellement énorme, que oui j'ai tout fait pour me détruire, m'annihiler. Tout comme mon frère. Oui j'ai des tendances suicidaires. Surtout lorsque je suis abandonnée. Mais voilà, je les provoque ces abandons. J'ai vraiment voulu en finir, vraiment, tellement la souffrance a été énorme.
Ma dernière volonté de mourir est très récente. 1er février. Je me suis sentie abandonnée par mon amour actuel. Il était hospitalisé, personne ne m'en a informé, et je suis partie en vrille totale en l'absence de nouvelles. J'ai finie hospitalisée également. mais voilà, j'ai de gros soucis matériels, je suis également victime d'une arnaque sur une maison, et j'avais un rendez-vous crucial, matériel, pour tout mon avenir. Ils voulaient m'hospitaliser, j'étais dans l'obligation de refuser. je tiens depuis des mois comme ça, alors des fois je flanche. énorme,

Depuis que je suis partie en vrille, on se fout de moi en plus. J'ai récolté la désapprobation de l'entourage de mon amour, et du coup, j'en culpabilise comme une dingue. Il m'aura défendue. Il sera resté. Il croit en moi. Et ça, c'est très dur d'arriver à y croire, que quelqu'un puisse voir du bon en vous, après tout ça... et pourtant, il me le prouve.

Nous sommes cependant en train de nous séparer, à cause de mes problèmes. Et je le laisse partir, consciente que je ne peux pas lui proposer de relation satisfaisante. J'ai fait une seconde crise suicidaire il y a deux jours... Il reste présent cependant.

[Johnny]

Je t'invite à sortir de cette programmation qui consiste à penser et alimenter la pensée que tu ne vaux rien. Tant que tu croiras cela il te sera impossible d'être heureuse et d'avancer. Cela te limite trop.

Tu peux trouver toi même ce qui a généré le programme d’auto jugement, comme par exemple des parents rabaissant, mais peu importe la cause, ce qui compte c'est que tu cesses de te dévaloriser.

Quant à la blessure, pour la guérir, il faudra bien pardonner, à toi comme à tes parents et toutes les personnes qui t'ont blessées.

[maja]

Merci Johnny.

Si cela était faisable par la simple volonté il y a bien longtemps que je l'aurais fait. Je l'ai largement identifié, mais je n'y arrive pas, à croire en moi ni en l'avenir. Le perdre lui c'est la pire chose qui puisse m'arriver, et pourtant la meilleure décision à prendre pour lui.

Je dois le quitter pour le protéger de moi. Je suis suicidaire en ce moment, je ne vais pas bien du tout, je ne peux rien lui apporter... Et ça c'est pas de l'auto-jugement mais de la logique.

Il me dit lui que je lui apporte énormément (quand je vais bien) mais je suis tellement conditionnée que cela m'est impossible à croire.

Je vais lui faire trop de mal... et je refuse de l'embarquer avec moi.

[Johnny]

Commence par faire des choses que tu aimes en mettant de côté tes pensées sombres, cela sera un début d'accroche au positif.
Mais désolé de te dire que tu entretiens tes schémas de pensées négatifs. Que gagnes tu à te sous estimer comme ça ? Il faut que tu y mettes du tiens pour en sortir. Tu es libre de choisir de penser que tu ne vaux rien tout comme tu as de la valeur.

Donc pour l'instant vraiment j'insiste encore, sur le fait que tu doives changer de regard sur toi même. Tu n'es pas ce que tu crois, tu vaux bien plus. Alors cesse de te sous estimer parce que tu as été blessée et que la blessure est encore présente. Certes elle te pousse avec force à croire le contraire de ce que tu vaux, mais si tu fais des efforts au niveau de tes pensées et croyances sur toi même, elle guérira et tu iras mieux. Et fais toi soutenir dans cette démarche. Si des personnes voient du positif en toi, ce n'est pas sans raison. Alors fais toi un peu confiance, tu ne peux pas ne rien valoir comme tu aimes à le croire.

[RienNeSOpposeALaNuit]

Bonjour à vous,

Les mots que Johnny t'a adressés ont vraiment remué quelque chose en moi. Je les entends, je les comprends, je suis consciente qu'il est dans le vrai.
Mais, je sens comme une résistance en moi que je ne parviens pas à expliquer (peut-être cette peur qui me bouffe) : je suis, pour le moment totalement, incapable de faire des choses pour moi... J'ai réalisé que je ne vivais que pour et par ma compagne. C'est terrible ce constat.
Mais, c'est un fait.
J'ai beau savoir que je dois me recentrer sur moi, faire des choses pour moi, prendre soin de moi (chose que je n'ai jamais faite) je n'y parviens pas.
Parfois, je suis pleine de bonne volonté et d'autres fois, complètement abattue de l'ampleur de la tâche.
Voilà où j'en suis ce matin...

Johnny, au vue de tes mots si justes, es-tu un ancien DA ?
Maja, j'espère de tout coeur que tu remontes la pente.

Très sincèrement,

Rien ne s'oppose à la nuit

[Johnny]

On peut tous sortir de la dépendance affective, pour peu qu'on se décide un jour à croire suffisamment en soit pour s'aimer soit même par soit même.

L'amour que nous porte l'autre n'est que le reflet en réalité de celui qu'on est capable de se porter.

Alors le début est le plus dur, parce que sortir de la dépendance affective demande de se confronter à ses blessures comme à ses peurs. Mais en réalité, vous avez les ressources intérieures pour y arriver, quelque soit les blessures et le vécu.

Si tu refuses de faire les choses pour toi RienNeSOpposeALaNuit c'est que tu as encore une bien mauvaise image de toi et que tu estimes encore trop que c'est aux autres de t'aimer avant de t'aimer toi même.

Peut être as tu des attentes non résolues à ce niveau. Peut être crois tu aussi que si les autres t'aiment à ta place, cela réparera une blessure en toi.

Mais depuis le temps, ne crois tu pas que c'est le moment pour toi d'avancer ? Tu le sais déjà, tu es venu ici pour confirmer cette simple idée.

[Dubreuil]

On peut tous sortir de la dépendance affective, pour peu qu'on se décide un jour à croire suffisamment en soit pour s'aimer soit même par soit même.

L'amour que nous porte l'autre n'est que le reflet en réalité de celui qu'on est capable de se porter.

Alors le début est le plus dur, parce que sortir de la dépendance affective demande de se confronter à ses blessures comme à ses peurs. Mais en réalité, vous avez les ressources intérieures pour y arriver, quelque soit les blessures et le vécu.

Si tu refuses de faire les choses pour toi RienNeSOpposeALaNuit c'est que tu as encore une bien mauvaise image de toi et que tu estimes encore trop que c'est aux autres de t'aimer avant de t'aimer toi même.

Peut être as tu des attentes non résolues à ce niveau. Peut être crois tu aussi que si les autres t'aiment à ta place, cela réparera une blessure en toi.

Mais depuis le temps, ne crois tu pas que c'est le moment pour toi d'avancer ? Tu le sais déjà, tu es venu ici pour confirmer cette simple idée.

[RienNeSOpposeALaNuit]

Bonjour Johnny,

Avant toute chose, merci d'avoir pris le temps de me lire et de me répondre.
Et merci surtout pour tes mots qui m'ont particulièrement parlés et touchés : tout ce que tu as écrit est tout simplement vrai.

J'ai envie d'avancer mais je sens en moi comme des résistances, des blocages que je ne m'explique pas pour le moment et sur lesquels je me dois de travailler pour en venir à bout.
C'est dur, fastidieux, douloureux mais je m'accroche même si je trébuche souvent...

Très sincèrement,

Rien ne s'oppose à la nuit