Comment agir?

[Chantefleurie]

Je suis en couple depuis trois ans. Mon copain, légèrement plus âgé que moi (28-36), est également mon formateur au travail.

Depuis le début, notre relation est houleuse. Lui était en couple, avec condo et tentative d'avoir des enfants. Il a tout quitté, non pas pour moi, mais suite au constat qu'il n'était pas heureux. Depuis, il essaie de refaire sa vie et de la remplir de tout ce dont il s'est privé pendant sa relation précédente. Il est passé d'une réalité à une autre… non sans difficulté.

Je l'aime beaucoup, pour ce qu'il est. Mais j'éprouve la sensation désagréable d'être ballotée au fil de sa vie. Au travail, c'est une homme proactif qui sait être dur et réussit très bien sa carrière. Et envers moi, il fait preuve de beaucoup d'attention et de gentillesse. Cependant, c'est au niveau du "nous" qu'il est absent.

Mon copain avait des plans, des rêves avec son ancienne flamme. Depuis leur séparation, ses plans ont changé. Il meuble son nouveau condo et le reste de sa vie, mais je ne semble pas figurer au tableau, outre dans le cadre actuel, soit à peine plus d'une soirée de week end par semaine. Du reste, cependant, nous sommes présent chacun dans la vie de l'autre (belle-famille, amis, collègues).

Quand je lui demande ce qu'il veut à long terme, il a beaucoup de difficulté à répondre. Autant il n'a pas fait le deuil de son désir d'une relation stable classique (disons avec emménagement et enfants, pour faire court), autant il semble brisé de son ancienne relation et ne veut pas faire les mêmes erreurs qui ont mené à la séparation.

J'ai interprété sa façon d'être ainsi, et il m'a confirmé l'exactitude de ma réflexion: il essaie de refaire sa vie comme il la souhaite, et ne veut pas abandonner les plans qu'il fait pour sa nouvelle vie, sans aucune barrière ou obligation. Mais d'un autre côté, il n'a pas fait le deuil d'avoir une famille. Il se retrouve donc devant deux choix. Mais comme un choix exige du mouvement alors que l'autre ne demande rien, il laisse la vie couler… jusqu'à ce que le temps décide à sa place.

Il est à préciser que mon copain souffre d'infertilité: avoir des enfants, pour lui, dans son ancienne relation, est lentement passé de "projet de couple" à FIV et "procédures médicales épuisantes".


Sur ce, moi…

Pendant les heures de travail, mon copain est mon formateur et mon supérieur. Et il peut être très dur dans ce cadre. Le reste du temps, déçu de son ancienne relation et désireux de reprendre sa vie en main, il est très occupé et craint infiniment de penser à l'avenir. Sans qu'il prenne nécessairement une place de dominant, je me retrouve toujours en place de dominée.

Je lui ai parlé de mon envie, voire de mon besoin de savoir où se dirige notre relation. Mais comme sa difficulté à se poser des questions inclut celles de sa propre vie, je n'ai pas une très grande marge pour parler de "nous".

En gros (et exagéré pour l'image): au travail, je dois lui obéir. Le reste du temps, je dois suivre son chemin de vie, au fur et à mesure des questions qu'il accepte de se poser.

Parfois, il se résigne, convaincu de ne jamais avoir d'enfants, et comme ça le peine beaucoup, il m'en parle. J'essaie, mais je trouve très difficile de le consoler de ne jamais avoir d'enfant alors que moi, je lui en offrirais bien…

Entre le travail et ma vie personnelle, il n'y a pas beaucoup de domaines ou mon copain n'est pas présent… et en position de pouvoir.

Devant mon désarroi et le sien, mon copain a fini par décider de consulter prochainement. Pour lui, pour nous.

De mon côté j'ai également consulté… Mais je crois qu'à force d'attendre ses réflexions et de tenter de ne pas le brusquer, j'ai fini par épuiser mes propres envies… et je suis actuellement en arrêt de travail, pour crises d'angoisse et début de dépression (comme quoi on n'est pas toujours aussi fort qu'on le pense…)



Voici donc ma question, s'il en est une:

Quelle position devrais-je prendre? La copine qui laisse toute la place à ses réflexions, pour qu'il se sente libre d'être ce qu'il est? La copine insistante, qu'il comprenne bien mes désirs?

Devrais-je lui laisser tout le champ libre pour qu'il réfléchisse à ses besoins sans pression, ou au contraire insister pour l'accompagner dans cette démarche?

Un homme craintif a-t-il besoin de liberté ou de présence?

Je cherche conseils.


Merci beaucoup.

[lyza]

je n'ai pas de réponse à ta question, je vais seulement apporter mon témoignage, et j'espère que tu en auras d'autres ou des personnes capables de t'orienter

j'ai rencontré mon conjoint deux ans après sa très grande histoire d'amour. Et une rupture catastrophique. Il était enferré dans ses souvenirs, dans son amertume, les femmes étaient menteuses et manipulatrices, plus question de se faire avoir, dorénavant, ce ne serait plus que des relations d'un soir et encore, pas de petit déjeuner ensemble

Nous nous sommes rencontrés au travail, et s'il n'était pas mon supérieur, il était mon formateur. Pour faire court, il était le plus distant d'un point de vue relationnel, et comme je ne voulais pas DU TOUT d'histoire de coeur, je me suis rapprochée de lui pour que les autres gars de l'entreprise ne m'approche pas : nous déjeunions ensemble, nous discutions beaucoup... Un soir, nous sommes allés prendre un café et chacun de nous a dit à l'autre ce qu'il avait en tête, c'était clair, pas d'ambiguité.

Mais voilà, l'alchimie, ça ne se contrôle pas, et il n'a pas fallu plus de trois semaines pour qu'en nous baladant aux beaux jours, nous tombions littéralement bouche contre bouche.

Et après cela, les joies d'une relation cachée au travail... Jusqu'à ce qu'on emménage ensemble. Et ses vieilles craintes sont remontées à la surface. Tant qu'on était chacun chez soi, tout allait à peu près bien, même si parfois le mot "engagement" accolé à "jamais" revenait dans la conversation. Mais quand nous avons pris un appartement "pour le confort de loyer à partager", là ça n'était plus la même chose. Je me sentais bien plus amoureuse que lui, et d'ailleurs, tout a failli se terminer. Il a fallu que je lui prouve mon amour, que je le réconforte, que je ne le bouscule pas trop, pour que progressivement, il se détende et laisse parler ses sentiments. 13 ans plus tard, 2 enfants, et si tout n'est pas parfait, du moins nous sommes toujours ensemble, fidèles, amoureux et pour l'instant pas sur le point de nous séparer (enfin j'espère )

Donc je pense que sa relation influence complètement son attitude mais que cette attitude est justement très ambigu : il ne veut pas s'engager mais il veut une vie de famille. Les deux ne sont pas compatible, donc il est clairement paumé, et a besoin d^'être rassuré. Il ne doit pas vouloir te donner son coeur pour que tu le jettes par terre, il doit craindre un engagement qui ne sera pas définitif.

Par contre, tu as tiré sur la ficelle, si tu es en depression, tu as d'abord besoin de te faire aider avant de pouvoir l'aider, lui.

Bon courage