Rechute

Forum anorexie, anorexique
mbskin
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Inscription : 23 févr. 2019, 03:55

Rechute

Message par mbskin »

Bonjour, j'ai 21 ans et je souffre d'anorexie purgative depuis l'âge de 14 ans. Cependant, je suis diagnostiquée seulement depuis 1 ans et demi. J'ai été hospitalisée 5 fois au totale, fait 5 hypokaliémie et une myocardite. Je souffre actuellement d'une pince mésentérique qui contraint mon alimentation à une diète sans résidue. Avant d'être anorexique je pesais 206 lbs et j'étais mal dans ma peau. Je sort de ma 5e hospitalisation et je pensais que ça irait bien à la maison, mais comme avant d'entrer j'ai beaucoup de difficulté à garder ce que je mange. Aussitôt que je mange, j'ai terriblement envie de me faire vomir... j'ai réussit à atteindre la barre des 100lbs et cela me fait un peu paniquer.. j'ai peur de perdre le contrôle de mon poids et de redevenir obèse. Mon chum a jetté ma balance alors je ne sais pas si je perds ou je prend du poids et cela me crée de l'anxiété. Je reste avec un irrésistible envie de faire un crise alimentaire, ce qui me fait perdre du poids et baisser mon potassium sérique. Comment faire pour contenir cette envie de crise et l'envie du sentiment de vide? Comment diminuer cette obsession de mon poids, du 3 chiffres?
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Rechute

Message par Dubreuil »

Vous devriez tout d'abord prendre le temps de lire tous les messages de MINIJEUNE sur ce forum. Ils sont complets et très riches d'informations.

Comme vous avez été hospitalisée vous avez du, et devez encore, être " suivie " par un psychiatre ? Un psychologue, des paramédicaux ? Qu'en est-il exactement ? Que vous disent-ils ?

Comme dans toute étude et parce que ce sont les expériences et le temps qui font " avancer la science " on a d'abord mis très souvent " la faute " de l'anorexie infantile sur les relations affectives mère/enfant. Puis on s'est focalisé sur le " manque de la place du père " dans la constellation familiale. Finalement père et mère ont leur part de responsabilité dans l'éducation donnée à l'enfant, et les soins affectifs qui en découlent.
Les neurosciences apportent, en plus, un éclairage sur le côté neurologique de la maladie.

En tout premier lieu il vous appartient de suivre impérativement une psychothérapie avec des entretiens réguliers ( 3 fois par semaine )dans un CMP ou établissement sensibilisé à votre pathologie. Aucun internaute ne pourra en effet vous apporter ce genre d'aide psychologique.

*** Concernant l'anorexie
En pathologie, la mère de l'enfant anorexique est en général une mère " étouffante ", ou " indifférente " qui ne cherche pas à savoir qui est son enfant. Elle pense qu'il est comme elle le croit, ou comme elle le veut. Et elle se sent " trahie " quand elle voit que ce dernier lui démontre qu'il est différent.
L'enfant qui reçoit ces messages ne sait plus où commence et où finit l'intrusion de la mère, où commence et où finit l'image de son propre corps. Il ne sait plus faire la part des choses.
Et un jour où l'autre, pour se défendre il pense inconsciemment qu'il ne sera jamais assez maigre, jamais assez " rien ", pour se soustraire du regard " étouffant " de cette femme.
Pour les adolescentes par exemple, à côté du cliché des gravures de mode, la jeune fille cherche un moyen de s'émanciper, de s'échapper du carcan maternel, et l'anorexie semble être l'une des meilleures façons de " sortir du corps de sa mère " sans avoir à s'opposer verbalement à elle. Ce qui veut à peu près dire ceci :
- Je sais ce que je veux être, mais toi tu en as peur. Tu n'es pas dans l'amour de me laisser me démarquer de ton propre désir, tu veux que je sois ce que tu désires pour moi. Alors en ne mangeant plus ce que tu veux que je mange, ou même ce que j'aimerai manger, je me soustrais à toi-même si je dois en mourir ! Car je t'aime tant que je vais en mourir.
Comme la mère s'est emparée de tout son être, qu'elle a tout touché, calculé, qu'elle cherche à tout contrôler, l'adolescente anorexique doit absolument trouver " LE RIEN ", cette absence de tout. Et dans ce rien ( manger ) dans cet espace vierge symbolique elle va essayer de se reconnaitre !
Elle fait en sorte que son corps devienne absent du réel, absent du regard de la mère. Elle s'amenuise, elle cherche la possibilité d'exister hors du désir pathologique d'incorporation de la mère. Elle recherche " le rien."
La jeune ado devrait investir un autre territoire de vie, mais elle ne peut se séparer de sa famille que sur des malentendus ( mal(s) entendus ) car il n'ya plus d'épanouissement possible dans le champ d'influence des parents.
La culpabilité lui vient parce que son corps semble n'appartenir qu'à ses parents. Et dans le même temps l'absence du regard des parents sur son quotidien déclenche chez lui une panique indicible, les angoisses de séparation avec l'environnement familial, et la mère en particulier sont incontrôlable. Elle ne peut, elle ne sait plus vivre sans le regard mortifère de la mère.
Les adolescentes sont dans l'incapacité de décrypter leurs propres ressentis, et convaincues de ne pouvoir quitter la cellule familale elle refusent la phase d'identification adolescente, le changement corporel hormonal et farouchement nié ( seins, fesses, formes )
En maîtrisant les besoins de leur corps elles abolissent la domination de l'autre sans remettre en question les liens qui les unissent. C'est une façon de résoudre le problème mais qui emprunte une voie ne menant à " RIEN ", donc brutalement dit, à la mort.
Tout désir vit de l'idée qu'il y a un manque et qu'il faut le combler.
Mais combler " le vide " est une utopie, l'humain survit à la mort justement parce qu'il ressent le manque. Etre comblé c'est donc arrêter le désir, et dans l'anorexie la vérité brutalement assénée arrête le questionnement nécessaire à la maturation de la personne.
L'adolescente ( ou adolescent ) n'a pas de " poids " dans le regard de la mère : - Tu es mon objet complet. C'est moi qui sait ce qui est bon pour toi, alors crois-moi sur parole, si je décide pour toi, si je prends ton espace et ta parole c'est pour ton bien."
De ce fait l'anorexique avale symboliquement sa mère, ses désirs et ses certitudes. Elle les avale jusqu'à enfin décider de s'en libérer, à en vomir, jusqu'à en mourir.
Elle se force à vomir cette mère qui habite son corps sans la/le reconnaitre différent(e) d'elle, qui refuse de la voir vivant(e) libre et autonome.
La mère projette sur son enfant son " idéal " du Moi. Dans l'inconscient de la mère l'adolescent(e) est resté(e) cet enfant qui n'est jamais sortie ( symboliquement ) de son ventre, et qui NE DOIT PAS en sortir. Elle l'accapare et le retient dans ses injonctions d'amour :
- Je t'aime trop, il faut que tu manges pour faire plaisir à maman, sois ce que je veux que tu sois.
De son côté l'anorexique cherche sans cesse à déjouer la projection, ex pour une adolescente :
- Maman tu m'as dessiné comme ça, mais moi je vais trahir ton dessin ( ton dessein ). Ton dessein de me faire mourir puisque tu ne peux pas supporter que je sois moi. Tu dis à tort que tu m'as voulue mais moi je te réponds que non tu ne m'auras pas. Je vais me soustraire à ton regard,à ton désir, je vais me redessiner moi-même comme je le veux, et surtout comme tu ne peux pas supporter que je sois ! Ta grande peur c'est que je meurs, mais au moins c'est là où tu ne pourras pas m'accompagner, alors je vais vers la mort, je la frôle, je joue avec elle, je la nargue, et je te sais enfin impuissante ! Tu ne sais plus comment faire ni quoi dire pour me remettre en toi !
Tu ne sais plus comment faire encore une fois pour m'éteindre, me tuer toi-même si tu le décidais puisque c'est toi qui dit m'avoir donné la vie. A force de trop mauvais amour tu n'as plus de pouvoirs sur moi et quand je maigris je gagne le combat !

L'anorexie est donc une mise en acte de rébellion envers la mère. Un long et terrible passage à l'acte ( la mort ) distillé pour se défendre, pour pouvoir à la fois haïr et adorer cette mère hyper-protectrice et totalement rejetante.
C'est un " passage à l'acte " ( cette mort annoncée et distillée ) qui lui apporte une jouissance ( symbolique ) dans la sensation euphorisante qu'elle peut à sa guise maîtriser sa faim, dompter son corps. Les crampes d'estomac lui rappellent qu'elle est vivante et qu'elle domine enfin une situation qui parle d'un corps où la mère ne peut plus intervenir.
L'anorexique cherche à se donner du poids dans une volonté farouche de ne correspondre qu'à ses propres exigences. Elle se forge un Moi tout puissant, en fait elle met en acte son symptôme. Et dans l'extérieur d'elle même elle va travailler assidûment à interpeller, choquer, provoquer le regard de sa mère.

L'anorexie, comme la boulimie seraient donc du côté des addictions.
Dans ces deux propos il faut considérer que ce ne sont que des " constatations " psychologiques et que chaque personne est unique, et va de ce fait ne pas présenter tel ou tel symptôme, mais le fil conducteur ( à mon sens ) reste le même, il ne faut ni négliger l'aspect métabolique ( structure physique/psychique ) ni l'aspect psychologique.
Le corps et l'esprit sont une globalité, si " le corps " présente un dysfonctionnement, l'esprit en est affecté, et si c'est l'esprit, cela provoque de graves somatisations.Partager sur Google+
Des chercheurs en neurosciences viennent de lever le voile sur le mécanisme qui régule l’appétit chez les patients souffrant d’anorexie.
Selon eux, les malades ignoreraient la sensation de la faim, alors que leur cerveau serait complètement déréglé et que les structures cérébrales « régissant normalement la récompense gustative et la régulation de l’appétit » seraient totalement inversées.
Pour en arriver à ces conclusions, ilsont suivi 26 femmes anorexiques, 25 boulimiques et 26 femmes qui n’avaient aucun trouble alimentaire. Toutes ont passé un IRM alors qu’elles buvaient de l’eau sucrée, ce qui a permis aux scientifiques d’observer les différences de réactions au niveau des connexions neuronales situées dans la zone qui régule l’appétit.
Chez les volontaires atteintes de boulimie et d’anorexie, les clichés IRM ont mis en évidence des altérations de la matière blanche chargée, en temps normal, de transporter l’information entre l’hypothalamus et le cerveau.
Ils ont également noté que l’hypothalamus ne remplissait plus son rôle. Au lieu de recevoir les signaux de la faim, il les envoie lui-même. Le circuit étant détourné, les signaux se perdent et la sensation de faim est perturbée, voire ignorée.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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