Dévorée par l’angoisse

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Lillylina
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Dévorée par l’angoisse

Message par Lillylina »

Bonjour, bonsoir.
Je me retrouve ici parce que j’ai l’impression d’être au bout du rouleau. Je suis une personne forte qui ne plie jamais. J’ai 26 ans, et je n’ai pas été épargnée depuis mon plus jeune âge. Je suis une battante, j’ai toujours encaissé et je ne laisse rien paraître de peur en contrarier mes proches. La perte d’un proche (mon père) quand j’avais 18 ans a bouleversé ma vie.
J’ai veillé sur ma famille, j’ai su poursuivre mes études, j’ai vécu des choses que font les jeunes de cet âge ...
j’ai mené à bien de durs combats, soldé par une victoire au tribunal ... Bref, je me bats quoi.

Compte tenu de ces épreuves, et de mes petits jobs, j’ai pu épargner un peu (ce qui ne m’autorise aucun droit.)
J’ai souvent fait du babysitting pour « dépanner » des proches, donc pas de contrats, donc pas de chômage. J’ai du démissionner de mon dernier emploi après un mois, je n’avais aucun frais de déplacement, pas de bureau (je travaillais dans l’immobilier) je devais gérer mes dossiers dans un bien vacant où les compteurs étaient coupés, un supérieur plutôt vicieux et des collègues fourbes ... je n’ai pas su gérer la pression.

Je n’ai donc pas droit au chômage, ni au RSA.
Je suis en couple, je vie avec mon ami. Je sature de cette situation, j’ai eu des soucis de santé (quelque chose de bien stupide dont j’ai très honte) et moralement ... bien moralement il n’y a plus rien à dire.
J’ai envie de pleurer dès que ma journée commence, les nuits se raccourcissent et le stress me ronge.

Ma conseillère pôle emploi m’angoisse. Je me sens harcelée. Elle m’envoie plein d’offres qui ne correspondent pas à mes attentes (pourtant plusieurs entretiens très longs, je pense avoir été claire et concise au possible) et rempli sur ses formulaires « vous avez refusé telle offre d’emploi blablabla » comme si j’y mettais de la mauvaise volonté.

Je sais dans quelle usine j’ai envie de travailler. (Totalement différente de l’immobilier) Du fait, je me suis inscrite dans les boîtes d’interim, j’ai passé et réussi les tests, mais pour le moment ils ne recrutent pas pour le poste que je vise.
Je suis inscrite sur plusieurs sites de recherche d’emploi qui m’envoient des notifications dès qu’une offre est disponible. J’envoie des CV sans cesses des qu’une occasion se présente.

Et elle est à la Limite du harcèlement je vous assure elle me rend malade par sa condescendance !
Je sais que j’ai un problème, appelons un chat un chat. Ce n’est pas normal d’être aussi stressée pour un rendez vous chez pôle emploi, surtout qu’à la base je suis commerciale !
J’ai envie de lui dire de se rabattre sur les profiteurs, j’en connais à la pelle moi, des gens qui profitent du RSA et des allocations et qui ne cherchent pas de travail alors que moi si !

J’hésite à les laisser me radier, je sais que ma persévérance va payer, il n’y a pas de raison que je ne trouve pas d’emploi ! Mais j’ai peur que par la suite j’en sois pénalisée.

Sous prétexte que je n’ai pas d’enfant, je suis pointée comme étant une paresseuse parce que je ne Travaille pas ... mais je ne profite de RIEN, pas un seul centime ne m’est versé.

Je me sens coincée. Je déteste avoir a me justifier d’une quelconque façon. Mon histoire m’appartient, et je me dégoûte d’être affectée par le jugement des autres parce que ce n’est pas du Tout dans mon tempérament.

Je suis, à la base, plutôt optimiste, beaucoup de caractère mais aussi beaucoup d’humour.
Je perds le sommeil et me renferme sur moi même parce que je croule sous la pression que lexterieur Me met pour que j’aille travailler. Vous savez, c’est comme si on me forçait la main, comme si je n’avais pas droit de choisir ce que je voulais faire et comme si j’étais comme ces gens qui profitent du système ... chacun fait ce qu’il veut, mais je trouve leur acharnement injuste envers moi.

Me voilà à jouer les calimero.. je ne me reconnais pas et j’ai une réelle phobie des médecins... Mon ami me dit que ce n’est pas normal de s’angoisser autant pour du travail et que consulter me ferait grand bien.
Je vous laisse imaginer la claque que sa pensée m’a donné ...


Si vous avez des conseils pour me rebooster je ne saurais comment vous remercier !

Merci à ceux qui liront mon énorme pavé, excusez moi j’ai essayé d’être le plus clair possible.

Passez une belle journée/ soirée !

lillylina
toutouille
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Re: Dévorée par l’angoisse

Message par toutouille »

Bonjour Lilylina :)

Je te conseille un peu de méditation ou quelque chose qui y ressemble. Juste ne pas réfléchir de manière logique mais juste ressentir les choses sans t'y accrocher. Laisse défiler tes pensées et tu finiras sûrement par savoir ce qui est important pour toi.

Moi je vois 2 solutions :
- prendre le travail que te propose pôle emploi tout en continuant de chercher le travail que tu souhaites
- ou te passer de leur aide et de leur argent

N'ai pas peur de ressentir l'angoisse qui te ronge plutôt que de la combattre. Elle disparaîtra ensuite progressivement.

Mais chaque personne est différente je n'ai pas la solution miracle pour toi :)

Bonne nuit
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Dubreuil »

[quote="Lillylina"]Je suis une personne forte qui ne plie jamais.
*** Pourquoi ?
j’ai toujours encaissé et je ne laisse rien paraître de peur en contrarier mes proches.
*** Pourquoi ?
j’ai mené à bien de durs combats, soldé par une victoire au tribunal.
Pourquoi ?

Ma conseillère pôle emploi m’angoisse. Je me sens harcelée. Elle m’envoie plein d’offres qui ne correspondent pas à mes attentes (pourtant plusieurs entretiens très longs, je pense avoir été claire et concise au possible) et rempli sur ses formulaires « vous avez refusé telle offre d’emploi blablabla » comme si j’y mettais de la mauvaise volonté.
*** C'est ainsi que procède la plupart des conseillers pôle emploi.

Je sais dans quelle usine j’ai envie de travailler.
*** C'est à dire ?

Et elle est à la Limite du harcèlement je vous assure elle me rend malade par sa condescendance !
Je sais que j’ai un problème, appelons un chat un chat. Ce n’est pas normal d’être aussi stressée pour un rendez vous chez pôle emploi, surtout qu’à la base je suis commerciale !

*** Ce n'est pas normal d'avoir depuis si longtemps maîtriser vos émotions. On dirait que vous ne vous êtes jamais permise de vous laisser aller, d'être vous-même, de vous écouter … pourquoi ?

J’ai envie de lui dire de se rabattre sur les profiteurs, j’en connais à la pelle moi, des gens qui profitent du RSA et des allocations et qui ne cherchent pas de travail alors que moi si !

Sous prétexte que je n’ai pas d’enfant, je suis pointée comme étant une paresseuse parce que je ne Travaille pas ... mais je ne profite de RIEN, pas un seul centime ne m’est versé.
*** De quoi vivez-vous exactement ?

Je me sens coincée. Je déteste avoir a me justifier d’une quelconque façon. Mon histoire m’appartient, et je me dégoûte d’être affectée par le jugement des autres parce que ce n’est pas du Tout dans mon tempérament.
*** Certes, mais si vous vous cantonnez dans une tour d'ivoire, si vous ne parlez pas de vous un tant soit peu, si vous vous jugez tout le temps aussi durement, personne ne peut se sentir à l'aise avec vous, de ce fait ne sachant rien on vous juge malheureusement.

Je perds le sommeil et me renferme sur moi même parce que je croule sous la pression que lexterieur
*** En tout premier lieu sous la pression que vous vous mettez toute seule sur vous-même.

Vous savez, c’est comme si on me forçait la main, comme si je n’avais pas droit de choisir ce que je voulais faire et comme si j’étais comme ces gens qui profitent du système ... chacun fait ce qu’il veut, mais je trouve leur acharnement injuste envers moi.
*** C'est un peu le lot de la majorité des gens qui n'ont pas encore la chance d'avoir un bon travail et un bon salaire. l'injustice est partout, elle existe vraiment mais il y a des distinctions à faire :
- A chaque échelon social, chacun est " manipulé " par plus " chanceux que lui, ou dans un poste plus élevé
- Celui qui harcèle le fait pour éviter de se regarder et reproche à l'autre ses propres incapacités.
- Le monde du travail ressemble à une famille pathologique ; les patrons sont les parents, avec ce que cela comporte de haine ( et d'amour ) que l'on a voué aux siens / Le complexe d'Œdipe qui a été plus ou moins surmonté, etc... - les autres employés sont les frères et sœurs avec toutes les jalousies et rivalités reproduites inconsciemment, les relations troubles et/ou incestueuses reproduites dans les rencontres entre collègues, avec facilités des contacts, promiscuité, etc...
Choquant ? Non. Réaliste et démontré.

Me voilà à jouer les calimero.. je ne me reconnais pas et j’ai une réelle phobie des médecins…
*** En quoi vous font-ils peur ?

Mon ami me dit que ce n’est pas normal de s’angoisser autant pour du travail et que consulter me ferait grand bien.
Je vous laisse imaginer la claque que sa pensée m’a donné …
*** Quelle claque, c'est à dire ?
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Lillylina
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Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Lillylina »

Bonsoir,

Merci infiniment d’avoir pris le temps de me lire et me répondre.

Je vais me renseigner sur la méditation, après tout qui ne tente rien n’a rien et ça ne me fera pas plus de mal.

Je vais essayer de répondre au mieux à vos questions, mais je ne vais rien citer (lieux, entreprises ..) pour préserver mon anonymat, merci de votre compréhension.

C’est marrant, j’ai l’impression que vous avez ciblé quelques points auxquels je n’avais jamais songé.
C’est vrai que je réfléchis trop, j’ai toujours mille choses en tête, et je prends peu de temps pour moi. Je suis une fille simple, je prends soin de moi mais sans extravagance, j’aime « passer inaperçu ».

- pour le travail, j’ai appris qu’un proche travaillait où je souhaite postuler, il y est d’ailleurs supérieur. Il m’a indiqué vers quelle boîte me tourner, il n’y a plus qu’à ! C’est plutôt une bonne nouvelle, je pense y aller dès demain pour m’inscrire !

(Blabla plus personnel pour analyser mon cerveau qui déraille complètement )

- pour ma phobie des médecins .. c’est assez compliqué. J’ai toujours été « une fille à papa », mon père a toujours veillé sur moi, m’a toujours encouragée et poussée à réaliser mes rêves ... puis il est tombé très malade (maladie professionnelle). Après un mois d’hospitalisation (dont une séance de chimio) qui n’était que souffrance, les médecins ont donné leur accord pour qu’il rentre à la maison. Ce matin là, je l’ai attendu dans le hall, vous comprendrez qu’il n’est jamais revenu ..
C’est comme si le monde s’était arrêté de tourner. Notre famille a perdu son pilier, son soutien principal. Je me souviens qu’un soir, il m’a demandé d’être forte pour notre famille, parce que j’ai le caractère le plus fort et qu’il fallait qu’on veille les uns sur les autres.
J’ai enterré l’homme le plus important de ma vie sans verser une larme. Étant donné qu’il n’a JAMAIS pleuré devant ses enfants alors qu’il souffrait le martyre, je ne voyais pas comment moi j’aurais pu pleurer alors que je suis en bonne santé ? J’ai tellement de chance d’aller bien !!

Mon père a eut un cancer, et si ça a fait l’effet d’une bombe parce que c’était « foudroyant » (un mois s’est écoulé entre le diagnostique et son décès)c’est aussi un peu ma faute.
J’ai été victime d’un pédophile (je trouve que ce mot n’est pas assez écœurant pour décrire ce type de monstre). Ça a commencé (du moins mes plus vieux souvenirs) quand j’avais 6 ans. Je n’ai pas été violée, mais je n’ai pas échappée au reste ... pendant dix ans. Oui, dix ans c’est long. Ce qui m’a décidé à parler, c’est que ce monstre avait jeté son dévolu sur une autre petite fille, c’était hors de question qu’elle vive la même chose, j’étais obligée de veiller sur les miens (et sur toutes celles qui auraient pu croiser la route de cette ordure)
Mes parents ont alors engagé des poursuites (j’étais mineur) et il a été reconnu coupable. (La procédure à durée environ 1 an)
On dit que, un gros stress, ça accélère les cancers .. du coup je me sens un peu responsable et je pense que quiconque à ma place se dirait la même chose ..

Alors de quoi je vie ? J’ai gagné mes procès, et j’ai eu une somme plutôt conséquente qui m’a permise de pouvoir rester chez moi quelques mois. Financièrement parlant je n’ai « pas besoin » de travailler, je vie simplement, je me contente de ce que j’ai et nous vivons très heureux avec mon compagnon ... (qui lui travaille dans une entreprise similaire à celle que je désire intégrer) mais j’ai envie de reprendre une activité, ce n’est pas qu’une question d’argent, j’ai besoin de sentir que ... j’existe ?
Je ne suis pas matérialiste honnêtement je m’en fiche de tout ça, si je pouvais ne vivre que d’amour et d’eau fraîche !
Du fait, je n’ai aucun statut pour le moment, hormis celui de demandeur d’emploi. Mais comme j’ai épargné mon argent, je n’ai droit à aucune aide (puis j’ai la chance d’avoir un toit et de pouvoir nous nourrir, je n’ai besoin de rien)

- ce qui m’a fait littéralement me couper du monde dernièrement, je pense que ce fut une dépression dont j’ai encore du mal à me défaire.
Pour vous mettre dans le contexte, il faut savoir qu’il n’y a pas que des personnes qui me veulent du bien. Disons qu’une partie de ma famille nourrit une jalousie extrême envers moi. J’ai le cœur sur la main, et finalement ils en ont tous (trop) profité. Ma propre mère m’a reprochée d’être trop naïve avec ce genre de personnes ... je dois avoir bon cœur je suppose.
Alors voilà,
L’année dernière, un couple qu’on côtoyait allait avoir un bébé (ils sont loin d’être un modèle de réussite). Et je ne sais pas, mentalement j’ai craqué. Les mois se sont écoulés et moi je ressemblais clairement à une patate avec des yeux. Sérieusement, de 42kg je suis passée à 53 très rapidement sans pourtant manger davantage ... règles qui n’arrivaient pas, nausées...
et NON, je n’attendais pas d’heureux événement, d’ailleurs nous n’en avions encore jamais discuté avec mon conjoint. Quand j’ai cherché du réconfort, je me suis enfin confiée ... et en écho j’ai eu « quelle conne celle là ! Une grossesse nerveuse comme les chiennes » ... c’est puéril, on est d’accord, mais allez savoir pourquoi ça m’a brisé le cœur ..
Aussi, j’ai eu le sentiment d’avoir « perdu » quelque chose ? Un petit bout de moi. Cette idée de devenir maman .. j’ai aimé ça (je sais, c’est hyper malsain et j’ai un sérieux problème), et pendant presque 8 mois j’ai eu cette impression de devoir faire le deuil de quelque chose qui n’a jamais existé, sauf dans ma tête et surtout dans mon cœur.

Je réfléchis en permanence. Parfois je regarde mon amoureux dormir et je me mets à paniquer à l’idée de le perdre. Cette angoisse me submerge je panique et j’étouffe. On est jeune, on devrait avoir la vie devant nous, je reste rationnelle. Mais allez savoir, finalement c’est comme si l’idée de la mort voulait m’empêcher de vivre.
Je suis en phase avec tout ça, on naît, on vie, on meurt, (pour citer le roi lion, c’est l’histoire de la vie ! <un peu d’humour dans ce récit désespérant>) mais j’ai peur de perdre trop vite ce que j’ai peiné à reconstruire .. c’est égoïste je sais, mais je ne suis pas parfaite.

Et pour conclure, le fait que mon copain me suggère de consulter, ça m’a blessé. Je pensais qu’il me savait forte, il faut dire que je gère beaucoup de choses seule, je suis organisée et jusqu’à il y a quelques mois j’y arrivais très bien.
J’ai toujours eu la tête sur les épaules, j’ai toujours été droite et en phase avec moi meme.
Mais depuis cet hiver je me sens fatiguée, inutile et complètement nulle. Je prends sur moi, je me force à sortir, je vais reprendre le travail, mais, et si ça ne changeait rien ..?
Si malgré le fait de m’occuper l’esprit, au moment de dormir c’est de nouveau la panique ?

Peut être qu’il faudrait que je demande à un médecin de me prescrire des somnifères ? J’ai du prendre des anxiolytiques au décès de mon père et je n’ai pas supporté (hallucinations bien traumatisantes) donc je préfère éviter.
Ou peut être deviendrais je une pro de la méditation allez savoir !
Non sérieusement j’ai juste l’impression de perdre les pédales, de ne plus rien maîtriser ..

Merci à vous pour vos conseils et votre patience, ce n’est probablement rien pour vous, mais m’accorder un peu de votre temps ça m’a vraiment fait beaucoup de bien.

Je vous souhaite une douce nuit


Lillylina
Dubreuil
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Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Dubreuil »

" Notre famille a perdu son pilier, son soutien principal. Je me souviens qu’un soir, il m’a demandé d’être forte pour notre famille, parce que j’ai le caractère le plus fort et qu’il fallait qu’on veille les uns sur les autres."
*** Ce que vous allez lire ne reflète pas du tout votre parcours affectif, mais les effets pernicieux du " contrat moral " que vous vous êtes assigné après la disparition de votre papa, sont bien inhérents au même processus de la parentification, et de la relation d'accaparement. N'en prenez que " l'essence ", et vous me comprendrez.
Votre état d'épuisement nerveux ( psychique ) qui nécessiterait en effet un accompagnement thérapeutique bienveillant, ne commence pas seulement à votre " silence " traumatique face à la mort de votre père, mais déjà au meurtre de votre âme d'enfant, à la profanation de votre innocence par votre agresseur sexuel.

Concernant votre " contrat moral ", la parentification de l’enfant est un processus interne à la vie familiale qui amène l'enfant ou l'adolescent à prendre des responsabilités plus importantes que ne le peut ( et le veut ) son âge et sa maturation psychologique ( psychique ). Ce qui le conduit inconsciemment à devenir un parent pour ses proches.
L’enfant va être sollicité au delà de ses compétences psychiques, tandis que les proche, ou l'autre parent, ( vous ne parlez pas de votre mère ) est dans la non reconnaissance de ce que l’enfant apporte.
Ce processus s’observe lorsque les proches sont fragilisés, par ex : atteint d’une maladie, endeuillé, dépressif, malheureux, alcoolique., etc...
Ils déposent chez l’enfant toutes leurs angoisses, ce qui mobilise chez ce dernier toutes ses ressources pour les secourir. Progressivement il va devoir se positionner en adulte pour répondre aux besoins du parent adulte, ou des proches. C’est ce qu’on appelle la » parentification « .

C’est la façon dont l'enfant se positionne par rapport à son parent fragile qui crée une relation d’accaparement.
Face à la détresse de son parent, l'enfant va se donner pour mission de combler ou de réparer ses blessures. Le parent va alors le solliciter de façon consciente et/ou inconsciente afin d’obtenir de l’aide.
Le résultat de cette double dynamique est que l’enfant se retrouve peu à peu enfermé dans un lien de dépendance dont il n’arrive pas à s’extraire. La peur d’abandonner son père ou sa mère face à ce contexte de faiblesse le condamne à tenter d’assumer un rôle qui n’est pas le sien. La mission devient interminable et vaine et il se retrouve constamment confronté à l'adulte malheureux ou fragile.
Ce reflet de la figure parentale le revoit constamment à un sentiment d’impuissance et de culpabilité.
La perversité de ce mécanisme est renforcée par l’attitude de l’adulte, qui dénie ainsi la réalité de l’enfant avec la certitude que c'est normal, que c’est une marque de confiance, et qu'il " lui apprend la vie ".

Cette relation perverse entre parent et enfant, place l’enfant dans un double paradoxe : nier l’enfant qui est en lui, et endosser impérativement la responsabilité totale d'un adulte fragile jamais satisfait.
Impuissant et culpabilisé, il perd confiance en lui, et développe une mauvaise estime de soi. Cette situation va l’handicaper dans son accès à l’autonomie et le maintenir dans un lien toxique de dépendance affective.
A l’âge adulte, il sera souvent poussé vers un conjoint fragile. Il se sentira ainsi plus en confiance dans ce type de schéma relationnel où il retrouve la place, et la mission " de sauvetage " qu’il a toujours connue.

Ces enfants devenus les parents de leurs parents n'ont pas eu la possibilité de comprendre et de parler de leur propre souffrance à un adulte attentif, aimant, sécurisant.
Ils ont subi ( et subissent jusqu'au décès du parent ) une situation qui dans leur vie quotidienne les empêchent de faire leurs propres choix matériels et/ou affectifs, avec de grandes difficultés à exprimer leurs propres blessures, parce qu'elles ont été pendant trop longtemps niées, ce qui ne leur a pas permis de se reconnaitre comme " victimes " et dignes d'amour et d'intérêt de la part d'un tiers.
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Dubreuil
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Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Dubreuil »

[quote="Lillylina"
J’ai enterré l’homme le plus important de ma vie sans verser une larme.
*** Vous avez enterré votre père. Le premier homme le plus important de votre vie. Pas votre vie, avec d'autres hommes qui pourraient ne pas pouvoir " égaler " cet homme idéalisé par une fille aimante.

Étant donné qu’il n’a JAMAIS pleuré devant ses enfants alors qu’il souffrait le martyre, je ne voyais pas comment moi j’aurais pu pleurer alors que je suis en bonne santé ? J’ai tellement de chance d’aller bien !!
*** Chacun est différent, et les émotions ne se mesurent pas. Il ne vous aurait sans doute pas interdit de vous laisser aller à votre chagrin.
Et c'est ce lâcher-prise qui contribue à un équilibre émotionnel, une fois la douleur la plus vive assumée.

Mon père a eut un cancer, et si ça a fait l’effet d’une bombe parce que c’était « foudroyant » (un mois s’est écoulé entre le diagnostique et son décès)c’est aussi un peu ma faute.
*** Votre réflexion fait penser que vous n'avez pas vraiment " fini " les processus du deuil. La culpabilité en fait partie, mais elle est suivie par une phase d'acceptation, puis de confiance et de renouveau.
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Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Dubreuil »

Les 7 étapes du deuil…
D'abord il faut savoir que la perte d'un être cher est un traumatisme psychique. D'autre part qu'il faut en moyenne 18 mois pour se détacher d'une façon sereine des pensées récurrentes morbides. Ensuite, il y a un processus de deuil qui passe par différentes étapes.
Le deuil n’est pas une maladie mais il peut entraîner les symptômes d'une maladie, voir en créer une : Maux d’estomac, insomnies, stress et des maux de tête graves sont quelques-uns des effets secondaires ressentis par une personne qui vit un deuil.
Certaines personnes peuvent pleurer, se murer dans le mutisme ou, au contraire, la logorrhée ou la perdre d’appétit.
En raison de ce stress, le rythme du sommeil est perturbé et cela conduit à un affaiblissement du système immunitaire.
Le temps du deuil dépend de la nature de la perte, et du mental de la personne qui vit se drame. Il n’y a pas vraiment de temps fixé pour gérer, digérer un deuil.
Elizabeth Kubler-Ross a modélisé les 7 étapes du deuil et nous les a présentées dans son livre « On Death and Dying ». A vous de vous faire votre propre opinion.

Les sept étapes du deuil
1 – Choc et déni
A ce stade, la personne souffre d’un choc à l’annonce de la perte.
Le choc est une étape légitime de défense de l’esprit pour une situation qu’elle pense ne pas pouvoir gérer. La réaction est souvent la négation des faits qui se sont réellement produits.
La personne en deuil pense qu’elle rêve et refuse d’accepter la situation causant cette insupportable douleur.
La durée de temps de cette étape ne peut pas être déterminée.
Même des tâches simples et les décisions de bases ne peuvent plus être effectuées par une personne en état de choc.

2 – Douleur et culpabilité
A ce stade, la personne endeuillée se rend compte que la perte est bien réelle.
C’est l’étape la plus chaotique et effrayante de douleur. Beaucoup de gens compensent avec de l’alcool et des médications.
D’intenses sentiments de culpabilité et de remords sont expérimentés en raison des mauvaises choses qui ont pu être faites ou pas faites. La douleur pousse parfois la personne endeuillée à se sentir coupables et se considère comme responsable de la perte.

3 – Colère
A ce stade du deuil, la personne peut se mettre en colère à cause de l’injustice ressentie de ce qui lui est arrivé. Elle peut aussi choisir inconsciemment de dévier cette colère sur une personne désignée comme responsable de la perte.
Une bonne gestion de la colère est indispensable à ce stade du deuil.

4 – Marchandage
A ce stade, la personne en deuil se sent frustrée et peut même commencer à blâmer les autres pour la perte subie.
Bien que cette responsabilité ne soit pas juste, la personne en souffrance n’est pas en état de le comprendre et d’accepter cette réalité.
Commence alors une sorte de négociation de la perte et une tentative pour trouver les moyens par lesquels inverser cette situation et la compenser.
Cette étape est appelée la négociation.

5 – Dépression et douleur
Ici, la personne accepte la perte, mais n’est pas en mesure d’y faire face.
Dépression, perte de moral, la personne en deuil est au désespoir et se comporte passivement.
Elle ne voit pas comment atténuer cette immense souffrance et n’arrive plus à vivre normalement le quotidien.

6 – Reconstruction
Il s’agit de la phase de test dans lequel la personne déprimée commence à s’ouvrir à nouveau aux autres et accueille des activités afin d’échapper à la douleur.
En fait, c’est l’amorce de la prochaine étape et la dernière, à savoir l’acceptation de se réconcilier avec la réalité.
C’est aussi une phase dans laquelle commence le processus de reconstruction et la personne en deuil cherche des solutions et des moyens pour sortir de sa peine.

7 – Acceptation
Stade où la personne endeuillée accepte la réalité.
Dans l’acceptation de ce qui ne peut être changé la personne projette une lueur d’espoir et commence à croire en elle-même.
La réalité et les faits de la vie sont enfin acceptés et la personne reprend le cours de sa vie.
Cette étape n’est visible que lorsque la personne commence à se comporter normalement et que son travail professionnel est amélioré.
La personne qui sort de ce deuil commence à nouveau à se mêler aux autres.

Comment faire face à la souffrance ?
Perdre quelqu’un de cher à votre existence peut être une situation écrasante et il en résulte naturellement une grande souffrance.
Même si le processus de deuil est très subjectif, tout le monde tente de faire face au deuil à sa manière.
La compréhension de ces étapes peut vous aidera à élaborer votre chemin au travers de cette douleur émotionnelle tout en gardant à l’esprit qu’on peut en ressortir !
Il n’y a pas de bons ou mauvais moyens pour se réconcilier avec la perte, il n’y a que votre propre façon de surmonter les sentiments de tristesse extrême.
Peut-être en allant en parler à une personne en qui vous avez entièrement confiance dans son empathie et objectivité, et/ou à un professionnel.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Dubreuil »

Mes parents ont alors engagé des poursuites (j’étais mineur) et il a été reconnu coupable. (La procédure à durée environ 1 an)
On dit que, un gros stress, ça accélère les cancers .. du coup je me sens un peu responsable et je pense que quiconque à ma place se dirait la même chose ..
*** Oui, jusqu'à ce qu'il comprenne VRAIMENT qu'il a été la victime, et ne peut en aucun cas porter le poids des fantasmes et des chocs émotionnels qu'ont provoque sa propre agression, chez autrui. C'est prêter ses sentiments, émotions, à un tiers. Cette projection est stérile et inexacte. Mais elle peut rester un moyen " morbide " de garder un lien avec lui.

Du fait, je n’ai aucun statut pour le moment, hormis celui de demandeur d’emploi. Mais comme j’ai épargné mon argent, je n’ai droit à aucune aide (puis j’ai la chance d’avoir un toit et de pouvoir nous nourrir, je n’ai besoin de rien)
*** Cette " résignation " n'est pas forcément positive.

- ce qui m’a fait littéralement me couper du monde dernièrement, je pense que ce fut une dépression dont j’ai encore du mal à me défaire.
Pour vous mettre dans le contexte, il faut savoir qu’il n’y a pas que des personnes qui me veulent du bien. Disons qu’une partie de ma famille nourrit une jalousie extrême envers moi. J’ai le cœur sur la main, et finalement ils en ont tous (trop) profité. Ma propre mère m’a reprochée d’être trop naïve avec ce genre de personnes ... je dois avoir bon cœur je suppose.
*** Voici là encore une petit résumé sur " la dette " qu'il va vous falloir adapter à votre problématique, mais sans doute y trouverez-vous quelques échos :
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Dubreuil »

Quiconque fait du bien à autrui lui crée paradoxalement une dette.
La personne en est reconnaissante mais peut en vouloir à son bienfaiteur. En effet, en l’aidant il lui aura en quelque sorte prouvé qu’elle n’était pas en capacité de se prendre en charge. De plus, sortie d’affaire, elle ne pourra plus " briller " devant lui, un peu comme s’il était un reproche de sa conscience, elle sera gênée de ce qui s’est passé, elle lui en voudra d’avoir été obligée d’avoir eu recours à lui, elle l’évitera. Et s’il lui a rendu un service d’argent, une fois sur deux, il ne sera pas remboursé. Inconsciemment il gardera cet argent comme le remboursement du préjudice qu’il lui a causé en l’aidant. Beaucoup " d’ami(e)s " se sont fâché(e)s à vie pour avoir ignoré ce phénomène.
Autre versant : la personne ne vous lâche plus et devient dépendante des bénéfices secondaires que vous lui apportez.
Venir en " aide " à l'autre, certes, mais en acceptant, ou en lui en demandant de suite la réciprocité.
Et vous l'avez compris, quand on vous remercie, ne plus répondre " de rien.. " ou encore : " à votre service ". Le sentiment d'avoir été humain vous appartient. Vous l'avez fait parce que vous le vouliez, tant mieux, c'est à vous que vous avez fait du bien.
A plus forte raison si cela vous en a coûté, en temps, en dérangement, ou en réflexion, ce n'est pas rien !
Et vous n'êtes au service de personne !
Alors donner en sachant qu'il vaut mieux donner que prêter. Ne rien attendre en retour.
Venir en aide à l'autre, c'est la plupart du temps créer une dette loin de la " reconnaissance " que certains aurait la naïveté, ou le narcissisme, d'attendre.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Dubreuil »

" L’année dernière, un couple qu’on côtoyait allait avoir un bébé (ils sont loin d’être un modèle de réussite). Et je ne sais pas, mentalement j’ai craqué. Les mois se sont écoulés et moi je ressemblais clairement à une patate avec des yeux. Sérieusement, de 42kg je suis passée à 53 très rapidement sans pourtant manger davantage ... règles qui n’arrivaient pas, nausées...
et NON, je n’attendais pas d’heureux événement, d’ailleurs nous n’en avions encore jamais discuté avec mon conjoint. Quand j’ai cherché du réconfort, je me suis enfin confiée ... et en écho j’ai eu « quelle conne celle là ! Une grossesse nerveuse comme les chiennes » ... c’est puéril, on est d’accord, mais allez savoir pourquoi ça m’a brisé le cœur ..
*** Mais quelle horreur ! Quel est cet être humain capable de ce genre de réflexion aussi abjecte !

Aussi, j’ai eu le sentiment d’avoir « perdu » quelque chose ? Un petit bout de moi. Cette idée de devenir maman .. j’ai aimé ça (je sais, c’est hyper malsain et j’ai un sérieux problème)
*** Pourquoi hypermalsain ? Je ne comprends pas...
Quel âge avez-vous ?

, et pendant presque 8 mois j’ai eu cette impression de devoir faire le deuil de quelque chose qui n’a jamais existé, sauf dans ma tête et surtout dans mon cœur.

*** Votre désir d'enfant a existé, c'est cela la certitude, le vivant. Votre volonté de mettre " au monde " autre chose que la douleur et la mort.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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