J'ai perdu mon compagnon

[Catjsmy]

Bonjour j'ai perdu mon compagnon il y a 14 mois et c'est de pire en pire.
Nous vivions ensemble depuis 17 ans parce que la vie n'avait pas réussi à nous réunir avant, nous nous fréquentions depuis 37 ans. Je m'étais mariée et j'ai eu deux enfants mais il a toujours été le pilier de ma vie.
Quand nous nous sommes vraiment retrouvés, il m'a dit qu'il n'était pas inquiet car il savait que nous finirions notre vie ensemble.
Et puis est arrivé le cancer. Pendant 7 ans, il n'allait pas trop mal et on a continué à vivre normalement. Puis, début 2014, tout s'est accéléré et tout a commencé à se dégrader dans notre relation. Pas facile de vivre avec un homme qui ne veut pas qu'on parle de sa maladie et qui veut continuer à vivre normalement alors qu'il devient de plus en plus centré sur lui même, sachant qu'il n'a plus beaucoup de temps. Je n'ai pas su ou pas voulu comprendre. On s'est écartés l'un de l'autre pendant toute cette année 2014 au point qu'il me dise qu'il préférerait que je parte. Puis, avec l'avancée de la maladie, je suis restée et tout s'est arrangé entre nous pendant les derniers mois. C'était difficile car, extérieurement, personne ne pouvait dire qu'il était malade à part cette grosse fatigue. Il est mort par sédation et même pendant qu'on l'endormait, je n'ai pas réalisé. J'ai fait tout ce qu'il fallait pour qu'il soit bien mais sans vraiment penser que je le menais à la mort.
Il faut aussi que je dise que nous vivions dans une maison que nous avons rénovée ensemble et organisée ensemble mais appartenant à sa famille. Il ne m'a rien laissé seulement l'autorisation de rester habiter ici tant que sa famille le voudrait. J'ai donc un bail renouvelable tous les six mois.
J'avais réussi à effacer cette mauvaise année 2014 de mes pensées et avais une peine normale de perte de l'homme de sa vie. Et puis son frère m'a dit que c'était juste parce que Jean lui avait demandé de ne pas me mettre à la rue que je pouvais rester parce que Jean lui avait confié qu'il avait été malheureux avec moi un certain temps.
Depuis je suis perdue, je n'ai plus envie de rien, je ne vois plus personne, je ne réponds plus au téléphone, je me contente de ma tablette et des relations par mail. Il faut dire aussi que nos amis communs, tout en me disant de passer quand je veux, ne viennent pas me voir et ne m'invitent pas vraiment.
Je ne veux pas dire aux enfants que ça ne va pas, elles ont leur vie à faire. Et je m'enferme de plus en plus, j'ai peur de plonger. Et j'ai toujours eu peur des psy, c'est tellement difficile et surtout long de tout expliquer. Comment raconter 60 ans de vie à quelqu'un qu'on ne connaît pas?

[Jeannette]

Et j'ai toujours eu peur des psy, c'est tellement difficile et surtout long de tout expliquer. Comment raconter 60 ans de vie à quelqu'un qu'on ne connaît pas?

Peur des psys, ou peur de ce que tu pourrais ressentir auprès d'eux ?
On ne "raconte" pas 60 ans d'une vie. On exprime les moments forts, lorsque l'on en ressent le besoin, l'envie. Ou on parle du temps qui fait. Le psy ne s'intéresse qu'aux grandes lignes de l'histoire, et encore. L'important, ce sont les mots que tu utilises, et surtout les émotions. Les dires. Et les silences.

Reste à savoir si tu préfères prendre ce risque, ou continuer ainsi.

[Orphé]

Pour avoir été voir des psy aux périodes difficiles de ma vie, je peux vous dire que ça aide beaucoup.

J'ai perdu également mon ex mari d'un cancer en 2014, je suis restée très proche de lui jusqu'à la fin, nous avons eu des moments très éprouvants et très intenses. Il me manque terriblement mais sa maladie, son départ, m'ont fait vivre des échanges extraordinaires. Pendant et après son départ, j'ai été en contact aussi souvent que j'en avais besoin avec la psy de l'équipe de soins palliatifs. Elle nous a aidés à mieux accompagner notre fille mineure.

C'est une aide qu'il ne faut pas écarter...jamais.

Je ne peux que vous encourager à faire cette démarche.