On ne guérit pas mais on apprend

Forum suicide
Moth
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On ne guérit pas mais on apprend

Message par Moth »

Bonjour,

J'avais envie de partager un peu ma vie avec des gens qui pensent au suicide. Non pas pour donner des leçons mais pour donner un peu d'espoir et leur dire qu'ils ne sont pas seuls.
J'ai aujourd'hui 35 ans et mes premières envies de suicide remontent à l'été de mes 13 ans. C'est vous dire si je vis depuis longtemps avec ce problème. Personnellement je parle de maladie mais infirmières, psychiatres, psychologues ont chacun un mot différent pour le designer le dernier en date est symptômes mais le terme clinique est troubles de la personnalité. Ce qui est le terme le plus bateau pour parler d'un trouble mental qui n'est pas encore reconnu médicalement car je suis pas bipolaire ni maniaco dépressive ou borderline même si cela se rapproche.

Donc j'ai ces troubles depuis la naissance vu que je faisais dès l'âge de 6 mois des crises de delirium et j'ai eu petite des crises d'hyper activité et de dépression. Mais à l'époque on ne mettait pas de nom sur ces troubles. C'est donc à l'adolescence que ma maladie a empiré. Y a t il eu des causes? Certains vous diront que oui : divorce de mes parents, chacun travaillant trop, violence psychologique à l'école à tel point que j'ai du changer de collège en cours d'année car toute la classe me martyrisait... Mais en fait la première envie de suicide en venue à un moment où j'allais bien. Une nuit comme les autres l'envie est venue comme une envie de manger du chocolat et ne m'a plus jamais quitté. A l'époque au lieu de faire part de mon mal être j'ai retourné contre moi la violence qui m'habitait de peur de faire du mal à quelqu'un donc ca a ete une periode de scarification et aussi d'essai de m'etouffer avec des foulards. J'ai perdu à mes 14ans ma mère donc pour ma famille j'ai essayé de me montrer forte et du coup j'ai développé de la spasmophilie et des troubles de la mémoire. J'ai reussi quand même à finir mes études et à avoir ma licence mais au bout d'un moment à 25 ans tout ce que je refoulais est sorti et j'ai fait ma première tentative de suicide mais je me suis retrouvée dans un hôpital d'incompétents qui m'ont lâché dans la nature le lendemain sans même appeler qqun pour venir me chercher donc deux jours plus tard rebelotte j'ai fait une deuxième tentative de suicide. Et j'ai alors fait mon premier séjour en hôpital psy. Et en fait ça a été ma vie pendant 3ans. Je bossais comme une malade en période hyperactivité puis je finissais en dépression puis burn out et tentative de suicide. J'ai fait 6 tentatives de suicide, dont un coma de 3 jours et un coma artificiel de 3semaines car j'avais un poumon qui voulait plus fonctionné. En 2010, un mois après ma dernière TS mon petit frère est décédé d'une crise cardiaque. Du coup j'ai décidé de vivre pour lui. J'ai eu la chance d'avoir une famille qui m'a toujours soutenue et un compagnon qui a été là et ne m'a jamais fait de reproches et comprenant que cela n'avait aucun rapport avec lui mais que ct ma maladie qui fait que la mort me semble plus attirante que la vie, bien que quand je vais bien je suis qqun de très vivant riante dansante marrante...
Toutefois même si je n'ai plus fait de TS depuis 7 ans et demi ça a laissé des traces j'ai fait deux hepatites medicamenteuses ces 4 dernieres années je n'ai même plus le droit de prendre du doliprane. J'ai développé une forme de fibromyalgie il y a 3 ans. Et J'ai des problèmes de poids du au traitement. J'ai même été en obésité morbide avant de perdre du poids et être en sous-poids.

Mais j'ai aujourd'hui 35 ans. Je ne pensais pas atteindre cet âge-la un jour. Je n'ai pas d'enfants et je ne sais toujours pas si avec la maladie et les médicaments que j'ai pris je pourrais en avoir. Mais en 2009 les troubles mentaux ont été reconnu comme handicap et grâce à un médecin du travail génial qui m'a toujours soutenu je suis passé travailleur handicapée et j'ai pu gardé mon emploi. Je suis passé y a trois ans sous le statut invalide ce qui me permet de pouvoir adapter mon travail selon ma maladie tout en touchant des aides qui complètent mon salaire quand je ne peux pas travailler à temps complet.
Et puis j'ai aussi été aidé par les gens du cmp que ce soit les infirmières ou psy, même lors de mon déménagement de Paris vers Caen. Bien que parfois j'ai l'impression d'être une malade imaginaire et de voler la place de qqun j'ai toujours reçu une oreille attentive. Évidemment la maladie entraîne un traitement médical lourd qui cause des pb de poids, des pb de perte de mémoires assez handicapants car je peux me retrouver incapable de me souvenir du nom de collègues que je vois tous les jours, je dois voir une kine toutes les semaines ainsi qu'une psychothérapeute. Je suis aussi suivi par un psychiatre un rhumatologue et une hepatologue. Heureusement la sécu paie mes soins.

Mais j'ai un vrai travail où les gens oublient que je suis handicapée. Il n'y a que le fait que je travaille en temps partiel qui me trahit. J'ai une vie sentimentale comme tout le monde avec ses hauts et ses bas. Une vie sociale presque normale j'arrive maintenant à aller dans des magasins bondés ou à Disney sans faire de crises. J'ai encore des problèmes avec mon poids mais je marche minimum 5h par semaine bien que je passe une journée au lit.

A 14 ans je voulais fuir ce monde où je me sentais exclue et où j'étais maltraitée. A 18ans je disais que je voulais avoir un enfant mais que je lui ferai du mal tellement j'étais une personne horrible qu'il fallait mieux que je me suicide après l'avoir mis au monde. De 25 à 28 ans je ressentais tout comme une agression et J'ai fait 6 TS sans même penser à la personne qui me retrouverait. A 30 ans j'étais en obésité morbide enfermée des journées entières dans mon appart sans parler à personne.
Aujourd'hui à 35ans je ne pense pas à demain et à la peur que cela me procure. J'apprends. J'apprends à connaître ma maladie, à dire stop quand je sens que j'en fais trop et que mon corps ou ma tête ne suivent plus, à ne pas culpabiliser de ne pas rentrer dans le moule et de ne pas pouvoir travailler 5 jours par semaine, et surtout j'apprends à me pardonner du mal que j'ai fait aux autres avec mes 6 TS.

C'est un long texte. Mais juste pour vous dire que vous êtes jamais seul. Il existe plein d'aides avec les CMP, les lignes d'appel (perso ça m'a pas servi mais ça aide bcq qui ont juste besoin de parler), et les praticiens de mieux en mieux au courant de ce que sont les différentes maladies mentales.
Je sais que je ne guerirais peut être jamais totalement mais je peux vivre avec. Je veux pouvoir avoir un enfant sans avoir peur de lui transmettre mon mal être, ne pas craindre qu'il se fasse martyriser à l'école parce que moi je l'ai été... Je veux juste pouvoir donner de l'amour.
Et puis au niveau du travail je veux pouvoir me dire qu'un jour je pourrais travailler 5 jours par semaine comme une personne dite normale et pouvoir apporter ma pierre à l'édifice de la société.
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